On passe presque toute sa vie déguisé en qui l'on n'est pas

Ravena n’aimait pas vraiment se rendre aux réceptions, et se montrer, depuis qu’il y avait toutes ces accusations. Elle savait qu’elle serait jugée, et qu’on la regarderait en biais, en faisant des messes basses. Comme si elle était une meurtrière sanguinaire, une veuve noire. Ravena était fatiguée de cette situation, et espérait que les choses seraient rapidement réglées. Elle ne voulait pas que la situation s’éternise de trop, et elle avait envie de pouvoir retrouver une vie normale, où les gens cesseraient de la juger sans arrêt. Elle savait bien que même si la vérité était établie, et qu’elle était reconnue innocente, certains resteraient persuadés de sa culpabilité, mais ils se trouveraient sans doute un autre sujet de scandale sur lequel s’arrêter, ce qui ne serait pas de trop.

Mais là, c’était différent. C’était une réception familiale, en petit comité, et Ravena voulait bien faire l’effort de venir sans trop trainer les pieds. C’était toujours un plaisir pour elle, de voir ses neveux et sa nièce, et Pollux aussi. Pour ce qui était du reste de la famille, les sœurs de Pollux n’étaient pas ses meilleures amies. Les choses étaient cordiales avec Dorea, mais cela s’arrêtait là. Par contre, Cassiopeia montrait un peu plus son animosité à son égard, ce qui dérangeait Ravena, qui ne pensait pas avoir fait quoique ce soit pour mériter ce traitement, à moins que Cassiopeia ne la pense coupable.

Quoiqu’il en soit, Ravena espérait passer une bonne soirée, profiter de ceux qui appréciaient sa présence, et ignorant ceux qui n’en valaient pas la peine. Ravena n’avait aucune envie de créer des tensions au sein de la famille Black, mais elle n’allait pas non plus les laisser dicter leur loi, alors qu’ils n’étaient absolument pas en droit de le faire. Mais de toute évidence, Cassiopeia ne l’entendait pas de cette oreille.

-Je ne m'attendais pas à ta présence ce soir. Je pensais que seule la famille serait conviée.

La jeune femme n’était pas surprise par l’attitude de la potionniste. Mais Ravena n’allait pas se démonter. Sa présence était justifiée, que Cassiopeia le veuille ou non, elle faisait partie de la famille, et elle avait été invitée par Pollux. Si elle n’était pas contente, libre à elle de partir, Ravena ne la retiendrait pas, mais elle ne comprenait pas vraiment pourquoi elle venait lui faire son cirque, alors qu’elle avait du mal à se souvenir de sa famille, de ce qu’il se disait.

« Bonsoir Cassiopeia. C’est le cas, même si tu ne l’acceptes pas, je fais partie de la famille. Et si cela ne te plaît pas, ma foi, tu peux toujours voir avec Pollux, c’est lui qui m’a invitée. »

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Ravena n’avait absolument aucune intention de se laisser faire, de se laisser insulter. N’en déplaise à Cassiopeia, elle avait sa place ici. Et elle n’avait aucune intention de s’en aller. Elle ne voulait pas faire d’esclandre, elle ne voulait pas gâcher la soirée de Pollux, mais elle ne voyait pas pourquoi elle devrait se laisser faire. Cassioepiea était injuste envers elle. Elle était simplement jalouse aux yeux de Ravena. Jalouse que Pollux l’apprécie, alors qu’elle était de moins en moins proche de lui. Mais elle n’allait pas s’excuser de bien s’entendre avec son beau-frère. Elle était heureuse d’avoir son soutien, et elle faisait en sorte de le mériter, en aucun cas ça ne regardait Cassiopeia.

-Qui d'autre aurait pu t'inviter, je te le demande.

Ce n’était pas nécessaire de répondre à cette provocation. Ravena le savait, elle avait peu d’amis à présent. Beaucoup de personnes lui avaient tourné le dos, la croyant coupable. Alors qu’au final, elle ne jouait que de malchance, mais comment pouvait-elle le prouver alors qu’on la trainait en justice ? Enfin, quoiqu’il en soit, ce n’était pas la peine de répondre à la jeune femme. Autant qu’elle pense ce qu’elle voulait.

