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#Sujet: Rien ne vaut plus que ce jour || Tibérius Jeu 19 Jan - 11:28
Rien ne vaut plus que ce jourTibérius & Thaddeus
Ce sont des choses qui se savent, au Ministère de la Magie, et plus spécialement au département de la Justice Magique. Personne, bien entendu, n’a jamais eu d’annonce officielle ou de preuve indiscutable, mais c’est une certitude : un jour, Tibérius Yaxley sera directeur du département. Trop d’indices pointent dans cette direction pour que cela ne se réalise pas. Yaxley senior est l’un des magistrats les plus importants du département, de ceux que l’on peut nommer sur les affaires les plus sensibles, celles qui demandent à la fois une connaissance parfaite du droit et une certaine habileté politique, par exemple. Par ailleurs, c’est souvent lui qui est choisi pour aller représenter le département ou donner des conférences. Il est connu, et il doit avoir un carnet d’adresses gigantesques. Et, cerise sur le gâteau, c’est un sang-pur, issu d’une famille réputée de juristes, dont plusieurs membres ont déjà présidé aux destinées du département. On veille donc sur Mr Yaxley, au niveau 2, comme une poule sur son œuf. Personne n’aurait l’idée d’aller se mettre à dos un futur directeur de département, et on tâche même d’aller au-devant de ses désirs, pour essayer de se placer auprès de lui. Si bien que lorsqu’un importun - fût-ce son frère Thaddeus - prétend s’inviter dans son bureau à l’improviste, il n’a pas le temps de frapper à la porte qu’une secrétaire s’élance pour lui barrer le passage.
- Monsieur Yaxley ! Avez-vous rendez-vous ?
Interdit, Thaddeus ne peut que répondre que non, il n’a pas pris rendez-vous. Curieuse idée, d’ailleurs, songe-t-il, que de vouloir lui faire prendre rendez-vous pour voir son propre frère.
- Dans ce cas, monsieur, je regrette, mais ce ne sera pas possible. Monsieur le Juge Yaxley est très occupé et ne reçoit que sur rendez-vous, poursuit l'obstinée. - Mais ce n’est pas Monsieur le Juge Yaxley que je viens voir, répond candidement Thaddeus, avec son air un peu rêveur.
À ces mots, les traits de la secrétaire s’adoucissent d’un coup. Elle adresse même un sourire encourageant à son interlocuteur. Car cela aussi, c’est quelque chose qui se sait, au niveau 2 : Thaddeus Yaxley, si gentil garçon qu’il soit, n’est pas l’hippogriffe qui vole le plus haut, et il est bien capable de s’être trompé de porte. Toute prête à le remettre sur la bonne voie, la secrétaire reprend aimablement :
- Ah ! Dans ce cas, c’est différent. Qui voulez-vous voir ? - Mon frère,réplique superbement Thaddeus.
Cette logique curieuse, accessible à lui seul, suffit à faire baisser la garde à la secrétaire, ce qui laisse à Yaxley le champ libre pour toquer à la porte. La voix de Tibérius lui parvient, un peu étouffée par les capitons de la porte - encore un signe de son importance ; la porte de Thaddeus, elle, est désespérément nue. Adressant à son tour un sourire gentil à la secrétaire qui prétendait lui barrer le chemin, Thaddeus, pas rancunier, entre dans le bureau en déclarant :
- Eh bien, mon cher, ta porte est mieux gardée que Gringotts ! On voulait me faire prendre rendez-vous pour te voir.
Ça le fait rire, tout ça. Parce qu’il est d’une nature incroyablement pacifique, prompte à pardonner, et aussi parce que son humeur, presque toujours bonne, est aujourd’hui excellente. Il s’est réconcilié avec son frère aîné, qui lui a annoncé son prochain mariage et lui a même demandé d’être son témoin : que faudrait-il de plus ? Un thé, peut-être. Monsieur le Juge étant un personnage de premier plan, il a tout le nécessaire dans son bureau, et Thaddeus, sans cérémonie, s’en approche :
- Je nous prépare un peu de thé ? Il faut que nous parlions. On n’a pas vraiment eu le temps d’aborder les détails pratiques, hier soir.
Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Rien ne vaut plus que ce jour || Tibérius Jeu 9 Fév - 22:23
Rien ne vaut plus que ce jour
Thaddeus & Tibérius
Thaddeus parti, Tibérius a passé la soirée avec Rose, sur un petit nuage, ce qui est une drôle de vision lorsqu’on le connait. Peut-être est-ce d’ailleurs précisément parce que seuls quelques rares privilégiés ont droit à ce visage là, réservé (et encore !) à ses proches et en particulier à Rose, justement. Il faut dire aussi que Yaxley a eu peur et que ça aurait pu bien plus mal se passer. Au final, il s’estime très chanceux, et cela ajoute sans doute à sa bonne humeur. Ils vont se marier et il est le plus heureux des hommes. Lui et sa compagne ont longuement parlé hier, pour commencer à évoquer plus en détail ce projet et fixer une date. Maintenant, le juge bout d’impatience à l’idée de retrouver sa compagne ce soir. Il a promis d’apporter la bague et pour se rattraper du reste, au moins un peu, il l’a invitée au restaurant. Et puis la première partie de sa matinée a consisté à commander un bouquet de ses fleurs préférées – des lys blancs – pour lui faire livrer quelques étages plus bas. Cela, par contre, c’est sans aucune intention particulière derrière la tête, et même pas spécialement pour se rattraper. Certes, ça ne ressemble pas non plus à Tibérius Yaxley, mais il est particulièrement heureux et amoureux, ce qui le pousse à ces accès de romantismes inhabituels.
Preuve de sa bonne humeur, s’il a ordonné à ce qu’on ne le dérange pas pour la seconde partie de la matinée, devant rédiger des conclusions importantes pour une affaire devant être jugée la semaine d’après, même l’aridité de celle-ci n’a pas atteint son moral. Et pourtant, c’est une sordide affaire de responsabilité de maltraitance à Azkaban, liant un subtil problème de droit lié au statut international des sorciers et la responsabilité administrative et pénale de la direction d’Azkaban. Particulièrement productif, Tibérius finit de dicter à sa plume ce qui sera la dernière phrase de son projet de conclusions lorsqu’il est interrompu par des coups à la porte : « …ce qui permettra à la cour d’écarter le grief et la responsabilité de la direction d’Azkaban. Par ces motifs, concluons au rejet de la requête et à ce que les frais soient mis…qu’est-ce que c’est ? »
La peste soit de sa secrétaire, incapable de faire son travail, c’est-à-dire écarter les opportuns. Ca vaut bien la peine d’avoir embauché un dragon humain… Mais à la grande surprise du magistrat, c’est son frère qui lui rend visite, serré de près par la secrétaire. Instantanément adouci, Tibérius se lève pour aller à sa rencontre et lui asséner une tape amicale dans le dos, serrant la main de son cadet de l’autre : « Thadd, hello ! Comment ça va ? » L’explication offerte par ce dernier la laisse pantois. « Comment ça, rendez vous ? A toi ? Enfin ! » Perplexe, il se tourne vers sa secrétaire : « Vous aviez dit que vous ne vouliez voir personne ce matin et de faire prendre rendez vous à tous ceux qui voudraient vous parler… » Sans réaliser qu’il est parfaitement contradictoire, Yaxley s’exclame : « Pour les membres extérieurs aux service, enfin ! Et ça ne s’applique sûrement pas à mon frère. Passons, on en reparlera. » Sans plus s’occuper d’elle, qui bat d’ailleurs instantanément en retraite, heureuse de s’en tirer à si bon compte, Tibérius se tourne vers son frère : « A croire qu’elle ne m’écoute pas, je te jure. C’est une calamité. » Le tout s’accompagne d’un haussement d’épaules alors qu’il lève les yeux au ciel, fataliste. Pour un peu, il lui dirait dans un mouvement très snob et très sang pur, qu’il devient de plus en plus difficile de trouver du bon personnel ces temps ci, en s’attendant à ce que Thaddeus comprenne et partage immédiatement cet avis. « Je suis navré de ce qui pro quo, Thadd. Tu es toujours le bienvenu, sois en assuré. Ne te laisse pas faire par elle, en tout cas, elle n’a pas le droit de te donner des ordres. » Thaddeus parait ne même pas se souvenir de ce qui est, selon Tibérius, un affront. D’aucun – lui le premier - l’auraient mal pris. Quoiqu’il persiste à penser, parfois, que son frère ne devrait pas se laisser parler ainsi, cette fois, le bon caractère de Thaddy l’arrange. Ils sont à peine réconciliés et Tibérius ne voudrait pas d’une nouvelle dispute pour une prétexte aussi futile.
