Le coupable est celui à qui le crime profite. (Lucretia)

Le coupable est celui à qui le crime profite.

Les quelques jours que Gabrielle avait passé à Sainte Mangouste avaient lui avaient fait énormément de bien en grande partie parce qu’elle se sentait heureuse. Heureuse parce qu’elle pouvait tenir son fils dans ses bras après ces longs mois où il s’était niché dans son ventre. Heureuse parce qu’elle pouvait mettre – pendant un temps – de côté ses angoisse. Pour la simple et bonne raison que la jeune femme se sentait en sécurité à l’hôpital pour sorcier, il n’y avait aucune raison qu’il lui arrive quoi que ce soit, après tout Evi ne se trouvait pas là. Elle venait donc de passer plusieurs jours calmes et sereins, avant de devoir rentrer chez elle. Forcément, ses angoisses avaient repris, mais Gabrielle faisait du mieux qu’elle pouvait pour ne pas se laisser happer par elles. Elle devait bien le faire pour Augustus, quand même, ce n’était plus question que d’elle. Même si, en un sens, c’était bien à cause de son bébé qu’elle angoissait énormément, elle ne voulait pas qu’on lui fasse du mal et elle était persuadée qu’on voulait lui faire du mal.

Elle avait donc largement profité de ces quelques jours, mais il fallait bien que Gabrielle retourne chez elle à un moment donné. Elle le fit avec son époux, heureusement, mais ce dernier du bien retourner à Poudlard. Alors, il le fit et Gabrielle se retrouva seule (ou presque, puisqu’elle était quand même avec son bébé et qu’elle ne manquait pas de chose à faire), ce qui avait le don de lui faire peur. La jeune femme avait interdit à l’elfe e maison de son mari de s’approcher de Augustus prétextant que c’était à elle d’en prendre soin. Mais la sorcière n’avait surtout pas confiance en la petite créature, qui devait subir tout cela sans comprendre pourquoi. Par chance, Gabrielle n’allait pas être toute seule pendant toutes la journée, puisqu’elle attendait de la visite. La jeune femme avait déjà eu de la visite pendant qu’elle se trouvait à Sainte Mangouste, mais là c’était encore un peu différent. Parce que c’était Lucretia qui allait venir, et qu’elle était impatiente de la voir. Ces derniers temps, Gabrielle ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’il n’y avait que son amie qui lui apportait vraiment le soutien dont elle avait besoin, qu’elle pouvait être la seule à la comprendre. Même James, Gabrielle n’avait plus confiance alors qu’il ne méritait pas du tout un tel traitement. Mais il lui avait prouvé qu’il ne la croyait pas.

Bref, Gabrielle était contente de voir Lucretia, elle avait hâte de pouvoir lui présenter son bébé et passer du temps en sa compagnie. Elle avait demandé à Evi de rester à l’écart, quelque part, lui affirmant qu’elle ne voulait pas la voir. Elle espérait que la petite créature allait obéir, mais elle ne se faisait pas trop de souci à ce sujet, elle n’avait aucun intérêt à se montrer. Elle avait ensuite pris la peine de préparer du thé (en prenant soin de bien relaver les tasses et la théière, et utiliser du thé qu’elle avait acheté et caché exprès pour que personne n’y touche), profitant du fait que son fils était en train de dormir. Quand on frappa à la porte, elle alla tout de suite ouvrir la porte.

« Bonjour Lucretia, je suis heureuse de te voir ! »

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★ Le coupable est celui à qui le crime profite. ★

Enfin, le fils des Rookwood (mais qui ne serait pas considéré comme tel bien longtemps, c'était une chose à laquelle Lucretia comptait bien veiller au grain) était né. Il était temps ! C'était certainement parce qu'elle mourait d'impatience, mais Lucretia avait le sentiment que Gabrielle avait mis une éternité à accoucher, et elle, elle n'en pouvait plus de ses visites régulières à son interlocutrice, même si, au fil du temps, elles avaient un petit caractère satisfaisant, parce que son plan se goupillait à la perfection. Gabrielle perdait la tête, sa santé mentale était de plus en plus fragile, et elle s'isolait de ses proches pour ne presque faire confiance à elle. Qu'est-ce que Lucretia pourrait demander de mieux ? Que ce fils soit considéré comme le sien, bien sûr, mais ce n'était pas encore totalement gagné. Ils étaient sur le bon chemin, et dans la dernière ligne droite, Lucretia n'avait pas l'intention de lâcher quoi que ce soit. Elle savait que c'était dans ces moments décisifs qu'elle pouvait faire la différence, que c'était là qu'elle devait abattre ses dernières cartes. C'était les bras chargés d'une immense peluche, histoire de, qu'elle toqua à la porte des Rookwood. Elle était impatiente. Pas de revoir Gabrielle, mais de faire connaissance avec le petit ange qu'elle considérerait bientôt comme son fils. Gabrielle lui ouvrit.

« Bonjour Lucretia, je suis heureuse de te voir ! »

Lucretia jaugea son "amie" du regard, ce qu'elle faisait toujours dans l'espoir de déceler ses failles potentielles. Elle n'avait pas l'air de se porter si mal, mais ça pouvait bien être une façade. Dans tous les cas, ça ne changerait rien à ses intentions, elle savait vers quoi elle se dirigeait et ce qu'elle comptait faire dans tous les cas. Elle afficha un immense sourire (très hypocrite) à l'adresse de Gabrielle et la salua à son tour.

-Bonjour ma belle. Comment tu vas ? lui demanda-t-elle avait l'air très concerné de l'amie loyale qui sait que son amie doit subir les contrecoups de son accouchement et se révèle fragile psychologiquement. Tiens, pour le petit ange, ajouta-t-elle en tendant le nounours à Gabrielle. Je peux le voir, d'ailleurs ? ajouta-t-elle sans dissimuler son impatience. Elle avait bien trop hâte de découvrir le petit bonhomme.

Le coupable est celui à qui le crime profite.

Gabrielle était vraiment heureuse de passer du temps avec Lucretia, de voir son amie. Un simple sourire de la part de la sorcière lui faisait du bien. En réalité, il n’y avait pas grand-chose qui lui faisait réellement du bien en ce moment, et ce depuis un moment. Il y avait la présence de Raziel, bien évidemment et celle de Augustus à présent qui lui faisait tellement du bien et lui permettait d’être un peu apaisé. Et puis il y avait son amie, l’amie sur qui elle pensait pouvoir avoir particulièrement confiance, la seule en qui elle pensait pouvoir faire confiance. Même James avait perdu ce statut. Rien n’enlevait le fait qu’elle l’appréciait toujours, mais ce n’était pas pour autant qu’elle parvenait à lui faire confiance. C’était tellement compliqué dans sa tête, elle se sentait vraiment perdu.

« Merci, c’est trop gentil. Tu n’aurais pas dû ! » Dit-elle avec entrain quand Lucretia lui tendit la peluche qu’elle avait emmené pour son fils. Forcément, Gabrielle appréciait le geste, mais elle trouvait en effet qu’elle n’aurait pas dû faire un tel geste, parce que c’était trop. Même si c’était forcément plaisant.

Elle n’avait pas pris la peine de répondre à la question de son amie. Pas forcément parce qu’elle ne voulait pas y répondre, parce qu’elle ne pouvait pas y répondre. C’était inconscient, Lucretia lui avait demandé comment elle se sentait et les mots n’avaient simplement pas eu envie de passer le pas de sa bouche. Elle ne s’en rendait même pas compte, elle se contentait simplement de faire au mieux pour que sa vie semble normale. Alors qu’au fond, elle le savait parfaitement que rien n’était normal, que rien n’allait pouvoir être normal de nouveau.

