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#Sujet: Sign of the times + Phèdre Mar 24 Mar - 23:06
Phèdre & Tibérius
Les journées de Tibérius Yaxley se partagent en la gestion des affaires Yaxley, et des membres de la famille Yaxley eux-même, ce qui n’est pas une mince affaire, il faut le reconnaitre, et sa bataille pour la domination des sang pur sur le monde, rien de moins. Il n’appelle pas ça politique, il n’est pas un politique. Les concessions, les compromis, il ne connaît pas, ça ne l’intéresse pas. Lui, il agit, il écrit, il dénonce, il participe activement à la victoire en oeuvrant pour l’Hydre. Evidemment, rien ne va assez vite pour lui, extrémiste qu’il est. Il n’est pourtant pas mauvais stratège, si on le laisse faire, dans le genre chef d’état-major. Pour le reste, il restera sans doute à jamais un intellectuel moraliste et cassant.
C’est à ce titre qu’Obscurus Books le publie : rien de joyeux ou de léger, non, son truc, ce sont les essais politiques, et il est assez prolifiques. Ses livres marchent bien, cependant, parmi toute la partie de la société sorcière qui craint les moldus et les catastrophes qu’ils engendrent, et parmi les sang pur qui voudraient bien revenir au pouvoir. Evidemment, un type qui justifie un régime martial et la domination sorcière au sens large, ça parle aux gens, pour peu qu’ils soient un peu sectaires, fermés d’esprits, ou illuminés comme lui - ce qui arrive plus souvent qu’on ne le pense. Tibérius a donc son petit succès, quand il s’y met. Son dernier essai a rencontré son petit succès, la presse en parle. Nigel, son éditeur, lui a signalé qu’il serait bon de répondre à ladite presse pour en faire la promotion. Evidemment, ça a agacé le juge, qui n’aime pas perdre son temps dans les ronds de jambe, mais il a accepté. Diffuser le discours, le marteler jusqu’à ce qu’il rentre, est essentiel.
Il a choisi la Gazette, parce que c’est Pollux qui en est le rédacteur en chef, et qu’il sait qu’on ne le critiquera pas trop. Mieux, il s’est arrangé pour que ce soit Phèdre qui fasse l’interview : il est donc sûr que le point de vue sera favorable, car l’Hydre se serre les coudes et que cela sert la cause. En revanche, l’interview en elle-même promet d’être piquante.
Au moins, elle est à l’heure, songe Tibérius, alors que l’elfe de la famille lui annonce Mlle Snowden. “ Ah, Phèdre, entre.” Il daigne se lever de son bureau, où s’empilent les livres pour la saluer. “Reconvertie en paparazzi, hein ? J’espère que tu es efficace aussi, dans ce rôle là, gamine.” Le ton, comme toujours avec Phèdre, est moqueur. C’est toujours comme ça entre eux. Ce n’est pas qu’ils s’entendent pas, c’est qu’ils ont leur caractère. Elle force le respect, la petite, parce qu’exister dans ce milieu si masculin et si réservé aux sang purs quand on est une femme sang-mêlé, ça n’est pas donné à tout le monde. Mais ça, Yaxley préférerait crever plutôt que l’avouer, alors elle a le droit à ses piques, qui lui en valent d’autres, parce qu’elle a un sale caractère comme lui. “Bon, je t’annonce officiellement que tu as une heure et demi. Après, je dois voir des gens ennuyeux, mais importants, à ce qu’il parait. Qu’est-ce que tu veux savoir ? ”
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Phèdre Snowden
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#Sujet: Re: Sign of the times + Phèdre Mer 25 Mar - 18:26
Sign of the times
B
lack avait fait preuve - une fois n'est pas coutume - d'une mauvaise foi sidérante au moment de lui confier cette interview qui devrait occuper une pleine page de la Gazette. Phèdre avait accueilli la nouvelle de la façon la plus professionnelle possible (autant ne pas donner de grain à moudre à son misogyne de grand patron), mais en son for intérieur, elle jubilait. De toute évidence, Pollux Black aurait préféré confier cet article à n'importe qui qui n'était pas elle, même au stagiaire arrivé la veille, tenez. Bon, elle exagérait peut-être, mais il était tout de même vrai que le rédacteur en chef de la Gazette ne manquait jamais une occasion de fouler au pied son talent (que Phèdre estimait, pour sa part, incontestable), et ça faisait du bien d'obtenir ne serait-ce qu'un fragment de reconnaissance, même si sa plume aiguisée n'était pas tant à remercier que la bonne volonté de Tibérius Yaxley, qui avait apparemment insisté auprès du boss pour qu'elle mène l'interview.
Bon, un point pour Yaxley. Pour tout dire, Phèdre n'avait pas la moindre idée de comment cet entretien allait pouvoir se passer. Tibérius et Phèdre savaient s'entendre à peu près une fois sur deux, et se le montraient en revanche rarement. S'ils n'appartenaient au même camp (celui des vainqueurs, donc), sans doute n'auraient-ils jamais supporté la compagnie l'un de l'autre. Elle n'était pas certaine d'apprécier de passer ces prochaines minutes en sa compagnie... d'un autre côté, elle était capable de reconnaître que cette interview serait certainement bien plus intéressante que la plupart des missions de "terrain" qu'on acceptait de lui confier.
