Voilà, enfin... Walby les avait attendus, pendant beaucoup trop longtemps, mais elles étaient enfin arrivées ! Quoi donc ? Les vacances tant espérées, bien sûr ! Les derniers jours qui avaient précédé ce moment tant attendu avaient duré, duré, duré... une éternité ! Les minutes étaient devenues des heures... chaque cour plus insupportable que le précédent. Mais bon, c'était fait, c'était réglé, et elle allait enfin pouvoir rentrer chez elle. Ce n'est pas qu'elle attendait impatiemment de retrouver son papa et sa maman (qui de toute façon auraient mieux à faire, sans doute, comme d'habitude), mais elle avait hâte de retrouver le confort de son manoir, d'être tranquille, d'avoir la paix, de pouvoir gérer son temps comme elle l'entendait sans avoir à supporter certains de ses camarades. Et puis, c'étaient les vacances de Noël, ce qui voulait dire dîner somptueux et montagne de cadeaux sous le sapin, et ça, ça devait susciter l'impatience de n'importe qui, selon elle.

Faire ses valises n'avait pas été une mince affaire. C'est vrai qu'elle allait partir un certain temps, mais ça restait juste deux semaines, et elle préparait des bagages bien trop lourds pour son temps d'absence, mais elle était comme ça, elle n'aimait pas l'idée de laisser une seule de ses affaires au château, loin de sa vigilance, pendant aussi longtemps. Pour la peine, prendre ses affaires avait été un véritable casse-tête, et lui avait pris un temps fou qui serait sûrement incompréhensible pour beaucoup d'autres. Après avoir écrasé prestement ses valises pour réussir à les fermer, elle descendit dans sa salle commune. Le Poudlard-Express ne partait que le lendemain mais elle avait voulu s'assurer qu'elle n'oublierait rien et elle n'était pas comme ces autres procrastinateurs qui attendaient la dernière minutes pour boucler leurs bagages (déjà, elle s'y était pris plus tard que d'habitude). Elle allait donc pouvoir profiter de sa dernière soirée à Poudlard sereinement.

Elle balaya la salle commune du regard en quête d'un visage familier et sympathique, surtout (ce qui limitait déjà un peu plus le choix), son regard tomba finalement sur Aurora, assise sur un fauteuil près de la cheminée. Voilà qui était parfait, avec qui d'autre passer sa dernière soirée à l'école avant les vacances, si ce n'est avec sa meilleure amie (avec Orion, oui... mais c'était devenu assez... compliqué de rester seule avec lui) ? Elle s'installa donc à côté d'elle, sourire aux lèvres.

- Hey ! Ça va bien ?

Mes parents sont des imbéciles mais ça, tu le sais déjà. A part ça, ça va.

Walby sourit en entendant Aurora se plaindre une nouvelle fois de ses géniteurs. En effet, ce n'était pas quelque chose que la jeune femme apprenait à l'instant. Ses parents étaient des imbéciles, ça, Walby était bien d'accord. Bon, elle n'avait que la version que sa meilleure amie voulait bien lui donner des faits, mais elle acceptait de la croire, et franchement, elle n'aimerait pas être à sa place. Bon, ses parents lui tapaient régulièrement sur le système et la fatiguaient, mais au moins, si cadavres il y avait (et il y en avait sans doute, effectivement) dans le placard familial, elle n'avait jamais ouvert les bonnes portes, et c'était bien, ça pouvait rester comme ça. C'est sûr que vu les tensions familiales, Aurora ne devait pas être impatiente de rentrer chez elle.

J’veux pas y alleeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeer… Vivement que j’aille mes 17 ans et que je puisse décider par moi-même de rester à Poudlard durant les vacances. Et de partir au soleil sur une île paradisiaque quelque part loin de la maison durant les vacances d’été. J’y rencontrerait peut-être un bel Adonis exotique héritier d’une grande fortune que j’épouserai une fois l’école terminée et avec qui je partirais vivre en Grèce ou en Italie… Loin de cette fichue grisaille !