« Viens le voir, il est dans sa chambre en train de dormir. »

Normalement, il faudrait sans doute mieux le laisser dormir, mais dans tous les cas, la jeune femme avait bien trop envie de présenter son fils à sa meilleure amie, donc elle n’avait aucune envie d’attendre qu’il se réveil. Et puis, quand il dormait à point fermé – ce qui n’était pas tout le temps le cas, il fallait bien l’avouer – il était tellement mignon (mais en même temps, Gabrielle le trouvait mignon tout le temps et elle savait que c’était en grande partie parce qu’elle manquait d’objectivité). Elle conduisit donc Lucretia jusqu’à la chambre de Augustus, où il se trouvait dans son lit. Si petit… si adorable. Si fragile en un sens, ne demandant que la protection d’une mère, d’un père. Pas encore prêt à affronter ce monde. Autant dire que Gabrielle devait vraiment le protéger de tous les dangers.

« Regarde comme il est mignon. » Dit-elle alors, dans un murmure, avant de poser la peluche de Lucretia sur la table à langer dans le but de la présenter à son fils une fois qu’il allait se réveiller. Et elle laissa le temps à son amie d’observer son fils, heureuse de pouvoir les présenter.

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« Merci, c’est trop gentil. Tu n’aurais pas dû ! »

Lucretia haussa les épaules comme pour affirmer que c'était tout naturel de sa part. Sauf que ce n'était pas du tout le cas, bien sûr. Ce n'était pas naturel du tout, même. La gentillesse était loin d'être une seconde nature pour elle et elle avait plutôt tendance à considérer que cette "qualité" ne convenait qu'aux individus faibles et en mal d'ambition (la preuve, Gabrielle était pétrie de gentillesse, et regardez-le). Son geste n'avait rien de gentil, même si elle cherchait en effet à ce qu'il soit perçu comme tel par son interlocutrice. C'était ça, le but de la manoeuvre, passer pour quelqu'un d'attentionné et de prévenant... et puis, c'était un investissement sur la durée, après tout, la peluche était pour l'enfant, pas pour sa mère, et si Lucretia n'avait cure de cette dernière, elle tenait sincèrement au bambin.

« Viens le voir, il est dans sa chambre en train de dormir. »

Armée de son sourire le plus attendri, Lucretia suivit Gabrielle jusque dans la chambre du petit. Pas de bol, ce n'était vraiment pas la peine de lui avoir réservé une chambre avec tout ce qu'il fallait, il n'aurait pas l'occasion de la connaître longtemps. Lucretia était impatiente, pour le coup, elle n'avait pas besoin de jouer les enthousiastes, elle avait hâte de voir l'enfant. En espérant qu'il ne se révèle pas laid comme un poux, difforme ou gâteux, Lucretia le vivrait très mal.

« Regarde comme il est mignon. »

D'accord, là, rien à contredire, les mamans ne sont jamais objectives concernant leur enfant, mais Gabrielle avait de bonnes raisons de trouver son fils à croquer, il l'était en effet. L'adjectif "mignon" semblait avoir été créé pour lui brave petit.

-Il est à croquer. Elle l'observa avec un grand sourire attendri. Quel dommage qu'il dorme. Bon, elle ne dirait pas ça s'il se réveillait en hurlant et en pleurant toutes les larmes de son corps, mais là, il semblait être l'être le plus doux et le plus calme du monde. Je meurs d'envie de le prendre dans mes bras.

Et elle estimait surtout en avoir le droit et presque une sorte de devoir maternel.

Le coupable est celui à qui le crime profite.

Gabrielle était une mère et comme toutes les mères, elle n’avait aucune raison d’être objective concernant son fils et elle ne l’était certainement pas. Elle trouvait Augustus beau, elle trouvait son enfant magnifique et juste… parfait. En plus d’être mignon, la jeune femme n’avait vraiment pas à se plaindre de son bébé. Bon, il pleurait de temps en temps bien sûr, mais franchement il était quand même sacrément facile. Encore une fois, Gabrielle n’était pas objective du tout, mais ça ne changeait rien au fait qu’elle pensait tous ces mots. Et quand elle entendit Lucretia affirmer qu’il était à croquer, elle ne put que se sentir flatté. C’était bête sans doute, mais la jeune femme était flattée que son amie trouve son fils à croquer, ne se doutant pas une seule seconde qu’elle avait effectivement envie de le croquer et de le lui prendre. Pour le moment, la sorcière se contentait d’adorer le fait que son amie soit d’accord avec elle.

Elle ne perdit pas son sourire quand Lucretia affirma que c’était dommage qu’il dorme, ça elle était d’accord avec elle. Surtout qu’il ne pleurait pas tant que cela quand il était éveillé et qu’il faisait déjà énormément de sourire. Autant dire qu’il était encore plus à croquer en étant réveillé, mais la jeune femme n’avait pas pour autant envie de prendre la peine de réveiller son fils. Tout simplement parce qu’il dormait et qu’il avait besoin de dormir. Mais entendre Lucretia affirmer qu’elle mourrait d’envie de pouvoir le tenir dans ses bras, elle avait aussi envie de répondre à son envie.

« Ça doit pouvoir s’arranger. » Dit-elle toujours le même sourire aux lèvres, avant de s’avancer vers le berceau de Augustus. Oh, elle ne devrait sans doute pas faire ça, mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. Le petit remua légèrement quand elle le prit dans ses propres bras, sans pour autant ouvrir les yeux. L’avantage, c’était que cet enfant dormait quand même profondément quand il dormait et heureusement. Il valait mieux ça qu’un enfant qui se réveillait toutes les heures à cause du moindre bruit dans la maison. Délicatement, elle s’approcha de Lucretia et plaça son fils dans les bras de son ami, délicatement mais surement. « Et voilà. » Dit-elle dans un souffle, un grand sourire sur le visage.

Ne se rendant évidemment pas compte du fait qu’elle offrait son enfant au grand méchant loup, mais elle ne risquait pas de s’en rendre compte alors que le loup jouait parfaitement à l’agneau et qu’il montrait plus qu’une patte blanche. Elle n’ajouta rien du tout, elle se contenta de regarder Lucretia porter son fils. Se faisant tout de même la réflexion qu’elle aurait été une parfaite maman si jamais elle en avait eu l’occasion. Et voir ce spectacle, la ramena légèrement à la réalité d’ailleurs.

« Est-ce que je peux te demander quelque chose ? » Demanda-t-elle alors, le faisant d’ores et déjà mais nous passerons sur ce détail.

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« Ça doit pouvoir s’arranger. »

Un sourire pour cette fois sincère (ce qui n'était pas très courant, parce que en temps normal, elle affichait un masque hypocrite sur son visage qui était devenu comme une deuxième figure pour elle) étira les lèvres de la jeune femme en entendant cette affirmation. Vraiment ? Cela pouvait s'arranger ? Eh bien, dans ce cas, c'était parfait. Et en effet, Gabrielle s'approcha doucement de son fils pour le porter et venir le placer dans ses bras. Le sourire de Lucretia s'élargit plus encore, celui d'une maman tenant son bébé dans ses bras pour la toute première fois. Et elle fut plus que jamais déterminée à faire de cet enfant son fils. Rien qu'à elle. Il ne pouvait en être autrement.

« Et voilà. »

Voilà, oui... C'était aussi simple que ça. Gabrielle lui confiait son enfant au sens très littéral du terme. Et c'était une excellente première étape. Lucretia faisait connaissance avec l'enfant qu'elle élèverait, qu'elle aimerait comme le sien. Et elle se disait que ce ne serait pas bien difficile. Parce que rien que comme ça, elle l'aimait déjà. Ce bébé était adorable, un vrai petit ange, à l'image de sa mère, mais destiné à devenir un véritable petit démon, c'est évident.

Lucretia oubliait le monde autour d'elle, émerveillée par cette petite chose au creux de ses bras. Si ses plans avaient toujours été clairs jusqu'ici, c'était plus clair que jamais, aujourd'hui, et elle ne laisserait personne se mettre en travers de son chemin. Elle avait hâte de présenter cet enfant à Ignatius, elle était certaine qu'il serait conquis, tout comme elle. Comment pourrait-il ne pas l'être, au final. Oui, elle avait le sentiment qu'il n'y avait plus rien autour d'elle, juste elle et le petit pas encore totalement réveillé entre ses bras. Mais la voix de Gabrielle la ramena à la réalité.

