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on, là c'est sûr, Cedrella ne pourrait définitivement pas dire qu'elle ne l'avait pas cherché. A force de provoquer son époux, il fallait bien qu'elle récolte la monnaie de sa pièce. Mais pour autant, la jeune femme n'avait pas la moindre intention de revenir sur son comportement ou de s'en excuser. En pleine conscience de ce qu'elle avait dit et fait, elle estimait que le jeu en valait la chandelle. Elle n'était pas libre, elle ne l'était plus depuis bien longtemps, elle avait cessé de l'être dès l'instant où elle avait répondu "oui" devant l'autel, et peut-être même avant cela. Mais quand bien même elle n'était pas libre, elle pouvait récolter, glaner des instants de liberté où elle pouvait. Et en l'occurrence, c'était dans les conversations du genre, quand elle s'autorisait à se montrer piquante voire insultante, quand elle se permettait d'avoir l'ascendant verbal sur son mari. Cela ne durait jamais longtemps, Caspar savait la remettre bien vite à sa place, mais... Cette infime fenêtre de temps lui faisait du bien, même si elle devait ensuite en soupeser les conséquences.

Et la sentence tombait donc. Elle ne pourrait plus rien faire sans que son mari en ait connaissance, elle serait coincée ici, sans aucune chance d'échapper à sa vigilance. Elle avait envie de dire que ce n'était pas si grave, mais c'était faux, elle aimait bouger, sortir, assister à des soirées, passer du temps avec ses amies, prendre le thé avec Belvina, bavasser avec Dorea, échanger avec Charis et Callidora... Mais elle ne se laisserait pas enfermer dans tous les cas. Sitôt que Caspar partirait au travail, elle trouverait bien le moyen de passer outre sa vigilance.

-Callidora a une vie en dehors de toi, tu as l'air de l'oublier. Bon, ça ne m'étonne pas vraiment, tu es incapable de t'imaginer que qui que ce soit puisse exister en dehors de ton fantastique giron, mais c'est le cas. Elle a un mari, une fille, ce genre de choses. Elle a autre chose à faire que de me chaperonner. Je pensais que tu la considérais davantage, mais visiblement, elle aussi tu n'es capable de ne lui donner que le rôle de boniche.

Il était plus simple de s'épancher sur le sujet Callidora, en l'occurrence, que de revenir sur les restrictions que lui imposait Caspar. A ce sujet, elle comprenait qu'il lui faudrait courber l'échine ou en tout cas prétendre le faire, d'une façon ou d'une autre. Elle n'obtiendrait pas gain de cause en protestant, et elle préférait donc attaquer par là où elle considérait avoir encore quelques armes, même si elles étaient bien minimes, voire même assez risibles au regard de tout le pouvoir qu'il avait sur lui en tant que mari.

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