-Il finira par entendre raison. Même si tu devrais pour ta part te sentir honteuse d'abuser de son affection pour Irma pour t'imposer auprès de nous. Si tu avais la moindre considération pour mon frère - et pour nous tous - tu admettrais de toi-même que tu n'as pas ta place ici.

Elle n’avait pas le droit de prétendre qu’elle se servait de Pollux. Qu’elle se servait d’Irma surtout. C’était injuste et méchant. En aucun cas Ravena avait utilisé les sentiments de Pollux pour sa sœur pour se rapprocher de lui. Mais bon, cela ne servirait à rien de s’expliquer. Ce genre de personnes, n’attendait que de piétiner les autres. Ravena avait été élevée dans ce milieu, elle savait comme cela fonctionnait. Elle n’avait pas spécialement l’énergie pour s’engager dans une joute verbale, mais elle n’avait pas vraiment le choix.

« Avoir ce genre de propos, c’est insulter ton frère, tu en es consciente ? Il sait très bien ce qu’il fait, je n’ai jamais abusé de quoique ce soit. Mais je pense que ce qui te gêne le plus, c’est que tu es jalouse. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même. Tu délaisses toute ta famille, tu réapparais n’importe quand et tu oses avoir ce genre de réflexions. »

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Ce n’était ni le lieu, ni l’endroit pour avoir une querelle avec Cassiopeia Black, mais Ravena refusait de se laisser marcher sur les pieds. Elle s’était toujours moyennement entendue avec la jeune femme, et les choses s’étaient rapidement dégradées à la mort de sa sœur. L’animosité venait surtout de la Black, mais Ravena n’avait jamais cherché à arranger les choses de son côté. On ne pouvait pas s’entendre avec tout le monde. Elle était quelqu’un de plutôt pacifiste, en temps normal, mais elle refusait de se laisser insulter alors que c’était totalement gratuit. Cassiopeia pouvait bien penser ce qu’elle voulait, et surtout, ne pas apprécier la complicité que Ravena avait avec Pollux, ça n’allait rien changer pour autant. Ce n’était pas la sœur qui allait avoir le dernier mot.

-Donc tu penses vraiment que j'aie quelque chose à te jalouser ? Je me demande bien quoi, ton culot, ton héritage ou ta réputation de veuve noire, que tu n'as pas volée, si tu veux mon avis ? Rien de tout ceci ne m'attire, navrée de te l'apprendre.

Non, Ravena ne pensait pas que Cassiopeia jalousait sa vie, personne ne le ferait. Mais en tout cas, il y avait bien quelque chose qui la dérangeait dans sa relation avec Pollux, elle le sentait. Pourtant, Ravena n’avait jamais cherché à soutirer quoique ce soit du jeune veuf. Il était son beau-frère, le père de ses neveux et de sa nièce, et il était un grand soutien pour elle en ces temps difficiles. Cassiopeia pouvait bien penser ce qu’elle voulait, elle s’en moquait. Et elle se fichait aussi qu’elle la croit coupable, ce n’était pas vraiment exceptionnel.

« Je ne fais que constater que ton comportement cache certaines choses. Que tu sois aussi accrochée au fait que je côtoie Pollux est un peu exagéré. Ce n’est pas comme si c’était nouveau, je te signale que nos deux familles sont liées depuis maintenant de nombreuses années. »

-Je ne délaisse pas ma famille, ne parle pas de sujets que tu ne maîtrises pas - même si, apparemment, ça semble être ta spécialité.

C’est ça, elle pouvait bien dire ce qu’elle voulait, la vérité était flagrante. Cassiopeia se terrait dans son trou, prétextant un travail harassant. Quand on le voulait, on réussissait toujours à dégager du temps pour sa famille. Elle manquait beaucoup de réunions, et tout le monde le savait. Alors ce n’était vraiment pas la peine qu’elle prenne ses grands airs, elle ne trompait personne.

-Ne parle pas de ma famille, c'est à peine si tu as encore ta place ici, et si tu avais un minimum de décence, tu l'admettrais et tu laisserais mon frère tranquille. C'est toi qui l'insulte par ton insistance à rester dans son sillage.