« Est-ce que je peux te demander quelque chose ? »

Lucretia tourna vers la jeune maman (qui ne le resterait pas longtemps) un regard intrigué.

-Bien sûr, tout ce que tu voudras.

Du moment que ça ne contrariait pas ses projets.

Le coupable est celui à qui le crime profite.

Gabrielle devait bien avouer que le sourire de Lucretia au moment où elle se retrouva avec Augustus dans les bras était beau. Elle ne pensait pas l’avoir vu sourire de cette manière depuis qu’elle la connaissait et mine de rien, ça commençait à faire un moment qu’elle la connaissait. Elle était rayonnante clairement, parfaitement rayonnante. Et ce détail tira un sourire à la jeune femme, qui n’aurait pas sourit comme elle le fit si elle avait conscience de ce qui était en train de se tramer. Si elle se rendait de ce qui traversait l’esprit de Lucretia, de l’horrible dessein qu’elle avait pour sa famille, envers son fils. Avec son fils à elle oui, mais que la femme ne manquait pas de considérer comme le sien d’ores et déjà sans qu’elle ne s’en rende compte. Et c’était bien parce qu’elle ne voyait rien que la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de se pencher un peu plus sur ce qu’elle pensait, sur ce qu’elle ressentait, sur ce qu’elle vivait. Sans se rendre compte que tout cela était bel et bien de l’intérêt de la jeune femme, qu’elle attendait ça depuis le début. Elle avait besoin de se confier, Gabrielle n’en avait encore parlé à personne. Elle avait besoin de le dire à quelqu’un et qui de mieux que Lucretia, celle en qui elle se retrouvait à avoir le plus confiance alors… alors qu’elle était justement celle qui était en train de la faire tomber.

« Je… » Gabrielle hésita une seconde, son regard posé sur Augustus toujours dans les bras de Lucretia. Le fait de la voir porter son fils ne faisait que la convaincre qu’il était temps qu’elle parle, qu’elle prenne un peu conscience de ce qui arrivait. « Je ne me sens pas très bien. »

Ça voulait tout dire et ne rien dire, Gabrielle en avait bien conscience, mais elle ne savait pas comment présenter les choses autrement. Elle osait croire que c’était un bon début. Même s’il était évident qu’elle allait quand même devoir continuer pour se montrer plus clair. Dans tous les cas, il y avait peu de chance que Lucretia ne lui en demande pas plus.

« Ça fait un moment que ça dur, c’était déjà pendant ma grossesse. J’ai des… » Comment l’expliquer, elle ne le comprenait pas elle-même ? « Des périodes un peu difficiles. » Elle avait conscience que ce qui était arrivé avec James était parfaitement ridicule. Elle savait bien qu’elle avait un souci, qu’elle ne tournait pas rond. Cependant… elle ne pouvait pas non plus croire qu’elle avait peur pour rien. Elle savait qu’il y avait une menace au-dessus d’eux. « Et j’ai… j’ai peur pour Augustus pour pas mal de raison. » Son père était un mangemort, ça voulait tout dire en réalité. « Je voulais savoir si… » Gabrielle inspira longuement, elle avait le cœur au bord des lèvres rien qu’en essayant de prononcer ces mots. Sa voix trembla d’ailleurs quand elle reprit la parole. « S’il devait m’arriver quelque chose, est-ce que tu accepterais de… de prendre soin de Augustus ? »

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« Je… Je ne me sens pas très bien. »

Lucretia tourna vers Gabrielle un regard à mi-chemin entre la surprise et l'inquiétude, le tout n'étant qu'un jeu d'acteur, bien évidemment, parce que c'était vraiment la réponse qu'elle avait entendue. En son fort intérieur, elle jubilait plus que jamais, et elle devait vraiment prendre sur elle pour ne pas sourire, mais oui, elle était heureuse. Le discours de Gabrielle n'était pas celui, classique, de n'importe quelle jeune maman. C'était celui d'une femme à bout, désemparée, et c'était ce que Lucretia voulait, bien sûr.

« Ça fait un moment que ça dur, c’était déjà pendant ma grossesse. J’ai des… Des périodes un peu difficiles. »

Doux euphémisme. Contrairement à ce qu'elle laissait paraître, Lucretia n'ignorait rien de ce que son interlocutrice lui "apprenait". Des périodes difficiles, c'était une manière élégante de sous-entendre qu'elle perdait totalement la boule... et c'était bien normal, Gabrielle y avait veillé, bien sûr.

« Et j’ai… j’ai peur pour Augustus pour pas mal de raison. Je voulais savoir si… S’il devait m’arriver quelque chose, est-ce que tu accepterais de… de prendre soin de Augustus ? »

Lucretia se faisait vraiment violence pour ne pas dévoiler ses sentiments, heureusement, elle s'y connaissait, en matière de dissimulation. Mais en l'occurrence, elle avait vraiment envie de crier victoire, et de laisser exploser sa joie. Elle y avait veillé, elle avait fait tout son possible pour en arriver là, et elle avait réussi. Fière d'elle et de la situation, elle n'avait qu'une hâte : se précipiter auprès d'Ignatius pour lui faire le récit de cette conversation. Et elle avait hâte de remonter le temps afin que cet enfant qu'elle tenait dans ses bras soit à elle, soit à eux. Et personne ne pourrait plus rien y faire.

-Bien sûr, tu peux compter sur moi, répondit-elle avec douceur et considération. Mais tu n'as pas à dire ce genre de chose, tout va bien se passer, tu verras.

Et elle ne pourrait pas mentir à ce point effrontément.

Le coupable est celui à qui le crime profite.

Gabrielle n’était pas spécialement à l’aise de dire tout ce qu’elle était en train de dire, quand bien même elle avait conscience que c’était quand même nécessaire. Elle n’avait pas le choix, même si ce n’était pas forcément plaisant d’avouer ses faiblesses non plus. Elle n’avait pas le choix. Elle était peut-être faible, oui, mais en même temps si elle l’était, elle devait quand même prendre ses responsabilités. Elle ne devait pas juste penser qu'à elle, elle devait principalement penser à Augustus et il était important qu’elle s’assure qu’il aille bien si jamais il lui arrivait quelque chose. Bon, la jeune femme savait bien qu’elle pouvait compter sur Raziel bien évidemment, mais elle ne pouvait pas non plus ignorer le fait qu’il pouvait être touché directement par tout cela aussi. Et puis… il portait une marque horrible sur son bras quand même.

En tout cas, Gabrielle avait besoin de se rassurer et de s’assurer que quelqu’un allait s’occuper de son fils si jamais il devait arriver quelque chose de dramatique. Elle n’avait pas envie de se dire que ça allait forcément être le cas non plus, mais en même temps elle ne pouvait pas nier la situation non plus. Pour la simple et bonne raison qu’elle avait déjà dépassée certaine limite. En pensant à ce qu’elle avait fait à James, forcément elle ne pouvait que prendre les devants et tenter de s’assurer de pouvoir protéger son fils. Par chance, elle pouvait compter sur Lucretia justement. Gabrielle afficha un léger sourire quand son amie affirma qu’elle pouvait compter sur elle. Elle le savait, bien évidemment, depuis qu’elles se connaissaient, Gabrielle avait toujours pu compter sur Lucretia.

« Oui, sans doute. » Dit-elle, en forçant un nouveau sourire à s’afficher sur son visage. Elle n’avait pas envie de dramatiser la situation non plus, forcément, mais en même temps elle ne pouvait pas non plus la minimiser. Gabrielle n’avait pas dit tout ce qui s’était passé à Lucretia, en grande partie parce qu’elle avait honte de ce qu’elle avait pu faire, c’était normal que son amie affirme que ça allait bien se passer. Et l’important n’était pas de savoir s’il allait y avoir des soucis ou non, la seule chose qui comptait au final c’était simplement qu’elle sache qu’elle pouvait compter sur Lucretia en cas de problème. Qu’elle avait un moyen de protéger Augustus. « Mais ça… ça me fait du bien de savoir que tu seras là. »

Elle avait besoin de se rassurer et elle l’était, sans se douter une seule seconde que le moment où la situation allait clairement s’aggraver était bien plus proche qu’elle ne l’imaginait. Que les choses n’allaient effectivement pas bien se passer, pas bien se passer du tout.

