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rpheus ne décolérait pas, partagé entre l'inquiétude et un profond sentiment de trahison. Il en voulait à Aristide, certain qu'il avait été dans la confidence et ne l'avait pas informé des événements... Bien sûr, les ordres étaient les ordres, et si leur maître lui avait fait promettre, à lui, de garder un secret d'ampleur, il l'aurait sans doute dissimulé même à son frère, mais il aurait au préalable pris les mesures qui s'imposaient pour que cela n'ait pas de répercussions trop directes sur sa famille. Malheureusement, Aristide et Orpheus, s'ils avaient un jour raisonné de la même manière, ne le faisaient plus depuis longtemps. Oui, s'il avait été à la place d'Aristide, Orpheus se serait arrangé pour placer Despina où elle ne pourrait être touchée par la destruction de la prison, il se serait assuré par tous les moyens qu'elle ne serait pas en mesure de s'évader...

Mais voilà, c'était chose faite. Despina était à présent dans la nature, et le professeur d'étude des Moldus s'inquiétait plus que jamais pour la sécurité de son fils. La sienne lui importait peu, quand bien même elle déciderait de s'en prendre à lui, il était certain de pouvoir aisément lui faire face, mais Amos était fragile, et surtout, en dépit de tous ses efforts, son père ne pouvait pas toujours être là pour lui.

Ils avaient réchappé de peu à la catastrophe alors que Despina avait pris du polynectar pour approcher Amos... Il s'en était sorti indemne, et Orpheus avait renforcé autant qu'il le pouvait la protection de son fils, mais il avait besoin de davantage d'aide, et c'était ce qu'il avait l'intention ferme de réclamer en rejoignant le bureau des Aurors de son pas déterminé. Il n'était pas enchanté à l'idée de renvoyer Despina en prison, contrairement à ce que l'on pourrait croire, mais quoi qu'il en soit, les intérêts de son fils passaient avant tout le reste, et si pour la sécurité d'Amos, il fallait que sa mère retourne à Azkaban, eh bien soit. Lui le premier aurait aimé que les choses se passent d'une autre manière, mais les faits s'articulaient trop rarement en fonction de ses souhaits, peu importe la fermeté avec laquelle il les exprimait, malheureusement.

Il était donc de retour au ministère. Il avait serré quelques mains, revu quelques collègues, et s'apprêtait maintenant à voir Thésée Dragonneau, avec qui il avait pris rendez-vous. Quitte à faire appel à un Auror du ministère, il voulait bien évidemment le meilleur. Et le meilleur en poste, selon lui, était décidément Thésée. Il passa devant le bureau de Dosia, heureusement fermé, et se retrouva devant la porte qui l'intéressait. Il frappa et attendit qu'on l'invite à rentrer.

-Bonjour monsieur Dragonneau, merci de me recevoir, dit-il en guise de préambule en lui serrant la main.

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rpheus hocha la tête en guise de confirmation quand son interlocuteur suggéra qu'il était là pour discuter de Despina. C'était effectivement le cas, et il appréciait que son interlocuteur se soit à la fois renseigné sur lui avant ce rendez-vous (même si en vérité, il n'était pas difficile de connaître ce pan de son histoire - et que cela signifiait peut-être aussi qu'il savait que la police magique l'avait dans le collimateur, en plus de Dosia, mais impossible de savoir en l'occurrence l'état de la relation des deux Aurors), et ne s'amuse pas à tourner autour du pot. Orpheus avait besoin de rentrer dans le vif du sujet, maintenant plus que jamais, et avec tous ses interlocuteurs, à vrai dire. S'il avait toujours eu conscience di faut que le temps était une chose précieuse, cette observation n'avait pu que se confirmer davantage dernièrement, et à présent, Orpheus ne demandait clairement qu'à employer convenablement chaque minute précieuse de chaque précieuse heure. Donc oui, il était question de son épouse, et il allait falloir faire quelque chose.

-C'est bien ça. Je suppose que si votre bureau avait obtenu le moindre signalement la concernant, j'en aurais été informé, mais je ne me sens pas... en sécurité. Surtout, je crains pour la sécurité de mon fils.