C’est qu’il marche encore sur des œufs, ayant la crainte de faire tout de travers une nouvelle fois. Heureusement, là encore, à entendre Thaddy, c’est comme s’il ne s’était jamais rien passé. Un peu rassuré, Tibérius se dit que c’est l’occasion de renouer en prolongeant la conversation d’hier, ce dont il voulait prendre l’initiative lui-même. Voir qu’ils ont eu la même idée le rassure et il se lève à son tour pour prendre un thé : « Non, vas-y, sers-toi. J’avais justement prévu de t’écrire pour savoir si tu voulais déjeuner pour qu’on en parle, comme je ne t’ai pas vu dans les murs ce matin, donc tu tombes à pic. » Il a craint un moment que Thaddeus n’ait accepté de lui parler que parce que Rose était là, si bien qu’il est ravi que son frère ait accepté d’être son témoin et qu’il prenne l’initiative de revenir le voir. « Il faut que je commence à faire les choses bien, et je crois qu’on ne sera pas trop de deux, vu la réussite que j’ai rencontré jusqu’ici. » Ca ne serait pas la même chose, sans Thaddy, songe Tibérius en goutant son thé. Il ne peut s’imaginer son mariage sans son frère, ça n’aurait pas été pareil et ça l’aurait rendu triste. Mais Thaddeus est là ; tout va bien. « Je n’arrive toujours pas à croire qu’elle ait dit oui. J’ai beaucoup de chance. » Commente-t-il d’ailleurs, comme transformé. Un sourire rêveur flotte sur ses lèvres. C’est la preuve que Tib’ a fait du chemin. Auparavant, il ne se projetait même pas dans une aventure comme le mariage.
« Je dois la voir ce soir. Je vais l’emmener diner et lui offrir la bague de fiançailles. Regarde…elle est belle, non ? » Enthousiaste, Yaxley a sorti la bague, bien rangée dans son écrin, du tiroir marqueté de son bureau où il l’a soigneusement remisée. C'est effectivement une très belle bague, en or blanc martelé, sertie de diamants et d'émeraudes. Il allume une cigarette sans y penser, et tend par réflexe le paquet à son cadet, continuant sur sa lancée : « Je pense que les deux priorités sont de l’annoncer à Maman - et puis évidemment aux filles et à Darius – et puis de fixer une date précise. Rose est moi sommes d’accord pour que cela soit au printemps. » Le choix final lui reviendra sans doute, d’ailleurs, il s’imagine mal décider pour elle. Pour le reste, il y a beaucoup à organiser, Thaddeus a raison. Faire la liste des invités. Choisir les faire-part. Les envoyer. Préparer le manoir. Acheter une robe de mariage. Choisir des fleurs – non, ça, c’est réglé, Rose voudra aussi des lys. Choisir le menu. Etc. La liste est sans fin et, il faut bien le dire, Tibérius n’en voit pas le bout. Il faut dire qu’il n’a pas beaucoup d’affinités ni de talent pour ce genre de choses, qui tendent à l’agacer. Autant dire que Thaddeus risque d’être un allié précieux pour cet aspect là de l’organisation du mariage : « On pourrait commencer par déterminer une liste des choses à faire, qu’en penses-tu ? »
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Dernière édition par Tibérius Yaxley le Sam 11 Fév - 14:56, édité 1 fois
Thaddeus Yaxley
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#Sujet: Re: Rien ne vaut plus que ce jour || Tibérius Sam 11 Fév - 14:51
Rien ne vaut plus que ce jourTibérius & Thaddeus
On pourrait débattre indéfiniment pour déterminer qui, dans la fratrie Yaxley, a le plus mauvais caractère - et Tibérius, à tout seigneur tout honneur, se taillerait probablement une jolie place dans le classement. En revanche, pour savoir lequel des sept frères et soeurs est le plus facile à vivre, il y a beaucoup moins de candidats : c’est soit Pulchra, soit Thaddeus. Concernant Pulchra, qui va sur ses douze ans, il a encore quelque espoir, si mince soit-il, qu’elle s’endurcisse un peu et perde cette tendance à vouloir faire plaisir à tout le monde que les Raging Yaxley jugent incompatible avec son rang. Pour Thaddeus, en revanche, c’est fichu. Il est gentil jusqu’à l’indécence, comme lorsqu’il oublie de passer un savon monumental à la secrétaire et se contente de murmurer que ce n’est pas grave. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir entendu son père ou son frère aîné lui en remontrer : “Mais enfin, Thaddeus, tu es un Yaxley !”Il a entendu cent fois cette phrase, sans jamais en faire son profit. Cela semble au contraire l’avoir conforté dans sa certitude que noblesse oblige, et que porter un grand nom donne le devoir d’être exemplaire. Pas question de houspiller le petit personnel, d’être arrogant comme Caelum, de porter en bandoulière son appartenance à une famille influente. L’incident qui s’est noué devant la porte du bureau a glissé sur lui sans entamer sa bonne humeur ; d’un coup d’oeil, il incite Tibérius à la mansuétude envers la malheureuse secrétaire, ce que son aîné interprétera sans doute comme une énième illustration de sa capacité à se laisser marcher dessus.
Mais à sa grande surprise, Tibérius ne lui fait pas la moindre remarque, et n’admoneste même pas la secrétaire fautive. Pour qui connaît un peu Sa Juridique Rigueur, c’est le signe indubitable d’une rare bonne humeur ; intrigué, Thaddeus jette un coup d’oeil un peu plus attentif à son frère, pour constater qu’il semble flotter à quelques centimètres au-dessus du sol. Cela fait sourire son cadet, guère habitué à voir le sévère chef de famille aussi rayonnant. Il se permet d’ailleurs d’en faire la remarque, à mi-voix :
-Tu as l’air vraiment heureux. C’est vrai que tu as de la chance.
Une autre que Rose aurait pu se formaliser de cette demande en mariage ratée, ou encore de l’inimitié notoire qui règne entre Tibérius et Archibald. Elle a l'intelligence de ne pas tout mélanger, pour le plus grand soulagement des deux frères. Examinant la bague, le cadet reprend avec enthousiasme :
-Elle est vraiment magnifique. Excellent choix, je pense que Rose aimera. Par contre, tu devrais fumer moins,ajoute-t-il un peu plus fermement en posant le paquet de cigarettes sur le bureau.Aucune femme n’aime que son fiancé sente le tabac.