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« Oui, sans doute. »

Cela s'entendait dans sa voix, dans les mots qu'elle choisissait : elle n'y croyait pas. Et pour Lucretia, cette réponse, c'était du pain béni. Tout ça, cette situation, c'était du tout cuit. L'enfant qu'elle tenait dans ses bras, cet adorable petit être qui aurait dû d'office être le sien, elle en deviendrait la mère, et cela prendrait moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Tout était parfait, tout se déroulait très exactement selon ses plans, et cette pensée la rendait vraiment heureuse. Elle n'avait qu'une hâte, c'était pouvoir s'emparer de cet enfant, et le présenter à Ignatius. Oh, comme ils allaient être heureux, ensemble, tous les trois. L'ordre de l'univers enfin complètement rétabli. Parce que ce monde avait décidé d'une injustice, de faire d'elle une non-mère. Mais elle, elle crachait à la gueule du monde, elle n'en faisait qu'à sa tête. Et ainsi, elle était véritablement heureuse.

« Mais ça… ça me fait du bien de savoir que tu seras là. »

Eh bien, qu'elle continue de le croire, ce serait parfait ainsi. Il fallait que Gabrielle n'oublie jamais de la présenter à tous les autres comme l'ange gardien qui avait su prendre soin de cette petite chose malade, qui perdait la boule et qui, dans toute sa bonté d'âme, avait choisi de prendre soin de la douce et petite vie qu'elle venait tout juste de mettre au monde.

-Je serai toujours là pour toi, Gabrielle, répondit Lucretia d'un ton rassurant. Pour toi et pour Augustus. Elle marqua une légère pause, juste le temps de laisser croire à son interlocutrice qu'elle avait eu comme une idée de génie, que rien n'était ainsi planifié, alors que ce ne pourrait bien évidemment être plus faux. Dis... est-ce que ça te rassurerait, si on couchait ce que tu viens de me dire par écrit ? Comme ça, s'il doit t'arriver quoi que ce soit - même si je suis sûre que ce ne sera pas le cas -, je pourrais tenir ma promesse auprès de toi.

Il fallait aller jusqu'au bout. Le processus était en marche, et vraiment bien avancé, mais il fallait encore aller au plus loin.

Le coupable est celui à qui le crime profite.

Gabrielle se sentait vraiment rassurée – même si elle ne pouvait pas non plus complètement ignorer ses angoisses – de savoir que Lucretia était là pour elle et pour son fils. Mais en même temps, ce n’était pas comme si la jeune femme en avait réellement douté. Après tout, Lucretia avait toujours été là pour elle, elles s’entendaient très bien et Gabrielle la considérait vraiment comme une amie très chère. D’ailleurs, la jeune femme ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’elle devait même être la seule personne sur qui elle pouvait réellement compter. En dehors de Raziel bien entendu, même si… bon, son époux ce n’était pas si évident que ça non plus.

Quand la sorcière affirma qu’elle serait toujours là pour elle, pour elle et pour son fils, Gabrielle ne se retint pas d’afficher un sourire radieux et clairement reconnaissant. Parce que son amie lui faisait réellement plaisir à lui dire cela, elle était heureuse de pouvoir vraiment compter sur Lucretia pour prendre soin de Augustus si jamais il devait lui arriver quelque chose. Ça n’allait pas taire ses angoisses, mais elle se disait ainsi que s’il arrivait quelque chose, son fils ne serait pas seul. Bon, encore une fois, il avait son père, mais son père c’était compliqué justement. Parce qu’elle ne pouvait pas avoir confiance dans l’entourage de son époux, alors qu’elle avait entièrement confiance en Lucretia. Au point qu’elle était tout simplement incapable d’imaginer qu’elle puisse avoir des intentions mauvaises, qu’elle cherchait à la manipuler. Et c’était bien pour cela qu’elle y arrivait si bien à le faire.

« Oh ça serait… ça serait vraiment une bonne chose. » Répondit-elle, même si elle ne s’était pas spécialement attendue à ce qu’elle lui propose une telle chose. Mais maintenant qu’elle y pensait, clairement c’était une bonne idée. Parce que s’il devait lui arriver quelque chose, il était évident que Lucretia ne pourrait pas forcément s’imposer pour prendre soin de son fils. Alors que là, ça serait officielle. « On va… on va faire ça tout de suite d’ailleurs ! »

Elles n’avaient pas forcément besoin de se précipiter, mais en même temps Gabrielle n’avait aucune envie de passer à côté de l’opportunité de le faire. Non pas qu’elle puisse envisager qu’il arrive quoi que ce soit dans la seconde, mais au moins Gabrielle allait se sentir vraiment rassurée si tout était bien en place et s’il n’y avait plus aucun risque que son amie ne puisse pas s’occuper de son fils. Elle ne prenait pas la peine d’en parler à Raziel mais… la jeune femme devait bien avouer qu’elle ne pensait même pas à son époux en cet instant précis. Elle était simplement emportée par ses angoisses et par le soutien de son amie, sans s rendre compte qu’elle était en train de la manipuler à merveille.

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« Oh ça serait… ça serait vraiment une bonne chose. »

Lucretia adressa à son interlocutrice un sourire incourageant. Oh oui, c'était une bonne chose, une excellente chose, même, et Lucretia était ravie de voir la jeune mère accueillir avec tant d'enthousiasme sa proposition. Elle lui proposait de signer son arrêt de mort, et Gabrielle exigeait d'office un plume et un parchemin. C'était presque trop beau pour être vrai. Mais en même temps, Lucretia savait bien que c'était réel.

Elle savait pourquoi elle avait fait tout ça, elle savait quel mal elle s'était donnée pour en arriver là. Oui, elle parvenait à ses fins, mais en même temps, elle s'en était donnée les moyens, et elle récoltait tout simplement ce qu'elle avait semé avec beaucoup d'attention et encore plus de précaution.

« On va… on va faire ça tout de suite d’ailleurs ! »

Lucretia dissimula au mieux son immense satisfaction. C'était exactement ce qu'elle avait voulu. Elle n'avait rien de particulier à faire. Gabrielle courait dans la gueule du loup et elle ne devrait s'en prendre qu'à elle-même si elle se faisait dévorer toute crue. Faire ça tout de suite, c'était précisément ce que Lucretia avait voulu.

Il fallait qu'elles fassent ça tout de suite. Si Gabrielle ne l'avait pas suggéré d'office, Lucretia aurait insisté pour qu'elle le fasse. Elle ne voulait pas attendre, elle ne voulait même pas attendre l'aval de son époux. C'était parfait ainsi.

Lucretia fouilla dans son sac et fit mine d'être agréablement surprise d'y trouver une plume et un calepin - comme c'était commode, ils ne s'étaient pas du tout trouvés là dans ce but précis.

"Je pense que ça fera l'affaire. Tiens."

Elle avait même envie de lui dicter mot pour mot ce qu'elle devrait écrire pour se garantir de la validité du texte qu'elle rédigerait, mais elle ne voulait pas pousser le bouchon un peu trop loin. Elle touchait au but, elle était toute proche d'arriver enfin à ses fins, ce n'était pas maintenant qu'il fallait céder. Elle était à deux doigts de la victoire. Elle ne la célèbrerait que quand l'enfant deviendrait officiellement le sien, mais en attendant, elle se satisfaisait très bien de la situation en l'état, on peut le dire.

Le coupable est celui à qui le crime profite.