Orpheus devrait sans doute jouer franc jeu et apprendre à son interlocuteur l'intrusion de Despina, le fait qu'elle avait bien failli réussir à mettre la main sur Amos. Il s'en était fallu de peu pour qu'elle parvienne à ses fins, pourtant... En parler clairement alerterait son interlocuteur sur la dangerosité de la situation mais l'exposait à un autre risque : apprendre à qui que ce soit au ministère que son épouse avait bien failli kidnapper Amos, c'était donner du grain à moudre à Leach et à ses hommes, qui étaient à l'affût du moindre faux pas de sa part.

Ce serait donner une preuve du fait qu'Amos n'était pas en sécurité sous son toit, et il ne pouvait pas se permettre de le perdre. Pas maintenant. Pas si près du but. Il avait parfois le sentiment d'avoir tout tenté, mais il lui restait encore des pistes à explorer, et il fallait absolument, impérativement, qu'il ne les néglige pas. Il devait sauver son fils, un point c'est tout. Alors s'il lui fallait mentir pour cela, il le ferait. Mentir était une seconde nature, chez lui, après -tout.

-Despina m'a plus d'une fois fait part de son intention de récupérer Amos quand elle était en prison. Et en dépit de la protection dont nous bénéficions, je crains fort que la surveillance dont nous bénéficions de la part de la police magique tende davantage à me garder à l'oeil qu'à s'assurer du bien-être de mon fils. Il marqua une légère pause. Je veux m'assurer qu'elle ne pourra pas l'approcher.

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ans surprise, Thésée lui confirma que le bureau des Aurors n'avait pour le moment aucune trace de son épouse. Ce n'était pas une surprise, il s'en doutait. Ce n'était pas vraiment une déception non plus, il n'était pas certain de vouloir que les Aurors mettent la main sur elle. A la vérité, il aimerait réussir à la retrouver avant tous les autres, ainsi pourrait-il au mieux décider de la marche à suivre et gérer cette situation avec elle, sans qu'elle n'échappe très naturellement à son contrôle... mais pour l'heure, Despina était une ombre. Une ombre dangereuse, menaçante, presque autant que l'était le sort qui attendait presque inévitablement son fils à l'heure actuelle, et dont il s'épargnerait évidemment de parler en présence de son interlocuteur.

Il ajouta qu'ils interrogeaient les proches de Despina, dans le cas de cette dernière, on avait rapidement fait le tour. Des proches, elle n'en avait clairement plus, chose qu'Aristide lui avait confirmé d'ailleurs puisqu'il le tenait au courant des visites que sa femme recevait à Azkaban. Autant dire qu'il n'y avait que Kenneth et Theodosia pour se soucier encore de son sort (en dehors de lui, évidemment), l'on pourrait affirmer que c'était déjà trop, mais en l'occurrence, c'était forcément trop peu, car ce n'était clairement pas ces deux-là, qui adoraient lui mettre des bâtons dans les roues et clamer sa culpabilité, qui allaient plaider en sa faveur de quelque manière que ce soit.

-Cela va sans dire, répondit Orpheus quand Thésée lui rappela que s'il avait la moindre idée ou le moindre indice sur l'endroit où pourrait rôder son épouse, il ne devait pas hésiter à en faire part au bureau des Aurors. Je n'hésiterai pas un seul instant, mais je n'ai malheureusement pas plus d'informations ou d'idées que celles que je vous ai déjà communiquées.

Thésée poursuivit en suggérant d'affecter un Auror directement à la protection de sa demeure et de son fils... Ce pourrait lui compliquer la tâche plus tard, mais pour le moment, il estimait effectivement que c'était la meilleure des choses à faire. Il se devait de mettre tous les moyens de son côté, et cette carte était une carte qu'il devait jouer certes avec précaution mais jouer tout de même.

-Pourrais-je connaître à l'avance l'identité de l'Auror en question ? Ce n'est pas pour remettre votre choix en question. Mais je sais ne pas être en odeur de sainteté auprès de certains d'entre eux.

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h, je me doute qu'il ne s'agit pas de Dosia, ce serait faire preuve d'un manque de professionnalisme et de déontologie évidents que de lui confier de telles fonctions, répondit Orpheus d'un ton peut-être un peu trop cinglant.

Le fait est qu'il était sous pression et que l'évocation de sa soeur n'aidait pas, ceci dit, il pensait dire vrai en affirmant cela. Si jamais on avait décidé de confier à sa soeur la tâche de gérer cette affaire, il aurait trouvé cela aberrant. Après tout, à sa manière, elle était forcément impliquée.