C’est du Thaddeus typique, sans précaution oratoire, tout en franchise brute, un peu enfantine. Sans paraître se rendre compte de ce que son conseil peut avoir de crispant, il s’affaire à servir le thé - un soupçon de lait, une cuillerée de sucre pour son frère, deux pour lui qui a toujours été gourmand en diable - avant de reprendre sur son habituel ton rêveur :
-Oui, il faut commencer par le commencement. À mon avis, tu devrais l’annoncer à Maman en privé, et puis réunir tout le monde dimanche à déjeuner pour avertir Darius et les filles. On doit pouvoir obtenir l’autorisation de faire venir Octavia et Pulchra par le réseau de cheminées, pour l’occasion.
Ce ne sera pas difficile, en réalité. Dans leur petit monde, tout le monde se connaît, et on rend volontiers service à Tibérius Yaxley, un homme qu’il vaut mieux se concilier. Finalement, c’est l’annonce à Circé qui soulève, aux yeux de Thaddeus, le plus de problème. Leur mère ne brille pas par sa grande stabilité psychique, si bien qu’il craint que l’annonce de ce mariage ne lui fasse perdre pied. Tous les grands événements, les plus heureux comme les plus tristes, la fragilisent un peu.
-Je pourrai venir avec toi quand tu parleras à Maman, si tu veux. Elle sera contente de nous voir ensemble.
Et ils ne seront pas trop de deux pour gérer ses transports de joie, se retient-il d’ajouter. Une gorgée de thé plus tard, il approuve la proposition de son aîné :
-Oui, excellente idée, faisons une liste. Donne-moi un parchemin, je vais écrire. Donc, si nous considérons que tu vas fixer la date et avertir la famille, il restera… Te faire faire un costume. Et à moi aussi. Faire la liste des invités et un plan de table. J’ai d’ailleurs une faveur à te demander à ce sujet… Non, pas d’être assis à côté d’Archibald, ce ne serait pas convenable. Il peine à dissimuler un brin d’amertume dans sa voix à l’évocation de son compagnon, et tâche de sourire en reprenant :C’est de ne pas être assis à côté de Caelum, mais je pense que tu t’en doutais. De toute façon, il faut alterner un homme, une femme, un homme, une femme… Bref. Il va falloir faire imprimer des invitations. Choisir qui va vous marier. Trouver les enfants d’honneur. Trouver le meilleur traiteur. Il faudra aussi faire le tour de la cave, au manoir, et commander du vin si c’est nécessaire. Retenir un orchestre. Et aussi… ça va, Tibérius ? Tu as l’air accablé, tout d’un coup. Ne t’en fais pas, ça a l’air énorme, mais on le fera petit à petit, et je t’aiderai.
Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Rien ne vaut plus que ce jour || Tibérius Mar 11 Avr - 0:36
Rien ne vaut plus que ce jour
Thaddeus & Tibérius
De la chance ? Être heureux ? Oui, certainement, ça décrit bien ce qui arrive à Tibérius, comme il l’affirme sans hésiter en réponse à son frère. « Je le suis. » Son sourire est légèrement rêveur et un moment, il est impossible de nier la parenté entre les deux frères. Pour cet éternel inquiet, c’est une chose rare. C’est certainement un paradoxe, car de l’extérieur, on pourrait dire que Yaxley bénéficie d’un destin en or massif et qu’il a tout pour lui. Le sang, la richesse, un talent politique indéniable, un rôle de premier plan chez les sangs pur en tant que chef de famille… Mais c’est une vie de devoirs et non de droit, que le juge prend comme une charge. Il ne vit pas pour lui-même mais pour ses idées, pour sa classe ou pour sa famille. Ce niveau d’exigence qu’il s’impose à lui-même et aux autres par miroir n’est qu’une charge ; rien, au fond, qui ne soit vraiment de nature à le rendre heureux. Car Tibérius fait peu les choses pour lui-même et il pense peu à lui - au point qu’il en décide souvent pour les autres - quoiqu’il ne soit pas habitué à ce qu’on résiste à sa volonté. Obsédé qu’il est par l’idée d’être le digne héritier et maintenant le meilleur successeur possible à Augustus, il n’a finalement été heureux que dans les moments de répits où il pouvait se laisser aller à être lui et à oublier cela. Dans sa jeunesse, ces moments de fêtes n’étaient pas rares, mais maintenant ils s’espacent progressivement.
Si ces fiançailles s’en approchent, elles représentent quelque chose de mieux que ces répits festifs. Pour une fois, il fait ce dont il a envie, au-delà des avantages que son mariage pourrait apporter ou non à la famille Yaxley – essentiellement, un héritier male. Amoureux comme il est, Tibérius perdrait donc presque de vue les conséquences politiques de son mariage, bien réelles cependant, même si ce n’est pas lui qui les subira directement. Oui, il a de la chance, mais elle ? Ils ne lui ficheront jamais la paix. Et dès ce moment, revient l’inquiétude. Son air serein disparait et il déclare en contemplant pensivement la bague qu’il a entrepris de montrer à son frère : « Je sais que tout le monde ne pensera pas comme cela, lorsque la nouvelle se saura, mais je m’en moque. De toute façon, ils seront tous trop hypocrites pour le dire…je ne veux juste pas que ça ennuie Rose. » Il y a encore qui penseront qu’un chef de famille devrait épouser quelqu’un de plus haute lignée. De plus digne de lui. Foutaise, lui ne veut personne d’autre et Tibérius est sûr qu’il ne pourrait pas trouver, ni rêver mieux. Qu’on puisse dire cela le met en rage, parce qu’après tout elle est une sang pure elle aussi, cent coudées au dessus des abrutis qui pensent pouvoir médire sur son compte et puisse se permettre de remettre en cause ses choix à lui.
Content qu’il est de son coup, la colère de Tibérius se fond rapidement dans la discussion et disparait comme elle est venue. D’ailleurs, le juge se réjouit avec Thaddeus, heureux d’avoir l’approbation de son cadet, dont on ne peut nier qu’il est certainement le plus esthète de la fratrie. « N’est-ce pas ? » Se rengorge-t-il, fier de faire les choses dans les règles de l’art, cette fois. Or puisque tout est bien qui finit bien et qu’il veut que ça dure, il est même enclin à écouter les conseils de son cadet sans mal le prendre : « Hmm ? tu crois ? C’est vrai qu’elle a arrêté de fumer… » D’ordinaire, Yaxley se ferait la réflexion qu’il y a là des intonations de la tante Sélène ou l’autorité de leur père dans la voix de Thadd – même s’il n’est pas certain que ce dernier s’en rende compte. Peut-être dirait-il aussi quelque chose sur le fait que son cadet n’a pas à lui donner d’ordres. Mais Tibérius est plus enclin à faire plaisir à Rose qu’autre chose. L’inquiétude de lui déplaire prend le pas sur tout : il a assez abusé comme cela.