A l'heure convenue (elle ne ferait pas à Tibérius le plaisir d'arriver en retard), elle arriva donc à la porte de Yaxley. L'elfe familial la conduisit jusqu'au bureau du concerné, comme un coq en pâtes dans ce décor qui lui était familier. Phèdre n'aimait pas rencontrer les gens chez eux, sur leur terrain. Mais il fallait bien faire quelques concessions pour éventuellement avoir droit à son nom en entier sur une page de la Gazette.
Elle fit mine de ne pas l'entendre quand il la qualifia de paparazzi, ou encore quand il la traita de gamine. La bave du crapaud... tout ça, tout ça...
-Comme s'il était possible de faire le tour de la question en plus d'une demi-heure quand il est question de toi, rétorqua posément Phèdre, un fin sourire, tout de même, au coin des lèvres. J'ai lu ton bouquin.
C'était la moindre des choses, en même temps, mais elle savait de source sûre que certains de ses collègues ne se donnaient pas cette peine quand ils allaient trouver un auteur. On avait bazardé un service presse sur son bureau la veille, elle avait lu une bonne partie de la nuit. Pas seulement cet essai mais ceux de Yaxley qu'elle n'avait pas encore lus pour avoir une vue d'ensemble de son oeuvre. Et à la vérité... Elle admirait l'oeuvre de Yaxley. Que ce soit la rigueur et la puissance évocatrice de sa plume ou encore son sens de la rhétorique, elle admettait que son petit talent pour l'écriture faisait pâle figure à côté. Enfin, elle l'admettait... Pas en face du principal intéressé, bien évidemment.
-Sans doute ton meilleur, si tu veux mon avis, mais quand même sacrément racoleur. Et polémique, évidemment. C'était ton but, de diviser les foules ou tu aimes juste te faire passer pour un éminent fils de pute aupèrs de la masse des amoureux des Moldus ?
Non, elle reformulerait ses questions, évidemment...
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Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Sign of the times + Phèdre Dim 29 Mar - 0:00
Phèdre & Tibérius
Il faut reconnaître à Phèdre qu’elle met les pieds dans le plat. Au moins, c’est l’assurance de ne pas s’ennuyer, à défaut que l’entrevue soit totalement agréable, mais Tibérius préfère de loin les choses intéressantes, même désagréables, surtout quand il fait la promotion de ses livres. Bien sûr, la promotion est importante, mais il déteste les autographes et il ne comprend pas le concept de fans et de groupies, ni même des salons littéraires. En plus, en général, Henry Fitz est présent, quelle horreur. Au moins, ici, ils sont entre personnes de qualité. C’est ce qui l’agace le moins, le débat, parce qu’il peut parler et avoir un auditoire - ce qui est mieux que des courbettes et des prix littéraires.
Bien sûr, le juge a parfaitement conscience qu’il est insupportable, mais comme Phèdre non plus ne semble pas disposée à faire le moindre effort dans leur relation habituelle, il ne voit pas de raisons de changer. “Pas de flatteries entre nous, très chère, je sais parfaitement que tu n’en penses pas un mot, et le mensonge est un sale vice.” Il sourit, parce qu’il est maitre en la matière avec les femmes - un autre genre de vice, dont Tibérius ne se vante pas réellement, cela dit. “Encore heureux, ça me décevrait de ta part, sinon.” Il lui a obtenu cet article, parce que mine de rien, il la connait, il sait ce que Phèdre vaut, tant dans l’Hydre que comme journaliste. Yaxley n’attend pas spécialement de retour sinon un bon article. Mine de rien, malgré son caractère de chien, il est assez loyal en amitié, quand bien même cette amitié est vacharde et ne saute pas réellement aux yeux. Seule marque de civilité à l’encontre de la brune, il lui propose une chaise et ajoute : “Tu veux boire quelque chose ? Café, jus de citrouille, hydromel, thé, vin des elfes ?”
Il tourne lui même au café depuis un moment, entouré de livres - les siens, en partie - et de documents de travail. Mine de rien, le compliment lui fait plaisir, mais il n’en montre rien, concentré sur la question. “Si ça leur déplait, c’est que l’objectif est atteint. Il y a une guerre qui vient, ça fait dix ans que je l’écris, c’est important de définir qui est ennemi de qui.” Il sourit d’un air carnassier. Ses yeux brillent d’une lumière un peu fiévreuse, lui faisant mérité son titre d’illuminé. “Je me fiche éperdument de leur avis, et d’être à la mode. Etre dans le vent, c’est une ambition de feuille morte.” Tibérius hausse les épaules. Il n’est pas, et ne s’en cache pas, un politicien. Il est un idéologue, et un révolutionnaire. “Il va falloir un choc, de civilisation, de culture, appelle ça comme tu veux, si on veut que les choses change. Après, il faut déterminer avec qui on veut que les choses change, et qui fait le changement. Il est évident que ça ne va pas venir des adorateurs des moldus ni du pouvoir en place. Si le dire, c’est être un éminent fils de pute, effectivement, j’en suis un. Mais je te remercierai de laisser ma mère tranquille, gamine.” Le sourire avec lequel il conclut est poli, mais ferme. Même s’il n’en veut pas réellement à Phèdre, il a compris l’expression, il est évidemment hors de question que Tibérius Yaxley se laisse faire sans mot dire.
