Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore. [Eve]

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

Billy devait avoir l'air d'un crétin fini, en cet instant, et il en avait bien conscience, ce qui était encore pire que de se contenter d'être juste un crétin qui s'ignore. Il enviait ceux qui étaient capables de se taper l'affiche sans éprouver de scrupule, et en même temps ne voudrait ressembler à aucun d'entre eux. Billy aimait être en total contrôle de l'image qu'il renvoyait aux autres. En contrôle de tout, en fait. Et ce n'était pas franchement probant à l'heure actuelle...

Il ne faisait rien de remarquable et de honteux, certes, mais il restait là, face à cette devanture, planté comme un piquet, et il ne bougeait pas, et pour Billy Stubbs, ça suffisait à faire de lui un idiot fini. Parce qu'indécis. Et parce qu'une part de lui avait peut-être un peu plus les jetons que ce qu'il avait bien envie d'admettre. Avoir les jetons, quand on s'appelait Billy Stubbs, ça ne se faisait pas, ça n'existait pas, un point c'est tout. Mais voilà où il en était.

Planquée entre une librairie à la devanture peu engageante et une boutique en décrépitude, tout Charing Cross Road lui passait devant sans rien en avoir affaire. Est-ce que c'était de la magie ? Est-ce qu'il fallait savoir que c'était là pour le voir, ou bien est-ce que ce fichu bouge n'intéressait vraiment personne ? Va savoir, mais se dire que cet endroit était peut-être l'accès le plus facile pour un Moldu, vu que c'était le nom dégradant qu'on leur donnait, apparemment, pour se rendre du côté des sorciers, c'était à la fois risible et sinistre. Mais bon, il allait bien falloir qu'il se décide, au bout d'un moment.

On avait beau lui avoir mis sous les yeux des preuves très tangibles, il y avait des réponses qu'il devait obtenir de lui-même, sans qu'elles viennent à lui directement, trop facilement. Il n'était pas un flic, et un bon (oui il se jetait des fleurs, tant qu'à faire), pour rien. Et donc, si cette enquête n'avait pas de rapport avec ses investigations officielles (encore que...), il comptait bien malgré tout au fond des choses.

Il jeta un regard autour de lui, prêt à tenter le coup, quand il reconnut une silhouette familière. Le monde était petit. Ou plutôt, Londres était petite. Il adressa à Eve un signe de la main, accompagné d'un sourire. Il n'était pas toujours aussi avenant, mais il avait appris à considérer Eve comme une amie. Même s'ils ne s'étaient pas vus depuis des lustres, tous les deux. Et Eve était relativement... insaisissable dans son genre, sur pas mal de points.

"Eve ! Quelle surprise, ça faisait un bail ! Comment vas-tu ?"

Ʃkaemp はは

❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreEve n’aime pas le monde sorcier. Paradoxal pour une jeune femme travaillant et vivant dedans. Pourtant, le monde sorcier, malgré tout ses avantages lui rappelait trop souvent les privilèges d’un monde qui refusait de voir ce qui se passait autour de lui. Plus jeune, elle avait, comme toute née-moldue été émerveillée par Poudlard et les possibilités que la magie pouvait offrir. Les années passant, elle s’était interrogé sur l’utilité de posséder un pouvoir si merveilleux et de ne pas le mettre au service d’autrui. Elle en avait conclu que c’était de l’égoïsme et un manque de courage qu’elle ne pouvait décemment pas tolérer. Alors elle était partie avec ses interrogations, ses blessures, sa rage et elle avait continué son combat de son côté dans le monde auquel elle pensait réellement appartenir, peu importe ce qu’elle pouvait faire à l’aide d’une baguette.

Si elle était revenue dans le monde sorcier pour continuer le travail dont l’avait chargé le MI5, elle préférait pourtant passer son temps libre dans le monde moldu. Elle s’y sentait à sa place plus qu’ailleurs et même si Londres portait encore les stigmates de la guerre, elle préférait mille fois s’y promener que sur le Chemin de Traverse. C’est sur Charing Cross que son dévolu s’est jeté aujourd’hui puisqu’elle a prévu de faire le tour des magasins de livre. Eve, lorsqu’elle ne travaille pas, aime sa solitude, ce moment où le masque tombe et qu’elle peut être simplement une jeune femme anonyme parmi tant d’autres se baladant dans la capitale. Elle apprécie les librairies où son père l’entraînait le samedi matin, lorsqu’il était encore en vie, avant d’aller se balader le long de la Tamise.

Prise dans ses souvenirs d’enfances, elle ne remarque pas tout de suite qu’on lui fait signe. Elle a peu d’amis, peu de connaissances et même une vie sociale assez réduite en dehors ce qu’impose son rôle d’espionne. Elle met donc un moment avant de reconnaître Billy et son visage s’éclaire brièvement en un sourire avenant. Elle lui fait un signe avant de le rejoindre et le salue amicalement.

- Bien et toi ? Tu n’es pas en service ?

Si Eve a peu de véritable amis, c’est parce que la nature même de son travail lui laisse peu de choix. Il n’existe pas d’amitié qui ne demande d'honnêteté et la jeune femme en a peu à offrir à qui que ce soit. Elle a bien de vieux amis de Poudlard ou des gens qu’elle a côtoyés quand elle était dans la Résistance et du SOE, mais ils ne sont pas nombreux à être resté en vie après des années de guerre. Billy est différent, ils se sont connus alors que l’Angleterre allait remporter sa victoire et ils ont brièvement collaboré, Eve fournissant des renseignements à la police en étant présenté comme une “résistante”. Leur collaboration terminée, ils sont resté bons amis, même si le retour d’Eve dans le monde sorcier ont rendus leur rencontre plus espacée.

- Tu cherches un livre ? J’allai faire le tour des libraires.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

Billy hocha la tête de droite à gauche alors qu'Eve lui demandait s'il était en service, ce qu'il estimait être bon signe, car cela signifiait peut-être que son interlocutrice avait un peu de temps à lui consacrer. Ils ne s'étaient pas vus depuis un bail, tous les deux, autant dire qu'ils avaient forcément pas mal de choses à rattraper, et même si ce n'était pas du tout prévu à son programme de la journée, le policier avait bien l'intention de lui consacrer ce qu'il avait de temps en rab pour rattraper le temps perdu.

-Non, je travaillais sur... un dossier personnel, on va dire, dit-il en tournant une fraction de seconde son regard vers la devanture de ce pub qui devrait donc attendre avant que Billy ne choisisse d'y mettre les pieds. Il n'était pas aux pièces, de toute manière. Et il était même possible que le constat sur place soit décevant, alors il pouvait bien prendre son mal en patience. Mais ça peut bien attendre, décréta-t-il pour faire comprendre à Eve qu'il avait tout son temps à lui consacrer - si elle-même avait la possibilité de lui consacrer le sien.

Elle avait l'intention de faire le plein de livres, ce qui devait vouloir dire qu'elle non plus ne travaillait pas ou en tout cas n'était pas particulièrement pressée non plus. Même si elle ne lui offrait pas forcément le programme le plus alléchant au monde, selon ses standards bien à lui en tout cas. Parce que les librairies et lui n'étaient pas de grands amis. Sans forcément de vraie raison à cela. Juste un désintérêt total de la part de Billy qui ne lisait qu'avec la plus grande modération en règle générale.

-Moi et les bouquins, c'est pas le grand amour, mais si tu en as pas pour longtemps, je peux t'accompagner avant de t'offrir un verre ?

Il survivrait bien au fait de mettre un pied dans une librairie, du moment qu'ils n'y restaient pas pendant des plombes, et pour le reste, partager un bon moment autour d'un verre avec Eve, si elle en avait le temps et la possibilité, afin de se mettre à la page sur la vie de l'autre, ce ne serait pas du luxe, et ça lui ferait surtout plaisir. Et quand la compagnie de quelqu'un lui faisait plaisir, c'était suffisamment rare pour être constaté.