Gabrielle devrait sans doute attendre que Raziel rentre de Poudlard pour lui parler de tout cela, elle aurait même dû lui en parler avant d’en parler à Lucretia, mais… non, il ne fallait pas prendre de risque, il valait mieux faire en sorte que tout soit en ordre. On ne savait jamais, il pouvait arriver n’importe quoi à son époux. Et… honteusement, Gabrielle devait bien avouer qu’elle avait bien plus confiance en son amie qu’en son époux. Raziel n’avait pas à subir tout cela, il était parfait avec elle, mais en même temps ils n’en seraient peut-être pas là s’il n’était pas avec ces… personnes. Raziel dans tous les cas avait envie de protéger Augustus autant qu’elle, alors il n’y avait aucune raison qu’il ne soit pas d’accord. Gabrielle préférait faire cela maintenant, puisque son amie se trouvait là, puisqu’elle était d’accord de prendre soin de son fils s’il devait leur arriver quelque chose. Au moins, la jeune femme se disait qu’elle pourrait se sentir quand même plus sereine, sans pour autant se rendre compte que le piège était en train de se refermer sur elle… qu’elle était sur le point de signer son arrêt de mort.

Lucretia fouilla dans son sac et y trouver un calepin et une plume, c’était parfait. Évidemment, Gabrielle ne se doutait de rien, elle ne comprenait pas que la femme sous ses yeux était tout simplement en train de la manipuler et que tout était prévu. Gabrielle attrapa la plume et le calepin, commençant à inscrire ses « vœux » en prenant bien soin de réfléchir à la tournure de ses phrases. Elle ne voulait pas qu’il y ait le moindre doute, elle ne voulait pas que quiconque puisse imaginer qu’elle n’était pas sûre et certaine de sa décision, croire que Lucretia n’était pas celle qui devait prendre soin de son fils. Elle n’écrivit évidemment pas un roman, elle se contenta d’être simple, mais efficace, avec les bonnes formules d’usage. Elle prit la peine de relire ce qu’elle venait d’écrire, corrigeant quelque passage en même temps…

« Tu en penses quoi ? » Demanda-t-elle finalement en tournant le calepin vers Lucretia pour qu’elle lui donne son avis. Elle pensait que c’était bon, il y avait tout ce qu’il fallait, la date, les vœux de Gabrielle, le fait que c’était Lucretia et seulement elle et son époux capable de s’occuper de son fils, que c’était une volonté du couple s’il arrivait quoi que ce soit à Gabrielle. Pas à Raziel non, juste s’il arrivait quelque chose à Gabrielle… un détail qui ne semblait qu’être rien en soit, mais qui pouvait quand même peser énormément dans une balance.

Il ne manquait plus que sa signature et c’était officielle. Gabrielle sentait son cœur s’alléger légèrement, sans se rendre compte que cette signature allait tout simplement signifier qu’elle allait perdre son fils, que ce dernier allait devenir l’enfant d’autres personnes. Qu’on était en train de lui prendre la personne la plus précieuse de son existence.

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★ Le coupable est celui à qui le crime profite. ★

Gabrielle mettait une application toute particulière à signer de son propre gré son arrêt de mort. Ou en tout cas l'arrêt de mort de son statut de mère. Lucretia était impatiente, et appréhendait un peu également. C'était le moment décisif. Et elle espérait que Gabrielle avait gardé suffisamment de raison et de bon sens pour que ce qu'elle consignait sur le papier ait du sens, ne puisse pas prêter à confusion et ne l'oblige pas à recommencer, encore et encore.

Elle voulait faire les choses selon ses conditions, elle était par conséquent bien décidée à ne rien laisser au hasard. Si une tournure de phrase devait ne pas faire honneur à ses décisions, elle y reviendrait, et elle ferait réécrire Gabrielle, encore et encore, jusqu'à l'épuisement s'il le fallait. En prétextant que c'était uniquement pour son bien. Elle laissa donc passer les minutes, dissimulant sa fébrilité mais vraiment impatiente de découvrir ce que son "amie" avait écrit pour s'assurer que tout était conforme à ses attentes. Elle avait hâte, très hâte de rentrer chez elle, la fameuse missive en main, et de la montrer à Ignatius, avant de prendre les mesures adéquates pour s'emparer une bonne fois pour toutes de l'enfant dont le sort se décidait à présent, ici et maintenant.

« Tu en penses quoi ? »

Enfin, c'était fait. Lucretia attrapa le papier et lut la moindre ligne avec une attention particulière, une concentration très prononcée. Rien ne devait être laissé au hasard, tout devait être calculé, vérifié, revérifié s'il le fallait. La moindre virgule devait être placée au bon endroit. Si cela n'avait tenu qu'à Lucretia, elle aurait tout écrit elle-même et aurait simplement demandé à Gabrielle de signer. Mais la spontanéité de sa proposition aurait eu de quoi être remise en question, ne nous le cachons pas.

Mais il n'y avait rien à redire, c'était comme si Gabrielle avait directement pioché au creux de ses pensées tout précisément ce que Lucretia avait voulu qu'elle en extirpe. C'était parfait. C'était idéal.

-C'est parfait, dit-elle après lecture avant de plier minutieusement le papier et de le ranger dans son sac. Puis elle se tourna vers Gabrielle, serra une de ses mains dans les siennes. Je te promets, Gabrielle, que je prendrai soin d'Augustus comme s'il était mon propre fils.

Et pour le coup, elle était sincère.

Le coupable est celui à qui le crime profite.

Gabrielle regarda attentivement Lucretia alors qu'elle lisait le mot qu'elle venait d'écrire, impatiente de savoir ce que son amie en pensait. Parce que ça lui tenait à cœur tout de même, ce message était vraiment important. Parce que c'était quand même la protection de son fils dont il était question, elle voulait s'assurer que les choses allaient bien se passer pour son bébé au cas où. Elle avait besoin de ça, de ce dire que son fils allait être entre de bonnes mains… au cas où.

Sans qu'elle ne soit en train de se rendre comprend qu'elle était en train de signer son arrêt de mort. Qu'elle était en train de signer la fin de sa famille au final. Parce que pour le moment ça allait encore, mais ça n'allait évidemment pas durer. Lucretia lui affirma alors que sa lettre était parfaite, ce qui soulagea quand même énormément Gabrielle. Elle n'avait pas conscience de ce qui était en train d'arriver, de ce qu'elle était en train de faire. Quand elle entendit son amie affirmer qu'elle allait prendre soin de son fils comme si c'était le sien, Gabrielle aurait pu se rendre compte de ce qui était en train d'arriver, de ce qu'elle faisait, de ce qu'elle était en train de réaliser. Mais non Gabrielle était bien incapable de se rendre compte de ce qui était en train d'arriver, parce qu'elle ne pouvait pas imaginer que Lucretia soit en train de la manipuler.

« Je sais que je peux compter sur toi, j'ai toujours pu le faire. »

Gabrielle ne savait pas comment elle aurait pu s'en sortir sans son amie. Elle n'était pas la seule dans son entourage, mais elle était bien plus dépendante de Lucretia, parce que la jeune femme avait fait tout son possible pour y arriver. Et elle était clairement arrivé à ses fins, le futur allait le prouver.

« Je nous sers du thé ? » Demanda-t-elle un peu comme si elle passait du coq à l'âne, comme si de n'était pas vraiment important.

C'était important, ça tenait énormément à Gabrielle, elle se sentait d'ailleurs bien plus soulagée maintenant que tout ça était réglé. Elle espérait qu'elles n'allaient pas avoir besoin de ça, que tout allait bien se passer, mais au fond elle se doutait un peu de ce qui allait arriver. C'était important donc, mais elle était soulagée et parce qu'elle était soulagée, elle avait juste envie de profiter de la présence de son amie sans qui elle ne savait pas du tout comment elle allait s'en sortir. Elle savait qu'elle pourrait se contenter de compter sur Raziel, parce que pour le moment il était encore dans sa vie, mais il ne pouvait pas la comprendre, en tout cas elle ne pensait pas qu'il en était capable. Pas autant que son amie. Et elle avait bien envie de profiter de sa présence et de son soutien.

