Un frère est un ami donné par la nature | Pollux & Dorea

Un frère est un ami donné par la nature

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Rien ne comptait plus pour Dorea que sa famille. Celle des Black s’étendait beaucoup, c’était un fait, mais la jeune femme n’allait cependant pas s’occuper de tous ses cousins au troisième degré qu’elle ne voyait qu’aux mariages et aux grande occasions. C’était surtout sa famille proche. Sa sœur, ses frères (même si l’un ne méritait pas son attention officiellement) et puis quelques-uns de ses cousins. Ses cousines surtout. Elle était plus proche des enfants de son oncle Arcturus que de son oncle Sirius. Mais cela se faisait surtout au cas par cas en ce qui concernait les cousinages.

Quoiqu’il en soit, elle ferait tout pour sa famille proche. Ils avaient déjà perdu Marius, alors il était normal qu’elle s’occupe du reste de la fratrie. Même si elle était la dernière, et qu’elle pouvait se montrer capricieuse et bornée avec ses aînés, elle voulait être là pour eux, et elle avait besoin d’eux également. Ce n’était pas toujours facile, d’avoir Pollux et Cassiopeia comme aînés, très différents tous les deux, mais avec des caractères bien affirmés, les petites querelles étaient de mise, mais elles se réglaient toujours rapidement, ce qui était une excellente chose.

Dorea avait du mal à ne pas voir sa fratrie durant un trop long moment. Avec Cassiopeia c’était un peu compliqué, étant donné qu’elle se montrait inaccessible, Marius aussi, ils n’étaient pas censés se voir. Pollux était en théorie le plus accessible, mais il travaillait beaucoup. Mais ça n’arrêtait pas Dorea, que ce soit l’un ou l’autre des membres de sa famille, lorsqu’elle avait décidé quelque chose, elle n’abandonnait pas. Si elle avait décidé de voir quelqu’un, elle le voyait, c’est tout.

Et pour ce jour, elle avait décidé de voir Pollux. Normalement, c’était son jour de congé, si elle se souvenait bien, et elle avait donc pris l’initiative d’aller le voir. Tant pis s’il avait prévu de faire quelque chose en particulier, il changerait ses plans, elle ne concevrait pas qu’il fasse passé quoique ce soit d’autre avant sa petite sœur. Mis à part ses enfants, elle voulait bien faire cette concession. Arrivée chez son frère, elle entra après que l’elfe de maison et se rendit tout de suite dans le salon, après s’être débarrassée de ses affaires devenues superflues. Elle s’approcha de son frère et embrassa sa joue.

« Bonjour Pollux, je suis contente de te voir. »

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ollux était un bourreau de travail, si bien qu'il avait toutes les peines du monde à s'accorder ne serait-ce que quelques secondes de répit. Il savait bien qu'à force de travailler, l'on finissait par ne plus être productif, et qu'il fallait savoir lâcher du leste, mais c'était plus facile à dire qu'à faire, et le rédacteur en chef de la Gazette du Sorcier avait bien du mal à mettre ces sages résolutions à exécution, que ce soit pour se les appliquer à lui-même ou pour les suggérer à ses employés qu'il faisait travailler d'arrache-pied peu importe les circonstances.

Aujourd'hui, il ne travaillait pas. Ou du moins, c'était ce qui était convenu, techniquement. Au sens où il s'imposait de ne pas se rendre dans les locaux de la Gazette pour la journée. Il était supposé répondre absent si qui que ce soit devait décider de le consulter. Mais dans les faits, il avait tout de même beaucoup de mal à s'y tenir. Pollux venait tout juste de s'entretenir avec son assistant de rédaction par poudre de cheminette interposée. Une discussion proprement houleuse, mais qui touchait à son terme. Il avait l'intention - après s'être raffraîchi un peu - de faire le tri dans ses papiers, mais il n'en eut guère le temps.

Car à peine s'était-il rendu à nouveau présentable que l'on frappa à la porte. Pollux laissa à l'elfe de maison familial le soin d'aller ouvrir. Il savait parfaitement qui il avait l'autorisation de laisser entrer, et qui devait rester sur le pas de la porte : somme toute, ses enfants et ses soeurs étaient les seules personnes que Pollux tolérait sous son toit sans s'être averties préalablement. En l'occurrence, il découvrit que c'était Dorea qui s'était présentée à sa porte.

Il sourit en la voyant approcher et le saluer. Il n'était pas adepte des visites à l'improviste, c'est vrai, mais puisqu'il s'agissait de Dorea, il était bien incapable de lui en vouloir.

-Moi aussi, répondit-il alors. Que me vaut le plaisir de ta visite ?

La connaissant, elle se disait qu'elle avait sans doute juste voulu le voir et passer du temps avec lui, et ça lui convenait très bien. Mais on ne sait jamais, et dans le doute, il préférait poser la question plutôt que d'être pris au dépourvu.

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Dorea savait que dans sa famille, il fallait toujours prévenir trois mois à l’avance quand on vouloir voir quelqu’un, et c’était à peine exagéré, mais elle s’octroyait parfois quelques droits. Bon, avec Cassiopeia, pas vraiment, parce qu’elle se doutait que si elle se présentait chez elle sans avoir prévenu, son aînée serait capable de laisser sa sœur à la porte, mais avec Pollux, en général elle ne se gênait pas trop. Pourquoi le ferait-elle, il ne lui avait jamais vraiment fait de réflexion. En même temps, étant donné que Dorea avait tendance à tout prendre mal dès qu’il s’agissait de sa famille, il valait mieux s’en abstenir.

Dorea n’était pas contre le fait que les gens viennent la visiter à l’improviste. Sauf si c’était quelqu’un qu’elle n’avait pas envie de voir, ou qu’elle n’était pas d’humeur, mais sinon, cela ne la dérangeait pas. Mais bon, quoiqu’il en soit, elle savait que Pollux ne lui dirait rien. En fait, il avait tout intérêt à être content de la voir. Dorea avait toujours été comme ça, depuis qu’elle était petite. Le fait qu’elle soit la dernière, et qu’elle ait été traitée en princesse était resté, et elle avait constamment réclamé l’attention et l’affection de ses aînés, piquant même des crises quand ils ne faisaient pas ce qu’elle voulait. Evidemment, maintenant qu’elle était adulte, elle n’agissait plus comme ça. Pas de cette manière, mais elle était toujours aussi capricieuse, et en besoin d’attention.

Mais étant donné qu’il lui souriait, elle n’avait pas l’air de le déranger. Tant mieux. Elle n’entendait pas d’autres bruits, alors il y avait probablement que Pollux ici. La présence de sa nièce, ou de ses neveux ne l’aurait pas dérangée cela dit, mais elle préférait pouvoir profiter seulement de son frère. Et elle était vraiment contente de pouvoir le voir.

-Moi aussi. Que me vaut le plaisir de ta visite ?

Comme elle l’avait pressenti, il ne lui fit aucun reproche, et c’était tant mieux. Au moins, Pollux était celui qu’il était le plus simple de voir. Elle voyait Marius assez rarement, parce que c’était dangereux pour elle, et Cassiopeia, ce n’était que quand cette dernière en avait envie, et pas vraiment souvent. Mais il y avait Pollux, quand bien même il était très occupé, il savait prendre du temps pour la famille.

« J’avais juste envie de passer un peu de temps avec mon grand-frère préféré. Je m’ennuyais un peu, Charlus est au travail et je n’avais pas vraiment envie de rester toute seule, alors j’ai pensé à toi. »

Grand-frère préféré ce n’était pas forcément le meilleur terme, elle avait une relation très différente avec Pollux et Marius, mais comme elle n’était pas censée avoir de relation avec Marius, il n’y avait aucun mal à ce qu’elle dise cela.

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orea venait le voir sans raison précise, pour le simple plaisir de le rendre visite, et cela convenait parfaitement bien à Pollux, qui préférait largement ce genre de réponse, car si elle avait dû frapper à sa porte sous un autre prétexte, il aurait bien été incapable de ne pas soupçonner le pire. Certes, elle pourrait tout à fait être là pour lui annoncer une bonne nouvelle, mais tout autant une mauvaise. Alors, tant qu'à faire, il préférait largement qu'il n'y ait pas de nouvelles du tout. Dorea faisait partie de ces rares personnes qui pouvaient venir le déranger chez lui sans l'avertir sans que cela lui pose le moindre problème. Bien au contraire, elle allait très certainement égayer sa journée, et il ne disait certainement pas non à cela.