Ʃkaemp はは

❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreDes plans pour l’après-midi, Eve n’en a pas vraiment. Oh, si elle cherche bien, il y a toujours quelque chose à faire. Une pige pour la Gazette, un reportage à couvrir pour la radio ou simplement des missions pour la résistance, mais elle n’a envie de rien. Elle se sent lasse et pour un jour, elle veut simplement être une londonienne tout ce qu’il y a de plus normal. Faire semblant d’être à nouveau moldue et simplement flâner dans les magasins en dépensant un argent qu’elle n’a pas et qu’elle regrettera de ne pas avoir garder plus tard, mais qu’importe, les plaisirs de la vie ne sont pas nombreux, en particulier pour Eve.

Sa rencontre avec Billy tombe donc à pic et elle a bien l’intention d’en profiter pour passer un peu de temps avec son ami. Alors qu’importe les livres, ce n’est rien d’urgent et elle pourra bien faire ça plus tard. Elle lui prend le bras familièrement et lui offre un sourire.

- Pas besoin, j’y allais juste pour flâner, je peux très bien le faire après, les librairies seront toujours ouvertes tandis que toi, tu risques bien d’être occupé, autant saisir l’occasion quand elle se présente.

Elle regarde autour d’eux et s’il y a bien des boutiques de livres, il y a également quelques pubs. Par habitude, parce que les hommes qu’elle fréquente aime choisir, elle se tourne vers Billy en quête de son avis.

- Je te laisse choisir où tu m'emmènes, je suis sûre que tu connais le quartier mieux que moi !

C’est probablement le cas. Si même pendant le Blitz, les bars n’ont pas fermés, preuve du désir des anglais de ne pas se laisser abattre par l’ennemi, ça n’a pas empêché leurs propriétaires et les pubs de changer. Or depuis deux ans, Eve fait sa vie dans la partie sorcière du monde tandis que la capitale se reconstruit. A chaque fois, c’est le choc et elle a l’impression de ne plus reconnaître la ville dans laquelle elle a grandit.

- Enfin si je ne te retarde pas trop dans ton dossier. Tu as souvent des enquêtes personnelles à mener ?, demande-t-elle curieuse.

Eve a toujours été curieuse, ça n’a rien de neuf et maintenant qu’elle y pense, c’est qu’il avait un air un peu préoccupé. Elle aimerait en savoir plus, mais n’ose pas le demander frontalement, alors elle décide tout simplement de proposer son aide.

- Je peux t’aider peut-être ? Tu sais que j’ai du talent pour obtenir des informations, ajoute-t-elle avec un clin d’oeil.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

Billy avait toutes les peines du monde à concevoir que l'on puisse faire les choix très conscient de consacrer son après-midi à "flâner dans une librairie", ce serait pour lui l'occupation la plus morose et la plus laborieuse au monde. Enfin, chacun ses goûts. Il n'allait pas le dire directement, même si Eve le connaissait assez pour le deviner, mais cela l'arrangeait particulièrement bien de sauter directement l'étape lèche-vitrine de librairies pour, à la place, boire un verre entre amis.

Billy ne se fit pas prier pour choisir le lieu où ils pourraient aller boire leur verre. Même si la tentation était grande de la conduire directement dans le pub où il avait sa propre enquête à mener, il choisit de s'orienter ailleurs. Tant qu'il n'avait pas pris la pleine mesure de ce qu'il investiguait, il préférait ne mêler personne à cela, y compris Eve, même son regard sur la situation aurait en réalité pu lui être plus qu'utile. Il jeta donc son dévolu sur un pub convivial qu'il avait fréquenté quelques fois sans y avoir ses habitudes.

-Je le sais bien, je n'ai pas oublié, répondit Billy quand Eve, fidèle à elle-même, toujours aussi curieuse, proposa de lui apporter son aide dans l'enquête très personnelle qu'elle menait. Et ton aide ne me serait sans doute pas inutile, mais c'est encore trop tôt pour que je t'en dise plus. Si tout ce qu'on m'a dit doit vraiment se confirmer alors... Il esquissa un sourire. Même avec beaucoup d'imagination, et je sais que tu en as, je crois bien que tu ne me croirais pas.

Ce qui était normal, même Billy, avec toutes les preuves qu'il avait déjà rassemblées, avait encore du mal à admettre que tout ça était bien réel. Et au-delà de ce que cela l'obligeait à remettre en question concernant ses préconçus (très nombreux), il y avait le champ d'action qui deviendrait le sien ensuite. Bref, il avait le pied au-dessus d'un bourbier sans fond, et vu comme il était parti, il allait sûrement finir par s'y engouffrer jusqu'au cou. Entraîner d'autres personnes là-dedans ne lui posait qu'un maigre cas de conscience morale... Mais Eve n'était pas n'importe quelle autre personne.

Ʃkaemp はは

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❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreS’il y a quelque chose que Eve a toujours apprécié chez Billy, c’est sa franchise. D’autres y verront un manque de forme impardonnable ou encore une rudesse désagréable, mais Eve y trouve un certain soulagement. Elle apprécie cette façon sans détour de faire connaître ses opinions et ses envies. C’est quelque chose qui facilite grandement leur relation et dès lors, avec son ami, elle sait toujours sur quel pied danser. Ne pas aller faire ses courses ? Elle n’y voit pas de sacrifices si ça lui permet de passer un peu de temps en bonne compagnie, ce qui est rare ces derniers temps. Entre les gens de la Gazette du Sorcier au pied de Pollux Black ou les mangemorts peu recommandable comme Rory Callahan, on ne peut pas dire qu’elle fréquente la crème de la crème.

Elle le suit dans un pub qu’elle ne connaît pas. L’endroit est convivial et elle repère d’entrée les habitués de l’endroit. Ils s’installent et Eve regarde d’un air distrait le choix des boissons pendant qu’elle rappelle à son compagnon son talent pour aller à la pêche aux informations. Bien entendu, il ne l’a pas oublié, mais il décline sa proposition, pour le moment en tout cas. C’est qu’il a l’air fort sérieux et ça intrigue d’autant plus Eve. Si elle blaguait quelques secondes avant, badinant agréablement, elle est désormais plus sérieuse.

- C’est que tu m’intrigues réellement, tu sais. J’ai l’impression qu’avec ce qu’on a vu ces dernières années, il n’y a rien qui pourrait me surprendre.

Pour leur âge, comme beaucoup, ils ont vus les horreurs de la guerre et ça reste quelque chose qui a profondément marqué Eve. Elle qui a voyagé sur le continent a également vu ce que le reste de l’Angleterre n’a pu qu’imaginer alors elle a bien du mal à envisager qu’il puisse y avoir autre chose. Pas un seul instant, elle ne pense à la chose la plus évidente : les sorciers.

- Ce n’est pas quelque chose de grave au moins ?

Le secret magique connu d’un moldu autre que le Premier Ministre ? Non, qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de grave après tout. N'y pensant pas, elle essaie d'imaginer sur quoi pourrait bien enquêter Billy, mais rien ne vient. Elle voudrait insister maintenant que ça curiosité a été titillée, mais elle n'ose pas de peur de braquer son ami. A la place, elle décide de parler d'autre chose, comme si elle ne voulait pas en savoir plus.

- Tu bois quoi ? Je vais commander.

Tant qu'à se voir une fois tous les six mois, autant aroser correctement et on dit toujours que les langues se délient avec l'alcool.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

Billy doit bien plaider coupable, il sait qu'il ne fait pas grand-chose pour dissiper la curiosité de son amie. Pas parce qu'il caresse le projet de lui apprendre quoi que ce soit, mais parce que, justement, faute de pouvoir en dire plus, il a au moins besoin d'exprimer, en surface, ce que cette situation représente pour lui. Parce qu'il ne peut au fond en parler à personne. Ses collègues le feraient interner direct, et à raison, ses amis se comptaient sur les doigts d'une seule main.

Il y avait bien Amy, bien sûr, Amy qui était tout aussi concernée que lui par toute cette histoire, mais Billy, dernièrement, ne pouvait pas chercher à tomber sur elle sans tomber nez à nez avec l'autre crétin de Dennis, alors bon... S'exprimer sans rien dire, c'était toujours une option. Et ce n'était pas la pire des options, dans le fond. Même si pas la meilleure non plus, c'est sûr.