Elle avait autant de droits qu’elle d’être ici. Cygnus, Walburga et Alphard étaient autant son sang que le sien. Pollux n’était pas son frère de sang, mais ce n’était pas parce que sa sœur était morte qu’elle allait considérer que les Black n’étaient plus sa famille. Elle n’avait jamais réellement considéré Cassiopeia comme sa famille, mais ce n’était certainement pas à elle de décider si elle en faisait partie ou non. Elle n’avait aucune légitimité à ce sujet.

« Ce n’est pas à toi d’en juger. J’ai autant ma place ici que toi. Tu t’attaques à moi simplement parce que tu sais très bien que tu n’auras pas satisfaction en tenant ces mêmes propos avec les autres. Je me fiche de savoir que ma présence te déplaît, je ne suis pas ici pour toi, et encore moins pour te contenter. »

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-Nos deux familles sont liées depuis des années, certes, mais à l'époque, tu avais le bénéfice du doute, nous ignorions tous alors que tu étais une croqueuse de diamant avide de sang.

Les deux femmes ne risquaient pas de s’accorder. Ravena n’entendait pas faire changer la jeune femme d’avis, avec quelqu’un comme Cassiopeia, cela ne servait à rien. Evidemment, ce n’était jamais plaisant de se faire traiter de la sorte, mais Ravena restait campée sur ses positions. Elle n’allait pas partir parce que sa présence dérangeait Cassiopeia. Pollux l’avait invitée, et elle faisait honneur à cette promesse, si cela ne plaisait pas à sa sœur, qu’ils règlent ça entre eux. Et puis, il était presque amusant, de subir les jugements de Cassiopeia, alors que cette dernière était évidemment très loin d’être irréprochable.

« Quelle audace, et quel toupet de te permettre ce genre de jugements avec tout ce qui se dit également sur toi. »

Ce n’était pas de la provocation, c’était un fait. Certes, on n’accusait pas Cassiopeia d’être une veuve noire, mais tout de même, sa position, le fait qu’elle ne soit toujours pas mariée, cela faisait tout de même pas mal jaser, et certains s’amusaient à dire que cela pouvait s’expliquer par certaines théories, et aucune n’était flatteuse pour la Black. Mais étant donné son comportement, elle les méritait toutes.

-Innocente ou coupable, ta présence fait du tort à Pollux, si tu l'estimais un tant soit peu, tu ne laisserais pas le scandale qui t'entoure entacher la réputation qu'il a mis tant de temps à construire.

Quand bien-même, elle n’avait pas à s’en mêler. Pollux n’était plus un gamin, il avait le droit de gérer les choses comme il le voulait. Ravena était bien placée pour savoir que le père de famille faisait très attention à sa réputation, alors s’il estimait que la côtoyer n’était pas une « faute » pour lui, eh bien Cassiopeia n’avait rien à dire à ce sujet. Mais comme toujours, elle se permettait tout, parce qu’elle se pensait bien au-dessus, et probablement dans son droit. Qu’elle veuille défendre son frère était compréhensible, mais elle le faisait de la mauvaise manière, et avec les mauvaises personnes.

« Et la tienne de présence, crois-tu qu’elle soit bénéfique ? Tu sembles te soucier avec soin de la réputation de Pollux, pourtant, sa propre sœur est loin d’avoir la réputation la plus solide et la plus enviable, et tu es là à vociférer comme une chiffonnière. Je ne suis pas sûre que tu sois apte à faire le moindre commentaire. »

Leur querelle ne volait pas très haut, mais Ravena répondait à Cassiopeia sur le même ton. Elle n’avait pas envie de forcément élever le niveau, mais elle refusait de se laisser marcher sur les pieds par cette femme. Cassiopeia n’obtiendrait pas gain de cause, elle s’en faisait la promesse.

-Je sais que tu n'es pas là pour moi, mais tu fais plus de tort par ta présence aux personnes que tu apprécies et qui miraculeusement t'apprécient encore qu'à celles qui ont le bon goût de te voir pour ce que tu es.