-Tu as bien fait, répondit-il en s'abstenant à la dernière minute d'observer qu'il n'était pas difficile pour lui d'être son grand-frère préféré puisqu'elle n'en avait qu'un seul.

C'était faux, bien évidemment, mais c'était tout comme. Quand Pollux parlait de sa famille, il n'évoquait jamais que ses deux soeurs sans ne serait-ce que laisser sous-entendre qu'il avait eu un jour un frère... qui d'ailleurs était bien en vie. Sa réflexion aurait sans doute été naturelle, mais inutile d'évoquer même indirectement ce qu'il refusait catégoriquement de mentionner sous ce toit.

-Je peux te proposer quelque chose à boire ? dit-il en l'entraînant dans le salon, déjà prêt à communiquer ses ordres à son elfe de maison afin qu'il se charge d'accomplir la tâche ingrate. Un thé ? Un café ?

Une fois qu'ils furent confortablement installés dans le salon, Pollux engagea plus directement la conversation. Puisqu'elle était là, autant en profiter pour connaître les dernières nouvelles. Certes, ils se voyaient très régulièrement, tous les deux, mais cela ne l'empêchait pas, d'une fois sur l'autre, de tout vouloir savoir. Déformation professionnelle, peut-être, mais il n'avait pas attendu d'être journaliste puis rédacteur en chef de la gazette pour être naturellement curieux, surtout auprès des membres de sa famille, qui dans tous les cas ne sauraient toujours qu'être sa priorité.

-Qu'est-ce que tu me racontes de beau, dis-moi ? Tout se passe bien pour toi ? Charlus te traite comme il faut ? Comment ça se passe avec les jumeaux ?

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Des fois, Dorea se disait qu’heureusement que Pollux était là. C’était déjà assez difficile pour elle de se dire que sur ses trois frères et sœurs, ils n’étaient pas vraiment disponibles. Mais heureusement quand même, Pollux était le plus présent des trois. Il travaillait beaucoup c’était un fait, mais cela avait toujours été le cas, et même avec cela, elle savait qu’il faisait toujours primer sa famille, ce qu’elle encourageait grandement. Marius n’en parlons pas, et Cassiopeia elle était aussi présente que les jours de neige en été, alors oui, heureusement qu’elle pouvait compter sur Pollux, pour passer un peu de temps avec sa famille. Il y avait leur mère aussi, qu’elle ne négligeait pas, surtout depuis la mort de leur père, mais ce n’était pas pareil.

-Tu as bien fait.

Elle lui adressa un sourire. Encore heureux, qu’il lui affirmait qu’elle avait bien fait. Elle n’aurait pas apprécié entendre de la part de son frère qu’elle tombait mal, ou qu’elle le dérangeait. Et elle aurait été vexée, plus ou moins longtemps, en fonction des efforts de Pollux pour se faire pardonner. Dorea avait un fonctionnement bien simple, le même depuis qu’elle était petite, et tous les membres de sa famille en étaient au courant, alors il ne tenait qu’à eux de bien agir avec elle, pour éviter toute embrouille inutile.

-Je peux te proposer quelque chose à boire ? Un thé ? Un café ?

Dorea suivit son frère, avant de s’installer. Elle opta pour un thé. Elle n’était rien venue dire à Pollux de particulier. Elle avait juste eu envie d’un peu de rassemblement familial. Charlus était au travail, Charis était trop enceinte pour qu’elle ne veuille la déranger, Cedrella était déprimée… bon les options étaient donc réduites pour elle, mais son choix s’était naturellement tourné vers Pollux. Son frère représentait l’autorité pour elle, après tout il était de dix ans son aîné, et même si elle avait été aussi capricieuse avec lui que les autres, il imposait un certain respect. S’autant plus depuis la mort de leur père. Et puis, il y avait aussi ce côté rassurant qu’elle ressentait quand elle était avec lui, comme si elle avait le sentiment que quoiqu’elle lui confît, il trouverait toujours une solution, et elle serait toujours protégée. Mais il y avait bien une chose qu’elle ne pouvait pas dire, c’était qu’elle avait gardé contact avec Marius.

-Qu'est-ce que tu me racontes de beau, dis-moi ? Tout se passe bien pour toi ? Charlus te traite comme il faut ? Comment ça se passe avec les jumeaux ?

Dorea n’était en aucun cas surprise par le flot de questions. Et encore, elle le trouvait assez soft. Pollux aimait s’enquérir de tout ce qui touchait à sa famille, et elle ne lui reprochait pas, au contraire. En fait, elle était même plutôt heureuse qu’il s’intéresse à elle, et qu’il veuille tout savoir des derniers rebondissements. Même si en soit, le principal restait les jumeaux Potter, mais elle ne prenait pas vraiment plaisir à parler des orphelins.

« Je vais bien, et Charlus me traite toujours aussi bien, ne t’en fais pas. Quant aux jumeaux, ils sont horribles, ça ne change pas. Ils ne veulent toujours pas vivre avec nous. Mais sinon, il n'y a toujours aucun risque qu'on ne gagne pas le procès. »

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orea allait bien, du moins c’est ce qu’elle lui affirmait, mais s’il y avait bien une parole que Pollux ne remettrait jamais en question, c’était bien sa sœur. Elle s’était toujours montré très sincère envers lui, c’était du moins ce qu’il croyait, l’une des forces de leur lien fraternelle était qu’il reposait sur une totale sincérité, et si elle lui assurait, donc, que tout se passait bien pour lui, alors l’homme n’envisageait pas, même une seule seconde, de la contredire. C’est que ça devait être vrai, et tant mieux. De même en ce qui concernait son époux.

Pollux avait confiance en Charlus. Il se fiait bien plus à la parole et à l’opinion de sa sœur, par principe, mais Charlus avait de longue date gagné son respect. Il ne lui avait jamais laissé imaginer qu’il puisse être malintentionné à l’adresse de son épouse, et tant mieux. Dans le cas contraire, Pollux aurait sévi, d’une manière ou d’une autre, il ne laisserait jamais quoi que ce soit advenir aux membres de sa famille.

Les jumeaux, en revanche, semblaient causer problème, toujours, et Pollux était désolé de l’entendre. Il avait été le premier à encourager l’adoption des neveu et nièce de Charlus, car il estimait le geste chevalier, et surtout, il s’impatientait de voir la famille de Dorea s’agrandir, même si rien ne vaudrait le moment où sa sœur tomberait bel et bien enceinte. Mais il ne voulait pas que cette situation soit source de stress et de tourments pour Dorea. Malheureusement, il avait bien compris que Cenlyn et Rhian Potter n’étaient pas des cadeaux. En même temps, de jeunes adolescents en étaient rarement, et Pollux était bien placé pour le savoir.

-Je n’ai jamais douté de ça, observa sincèrement Pollux.

C’était totalement sincère de sa part. En effet, il était convaincu que le couple Potter gagnerait le procès. Comment pourrait-il en être autrement ? Ils avaient toutes les cartes en mains. Toutes ces histoires de procès, ce n’était qu’une formalité, une formalité encombrante, mais qui coûterait cher au couple Bennett, au sens propre comme au figuré, à eux et certainement pas à sa sœur et à son beau-frère.

-Charlus est venu me trouver à ce suje, d’ailleurs. Quand je me serais entretenu avec Flynn Bennett, crois bien que, s’il a un soupçon de jugeotte, vous n’entendrez plus jamais parler de lui et de sa femme. De l’avantage, qui plus est, d’être le patron d’un des principaux concernés dans l’affaire. Quant aux jumeaux, tout ira mieux après un temps d’adaptation, j’en suis convaincu.

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Dorea était vraiment contente de pouvoir passer un moment avec son frère, même s’il était toujours possible qu’elle se sente agacée de ses questions au bout d’un moment. Elle aimait qu’il prenne de ses nouvelles, et qu’il veuille s’assurer que tout aille bien, mais Pollux se montrait parfois un peu trop intrusif. Elle s’y était faite, il était comme ça et personne ne le changerait, mais parfois, elle n’était pas vraiment d’humeur, mais là, ce n’était pas le cas, alors elle devrait supporter l’interrogatoire, et elle ne manquerait pas de lui retourner quelques questions, car elle se souciait de son frère et qu’elle voulait s’assurer que tout allait pour le mieux.

Car elle savait que si Pollux allait mal, il ne viendrait pas en parler. Il garderait tout pour lui. Son frère aîné était un peu comme un mâle alpha, qui veillait sur le reste du clan, et qui n’était jamais ébranlé par quoi que ce soit. Il fallait un peu le pousser pour qu’il accepte de se confier, et encore, ce n’était jamais gagné, mais bon, elle verrait cela pour plus tard.