-Je vais prendre une bière, répondit Billy quand Eve lui demanda ce qu'il avait l'intention de boire.

Quitte à boire un coup tous les deux, autant faire dans l'alcoolisé. Billy pouvait se le permettre, il n'était pas en service. Et quand Billy n'était pas en service, définitivement, il se le permettait, personne ne pourrait dire le contraire. Billy attendit qu'Eve ait passé commande et soit revenue auprès de lui pour reprendre la parole.

-Pour répondre à ta question, y a moyen que ce soit grave, ouais, mais j'en suis pas totalement sûr encore.

Oh et puis zut. Il n'allait pas gâcher la soirée en prononçant le mot "sorcier" pour se faire dévisager comme s'il était un psychopathe, mais il pouvait quand même se permettre d'être un chouias plus précis, ça n'allait tuer personne. En théorie en tout cas. Il peut au moins commencer avec ce qui est à l'origine des découvertes qui ont remis en question jusqu'à ses fondamentaux en balayant d'un coup sec une bonne part de ses certitudes.

-C'est au sujet d'un type qui était à l'orphelinat avec moi... un raté de première... Pour ça que je me dis que je perds sûrement mon temps, mais j'ai entendu deux-trois rumeurs à son sujet, alors j'aime mieux vérifier, juste au cas où.

Ʃkaemp はは

❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreAutour d’eux, les gens ne font pas attention à eux. Ils ne sont que deux jeunes gens venant prendre un verre probablement pendant leur pause. Rien de plus banal dans le fond et c’est vrai que pour une fois la situation est profondément banale pour Eve. Quand on travaille comme elle le fait, chaque situation, aussi anodine soit-elle est un exercice d’équilibriste. Il faut se souvenir de ce qu’on est sensé être de ce que les gens savent à notre propos. Un situation épuisante qui demande une attention constante de la part de la jeune femme. Avec Billy, elle peut être elle-même parce qu’ils se connaissent depuis longtemps et qu’il n’a jamais posé de question embarrassante sachant d’emblée qu’il y a des choses qu’il ne peut pas savoir. Ca rend leur relation reposante et probablement bien plus honnête que bien d’autres que Eve entretient.

Finalement, c’est deux bières que l’ancienne Serdaigle ramènent à table. Elle tend la sienne à Billy et trinque avec lui tandis qu’ils poursuivent leur discussion. Comme elle s’en doutait, son ami ne lui dit pas grand chose si ce n’est que la situation est potentiellement grave.

- Hmm, je vois, encore des recherches à faire, je suppose !

Elle boit une gorgée de bière tandis qu’elle écoute la suite. Billy parle peu de l’orphelinat. En tout cas, pas avec elle. Elle-même évoque très peu sa famille, il y a des choses dont on préfère ne pas parler.

- Un type de l’orphelinat ? Un raté, pourquoi ?

Certes, Billy n’est pas connu pour son coeur tendre. Après tout, la vie ne l’a pas été avec lui, mais de là à parler de raté, elle trouve le mot un peu fort. Elle a déjà proposé son aide à Billy et même si elle ne semblait pas sérieuse, il sait qu’il peut compter sur elle au besoin. Bien entendu, Eve est bien loin de se douter que le type sur qui enquête Billy est probablement plus dangereux que celui qui à réduit l’Europe à feu et à sang quelques années auparavant. Distraitement, elle approuve donc sa démarche sans savoir à quel point il est essentiel qu’il en vienne à bout.

- Tu as raison, on ne sait jamais, ça pourrait être important et puis au pire, si ce n’est pas le cas, tu auras l’esprit tranquille.

Allons bon, comme s’il leur arrivait d’avoir vraiment l’esprit tranquille.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

Des recherches à faire, c'est le moins qu'on puisse dire. Et pas qu'un peu. D'autant plus que même lui savait à peine ce qu'il cherchait au bout du compte. Ni même où le chercher. Avoir quelques pistes ne voulait pas dire qu'il savait forcément comment les poursuivre. Même si, en tant que flic, il avait au moins l'intuition. Et ce ne serait pas du luxe de mettre cette intuition à profit. Donc là-dessus, il ne dit rien de plus et se contenta de hocher la tête tout en buvant une gorgée de sa boisson.

Il ne parlait que rarement de l'orphelinat. Et pour cause, ce n'était pas une période de sa vie dont il avait envie de se souvenir. C'était toujours un sujet qu'il évoquait en surface, mais sans jamais rentrer dans les détails, en prenant soin d'en dire le moins possible. Généralement, ça se résumait à "mes parents sont morts, j'ai grandi dans un orphelinat", fin de l'histoire, voilà. Alors il ne fallait pas s'étonner que Eve ne sache pas grand-chose de tout ça. Et elle n'avait pas besoin d'en savoir plus, en vérité. Son expérience à l'orphelinat lui avait forgé le caractère, mais ce n'est pas pour autant qu'il s'épanchait dessus constamment. Et pourtant, au fil des questions de son amie, il cédait à la tentation de parler de ce dont il ne parlait pas d'ordinaire.

-C'était un type vraiment bizarre, le genre tordu. Il avait pendu mon lapin à une poutre, tu vois le genre de cas...

Un psychopathe en puissance, donc, et pourtant, Billy ne l'avait jamais pris au sérieux. Il ne l'avait jamais pris au sérieux avant que le monde entier ne cherche à le mettre en garde contre Tom Jedusor, avant qu'on lui fasse comprendre que la sorcellerie existait, et que ce raté de Jedusor était un sorcier. Et certaines choses faisaient du coup sens et d'autres plus du tout, et Billy ne savait juste pas quoi déduire exactement de tout ça. Il devait remettre ses idées en ordre, Eve l'y aiderait peut-être.

-Visiblement, il s'est lassé des rongeurs et il serait passé... au niveau supérieur.

C'était un résumé des faits qui omettait bien des choses, mais il ne pouvait pas en dire plus.

Ʃkaemp はは

❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreIl y a quelque chose d’agréable dans ce moment de pause qu’Eve s’offre au côté de Billy. Au quotidien, les journées sont généralement trop chargée que pour avoir l’occasion de se poser et de profiter d’un instant de calme. Jamais tout à fait au repos, la jeune femme a généralement l’esprit en ébullition et ne peut s’empêcher de penser à la mission qui lui est assignée. Si elle est habituée, depuis des années, à jouer différents rôles et à espionnier, elle n’a jamais eu une mission aussi complexe. Revenue dans le monde sorcier sous sa réelle identitée, elle se sent nue et bien plus exposée qu’elle ne l’était pendant la guerre. A la fois dans la résistance, mais aussi agent pour le MI5, elle se sent parfois étouffée par ses couvertures qui n’en sont pas une. L’envie de se dépouiller de ses oripaux pour simplement redevenir une jeune femme insouciante de 26 ans.

Les gens comme Billy sont précieux pour Eve. S’ils sont peu nombreux dans sa vie, ils n’en sont pas moins essentiel puisqu’ils lui rappellent qu’elle a le droit d’avoir une vie. Attaché à son passé, parfois - mais trop rarement - de nouvelles connaissances, ils lui permettent de lâcher prise et de penser à autre chose. L’histoire de son ami, si elle semble “banale” dans le fond n’en passionne pas moins Eve pour autant.

Quoi de mieux qu’une simple histoire policière. Evidemment, c’est parce que Billy ne lui dit pas tout. Difficile de penser, impossible même, qu’il puisse être en train de faire des recherches sur le monde sorcier et que l’homme dont il parle soit en réalité un des poins d’intérêt de la jeune femme. La description qu’il lui en fait est d’ailleurs de nature à tirer une grimace à l’ancienne Serdaigle.

- J’en ai connu beaucoup des types comme ça...

Au SOE, la plupart des gens avaient été recruté pour leurs qualités particulières sans égard pour leurs antécédants. La-bas, on avait fait tabula rasa et elle avait parfois eu pour partenaires d’anciens criminels notoires aux habitudes plus que douteuses. Ce genre de comportement, elle les avait retrouvés dans les deux camps et dans le fond, la seule chose qui les différenciaient les uns des autres était la cause pour laquelle ils battaient.