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Phèdre Snowden
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#Sujet: Re: Sign of the times + Phèdre Dim 29 Mar - 9:49
Sign of the times
N
on, Phèdre ne flattait pas Tibérius. Elle n’aimait pas ce genre de méthodes. En certaines circonstances, elle voulait bien admettre que les ronds de jambe étaient sinon indispensables, du moins très utiles. Ce n’est pas pour autant qu’elle acceptait de jouer le jeu, ceci dit. Elle avait toutes les peines du monde à ne pas dire ce qu’elle pensait, et à ce titre, cela ne faisait pas forcément d’elle la meilleure des journalistes (ce qu’elle considérait être malgré tout). En présence de son interlocuteur, elle se donnerait moins la peine qu’en compagnie de n’importe qui de jouer les hypocrites. Si l’homme avait voulu qu’elle prenne son interview en charge, il savait de toute manière à quoi s’attendre (et il était bien possible qu’il n’attende que ça), et il devait exiger d'elle qu'elle ne prenne pas de pincettes. Ce n’était pas la pire manière que l’on puisse envisager de lui donner satisfaction, de fait. Tout comme cette interview serait, dans le fond, tout sauf désagréable pour la jeune journaliste. Elle prenait le plus grand plaisir à lui rentrer dedans, mais elle ne s’en donnerait pas la peine si elle ne lui trouvait pas de l’intérêt. Elle appréciait son intelligence, son esprit, et elle était convaincue qu’il était possible de brosser de lui et de son œuvre le portrait le plus élogieux sans même en donner l’air.
Elle opta pour un verre d’hydromel quand Tibérius lui proposa de boire quelque chose. Il aurait peut-être été de meilleur ton d’opter pour une boisson non alcoolisée, mais Phèdre ne voyait aucun intérêt à forcer la convenance, et ce n’était certainement pas un simple verre qui allait la rendre inapte au travail. La jeune femme pouvait se targuer d’avoir une sacrée descente, à vrai dire. Mais c’était un tout autre débat. Ceci fait, elle se concentra sur la réponse de son interlocuteur. Elle avait daigné tirer son calepin et sa plume, qui ne la quittaient jamais, de son sac à bandoulière, et notait à présent plus consciencieusement les paroles de son interlocuteur. Certes, il faudrait qu’elle reformule ses interventions, mais elle tenait à garder aussi bien le fond que la forme des propos qu’ils échangeaient.
En plus d’être un excellent écrivain, Tibérius Yaxley était un très bon orateur… mais il faut dire que l’un n’allait sans doute pas sans l’autre. Surtout quand on était essayiste, ce qui était une forme d’écriture plus complexe et bien plus exigeante que la rédaction d'une bête fiction. Il argumentait, et il argumentait bien.
-Ok, je prends note de ton Œdipe mal résolu, répondit-elle, ce qui en vérité était une manière de lui faire comprendre que l’insulte – à ses yeux légère – serait la dernière. Dans ce registre, en tout cas. Elle-même n’était pas sensible à la question. Ses deux parents étaient faibles et stupides, ça réglait aisément la question. Donc, plus qu’un essai, c’est un pamphlet politique, que tu as publié. Tu penses qu’il aura une quelconque incidence sur tes lecteurs ? Beaucoup lisent, se gargarisent des arguments qu’on leur prémâche, mais seraient bien incapables de les mettre en application. Qu’est-ce qui fait une différence dans ce que tu proposes, selon toi ?
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Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Sign of the times + Phèdre Dim 5 Avr - 23:42
Phèdre & Tibérius
Tibérius Yaxley n’a rien d’un courtisan, les discussions de salons l’emmerdent. Profondément. Le mot même, courtisan, le rebute. Il n’est à la solde de personne, il n’est pas achetable, et il ne demande aucune faveur. De toute façon, c’est le monde qui lui doit tout, parce que son nom et sa position l’exigent. C’est ainsi que marche l’ordre du monde ou en tout cas, c’est ainsi qu’il devrait marcher. Et c’est cette vision du monde et de l’avenir qu’il expose à longueur de temps dans ses ouvrages. Il ne cherche pas à la négocier : où on adhère, ou il vous écarte de son chemin, et il est disposé à le faire avec toute personne qui se mettre en travers de celui-ci.