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« Je sais que je peux compter sur toi, j'ai toujours pu le faire. »

Lucretia afficha un sourire prétendument attendri en entendant les propos de Gabrielle. Oh, si elle savait. Elle était la dernière personne sur laquelle Gabrielle devrait compter, mais elle avait choisi de le faire, et c'était tant mieux. Elle était parvenue à son but, et c'était ce qui importait.

Elle était parvenue à son but, mais au bout du compte, elle se disait que ce n'était pas exactement le plus compliqué, qu'elle venait de faire. Le plus compliqué, c'était ce qui allait suivre. Finalement, manipuler Gabrielle pour obtenir gain de cause avait été plus amusant qu'autre chose. Mais à présent, elle avait ce qu'elle était venue chercher, et forte d'avoir atteint son but, sa seule envie était de s'en aller, de retrouver Ignatius, et de célébrer la bonne nouvelle avec son époux. Mais elle ne pouvait pas se le permettre. Il fallait encore qu'elle fasse un temps bonne figure auprès de son "amie". Alors elle allait faire ce qu'elle pouvait.

« Je nous sers du thé ? »

Lucretia avait très envie de refuser. Elle hésita, même, à s'inventer une excuse pour s'en aller immédiatement, mais alors qu'elle avait Gabrielle dans la poche pour de bon, elle préférait faire encore cet effort. Alors elle allait accepter de prendre ce fichu thé, et d'endurer la présence de Gabrielle encore un petit moment. Elle méritait bien qu'elle fasse cet effort alors qu'elle lui offrait sans vraiment s'en rendre compte le plus beau cadeau qu'elle pouvait accorder au couple Prewett.

-Avec grand plaisir, se permit-elle de dire avec un sourire. "Je pense que ça nous fera le plus grand bien."

En fait, elle ne pensait rien de tout cela. Bien que Britannique, elle n'avait qu'un attrait limité pour le thé. Elle n'avait ni soif de thé, ni ne désirait bavasser trop longuement avec Gabrielle. Mais il fallait bien que sa petite comédie ait des inconvénients, sans quoi elle n'aurait pas véritablement mérité le statut de mère qui lui tendait les bras.

-Est-ce que tu as besoin d'aide pour quoi que ce soit ? proposa-t-elle.

Ce qui était un privilège. Lucretia n'aidait jamais personne.

Le coupable est celui à qui le crime profite.

Gabrielle avait envie de changer clairement de sujet. Non pas qu’elle soit si mal à l’aise avec la situation, puisqu’elle avait simplement le sentiment d’avoir décidé elle-même d’accorder la « garde » de son enfant à Lucretia. Cela venait d’elle après tout, elle demandait à son amie de lui rendre un service tout simplement. Mais elle avait bel et bien envie de changer de sujet, un peu comme si de rien n’était, comme si elle avait juste besoin de ne pas penser au fait qu’il puisse lui arriver quelque chose.

Elle fut heureuse d’entendre Lucretia affirmer qu’elle acceptait de partager ce thé en sa compagnie. La jeune femme aimait la compagnie de Lucretia, elle aimait pouvoir parler avec elle, sans se rendre compte que son amie n’en était pas réellement une amie, qu’elle – de son côté – n’avait aucune envie de rester en sa compagnie et de partager ce moment en sa compagnie. Elle ne voyait rien, elle était bien incapable de voir la réalité, tant elle était complètement manipulée. La jeune femme afficha un sourire quand son amie précisa en prime qu’elles en auraient bien besoin. Pour le coup, la française ne pouvait qu’être du même avis que son amie.

En tout cas, la jeune femme ne se retint pas pour préparer ce thé. Elle afficha un nouveau un sourire quand Lucretia lui demanda si elle avait besoin d’aide pour quoi que ce soit. Clairement, la jeune femme considérait vraiment que son amie lui offrait déjà énormément d’aide. Elle savait qu’elle pouvait compter sur Lucretia pour beaucoup de chose, pour son plus grand bonheur d’ailleurs, pour son trésor. Évidemment, pour l’heure il n’était pas réellement question de cela, elle demandait surtout si elle pouvait l’aider pour le thé. Ce n’était rien donc, mais dans tous les cas Gabrielle n’avait pas besoin.

« Non, merci, ça ira. » Dit-elle sans perdre son sourire, alors qu’elle préparait ces tasses de thé qu’elles allaient pouvoir partager toutes les deux. Gabrielle était vraiment heureuse de pouvoir passer un peu de temps avec Lucretia. C’était le but de la visite de son amie bien sûr, et ça lui faisait justement énormément de bien de l’avoir à ses côtés. Elle servit leurs deux tasses, tout en reprenant la parole. « Dis-moi, je n’ai même pas pris le temps de te demander comment ça allait pour toi en ce moment. Comment ça se passe avec ton mari. Dis-moi tout. »

Elle n’était clairement pas aussi proche du mari de Lucretia, que de Lucretia, mais elle l’appréciait quand même. Elle n’avait pas réellement pris la peine de s’intéresser à son amie depuis son arrivée, parce qu’elles avaient parlé de Augustus tout de suite, elles avaient pris la peine de le voir, et elles avaient évidemment parlé de la situation, de ce que Gabrielle avait sur le cœur. La jeune femme n’avait aucune envie d’être à ce point égoïste. Elle se préoccupait évidemment de son amie, elle espérait qu’elle allait bien, que tout se passait bien pour elle.

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★ Le coupable est celui à qui le crime profite. ★

« Non, merci, ça ira. »

Gabrielle afficha un sourire qui pourrait vouloir dire « je n’insiste pas ». Et c’était le cas en effet, elle n’avait pas l’intention d’insister. Si son « amie » considérait qu’elle pouvait se débrouiller par elle-même, il ne fallait pas compter sur Lucretia pour faire l’effort de lever le petit doigt. Les efforts, elle les faisait maintenant, en se montrant patiente et attentive avec cette femme avec qui elle n’avait rien de commun.

Elle devait sans cesse, en son fort intérieur, se rappeler que le jeu en valait la chandelle. Dans le cas contraire, elle aurait déjà abandonné, tant rien dans toute cette situation ne lui plaisait. Elle était, très honnêtement, fatiguée d’avance de devoir rester plus longtemps et jouer la parfaite meilleure amie pour préserver les apparences. Mais aux grands maux les grands remèdes. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer. Ensuite, elle retrouverait Ignatius, et ils pourraient rire ensemble de la naïveté de Gabrielle. Elle avait obtenu ce qu’elle était venue chercher. Tout irait sur des roulettes, à présent, et elle en était vraiment heureuse. Cela valait bien quelques contrariétés. Comme des conversations un peu plan-plan avec cette femme qui lui inspirait bien plus de mépris que de compassion.

« Dis-moi, je n’ai même pas pris le temps de te demander comment ça allait pour toi en ce moment. Comment ça se passe avec ton mari. Dis-moi tout. »

-Tout va bien. Ignatius est vraiment un homme compréhensif, tu sais, s’il n’était pas là pour me soutenir, je ne sais pas ce que je deviendrais. Beaucoup d’autres hommes se seraient sans doute désintéressé de moi en apprenant…enfin… Je n’aurais pas pu trouver meilleur mari si on ne me l’avait pas imposé.

Elle n’avait pas besoin de mentir. Ce qu’elle disait lui venait tout seul. Parce qu’en trouvant Ignatius, elle s’était trouvée elle-même. Elle ne s’y était pas attendue, mais c’était le cas. Et pour rien au monde elle ne voudrait revenir en arrière.

Le coupable est celui à qui le crime profite.

C’était une bonne chose aux yeux de Gabrielle que les deux « amies » prennent un peu la peine de parler de la vie de Lucretia plutôt que de se pencher uniquement sur elle. Elle avait envie de s’assurer quand même que Lucretia allait bien. Par moment, elle avait le sentiment d’être une amie horrible, incapable d’être là comme il le fallait pour elle. Parce qu’elle avait constamment des soucis. Alors que Gabrielle était normalement bien plus généreuse que cela, se préoccupant d’abord des autres avant de se préoccuper d’elle. C’était un peu difficile pour elle de ne pas être en vraie position amicale pour Lucretia.