Pour le moment, il semblait concentré sur elle, alors Dorea lui donnait les informations qu’il voulait. Cela retombait principalement autour de l’adoption des jumeaux, puisque c’était le grand évènement. Cela avait un peu tendance à lasser Dorea qui avait l’impression de ne parler plus que de cela. Cela la dérangeait surtout parce que les jumeaux étaient des plaies, mais ce n’est pas pour autant qu’elle allait renoncer à l’adoption, il ne fallait pas trop y compter. Elle ne se désistait jamais de rien, mais ce n’est pas pour autant que cela la faisait sauter de joie.

-Je n’ai jamais douté de ça, observa sincèrement Pollux.

Elle sourit légèrement. Evidemment. Il n’y avait rien qui ne puisse les faire perdre. Pas face à leurs adversaires. Ils n’avaient strictement rien pour eux, rien qui ne fasse le poids. C’était triste qu’ils ne s’en rendent pas compte d’eux-mêmes, mais s’ils voulaient se faire ridiculiser, ce n’était pas Dorea qui allait s’en priver. Bien au contraire. Caelan était une ratée, elle l’avait toujours été, et Dorea le lui prouverait encore une fois.

-Charlus est venu me trouver à ce suje, d’ailleurs. Quand je me serais entretenu avec Flynn Bennett, crois bien que, s’il a un soupçon de jugeotte, vous n’entendrez plus jamais parler de lui et de sa femme. Quant aux jumeaux, tout ira mieux après un temps d’adaptation, j’en suis convaincu.

C’était une très bonne chose que Charlus ait parlé à Pollux. Elle l’aurait fait de toute manière, si son époux n’en avait pas pris l’initiative. Par chance, Pollux était le patron de Flynn. Encore une preuve qu’ils étaient à la ramasse et inconscients de s’attaquer aux Potter. Elle n’était pas inquiète à ce niveau-là. Elle avait plus de réticences concernant les jumeaux. Tout le monde lui disait qu’ils se calmeraient par la suite, mais personne ne les avait vu à part elle. Quoique, un stage chez oncle Pollux pourrait être bénéfique. Il saurait peut-être les dresser ces gosses.

« Je ne doute pas que tu sauras te montrer le plus efficace possible. Pour ce qui est de Rhian et Cenlyn, ma foi s’ils continuent de jouer les fortes têtes je te les enverrai, tu pourras ainsi faire jouer ton expérience et ton habitude à l’autorité et au respect. »

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e plus efficace possible, ce n'était pas encore assez dans le vocabulaire de Pollux. Le plus efficace possible, c'était amettre des possibilités, et donc des limites, et c'était une chose que le rédacteur en chef de la Gazette du Sorcier refusait catégoriquement d'accepter. Tout comme il ne tolérait pas l'échec, il n'acceptait pas non plus les victoires qui ne seraient que partielles. En l'occurrence, il avait toutes les cartes en mains.

Pollux Black était le supérieur hierarchique de Flynn Benett, il tenait sun destin professionnel entre ses mains, et sa manière de faire serait très simple : soumettre le journalisme au chantage afin d'épargner à ce dernier un laborieux procès qu'il perdrait tout de même, ou bien le virer, purement et simplement, et s'arrangeait auprès de ses collègues du monde des médias pour que jamais plus il ne retrouve d'emploi. Que cela l'intimide ou non, jamais on ne confierait les enfants Potter à ce couple moins fortuné, et encore moins si l'homme du couple, celui qui donc avait pour devoir tout naturel de veiller à la survivance de son foyer, se retrouvait au chômage, le bec dans l'eau. L'affaire était dans le sac, donc. La seule chose contraignante dans cette affaire, c'était que ces mesures prenaient du temps, et qu'il aurait été préférable pour tout le monde que l'affaire soit réglé aussi rapidement que possible.

-N'hésite surtout pas s'ils doivent te poser problème, je me ferai un plaisir de leur mettre du plomb dans la cervelle, répondit Pollux avec un fin sourire qui n'aurait rien contre le fait ramener les jumeaux à la réalité s'ils devaient se montrer par trop récalcitrants tous les deux.

Certes, Charlus pourrait sans doute s'acquitter de ce rôle. Mais Charlus Potter était un tendre, du moins aux yeux de Pollux. Cela n'avait rien d'un mal en soi, bien au contraire, mais dans certaines circonstances bien spécifique, il estimait que son autorité naturelle pourrait bien être un atout. Dans tous les cas, Pollux serait bien incapable de ne pas vouloir mettre son grain de sel dans l'éducation des enfants de Dorea... Et encore, là, ce n'étaient pas des enfants biologiques. Quand Dorea lui donnerait un neveu ou une nièce, il ne faudrait clairement pas s'attendre à ce qu'il reste de côté.

-Même si je mentirais en m'érigeant en exemple dans ce domaine. Je ne comprends vraiment pas ce qu'il faut à Alphard pour intégrer les règles de discipline les plus élémentaires, mais je dois bien t'avouer qu'il me donne du fil à retordre.

A Dorea, il pouvait bien l'avouer. Même si c'était une faiblesse.

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Dorea n’avait absolument aucun doute sur le fait qu’elle puisse compter sur son frère. Pollux avait toujours été un pilier pour elle, depuis qu’elle était toute petite. Si elle avait un problème, c’était vers lui qu’elle se tournait en priorité, même avant Charlus. Pollux avait toujours des solutions, c’était dans sa nature d’aîné, et maintenant de chef de famille depuis la mort de leur père. Pollux gérait toutes les affaires de la famille, et Dorea était vraiment contente que ce soit le cas.

Cela ne voulait pas dire qu’il ne pouvait pas compter sur elle. Si Dorea avait pris l’habitude de beaucoup se reposer sur son frère, elle était tout à fait apte à l’épauler. Et elle tenait à ce qu’il lui parle si jamais il y avait quelque chose qui n’allait pas. Par chance, Pollux était très tourné vers sa famille, mais cela ne voulait pas forcément dire qu’il se confiait facilement. Elle ne pouvait pas le forcer à parler, si cela n’allait pas, mais elle espérait qu’il aurait tout de même le réflexe de se tourner vers elle. Dorea n’avait aucune envie de voir ses frères ou sa sœur mal, même si les choses étaient tendues avec Cassiopeia, et compliquées avec Marius, elle prenait tout de même soin de sa fratrie.

-N'hésite surtout pas s'ils doivent te poser problème, je me ferai un plaisir de leur mettre du plomb dans la cervelle.

Dorea hocha la tête. Elle ne comptait pas hésiter. Déjà que ce n’était même pas ses enfants, mais les neveux de Charlus, elle n’allait pas en plus s’épuiser à les élever. S’ils étaient de la mauvaise graine (ce que cela semblait être) elle confierait cela à quelqu’un d’autre. Et comme Pollux semblait d’accord avec cette option, ils allaient passer beaucoup de temps avec oncle Pollux. Au moins, ils apprendraient la vie ainsi, et tous les codes de leur société. Leurs parents avaient fait un travail déplorable avec eux, cela se voyait tout de suite. Et à part une pauvre ressemblance avec Charlus, on ne les croirait vraiment pas de la même famille.

-Même si je mentirais en m'érigeant en exemple dans ce domaine. Je ne comprends vraiment pas ce qu'il faut à Alphard pour intégrer les règles de discipline les plus élémentaires, mais je dois bien t'avouer qu'il me donne du fil à retordre.

Alphard était un sujet récurrent. Un sujet de souci récurrent chez son frère. Il avait toujours été dur, d’aussi loin qu’elle se souvienne. Quand il est né, elle était encore à Poudlard, et elle ne l’avait pas vu si souvent que cela durant ses premières années, mais elle se souvenait que le garçonnet avait pris davantage de caractère en grandissant, et pas de la bonne manière. Evidemment, l’attitude d’Alphard la faisait sourire, parce qu’il était son neveu, pas son fils, mais elle reconnaissait qu’il ne filait pas vraiment droit. Et que le contraste avec son frère et sa sœur était frappant. Elle avait envie de dire que cela s’arrangerait avec le temps, mais il avait déjà quinze ans.

