Il y avait cette berceuse, celle qui aidait Amos à s'endormir quand il était petit et que Despina tenait de sa propre enfance. Une mélodie douce et répétitive, qui vous reste dans la tête des heures et des heures s'il vous prend l'envie de la chanter ne serait-ce que quelques secondes, ne serait-ce qu'un fragment de refrain.

Adulte, elle avait cette chanson en horreur. Chaque fois qu'elle cédait à son fils pour la lui chanter, elle se maudissait intérieurement de ne connaître aucune autre berceuse plus efficace tant cette dernière la poursuivait toute une nuit s'il le fallait...

Aujourd'hui, cette chanson douce et presque lancinante était devenu un compagnon d'infortune... Ce n'est pas qu'elle aimait cette mélodie... Mais elle annihilait ses pensées quand elles faisaient trop mal, elle éloignait la douleur quand elle était présente, elle réussissait quelque part à la déconnecter de l'ici et du maintenant.

Et quand elle se murmurait cette berceuse à elle-même, elle se sentait un peu plus proche de son fils, même s'il avait passé l'âge d'entendre des berceuses. Elle chantonnait et fermait les yeux, et sous ses paupières closes, elle le retrouvait tout petit. Quand l'horreur n'avait pas encore voilé son regard, quand tous les espoirs du monde lui étaient permis, quand il n'y avait qu'eux, et qu'elle ressentait ce bonheur pur, ce bonheur simple, oublié depuis longtemps.

Allongée contre la pierre, sa berceuse en tête, elle tentait de s'isoler de sa cage et de s'adresser une bribe de calme et de douceur. Elle mit un peu de temps à comprendre qu'elle n'était plus seule.

"Despina, je suis là..."

Une voix, tendre, paternelle, la ramena au moment présent. Elle se redressa et se retourna. Un sourire vraiment sincère étira ses lèvres en voyant son père. Oh, l'envie d'écarter ces barreaux pour se précipiter dans ses bras ! Elle aurait vraiment besoin d'une étreinte paternelle en cet instant.

"Papa..." Elle se rapprocha et glissa sa main entre les barreaux pour que son père puisse la prendre dans la sienne. "Je m'inquiétais de ne plus te voir..."

Et elle savait pour quelles raisons. Aristide, à la demande d'Orpheus, devait s'arranger pour que son père puisse la voir le moins possible. Et ça marchait vraiment trop bien.

-Je suis désolé. Quand Aristide est aux commandes, c'est la croix et la bannière pour venir...

En réalité, Despina n’en voulait pas à son père. Elle était en colère contre un très grand nombre de personnes dans cette affaire, et ils étaient peu nombreux à échapper à son ire, mais à aucun moment son père n’avait fait partie de ceux à qui Despina avait envisagé de reprocher quoi que ce soit. Elle ne le pouvait pas. Pour lui, elle n’avait qu’une immense compassion, une empathie profonde. Elle savait parfaitement que son père n’avait rien voulu de toute cette situation, et qu’il la subissait terriblement.

Il était la troisième victime de cette situation. Amos était évidemment la première, lui que les circonstances continuaient de placer entre les mains dangereuses d’un père tortionnaire, et qui avait de bonnes chances de mettre fil à ses jours s’ils ne trouvaient pas très vite une solution pour l’empêcher. Despina, enfermée et en proie à l’entourage dangereux et éprouvant des détraqueurs, était évidemment la deuxième victime de cette situation.

Mais Kenneth en était, à coup sûr, la troisième. D’un coup d’un seul, il voyait sa fille chérie être envoyée en prison, il perdait par la même l’affection de son filleul et la confiance de son meilleur ami. Il avait clairement subi tout ceci lui aussi… Et il devait se battre chaque jour pour ne pas perdre la face, ce qui devait être tout aussi épuisant.