Mais heureusement, la jeune femme avait trouvé la perle rare. Gabrielle l’écouta parler de Ignatius, l’entendre dire que cet homme était vraiment quelqu’un de compréhensif. C’était triste à dire, mais dans leur société, on en trouvait quand même vraiment peu des comme ça. Gabrielle avait le sentiment d’être tombé sur le mari parfait, mais il semblait évident qu’elle n’était pas la seule. Parce que Lucretia avait la chance de pouvoir compter sur le soutien de son époux malgré l’épreuve qu’elle vivait. Tout autre homme se serait sans doute détourné d’elle, lui aurait jeté la pierre concernant son incapacité à avoir des enfants. Ce qui était horrible bien sûr, mais dans leur monde ce n’était vraiment pas étonnant.

« Tu as tellement de chance. » Dit-elle dans un sourire, parfaitement sincère. C’était le cas, elle considérait vraiment que Lucretia avait énormément de chance. Elle n’avait pas choisi son mari et ce dernier était quand même bien plus vieux qu’elle, mais au final elle était réellement tombée sur une bonne personne. Donc, oui, elle avait énormément de chance. Comme Gabrielle qui considérait qu’elle avait aussi de la chance, quand elle ne pensait pas au fait que son époux avait sans doute apporté une ombre dangereuse sur leur foyer, une ombre qui pouvait à tout moment gâcher leur vie et leur faire du mal. « Je suis vraiment heureuse que tu sois bien avec lui. » Ajouta-t-elle, encore une fois parfaitement sincère.

Gabrielle penserait évidemment d’une manière bien différente si elle était capable de se douter de ce que ce couple avait en tête et de comprendre qu’elle était la source de tous ses ennuis de ces derniers temps. Mais ce n’était pas le cas, elle ne se doutait de rien, alors elle était juste parfaitement heureuse pour Lucretia et elle se disait même qu’elle devait s’inspirer du bonheur de son amie pour se sentir parfaitement bien de son côté.

« Sur ce point, nous avons toutes les deux de la chance. » Ajouta-t-elle dans un fin sourire, quelque peu triste cependant. Elle y croyait en ces mots, mais en même temps elle ne pouvait pas ignorer ses craintes et ses quelques… angoisses.

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« Tu as tellement de chance. Je suis vraiment heureuse que tu sois bien avec lui. »

Lucretia sourit. Elle n'allait certainement pas contredire Gabrielle. Sur bien des points, elle pourrait lui donner tort si elle choisissait d'être sincère envers elle. Mais en l'occurrence, elle était du même avis qu'elle. Oui, elle était chanceuse, parce qu'elle avait le meilleur mari que l'on puisse imaginer. On faisait parfois bien des histoires des mariages arrangés, mais jamais Lucretia n'aurait été si heureuse si elle n'avait eu la chance de croiser la route d'Ignatius. Il avait changé sa vie pour le meilleur, et grâce à lui, c'était son regard et ses perspectives qui avaient changé. Nul ne pouvait réellement imaginer combien il avait été important pour elle. Car elle aurait beau le dire ou le répéter, ce serait encore bien différent de la réalité.

Alors dire qu'elle était bien avec son mari, c'était encore en-deçà de la vérité. Elle savait qu'il avait eu une vie avant elle, et une épouse, même, mais ça ne comptait pas, il n'y avait qu'eux et l'avenir qu'ils construisaient ensemble, un avenir auquel Gabrielle contribuait évidemment malgré elle, mais qui aurait le pouvoir de tout changer, de façon certaine.

« Sur ce point, nous avons toutes les deux de la chance. »

Lucretia confirma d'un sourire sans le penser. On disait souvent que le bonheur des uns faisait le malheur des autres, c'était totalement vrai en ce qui concernait Gabrielle et Lucretia. Non, Gabrielle n'était pas chanceuse, et elle allait tout perdre, Lucretia y veillerait.

Alors non, Gabrielle n’était pas chanceuse du tout, et si elle pensait que son mariage faisait d’elle une femme chanceuse, alors elle confirmait d’autant plus sa naïveté… Une naïveté que Lucretia n’aurait jamais aucun scrupule à exploiter encore et encore, jusqu’à la corde.

-Oui, on se ressemble beaucoup, toi et moi, je l’ai pensé dès que je t’ai rencontrée. Toi et moi, on est comme des sœurs.

Elle en rajoutait. Elle en faisait trop, mais ce n’était pas sans raison. Elle voulait le dire suffisamment pour que Gabrielle aussi commence à le croire. Jusqu’à finir par se dire qu’elle était celle à qui se fier le plus au monde, plus encore qu’elle ne le faisait pourtant déjà, en toute crédulité.

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Gabrielle afficha un sourire un peu plus grand en entendant son amie lui affirmer qu’elles se ressemblaient beaucoup. La jeune femme ne pouvait pas s’empêcher d’appréciait grandement ces propos et le fait que Lucretia puisse trouver qu’elles se ressemblaient beaucoup. Gabrielle, en temps normal, ne manquait pas forcément de confiance en elle. Mais force lui était de constater que par moment, elle ne se sentait plus du tout à la hauteur. Elle avait grandement changé ces derniers mois et quand en prime, elle se sentait affaiblie de plus en plus, elle voyait qu’à côté de cela, Lucretia était parfaitement à l’aise, parfaitement heureuse et sûre d’elle malgré le fait que tout n’était pas vraiment rose dans sa vie non plus. Mais elle ne se laissait pas abattre et c’était tout simplement impressionnant. Quelque chose qui fascinait vraiment Gabrielle donc et autant dire que le fait que son amie puisse se comparer à elle, c’était un grand honneur.

Mais ce ne fut rien à côté du fait que Lucretia précisa qu’elles étaient comme des sœurs. Gabrielle sentit son cœur se serrer en entendant les paroles de son amie, tant elle se sentait particulièrement touchée par ces mots. Ce n’était que de simples mots en un sens, mais ça avait une très grande valeur pour la jeune femme.

« Oui… c’est ça. » Répondit-elle dans un fin sourire, ne pouvant pas retenir vraiment l’émotion qui se trouvait dans sa voix. En même temps, ce n’était pas comme si la jeune femme avait besoin de faire attention et de retenir ce qu’elle ressentait. Au contraire, elle avait le sentiment de pouvoir tout partager avec son amie, qu’elle pouvait tout confier à Lucretia et qu’elle était même peut-être la seule en ce bas monde capable de la comprendre. Autant dire que ça lui faisait un bien fou de l’avoir à ses côtés, sans qu’elle ne soit capable de se rendre compte que cette « sœur de cœur » était justement celle qui était en train de la faire tomber le plus bas. « C’est exactement ça, tu es comme une sœur pour moi. » Reprit-elle, dans un nouveau sourire. « Tu savais que j’avais une sœur avant ? » Gabrielle ne savait plus si elle avait parlé de sa sœur à Lucretia un jour, elle ne prenait pas vraiment la peine d’en parler beaucoup et… eh bien, ses souvenirs étaient quelques peu troublées ces derniers temps. Elle ne savait plus ce qui était vrai ou non. Elle ne pouvait donc pas garantir que quelque chose qu’elle se souvenait était vraiment arrivé. « Elle me manque beaucoup, mais je me rends compte que j’ai tellement de chance de t’avoir et que… je ne sais pas, comme si on était destinée à se rencontrer et à se soutenir. »

Elle en faisait des caisses, bien évidemment, et le pire au final était qu’elle était sincère dans ses propos. La jeune femme pensait sincèrement ce qu’elle disait et elle tenait beaucoup trop à celle qui la tuait à petit feu.

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b« Oui… c’est ça. C’est exactement ça, tu es comme une sœur pour moi. »

Oh misère. Heureusement que non, en réalité. Gabrielle Rookwood n'avait pour elle que son sang pur et un mariage qui lui avait été profitable, mais si Lucretia avait dû avoir une soeur, définitivement, elle n'aurait pas choisi l'insipide Gabrielle. Toutes deux n'avaient en commun que l'enfant que cette femme avait porté et que Lucretia comptait lui dérober, c'était absolument tout, et c'était déjà beaucoup, certes. Mais peu importe. Gabrielle avait l'air convaincue, elle semblait y croire vraiment, et c'était ce qui importait.

