L’infirmière est partie fêter Noël, si vous vous êtes étouffé avec une dinde ou que vous êtes à l’article de la mort, allez à Sainte-Mangouste.

Pas très délicat, le message, mais zut! Déjà que Zelda n’avait pas de vacances et devait rester à Poudlard pendant que tous ses collègues rentraient chez eux. Être la seule infirmière pour tout le château, Zeld’ persistait à dire que ce n’était pas assez, mais elle préférait ne pas se plaindre, elle détestait qu’on marche sur ses plates-bandes, elle n’aurait pas supporté qu’un autre infirmier lui traine sans arrêt dans les pattes, elle préférait s’appuyer sur son assistante personnelle, alias Pomona, qui au moins n’exigeait pas d’être payée, et qui lui allégeait quand même largement la tâche. Non, vraiment, même si Noël était le moment par excellence ou quelqu’un pouvait finir mal, Zeld’ avait choisi de s’en moquer (en espérant quand même qu’il ne se passerait rien de grave, elle n’avait pas franchement envie que Dippet l’engueule comme du poisson pourri). Bon, si tout ça n’avait tenu qu’à elle, elle s’en serait foutu, en fait, les fêtes de fin d’année ne représentaient pas grand-chose pour elle, si ce n’étaient des décorations trop clinquantes et des repas trop frugaux. Le truc, c’est qu’elle n’était pas seul, il y avait Louisa, sa fille, la prunelle de ses yeux. Louisa n’avait pas beaucoup de chances, elle n’avait pas de frères ou de sœurs, et Zeld’ étant en froid avec ses parents, elle ne voyait jamais ses grand-parents. Quant à son père, eh bien… il était mort, malheureusement, et depuis son décès, Zelda n’avait jamais cherché à lui trouver de remplaçants (la féministe qu’elle était avait décidé de se passer d’un second mariage). Sa vie sentimentale se résumait à des flirts inconséquents avec le concierge qui de toute manière, lui, était marié. Louisa n’avait plus que sa mère au monde, et il était hors de question pour Zelda que sa fille, son adorable fille, l’une des seules personnes à qui l’infirmière tenait véritablement en ce bas monde, passe Noël toute seule.

Oui, ce soir, c’était le soir de Noël, et c’était en famille qu’elle le passerait, une famille très réduite, c’est vrai, mais peu importe. Elle avait invité sa fille à la rejoindre devant l’infirmerie, pour qu’elles aillent toutes les deux dans un restaurant sympathique de Pré-au-lard. Un endroit chargé de souvenirs, ils dînaient là tous les weeek-ends, du temps où le père de Louisa était toujours en vie, depuis, ils le faisaient moins. Depuis qu’elle était veuve, Zelda s’était enfermée dans son travail. Ce restaurant servait de la bonne cuisine, et il avait l’avantage d’être à pré-au-lard, donc à proximité de Poudlard, au cas où il se passerait quelque chose là-bas. Elles s’installèrent, on leur apporta le menu.

"Choisis ce que tu veux". Fit Zeld’ à l’adresse de sa fille."Oh et…" elle fouilla dans sa poche et en tira un paquet, qu’elle tendit à Louisa. "Tiens, joyeux Noël."

Le paquet contenait un bracelet un collier en argent.

Louisa prit le petit coffret entre ses mains. C'était une petite boîte noire toute simple mais très jolie. Elle ouvrit le couvercle pour découvrir un magnifique collier d'argent avec le bracelet assortit. Les deux bijoux étaient posés sur un petit coussin noirs pour les mettre en valeur. Elle caressa les deux bijoux du bout des doigts avant de lever son regard vers sa mère et de lui dire d'une voix timide:
"Merci maman, et joyeux noël à toi aussi."
Depuis que la jeune Serdaigle était entrée à Poudlard, cette année, elle voyait plus souvent sa mère comme elle était l'infirmière de l'école. Devant les autres élèves, Louisa ne montrait guère d'intérêt pour sa mère. Louisa était devenue froide et dure. Mais sa mère étant son dernier parent en vie, quand elle se retrouvait seule avec elle, ce qui était plutôt rare, elle devenait plus douce et plus gentille.

Elle n'était pas souvent avec sa mère, et elle en souffrait beaucoup. Soit l'infirmière avait trop de travail, soit elle était avec Pomona, une élève de Serpentard en 7ème année. Elle était jalouse de Pomona. Même si Louisa savait bien que sa mère était sa mère, elle ne supportait pas la partager. C'est pourquoi elle se montrait dure les autres, elle ne veut pas faiblir devant eux, ils se moqueraient d'elle, comme avant.

Elle regarda sa mère, gênée, avant de baisser les yeux. Elle n'aimait pas être injuste avec sa mère.
*Je ne suis qu'une égoïste!*pensa-t-elle, elle fronça les sourcils, leva les yeux vers sa mère et dit:
"Je suis désolée maman, je suis vraiment injuste avec toi. Tu fais tout pour moi, et moi je ne fais que me comporter comme une égoïste."
Elle s'arrêta et regarda sa mère dans les yeux. Louisa ignorait totalement qu'elle réaction aurait Zelda. Mais elle se disait que si Zelda se mettait en colère, Louisa le mériterait.

"Ma puce…"

Apparemment, la mère de la jeune fille n'était pas en colère.

"Tu n’es pas égoïste."

Ce n'est pas ce que pensait la jeune fille.

"Mais..."

Louisa ne savait pas quoi dire à sa mère. Elle n'avait plus d'arguments.

"Tu n’as vraiment pas à t’excuser."

Si elle avait à s'excuser, et il fallait que sa mère le comprenne et qu'elle arrête de la prendre pour un bébé.

"Si j'ai à m'excuser!"

Et elle était déterminée à le lui faire comprendre.

"Alors, tu as choisi ce que tu voulais manger?"

"Euh, non pas encore"