Elle était donc véritablement navrée pour lui en retour. Sans oublier qu’Aristide lui menait en plus la vie dure. Elle grimaça en entendant son père lui confirmer qu’il avait dû faire face à l’opposition constante du fils d’Herbert… Autant dire que s’il y avait des fautifs dans toute cette histoire… ce n’était certainement pas eux, et ils avaient tout intérêt à ne jamais l’oublier.

-Comment tu te sens ?

Elle savait qu’il ne se faisait pas d’illusions. Il savait très bien qu’elle était mal, et qu’elle ne pouvait qu’être mal, mais il voulait surtout savoir à quel point elle tenait le coup, ce qu’elle ne pouvait absolument pas lui reprocher. Au contraire, elle comprenait que c’était important pour lui de s’assurer qu’elle était encore capable de tenir ne serait-ce qu’un peu.

"C’est de plus en plus dur…", choisit-elle de répondre très honnêtement. "Je fais ce que je peux, je sais que je ne dois rien lâcher, mais… J’ai peur… j’ai vraiment peur de devenir folle…"

Elle évitait d’articuler cette pensée en temps normal, mais elle était de plus en plus prégnante… La folie était tout son environnement à l’heure actuelle. Alors il était difficile de ne pas céder à la panique.

-Ma chérie...

Il serra un peu plus fort sa main dans la sienne, et ce geste faisait un bien immense à la jeune prisonnière. La douceur de sa voix, ces mots qu'elle n'entendait plus assez, "ma chérie"... Oh, comme ça lui faisait du bien.

Un bien fou, immense. Rien n'était résolu, elle était toujours prisonnière, elle était toujours angoissée... mais tout gagnait une valeur de possible quand elle savait que son père était auprès d'elle, quand elle se savait aimée, suffisamment aimée pour que l'on se batte, avec acharnement, pour son bonheur pur et simple.

-C'est bientôt fini, je te le promets... On est à deux doigts de le faire tomber. Tu verras, dans quelques semaines, tu seras dehors, et tu pourras serrer ton fils dans tes bras.

Elle ne pouvait pas croire aveuglément dans les paroles de son père. Elle en avait très envie, bien sûr, parce qu'elle rêvait de se tirer de là. Mais elle était enfermée depuis beaucoup trop longtemps, elle endurait ces conditions d'emprisonnement depuis bien trop longtemps. Elle ne pouvait pas.

Elle avait du mal, néanmoins, à ne pas se laisser dominer par l'envie d'y croire. Ses yeux brillaient à la perspective de pouvoir prendre son fils dans ses bras. Oh, comme il lui manquait ! Son père aussi, elle voulait le serrer contre elle. Elle ne supportait plus cette situation, elle avait besoin de l'amour de ses proches pour survivre à ses situations d'enfermement, pour tenir juste le temps de ces petites semaines dont lui parlait son père.

Il était séduisant de s'imaginer à l'air libre, mais elle voudrait que cette promesse ne soit pas seulement celle d'un père terriblement inquiète pour sa fait. Elle voudrait des preuves, des faits. Pour être convaincue, pour être sûre.

"Tu en es vraiment sûr et certain ?" demanda-t-elle en plantant son regard dans celui de son père. Elle voulait y lire une lueur de vérité, un éclair de certitude, qui ne l'autoriserait pas à douter non plus et la pousserait à accepter la vérité sans plus se poser de question. "Tu peux me le promettre sans mentir ?"

Et il n'avait intérêt qu'à être sincère, elle ne tolérait rien d'autre de sa part. Elle lui faisait confiance plus qu'à quiconque, il devait s'en montrer digne. Elle avait besoin de lui, mais elle avait aussi besoin de son honnêteté.

-Je te promets que tu seras dehors, Despina.

Cette fois, elle y croyait. Elle ne savait pas ce qu'elle trouvait dans l'intonation et dans le regard de son père qui soit différent de ses habitudes, mais c'était bel et bien le cas. Elle sentait bien que cette promesse-là était une promesse sur l'honneur.

La jeune femme avait besoin de cela. De quelque chose de tangible, de quelque chose de fort, de certain. Et finalement, elle se doutait qu'elle n'aurait jamais dû douter de son père, car au final, ils se trouvaient tous les deux dans l'exacte même situation.