- Mal canalisé, tu te retrouves avec des connards comme ceux qui nous ont attaqués pendant la guerre.

Autant dit que ça ne laisse présager rien de bon. Néanmoins, elle reste intriguée, il y a tout de même l’air d’avoir une rancunne personnelle la dessous et la jeune femme ne manque pas de le souligner.

- Pourquoi ton animal en particulier ? Il avait quelque chose contre toi ou il aurait pu prendre le premier animal qui passait simplement parce qu’il devait satisfaire une pulsion ?

La suite ne la surprend, hélas, pas plus que ça. Lorsque l’on travaille pour garder les gens en sécurité, on s’apperçoit que le nombre de cinglés parcourant les rues est beaucoup plus important qu’on ne le pensait à la base.

- Tu as des preuves ? Je veux dire, s’il s’attaque aux gens, ce type ne peut pas rester libre.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

Billy n'était pas surpris d'entendre que dans son milieu, elle en avait connus beaucoup, des types du genre. Il voulait bien croire que c'était le genre de la maison, en effet, raison pour laquelle, en vérité, elle pourrait peut-être l'aiguiller. Billy s'estime bon flic, en revanche pas bon psychologue, et c'était clairement un truc qui lui manquait, dans tout ça. Il savait qui était l'ennemi. En revanche, pour ce qui était de le comprendre, c'était pas ça du tout, mais alors vraiment pas, et c'était un gros manque, c'était clair et net. Ce qui est sûr, c'est que dans le genre "mal canalisé", Tom Jedusor se posait là, c'était évident.

-Il pouvait pas me blairer, c'est clair, mais je suis pas le seul à qui il s'en est pris à l'époque, il a traumatisé un paquet de gamins.

Enfin, un certain nombre. Le coup du lapin (jeu de mot involontaire), c'était définitivement parce que Billy lui en avait flanqué une le matin même, mais gamin-Jedusor n'avait pas forcément eu besoin de ça pour être un gros détraqué. Amy et Dennis, eux, n'avaient sûrement rien fait du tout (c'est pas comme si Dennis était capable de prendre des initiatives et Amy... bon, c'était Amy, quoi), et pourtant, c'était apparemment ceux qui avaient morflé le plus. Rien n'était dit, rien n'était sûr, mais fallait pas être un fin limier pour le comprendre non plus, à ce stade. Lors de cette fichue sortie au bord de la mer, les trois s'étaient éclipsés sans que personne sache où ils se trouvaient, et à leur retour, ils étaient si terrifiés et mutiques qu'on aurait dit qu'ils avaient vu le diable en personne. Au bout du compte, c'était sans doute vrai. Ou quelque chose dans ce goût-là.

-Et non, j'ai pas de preuve. Enfin, rien de vraiment exploitable. Il n'avait que le témoignage de quelques illuminés (enfin, des sorciers quoi), et soumettre une enquête à ses collègues en parlant hiboux, chaudrons et il ne savait quoi encore, ça la foutait mal. C'est ce que je cherche, justement. J'attends d'avoir du concret pour passer à la phase suivante.

Et quand ce serait fait, là, il passerait à une vitesse supérieure. Alors oui, il savait que d'autres, peut-être plus capables, étaient déjà sur le coup. Mais ce serait une sacrée fierté personnelle d'être celui qui lui mettrait la main dessus.

Ʃkaemp はは

❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreOn trouve des détraqués, maniaques et gens dangereux de tout temps. Souvent, il n’y a pas grand chose qui les sépare des gens dit normaux. Tristement, c’est parfois simplement le jeu du hasard, d’autres parents, une autre éducation, l’absence d’un événement traumatisant. Qui sait ce que certains auraient pu faire ou devenir si leur vie avait été différente. Et puis on trouve les vrais psychopathes. Ceux dont l’existence est un danger pour tous. Même une main tendue n’aurait pu y changer quoique ce soit et la seule alternative reste l’enfermement où la mort.

Difficile de se dire que les enfants peuvent appartenir à cette catégorie de personne tant on les associe à l’innocence. Pourtant, Eve a déjà vu -comme beaucoup de sa génération - la noiceur que peut contenir l’être humain. Ils ont appris que la cruauté ne se souciait ni de l’âge, ni de l’origine ou de la confession. Elle existe partout et est une maitresse exigeante. Qu’un enfant ait pu en traumatiser durablement d’autres ne semblent donc plus si étonnant que ça.

- Pour sa défense, il y a pas mal de gens qui ne peuvent pas te blairer et vice-versa, commente-t-elle avec un sourire amusé.

On ne peut pas dire que Billy soit très sociable et facile d’accès, les gens le perçoivent et lui ne s’intéressent pas à eux ce qui donne parfois des situations cocaces. Si Eve peut se permettre d’en rire, c’est parce qu’elle fait partie de ceux qui compte, une distinction à laquelle la jeune femme est particulièrement sensible.

Plaisanterie mise à part, elle se doute que la situation doit frustrer Billy. Quoi de pire pour un policier que de savoir quelqu’un coupable, être conscient qu’il est dangereux pour la société, mais ne pas avoir assez de preuve que pour pouvoir activer la grande machine judiciaire. Si comme, Billy, Eve est du côté de la justice, souvent, dans son métier, la fin justifie les moyens. A un autre, Nobby par exemple, elle n’oserait jamais proposer ce qu’elle envisage de dire à son ami. Bill, c’est différent, elle le pense assez ouvert d’esprit pour ne pas mal prendre la chose.

- Si tu es sûr de toi, vraiment, est-ce qu’il n’y a pas moyen de créer des preuves ou de le piéger ?

Elle hausse les épaules avec désinvolture et ajoute :

- On sait tout les deux que parfois, la loi n’est pas toujours suffisante.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

La remarque d'Eve fit sourire Billy. C'est bien parce que c'était elle qu'il le prenait avec légèreté et ne haussait pas le ton. Parce que oui, il était comme ça, il n'avait pas un tempérament facile et avait un don inné pour se faire détester. Et réciproquement, bien sûr. Chose qui ne le dérangeait pas, au passage. Il devait s'imposer la compagnie de suffisamment de crétins au quotidien pour ne pas subir celles qu'il pouvait s'épargner. Il était exigeant et considérait l'humain comme intrinsèquement stupide, tout simplement. A quelques exceptions près tout de même, à commencer par son interlocutrice, qui le connaissait bien assez pour pouvoir pointer du doigt son fichu caractère sans se manger une remarque bien insultante en retour.

Ceci dit, Tom Jedusor n'était pas juste un crétin parmi tous les autres, c'était un crétin goldé (sûrement parce que, loin d'être un crétin, il était en fait très intelligent, trop intelligent), et les raisons qu'ils avaient mutuellement de ne pas pouvoir s'encadrer dépassaient de très, très loin ses considérations habituelles.

En tout cas, les conseils d'Eve étaient avisés, créer des preuves et le piéger, c'était évidemment très séduisant, et ce n'était pas forcément très éloigné de ce qu'il lui arrivait de faire en temps normal. Mais c'était plus compliqué... Même lui devait accepter que la justice des siens n'était pas à la hauteur du châtiment qu'il méritait. C'était... l'autre justice, qui comptait.

-Je te le fais pas dire, mais ça va au-delà du fait de lui régler son compte. C'est pas juste une petite vengeance personnelle, c'est autre chose. J'ai besoin de comprendre qui il est et tout ce qu'il a fait. Il évolue dans des sphères auxquelles je connais rien du tout, et ça me rend dingue.

Dingue de découvrir si tardivement qu'une bonne moitié de ce que le monde contient d'informations lui a échappé, qu'il existe tout un pan parallèle de ce monde dont il n'avait rien su avant il y a quelques mois. Tout ça, ça lui donnait des noeuds au cerveau. Tant qu'il n'aurait pas pris la pleine mesure de la situation et de tout ce qu'elle impliquait, il serait incapable de raisonner comme il se doit, c'était aussi con que ça.

