C’était l’été sur Oxford Street, et même le fameux climat anglais ne parvenait pas à cacher cette vérité au flot de personnes qui déambulaient dans la rue commerçante, arborant fièrement chapeaux et lunettes de soleil. Composée en grande partie de touristes, la foule générait déjà un brouhaha qui, malgré les neuf heures sonnées par l’église St James non loin, parvenait jusqu’à la chambre de Dora. Assisse en tailleur sur son lit, la jeune fille résista à la tentation de se pencher une nouvelle fois par la fenêtre de sa chambre. Elle savait bien qu’à part la vue habituelle qu’elle avait de son troisième étage, au dessus du magasin de vêtements aux allures chics, elle ne verrait rien de particulier : le hibou qui s’était jeté sur la vitre ce matin était reparti depuis dix bonnes minutes à présent. Et pourtant, le papier qu’il apportait la laissait toujours indécise. Le front toujours plissé, elle se leva finalement et récupéra dans le tiroir de son bureau une liasse d’enveloppes, identiques à celle arrivée ce matin là. Il était temps d’en parler ses parents. Elle avait cru à une mauvaise blague, intriguée tout de même qu’on puisse aller jusqu’à dresser un hibou à faire ça. Mais un coup de fil à Edwin, le seul de ses amis qui aurait été suffisamment dégourdi pour faire cette farce l’avait fait retourner au point de départ. Il avait été trop surpris pour être le coupable…

Dora avait mis du temps à se convaincre que la lettre contenait potentiellement une part de vérité. Et après avoir retracé tous les évènements un peu étranges (RIP le service de thé en porcelaine de Mamie Odille…) de sa vie, elle avait fini par se rendre à l’évidence. Elle serait donc une sorcière. Restait à convaincre ses parents, et vu l’esprit cartésien de son père, ça n’avait pas être aisé… Avec un léger sourire, Dora s’était dit que son oncle américain William Beebe trouverait sûrement la chose beaucoup plus amusante que ses parents si elle avait pu le mettre au courant. Le scientifique, sa passion pour les fonds marins et ses inventions bizarres étaient un peu trop loufoques pour ses voisins à Brooklyn mais ça n’empêchait pas la jeune fille de l’apprécier énormément lorsque sa famille allait y passer quelques semaines de vacances. Jack Stevens, patron d’une grande maison d’édition anglaise, voyait le vieil homme d’un autre œil mais il supportait ces voyages pour faire plaisir à son épouse, Lily Beebe, qui adorait « rentrer au pays » comme elle disait. Bien qu’elle ne regrettait sûrement pas son emploi de serveuse dans le bar où ils s’étaient rencontrés plus jeunes lors d’un de ses voyages d’affaire, ni son exécrable patron.


La folie des préparatifs avaient finalement pris fin lorsque Dora avait posé le pied dans le Poudlard Express pour la première fois. La course aux fournitures, les explosions de baguettes magiques et le passage secret pour accéder aux quais qui avait faillit leur coûter la ponctualité dont Mr Stevens se targuait tant venaient de prendre fin et Dora s’était autorisée à souffler un bon coup avant de rejoindre un compartiment du train, beaucoup plus légère que quelques minutes auparavant.  Le hasard avait voulu qu’elle choisisse le compartiment où Steve avait posé ses fesses, et il faut bien avouer que parfois, le hasard fait bien les choses. Il l’avait rassuré sur ce qui l’attendait au château et son enthousiasme avait largement vaincu l’espèce d’angoisse qu’elle ressentait. Les prémices d’une amitié qui n’avait fait que se renforcer au fil des années. Si Dora s’était fait de nombreux amis, que se soit au sein de Gryffondor ou parmi les autres élèves de Poudlard, Steve était resté, étrangement lorsqu’on considère l’amitié homme/femme et le fait qu’ils ne soient même pas dans la même année, la personne avec laquelle elle passait le plus clair de son temps. Rubeus était finalement venu compléter l’improbable trio de rouge et or. L’incident de la Chambres des Secrets quelques années plus tard avait été le déclencheur de multiples évènements : le renvoi de Rubeus, son emprisonnement à Azkhaban, la révolte de ses deux amis, … Si on demandait à Dora quel évènement avait marqué sa scolarité, elle répondrait sûrement qu’il s’agissait de celui là. Elle puisait sa volonté de devenir Auror de cette injustice. De la vie brisée de son ami et du coupable toujours en liberté quelque part…

Ils avaient fait la rencontre de Pomona Fitz aussi… Et ce qu’ils avaient apprit faisait passer l’accident subi par Rubeus pour du beurre. Elle avait été surprise. Écœurée. Inquiète. Mais sa résolution s’en était retrouvée affermie au final. Et c’est sans grande surprise qu’elle s’était vue déposer une demande de stage au sein du Bureau des Aurors…
Bien que la véritable lutte risquait de se dérouler en souterrain.
¡ Viva la Resistencía !