Dans d’autres circonstances, ce serait peut-être le cas de Phèdre. C’est une petite sang mêlée, et une femme, autant de raisons qui font que normalement, dans le monde selon Tibérius Yaxley, elle serait en bas de l’échelle sociale, de celles qu’on domine, à qui on donne des ordres, qui exécute, plie, se tait. Mais elle a eu le courage de voir que le monde avait besoin de changement, de rejoindre leur cause. Acquérir la supériorité des sorciers sur les moldus sera déjà un grand pas. Exclure les nés-moldus sera le deuxième. A la fin, on arrivera à une société codifiée et hiérarchisée entre sorciers. L’ordre régnera. Patience. Tout viendra en temps utile, s’ils se donnent les moyens d’y parvenir. Il faut juste mettre en place un plan, un vrai plan de bataille, et s’y tenir. Pour ça, tout allié est utile. Ceux qui combattent, ceux qui parlent, ceux qui écrivent. Phèdre fait un peu de tout. Il faut lui reconnaitre cette compétence. Tibérius n’a pas le temps, ni le talent pour vulgariser pour le grand public, contrairement à la journaliste. Il ne lui a jamais demandé ses motivations quant au fait qu’elle ait rejoint l’Hydre. Jamais eu l’occasion, jamais pensé non plus, sans doute. Il n’est pas très ouvert aux autres, Tibérius, pas trop dans le dialogue, et cette relation de chien et de chat qu’ils ont l’amuse.
« Deux, alors. » D’un claquement de doigt, il fait passer l’ordre à son elfe, qui ne tarde pas à revenir avec la bouteille et les verres. Il ne travaille pas vraiment, il peut se permettre cet écart, et histoire de compléter ce tableau d’écrivain sérieux, s’empare de la vieille pipe de son père, qu’il allume d’un coup de baguette magique, avant de pousser un paquet de cigarettes Phèdre – c’est bien connu, les femmes ne fument pas la pipe, apanage des hommes, au moins dans la mentalité conservatrice typiquement Yaxley de Tibérius.
Les questions s’enchainent doucement, et il laisse un peu couler. Parce que leur relation veut ça. Il fronce légèrement les sourcils à la dernière boutade de la journaliste. Sa mère est fragile, ils ont parfois des relations difficiles, mais il n’aime guère qu’on l’insulte. Heureusement, la brune semble avoir compris les limites, et la discussion se poursuit sur la politique. « Pas un pamphlet, je ne me moque de personne, le Ministère n’a pas besoin pour ça. » Le sourire est féroce, les convictions fermes. « Et je pense avoir un peu plus de fond. Ce n’est pas ton avis ? » Retourner les questions l’amuse un peu aussi, car même si c’est la logique même d’une interview, il aime bien sonder ses interlocuteurs. « Hm. Est-ce que tu dis c’est trop théorique et pas assez appel à la révolution ? Je te remercie de l’idée, j’y penserai pour le prochain. » A vrai dire, il aurait sans doute des problèmes s’il publiait un tel programme politique concret, en tout cas pour le moment, car entre la Résistance et ses alliés du Ministère au sein de l’Ysbridion, le contexte politique leur est encore trop hostile. « Disons que…on nous explique depuis des années que la vérité est efficace pour briser le rêve, mais qu’elle ne peut mettre fin au cauchemar. Je crois que c’est faux. Je crois que c’est faux, et qu’on ne l’a simplement pas assez expliquée aux gens. Donc je dis la vérité. Et je pense qu’elle finira par rentrer. » Il sourit, tire sur sa pipe. « L’étape d’après, je te l’accorde, c’est une mise en œuvre politique. Et avant que tu me demandes, non, je ne compte pas devenir Ministre de la Magie. Diriger m’intéresse peu, le panier est plein de crabes, je laisse à qui veut. Mais évidemment, si un candidat prometteur se présentait, je le soutiendrai avec plaisir. Le malheur est qu’il y en a peu, en ce moment…»
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Phèdre Snowden
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#Sujet: Re: Sign of the times + Phèdre Lun 6 Avr - 17:42
Sign of the times
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hèdre accepta de bonne grâce le paquet de cigarettes que lui tendit Tibérius et s'en grilla une. Elle pouvait au moins reconnaître qu'il savait recevoir. Hydromel et tabac devraient être les ingrédients indispensables à n'importe quelle interview en bonne et due forme, mais rares étaient les occasions où elle était reçue de cette manière. Rares étaient également les occasions où elle se permettait de rentrer à ce point dans ses interlocuteurs, mais l'avantage avec Tibérius, c'est que sans connaître pour autant ses limites, cela participait de la dynamique de leur relation depuis suffisamment longtemps pour qu'elle n'envisage pas de prendre des pincettes avec lui. Tant mieux, elle estimait que le contenu brut de leur entretien n'en serait que plus intéressant et révélateur une fois mis en forme.
Tibérius avait beau dire, Phèdre ne trouvait pas le terme "pamphlet" si inapproprié. Elle n'avait pas parlé de satire ou de caricature, après tout... Certes, beaucoup de pamphlets impliquaient ces caractéristiques, mais aux yeux de Phèdre, tant que l'on cherchait à mettre en exergue les défauts du gouvernement en place et à suggérer une meilleure gouvernance, on se rapprochait du pamphlet. Ce n'était pas une insulte, pour elle, le genre était noble, mais elle raya tout de même le terme de son carnet. Elle voulait transcrire le plus fidèlement l’œuvre de son interlocuteur, pour cela, mieux valait encore ne pas commettre l'erreur de le dénommer d'entrée de jeu d'une façon qui déplairait à son auteur. Elle avait beau se montrer directe et peu avenante, son but restait tout de même de se servir de cette interview pour diffuser les idées de Tibérius (qui étaient également les siennes) sur un média plus vaste. Une même information impactait étrangement plus quand elle apparaissait dans votre journal quotidien que quand vous la dénichiez dans un bouquin acheté au hasard des envies dans une librairie. Même si ça n'avait pas forcément beaucoup de sens.