« Tu savais que j’avais une sœur avant ? »

-Vraiment ? demanda Lucretia, prise au dépourvu, réalisant qu'il y avait une information au sujet de Gabrielle qui lui avait échappé.

Elle n'avait jamais entendu parler de cette soeur. A moins que Gabrielle ne soit en train de complètement délirer. Ce n'était pas exclu, vu les circonstances. Que ce soit vrai ou non, la curiosité de Lucretia était aiguisée. Elle voulait comprendre, en savoir plus au sujet de cette mystérieuse soeur dont elle n'avait jamais entendu parler, et qui allait peut-être lui donner l'opportunité d'obtenir un nouveau moyen de pression sur elle, un nouveau moyen de jouer avec ses nerfs et avec sa fragile santé mentale.

-C'est la première fois que tu en parles. Et au passé. Est-ce qu'elle est... ?

Elle prétendait ne pas vouloir finir sa phrase par délicatesse. En vérité, c'était juste une façon de s'amuser avec ses nerfs, ce qui était devenu, à la longue, le jeu préféré de Lucretia. Elle eut un début de réponse quand Gabrielle poursuivit.

« Elle me manque beaucoup, mais je me rends compte que j’ai tellement de chance de t’avoir et que… je ne sais pas, comme si on était destinée à se rencontrer et à se soutenir. »

-Tu as raison, je crois que ça ressemble au destin. Tu sais, j'ai toujours voulu avoir une soeur. C'était entièrement faux. Lucretia était ravie de ne pas avoir eu de soeur. Elles auraient forcément été en concurrence si elle en avait eu une. Et elle n'aurait pas pu s'empêcher de vouloir l'écraser, elle se connaissait, elle s'en doutait. Bien sûr, j'ai mon frère. Mais ce n'est pas la même chose.

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Gabrielle baissa son regard quand Lucretia ne termina pas sa phrase. Elle fut incapable de prononcer ce mot à la place de son ami. Pourtant, cela faisait des années maintenant que sa sœur était morte et elle avait fait son deuil depuis très longtemps. À une époque, elle parlait plus facilement de la disparition de sa sœur, même si ce n’était pas non plus un sujet qu’elle abordait à longueur de temps. En tout cas, elle avait sa confirmation, la jeune femme ne lui avait jamais parlé de Marie avant. Elle avait eu un doute, elle ne savait plus si elle lui en avait déjà parlé avant, tant eEt puille avait l’impression au final que Lucretia connaissait tout d’elle, même plus sans doute qu’elle-même.

Elle ne prononça pas ce mot, mais elle pensait que Lucretia comprendrait bien que sa sœur était effectivement morte.

« Elle était malade, depuis… eh bien, depuis toujours. Elle était plus âgée que moi. »

La jeune femme avait continué sa vie et même si tout n’était pas rose dans son existence, elle se rendait compte qu’elle avait quand même énormément de chance. Notamment d’avoir Lucretia, qui devenait au fil du temps une sorte de sœur pour elle… une sœur de remplacement. Et visiblement, la sorcière était du même avis qu’elle concernant le destin. Gabrielle afficha un grand sourire en entendant Lucretia affirmer qu’elle avait toujours voulu avoir une sœur. Évidemment, la jeune femme était à mille lieues d’imaginer que son interlocutrice était en train de lui mentir comme une arracheuse de dent, qu’elle était en train de lui dire simplement ce qu’elle avait envie d’entendre.

« Évidemment que ce n’est pas pareil. » Répondit-elle, quand Lucretia mentionna le fait qu’elle avait son frère. « Ce n’est vraiment pas pareille d’avoir un frère ou une sœur. » En soit, la jeune femme n’en savait rien elle-même, puisqu’elle n’avait pas de frère. Et même en tant que sœur, on ne pouvait pas réellement dire qu’elle avait beaucoup de référence d’une relation normale entre sœur. Cependant, ça ne changeait rien à ce qu’elle pensait. Avoir un frère, ou avoir une sœur, ce n’était définitivement pas la même chose. « Ces hommes… de toute façon, ils ne nous comprennent pas toujours. »

Et elle ne disait pas cela en parlant seulement des frères. Ça englobait tout le reste, les amis hommes qui ne pouvaient pas forcément tout comprendre même s’ils essayaient (raison pour laquelle il n’était pas évident d’avoir des amis hommes d’ailleurs), les pères, les maris… même les plus aimants, ils ne pouvaient pas se mettre à la place des femmes. Il n’y avait que les sœurs, les mères, et les amies vraiment proches qui pouvaient sincèrement compter et comprendre tout ce qu’on ressentait.

La preuve, Raziel ne comprenait plus Gabrielle. Et la jeune femme ne savait plus réellement quoi penser par rapport à James. En revanche, elle savait qu’elle pouvait tout confier à Lucretia, même ce qu’elle tenait le plus au monde.

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★ Le coupable est celui à qui le crime profite. ★

« Elle était malade, depuis… eh bien, depuis toujours. Elle était plus âgée que moi. »

-Je suis vraiment désolée...

Si Lucretia faisait mine de s'émouvoir de ce que lui apprenait son interlocutrice, ce n'était bien sûr qu'apparences : dans les faits, la jeune femme n'en avait définitivement que faire de cette soeur disparue et de l'état de santé de cette dernière : ce n'étaient pas ses affaires, et ça ne l'intéressait pas le moins du monde, en revanche, c'étaient des informations dont elle pourrait se servir aux dépens de son "amie", et ça, c'était forcément une bonne cose. Par ailleurs, plus Gabrielle acceptait de se confier, plus elle elle lui prouvait le fait qu'elle était de plus en plus capable, de son côté, de la manipuler, parce que la confiance était définitivement placée où elle ne devrait pas l'être.

« Évidemment que ce n’est pas pareil. Ce n’est vraiment pas pareille d’avoir un frère ou une sœur. Ces hommes… de toute façon, ils ne nous comprennent pas toujours. »

Lucretia afficha un sourire, qui était sans doute le plus sincère qu'elle ait jamais adressé à Gabrielle jusqu'alors : parce que, à la vérité, sur ce point en tout cas, la jeune femme ne manquait pas d'être du même avis que son interlocutrice. Oh, elle aimait Ignatius, elle l'aimait plus qu'elle ne s'était imaginée capable d'aimer qui que ce soit en ce bas monde, mais elle était de celles qui pensaient en effet que psychologie féminine et mentalité masculine étaient deux choses bien différentes et tout à fait distinctes, et qui pouvaient aisément rentrer en dissonance.

-Ils ne nous comprennent jamais, tu veux dire ! Quand ils acquiescent à ce qu'on raconte, tu peux être sûre et certaine qu'ils ont la tête ailleurs ! Merlin sait que j'aime mon mari, pourtant, mais c'est définitivement un cas désespéré quand il s'agit d'y comprendre quoi que ce soit en matière de sensibilité féminine. Elle marqua une pause. C'est quelque chose qui m'a beaucoup manqué, tu sais... Quand j'ai compris que je ne pourrais jamais avoir d'enfant, quelqu'un à qui parler et qui pourrait véritablement comprendre ce que je traverse... Mais même si Ignatius a été très compréhensif, je ne crois pas qu'il ait jamais vraiment compris... Mais avec toi, je sais que je peux parler ouvertement et en toute franchise, et que tu me comprends.

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» [Intrigue] Celui qui ne sait pas est naïf, celui qui sait et ne dit rien est un criminel (Carlotta)
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» Un père n’est pas celui qui donne la vie, ce serait trop facile, un père c’est celui qui donne l’amour. (Clarice)
» Le père qui n'enseigne pas ses devoirs à son fils est autant coupable que ce dernier s'il les néglige. [pv Cygnus]
» Les rps de Lucretia

Le coupable est celui à qui le crime profite. (Lucretia)

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