Walby rit de bon coeur à tout cela. Elle comprenait très bien les rêves de son amie. Elle aussi, elle aimerait bien tout ça. Le soleil, le bruit des vagues, un bel Apollon auprès de qui écouler des jours heureux (mais plus le temps passait, plus son Apollon rêvé trouvait un nom et un visage, et ce n'était clairement pas avec lui qu'elle pouvait espérer vivre d'amour, d'eau fraîche et de cocktails bien frappés vu les circonstances).

-Ce serait le pied, approuva-t-elle dans un sourire.

Il n'y avait plus qu'à s'accrocher, maintenant. Leurs dix-sept ans, ce n'était pas dans si longtemps que ça, après tout, au fond. Même si les dix-sept ans de Walby n'augureraient sans doute pas grand-chose d'autre qu'un nième mariage arrangé, histoire de rester conforme aux bonnes vieilles habitudes de la bonne vieille famille Black.

Et toi, ça va ? Tes valises sont déjà prêtes à être expédiées ?

-Ouais, je viens de les finir, affirma-t-elle presque un peu fièrement, alors qu'il n'y avait pas forcément de raisons de se sentir ultra-fier non plus malgré tout, il ne faut pas exagérer. Même si se décider à ne pas embarquer toutes ses affaires avait déjà été un petit exploit en lui-même. Tu sais, ajouta-t-elle alors, si t'as pas envie de supporter tes parents toutes les vacances, tu peux toujours venir squatter quelques jours chez moi.

Tu as à nouveau vider ton espace comme si tu partais pour l’été ?

En guise de réponse, Walburga afficha un sourire accompagné d'un haussement d'épaules. Elle devait bien l'avouer, Aurora la connaissait bien, et elle avait totalement raison. Si elle l'avait pu, elle aurait embarqué d'emblée l'intégralité de son dortoir dans sa valise (paraît qu'on peut ouvrir un zoo dans une valise, alors pourquoi ne pas y fourguer un dortoir, hein ?), mais c'est sûr que pour deux semaines, c'était pas forcément nécessaire. D'un autre côté, on ne sait pas tout ce qui peut se passer en deux semaines. Elle aimait bien se justifier en prétextant juste être prévenante, mais elle se doutait que ça ne prendrait pas forcément.

Vraiment ? Tu sais que tu es la meilleure amie de tous les temps !

Le sourire de Walburga s'élargit plus encore. Elle était contente que sa proposition fasse mouche, surtout qu'elle l'avait faite en toute sincérité, à elle aussi, ça ne lui ferait pas de mal d'avoir sa meilleure amie avec elle durant ses vacances ça les rendrait beaucoup plus intéressantes. Surtout que, avec ses parents, la conversation ne mettait pas bien longtemps à tourner en rond.

-Je sais, ouais, ne put-elle s'empêcher de répondre quand même à ce moment-là, même si il aurait été plus humble de ne rien répondre (mais l'humilité n'avait qu'un maigre intérêt pour elle).

Maintenant j’espère juste ne pas croiser les enfants de la bonne quand je serais à la maison… Si j’ai bien calculé, son fils entrera à Poudlard quand j’en partirai, ce qui m’arrange. Je n’aurai pas voulu avoir à le croiser tous les jours.

Walby perdit un peu son sourire pour adresser à Aurora un sourire compatissant. La pauvre. Sa situation n'était vraiment pas enviable. Elle n'aurait pas mis longtemps à péter un cable, à sa place, tu m'étonnes qu'elle n'ait pas la moindre envie d'avoir l'ombre d'un contact avec ces fichu bâtard, leur seule existence lui était déjà une insulte.

-Tu m'étonnes... Faudrait même pas lui permettre d'aller à Poudlard, si tu veux mon avis. Mes parents m'avaient dit que c'était une école pour les plus méritants, tu parles ! On croise de la vermine à chaque couloir.

Ce sont des sorciers. Des sang-purs ! Car c’est l’une des exigences de mes parents pour le personnel embauché, que des sang-purs… Tu imagines un peu ? Ces petits bâtards sont non seulement à moitié de ma lignée mais leur sang est aussi intact que le nôtre. C’est insultant !

