Les vacances de Noël étaient passé beaucoup trop vite. Lysandre n'avait pas vu le temps passer et elle se serait bien épargnée de retourner à Poudlard aussi rapidement. Alors oui, tout n'avait pas été idéal au cours de ces vacances. Comme à chaque fois, elle avait dû faire face au mépris de Melody, qui était absolument insupportable, et le dîner de réveillon, où Linus s'était joint à eux, avait été la cerise sur le gâteau. Mais le reste du temps, elle avait vraiment passé un bon moment, puisqu'elle avait passé le reste de ses vacances en compagnie de son petit ami.

Mais voilà, retour à la réalité, son temps à Poudlard était encore loin, bien loin d'être fini, et au sein de l'école de magie, elle avait plus d'un rôle à remplir, auquel il fallait impérativement qu'elle ne contrevienne pas. Entre ses missions pour la Résistance et une année scolaire de plus en plus exigeante, elle n'avait pas le temps de lésiner du tout. Elle n'avait pas le temps de voir les jours passer... Ce qui quelque part n'était au fond pas plus mal.

La jeune femme était donc de retour à sa routine. Elle avait envoyé un courrier à ses contacts de la résistance pour leur faire un compte-rendu de la situation à Poudlard, et en parallèle, elle travaillait plus dur que jamais. La bleue et bronze avait toujours été une élève sérieuse et assidue, mais elle savait qu'elle devait redoubler d'efforts, en cet instant. Elle voulait réussir parfaitement ses ASPIC, et elle savait que sans des résultats irréprochables, elle pourrait dire adieu à la formation d'Auror. Ce projet était de plus en plus limpide dans son esprit, elle ne se voyait pas faire autre chose de sa vie. Alors, de toute évidence, il fallait qu'elle mette les bouchées doubles et qu'elle ne lâche rien.

La bibliothèque était devenue son lieu de prédilection, elle y passait le plus clair de son temps, à bachoter, encore et encore et encore (et encore). Elle était d'ailleurs présentement à une table de la bibliothèque, entourée de bouquins en tout genre, focalisée à la tâche, quand elle vit une silhouette familière se rapprocher.

"Oh, salut Lynna. Comment tu vas ?"

Lynna, en plus d'être une amie proche était, avec elle, la dernière résistante encore à Poudlard. Cela avait créé entre elles un lien sincère et évident.

Salut Lysandre ! Je vais bien et toi ?

Cette question était délicate, parce que s'il fallait y répondre sincèrement, il fallait nuancer le propos, et dans ce cas, la bleu et bronze ne pouvait pas se contenter d'un "ça va", elle devait ajouter qu'elle commençait à angoisser pour ses études et qu'entre ça et la résistance, plus la présence oppressante de Melody, elle avait bien du mal à se concentrer et à dormir correctement ces derniers temps.

Elle devrait aussi ajouter que Linus, son petit ami, lui manquait, et qu'elle commençait à trouver le temps long avant de pouvoir quitter Poudlard à son tour, même si pour de nombreuses raisons, elle ne voulait pas quitter Poudlard non plus, et que ça lui pèserait de devoir le faire.

Elle allait répondre, en concédant certains détails sans en faire trop pour autant, mais Lynna reprit la parole, et sa remarque eut le don de sincèrement faire rire la serdaigle. Il faut dire qu'en effet, elle était vraiment en train de disparaître derrière sa pile de bouquins. Et bien sûr, on ne la verrait pas.

J’ai failli ne pas te voir derrière cette pile de livre, j’en connais une qui est déjà là depuis un bout de temps.

"Je te le fais pas dire", concéda Lysandre avec un sourire. "Il était grand temps que tu arrives, j'étais pas loin de me noyer au milieu de tous ces bouquins, j'aurais bien besoin d'une pause." Elle maqua une pause. "Les ASPIC approchent, et plus j'intègre d'informations, plus j'ai l'impression d'en oublier, c'est une catastrophe."

Bon, les ASPIC approchaient... elles n'étaient qu'en janvier. Mais il suffisait d'entendre les profs pour avoir la conviction que c'était dès maintenant qu'il fallait préparer les vacances de février si on ne voulait pas être pris au dépourvu.

"Sinon, ça va bien. Je bosse beaucoup, comme tu vois, ça m'aide à me vider la tête ou à penser à autre chose, en tout cas, quand je deviens un peu trop... anxieuse."

Elle espérait ne pas avoir l'air trop mélodramatique non plus. Elle n'était pas au bord de la crise d'angoisse ni rien, mais c'est vrai qu'elle avait tendance à se poser beaucoup trop de questions, et ce n'était pas toujours bon.

-En effet, je pense que tu as bien besoin d'une pause! Laisse un peu tout ces livres de côté et détend toi un peu. Tu travailles très bien et c'est pour ça que je m'en fais pas pour toi pour les ASPIC. Essaie de relâcher un peu la pression.