-Ce n'est pas forcément malheureux, répondit Phèdre qui s'échappait un instant de son rôle de journaliste pour s'engager dans une autre forme de débat qu'elle ne coucherait pas forcément sur le papier. Elle s'épargnerait bien un énième refus de la part de ce brave Pollux. Faute de candidat, il suffit d'en créer un, de le façonner à notre vision de la politique. Ils sont beaucoup à n'être attirés que par le pouvoir ou un ridicule désir de reconnaissance, peu importe la manière dont il doit s'exprimer. Puis, comme si de rien n'était, elle reprit le cours de son interview, même si elle n'avait toujours rien de conventionnel. Ton dernier livre est bon, il est excellent, même. Le problème c'est que tu prêches des convertis. Ceux qui seront attirés par ton ouvrage sont ceux qui ont déjà des idées similaires aux tiennes. Il faut convaincre l'abruti moyen, l'apolitique standard, de se précipiter sur ton bouquin.
Et c'est ce à quoi elle pouvait servir. En lui offrant une plate-forme plus vaste, et l'occasion éventuelle de manipuler son discours pour le rendre universel.
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Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Sign of the times + Phèdre Sam 25 Avr - 13:16
Phèdre & Tibérius
Désavantage de ce genre de conversations, ils sont un peu sur le fil. C’est normal, sans doute, parce que ce n’est pas qu’une interview classique portant sur un livre, et que leur relation n’est pas totalement celle d’une journaliste et d’un auteur avec lequel Phèdre n’aurait aucun lien. Peut-on parler d’amitié entre la jeune femme et Tibérius ? Yaxley n’irait peut-être pas jusqu’à là, par fierté principalement, parce que dans les faits, il tolère un peu trop de la part de Phèdre pour ne pas la classer dans la catégorie amie, mais on peut indéniablement les considérer comme alliés. Et c’est peut-être bien le problème dans la mesure où leur discussion varie sur des sujets qu’il est difficile de mettre à l’écrit. Leurs idées sont à peu près permises, la manière dont ils travaillent à les réaliser, beaucoup moins, puisqu’elle consiste, dans l’Hydre, à comploter, à intriguer, et s’apparente parfois à du terrorisme, et dans le cas de Tibérius, qui travaille pour le Ministère, à de la haute trahison.
Évidemment, tout cela changera lorsqu’ils seront au pouvoir, mais le chemin est encore long. Il sourit en entendant la fougue de Phèdre. « Ce ne serait pas une mauvaise idée s’ils ne se piquaient pas tous de croire qu’ils sont compétents. A un moment donné, ils prennent tous la grosse tête, oublient grâce à qui ils sont au pouvoir, et se mettent à vouloir à prendre des décisions tous seuls. C’est toujours un échec à la fin. » Le pouvoir monte à la tête, indubitablement, et croire qu’on peut contrôler les ambitieux est se leurrer. Ils ne pensent qu’à eux-mêmes, et par conséquent, saisiront toute proposition du plus offrant. « On ne peut pas le faire confiance. Les utiliser un moment oui, mais ça ne peut être qu’une phase de transition. A la fin, il faut quelqu’un d’acquis à la cause et qui ait les capacités de survivre à l’exposition sans céder à l’appel du pouvoir. » Autrement dit, pas lui. Tibérius en est absolument conscient : il n’a certes aucune ambition pour lui-même, mais il ne ferait pas pour autant un bon Ministre. La lumière, ce n’est pas pour lui, les ronds de jambes, la gestion des gens et de leurs humeurs. Non, il faudra quelqu’un de leur camp. Mais qui ? La question n’est pas encore à l’ordre du jour, il faut résoudre le problème des mangemorts avant.
Pour le reste Phèdre a raison, il leur faut trouver des partisans, c’est la première des priorités. « Je ne m’adresse pas exactement au grand public, tu sais. » Il boit une gorgée d’Hydromel, et continue à tirer pensivement sur sa pipe. « Mon public, à travers ce genre d’ouvrage, c’est plutôt la masse de mes cousins, des sang purs, qui affiche de beaux discours mais qui ne bouge pas réellement. Évidemment, il faut prémâcher un peu le discours, le vulgariser et leur donner tout cuit pour qu’ils brillent en société avec. Ca demande du talent et une patience que je n’ai pas, je l’admets. D’où le relai indispensable de la Gazette – ton concours, si tu préfères. » Tibérius estime maintenant que c’est l’heure d’un scoop, et il continue dans ce sens à expliquer son raisonnement. « Pour le grand public, le problème est différent. Je ne pense pas que le sorcier moyen comprenne bien les essais et les discours politiques purs. Ils ont besoin d’exemple, de modèles, de héros. » Il prend le ton de la confidence pour annoncer la suite. « Ca, c’est un projet futur – je te donne l’exclusivité, tu l’auras eu en premier : on travaille en ce moment avec mon frère sur la question. Ce sera quelque chose de l’ordre de la fiction, de la saga héroïque, plutôt. Si mon éditeur l’accepte, ce sera un pas intéressant pour voir comment les gens réagissent. » C’est un échange donnant donnant. Phèdre y gagne avec un scoop. Il y gagne en recevant une plateforme populaire pour diffuser ses idées.