Du reste, peut-être la réconciliation avec Thaddeus est encore trop fraiche pour prendre le risque, si cela lui venait à l’esprit. Mais justement, ça ne vient pas et Tibérius est très heureux de se lancer dans une discussion sur l’organisation concrète des choses ; ou plutôt, peut être, d’avoir son frère, son témoin, avec lui, pour ce faire. Un bref moment, il se dit qu’il faudrait lui rendre la pareille, peut être. Qu’il serait poli de demander comment va Archibald, comment ça se passe entre eux, si tout va bien, ce genre de chose. Non que le sort d’Archibald l’intéresse et qu’il se soit mis à l’apprécier ou approuver, mais il s’agit de Thaddeus et malgré tout, malgré ses colères et son incompréhension, il voudrait que son frère aille bien. Mais Tibérius n’est pas un grand empathique et il ne sait pas comment s’y prendre pour poser ces questions, comme si tout était normal en somme – comment dépasser, ce qu’il ne parvient pas à approuver, même s’il n’a d’autre choix que l’accepter. Alors il renonce et puis de toute façon, ils ont déjà une tonne de choses à voir pour son mariage, alors ce sera pour une autre fois, même si c’est un prétexte commode pour éviter le sujet.
D’ailleurs, c’est Thaddeus lui-même qui a mis la question des préparatifs sur la table. Alors qu’ils sirotent leur thé, on vient aux détails pratiques. Evidemment, c’est d’abord à Circé qu’il faudra l’annoncer, et puis à la famille rapprochée. Ca ne posera pas problème, même si Yaxley note tout de même qu’il faudra s’assurer qu’Octavia et Pulchra puissent venir. Quant à leur mère, il ne peut que partager les inquiétudes de Thaddeus et il approuve sans réserve : « Oui, pourquoi pas. Ca lui plaira sans doute. » A vrai dire, Tibérius se sent un peu démuni lorsqu’on en vient à parler de Circé. Il voit bien, lui aussi, qu’elle décline, mais il ne sait pas bien quoi y faire. Après tout ce n’est pas lui le plus proche de leur mère, même s’il a de la peine de la voir ainsi, comme tout le monde. C’est d’ailleurs cette même tristesse et cette même inquiétude qui le poussent à souffler, pensant au mariage lui-même : « J’espère que tout ça ne la fatiguera pas trop. Ca fait longtemps qu’elle n’a pas participé à un événement vraiment mondain. Il faudra penser à cela, aussi. » Il lui suffit de croiser le regard de Thaddeus pour savoir qu’ils se posent les mêmes questions. Leur mère, aussi bizarre que cela puisse paraitre, ne vivait que comme amoureuse transie d’Augustus Yaxley, qui était son roc. Qu’elle lui ait survécu aussi longtemps est déjà un miracle, qui ne durera peut être pas…
En attendant, reste à organiser les détails pratiques du mariage lui-même et c’est là que les ennuis commencent véritablement. Cela sera forcément une fête, une parade, parce que ce sera évidemment un événement politique. Tibérius sait bien que tout l’est. Mais il déteste l’idée que d’autres se servent du plus beau jour de sa vie à lui pour tenter de se montrer à leur avantage. Mascarade que tout cela, songe-t-il. En plus, il faudra se coltiner les gêneurs et les hypocrites, quelle plaie… et Archibald lui-même, et le cousin Caelum… D’ailleurs c’est avec un brin de méfiance qu’il consent à écouter la demande de son frère. « Si tu veux… » Comme si Thaddeus lisait dans ses pensées, son cadet semble anticiper la réticence du juge à écouter toute demande concernant Archibald et sa demande semble particulièrement raisonnable au juge, qui approuve d’un signe de tête. « Evidemment. Je doute que son ego soit suffisamment remis du coup de poing que tu lui as mis pour qu’il soit absolument pacifique…cela ferait mauvais genre. De toute façon est-ce qu’il faut absolument inviter Caelum ? S’il pouvait s’arranger pour décliner… »
Son désespoir est aussi vain que sa question est rhétorique. Bien sûr qu’ils ne pourront pas y échapper, peu importe combien ça lui déplait. En fait, plus Thaddeus parle, plus Tibérius se rend compte qu’il ne pourra échapper à rien et son enthousiasme originel se perd de plus en plus : « Non, non, je sais bien, c’est gentil, merci, Thaddeus. C’est juste que c’est très…mondain. Et tortueux. » Il fait un effort et lui adresser un sourire par-dessus son thé : « Il n’y aurait que moi, je n’inviterais personne à part vous. » Les gens qui comptent vraiment, en somme, pour lui et puis bien sûr pour Rose. Mais il faut être raisonnable, il le sait : sa fiancée serait la première à le dire. « Je sais que ça n’est pas possible, mais c’est fatigant. Mais je vais m’y habituer. » Faire son devoir, jusqu’au bout, c’est le mantra de Tibérius. Il se frotte les yeux pour essayer de se réveiller et continue après avoir bu une gorgée de thé. « Donc…après l’orchestre ? Je suppose qu’il faudra un hébergement et donc préparer le manoir. Préparer le petit déjeuner le lendemain. Est-ce que j’oublie quelque chose ? » Sûrement des tonnes à l’évidence. Tibérius lance un coup d’œil interrogateur à son frère, curieux aussi : « Prévoir le discours des témoins ? Mais ça, ce n’est pas moi qui en est le maitre. »
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Thaddeus Yaxley
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#Sujet: Re: Rien ne vaut plus que ce jour || Tibérius Mar 18 Avr - 22:32
Rien ne vaut plus que ce jourTibérius & Thaddeus
Thaddeus Yaxley n’est pas un être fait pour la nuance. Il est l’homme de toutes les emphases, de tous les paroxysmes, de tous les excès, diront certains. Heureux caractère, sans doute, que celui de ce garçon qui ne se contente pas d’être banalement dans les clous, mais vit tout avec une intensité parfois pathologique ; il n’a pas de petites satisfactions comme la plupart de ses contemporains, mais des joies profondes, des élans d’enthousiasme irrépressibles. En contrepartie, il ne sait pas être simplement contrarié ; il est très vite désespéré, très abattu, dès qu’une tuile lui tombe dessus. C’est le revers de la médaille, probablement. Pour l’heure, rien, pas même la mine vaguement déconfite de Tibérius, ne saurait ternir son bonheur du moment. Eh quoi ! Ce n’est pas tous les jours qu’on se retrouve à organiser le mariage de son frère aîné, en héritant au passage du rôle si hautement symbolique de témoin. Thaddeus a une vision romantique du mariage, d’autant plus que celui-ci n’est pas une de ces unions arrangées comme on sait si bien les faire dans leur milieu. C’est l’amour qui s’exprime, et l’esprit bouillonnant du poète n’en demandait pas tant pour s’enflammer. Il s’imagine presque Tibérius et Rose en Roméo et Juliette, prêts à briser tous les obstacles pour pouvoir vivre leur amour. On n’en est pas là, pourtant ; le mariage sera probablement mal accueilli, y compris chez les Yaxley, mais personne ne tirera le poignard ou la baguette pour empêcher cette union - du moins faut-il l’espérer. Thaddeus fronce les sourcils en entendant son frère s’inquiéter de la réaction des autres ;
-Tu as cent fois raison, il ne faut pas accorder la moindre importance à ces grincheux. De toute façon, qui pensera cela ? Un Caelum ? Mais nous savons toi et moi qu’il est rongé par la jalousie, et qu’il en est devenu encore plus venimeux qu’il était déjà.
Ce type est décidément beaucoup trop présent dans leur conversation, et le juge secoue la tête, comme pour chasser un moucheron importun, avant d’adresser un sourire encourageant au fiancé :
-C’est toi que Rose a choisi, c’est tout ce qui compte.