Les paroles de Lynna faisaient du bien à Lysandre. Elle qui manquait terriblement de confiance en elle avait réellement besoin de tout le soutien qu'elle pouvait bien obtenir, et quand on l'encourageait, quand on croyait en elle, c'était vraiment un baume sur son coeur, et une source totale de courage et de motivation.

Bien sûr, elle ne pouvait pas se reposer sur ses lauriers et se contenter des compliments de la rouge et or. Elle avait envie de croire qu'elle le pensait vraiment, mais Lynna n'avait pas le nez dans ses résultats et elle ne pouvait pas lire l'avenir. Rien ne lui garantissait qu'elle réussirait aussi bien qu'elle le désirerait. Mais ça n'empêchait pas qu'elle pensait qu'elle aurait plus de chances d'y arriver si l'on croyait en elle.

Elle avait besoin d'obtenir des résultats impeccables aux ASPIC si elle ne voulait pas voir toutes ses perspectives professionnelles s'effondrer., elle n'avait pas le droit à l'erreur. Cela dit, ce n'était pas en s'acharnant non plus qu'elle réussirait. Faire une pause de temps à autre ne pouvait pas faire de mal, loin de là.

- Lysandre, ne te réfugie pas dans les bouquins pour oublier tout ce qui te tracasse. Je suis là, tu le sais bien. Ensemble on est plus forte.

Lysandre sourit. Cela lui faisait tellement de bien de s'être trouvée une amie comme Lynna. Elle ne se contentait pas des apparences, elle réussissait à lire entre les lignes. Elle ne pouvait pas lui cacher ce qui la tracassait, et avoir quelqu'un à qui se confier concernant tout ce qu'elle traversait, ça lui faisait vraiment du bien.

"Je sais, merci d'être là, d'ailleurs." Elle regarda l'étendue de livres autour d'elle. "Promis, je ne me réfugie pas dans les bouquins. Je veux vraiment réussir mes ASPIC. Mais tu as raison... j'ai beaucoup de choses en tête en ce moment." Mais comme toujours, elle ne voulait pas accaparer la situation. "Quoi de neuf, toi ?"

- Je l'ai bien compris qu'il n'y avait pas que les ASPIC.

Si Lynna lui avait posé plus de questions, Lysandre ne le lui aurait pas reproché. Elle était de ces rares personnes à qui elle ne faisait presque aucun secret, et elle trouvait d’ailleurs particulièrement plaisant de pouvoir se confier à elle sans aucune réserve et sans crainte du moindre jugement. Lynna était toujours attentive et de bons conseils, et Lysandre cherchait à l’être tout autant avec elle.

Cela dit, cela lui convenait très bien aussi de ne pas s’épancher sur le sujet. Lysandre n’aimait pas tirer la couverture à elle. Elle détestait l’idée même de se plaindre, même quand elle en avait besoin, et elle préférait largement être celle qui écoutait plutôt que d’être celle que l’on écoutait. Même si cela pouvait par moments poser problème ou prêter à confusion.

Elles en reparleraient si besoin, mais en attendant, changer de sujet allait très bien à Lysandre… Et elle se disait que Lynna avait peut-être bien des choses à lui dire. Et dans ce cas, Lysandre voulait être l’oreille attentive qui les entendrait, la conseillerait si elle le pouvait, ou se contenterait de se plaindre avec elle s’il le fallait.

- Oh tu sais rien de nouveau... En fait si, tu sais la fille Carrow? Je fais que de la croiser et à chaque fois ça tourne mal. Ou plutôt, c'est elle qui me cherche?

La fille Carrow. Lysandre grimaça rien qu’à l’évocation de Clarice. Cette fille, Lysandre ne pouvait pas la voir en peinture (et elle était plutôt certaine que c’était réciproque). Clarice Carrow incarnait tout ce qu’il y avait de plus détestable chez le sang-pur privilégié moyen : sûre d’elle, à se croire au-dessus de tout le monde, hautaine, méprisante, à vouloir constamment écraser les autres pour se sentir exister. En un mot, insupportable. Et semble-t-il qu’elle cherchait des noises à Lynna, maintenant.

« Carrow est une peste mais elle est surtout stupide », répondit Lynna sans mâcher ses mots. « Je sais pas pourquoi elle s’en prend à toi en particulier, mais si tu veux mon avis, ça sert à rien de lui répondre. Elle essaie juste de s’inventer une vie en s’inventant un genre alors qu’elle est la dernière des ratées. Tiens, tu savais qu’elle allait épouser Alphard Black ? »

Pour Lysandre, cette seule information suffisait à évoquer le degré de pathétique de cette fille-là. Un destin tout tracé et la tête à claque de service comme futur mari. En vrai, Clarice Carrow n’avait vraiment aucune raison de pavoiser.