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#Sujet: Re: Sign of the times + Phèdre Sam 25 Avr - 14:06
Sign of the times
M
alheureusement, Phèdre ne pouvait pas donner tort à Tibérius (dans la mesure où elle aimait donner tort à absolument tout le monde, c'était une sorte de petite satisfaction personnelle, et encore plus agréable quand on faisait face à quelqu'un d'aussi intelligent que son interlocuteur). Choisir un homme à façonner pour le hisser jusqu'aux plus hautes sphères du pouvoir était une perspective séduisante, et la jeune femme avait même quelques noms en tête qui pourraient susceptibles d'accomplir ce rôle, mais c'était prendre le risque qu'une fois le pouvoir acquis, celui qui l'aurait obtenu oublie d'où il venait et qui l'avait projeté là. Bien sûr, il existait des moyens magiques et parfaitement illégaux de garder un individu sou sa coupe. Mais cela se remarquerait forcément sur le long terme.
Trouver un pigeon réellement capable de ne pas céder aux sirènes du pouvoir tenait de l'impossible. Soit... Ceci dit, s'en servir, même sur un temps court, ne serait pas forcément inutile. Bien qu'en réalité, s'il fallait vraiment propulser qui que ce soit hiérarchiquement, l'idéal serait bien sûr qu'Ignatius Prewett endosse ce rôle de lui-même. Mais ce ne semblait pas être dans ses projets. Elle n'insista pas. Elle était capable de l'admettre, quand elle n'avait pas su convenablement faire le tour d'une question. Toujours avec une certaine mauvaise foi, mais tout de même.
Pour le reste, il lui confirma qu'il ne s'adressait pas à la masse. Cela, elle avait bien compris. Le grand public aurait toutes les peines du monde à trouver l'intérêt pourtant mérité qu'il faudrait porter à des ouvrages à ce point pointus. Il pouvait comprendre que Tibérius n'ait aucune envie de...se diminuer pour convenir à la masse. Mais tout de même. Il se trouvait dans une position où il pouvait faire la différence, et il serait dommage de ne pas l'exploiter.
Apparemment, Tibérius pensait tout de même la même chose. La masse n'aimait pas la théorie, par contre, la masse était capable de se laisser impressionner par la fiction. Phèdre avait un peu de mal à imaginer son interlocuteur s'exercer à l'écriture romanesque, mais semble-t-il que c'était bel et bien son projet. Un saga héroïque en coécriture avec son frère... Une lueur d'intérêt brilla dans le regard de Phèdre. Voilà qui était susceptible d'intéresser ses lecteurs. Et qui était surtout susceptible de l'intéresser, elle.
-Tu m'as mis l'eau à la bouche, il va falloir que tu m'en dises plus. Est-ce que le projet est en cours d'écriture, déjà ? Quelle en sera la trame principale ?
Elle n'en dévoilera pas trop dans son article, évidemment, il fallait préserver le mystère, d'autant plus que le manuscrit en question n'avait pas encore reçu l'approbation d'aucun éditeur.
-Je ne me fais pas de soucis quant à la publication de cette saga. Si les éditions Obscurus sont capables de publier sans sourciller la débauche d'arguments pseudo-progressistes dans laquelle Henry Fitz noie ses ouvrages, je doute fort qu'elles refusent une proposition aussi intéressante.
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Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Sign of the times + Phèdre Dim 10 Mai - 0:28
Phèdre & Tibérius
Propagande et endoctrinement. Certains trouvent que ces mots ont une connotation négative, mais pas Tibérius Yaxley. Après tout, ce ne sont que des outils. Ceux qui ne les aiment pas les manient aussi, ils sont tout simplement hypocrites ; qu’est-ce qui différencie un bon journal d’un mauvais journal ? Le contenu, pas le contenant .Mais sinon, c’est la même technique. Et ça ne pose absolument pas Tibérius de l’utiliser. Il est pragmatique. Pour gagner, il faut des partisans. Pour avoir des partisans, il faut recruter. Pour recruter, il faut convaincre. Et par conséquent, tous les moyens sont nécessaires. A la guerre comme à la guerre, dirait-il, tout ce qui est utile devient juste. Et le reste ne compte pas. Si ça inclut s’adapter et adopter un style littéraire dont il n’est pas familier, alors ce n’est pas un sacrifice énorme. Si ça inclut manipuler les gens, ce n’est pas grave. C’est un peu plus embêtant quand ça le conduit à gâcher son précieux temps et à vulgariser ses propos auprès des journaux.