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❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreEvidemment, Eve apprécie que Billy ne la reprenne pas de volée lorsqu’elle propose une méthode moins orthodoxe pour coincer son ancien camarade. Il faut toujours faire attention quand on propose ce genre de chose. En particulier quand c’est à un fonctionnaire de l’Etat. Néanmoins, elle sait que Billy peut être souple, peut-être parfois trop ? Mais qui est-elle pour critiquer. Sans compter qu’Eve ( et c’est pour ça aussi qu’elle apprécie Billy) préfère les gens qui peuvent penser en dehors des sentiers battus et ne pas s’offusquer à la moindre proposition.

Lorsqu’il évoque le fait qu’il ne fait pas ce qu’il fait par vengeance personnelle, la jeune femme le croit sur parole. En réalité, ça serait probablement plus facile si c’était le cas puisqu’il ne faudrait pas s’embarrasser de preuve et il suffirait d’une justice expéditive sans témoin pour assouvir sa soif de justice. Puisque ce n’est pas le cas, il faut plus de préparation et de précision, mais son ami est obstiné et elle ne doute pas qu’il arrivera à ses fins.

- Je ne pensais pas que c’était pour assouvir une vengeance personnelle, le rassure-t-elle. Il semble être assez haut placé, j’ai peut-être accès à des sphères plus hautes que les tiennes, tu sais. Je peux jeter un oeil à l'occasion.

C’est qu’avec une certaine naïvetée, elle n’imagine que Billy parle d’autres choses que des hautes sphères de la société moldue. Il faut dire que la noblesse anglaise est connue pour son espèce d’imperméabilité. Entrer en contact avec eux n’est pas difficile, mais avoir des informations, c’est une toute autre affaire. Evidemment, elle ne peut pas savoir qu’il a découvert un monde dans lequel il n’aurait jamais du tremper. Quelque chose de trop dangereux pour lui. Un monde auquel elle appartient et dont elle ne peut rien lui dire.

- Il doit bien avoir un nom ce type, non ? Comment est-ce qu’il s’appelle ?

Evidemment, elle ne pense pas connaître le nom. Elle se dit simplement que par curiosité, elle va se renseigner. Eve a quelques collègues qui travaillent dans les bureaux et nul doute qu’ils pourraient collecter quelques informations pour elle. De son côté, elle en profiterait pour voir de quoi il en retourne avant de donner les informations à Bill. Un échange de bon procédé puisqu’elle croit sans aucun doute qu’il ferrait pareil pour elle.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

Billy ne put s'empêcher d'afficher une grimace un peu moqueuse quand Eve suggéra que le jeune homme sur lequel le policier enquêtait appartenait aux hautes sphères de la société. Ce n'était pas contre elle, non, c'était plus contre lui-même. Parce qu'il se montait la tête pour un pauvre type, pour un raté. Les hautes sphères, tu parles. De ce qu'il savait, son ancien camarade d'orphelinat était vendeur dans une boutique d'antiquailleries, on faisait pas plus pitoyable, même pour un gars comme Jedusor.

Car ça écorchait la gueule de Billy de le reconnaître, mais en attendant, c'est vrai que Jedusor était pas con, comme type, et s'il admettait qu'il était pas con, ça voulait dire qu'il était diablement intelligent, le bougre... ce qui justifiait qu'il soit devenu dangereux. Mais ses choix de carrière ne faisaient aucun sens. Oui, Eve avait des relations et elle était plus à même que lui d'accéder à ces sphères qu'il ne pouvait pas lui-même escompter effleurer (on faisait mieux pour son ego, mais en attendant, c'était le cas quand même), mais les connaissances d'Eve et le réseau auquel la jeune femme a accès ne serait sans doute d'aucun intérêt dans l'affaire qui le concernait.

Billy hésita quand son interlocutrice lui demanda le nom du type en question. Elle ne voulait pas la mêler à tout ça, si ça devait ensuite avoir des répercussions sur elle... on sait jamais. Loin de se douter qu'Eve avait en effet bien plus de relations que lui, y compris dans ces autres sphères qu'il cherchait à atteindre, il commençait à se dire qu'il en avait déjà trop dit.

Clairement, il avait besoin de se confier à une personne de confiance sur la question. Mais si il commençait à lui parler de sorciers et de magie, elle allait l'imaginer bon à interner, et c'était définitivement pas lui qui irait le lui reprocher... alors il ne savait pas trop... Bon, cela dit, cracher un simple nom ne l'engageait pas à grand-chose. De toute façon, il y avait de très bonnes chances pour qu'elle ne le connaisse pas quoi qu'il en soit. Et si elle avait des infos, même ridicules en apparences, ça pourrait bien l'aider, alors.

-Tom Jedusor, un nom à coucher dehors, lui confia Billy sans réaliser que ce nom serait plus familier à Eve que ce qu'il s'imaginait.

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❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreEve voit bien que Billy hésite à lui donner le nom de la personne sur laquelle il enquête. C’est honnêtement à se demander quel personnage est son ancien camarade d’orphelinat. Du point de vue de la jeune femme, son ami fait partie des durs à cuir. Elle le connaît depuis un moment maintenant et sait qu’il exigeant envers les autres et lui-même, mais aussi qu’il n’y a pas grand chose qui l’effraie. S’il ne cache pas son désamour de l’autre (ironique quand on fait partie des forces de l’ordre), il n’affiche généralement pas de crainte à l’égard des gens. Pour que cet homme le perturbe à ce point, c’est qu’il doit y avoir quelque chose de particulier chez lui.

Ca rend Eve d’autant plus curieuse, mais elle a compris assez vite que Billy ne lui donnerait des informations qu’au compte goutte. Aussi frustrant que ça soit, elle comprend aisément sa démarche. Elle non plus, dans sa position, n’aurait probablement pas voulu en parler. Ce n’est pas tant pour elle que pour la sécurité des autres parfois. Néanmoins, Billy comme elle sont des gens parfaitement capable de se défendre seul et si elle n’a jamais vu son ami à l’oeuvre, la jeune femme est persuadée de sa dextérité.

Évidemment, une des raison reste que, tristement, on est jamais à l’abris d’une taupe. Ca pourrait sembler cruel de soupçonner des amis, mais ça reste du bon sens. Ce sont souvent les personnes les plus proches de vous qui font les meilleurs espions, sans compter qu’on peut s’apprécier et ne pas servir les mêmes intérêts. On a vu des familles déchirées pendant la guerre pour moins que ça.

Enfin, le policier se décide à lui donner un nom et quel nom. Pendant un moment, elle n’est pas sûre d’avoir bien entendu et la surprise doit se lire sur son visage tandis qu’elle répète lentement :

- Tom Jedusor…

Elle marque un temps d’arrêt. Eve ne sait pas pourquoi, mais l’idée que Billy puisse connaître ce nom la perturbe. Pourtant, elle sait que c’est en effet un sang-mêlé qui a vécu dans un orphelinat moldu une majeure partie de sa vie. Ces faits sont de notoriété publique au sein de leur groupe et elle ne devrait pas s’étonner que des moldus se souviennent de lui, mais quelle était la probabilité que ça arrive ?

Soudainement tout prend sens, mais une question embarrassante lui traverse l’esprit. Qu’a-t-il bien pu faire dans le monde moldu pour que Billy s’intéresse encore à lui des années après sa sorti de l’orphelinat ? Et surtout, elle se fait la réflexion que son ami en sait peut-être plus qu’elle ne le pense. Impossible de lui en parler sans briser le secret magique, mais elle se trouve désormais dans une position embarrassante parce qu’elle ne peut pas nier qu’elle connaît le nom tant sa surprise fut visible alors plutôt que de faire comme si de rien n’était, elle se lance dans l’arène aux lions.

- Le nom me dit quelque chose, il faudrait que je vérifie, mais il me semble qu’on le suit d’assez près.

De très, très près même.

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Billy ne s'attendait certainement pas à ce que le nom de Tom Jedusor dise quoi que ce soit à son interlocutrice. Il pensait qu'elle se contenterait d'entendre le nom en question, voire éventuellement de se renseigner, mais sans plus... Et ça aurait été logique. D'accord, les bases étaient posées : Jedusor était un homme dangereux, mais s'il était dans le collimateur de tous ces gens qui se faisaient appeler "sorciers", il lui avait semblé établi que les non-sorciers, pour leur part, ne connaissaient pas ce gars, et c'était tant mieux.