En réalité, Ravena commençait à se dire que ce qui dérangeait le plus Cassiopeia, ce n’était pas qu’elle soit là, mais qu’elle soit encore appréciée par certains membres de la famille. Ravena était restée proche de Pollux, et d’Alphard c’était un fait. L’un était son beau-frère, et l’autre était son neveu et filleul, et elle ne voyait pas pourquoi elle ne le ferait pas, étant donné qu’ils ne l’avaient pas effacée de leurs vies.

« Tu es certaine que tu n’es pas en train de faire simplement une crise de jalousie ? »

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-La différence entre les rumeurs qui me concernent et celles qui se murmurent à ton sujet, c'est que ce que l'on dit sur moi est infondé, alors que tout le monde sait que tu es une croqueuse de diamant qui se fait passer pour une puritaine. Tu es certainement l'actrice la moins crédible que je connaisse, ne te lance jamais dans le théâtre, surtout.

C’était du grand n’importe quoi. Les rumeurs qui couraient sur Ravena n’étaient pas plus fondées que celles qui couraient sur Cassiopeia, elle disait simplement ce qui l’arrangeait. Mais les choses n’allaient pas se passer ainsi. Aussi, elle ne voyait pas vraiment à quel moment elle avait semblée être une croqueuse de diamants. Ravena n’avait jamais rien acheté d’extravagant, ou de très cher, elle était très raisonnable à ce sujet, même si elle avait toujours vécu confortablement.

« Je te retourne ton analyse. J’ai rarement vu quelqu’un faire preuve d’autant de mauvaise foi que toi. A part déblatérer des mensonges et des inepties, tu as quelque chose d’intéressant à dire ? »

Non parce que la petite crise de Cassiopeia Black commençait à bien faire. Elle n’était pas venue pour se prendre le bec avec elle, elle voulait simplement profiter de ses neveux, de sa nièce et de son beau-frère, n’en déplaise à Cassiopeia. Elle se fichait que cette dernière soit contre sa présence, elle ne l’appréciait pas non plus, au moins une chose sur laquelle elles étaient d’accord.

-Tu n'as vraiment pas d'autres arguments que de me reprocher ma prétendue réputation ? Pourquoi, parce que je suis une femme seule ? Au moins ne le dois-je pas à une succession de disparition douteuse. Et je te souhaite de faire les mêmes choix que moi plutôt que de te choisir une nouvelle victime.

Elle avait de nombreux arguments à lui donner en réalité, mais pourquoi débourser plus d’énergie qu’elle ne le méritait ? Non, elle ne méritait ni son temps ni son énergie, ni rien du tout en réalité. Ravena ne voyait pas pourquoi elle devait subir ses attaques totalement injustifiées, et si elle attendait à ce qu’elle s’en aille, ce n’était pas prêt d’arriver, elle pouvait faire une crois dessus.

« Si tu crois que les seules choses qui se disent sur toi c’est que tu vas mourir vieille fille, tu te trompes. Et j’ai tellement de choses à te reprocher que cela risquerait de n’en plus finir, et contrairement à toi qui est d’un égoïsme pur, je n’ai pas envie de gâcher la soirée. »

Cela ne devait pas aller trop loin avec Cassiopeia, elle devait penser aux enfants, ce ne serait pas bon qu’une réelle querelle éclate, et ce n’était pas ainsi qu’elle ferait avancer les choses non plus. Elle se devait de rester digne, et droite. Comme elle l’avait toujours été.

-J'aimerais vraiment, mais alors vraiment savoir ce que je suis supposée te jalouser. Ton futur séjour à Azkaban, peut-être ?

Ravena ne comptait pas aller à Azkaban. D’ailleurs, Pollux ne cessait de lui dire qu’elle n’irait pas. Pour ça, elle pouvait affirmer sans mal qu’il était son plus grand soutien, et heureusement qu’il était là. Ce serait beaucoup plus difficile pour elle sinon. Et elle tentait de ne pas le décevoir.

« Je pense que tu es jalouse du fait que je passe beaucoup plus de temps avec Pollux que toi tu ne le fais, et que j’en sais sûrement plus sur lui que toi aujourd’hui. »

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