Merlin sait pourtant si elle aurait pu s’offenser de sa demande ratée ! D’autres en auraient pris ombrage et auraient révisé leur opinion sur le prétendant fautif ; Rose a pardonné le faux-pas, et cela en dit long. Elle n’est pas une écervelée que l’on peut mener en bateau à sa guise : sa décision d’accepter la demande de Tibérius a été prise en conscience et n’en a que plus de valeur. Tout en écrivant les tâches qu’il vient d’énumérer, Thaddeus poursuit, dans le chapitre des inquiétudes :
-C’est vrai qu’il va falloir ménager maman. Peut-être pourrions-nous organiser la réception dans le parc, sous un chapiteau, assez loin du manoir, de manière à ce que la maison reste calme. Elle pourra aller s’y reposer si elle en ressent le besoin. Enfin… nous verrons déjà comment elle réagit à ton annonce. Il va falloir réfléchir à la façon dont tu vas t’y prendre, d’ailleurs, observe-t-il en ajoutant une ligne à sa liste.
Il n’a pas besoin d’en dire beaucoup plus : tous deux savent que Circé est fragile et qu’il vaut mieux lui épargner les émotions fortes. Une annonce de but en blanc lui causerait sans doute une grande joie, mais elle risque de perdre pied sous le choc de la nouvelle. Si elle ne l’a pas fait lorsque Thaddeus lui a confirmé être en couple avec Archibald - et elle était pourtant si heureuse ! - c’est qu’elle avait deviné d’elle-même l’essentiel de l’information ; ne restait à dévoiler que le nom de l’heureux élu. L’idéal, finalement, serait qu’elle parvienne à faire de même avec son aîné, mais Tibérius se lit moins aisément que son frère. Thaddeus se résout à laisser de côté la question de l’annonce à la famille, sans évoquer la réaction de Gaïa, ou celle d’Octavia, pour reprendre le fil de ses réflexions sur les préparatifs purement matériels. Étriller Caelum ne fait jamais de mal, aussi les deux frères s’en donnent-ils à cœur joie pour rappeler l’épisode du…
-Comment ? Moi, un coup de poing ? Je ne vois pas de quoi tu parles,déclare le cadet d’un ton angélique.
Personne, pas même lui, n’a vraiment compris quelle mouche l’avait piqué ce jour-là, lui d’ordinaire si doux ; depuis, ils en rient encore, même si l’incident avait pris des tournures de brouille diplomatique.
-Malheureusement, tu ne peux pas faire l’économie d’une invitation. Ils n’attendent que ça, que tu fasses un faux pas, et tu ne vas pas leur donner cette satisfaction. À lui de trouver un prétexte pour ne pas venir, ou de venir et de faire bonne figure. De toute façon, il y aura bien assez de monde pour que la présence ou l’absence de notre bon cousin n’ait guère d’importance.
Un instant, en prononçant ces mots, Thaddeus considère son frère avec quelque chose comme de la compassion dans le regard. Il doit être au supplice, lui qui n’a jamais prisé les mondanités. La vie est mal faite, tout de même ; c’est lui, Thadd, qui aime la fête et le paraître, et il ne se mariera probablement jamais. Raison de plus pour peaufiner l’organisation du mariage de son aîné.
-Je vais m’occuper de trouver des noms d’orchestres, et tu n’auras qu’à choisir. Pour l’hébergement, il faut savoir qui nous voulons convier au dîner. Est-ce qu’il ne serait pas judicieux de faire un grand déjeuner, juste après la cérémonie, avec tous les gens que tu te dois d’inviter, et de n’avoir qu’une assistance resserrée le soir et le lendemain ? Ce sont des choses qui se font, à présent. Tu serais plus à l’aise, et ce serait mieux pour tout le monde.
Ce “tout le monde” désigne essentiellement leur mère, mais il préfère ne pas insister sur ce point, certain que son frère mesure pleinement le danger que de grandes festivités font peser sur Circé.
-En fonction de ton choix - et de celui de Rose, bien entendu - nous pourrons déterminer combien de chambres il faudra, et nous occuper des repas pour le soir et le lendemain. Quant aux discours des témoins… ne t’en fais pas, le tien est déjà en train d’y travailler, lance-t-il avec un sourire taquin. D’ailleurs, sais-tu qui sera le témoin de Rose ?
La question est d’importance, puisque lui, témoin du marié, devra travailler en étroite collaboration avec la sorcière que choisira Rose. L’interrogation en entraîne une autre :
-D’ailleurs, puisqu’on parle du rôle des témoins… Je suppose que tu ne veux pas d’un enterrement de vie de garçon classique, avec tout ce que cela comporte d’excès… Que veux-tu pour ta dernière soirée d’homme célibataire ?
Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Rien ne vaut plus que ce jour || Tibérius Dim 14 Mai - 16:35
Rien ne vaut plus que ce jour
Thaddeus & Tibérius
En matière de fâcheux pouvant désapprouver son mariage, Tibérius aimerait avoir l’assurance de Thaddeus et il envie ici l’insouciance de son frère. Quoiqu’il dise s’en moquer pour lui-même, difficile de faire totalement l’impasse sur ce point, car tout son mariage sera sujet à commentaire. Il sait bien, lui, qu’il y aura des réticences, et plus proches d’eux que son cadet ne le croit. « Dans l’immédiat…Gaia, peut-être, mais je compte sur sa grossesse et la naissance de notre neveu ou de notre nièce pour l’empêcher de faire des vagues. Et Octavia. Tu as vu ce qu’elle a dit à Rose. Je suppose qu’il faut mettre ça sur le compte de l’adolescence et ne pas en faire trop de cas. » Logique. Ses sœurs n’ont pas fait trop de vagues lorsque le juge a rendu publique sa relation avec sa compagne, mais c’était précisément parce qu’il ne s’agissait que d’une simple relation et non de fiançailles ou d’un mariage. Rien d’aussi officiel ; quelque chose qui pouvait encore passer pour une tocade, à mettre sur le dos de Rose et non du sien. L’enlèvement, puis le retour de Gaia, les ont aussi tous assagi quant à ces disputes, ou presque. A minima, ils se sont déjà tout dit et chacun sait à quoi s’en tenir. Ca ne plaira pas, Yaxley en est sûr, mais elles finiront par en prendre leur parti. C’est comme ça de toute façon, et c’est bien l’une des seules choses où il se comporterait comme leur père et refuserait de négocier.