« Il est probablement en pleine crise d’adolescence. Il cherche à attirer l’attention. Il est le dernier, alors peut-être qu’il a eu du mal à trouver sa place. Je n’étais pas vraiment très tendre plus jeune, mais je me suis arrangée non ? Enfin, je ne sais pas ce qui lui passe par la tête, mais je ne pense pas que tu sois en cause. »

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ollux ne comptait pas s'épancher trop longuement sur le problème que pouvait représenter Alphard, et pour cause, s'en plaindre en long en large et en travers, c'était comme admettre un échec dans le détail, et c'était une chose qu'il supportait difficilement. Dorea était sa confidente en plus d'être sa soeur, il n'avait pas souvenir de lui avoir un jour dissimulé quoi que ce soit, il était donc normal qu'il parle plus longuement du dernier de ses enfants avec elle, en revanche, il ne voulait pas donner le sentiment d'être dépassé. En tant que chef de famille, il se devait de donner l'exemple, de demeurer cette force tranquille qui gardait tout sous contrôle et qui était capable de subvenir aux besoins de sa famille quoi qu'il puisse advenir.

Malgré tout, Dorea restait de bon conseil, et aussi, elle était capable de lui faire relativiser les choses concernant lesquelles il restait, bien malgré lui, parfois dépassé, puisque, qu'on le veuille ou non, on ne peut pas toujours tout contrôler. Et c'est à ce moment-là que la présence infaillible de nos proches (plus faillible dans le cas de Cassiopeia que de Dorea, cela dit, mais passons) devenait forcément ce qu'il y a de plus indispensable. Alphard faisait certainement sa crise d'adolescence. Pollux en était arrivé à une conclusion similaire, mais puisque ni Cygnus, ni Walburga, n'avaient jamais connu ce stade, ou du moins pas à ce degré-là, il ne pouvait pas prétendre être sûr de cela. Et il ne voulait pas attribuer à l'âge de son fils un comportement qui s'envenimerait peut-être au lieu de s'assagir.

Elle ajouta aussi qu'en temps que dernier de la famille, Alphard avait peut-être plus de mal à trouver sa place, ce qui était bien possible. Dorea argua qu'elle n'avait pas été facile non plus à son âge, mais il était bien incapable de garder ce souvenir d'elle. D'un autre côté, quand Dorea avait l'âge d'Alphard, lui-même assumait déjà des responsabilités de père de famille qui l'avaient quelque peu maintenu à l'écart des considérations du genre. Il serait dans tous les cas montré peu objectif au sujet de sa plus jeune soeur. Il avait toujours eu tendance à tout lui concéder ou presque.

-Je n'en sais trop rien. J'imagine qu'il doit sentir aussi le fait que je n'ai pas la même relation avec lui qu'avec Cygnus. Ce qui ne voulait pas dire qu'il en préférait l'un à l'autre. Mais il aimait chacun de ses enfants d'une manière différente, et le cas de Cygnus, étant donné les circonstances de sa naissance, était forcément particulier. Il poussa un léger soupir. Enfin oui, j'imagine que ça lui passera, effectivement. Déjà, je lui ai trouvé une fiancée, je pense que ça devrait lui donner matière à réfléchir.

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Qu’Alphard fasse sa forte tête, ce n’était pas vraiment une nouveauté. Cela commençait tout de même à faire un petit moment qu’il n’en faisait qu’à sa tête et était en pleine crise existentielle. Dorea n’était pas très inquiète, parce qu’elle était certaine que cela allait s’arranger. Mais elle comprenait que Pollux soit embêté. Tout était toujours réglé au millimètre près avec lui, alors avoir son benjamin qui tentait de sortir des rangs, ça devait vraiment l’énerver. Cependant, elle lui faisait confiance pour ce qui était de le remettre dans le droit chemin. Pollux était une figure d’autorité, et Alphard ne tiendrait pas longtemps face à son père, il finirait par plier. Tout le monde finissait par plier devant Pollux, c’était dans son comportement.

Elle n’était pas mère, et ne pouvait donc pas vraiment comprendre tout l’enjeu, mais elle tentait tout de même de lui donner son avis. Quitte à ce qu’il soit désuet. Elle avait envie de penser que ce n’était qu’une crise, et que tout allait s’arranger, qu’Alphard finirait enfin par mûrir. Il avait le droit d’avoir du caractère, mais il devait tout de même ne pas trop en faire. Il devait faire attention à ses agissements, il ne portait pas n’importe quel nom. Et ses frasques pourraient se répercuter sur toute la famille, qu’il le veuille ou non. Il fallait donc qu’il s’assagisse, et le plus tôt serait le mieux, sans aucun doute.

-Je n'en sais trop rien. J'imagine qu'il doit sentir aussi le fait que je n'ai pas la même relation avec lui qu'avec Cygnus. Enfin oui, j'imagine que ça lui passera, effectivement. Déjà, je lui ai trouvé une fiancée, je pense que ça devrait lui donner matière à réfléchir.

Pollux n’avait jamais perdu de temps. Elle n’était donc pas vraiment surprise d’apprendre que son dernier avait déjà une fiancée. Elle était contente de l’apprendre, et espérait qu’elle était l’une des premières à être au courant. Et oui, on ne la changerait pas. Dorea aimait les exclusivités, encore plus quand cela concernait sa famille. Elle ne voulait pas être tenue à l’écart, pour quelle que raison que ce soit, alors il était totalement normal que Pollux partage avec elle ce genre d’annonces. En tout cas, elle avait hâte d’en savoir plus. De savoir qui allait bientôt devenir sa nièce surtout. Elle n’avait pas de grandes affinités avec Druella, mais cela serait peut-être totalement différent avec celle-ci, c’était possible.

« Une fiancée ? Et qui est donc l’élue ? »

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L

a réaction de Dorea n'étonnait pas Pollux le moins du monde. Il savait qu'elle apprécierait d'avoir l'exclusivité de l'information qu'il venait de lui communiquer. Dorea aimait se sentir privilégiée, et il y avait de quoi... Elle avait tout à fait raison. Elle était privilégiée, c'était de naissance.

Leur sang, leur famille y contribuait, et sa personnalité faisait le reste. Ceci dit, Pollux voulait penser qu'au-delà du fait d'obtenir une information croustillante, sa soeur était aussi et surtout heureuse de savoir que l'avenir de son neveu, tout compliqué était-il, était garanti, et du mieux possible.

Pollux avait presque envie de faire jouer à Dorea le jeu des devinettes, juste pour faire durer le suspense. Les possibilités n'étaient pas si nombreuses, du moins si l'on admettait qu'il ait choisi à son fils une épouse dans sa tranche d'âge (mais c'était le cas, il pouvait parfois pousser très loin le vice, mais il estimait qu'une proximité en âge, à côté de laquelle passaient beaucoup d'autres sangs purs, étaient importante pour garantir un bon mariage, quand bien même ça devait être la seule affinité en jeu). Au fond, qui restait-il en dehors de Clarice Carrow ? Augusta Londubat, peut-être ? Mais la demoiselle était connue pour son tempérament difficile, et tant qu'à faire, avoir trouvé à Alphard une fiancée capable de canaliser son tempérament à lui, ce n'était pas du luxe, même si ce n'était jamais que quelque chose d'accessoire, malgré tout.

-La fille de Trevor et Eurydice Carrow, Clarice.

Pollux ne savait pas trop dans quelle mesure Dorea s'entendait avec le couple. Si le directeur de la Gazette du sorcier était pour sa part ami aussi bien avec le mari qu'avec l'épouse, et qu'il avait tendance à veiller aux bonnes fréquentations de ses deux soeurs, il leur lâchait un peu la bride de ce point de vue, et surtout à Dorea, car cette dernière savait parfaitement s'entourer sans coup de pouce (encore que, s'il savait qu'elle continuait de voir Cedrella Black, il y trouverait à redire, que ce soit son rôle ou non).

Pour ce qui était de Cassiopeia, il serait à vrai dire nécessaire qu'il y regarde de plus près, car il se demandait parfois si une partie du problème ne résidait pas là. Mais il était difficile de le savoir à coup sûr.

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Dorea estimait que l’annonce d’une fiancée pour Alphard était une bonne chose. Elle n’était pas étonnée, Pollux était quelqu’un d’ordonné, qui ne laissait rien au hasard, alors il ne prendrait pas le risque de ne pas pouvoir marier chacun de ses enfants, et les partis partaient assez vites, mine de rien. Il fallait dire aussi, que les couples de sang-purs faisaient moins d’enfants, c’était comme ça. Ou du moins, pas aussi précocement que ne l’avait fait Pollux. La preuve, Dorea avait beau s’approcher de la trentaine, elle n’était toujours pas tombée enceinte, par choix. Mais cela ne saurait tarder.