Mais même s'il ne devait pas être question de sa soeur, il n'avait définitivement pas que des amis au bureau des Aurors, et ce à cause d'elle, du fait de la réputation qu'elle ne s'empêchait jamais de lui faire dès lors qu'il avait le dos tourné, à croire que c'était son activité préférée au monde. Pour lui, c'était lassant - même si au fond c'était justifié. Il tenait à avoir un nom et un prénom néanmoins, pour pouvoir plus précisément savoir à quoi s'en tenir.

Est-ce que son interlocuteur était vraiment en train de lui laisser le choix de l'Auror qui travaillerait sur l'affaire ? Ce semblait trop beau pour être vrai, mais si tel devait être le cas, il n'allait certainement pas s'en plaindre, bien au contraire, c'était une aubaine pour lui. Le premier nom était celui de Gwendall Colloway.

Orpheus ne pouvait pas prétendre qu'il l'appréciait outre mesure au regard de la manière dont il s'était hautement compromis en épousant une fille de moldus, ceci dit, ils avaient des intérêts communs, et dans un contexte comme celui-ci, ce pourrait bien être un choix judicieux que de l'avoir sur l'affaire.

Quant à Porpentina Dragonneau, le fait est qu'il ne la connaissait que de nom, et parce que c'était le nom de son mari, cela va sans dire. Il ne pensait pas grand-chose d'elle, elle était peut-être très intelligente, très vive, très efficace, mais il n'était pas convaincu qu'ils aient beaucoup d'intérêts communs en revanche.

-Si je ne m'abuse, Mrs Dragonneau n'a repris du service au bureau des Aurors que très récemment, n'est-ce pas ? suggéra-t-il d'un ton circonspect. Je préfèrerais, tant qu'à faire, pouvoir me fier à quelqu'un qui possède davantage d'ancienneté dans le domaine. Colloway fera très bien l'affaire.

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rpheus n'était pas sûr du tout que cette situation se dénouerait sous le prétexte que son interlocuteur s'y intéressait, d'autant qu'il n'était pas plus convaincu du fait que l'Auror soit vraiment de son côté. Il tenait à ce que l'on surveille ses arrières, mais il ne s'en remettrait pas à n'importe qui. Il savait autant ce qu'il avait à gagner que ce qu'il avait à perdre, et il avait l'intention de tout gagner et de ne pas perdre davantage que ce qu'il avait déjà... eh bien... perdu pour de bon.

En tout cas, peu importe qui était Thésée Dragonneau et quelles étaient ses opinions en temps normal, il avait le mérite de l'écouter et de se ranger à son avis et à ses suggestions. Tous les Aurors n'étaient pas à ce point conciliants - à commencer par Dosia, mais on allait éviter de parler d'elle plus longuement : qu'elle ait déjà été évoquée dans cette conversation, c'était beaucoup trop, il n'était vraiment pas nécessaire d'en ajouter une couche supplémentaire. Au contraire, il était préférable de l'ignorer tant qu'elle pouvait l'être (car elle s'arrangeait pour se faire remarquer).

-Non, je pense que nous avons fait le tour, je vous remercie, répondit Orpheus quand son interlocuteur lui demanda s'il pouvait y avoir autre chose.

Des observations, le mangemort pourrait en faire plus d'une, mais il décidait volontairement de s'arrêter là, avant tout et surtout parce qu'il n'accordait qu'une confiance très limitée à son interlocuteur. En bref, il préférait clairement en rester là, il estimait que ça valait évidemment mieux. Il pensait que, déjà, cette discussion pourrait éventuellement révéler des choses qui ne devraient pas l'être, il préférait largement ne pas en rajouter une couche supplémentaire, tant qu'à faire.

-Merci pour votre temps et pour votre attention.

Il n'était pas dans la nature d'Orpheus de se montrer à ce point obséquieux, mais à situation exceptionnelles, réactions exceptionnelles. Et aussi, c'était une manière de prendre plus rapidement congé de son interlocuteur. Maintenant que les bases avaient été posées et que les choses avaient été dites, en dire davantage ne serait clairement pas utile. Alors autant s'arrêter là. Orpheus considérait qu'il s'en tirait à bon compte, il n'allait pas davantage forcer sa change.

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