A vrai dire, ce sont véritablement tous les autres qui l’inquiètent, ce qu’il ajoute immédiatement pour son frère : « Et tous ceux qui penseront qu’un mariage avec une cousine ayant un statut de bâtarde correspond à une mésalliance. Des abrutis. » On peut effectivement se dire que ce ne sont que des fâcheux et ne pas y prêter attention, comme le dit Thaddeus, d’autant que Tibérius gage qu’ils n’oseront jamais en parler devant lui. Mais c’est pour Rose que ça l’inquiète. Le juge n’a aucun pouvoir sur les racontars, mais il ne supporte pas qu’on s’en prenne à elle, cible plus facile à atteindre que lui…sauf pour une personne précise. Ou un portrait précis, dans son cas. « Je me chargerai de l’annoncer au portrait de père. Une fois que Mère et les autres seront au courant. » La transition est un peu brutale et il est difficile de voir la connexion entre les deux dernières phrases prononcées par Yaxley si on ne connait pas feu Augustus. Mais Tibérius sait que son frère comprendra. Thaddeus est bien placé pour savoir ce que cela fait de subir les foudres de leur père, même réduit à sa forme de portrait. Bien placé pour savoir aussi pourquoi Tibérius repousse cette annonce. D’ailleurs, s’il pouvait s’assurer du soutien de Circé, ou mieux, ne jamais annoncer cela au portrait, il ne s’en porterait que mieux…
En comparaison, annoncer ses fiançailles à leur mère, et envisager ses réactions, lui parait presque une promenade de santé. « C’est une bonne idée. De toute façon, elle ne sera sans doute pas la seule à avoir besoin de repos…en dehors de Fawley, je ne crois pas qu’on verra beaucoup de nos oncles et tantes faire la bringue toute la nuit. Et il va falloir penser aux enfants… » C’est un avantage, songe Tibérius, précisément parce que personne, ainsi, ne songera à commenter l’attitude éventuelle de leur mère. On mettra ça sur le compte du bonheur, de l’âge, de la fatigue, de l’émotion, etc, et on la laissera en paix. Reste que Thaddeus a raison. Avant le mariage, il faut déjà se préoccuper de lui annoncer les fiançailles. « Normalement, il faudrait que Rose soit là, mais je pense comme toi qu’une annonce très officielle risque de la déstabiliser. Comme tu le disais, il vaudrait mieux l’annoncer à maman en avance de phase et réunir tout le monde à déjeuner ensuite pour une annonce vraiment officielle. Rose pourra venir à ce moment-là. Je vais lui demander ce qu’elle en pense et si elle est libre dimanche. Et puis après il faudra envoyer les faires-parts. » L’ordre proposé, finalement, lui convient bien, mais cela ne règle pas la question principale. « Et pour maman…on pourrait prendre le thé ensemble cette semaine, qu’est-ce que tu en penses ? J’essaierai d’amener les choses progressivement et de dire que puisque nous formons déjà un couple, ce qui n’est un mystère pour personne, nous avons décidé d’officialiser les choses. Que je l’aime vraiment je pense que Rose est la bonne, que je ne me vois épouser qu’elle, et que c’est réciproque …tu crois qu’il faut que je lui demande sa bénédiction ? » Le regard qu’il jette à Thaddeus est interrogateur. Ici, Tibérius est entièrement prêt à se fier à l’avis de son cadet, qui a beaucoup plus de facilité à lire sa mère que lui, proximité de caractère oblige. La dernière chose qu’il veut serait perturber Circé, mais quant à savoir comment s’y prendre, c’est autre chose. La fragilité reste quelque chose devant laquelle il est démuni. Ne sachant comment s’y prendre pour gérer les siennes, parce qu’on ne lui a jamais appris, il manque à Yaxley un mode d’emploi pour s’occuper de celles des autres dès lors qu’il ne s’agit plus de décider pour eux, tout simplement parce qu’on ne lui pas appris à le faire. Autant dire qu’il est plus que soulagé que son frère l’accompagne pour cette annonce et ravi d’accepter sa proposition.
Du reste, et c’est étonnant lorsqu’on connait son manque de sens pratique, Thaddeus se révèle d’ailleurs un excellent organisateur de festivités. Listes d’invités, réservations à faire et détails pratiques s’enchainent avec peut être même trop de rapidité pour Tibérius, qui note de son côté ce qu’il doit faire de son côté dans l’immédiat. Finalement, donc, moquer le cousin Caelum est presque un répit bienvenu : « Certains prévenus envieraient ton assurance, frangin ! » Pour la première fois depuis un bail, il se penche, sans y penser, pour ébouriffer les cheveux de son frère avec affection. Thaddy a beau dire, son coup de poing restera sans doute mythique au sein de la famille pour un long moment, comme la détestation tenace que Tibérius entretient envers le cousin de Rose, dont il ne peut que souhaiter qu’il ait effectivement assez de tact pour aller se faire voire ailleurs et décliner. « Hmf. J’espère qu’il trouvera. Enfin, on fera avec. »
C’est dire si Yaxley aime sa fiancée, pour prendre sur lui à ce point. Même si cela trouve rapidement une limite : la foule et les mondanités, peu importe les efforts qu’il fait, ne lui siéront jamais vraiment. Cependant, Thaddeus parait tenir un compromis intéressant. Intéressé, Tibérius lève les yeux de sa tasse de thé pour rebondir sur le propos : « Tu crois ? Je ne voudrais pas qu’on me dise que je ne respecte pas les codes. Mais si c’est possible…» Il faut être honnête : il sait qu’il doit sacrifier aux traditions et se montrer en hôte irréprochable, ce qu’il veut pour lui-même ne comptant pas beaucoup dans l’exercice de représentation qu’est la cérémonie. Mais à tout prendre, ne faire aucune adaptation des règles risque d’être contre-productif. Moderniser la cérémonie pourrait être un bon compromis, qui lui semble soudainement alléchant.
La discussion se poursuit alors que chacun note ce qu’il y a à faire. « Non, pas encore. Je suppose que ç’aurait pu être Marciana ou Gaia, mais au vu des circonstances…je vais lui demander. » A vrai dire, Tibérius ne voit pas immédiatement qui Rose pourrait choisir. Il faudrait que ce soit une femme, mais mis à part quelques cousines éloignées, aucun nom précis ne lui vient concernant sa future épouse. Pulchra, si elle était plus vieille, ferait une bonne candidate, mais à 11 ans ce n’est évidemment pas possible.
De toute façon, il n’a pas réellement le temps de s’attarder sur la question. Thaddeus a basculé sur une autre interrogation, à laquelle Tibérius ne s’attendait pas vraiment. « Eh bien… A vrai dire je n’y avais pas pensé. » C’est une chose légère, désinvolte, aux antipodes de ce qu’il est et de ce qu’il veut pour ce mariage ou du moins c’est la vision qu’il a des enterrements de vie de garçon. Autant dire que Thaddeus, qui le connait bien, tape forcément juste, ici. « Je ne suis pas d’en vouloir un. En tout cas, effectivement, pas un classique. » Le froncement de sourcils désapprobateur qui accompagne cette déclaration ne trompe pas. Par classique, Tibérius entend débauché ou vulgaire, comme tous les autres enterrements de vie de garçon. Ca ne lui ressemble pas et ça ne l’intéresse pas, comme Thaddeus l’a bien deviné. Mais il n’empêche qu’il doit donner une réponse. Pensif, il ajoute lentement : « A tout prendre je crois que j’aimerais bien aller regarder les étoiles comme on avait l’habitude de faire quand père était à Azkaban. Après un bon diner au Hedgehog, non ? On pourra emmener Darius. Je me vois mal inviter quelqu’un d’autres que vous deux. » Il y a presque de la timidité dans cette proposition – peut être parce que finalement, Tibérius a peu l’occasion de parler de ce qu’il lui ferait plaisir et non de ce qu’il doit faire.
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#Sujet: Re: Rien ne vaut plus que ce jour || Tibérius Mer 31 Mai - 16:23
Rien ne vaut plus que ce jourTibérius & Thaddeus
S’il savait, Thaddeus… S’il savait que tout le monde n’est pas, comme lui, prompt à se réjouir du bonheur des autres, et que certaines personnes, y compris dans la famille, préféreraient voir Tibérius mort que marié à Rose… Oh, il doit le savoir, quelque part au fond de lui. Rose leur a résumé sa conversation avec Octavia, et lui-même connaît assez Gaïa pour savoir à quel point elle a la dent dure. Naïvement, il pensait que cela se tasserait, devant l’évidence. Car personne ne peut manquer de remarquer à quel point Tibérius est heureux. Ça ira, se dit-il, une fois que les filles l’auront vu. Octavia est à Poudlard, Gaïa a emménagé avec Riyadh, elles n’ont sans doute pas vu leur aîné depuis longtemps. Lorsqu’elles se trouveront face à lui, qu’elles le verront souriant, lui qui est plutôt du genre bilieux, elles comprendront. Il aimerait faire partager sa certitude à son frère, tout en la sachant un peu puérile. Leurs sœurs - il le sait, même s’il essaie de se persuader du contraire - sont profondément hostiles à cette union. Il ne parvient qu’à glisser un “elles s’y feront”guère convaincant, et baisse le nez sur son parchemin en écoutant son frère évoquer tous ceux qui gloseront sur ce mariage.