Mais c’est utile, alors Tibérius prend sur lui, et c’est toujours un peu intéressant quand il a un interlocuteur capable de le suivre, ce que Phèdre est indubitablement. A vrai dire, elle fait une bonne contradictice au niveau stratégique, avec son regard un peu acide et la franchise qui caractérise leur relation. C’est précisément ce qui rend l’échange supportable et intéressant, ce qui convient à Tibérius, parce que ça lui évite de s’ennuyer. Il sait gré à Phèdre de cela, d’où le scoop qu’il lui accorde volontiers, et les détails qui suivent : « Non, pas encore, on en est vraiment au début. Il y a beaucoup de recherches à faire, d’abord .Le but est de mettre en valeur l’histoire familiale des grandes familles de la sorcellerie, et même si c’est romancé et écrit sous forme de fiction, il faut quand même qu’il y ait un fond solide. »
Pour Yaxley, c’est un challenge, parce que la fiction n’est pas réellement son rayon. C’est un test, aussi, pour voir si cela peut marcher. Mais l’intérêt de la jeune femme lui montre qu’ils sont définitivement sur la bonne voie. « Ce sera sans doute centré sur ce que nous connaissons de la famille Yaxley, parce que logiquement, c’est pour nos ancêtres que nous avons le plus de documents, et le plus d’histoires qui pourront intéresser le lecteur. Mon père connaissait par cœur toute les légendes familiales, et c’est un patrimoine qui mérite, je pense d’être mis à l’écrit. Et c’est aussi un bel hommage à lui rendre. » Son père lui manque, et le regard se fait un instant distant pour évoquer cet aspect là des choses. Il n’ira pas plus loin, ils ne sont pas là pour parler de ça. D’ailleurs, Tibérius revient très vite aux livres : « Notre période manque un peu de héros, et de modèles. Or des héros et des modèles, il y en a, si tu regardes au Moyen Age, par exemple. On a des ancêtres qui ont lutté contre l’inquisition, je pense à Caius Yaxley, qui a échappé au bucher en devenant animagus. Sa vie et celle de ses descendants, disons sur deux ou trois générations, c’est quelque chose d’assez épique. Ca se lira comme un roman d’aventure, tout en étant un bon rappel de ce que doit être un grand sorcier, et aussi un avertissement quant à la dangerosité des moldus et de ceux qui s’en font des amis. » Le ton se fait un instant amusé : tout cela est volontairement de la propagande. Mais faite habilement. « Évidemment, avec de grandes aventures romantiques et des dragons. » Sinon ce ne serait pas drôle, et pas vendeur. C’est très entertainment, et c’est volontaire. Reste simplement à voir si le projet sera accepté, mais Tibérius n’a pas plus de doute que Phèdre sur la question, et il juge qu’il pourra bientôt annoncer une date, dès qu’il aura rencontré son éditeur. « Il y a une réserve parce que mon frère n’est pas forcément connu, ce qui est dommage, il est très bon sur la fiction. Mais ce serait un projet d’utilité publique – et il faut occuper le terrain face à des gens comme Fitz, comme tu dis. Mais connaissant Nigel Greengrass, nous sommes assez confiants. » Le sourire est satisfait, derrière sa pipe. « Mais en tout cas, tu vois que nous sommes capables de nous adapter aux différents publics. Il y aura peut-être même une adaptation illustrée pour les plus jeunes, mais je t’en reparlerai une autre fois. » Il a joué le jeu et répondu aux questions, il a même donné un scoop : maintenant, l’entretien touche sans doute à sa fin.
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Phèdre Snowden
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#Sujet: Re: Sign of the times + Phèdre Dim 10 Mai - 9:37
Sign of the times
L
a plume glissait tout naturellement sur son carnet dont les pages se noircissaient d'encre à mesure que la journaliste retranscrivait les paroles de son interlocuteur noir sur blanc, soucieuse de ne manquer aucun détail. Elle avait bien conscience de tenir quelque chose, quelque chose qui avait bien plus de chances de plaire et d'intéresser nombre de lecteurs de la Gazette que les sempiternelles informations qu'ils seraient sans doute capables de retrouver n'importe où ailleurs et qui ne leur apporteraient définitivement rien.
Faire la promotion d'un bouquin en parlant du bouquin en question, c'était logique, c'était la base, et bien sur que Phèdre consacrerait un ou deux paragraphe à l'ouvrage qui avait motivé cette visite... mais lire une quatrième de couverture, quand elle est bien rédigée, n'en est pas moins édifiant. Une bonne promotion ne passe pas que par un bon matériel à promouvoir, encore moins en écriture. Il fallait savoir vendre l’œuvre, mais plus encore il fallait savoir vendre l'auteur. Et avec Tibérius, ce n'était pas le plus difficile. Phèdre acceptait sans mal de lui reconnaître un tempérament passionnant... en bien comme en mal parfois. Et ses projets avaient tout ce qu'il fallait pour intéresser et aboutir.
L'épopée familiale se focaliserait avant tout sur les Yaxley. Logique, autant s'attaquer de front à un sujet que lui et son frère devaient maîtriser à la perfection. Phèdre notait, notait... afficha une esquisse de sourire quand Tibérius suggéra d'étayer le tout d'épopées romantiques et de dragons... Pas la partie la plus intéressante pour Phèdre. Mais on parlait d'appâter le chaland. Remettre le roman courtois et la chanson de geste au goût du jour tout en lui conférant une validité historique et généalogique, c'était grandiloquent, mais ça avait des chances de plaire. Pour les politisés sincèrement soucieux d'étayer leur vision, il y aurait les ouvrages pointus et théoriques, pour le grand public qui exigeait que l'on réfléchisse à sa place, il y aurait les grandes sagas historiques, peuplées de guerriers et de dragons.