En tout cas elle prenait cette annonce comme une excellente nouvelle, et elle était impatiente donc, de savoir qui Pollux avait choisi pour son fils cadet. Dorea savait bien qu’elle n’aurait pas d’avis à donner, et que Pollux choisissait bien qui il voulait, mais elle avait tout de même envie de s’en mêler. Après tout, il s’agissait de son frère, et son neveu, alors c’était normal qu’elle colle son grain de sel dans toute cette histoire. Elle espérait une fiancée prestigieuse, à la hauteur de leur famille, et de leur sang. Alphard était certes un peu trop turbulent, il n’en restait pas moins son neveu, et Dorea voulait le meilleur pour lui, ni plus ni moins.

-La fille de Trevor et Eurydice Carrow, Clarice.

Dorea ne connaissait pas particulièrement bien les Carrow, elle avait probablement échangé des banalités avec eux, mais elle n’en gardait pas un souvenir cuisant. Elle voyait néanmoins de qui il s’agissait, et elle estimait que ce n’était pas trop mal. Si Pollux avait fait ce choix, c’était en toute connaissance de cause, et après une réflexion importante. En tout cas, Dorea ne voyait aucune raison de mettre son véto, (qu’elle n’avait pas mais qu’elle s’octroyait tout de même, juste pour la forme), et elle était certaine que cela ferait un beau mariage, qui donnerait naissance à de nouveaux Black. En théorie.

« Oh… oui je vois vaguement. Je ne les connais pas vraiment, juste comme ça. Mais je suppose que c’est un très bon choix. »

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C

e qui importait en ce qui concernait les Carrow, ce n'était pas tant leur capital sympathie que leur réputation et la pureté de leur sang. Bien sûr, connaître le couple personnellement - ce qui était le cas de Pollux, qui était ami autant avec Eurydice qu'avec Trevor et les tenait l'un comme l'autre en grande estime - était un plus, qui permettait à Pollux de s'assurer que leur fille avait été bien élevée et que leurs moeurs n'étaient pas douteuses (enfin, en théorie), mais il aurait sans doute arrangé ses noces peu importe que les Carrow aient été dans leurs petits papiers ou non.

Un mariage ne s'arrangeait jamais assez tôt, c'était une chose que Cygnus avait pu constater rapidement, et dans le cas d'Alphard, lui trouvait une fiancée avait été un impératif certain : il fallait recadrer l'adolescent, lui rappelait quels étaient ses devoirs et où était sa place. Rien de mieux, pour le mettre face à ses responsabilités, que de lui trouver une fiancée. Par ailleurs, les Carrow faisaient partie de ces familles de sang pur respectées et respectables que la réputation précédait. Il ne faisait aucun doute qu'ils sauraient se montrer dignes de la confiance que Pollux leur accordait en leur offrant, à Clarice du moins, de trouver une place de choix au sein de l'arbre généalogique des Black, au sens propre comme au figuré.

-Tu supposes seulement ? Je regrette que tu puisses mettre mes choix en doute. Je ne me trompe jamais, tu le sais bien, répondit Pollux d'un ton amusé.

Il ne prenait pas mal les propos de Dorea, en réalité, parce qu'il savait qu'elle lui faisait confiance, et même si elle serait capable de remettre en question ses choix si elle les trouvait mal avisés, ils étaient généralement sur la même longueur d'onde. Alors oui, il arrivait à Pollux de se tromper. Il prétendait l'inverse et détestait avoir tort, mais il n'était pas infaillible, ceci dit, en l'occurrence, il ne voyait absolument pas ce qui pouvait mal tourner. Et à vrai dire, si quelqu'un devait poser problème, il craignait fort de devoir l'imputer à Alphard et non à Clarice (sans savoir que cette dernière portait sur elle une tare des plus conséquente qui invalidait cette union d'entrée de jeu).

-Tu verras, Clarice et une adolescente tout à fait charmante. Intelligente, bien éduquée. Je pense qu'elle saura avoir une excellente influence sur Alphard.

Il l'espérait, en tout cas. Fiancer Alphard devait aussi aider à cela. Et prévenir de certains scandales éventuels comme Pollux lui-même en avait provoqué un à l'âge d'Alphard, même si on s'abstiendrait bien d'y revenir.

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Dorea n’était pas surprise le moins du monde de savoir que Pollux avait d’ores et déjà trouvé une fiancée à Alphard, et elle se doutait bien que l’heureuse élue (si on pouvait dire ça comme ça) avait probablement été choisie selon des critères rigoureux. Pollux ne marierait pas ses enfants à n’importe qui, et sans être certain que c’était un échange de bon procédé. Dorea n’avait pas d’avis à donner, parce qu’elle connaissait mal les Carrow. En même temps, c’était la génération de Pollux, pas la sienne, et elle croisait assez de monde lors des soirées mondaines pour ne pas aller s’occuper de ceux qu’elle ne connait pas en prime, il n’y avait là rien de personnel.

C’était flagrant, à quel point Dorea voyait leur père en Pollux. Il lui ressemblait de plus en plus, et il avait pris sa place de manière naturelle. Ils avaient perdu leur père assez prématurément, même si les enfants de son frère avaient perdu leur mère bien plus jeunes, mais Pollux s’était adapté, et il s’était montré fort, comme il l’avait toujours fait, en somme. Dorea était vraiment admirative de son frère, et c’était bien l’une des seules personnes capables de faire naître ce sentiment chez elle, ou plutôt, c’était belle et bien la seule. L’illusion était encore plus frappante qu’il était père de trois enfants, les trois qui étaient casés, et déjà grands, tandis que Dorea n’avait toujours pas d’enfants.

-Tu supposes seulement ? Je regrette que tu puisses mettre mes choix en doute. Je ne me trompe jamais, tu le sais bien. Tu verras, Clarice et une adolescente tout à fait charmante. Intelligente, bien éduquée. Je pense qu'elle saura avoir une excellente influence sur Alphard.

Elle ne remettait pas le choix de son frère en cause. Elle serait capable de le faire, elle avait déjà été en désaccord avec lui, et elle ne craignait pas de le lui faire remarquer, mais sur ce point, elle n’avait pas d’inquiétudes. Pollux se trompait rarement, elle le lui accordait. Toutes ses décisions étaient mûrement réfléchies, et en général, il avait toujours plusieurs coups d’avance. Mais il savait créer la surprise et se laisser aller à la folie du moment. Pour preuve la grossesse très prématurée d’Irma.

« Je sais pertinemment que tu ne laisseras pas tes enfants se marier avec n’importe qui, et Clarice est sans doute le meilleur choix possible pour Alphard. Ça ne t’angoisse pas trop, de te dire que tu te retrouveras bientôt seul ici ? »

Elle n’avait aucune envie de faire déprimer son frère, mais c’était justement pour cela qu’elle lui en parlait. Elle ne voulait pas que Pollux se perde dans sa solitude, une fois que son dernier aura quitté le nid. Elle ne voulait pas que son frère soit malheureux. Ses enfants avaient toujours été la prunelle de ses yeux, et même s’ils continueront de voir régulièrement leur père, ce ne sera plus la même chose, et Dorea ne voulait pas que Pollux en pâtisse. Elle marchait sans doute sur des œufs, mais peu importe, elle prenait le risque.

« Tu n’as jamais pensé à rencontrer quelqu’un, à te remarier ? »

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E

st-ce qu'il était angoissé à l'idée de bientôt se retrouver seul ici ? La réponse la plus évidente était celle qu'il donnait sans y réfléchir. Il était relativement facile pour lui de prétendre que cela ne lui poserait aucun souci, mais dans les faits, c'était plus délicat. Seul dans cette maison, il était habitué à l'être. A partir du moment où ses trois enfants avaient été scolarisés à Poudlard, il avait bien fallu qu'il s'accommode de cela, et la tâche lui en avait été facilitée par toutes celles qu'il s'imposait. Il ne pouvait nier qu'il avait consacré davantage de temps à son travail à partir du moment où ses enfants n'avaient plus été présents, où il avait eu moins eu à s'occuper d'eux.

-Je suis déjà seul ici la plupart du temps, répondit Pollux avec un fin sourire. Ceci dit, il ne s'arrêta pas là.

Quiconque d'autre lui aurait posé cette question, il se serait contenté de cette réponse sans en dire davantage, mais en l'occurrence, il ne s'adressait pas à n'importe qui mais à sa soeur, et auprès d'elle, il pouvait se permettre de se montrer plus ouvert, plus sincère.