Insultant, c’était bien le mot qui convenait, oui ! Walby devait bien reconnaître qu’elle ne s’y était pas attendue, à celle-là… D’office et sans y réfléchir davantage, quand sa meilleure amie lui avait parlé de ces demi-frère et sœur sortis de l’anonymat comme des clowns de leur boîte, elle avait pensé qu’il s’agissait forcément de bâtards au sang impur. Oh, bâtards, ils le restaient dans son esprit (par solidarité envers Aurora, Walburga ne s’autorisait pas à penser d’une autre façon), mais apparemment, leur sang pouvait prétendre à la pureté de celui des Black et de Abbot réunis. Merveilleux, tout ça…Ce n’était pas pour autant que Walby considérait qu’ils puissent avoir droit de cité malgré tout. Ils n’auraient jamais dû naître, donc ils n’avaient aucun droit d’exister, pour la vert et argent, l’affaire se résumait à ce point aisément, oui, et elle n’avait vraimentè pas honte de penser ainsi. Ces gamins étaient innocents en soi peut-être, mais le fruit d’une histoire qui elle n’avait rien d’innocente, alors ça revenait du pareil au même.

Ils sont à moitié des Abbot et des sang-purs... Ils pourraient très bien venir ici, à Serpentard.

La perspective fit grimacer Walburga. Déjà qu’elle se demandait, certaines fois, ce qui pouvait bien passer par la tête du choixpeau magique quand il répartissait telle ou telle personne dans sa maison tant adorée, et à laquelle elle était si fière d’appartenir… mais là, ce serait vraiment un affront au-delà de tous les autres et pour Aurora, surtout. La pauvre avait toutes les meilleures raisons du monde d’être en rogne. Par amitié, Walburga arrivait à l’être aussi. Et assez facilement.

-Si le sang pur était un gage indiscutable de qualité, ça se saurait, observa-t-elle alors. Regarde les Weasley.

Les Weasley ou l’exemple idéal à mettre en avant quand on voulait évoquer une personne indigne de son sang. Oui, pour être un sorcier honorable, il fallait être de sang pur, mais tous les sorciers de sang pur n’étaient pas honorables (en tout cas selon ses critères à elle).

Ça m’étonnerait pas qu’ils finissent à Gryffondor, les bâtards, ou bien dans la maison-poubelle. Ce serait déjà trop d’honneur pour eux, tu me diras.

Si seulement ils voulaient bien faire un geste pour l’honneur des familles de sang-pur et commencer à se reproduire avec des moldus eux ! Ou même avec des géants ou des centaures s’ils veulent. Pour des gens qui prétendent que peut importe le sang, tous les sorciers sont égooooooooooooo. Je les trouve quand même super sélectif. Et qu’on ne vienne pas me dire que c’est juste un hasard. A moins de n’épouser que leurs propres cousins ou des bâtards comme ceux de mon père. Ça expliquerait plein de chose sur leur famille cela dit.

La remarque d'Aurora sur les Weasley fit largement sourire Walburga. Elle la trouvait très pertinente, au passage. C'est vrai que c'était quand même à se demander comment les Weasley faisaient encore pour faire partie des estimés sangs purs de la communauté sorcière de Grande-Bretagne quand on savait combien ils tenaient les Moldus en grande estime. A ce stade, c'est vrai que c'était quand même très contradictoire, cette histoire. Et visiblement, ce n'était pas le dernier de la lignée qui allait arranger les choses puisque plutôt que de casser leur arbre généalogique avec une bonne union bien impure, il avait réussi à débaucher une Black... Brrr... Quand Walby pensait à l'affront que Cedrella faisait à sa famille, elle avait franchement honte, aussi honte qu'Aurora vis-à-vis des "bâtards de son père", comme elle les nommait si judicieusement.