Du côté de Scotland Yard, en tout cas, et de ce qu'il avait pu fureter, il avait échappé àla vigilance de tout le monde. Mais la réaction d'Eve ne trompait pas, elle associait ce nom et ce prénom à une pensée très spécifique... et il avait vraiment besoin d'en savoir plus. Toutes les informations que Eve avait elle-même pourraient l'aider.

Même s'il était difficile d'exiger de sa part une réponse complète quand lui-même se gardait bien de lui dire ce que lui-même savait de son camarade d'orphelinat... C'était une situation épineuse... Tous deux cherchaient à protéger un secret que l'autre, en vérité, connaissait pertinemment. Et tant qu'ils n'auraient pas crevé cet abcès, il était fort à parier qu'ils feraient du sur-place.

-Pour quelles raisons ? Honnêtement, je ne pensais pas que son nom te serait familier. De ce que j'ai compris, il évolue dans des sphères vraiment très... confidentielles.

Et oui, les sphères confidentielles en question pouvaient être le domaine d'expertise des personnes telles que Eve, mais là, on parlait bien sûr d'autre chose. On parlait de sorcellerie, on parlait de magie noire, on parlait d'un empire maléfique futur si violent que l'on devait interférer au présent ce qui deviendrait chaotique dans le futur. C'était impossible à exprimer en mots, et c'était bien le soucis.

Pour savoir à quoi s'en tenir avec Jedusor, il avait besoin de mieux comprendre le monde dans lequel il avait évolué, et dans lequel il évoluait toujours, qu'il cherchait à dominer pour ensuite dominer l'autre. S'il était capable de comprendre qu'Eve pouvait en vérité répondre à toutes ses questions, il orienterait sans doute la conversation autrement.

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❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreC’est une chose dangereuse que d’évoquer Tom Jedusor avec un moldu. Parce que Billy, bien qu’il soit son ami et une personne de confiance reste un moldu. Quelqu’un qui en théorie, n’a pas connaissance du monde magique ni des gens qui y évoluent. Qu’elles étaient donc les chances que sur tous les orphelinats d’Angleterre, Billy soit placé dans le même que celui qui se fait appeler Lord Voldemort ? C’est une situation compliquée puisque la jeune femme ne sait pas vraiment quelle réaction avoir. Que sait son ami sur le chef des mangemorts ?

Maintenant qu’elle sait sur qui il enquête, le fait qu’il en dise le moins possible semble logique à la jeune femme. Logique dans l’optique où il enquête sur les actions de Tom en tant que sorcier. Selon toute logique, c’est impossible puisque le jeune homme n’est pas sensé connaître l’existence du monde sorcier. Pourtant - et c’est la première chose qu’on lui a apprise au SOE - il ne faut jamais assumer que ce qui semble impossible l’est réellement. Il faut donc qu’elle prenne en compte le fait que peut-être Bill a entendu parler du monde sorcier. Si c’est le cas, comment lui expliquer que le MI5 suit en effet Jedusor sans vendre la mèche.

Peu importe la confiance qu’elle a en son ami, l’ancienne Serdaigle peut difficilement se permettre de lui expliquer qu’elle est une sorcière. D’abord parce que si elle peut envisager le fait qu’il connaisse le monde sorcier, il y a une bonne probabilité pour que ça ne soit pas le cas. Si elle peut prétendre en avoir entendu parler, c’est seulement si lui-même le mentionne en premier. Son air embarrassé est donc loin d’être fictif quand elle hésite à lui répondre. Elle ne veut pas mentir à Billy et en même temps, elle ne peut pas lui servir la vérité sur un plateau en argent alors elle choisit d’être un peu entre les deux.

- Ce n’est pas vraiment mon affaire, mais disons qu’un collègue a déjà mentionné son nom. Comme tu dis, il évolue dans des sphères différentes on va dire. Je sais qu’il préoccupe quelque peu la sécurité intérieure par son comportement, mais je ne peux pas vraiment t’en dire plus. Au mieux, je peux éventuellement confirmer ou non certaines de tes informations si tu veux les partager.

C’est une proposition honnête. Billy, de toute évidence, mène une enquête qui n’a pas l’air fort légale. Elle ne le condamne pas pour ça, loin de là, mais Jedusor n’est pas une cible pour lui. Trop puissant, trop dangereux, trop bien entouré. Elle voudrait le décourager, mais elle sait qu’elle ne peut pas le faire, pire, elle est persuadée que son ami ne l’écouterait pas si elle tentait de le dissuader de mener l’enquête. Au mieux, elle peut tenter de surveiller l’affaire pour s’assurer qu’il ne soit pas blessé ou entraîné dans quelque chose de trop gros pour lui.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

C'était une situation intenable. Plus Eve parlait, plus Billy avait le sentiment, l'intuition, qu'elle savait, et que le secret que chacun gardait pour soi ne devait pas l'être. Mais en même temps... Si ce n'était pas le cas, si elle n'était pas au courant, fallait-il qu'il en parle ? Il se fichait vraiment du secret magique que les sorciers cherchaient à protéger... Il ne jouait définitivement pas dans leur camp. Mais il n'avait pas envie de passer pour un fou, un illuminé, et c'est ce qui arriverait s'il disait tout.

A moins qu'Eve ne sache déjà tout ça. Quand elle parlait de "sphères différentes", c'était encourageant. Mais pas assez... Alors qu'est-ce qu'il fallait faire ? Ils risquaient fort de tourner en rond encore longtemps. Et Billy détestait ce sentiment de stagner, de faire du surplace. Ce sentiment-là était insupportable. Il l'avait trop connu dans sa pourtant courte carrière... qui lui avait également appris que parfois, il se fallait d'un rien pour qu'une situation se débloque. Alors autant... y aller au culot ? Oui.

Si Eve ne savait rien, il serait toujours temps de prétendre à une blague stupide (même si ce n'était pas vraiment son genre de faire des blagues)... mais au moins il serait fixé une bonne fois pour toutes. Les informations qu'il possédait, il avait cessé de les remettre en question, il savait qu'elles étaient valables... C'étaient de détails et de perspectives qu'il avait besoin avant tout.

"Je n'ai pas besoin qu'on me confirme Jedusor est un sorcier", sort-il, complètement au culot, conscient de ce que son discours pourrait totalement passer pour celui d'un taré fini.

On lui aurait sorti le même il y a quelques mois à peine de cela qu'il n'aurait vraiment pas pensé différemment... D'ailleurs, devoir remettre en question tout ce qu'il avait pris soin de conceptualiser de l'existence jusqu'ici continuait de lui demander de très sérieux efforts.

"J'ai besoin de comprendre tout ce que ça implique, par contre."

Tout dépendait à présent de la réaction de son interlocutrice. Soit elle le regarderait comme l'échappé d'un asile, soit à son tour elle accepterait d'en dire plus sur ce qu'elle savait. Et ils pourraient progresser.

Ʃkaemp はは

❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreCette situation, c’est sa faute. Voilà ce qui arrive quand on se mêle de ce qui ne nous regarde pas. Pourtant, Billy lui a dit plusieurs fois qu’il ne pouvait pas lui en dire plus. Il a été clair et Eve ne peut pas lui reprocher de l’avoir prévenue. Seulement, voilà, la curiosité à toujours été très forte chez la jeune femme et elle n’a jamais aimé ne pas savoir. C’est légitime, après tout, le cerveau humain n’aime pas l’incertitude, il a besoin de réponse et d’une façon ou d’une autre, Eve a été chercher celle dont elle avait besoin. Elle ne peut donc s’en prendre qu’à elle-même si celles-ci ne lui plaisent pas.

Il faut dire qu’elle ne s’y attendait pas. Si Eve a gardé des amis moldus, c’est principalement parce que c’est là qu’elle veut y faire sa vie. Lorsque sa mission sera finie, elle espère bien pouvoir sortir encore une fois du monde sorcier et si possible ne plus jamais en entendre parler. Alors quand Billy, qui de toute évidence n’a jamais été à Poudlard et ne doit même pas savoir ce qu’est Poudlard, lui lance sans prévenir qu’il sait que Jedusor est un sorcier, elle en a presque le souffle coupé.