-Mais c'est vrai, je redoute un peu le moment où ils n'auront vraiment plus besoin de moi.

Il se réconfortait avec l'idée que même mariés et installés dans la vie, ses enfants auraient toujours besoin de leur père, d'une manière ou d'une autre, mais il y avait là une certaine forme de contradiction, en réalité. Une partie de lui voulait que ses enfants soient parfaitement aptes à se débrouiller sans lui. S'il les avait convenablement éduqués - et il voulait croire que c'était le cas -, il leur deviendrait dispensable, et ça devrait être la moindre des choses. Mais une part de lui avait envie qu'ils aient toujours une occasion ou une autre de se tourner vers lui.

Et c'était peut-être là qu'on pouvait trouver un semblant de sentiment de solitude, le genre de solitude que la présence de personne d'autre ne pourrait compenser. Ni celle de ses soeurs, ni celle d'une quelconque compagne, car bien sûr, Dorea lui posa la question qu'il était habitué à entendre. Le temps réglementaire pour faire le deuil d'Irma était largement dépassé, tout le monde s'était attendu à ce que Pollux revienne "sur le marché". Ce n'était pas arrivé. Et ça n'arriverait pas. Peut-être qu'il ne fallait jamais dire jamais, mais Pollux ne le pensait vraiment pas. Il n'éprouvait aucun manque si ce n'est celui d'Irma. Il vivait très bien seul. Il n'avait pas envie de s'imposer les flirts, les rendez-vous galants, toutes ces étapes de la construction d'une quelconque relation.

-Pas une seule fois. Il marqua une pause. Tu sais que Cassiopeia m'a posé exactement la même question ? Vous ne devriez pas vous en faire pour moi. J'étais heureux avec Irma, je n'ai pas envie de trouver quelqu'un d'autre.

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Il était possible que Dorea s’avance sur un terrain sensible. Mais elle estimait tout de même qu’il était légitime de sa part qu’elle s’inquiète pour l’avenir de son frère. Après tout, Pollux était encore jeune, alors il était tout à fait possible pour lui de refaire sa vie s’il le désirait. Dorea connaissait son frère, et elle se doutait que c’était la dernière de ses préoccupations, et qu’il était bien plus concentré sur sa carrière et ses trois enfants. Mais ces mêmes enfants étaient presque tous adultes à présent, et il y aurait un moment où Pollux serait seul dans sa grande maison. Et Dorea n’avait aucune envie de commencer à le voir déprimer, ou s’enfermer dans son travail.

-Je suis déjà seul ici la plupart du temps. Mais c'est vrai, je redoute un peu le moment où ils n'auront vraiment plus besoin de moi.

Elle n’en était pas réellement étonnée. Cela devait faire drôle, de passer de quatre, à un. Cygnus avait déjà quitté la maison, et Wlaburga ne devrait pas tarder à en faire de même, étant donné que la jeune femme était fiancée, et que connaissant Pollux, il ne ferait pas trop traîner le mariage. Restait Alphard, qui était encore à Poudlard, mais connaissant son neveu, elle se doutait qu’il chercherait son indépendance relativement tôt. A moins qu’elle ne se trompe. Mais quoiqu’il en soit, en finalité, Pollux se retrouverait tout de même seul, et cette idée lui serrait un peu le cœur. Si Irma était toujours en vie, Dorea n’aurait pas eu ce genre d’inquiétude, évidemment. Sa mort avait beaucoup affecté Pollux, et elle ne voulait pas qu’il finisse par vivre parmi les fantômes de son passé, et qu’il ne soit plus réellement intéressé par l’avenir.

« C’est ça, de commencer à faire des enfants très jeune. »

Elle pouvait bien le charrier un peu. Même si Cygnus était un accident, il est vrai que si Pollux avait attendu un peu avant de devenir père, il aurait gardé ses enfants plus longtemps.

-Pas une seule fois. Tu sais que Cassiopeia m'a posé exactement la même question ? Vous ne devriez pas vous en faire pour moi. J'étais heureux avec Irma, je n'ai pas envie de trouver quelqu'un d'autre.

Dorea était surprise que Cassiopeia se soit souciée de cela. Il était déjà assez difficile de la voir, alors quand c’était le cas, elle ne pensait pas qu’elle aurait eu ce genre de considérations. Mais à tous les coups, Pollux avait dû amener sur le tapis le fait qu’elle soit toujours célibataire, et Cassiopeia avait dû enchérir avec son veuvage. Quoiqu’il en soit, personne ne forcerait Pollux à refaire sa vie s’il n’en avait pas envie. Il changerait peut-être d’avis, en rencontrant quelqu’un en particulier, mais pour le moment, s’il était bien comme ça, alors tant mieux. Dorea espérait juste que cela allait durer, et que la solitude ne deviendrait pas trop pesante. Cela dit, elle n’était pas certaine que si l’une de ses sœurs s’était retrouvée veuve prématurément, Pollux n’aurait pas tenté de changer la donne.

« Non, je ne l’ai pas vue depuis un moment. A force de t’en faire pour tout le monde, il faut bien que quelqu’un s’en fasse pour toi. Mais bon, si tu es bien comme ça, alors tout va bien. »

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ollux adressa à sa soeur un sourire amusé quand cette dernière lui fit remarquer, à juste titre, que s'il avait été père plus tardivement, il aurait aussi gardé ses enfants plus longtemps (encore qu'il les aurait juste gardés le même temps, mais plus tard, et ce serait retrouvé seul un peu plus vieux, ce qui n'était pas forcément une situation plus enviable). De la part de beaucoup, il n'aimait pas les rappels quant à l'âge auquel il avait eu Cygnus, puisque de ce constat à celui du scandale qu'avait engendré la grossesse d'Irma à l'époque, il n'y avait qu'un pas, et comme il aimait avoir le plus parfait contrôle de son image, c'était bien évidemment une chose qu'il n'appréciait pas le moins du monde. Mais Dorea était - et serait toujours - de ces personnes qui seraient en droit de le charrier sans accuser de retour de bâton de sa part. Il prenait sa réflexion pour ce qu'elle était, une simple plaisanterie.

Dans tous les cas, et en dépit du scandale de l'époque, tout bien considéré, si les choses étaient à refaire, il ne voudrait pas qu'elles se passent différemment. Quand il voyait le jeune homme qu'était devenu Cygnus, et qui n'avait de cesse que de le couvrir de fierté, il ne pouvait qu'être ravi de cette "erreur de jeunesse", qui par ailleurs avait poussé Irma à devenir sa femme, ce qui n'aurait peut-être pas été le cas autrement, et il estimait qu'elle avait été la meilleure des épouses. De même, il aimait chacun des souvenirs que lui, ses enfants, et Irma à l'époque avaient façonné ensemble, il ne voudrait en changer aucun. Alors certes, ça n'avait pas été conventionnel du tout, mais il ne changerait jamais qu'une chose s'il le pouvait, et c'était bien évidemment le départ prématuré de son épouse, épouse qu'il n'avait aucune intention de remplacer, ni maintenant, ni plus tard. Sur ce point, Pollux était tout à fait sûr de lui.

C'est qu'il n'avait vraiment pas besoin de la compagnie d'une femme pour se sentir heureux ou accompli. Au final, Pollux avait été l'homme d'une seule femme, et il acceptait très bien sa condition de veuf. "Refaire sa vie" ne lui inspirait rien du tout. Il n'avait pas besoin de la compagnie d'une nouvelle épouse dans sa vie, et il ne pensait pas qu'il changerait d'état d'esprit. Peut-être se surprendrait-il lui-même si, après le départ d'Alphard, il se découvrait accuser une trop grande solitude, mais vraiment, il ne l'envisageait pas de la sorte.

-Est-ce que j'ai l'air de ne pas être bien ? J'ai des enfants exceptionnels et des sœurs merveilleuses, un travail en or et tout ce que je pourrais demander, je vois difficilement ce que je pourrais demander de plus. Il afficha un sourire. Mais je te remercie de t'en faire pour moi, je suppose que c'est de bonne guerre, en effet.

