Ignatius devait bien avouer qu’il ne savait pas réellement comment prendre le fait que Carlotta risquait de se retrouver de nouveau en prison. Évidemment, il n’avait aucune envie qu’elle se retrouve en prison, il n’avait aucune envie de la voir y aller, mais en même temps il ne pouvait pas réellement se faire des illusions. Il y avait de forte chance qu’elle y retourne… et on pouvait même dire en réalité qu’elle allait y retourner dans tous les cas. Au mieux, elle allait s’en sortir avec une peine légère, parce qu’elle aura réussi (et son avocat surtout) à défendre sa cause. C’était évident que la jeune femme allait se retrouver en prison et Ignatius se sentait mal à cette idée. Pour la simple et bonne raison qu’il n’avait aucune envie qu’elle termine en prison, tout simplement.

Parce qu’il ne savait pas réellement ce qu’il allait devenir si elle était en prison. Bon, c’était clairement égoïste forcément, mais il se sentait mal à l’idée de « perdre » Carlotta pendant un temps, parce qu’elle serait en prison. Évidemment, il se sentait mal pour la jeune femme aussi, il n’avait aucune envie qu’elle passe ce temps en prison, qu’elle se retrouve encore une fois enfermée. Mais en même temps, il y avait quand même ce fait qui faisait qu’elle se retrouvait dans cette situation parce qu’elle l’avait… cherché. Ignatius ne supportait pas réellement de penser ainsi, mais ça n’enlevait pas le fait qu’il… le faisait. Il s’en voulait un peu, sauf qu’il n’y pouvait rien. Il reprochait un peu à Carlotta de prendre une telle décision, mais en même temps c’était quelque chose qui lui plaisait aussi chez elle. Tout ce qu’elle faisait, tout ce pourquoi elle se battait, ça avait eu le don de l’attirer dès le début, cette force de caractère qu’elle avait dans le but de se battre pour ce qu’elle défendait.

Et maintenant, il se retrouvait avec l’idée qu’elle allait finir en prison pendant quelques mois, voir peut-être plus, ce qui lui fendait le cœur tout simplement. Ignatius savait bien qu’il ne devait pas se montrer trop égoïste, mais disons que ça tombait mal en prime. Enfin, dans tous cas, le jeune homme avait l’intention d’être présent pour la jeune femme. Il avait eu un rendez-vous en dehors du ministère de la magie, non loin de l’appartement où vivait Carlotta avec Wilhelmina. Alors, même s’il ne s’était pas annoncé à la jeune femme, il décida d’aller à sa rencontre chez elle, en espérant qu’elle était là. Mais il frappa à la porte de la jeune femme et fit chou blanc, elle ne semblait pas être là, pas plus que sa colocataire. Dommage…

Ce fut un peu déçu que qu’il fit volte-face, parce qu’il n’avait aucune raison de rester là plus. Il verrait bien Carlotta plus tard. Il n’avait aucune raison de rester donc et il était sur le point de partir, mais il bouscula sans intention un inconnu.

« Oh excusez-moi. » Dit-il tout de suite pour s’excuser.

Ignatius afficha un léger sourire quand son interlocuteur, qu’il venait donc de bousculer légèrement, lui affirma que ce n’était rien après qu’il se soit excusé. Les choses pourraient très bien s’arrêter là, Ignatius pourrait juste reprendre son chemin, même s’il se questionnait forcément sur cet homme qui se trouvait quand même devant la porte de Carlotta à son tour, et c’était tout. Mais justement, l’homme se questionnerait sur la présence de cette personne chez Carlotta et par chance, l’homme entama la conversation. Il lui demanda s’il venait bel et bien voir Carlotta, présumant donc de son absence puisqu’il se retrouvait bredouille devant la porte de l’appartement.

