Clarice était très souvent entourée, d'une groupe d'élèves de serpentard qu'elle faisait passer pour ses amis, et qui de leur côté la prenaient sans doute pour une amie, mais qui ne comptait pas du tout pour elle. Rien de personnel, là-dedans, Clarice avait un coeur de glace. Il était très difficile de l'atteindre ou d'éveiller en elle la moindre affection. A moins... d'être un membre de sa famille, car ses parents et son oncle réussissaient à faire exception à la règle.

Eux, mais pas seulement, il y avait une autre exception à la règle. Clarice mentirait en disant qu'elle n'avait aucun vrai ami car elle en possédait tout de même un, un qui comptait vraiment, peut-être parce qu'il la connaissait depuis toujours, parce qu'elle ne lui mentait pas comme à tous les autres, parce qu'il pouvait voir au-delà des apparences.

Loke Travers et elle se connaissaient depuis si longtemps que Clarice ne se rappelait même pas de leur première conversation... s'ils avaient seulement l'âge de parler à l'époque. Il savait tout d'elle, et surtout son plus grand secret. Il était au courant, pour sa maladie, et ça la soulageait, au fond, d'avoir un ami, quelqu'un à qui confier ses problèmes, qui ne soit pas un membre de sa famille, l'infirmière de Poudlard ou les médicomages qui la suivaient régulièrement. Et elle se découvrait une oreille attentive quand il s'agissait d'écouter les problèmes de son meilleur (et sans doute seul) ami. Et il y avait de quoi faire de son côté. Entre un petit frère parti trop tôt et une mère qui perdait la raison, il avait de quoi péter un sérieux câble de son côté, c'est sûr.

Ils s'étaient donné rendez-vous dans la cour de l'école pour passer un peu de temps ensemble. C'était l'occasion, forcément. Ils ne faisaient pas partie de la même maison. Ce n'était pas toujours simple, du coup, du trouver du temps à passer ensemble.

Arrivée dans la cour, elle n'eut aucun mal à repérer son meilleur ami, qui lui faisait de grands signes. Clarice la rejoignit, un sourire pour une fois sincère aux lèvres.

"Salut Loke ! Comment tu vas ?"

Autant commencer par le commencement. C'était la base, mais Clarice devait bel et bien s'assurer que Loke allait bien.

- Je vais bien, comme d'habitude tu sais bien.

Elle savait, oui et non, elle savait surtout que Loke était du genre à ne pas se laisser abattre, le genre à faire face à de nombreuses épreuves en gardant la tête haute, avec une bravoure que Clarice lui enviait franchement.

Et elle savait qu’il y en avait beaucoup qui se contenteraient de cette réponse sans creuser plus loin. Ce n’était pas le cas de Clarice. Des amis, elle n’en avait pas beaucoup, alors c’était normal qu’elle veille sur eux comme s’ils étaient la prunelle de ses yeux. Et Loke, qui était son seul vrai et sincère ami sur une multitude d’amis qu’elle gardait dans son entourage en s’en fichant royalement, était l’une des personnes dont elle se souciait le plus au monde.

- Tu sais, j'avais reçu une lettre de la part de ma mère alors je suis rentré à la maison le week-end dernier sauf qu'elle avait l'air de ne pas se souvenir que je devais venir, mais bon.

Clarice afficha une grimace attristée. Loke lui avait parlé de cette lettre, dans laquelle elle parlait de son fils disparu comme s’il était toujours en vie. Loke n’avait vraiment pas la vie facile avec sa mère. Le temps passait et cette dernière ne guérissait pas de la disparition du petit Aegir. Et si le sort d’Euphemia Travers importait peu à Clarice, elle se souciait en revanche profondément de son meilleur ami. Elle ne voulait pas que toute cette situation l’impacte beaucoup trop.

Il était rentré, et sa mère avait oublié qu’il devait lui rendre visite, c’était terrible d’en arriver là. Encore plus terrible que Loke ait à porter tout ça sur ses épaules. Clarice, elle, ne pouvait que s’efforcer de le soutenir et d’être là pour lui. Dans la mesure du possible en tout cas.

- Et toi? Dis moi comment tu vas!

"J’ai connu mieux", répondit Clarice en haussant les épaules.

Il lui arrivait de se plaindre pour le seul plaisir de s’attirer la compassion de son entourage, mais là elle était honnête. Et d’autant plus honnête que justement, elle se plaignait rarement pour ne pas afficher sa faiblesse, mais Loke était le seul de ses amis à savoir qu’elle était malade et que cette maladie la consumait petit à petit.

"Je suis fatiguée tout le temps, et j’ai l’impression que mes médocs ne font plus d’effet. Sinon, tout le monde ne fait plus que me parler de Black et ça me fatigue encore plus."

Elle ne s’opposait pas à ses fiançailles avec Alphard, mais c’était le sujet du moment, et c’était épuisant.

"Je suis désolée que ça aille pas mieux pour ta mère."