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Pollux était toujours en train de se soucier de ses sœurs, ses enfants, de s’assurer que tout allait toujours pour le mieux. Mais Dorea estimait qu’il était normal que l’inverse soit aussi vrai. Il est vrai, que depuis la mort de leur père, Pollux faisait office de chef de famille, mais cela n’empêchait pas le fait de vouloir prendre soin de lui. Dorea avait déjà en quelque sorte perdu Marius, Cassiopeia lui avait dit souffrir d’une maladie pseudo-incurable, alors elle avait envie de prendre soin de Pollux, de veiller à ce qu’il ne se laisse pas de côté pour mettre l’accent sur les autres. Si Pollux estimait ne pas avoir envie, ou besoin de se remettre avec une femme, elle n’allait pas insister. Elle osait croire qu’il se montrait sincère avec elle, autant que possible en tout cas. Elle trouvait cela dommage, qu’il se destine à rester seul pour le reste de sa vie. Mais malgré tout, Pollux restait jeune, et il pourrait très bien rencontrer une femme qui le ferait changer d’avis. Dorea aimait dire que les femmes pouvaient avoir un très grand pouvoir sur les hommes, il n’y avait qu’à prendre son propre exemple avec Charlus.

Mais soit, si Pollux s’estimait aller bien, elle n’allait pas lui trouver des problèmes pour se rassurer. Elle préférait grandement cela à ce qu’il lui confie être en dépression, par exemple. Il avait été mal, durant un moment, après la mort d’Irma, ce qui était normal, et elle avait craint de le voir sombrer, mais Pollux était une force de la nature. Il ne se laissait pas abattre comme ça, et elle était heureuse de voir qu’aujourd’hui, il ne pourrait pas être plus fier de lui. Elle avait beaucoup d’admiration pour son frère, et elle ne le redirait jamais assez. Il était à ses yeux, l’homme le plus accompli, au niveau social, professionnel, et plus encore.

-Est-ce que j'ai l'air de ne pas être bien ? J'ai des enfants exceptionnels et des sœurs merveilleuses, un travail en or et tout ce que je pourrais demander, je vois difficilement ce que je pourrais demander de plus. Mais je te remercie de t'en faire pour moi, je suppose que c'est de bonne guerre, en effet.

La jeune femme lui adressa un petit sourire. Elle n’allait pas contredire son frère, elle préférait le croire sur parole. En même temps, elle ne pensait pas qu’il exagérait ses propos, il n’en avait pas franchement besoin. Tout ce qu’il décrivait il l’avait, en particulier les deux sœurs merveilleuses cela va sans dire. N’empêche que cela lui faisait toujours drôle, de constater tout ce que son frère avait construit. Comme s’ils avaient des années lumières d’écart. C’était quelque peu exagéré, mais tout de même, il était bien plus avancé qu’elle. Mais en tant que femme, elle ne pouvait de base pas aspirer à la même vie.

« Je te crois. Mais doucement tout de même avec la flatterie, tu sais que mal dosé, cela peut commencer à être louche. Mais je suis vraiment heureuse, que tu le sois.»

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-S

i tu prends l'honnêteté pour de la flatterie, je ne peux rien pour toi, même si ça me surprend de ta part, je pensais que tu te tenais en suffisamment haute estime pour avoir parfaitement conscience de ta valeur.

Et même s'il prononçait ces mots d'un ton plaisantin, cela n'empêchait pas Pollux de penser le moindre d'entre eux, et pour cause, il n'était pas du genre à donner des compliments à foison, c'était même tout l'inverse, il avait plutôt pour habitude de pointer du doigt les défauts d'autrui, à ses yeux, c'était leur rendre service, c'était une manière de les encourager à s'améliorer. Alors très clairement, quand il faisait des compliments, c'était toujours pensé, du moins quand c'était à l'adresse des personnes qu'il estimait... il n'était évidemment pas à l'abri de se montrer quelque peu hypocrite en société, quand il était nécessaire de bien se faire voir des uns et des autres, quand bien même ce n'était pas l'exercice qu'il préférait.

Même s'il évoluait dans un milieu hautement hypocrite, et où le mensonge était la norme, la clé, il ne prenait pas franchement de plaisir à mentir. Il préférait se montrer honnête, parce qu'il ne voyait en rien de l'intérêt à dissimuler des opinions dont il était tout à fait fier. Il considérait n'avoir à rougir d'aucun de ses actes, c'était aussi simple que cela, et donc, il entendait bien le montrer, ni plus ni moins.

-Et je suis heureux que tu sois heureuse de me savoir heureux, alors je suppose que tout va bien. Par contre, n'espère pas qu'en conclusion de cette conversation, je cesserai de me faire du souci pour toi et de te harceler de questions et de conseils, ce serait bien mal me connaître.

Mais après tout, elle le connaissait bien, justement, et elle savait très précisément de quelle manière il fonctionnait, donc elle ne devrait pas être surprise outre mesure, n'est-ce pas ? C'était en tout cas ce que supposait Pollux, qui prononçait ces mots tout aussi légèrement que les précédents, ce qui ne voulait pas dire pour autant qu'il ne fallait pas prendre ces mots très au sérieux.

Sérieux, Pollux l'était, terriblement, et il n'y aurait rien de pire que de remettre sa parole en question, d'ailleurs, s'il y en avait bien dont il ne supportait pas qu'ils remettent en question son comportement, ses paroles ou ses décisions, c'était bien les membres de sa famille... d'où le fait qu'il n'acceptait pas que l'on prenne pour de la flatterie ce qui n'était jamais que la stricte vérité.

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-Si tu prends l'honnêteté pour de la flatterie, je ne peux rien pour toi, même si ça me surprend de ta part, je pensais que tu te tenais en suffisamment haute estime pour avoir parfaitement conscience de ta valeur.

Dorea afficha un sourire. Evidemment, elle n’était jamais la dernière quand il s’agissait de se mettre en avant. Mais bon, il y avait tout de même des limites, et elle avait tout de même le sentiment que Pollux tentait de la brosser dans le sens du poil. Ce n’était pas désagréable, certes, Dorea ne pouvait pas le nier, mais bon, elle ne voulait pas que son frère lui cache des choses en cherchant à la divertir en la complimentant. Elle connaissait assez son frère pour savoir qu’il savait se confier à sa famille quand cela n’allait pas. Mais il voulait aussi protéger les siens, alors il cachait peut-être quelques problèmes, ou quelques souffrances. Mais s’il assurait que non, alors elle voulait bien le croire.

« C’est le cas, mais je connais assez les hommes pour savoir que quand ils usent de compliments envers les femmes, c’est rarement sans raisons. Mais bon, tu es mon frère, alors je te crois. »

-Et je suis heureux que tu sois heureuse de me savoir heureux, alors je suppose que tout va bien. Par contre, n'espère pas qu'en conclusion de cette conversation, je cesserai de me faire du souci pour toi et de te harceler de questions et de conseils, ce serait bien mal me connaître.

Oh, elle n’irait pas faire de telles conclusions. Effectivement, elle était loin de mal le connaître. Pollux aimait tout diriger au sein de sa famille, et pour cette raison il s’immisçait grandement dans la vie de ses enfants, et celle de ses sœurs. Dorea savait que Cassiopeia continuait de tenir tête à leur frère, et de tenter de garder sa vie pour elle, ce qu’elle réussissait assez bien, puisqu’ils ne savaient jamais rien. Dorea n’avait aucune envie de combattre, alors elle laissait Pollux jouer les inquisiteurs si cela pouvait le rassurer. Personne ne le changerait, et elle ne demandait pas à le faire. Et puis, elle le trouvait attendrissant, à toujours s’en faire, à toujours vouloir que tout se passe au mieux. Elle n’avait aucune envie que Pollux devienne quelqu’un d’autre que Pollux, il était très bien comme il était.

« J’en suis parfaitement consciente. Je sais bien que je ne suis pas près d’être débarrassée de toi, mais c’est mieux ainsi. »

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-J'

espère tout de même, oui que tu ne m'imagines pas armé des mêmes intentions que les autres hommes à ton égard, répliqua-t-il avec un ton amusé quand elle affirma qu'elle se méfiait des compliments des hommes. Et si certains hommes te complimentent plus que nécessaire et t'importunent, tu sais que tu n'as qu'à me donner leur nom pour qu'ils ne te dérangent plus jamais.

Trop protecteur, Pollux ? A l'évidence, oui, et il n'envisageait pas le moins du monde, par ailleurs, de s'en cacher ou de s'en excuser. C'était son rôle, en tant que grand frère et en tant que patriarche de sa famille, de prendre soin de chacun de ses membres, et oui, même si Dorea arguerait peut-être qu'elle était capable de se défendre seule, ce n'était pas à elle de défendre un honneur qui ne devrait jamais être bafoué pour commencer. C'était en revanche le rôle de son mari. Et bien évidemment le rôle aussi de son frère, qui ne manquait pas de prendre la chose à coeur et n'hésitait pas un seul instant à le prouver.