Ils étaient tous les deux des parents qui cherchaient à protéger leur progéniture, et puisqu'elle savait qu'elle serait capable de tout pour son propre fils, y compris de tuer son mari de ses propres mains, il était logique que Kenneth Barjow, lui aussi, soit capable de tout pour sa propre fille. C'était normal, et elle n'aurait jamais dû en douter, pas même une seule seconde.

Si je ne peux pas te faire sortir de là légalement, je m'y prendrais autrement. Mais tu seras libre.

Tout comme elle avait eu besoin d'entendre Dosia lui promettre qu'elle serait capable d'aller à l'encontre de la légalité pour protéger Amos, elle avait eu besoin que son père lui fasse la même promesse pour la protéger elle. Et cette fois, pour ce qui était peut-être la toute première fois depuis qu'elle avait été envoyé dans cette cellule, elle n'éprouvait pas juste de l'espoir.

Ce qui l'animait, en cet instant, c'était une puissante et définitive certitude. Kenneth serait là pour elle, comme tout père se devrait d'être là pour son enfant, ce que certains oubliaient manifestement de faire.

Elle sentit les larmes l'envahir, toute la tension accumulée qui tout à coup acceptait juste de se décharger. Elle essayait de tenir bon, mais faire cet effort sans être capable pour autant voir aucune perspective s'ouvrir pour elle, c'était proche d'être insurmontable, en réalité.

"Je te crois.", répondit-elle avec toute l'honnêteté du monde en serrant plus fermement encore la main de son père dans la sienne. "Merci, merci beaucoup." Elle hésita, reprit la parole. "Tu penses savoir comment t'y prendre ?"

Elle n'exprimait pas un doute, elle voulait juste qu'ils puissent en discuter ensemble, tous les deux.

-Je dois y réfléchir.

Despina s'en doutait bel et bien. Si son père ne savait la convaincre que maintenant du fait qu'elle parviendrait à être libre, c'est parce que ce dernier ne réalisait lui-même que maintenant que cette solution était possible et envisageable, une solution qui exigeait de perdre la partie mais de tricher quand même. Une solution de la dernière chance, du dernier recours, l'ultime sacrifice qu'un parent était capable de faire pour son enfant.

Il était normal qu'il n'ait pas de stratégie élaborée à l'esprit, puisqu'il envisageait seulement maintenant d'en façonner une. En esprit, Despina ne pouvait s'empêcher de vouloir que tout soit déjà clair et établi, parce que ce serait plus simple ainsi, mais elle était parfaitement à même d'entendre l'inverse. Cette perspective lui donnait une nouvelle raison de s'efforcer de tenir le coup : elle le ferait pour son père, elle le ferait pour qu'ils trouvent une situation idéale et pérenne au problème qui les animait. Qui ne pouvait pas être la solution qu'il lui suggéra en premier lieu.

-Mais je suppose qu'une des solutions serait de... prendre ta place.

L'idée était tout sauf mauvaise, bien sûr, mais aux yeux de Despina, c'était hors de question. La logique derrière était imparable : un échange... avec du polynectar, quelque chose de cet acabit... c'était compliqué à mettre en place, mais c'était une possibilité, et ainsi, quand la supercherie serait révélée, Despina aurait eu le temps de prendre la tangente, de partir le plus loin possible, accompagnée de son fils, qu'elle comptait bien emmener avec elle.

Oui, mais on ne laisserait sans doute pas ressortir son père de prison après s'être rendu complice d'une telle machination. Et elle aurait le sentiment de ne rien avoir gagné si son père devait payer le prix fort à sa place.

"Non, ça c'est absolument hors de question", assura-t-elle avec fermeté. "Mais on va trouver autre chose. Ton idée d'échange n'est pas mauvaise, mais on peut bien trouver quelqu'un d'autre pour prendre ma place."