Comment peut-il le savoir ? Si elle a bien compris, les deux garçons n’étaient pas proches à l’orphelinat, tout l’inverse en réalité. Celui-ci aurait-il fait l’étalage de ses pouvoirs devant son ami ? Elle en doute, ils sont contrôlés par le Ministère pendant toutes leur minorité et n’importe quel moldu ayant vu de la magie aurait eu affaire aux oubliators. Néanmoins, plus important que de savoir comment Billy a eu vent de la condition de Tom, il faut désormais qu’elle décide ce qu’elle va dire. Doit-elle lui mentir ou dire qu’elle aussi sait que c’est un sorcier ? La première option semble la plus raisonnable, mais Billy semble avoir des informations qui pourraient lui être utile, sans compter qu’elle peut difficilement le laisser se mesurer seul à un sorcier aussi dangereux. La seconde option par contre risque de soulever des questions délicates.

- Seigneur Billy, comment es-tu tombé sur une information pareille. Tu ne devrais même pas être au courant …

La jeune femme s’est finalement décidée pour la seconde option, son ami n’est pas un imbécile et doit se douter qu’elle sait quelque chose. Elle décide donc d’y aller également au culot.

- Ne fais pas cette tête là, tu pensais vraiment que la sécurité intérieure ne serait pas au courant ? Par contre, tu t’es vraiment lancé dans quelque chose de dangereux. Je crois qu’en effet, tu ne vois pas ce que ça implique.

Loin de critiquer, elle se contente d'énoncer un fait et elle sait qu’il est assez intelligent pour comprendre où elle veut en venir.

- Qu’est-ce que tu veux savoir ? Je ne peux pas promettre de répondre à tes questions, mais je peux essayer.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

Un instant, Billy songea que son intuition avait été mauvaise. Il estimait que ça arrivait rarement, et que c'était justement son intuition, sa capacité de compréhension et d'analyse, qui faisaient de lui un bon flic, mais l'erreur était humaine... Mais non, finalement, il avait bel et bien vu juste. Eve en savait largement plus sur le sujet qu'elle ne l'avait prétendu. Et quand elle affirma qu'"il ne devrait pas être au courant", il songea qu'elle devait en revanche estimer que elle, le devait. Parce qu'elle était des leurs ? Bien sûr qu'il ne devait pas être au courant, il en avait bien conscience, et il était partagé à ce sujet. Une part de lui, lâche, aurait préféré continuer à vivre dans l'ignorance. L'autre s'indignait justement de ce secret absurde qui exposait les moldus à un danger auquel ils ne pouvaient pas se préparer, puisqu'on les gardait dans l'ignorance.

Elle précisa que c'était ses relations étroites avec la sécurité intérieure qui justifiait qu'elle soit au courant. Soit... il espérait qu'elle disait vrai. Il vivrait très, très mal le fait qu'elle lui mente effrontément sur sa nature, à présent, alors qu'il venait de lui apprendre qu'il connaissait l'existence de la sorcellerie. Certains mensonges étaient excusables en fonction de leur contexte. Là, il ne trouverait pas ça acceptable du tout.

"Si je le savais... C'est ça le souci. Je sais pas exactement ce que je veux savoir. Tout, j'imagine. On me balance comme ça qu'un type que j'ai toujours pris pour le dernier des ratés est en fait un sorcier psychopathe qui veut réduire les gens comme moi au silence, qu'il existe tout un monde dont j'ignore tout et que tous ceux comme moi, qu'on garde dans l'ignorance, sont en danger. Je veux comprendre, c'est tout... Je sais que c'est flou mais mets-toi à ma place." Il marqua une pause. "Si t'en es capable. Parce que je commence à me demander si toi aussi t'es passée par ce genre de révélation ou si tu m'as juste menti sur qui tu étais depuis le début." Une fois de plus, il laissait parler une intuition qui était peut-être entièrement fausse. Qui ne tente rien... "Je t'en voudrais pas si c'était le cas. En revanche, je t'en voudrais de me mentir encore maintenant."

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❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignorePendant qu’ils discutent à bâtons rompus, le soleil continue sa course et à mesure que la jeune femme voit la lumière décliner dans le pub, elle comprend que l’après-midi est déjà bien avancée. Eux, par contre, ne le sont pas nécessairement plus que lorsqu’ils se sont attablés autour d’une bière pour converser agréablement. Si Eve n’est pas mécontente d’avoir croisé Billy, elle n’irait pas jusqu’à dire que la discussion est agréable pour autant. C’est qu’il la met dans une position embarrassante pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’il semble forcer les confidences. Rien de plus naturel de la part d’un homme curieux. L’ancienne Serdaigle serait bien en peine de lui reprocher ce qu’elle fait tout naturellement. Dans le fond, est-ce que ça l’ennuie qu’il sache qu’elle est une sorcière ? Pas vraiment, le secret magique n’a jamais eu d’importance pour elle, mais elle plus gênée vis à vis de son travail au MI5. Elle n’a pas envie de devoir refuser de répondre à des questions, mais elle sait que c’est ce qui risque d’arriver.

Pendant un moment, le silence se fait à leur table, renforcer par l’animation autour d’eux. Les ouvriers ayant fini leur journée se joignent aux habitués et le bar s’emplit d’un brouhaha qui les isole encore plus du reste des clients. Sans toucher à sa boisson, Eve pèse le pour et le contre. Que dire, que faire. Si le gouvernement anglais avait connaissance de ce que sait Billy, que lui feraient-ils ? Elle n’en aucune idée, mais elle se doute qu’il ne s’en sortirait pas avec une simple réprimande. Néanmoins, elle connaît assez son ami pour voir à son air déterminé que ce n’est pas ça qui l'arrêtera. Eve est son amie, pas sa nounou et c’est ce qui la décide à la fin.

- Tu pourrais m’en vouloir, mais ça ne changerait rien. Ce n’est pas le chose qu’on dit. C’est interdit de le dire en réalité, mais comme tu le sais déjà, je ne viole aucune loi, finit-elle par répondre en haussant les épaules.

Sans le regarder, elle joue avec son verre et finit par avaler une gorgée de bière. Elle ouvre son sac et fouille celui-ci sans trouver ce qu’elle cherche. C’est qu’elle fumerait bien. Finalement, elle trouve son paquet et sort sa dose de nicotine qu’elle allume à l’aide d’un briquet avant de tirer une longue bouffée.

- En un sens, j’ai été à ta place, mes parents étaient parfaitement normaux. Personne dans ma famille n’en avait jamais entendu parler. C’est juste que ça remonte à plus loin pour moi. C’est plus facile à de croire à ce genre de chose quand tu es jeune j’imagine.

Elle en parle à demi mot, sans vraiment prononcer le mot sorcier. Probablement parce que même s’ils sont dans un pub bondé et que personne ne les écoute, Eve ne peut s’empêcher de se dire que quelqu’un pourrait les entendre.

- Cela dit, je ne te mens quand je te dis que le gouvernement a parfaitement connaissance de ce qui se passe de l’autre côté. Ton Jedusor, aussi fou soit-il, est heureusement une minorité.

Une minorité certes, mais une minorité extrêmement dangereuse.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

Billy était une personne fière, forcément, l'idée qu'Eve ait pu lui mentir sur qui elle était avait quelque chose d'un peu blessant pour lui, mais pas au point qu'il ne soit pas capable de comprendre. Si vraiment le secret magique était de polichinelle, alors il n'aurait pas mis si longtemps à le découvrir, et uniquement parce que certains avaient décidé de briser ce secret magique à des fins personnelles, alors qu'il découvrait avoir fréquenté plus d'un sorcier au cours de sa vie. Eve et Tom n'étaient pas forcément les seuls. Possible qu'il y en ait d'autre, et qu'il n'en sache encore rien.