-Laisse les chiens aboyer,conseille sagement Thadd à leur propos. C’est comme la vase qui se soulève au fond d’un étang lorsqu’on jette une pierre. Il faut un peu de temps pour que ça retombe, mais après, l’eau redevient aussi claire que si rien ne s’était produit. Thaddeus est un homme simple, et il voit les choses simplement - peut-être trop, mais ça forme une sorte d’équilibre avec Tibérius qui a tendance à se compliquer la vie. Le seul point sur lequel ils sont d’accord, aussi sombres l’un que l’autre, est l’annonce à faire au portrait de leur père. Il désapprouvera cette union, tout comme il aurait désapprouvé n’importe quelle union qu’il n’aurait pas lui-même initiée. -Je… euh… je peux venir avec toi pour parler au portrait de Père, si tu veux, propose Thaddeus sans conviction, plus par loyauté fraternelle que par réelle envie d’aller affronter le tableau.
Sa présence ne sera sans doute d’aucun poids face à Augustus, hormis le soutien psychologique qu’il pourra apporter à son frère. Il a toujours, plus que le reste de la fratrie, été traité avec circonspection par leur père, en raison de son caractère fantasque et un peu trop insouciant. Rien de ce qu’il pourrait dire ne serait considéré comme un argument valable par le défunt ; il a cessé de s’en attrister très jeune, au lieu de chercher à se corriger de ses défauts, et a laissé libre cours à sa fantaisie. Laissant Tibérius réfléchir à sa proposition, il se hâte d’aborder un autre sujet, plus facile :
-Très bonne idée. Mercredi ? Je crois que je n’ai rien de prévu après trois heures de l’après-midi. Elle sera contente, vraiment. Elle nous croit fâchés.
Ce n’était pas tout à fait faux, mais pour le juge, ce n’était surtout pas tout à fait vrai. Les quelques semaines que les deux frères viennent de traverser étaient surtout éminemment bancales. Un peu gêné de les évoquer, il poursuit précipitamment, comme pour oublier cette période :
-A mon avis, tu n’as pas besoin de lui demander sa bénédiction. Elle te la donnera sans que tu aies besoin de la demander. Elle aime beaucoup Rose, tu sais. Et ça incitera nos sœurs à ravaler leurs remarques, d’ailleurs. Elles ne voudront pas faire de peine à Mère.
La fratrie Yaxley forme une véritable union sacrée autour de Circé, les querelles trouvent une trêve toute naturelle en sa présence, pour ne pas compromettre davantage sa santé. C’est une règle que tous observent, bien qu’elle n’ait jamais été édictée officiellement.
Il y a un instant de chahut entre les deux frères, preuve que les vieilles habitudes reviennent vite, puis la discussion sérieuse reprend. Sur l’organisation des festivités, pour commencer. Thaddeus reprend avec conviction : -Tu te souviens du mariage d’Adrian Rosier, l’été dernier ? La plupart des gens étaient invités seulement au déjeuner, et le dîner était réservé à la famille et aux amis proches. Personne n’a rien trouvé à redire à cette organisation. Il faut dire que la fête était somptueuse, je pense que c’est la condition pour ne pas avoir l’air de mégoter. De toute façon, tu es obligé de faire les choses en grand. Le mariage d’un chef de famille, c’est du sérieux. Il va y avoir des tonnes de commentaires, alors il te faut les meilleurs vins, le meilleur champagne, le meilleur repas, et tout à l’avenant. Recevoir, c’est paraître, tenir son rang - la seule raison pour laquelle Tibérius se plie à la coutume - et il faut marquer les esprits. C’est bien ce que Thaddeus a en ligne de mire alors qu’il crayonne des noms de traiteurs et de pâtissiers sur son parchemin ; hors de question de servir un bon repas, il faut en servir un excellent. Le genre de réception dont on parle encore des années après, avec encore le souvenir des plats qui y ont été servis, de leur raffinement, de leur perfection. Les quelques idées couchées sur le papier, vient la question plus anecdotique de l'enterrement de vie de garçon. Comme Thaddeus s’y attendait, son frère n’y avait même pas pensé. Le futur témoin a un grand sourire pour avouer avec franchise : -Ecoute, tu ne peux pas imaginer comme tu me soulages. Je n’aurais jamais su où m’adresser pour organiser ce genre d’événement, et je ne me vois pas poser la question autour de moi. Il rougit un peu en faisant cet aveu, vieux restant de ses multiples inhibitions. Une soirée entre frères, ça me semble très bien. Dès que tu auras la date, je réserverai le Hedgehog, et après, on pourrait aller au bord de la mer. Père nous y avait emmenés une fois, tu te souviens ? Je crois que c’était pour l’entrée de Darius à Poudlard.
Bien sûr, que Tibérius se souvient. C’est un peu leur seul souvenir d’un moment de communion entre père et fils, cette nuit sous la tente, sur une plage déserte. Augustus avait voulu marquer solennellement l’entrée de son plus jeune fils dans l’univers sorcier ; il avait donc organisé une expédition “entre hommes”, et il avait profité de cette soirée pour raconter à ses fils des tas de légendes, de vieilles histoires de famille, pour leur faire partager ses connaissances en astronomie aussi. Dommage que cela n’ait eu lieu qu’une seule fois, mais on peut toujours essayer de renouer avec l’idée…
Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Rien ne vaut plus que ce jour || Tibérius Mer 5 Juil - 1:20
Rien ne vaut plus que ce jour
Thaddeus & Tibérius
Octavia et Gaia finiront par s’y faire. Oui, ils finiront tous par s’y faire, sans doute, Tibérius en a bien conscience, mais il a beau se le répéter, il n’est pas plus que Thaddeus, qui vient de prononcer cette phrase pourtant censée être rassurante. « Je sais bien. J’ai juste peur…ça m’ennuie pour Rose, comme je te le disais. Ils sont assez intelligents pour ne rien dire devant moi, mais envers elle…Ils ne lui ont jamais vraiment fait de cadeaux. » On en revient à ça et c’est peut être la meilleure preuve, s’il en fallait encore une, que Tibérius est éperdument amoureux de Rose. Les seules personnes pour lesquelles le magistrat s’inquiète ainsi, d’ordinaire, sont les membres de sa famille, signe qu’il a déjà intégré que la jeune femme en faisait partie, sans avoir besoin de le dire, ou même de dire à quelqu’un d’autre qu’il l’aime. Pourquoi faire ? c’est l’évidence, à présent, et ceux qui ont besoin d’étaler leur amour à la face du monde le font pour s’en convaincre, parce qu’ils n’ont même pas la courtoisie élémentaire d’en être sûr. Thaddeus le sait, sa mère s’en doute, les autres…eh bien, qu’ils s’en indignent et s’y fassent, oui, tiens. Qu’ils fassent avec, parce que maintenant que Yaxley le sait, ça n’est pas prêt de changer. Méditativement, il conclut : « Ca changera une fois qu’elle sera Mrs Yaxley, je suppose, mais en attendant… » En réalité, rien n’est moins sûr. Les ennuis de Rose ne font peut être que commencer, parce qu’elle sera scrutée comme épouse de chef de famille, parce qu’on regardera d’autant plus si elle sait tenir son rang, et parce qu’on attendra d’elle un héritier, évidemment, le plus rapidement possible. Tibérius le sait, il n’est pas naïf, mais on se rassure comme on peut.