Le plus tentant, c'était Orpheus, mais le cas de figure semblait impossible, même un sortilège d'imperium ne suffirait pas à le convaincre, mais il y avait certainement d'autres opportunités, d'autres méthodes. Et à deux, ils pourraient trouver une solution qui saurait ne compromettre ni la vie de l'un, ni celle de l'autre.

-On va trouver. Je vais trouver.

"On" valait mieux que "je". Despina avait confiance dans l'intelligence de son père, elle l'avait d'ailleurs toujours admiré au nom de cette même intelligence, mais elle ne voulait pas le laisser prendre les décisions seuls. Leurs idées combinées étaient dans tous les cas préférables, et au-delà de ça, la jeune femme avait besoin de ça.

Elle pensait que c'était une chose que son père avait en effet cerné. Elle devait trouver la force et l'énergie de se battre, et pour ce faire, les moyens n'étaient pas si nombreux. Il fallait qu'elle ait une motivation, et cette motivation était évidente, c'était son fils. Il lui fallait des moyens également, et pour cela, elle voulait se perdre dans l'océan de possibilités qu'ouvrait pour elle un père qui se battrait corps et âme pour la sortir de prison.

-De cette manière ou d'une autre, c'est Orpheus qui sera bientôt à ta place, tu as ma parole. Si je ne lui réserve pas un sort pire encore. Avec les nouvelles informations que j'ai à son sujet, il ne fera pas long feu.

Elle n'était pas étonnée d'entendre prononcer le nom d'Orpheus. Tout comme elle, il devait bien savoir combien impossible, ou du moins difficile, sera la perspective de suivre les projets de Kenneth en mettant Orpheus à la place de Despina.

Mais ils ne pouvaient définitivement qu'être d'accord avec ce point précis tous les deux : il fallait que son mari, cet homme qu'elle avait du mal à croire avoir été capable d'épouser et à qui elle ne devait qu'une seule belle chose, à savoir son fils, finisse à Azkaban, qu'il endure ce qu'elle-même devait endurer depuis de trop longs moins à présent, au point d'avoir parfois le sentiment de perdre la raison.

"Les nouvelles informations ?"

Il aurait dû commencer par là ? Elle savait que l'on enquêtait sur Orpheus par bien des fronts, légaux ou non, mais jusqu'alors, rien de probant n'avait pu être invoqué à son encontre.

Est-ce que ça avait changé ? Elle savait bien qu'elle devait à tout prix éviter de se faire des idée. La déception serait la pire des émotions qu'elle puisse supporter à l'heure actuelle, mais s'il y avait quelque chose, quoi que ce soit, elle voulait l'entendre et s'en réjouir.

-C'est encore frais, et on manque de preuves tangibles.

Kenneth modérait son propos, ce qui n’avait rien d’une grande surprise pour Despina, elle se doutait que s’il y avait quoi que ce soit de vraiment plus précis, de certain, son interlocuteur n’aurait pas à s’embarrasser de détour, et d’ailleurs, peut-être qu’elle serait déjà sortie de prison, ou du moins Orpheus incriminé et Amos préservé de sa rage qui finirait par lui devenir meurtrière, sous couvert de protection.

Alors elle se doutait que l’information était neuve, sinon il la lui aurait déjà dite, tout comme elle se doutait que les preuves ne devaient pas se bousculer au portillon, mais les preuves se trouvaient dès l’instant où l’on savait où chercher. Et ça s’inventait, si elles devaient vraiment rester hors de portée. S’il fallait des manigances de la sorte pour les libérer de ce fardeau, elle y était prête. Sans la moindre hésitation. Elle connaissait ses priorités.

-Mais il semblerait qu'Orpheus ait rejoint un groupe de mages noirs... celui auquel tu penseras forcément. Et si c'est le cas, non seulement il finira derrière les barreaux, mais il ne sera pas près d'en sortir.

Donc, Orpheus aurait rejoint les mangemorts ? Despina en avait beaucoup entendu parler, forcément. Pas avant son enfermement, mais depuis. Plusieurs des prisonniers qui occupent des cellules proches de la sienne ont été arrêté pour avoir tué et détruit au nom d’un nouveau mage noir, présumé successeur de Grindelwald, et qui se faisait appeler Lord Voldemort. Est-ce qu’il était possible qu’Orpheus en soit lui aussi ?