« C’est bien ça, elle n’est pas là. » Dit-il simplement, avant de reprendre. « Je suis Ignatius son… petit ami. » Il ne savait même pas pourquoi il hésitait à se présenter comme étant son petit ami, puisque c’était bel et bien officiellement ce qu’il était. C’était juste un peu étrange à chaque fois en grande partie pace que le jeune homme n’avait pas forcément l’habitude d’être en couple et que… eh bien, en fait il ne criait pas forcément sur tous les toits qu’il fréquentait Carlotta. Oh, il n’avait pas honte, mais ce n’était pas forcément quelque chose qu’il avait envie de répandre partout. Non, réellement, il n’avait pas honte. Mais forcément, Ignatius était quand même le fils de la ministre de la magie et Carlotta ne manquait pas de faire les gros titres dernièrement, pas forcément avec une bonne image. « Et vous êtes ? »

Puisqu’il venait de se présenter, Ignatius estimait qu’il pouvait très bien se permettre de demander à cet homme ce qu’il venait faire. Enfin, pour commencer qui il était et avec un peu de chance, l’homme dirait de lui-même ce qu’il avait l’intention de faire en venant voir Carlotta. Il n’était pas vraiment jaloux… mais en même temps, il ne pouvait quand même pas s’empêcher de se demander qui pouvait bien être cet homme qui venait voir sa petite amie. Il pensait que c’était légitime, sans qu’il ne fasse preuve d’une jalousie maladive. Il serait quand même mal placé pour reprocher à Carlotta d’avoir des amis, par exemple. Il lui faisait en prime parfaitement confiance, elle n’était pas le genre de fille qui ferai n’importe quoi. Enfin, pas n’importe quoi sauf quand il était question de se battre pour la cause qu’elle défendait au point qu’elle décide de lancer un tas de sortilège sur des moldus qui n’avaient rien demandé à personne, mais ils n’avaient pas forcément besoin de rentrer dans ce débat.

Sans faire preuve d’une jalousie mal placée donc, Ignatius se permettait quand même d’être curieux, parce qu’il se demandait vraiment qui était cet homme et ce qu’il venait faire auprès de Carlotta.

Ce n’était pas forcément ce qu’on adorait entendre quand on se présentait comme « le.a petit.e ami.e » d’une personne, mais en même temps Ignatius n’avait pas l’intention de le prendre mal. Il n’allait pas affirmer qu’il sautait de joie que Carlotta ne parle pas de lui, mais il ne prenait pas non plus la peine de parler d’elle à tous les coins de rue, vu la situation. Et le fait que c’était une très bonne chose qu’ils aient leur vie privée. Bref, cette personne n’était pas au courant que Carlotta avait un petit ami, et cette personne se présenta comme Kieran O’Connell, l’avocat de Carlotta. Pour le coup, Ignatius se doutait bien que la jeune femme avait un avocat. Au vu de la situation, il était évident qu’elle en avait besoin d’un et au fond, Ignatius devait bien avouer qu’il était assez curieux de rencontrer enfin l’avocat de Carlotta. Cet avocat qui aurait bien dû mal à lui faire éviter la prison d’ailleurs, mais qu’il espérait voir réussir à ce qu’elle n’ait pas une peine trop grande…

Ignatius n’eut pas spécialement l’occasion de réagir au fait qu’il se trouvait devant l’avocat de la jeune femme, que ce dernier ne manqua pas de l’associer à sa mère. Ignatius en avait un peu l’habitude, mais c’était toujours plus délicat ces derniers temps. Et d’ailleurs, c’était une des choses dont ils avaient parlé avec Carlotta la première fois qu’ils s’étaient rencontrés, sans que l’homme ne se doute encore que tout cela était calculé justement et que c’était sa position qui avait poussé Carlotta à lui parler.