Surtout alors qu’il reste à trancher le cas du portrait d’Augustus. La proposition de Thaddeus, manifestement encore plus mal à l’aise et terrifié – c’est dire, car l’ainé n’en mène pas large – lui tire un sourire compatissant et chose rare, plutôt indulgent : « C’est gentil à toi, mais ce n’est pas la peine, vraiment. Il n’y a pas de raison que nous soyons deux à subir ses foudres. Et je crois que ça n’arrangerait nos affaires ni à l’un ni à l’autre. » Yaxley n’oserait pas dire à son cadet les mots que leur père a eu envers lui lorsqu’il lui a annoncé la nouvelle de sa relation avec Archibald. Ni ce qu’il a pensé de son refus de renier Thaddeus ou de sa tentative de se réconcilier avec lui. Tibérius part du principe que Thaddeus le devine, et puis à quoi bon ? Ca ne lui ferait aucun bien de savoir ce qu’Augustus a dit, même pour essayer d’arguer que lui l’a défendu. Non, s’il peut lui épargner l’acrimonie du portrait, le magistrat est prêt à le faire, quand bien même il ne dirait pas non à un peu de soutien pour cet entretien. Mais c’est pour cela, précisément, qu’il veut l’épargner à Thaddeus : s’il y a bien une chose où ils se retrouvent, c’est dans la terreur que leur inspire leur père et son portrait. Pour des raisons différentes, sans doute – Augustus attendait trop de Tibérius et il ne pensait ne rien devoir attendre de Thaddeus – mais ils la connaissent tous les deux.
Malgré le fait qu’elle s’affaiblisse régulièrement et qu’il faille constamment la préserver, finalement, c’est presque plus simple de s’organiser concernant leur mère. « Mercredi…alors disons seize heures. Parfait. Je ferai préparer une collation. » Un nouveau tiret sur son parchemin. Le temps de griffonner, Tibérius perd un peu le fil. Pas suffisamment, cependant, pour ne pas comprendre la fin de la remarque de son frère. Difficile de dire qu’ils n’ont pas été fâchés à un moment, et ce par sa faute, malgré ses regrets. Ceci dit les choses vont mieux, même si cela se fait progressivement, depuis qu’ils se sont vus, puis parlés chez Rose, et cette conversation le montre encore. Un peu gêné, il se racle la gorge et finit par déclarer : « Bon, eh bien, il est temps de démontrer le contraire. Je peux lui dire que tu viendras mercredi ? Ca la rassurera peut être un peu, déjà. » Tibérius voudrait ajouter quelque chose, peut être des excuses, peut être quelque sur le fait que c’était sa faute et que c’est donc à lui de réparer cela en l’annonçant à leur mère, ou sur le fait que c’est fini, maintenant, qu’il n’y a pas de raison. Mais trop tard, Thaddy est déjà passé à autre chose, revenant au mariage et à la réaction de Circé. Est-ce mieux ainsi ? Peut être. Après tout son cadet n’a pas abondé dans le sens de leur mère et il peut comprendre le souhait de Thadd de ne pas s’attarder sur la question, de passer à autre chose, et d’avancer. Alors Tibérius revient lui aussi à son mariage et approuve d’un signe de tête la dernière remarque de son frère : « Tu as sans doute raison. Elles n’oseront pas dire quelque chose à Mère…C’est entendu ainsi. »
Preuve que les habitudes reviennent vite et que cela va mieux, les voilà qui reprennent leur chahut fraternel habituel. Tibérius ne le dira jamais ainsi, mais cela lui manquait d’être le Grand, et puis il ne se verrait vraiment pas organiser ce mariage sans Thaddeus à ses côtés. Et les revoilà justement bientôt à évoquer les détails pratiques : « Va pour ça, dans ce cas. Quitte à arroser des pique-assiettes que je ne vois qu’aux mariages et aux enterrements, autant ne les avoir qu’à déjeuner. » Dire que Tibérius est résigné est un euphémisme. S’il se plie à tout ce qu’il nomme des simagrées, c’est bien parce qu’il sait, lui aussi, être attendu au tournant, et qu’il ne peut pas se permettre moins que la fête de l’année pour son mariage. Ce serait déshonorant. Mais son frère, en lui proposant un diner plus intimiste, lui donne au moins un horizon pour tenir le choc de la journée. Entre ça et la présence de Rose, et le fait que ce soit leur moment, malgré tout, il se dit que ça ira. Oui, ça ira forcément. « Et donc la cérémonie serait le matin ? A onze heures, disons… Vin d’honneur à midi, donc, et déjeuner à treize heures trente. Évidemment, ça commencera avec un peu de retard. Mais à dix-sept heures tout devrait être fini. Non ? »
Reste le sujet, plus léger, de son enterrement de vie de garçon. Contrairement à Thadd, Tibérius, habitué des clubs de jazz et des fêtes – celles qu’il choisit – qui lui ont souvent permis de souffler loin du carcan familial et des mondanités obligatoires, saurait parfaitement organiser celui-ci…mais c’est d’une vulgarité crasse, digne des sang mêlés qui ne respectent pas. Un homme de sa trempe et de son rang ne peut pas faire ça. Et ce n’est simplement pas dans son caractère. Non, ce que Thaddeus lui propose lui convient parfaitement et lui tire même un sourire nostalgique, sans que le magistrat ne puisse vraiment se l’expliquer. « Oh, oui. Tu te souviens du voilier qu’il avait loué ? Je me suis toujours demandé comment il avait appris à naviguer, et où. Je n’ai jamais eu la réponse. » Et évidemment, à présent, il n’aura plus aucune chance de l’avoir…y a-t-il un lien entre ce constat un peu amer et la remarque, un peu distraite, qui suit ? Peut-être. « Ca me ferait plaisir de faire un peu de bateau, tiens. Enfin, si Rose me laisse faire, il ne faudrait pas que je rentre en trop mauvais état. » Tibérius retrouve le sourire. Il aime la mer et les bateaux, il est à l’aise sur un cheval ailé ou à visiter ses terres en bon gentleman farmer, mais de là à faire un bon matelot, il faudra voir. « Mais c’est parfait. Je ne pourrais pas rêver mieux comme enterrement de vie de garçon. A vrai dire, je n’en voudrais pas un autre. » Il sourit amicalement à son frère : « Il faut aussi que je pense à organiser le voyage de noce. J’hésite encore entre l’Italie et la Côte d’Azur. Venise fait un peu cliché tout de même, mais…je veux ce qu’il y a de mieux pour elle. » Bon, ils ont encore le temps, il décidera plus tard. En revanche, il y a un détail pratique dont il faut absolument qu’il parle à Thaddeus, dont ce sera la tâche comme héritier : « Il faudra que tu veilles sur les autres lorsque nous seront partis. » Si Tibérius le dit avec tout le sérieux du monde, il se déride un peu et lui tape gentiment sur l’épaule : « Ce ne sera que trois semaines, pas de panique ! Ni Rose ni moi ne pouvons nous permettre de partir trop longtemps. » Et bientôt, ils auront un enfant et Thaddeus n’aura plus besoin d’assumer cette tâche. Ragaillardi par tout cela, Tibérius conclut : « Déjeuner ? Il est presque l’heure. Je t’invite. »
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