Eve acceptait donc de se montrer un peu plus sincère et de lui en apprendre plus comment elle était. Elle était née de parents comme lui, non magiques. Billy imaginait quel choc ça devait être de découvrir qu'on avait des pouvoirs quand rien ne nous y avait préparé, quand on n'avait pas grandi dans ce milieu. Billy n'imaginait pas que des parents non sorciers pouvaient avoir des enfants sorciers. Beaucoup de subtilités lui échappaient. Et il commençait à se dire qu'il n'aurait jamais toutes les réponses à ses questions, parce qu'il n'aurait jamais fini d'en poser.

"J'ignore s'il est rassurant ou non d'apprendre que notre gouvernement participe à cette mascarade.", répondit Billy.

Il avait des centaines des questions sur les subtilités de son monde, et même sur la vie qu'Eve pouvait bien mener, elle qui visiblement avait été ballotée entre univers sorcier et moldu (puisque c'était le terme consacré) toute sa vie, mais ses réflexions abondaient dans un sens qui ne se contrôlait pas. Il avait tout à assimiler.

La vue d'ensemble importait autant que le détail, et au bout du compte, il ne savait pas vraiment où donner de la tête. Quelque part, ça arrangeait Billy qu'Eve soit une sorcière. Ce n'était pas sans franchement le perturber par la même occasion, c'est certain, mais il lui faisait malgré tout confiance. Et s'il devait vraiment réussir à démêler tout ça, c'était à elle qu'il voulait se fier, plutôt qu'à qui que ce soit d'autre.

"Tu trouves ça juste, toi ? Qu'on décide arbitrairement de tous nous garder dans l'ignorance ? Qu'est-ce qui justifie ça ?"

Maintenant, forcément, comme la civilisation avait manifestement évolué dans ce sens, on comprenait quelles complications il y aurait à briser le secret magique... mais est-ce que ce n'était pas une erreur depuis le début ? Si, certainement.

Ʃkaemp はは

❝ Billy et Eve ❞

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignoreComment s’est-elle sentie lorsqu’on lui a appris qu’elle était une sorcière ? A vrai dire, elle ne s’en rappelle pas vraiment. Seize ans, c’est une longue période et ce moment, qui fut un tournant dans sa vie, lui semble désormais appartenir à une autre époque. Comme tout ce qui s’est produit avant la guerre, la jeune femme se rend compte que ses souvenirs se font de plus en plus flou et les ombres du passé si elles gardent une influence sur ses décisions deviennent de plus en plus vague.

Il est donc impossible pour elle de se mettre à la place de Billy et de comprendre la sensation que l’on a lorsqu’on découvre qu’il existe un autre monde que l’on nous a caché toute notre vie. C’est d’autant plus perturbant qu’une des plus haute instance moldue du pays est au courant et choisi de se taire. Néanmoins, il faut ici nuancer un peu le propos. Ce n’est pas un choix. Et c’est ce qu’elle veut tenter de faire comprendre à Billy.

- Je crois que ça serait moins rassurant de constater qu’ils n’en savent rien. Ca voudrait dire qu’ils n’ont aucune prise sur leur pays. Dans le fond, il faut simplement voir ça comme deux gouvernements séparé qui s’occupent de deux populations aux réalités très différentes l’une de l’autre.

Si Eve n’a jamais tout à fait compris le secret magique, elle a toujours compris la logique derrière le fait que les sorciers aient leur propre gouvernement. Il faut admettre que de façon pratique, les règles qui s’appliquent aux moldus ne peuvent pas s’appliquer au sorcier et vice-versa. Il y a tout un aspect pratique et logistique qui doit être gérer par une autorité compétente et responsable. Dans le fond, son vrai problème, ce n’est pas tant l’indépendance du monde sorcier que son absence de volonté de partager ses connaissances et ses ressources.

- Je ne sais pas si on peut parler de justice ici. Je crois que ce n’est pas normal, mais je suis pas sûre que la justice ait quoique ce soit à faire la dedans.

Elle réfléchit un instant avant de répondre à sa question.

- Historiquement, les sorciers étaient chassés par les moldus. Il y a eu pas mal de bûcher et finalement parce qu’ils étaient persécutés, ils ont décidé de se cacher et vivre entre eux, se faisant passer pour des gens normaux aux yeux des moldus. Il y a beaucoup de choses qui ont été mise en place pour que vous ne puissiez pas tomber sur un dragon ou une autre créature par hasard. C’est une organisation compliquée. Enfin, en tout cas, c’est ce qu’on nous a appris à l’école, conclut-elle en se rappellant un passage du cours du professeur Bins.

Ils restent un moment silencieux, presque songeurs. Finalement, Eve aborde le point qui l’inquiète. Elle a bien peur de froisser Billy, mais il lui semble qu’il est indispensable d’en parler.

- Juste pour être sur qu’on est d’accord, tu ne comptes pas t’attaquer à Jedusor seul ? C’est un coup à te retrouver dans une tombe plus vite qu’on ne dit foot.

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Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore.

Billy peut comprendre les explications d'Eve, voire les rationnaliser, mais il lui reste tout de même difficile de les accepter entièrement. Deux gouvernements différents qui cohabiteraient avec leurs règles et leurs réalités sociales... Oui, mais il y a une différence avec n'importe quel gouvernement voisin. On peut s'intéresser plus ou moins à leur système, et ce système peut être plus ou moins opaque ou transparent, mais là, au moins, on sait qu'ils existent. Les sorciers, eux, savent leur existence. Cela crée forcément un rapport d'inégalité que Billy ne peut s'empêcher de trouver injuste, surtout compte tenu de l'évidente supériorité de cette présence invisible, qui par ailleurs s'est bien gardée de se manifester dans les moments les plus sombres de leur histoire, donc. On en parle, de la guerre, peut-être ? Ils faisaient quoi, les sorciers, pendant ce temps-là ? Ils se curaient le nez ?

Alors ces histoires de chasse aux sorcières en guise de justification de ce secret maintenu avec effort, c'est bien joli, mais faire passer les non-magiques pour une menace quand les sorciers disposent d'arme dont ils n'ont pas idée, c'est un peu... facile... Billy n'a pas l'intention de se lancer dans une révolution, il ne cherche pas à instiguer la révélation de cette vérité. Il ne cautionne pas le système en l'état, mais il n'a pas l'absurde bêtise de croire qu'à lui seul il pourra renverser l'ordre des choses. Dans tous les cas, Billy est une personne majoritairement égoïste, c'est ses propres intérêts et la place qu'il doit prendre dans tout ça qui l'intéresse bien plus que tout le reste. Pour le moment, il essaie surtout de faire face à cette réalité, et à l'apprivoiser, et par cet aspect, savoir qu'Eve est une sorcière est un atout. Il sait qu'elle pourra répondre à ses questions. Même s'il est difficile de savoir quelle question poser en premier lieu.

"Non, t'en fais pas, j'ai bien compris qu'on jouait pas dans la même catégorie", répond-il, non sans un certain dépit, car au fond, ça l'emmerde, justement, de ne pas être en mesure d'arrêter seul ce petit con. "Et crois ben que ça m'emmerde de le reconnaître parce que je l'ai toujours considéré comme un petit con sans aucune envergure." Et il a son ego. Mais il a pas envie de crever bêtement non plus, et encore moins de la main de son ancien "camarade". "C'est un type qui m'a contacté pour en apprendre plus sur lui qui a vendu la mèche. J'ai bien compris qu'il y a toute un mouvement qui s'organise contre lui, et qu'ils auront plus de chances que moi. Par contre, j'ai aussi compris que je pouvais aider. J'ai connu Jedusor alors que ce connard portait encore des couches, y a pas grand-monde qui peut en dire autant. Alors je pense que j'ai un rôle à jouer quand même."

Ʃkaemp はは

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» Secret confié ; secret divulgué. (Tina)
» [Intrigue] Celui qui ne sait pas est naïf, celui qui sait et ne dit rien est un criminel (Carlotta)
» Le mal est double : il y a celui qui ne dépend pas de nous et celui qui en dépend. (Agrippine)
» Un père n’est pas celui qui donne la vie, ce serait trop facile, un père c’est celui qui donne l’amour. (Clarice)
» L’estime vaut mieux que la célébrité, la célébration vaut mieux que la renommée - Celestina

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore. [Eve]

Nul ne garde mieux un secret que celui qui l'ignore. [Eve]

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