Despina n’avait pas à forcer très loin l’imagination pour admettre que la chose était infiniment probable, en effet. Après tout, il n’avait jamais dissimulé la radicalité de ses idées, des idées qu’il appliquait au quotidien, ces idées mêmes qui le rendaient si infiniment dangereux pour ses proches, et pour son propre fils.

Est-ce qu’il était capable de tuer au nom de cette cause ? Oui. Despina n’aurait pas parié sur le fait qu’il l’avait déjà fait, en revanche, elle n’avait pas le moindre mal à croire qu’il tuerait Amos sans hésiter, même une fraction de seconde, quand il aurait passé le cap de ses onze ans. Alors c’était peut-être le moyen de le coincer. Un nouveau moyen. Despina se sentait tout à coup plus sereine encore. Elle ne l’aurait pas cru possible.

"Et tu penses que tu peux récupérer des preuves facilement ?"

Elle ne doutait pas qu’il faisait tout son possible pour cela, mais est-ce que ça suffirait ?

-Je ne vais pas te répondre que ça va être simple, mais il s'avère que je connais plutôt bien celui qui s'est proclamé maître de ce groupe de mages noirs, alors je devrais être capable de lui soutirer des informations.

Non, il ne pouvait pas lui répondre que ça allait être simple, en effet. Il y avait des promesses qu’il était impossible de faire sans qu’elles passent immédiatement pour des mensonges éhontés. La promesse que quoi que ce soit puisse être vraiment facile, aisé, au point où ils en étaient, ne pouvait qu’être manipulatoire, mais Kenneth Barjow ne lui faisait pas cette offense.

Elle savait que s’il y avait bien une personne, en ce bas monde, qui ne chercherait pas à se jouer d’elle dans les grandes largeurs, c’était son père. Les autres, même ceux qui semblaient armés des meilleures intentions, comme Dosia ou Nobby – ou même Hermès -, pourraient bien finir par la décevoir. Pas son père. Jamais son père.

Et même si cette piste qu’il comptait poursuivre était visiblement sinueuse, il restait tout de même sûr de lui quant à la manière de s’y prendre. Et pour cause, semble-t-il qu’il connaissait personnellement la personne à la tête de cette nouvelle organisation de mages noirs. Et sur ce point, Despina avait des milliers de questions.

Déjà, elle se demandait quelle pouvait être l’identité de ce nouveau leader. Elle en avait entendu parler plus d’une fois entre les murs d’Azkaban, mais elle ne savait rien de lui malgré tout. Elle s’interrogeait, elle se questionnait, et ce n’était semble-t-il pas aujourd’hui qu’elle allait cesser de s’interroger, même si elle voudrait avoir le temps de poser à son père toutes les questions qu’elle souhaitait.

Car au-delà du reste, elle avait aussi besoin de se rassurer. Ce nouveau leader, qui qu’il soit, était forcément un sorcier redoutable, ce qui signifiait que son père pouvait éventuellement se mettre en danger en frayant avec lui, surtout si ça devait être pour finir par trahir un de ses sbires. Elle voulait qu’il prenne des risques pour elle, car c’étaient des risques également et surtout pris pour Amos, et qu’ils n’avaient pas d’autre choix que de les prendre s’ils voulaient progresser. Mais elle ne voulait pas non plus que son père mette sa vie en jeu.

« Dis-moi… »

Despina n’eut pas le temps de finir sa phrase. Un gardien annonçait la fin du temps de visite. Et Despina était rappelée à la cruauté d’un quotidien dont son père l’avait temporairement distraite. Elle allait devoir accepter ce qui était. Elle poussa un soupir silencieux. Et planta son regard de son père.

« Reviens me voir vite. »

Elle savait qu’il le ferait. Mais elle avait quand même besoin de l’entendre.