Qu’ils aillent donc à Poufsouffle, c’est là qu’est leur place ! Je refuse de les imaginer dans une maison qui serait la concurrente la plus direct à la nôtre ! Parce qu’ils ne sont pas à la hauteur pour me concurrencer.

C'est sûr, à choisir, mieux valait qu'on les rejette dans la maison la plus indigne, où ignorer leur présence serait la tâche la plus simple au monde. Dans tous les cas, quoi qu'il doive arriver, Walby se promettait intérieurement de soutenir au maximum sa meilleure amie dans toutes les épreuves possibles. C'est pour ça que les amis étaient faits, après tout. Et Aurora était la meilleure entre tous aux yeux de Walby.

Ah Walby… Franchement, je ne sais vraiment pas ce que je ferais sans toi ! Je serais déjà devenue folle depuis longtemps.

Walby sourit grandement. Elle aimait être brossée dans le sens du poil, alors la déclaration d'amitié de son interlocutrice ne pouvait que lui faire le plus grand des plaisirs à présent. L'amitié de Walby faisait du bien à Aurora, mais la réciproque était tout aussi vraie également.

-T'es déjà un peu folle, tu sais, plaisanta Walby dans un sourire. Mais on est deux. J'ai l'impression que le reste du monde part en vrille et qu'on est les seules à penser normalement ici.

C'était déjà toujours mieux d'être à deux, que tout seul.

C’est toi qui déteins sur moi je te signale ! J’étais parfaitement saine d’esprit avant de te rencontrer. Saine et sage comme une image !

Walburga leva les yeux au ciel, façon de lui faire comprendre qu'elle n'était absolument pas convaincue par l'affirmation de son interlocutrice. Saine d'esprit, Aurora ne l'a jamais été complètement, et c'était pour cette raison que Walby l'appréciait autant, qu'elles se comprenaient autant et que le courant passait si bien entre elles. Donc non, elle n'était pas saine et sage comme une image avant que Walby ne vienne la "dévergonder". Mais elle en assumerait sans problème la responsabilité s'il le fallait, elle aimait bien l'idée de rendre les gens autour d'elle complètement cinglés, d'avoir ce genre de pouvoir sur les autres. C'était une pensée assez séduisante, honnêtement.

On devrait s’enfuir… Partir loin d’ici, loin de nos familles ! Après tout, moi je n’ai pas besoin d’eux. Je les ai tellement peu vu qu’ils sont presque des étrangers. Et je te parie que si je leur dis que je veux partir aux Etats-Unis par exemple, ils m’enverraient encore de l’argent tous les mois.

C'était une proposition qui eut le don de faire largement sourire Walburga. C'était du Aurora tout craché, ça, clairement, elle partait toujours trop loin. N'empêche que l'idée était séduisante. Walby n'était pas comme Aurora, elle était fière de sa famille, et elle l'adorait, elle n'avait aucune envie de la fuir et encore moins de prendre le risque d'en être exclue, donc non, ça n'ariverait jamais. Mais quand même, ça avait l'air bien.

Toi et moi, sur une plage en Californie avec ces nouveaux maillots de bain qui font fureur depuis 1 an en France, les bikinis ! Une élève de Serdaigle m’a montré l’autre jour un journal moldu. Il y avait cette actrice moldue américaine si belle en photo, Marylin Monroe. Et elle portait justement un bikini. On pourrait être comme elle ! On pourrait peut-être même devenir célèbre et faire la Une des magazines pour sorciers ! On tomberait amoureuses de joueurs américains de Quidditch et aurions la belle vie !

-Où est-ce que tu vas chercher tout ça ? répondit Walby, qui avait toujours ce même sourire, mi rêveur-mi amusé aux lèvres. C'est vrai qu'en ce moment, elle se disait que changer radicalement de vie, ce serait une solution. Elle s'isolerait de tout. Elle oublierait les questions qu'elle se posait, les craintes qu'elle avait. Adopter l'insouciance comme mode de vie, ça avait l'air bien. La fugue, je pense que ce sera compliqué. Mais on pourrait peut-être réussir à négocier des vacances ?