Et il insistait, donc, de même qu'il laissait bien entendre que peu importe les circonstances, il ne cesserait jamais de l'abreuver de conseils. Se faire du soucis pour elle, c'était un peu dans ses habitudes les plus impérieuses, il ne savait juste pas faire autrement. Ce serait toujours le cas quand il serait question de ses soeurs et de ses enfants, et ça n'avait pas la moindre chance de changer un jour, c'était une constituante pleine et entière de qui il était, une chose à côté de laquelle il serait bien incapable de passer même s'il le voulait.

Et il ne le voulait pas particulièrement. Il n'y avait pas à rougir ou à avoir honte de vouloir prendre soin de sa famille, n'est-ce pas ? Bien au contraire, c'était dans l'ordre naturel des choses, et il ne changerait sa nature pour rien au monde, déjà qu'il avait le sentiment de ne pas pouvoir en faire assez pour les siens : pas autant qu'il ne le faudrait, en tout cas. Et c'était une chose qui devait changer en tout point, une chose à laquelle il était tout à fait prêt à s'engager.

-Bien sûr que c'est mieux ainsi. Que ferais-tu de ta vie sans ton merveilleux frère ?

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Un frère est un ami donné par la nature

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

-J'espère tout de même, oui que tu ne m'imagines pas armé des mêmes intentions que les autres hommes à ton égard. Et si certains hommes te complimentent plus que nécessaire et t'importunent, tu sais que tu n'as qu'à me donner leur nom pour qu'ils ne te dérangent plus jamais.

Dorea afficha un sourire, à la première réponse de son frère. Cela allait sans dire. Pollux était son frère, pas un courtisan. Alors il était certain que quand il la complimentait, ce n’était pas dans le but de la séduire. Heureusement d’ailleurs, ce serait très dérangeant sinon. Mais cela ne voulait pas dire qu’il n’avait pas une idée derrière la tête. Il pouvait avoir envie qu’elle fasse quelque chose, ou qu’elle accepte une de ses idées qu’il aurait mis au point pour se montrer un peu plus présent. C’était le genre de Pollux. Mais comme Dorea adorait son frère, cela ne la dérangeait pas réellement.

Mais son côté protecteur la fit davantage sourire. Elle savait qu’il était totalement sérieux, et elle appréciait grandement le rôle protecteur qu’il jouait. Peut-être qu’il en faisait un peu trop, mais Dorea ne trouvait pas cela trop étouffant. Même s’il est vrai qu’en tant que femme mariée, certains diraient que ce n’était plus à son frère de veiller à sa protection. Mais Dorea était d’avis que son frère et son époux pouvaient veiller à sa sécurité, en tout cas, ce n’était pas elle qui allait rechigner.

« Evidemment, quelle question. Je le sais, ne t’en fais pas. Mais tu sais que Charlus est censé jouer le rôle du protecteur et défendre mon honneur n’est-ce pas ? »

Dorea voulait le taquiner, parce qu’elle savait qu’il ne se cantonnerait pas à cela. Mais c’était toujours amusant de le titiller un peu sur des terrains qui pouvaient être sensibles pour lui. Et sa famille était sans doute le plus sensible d’entre eux.

-Bien sûr que c'est mieux ainsi. Que ferais-tu de ta vie sans ton merveilleux frère ?

La jeune femme n’était même pas sûre que son frère soit dans du second degré. Mais elle devait bien reconnaître que du haut de ses vingt-sept ans, elle avait toujours besoin de son grand frère, et que cela continuerait à être ainsi. Mais Pollux avait lui-même créé cette dépendance. Quoiqu’il en soit, Dorea était très attachée à sa fratrie, et elle les aimait sincèrement.

« Pas grand-chose sans doute. »

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-O

n est jamais trop de deux pour défendre ton honneur, répondit Pollux avec un sourire indulgent quand sa soeur lui fit remarquer - à juste titre - que pour ce qui était de défendre son honneur, son mari était présent.

C'était la vérité, et d'ailleurs, Pollux n'aurait jamais toléré que Dorea épouse un homme qui n'aurait pas été capable de la protéger, de la soutenir et de la défendre (oui, il estimait avoir son mot à dire quant à la situation, c'était une évidence). Charlus était quelqu'un de bien et il était parfait pour sa soeur. Mais on ne se refaisait pas.

Il n'était pas arrivé encore, le jour où Pollux Black cesserait de vouloir veiller sur ses soeurs. Il estimait après tout que l'on n'était pas trop de deux pour cela, et quoi qu'il en soit, il n'y avait personne en ce bas monde en qui il ait confiance plus qu'en lui-même pour s'acquitter d'une mission telle que celle-ci.

-Mieux vaut en faire trop que pas suffisamment, après tout, pas vrai ? suggéra-t-il avec un sourire au coin des lèvres, de ceux qu'il n'adressait jamais qu'à ses soeurs et - à quelques très rares occasion - à ses enfants.

Alors oui, en réalité, Dorea s'en sortirait sans doute très bien sans son très cher frère. Elle était intelligente, d'une intelligence rare, elle était forte et débrouillarde, et en dehors de lui, elle était bien entourée. Même si Pollux cherchait à s'en convaincre, il était évident qu'elle n'avait pas nécessairement besoin de lui. Ce qui ne l'empêchait pas d'en rajouter... partiellement sous couvert de plaisanterie, mais pas seulement. C'était aussi une manière de rappeler à sa soeur qu'il serait toujours là pour elle, mais aussi et surtout qu'il le serait toujours quoi qu'elle veuille et quoi qu'elle décide plus exactement.

-Rien du tout, tu veux dire. Je te suis indispensable, ma soeur : n'oublie surtout pas cela, insista-t-il avec un toujours ce fin sourire aux lèvres.

Il voulait surtout lui rappeler qu'elle pouvait compter sur lui quoi qu'il advienne, c'était à cela que tous ses discours rimaient, plus que tout le reste, en vérité.

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But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

-On est jamais trop de deux pour défendre ton honneur

La jeune femme afficha un petit sourire amusé, reconnaissant là bien son frère pour ce qui était de défendre l’honneur des membres de sa famille. Elle n’allait pas se plaindre d’avoir un frère aussi prévenant que Pollux. Même si parfois, tout en voulant bien faire, Pollux se montrait tout de même un peu trop intrusif et directif. Mais bon, ce n’était pas comme si qui que ce soit pouvait le changer. Et Dorea préférait largement avoir un frère qui en faisait trop, plutôt qu’un frère qui se fichait royalement d’elle.

« Je suis ravie de pouvoir être si bien entourée et défendue. »

C’était le cas. Dorea se sentait chanceuse d’avoir des personnes qui veillaient autant à son intérêt autour d’elle. Il est vrai qu’elle était une femme qui aimait que l’on fasse attention à elle. Mais où était le mal ? Elle avait été élevée en princesse, en bonne petite dernière, et elle ne voyait pas pourquoi cela devrait changer. Elle avait eu de la chance, d’avoir pu épouser un homme comme Charlus, qui était bien meilleur époux que la moyenne dans leur société, et elle avait également beaucoup de chance d’avoir un frère comme Pollux, pour rien au monde, elle ne les échangerait.

-Mieux vaut en faire trop que pas suffisamment, après tout, pas vrai ?

Certes, mais Pollux n’avait absolument pas la notion de pas suffisamment, et pas que vis-à-vis d’elle. Elle n’était pas non plus en train de dire qu’il vivait dans la démesure, mais Pollux ne se contentait pas de peu. En même temps, on les avait élevés ainsi, à toujours vouloir le mieux, et ce sans hésitation aucune.

« Ce n’était pas comme si tu étais capable de pas suffisamment, dans tous les cas. Mais oui, c’est sûrement le mieux. »

-Rien du tout, tu veux dire. Je te suis indispensable, ma soeur : n'oublie surtout pas cela.

Dorea était intimement convaincue que Pollux pensait chacun des mots qu’il prononçait. Il se pensait réellement indispensable pour elle, et elle ne pouvait pas vraiment lui donner tort. Dorea avait réellement besoin de son frère, il était un vrai pilier pour elle, même si elle avait sa vie, qu’elle était mariée et que sa vie se faisait indépendamment de celle de Pollux, elle avait tout de même besoin de lui dans sa vie.

« Je ne risque pas de l’oublier, étant donné que tu prends toujours soin de me le rappeler mon frère. »

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