Tibérius conclut en ajoutant qu'ils envisageaient même un version adressée aux enfants. Les Yaxley avaient définitivement de la suite dans les idées. Elle avait bien envie d'en demander davantage, mais elle connaissait suffisamment Tibérius, maintenant, pour savoir qu'elle n'en obtiendrait pas davantage de ce dernier. Elle n'allait pas se montrer trop gourmande dans tous les cas. Elle avait déjà de quoi pondre un article aux petits oignons. Et Black aurait tout intérêt à lui accorder une pleine page. Elle supposait que l'amitié tacite entre deux grandes familles comme les Black et les Yaxley pousserait le rédac' chef à accorder à Tibérius davantage qu'un encart dans les pages culture de la Gazette.
-J'ai très envie de te harceler de questions, mais je crois que j'ai déjà beaucoup de matière. Je vais me contenter de ça... pour l'instant. Elle sourit tout en rangeant son carnet dans son sac. Je fignole tout ça et je t'envoie mon premier jet d'ici deux-trois jours, comme ça tu auras tout le loisir de souligner ce qui devrait ne pas te plaire dans l'alarmante série de louanges que je vais t'adresser. Elle se redressa. Je pense qu'on s'est suffisamment vus pour aujourd'hui, tu n'es pas d'accord ?
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Tibérius Yaxley
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#Sujet: Re: Sign of the times + Phèdre Dim 10 Mai - 14:23
Phèdre & Tibérius
Il faut reconnaitre à Phèdre qu’elle est consciencieuse et qu’elle a du talent. A vrai dire, Tibérius, malgré leur relation un peu conflictuelle, en est assez persuadé. La petite brune comprend vite et elle écrit bien. Peut-être qu’il faudrait qu’il glisse un mot à Pollux à son sujet ? Ça a marché pour cette interview, mais il n’est pas sûr de pouvoir faire beaucoup plus pour elle. Ledit Pollux n’a pas l’air de la porter dans son cœur, se bornant sans doute à voir qu’il s’agit d’une femme, jeune, et qui plus est sang mêlée. Si Tibérius est un peu plus progressiste sur la question féministe – sans doute le fait d’avoir dû gérer des sœurs aussi fortes têtes que lui, qui n’ont rien à envier aux hommes – il doit reconnaitre que s’il ne savait pas que Phèdre fait partie de l’Hydre, il aurait sans doute un jugement un peu similaire sur la jeune femme. Mais il sait qu’elle peut être utile : il a eu plusieurs occasions de le voir. En fait, à l’heure actuelle, toute sang mêlée qu’elle soit, il estime qu’elle est plus utile que Pollux lui-même, malgré toute l’amitié qu’il peut lui porter. Ce serait sans doute différent si le rédacteur en chef de la Gazette les rejoignait, mais pour l’instant, il n’y a rien à faire, sinon se servir du journal par des biais détournés, ce qu’ils font tous les deux via cet article. Cela dit, Tibérius garde l’idée dans un coin de son esprit. Rien qu’imaginer la tête à l’idée qu’elle puisse lui devoir quelque chose l’amuse.
Pour le moment, l’entretien touche à son terme. Il repose sa pipe, ajoutant avec un sourire malicieux : « La prochaine fois, si tu veux. C’était moins pénible que ce que je m’imaginais. » Plus rugueux que ce qu’aurait fait un journaliste spécialisé dans la culture, avec toujours les mêmes questions inintéressantes, sans aller au fond des choses. Les piques de Phèdre, qui ne se laisse pas faire et qui n’a pas peur de poser des questions constituent un challenge intellectuel stimulant pour Yaxley, et l’assurance qu’au moins l’article publié aura un peu de fond. Il ne le dira pas aussi explicitement, ça lui ferait trop plaisir, mais le message est passé. Au fond ils s’apprécient, et une partie des louanges dont Phèdre lui parle est sans doute sincère. Ça ne l’empêche pas du tout d’adopter le même ton moqueur qu’elle, d’ailleurs : « Ça me changera de d’habitude. » Il sait cependant qu’il n’y aura pas grand-chose à corriger. La vérité est qu’il lui fait assez confiance pour savoir qu’elle mettra de côté son propre ego pour servir la cause, comme lui l’a fait en acceptant cette interview. Tibérius ne se prive cependant pas d’un sourire et d’une dernière pique. Ce n’est pas parce qu’ils sont professionnels qu’ils ont a cessé de s’amuser, ou de vouloir avoir le dernier mot. Feignant la déception, il réplique donc du tac au tac : « Moi qui commençais à me dire que tu appréciais finalement ma compagnie. Décidemment, tu ne cesses de briser tous mes espoirs, gamine. Mais oui, on peut s’arrêter là. On se reverra bien assez tôt.» Aux réunions de l’Hydre. Après tout, c’est bien pour ça qu’ils se fréquentent : il n’est pas un simple écrivain, et elle n’est pas non plus une simple journaliste.