« C’est ça, tout à fait. » Il ne savait pas qu’il était le petit ami de Carlotta, mais il savait qu’il était le fils de la ministre. Super. Non, il n’avait pas l’intention de se vexer du fait que l’avocat de sa petite amie n’avait pas conscience de son existence, surtout qu’au vu de sa position et de la situation, c’était évident qu’il valait mieux qu’elle le garde pour elle. Et lui ne criait clairement pas sur tous les toits qu’il fréquentait une « terroriste », surtout au vu de son poste au ministère et rapport à sa mère. « Mais j’ose espérer que je suis plus que le fils de la ministre quand même. » Il avait apprécié pouvoir profiter de la position de sa mère avant, mais maintenant c’était quand même complexe. Il n’était pas à l’aise avec ça, parce que sa relation avec sa mère était particulièrement tendue. « J’espère que… ce que je viens de vous apprendre ne va pas lui porter préjudice. »

Il avait un peu le sentiment d’avoir mis les pieds dans le plat en affirmant à cet homme qu’il était le petit ami de Carlotta. Si son avocat n’était pas au courant, elle avait peut-être tenu à ce qu’il ne le soit pas. Avec un peu de chance, il pourrait peut-être faire comme s’il n’avait rien appris du tout.

L’avocat de Carlotta affirma qu’il allait tout faire pour que sa relation avec la jeune femme ne lui porte pas préjudice, mais il ne cacha pas que ça pouvait quand même compliquer l’affaire. Ignatius n’avait aucune envie d’être un poids pour la jeune femme, qu’on la juge plus sévèrement encore, ou qu’on se serve de lui pour la rabaisser un peu plus. En soit, le jeune homme se disait qu’ils n’avaient pas vraiment besoin de ça pour faire tomber la jeune femme, qui était d’ailleurs plus que prête à accepter son sort et à retourner en prison pour la cause qu’elle défendait. Alors cette histoire personnelle n’avait techniquement rien à faire là-dedans, mais Ignatius était bien placé pour savoir à quoi pouvait ressembler le monde de la politique. Le Ministère n’avait pas l’intention de se montrer tendre avec Carlotta qu’ils considéraient comme une terroriste dangereuse, comme s’ils n’avaient pas mieux à faire que de s’occuper d’elle. Non pas qu’elle ne soit pas capable de faire des ravages, au contraire, mais la cause qu’elle défendait était honnête, contrairement à ceux qui prônaient la violence pour garder un pouvoir. Ignatius n’avait clairement pas toujours pensé que Carlotta avait raison, mais à force, il devait bien reconnaître que ses arguments étaient juste. Alors oui, il se rangeait de plus en plus dans son sens.

M’enfin, là tout de suite, le jeune homme espérait surtout que leur relation n’allait vraiment pas porter préjudice à Carlotta. Il ne pourrait pas s’empêcher de s’en vouloir si c’était le cas, même si en soit ils avaient parfaitement le droit de faire ce qu’ils faisaient.

« Eh bien, je ne pourrais pas vous répondre du côté de Carlotta. » C’était là que Ignatius se rendait compte qu’il ne connaissait pas grand monde de l’entourage de la jeune femme, en dehors de sa colocataire. Mais en même temps, Ignatius n’avait pas non plus spécialement prit la peine de présenter Carlotta à ses proches non plus. « De mon côté, il n’y a pas grand monde. Tout au plus… deux personnes sont au courant. Une amie et… ma sœur Agrippine, que vous connaissez peut-être de réputation. »

Est-ce que ça en disait long sur leur relation ? Ignatius espérait que non, parce que présenté comme tel, ça semblait quand même un peu étrange que si peu de personne ne soit au courant. Mais en même temps, Ignatius tenait à son intimité et… eh bien, disons qu’il n’était pas le plus expansif sur sa vie non plus. Bon et en vérité, la situation était effectivement un peu complexe.

« Et si vous vous posez la question, la ministre n’est au courant de rien. »

Au fond, Ignatius devait bien avouer que ça l’arrangeait un peu de ne pas trop croiser sa mère dernièrement, il n’avait pas besoin de lui mentir. Pour le coup, il s’était contenté de ne rien lui dire parce que… eh bien, il n’en avait pas eu l’occasion. Ça lui évitait de se dire qu’il ne devait pas lui dire.