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a décision n'avait pas été des plus simples, mais avait été en même temps des plus salvatrice. Les mois lui avaient semblé être des années tandis qu'elle poursuivait son train de vie à New York, si loin de son fils. Oui, elle lui écrivait aussi régulièrement qu'elle le pouvait, mais ça ne suffisait pas. Elle avait peur qu'il ne comprenne pas, elle avait peur qu'il lui en veuille... et en même temps, comment lui en vouloir ? Elle-même se reprochait tellement son absence ! Elle se disait qu'Adrian devait forcément nourrir une certaine rancune envers elle... Mais à ce sujet, elle comptait bien se rattraper, lui prouver que tout ce qu'elle avait toujours fait, c'était pour lui, et faire tout son possible pour qu'il lui pardonne. Elle poussa un soupir en observant son appartement, celui qu'elle avait longtemps partagé avec Tina, puis avec Adrian, avant d'y vivre seule (elle n'avait jamais eu le courage de s'en séparer jusqu'alors).

Cette fois, elle s'en allait. Tous les meubles étaient vidés, cet endroit ne lui avait jamais semblé aussi grand... et aussi vide, en même temps. En quittant son appartement, ce n'était pas seulement à un pan de son enfance, qu'elle renonçait, c'était à cet endroit, à cette ville... Les États-Unis seraient derrière elle... Pour un temps du moins. Bien sûr, elle avait envisagé de revenir avec Adrian, mais elle n'avait pas envie de le déraciner une fois encore alors qu'il prenait seulement ses marques à Poudlard et en Angleterre. Et puis, pouvoir compter sur Tina et Norbert la rassurait. Quand elle serait sûre de la stabilité de sa situation, elle pourrait y repenser... En attendant, il valait sans doute mieux prendre un nouveau départ, tout laisser derrière elle. Tout... Y compris Jacob. À cette pensée, elle sentit son cœur se serra... Mais ce n'était pas une nouveauté, après tout... Si elle s'abstenait de prendre de ses nouvelles, si elle se faisait violence pour ne pas le retrouver dans sa boulangerie, elle ne cessait jamais de penser à lui... Mais il était préférable de prendre de la distance, quoi qu'il en soit.

Résolue, elle avait donc fait route jusqu'en Angleterre, où elle avait réussi à louer un petit appartement. Elle n'avait pas même pris le temps de défaire ses valises avant d'aller trouver sa sœur et son beau-frère. Elle avait demandé à Tina d'écrire à Adrian pour lui proposer de passer le week-end à la maison. Elle voulait lui faire la surprise de sa présence, son cadeau d'anniversaire en retard, en espérant qu'il ne lui en voudrait pas trop. À la fois impatiente et tendue en même temps. Elle patientait à présent devant la porte, prête à accueillir Adrian. Enfin, la porte d'entrée s'ouvrit. Le voir redonna toute confiance à Queenie, un grand sourire orna son visage. Elle se précipita dans les bras de son fils.

-Bonjour mon chéri.

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ueenie n'avait guère besoin de s'immiscer dans l'esprit de son fils (ce dont elle parvenait généralement à s'abstenir bien plus facilement que pour le reste de ses pairs - peut-être parce qu'elle avait pertinemment conscience qu'il y a des choses dans l'esprit d'un adolescent de seize ans qui se doivent de rester à leur place et nulle part ailleurs) pour comprendre la surprise de ce dernier, l'étonnement se découvrait sur ses traits et dans le ton de sa voix. Au moins avait-elle réussi son effet. Elle avait songé à prévenir Adrian de sa venue, bien sûr, mais elle avait rapidement compris que tant qu'à faire, il serait plus plaisant de le placer immédiatement devant le fait accompli. Il aurait pu mal le prendre, elle l'avait craint d'ailleurs, mais alors qu'il resserrait son étreinte, elle songeait qu'elle ne s'en sortait pas à si mauvais compte que cela. Elle ferma les yeux un instant, appréciant sincèrement d'avoir l'opportunité de serrer enfin son fils tout contre elle. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il lui avait cruellement manqué, et qu'elle ne pouvait que savourer de le retrouver enfin, en espérant qu'elle comprenne les raisons qui l'avaient poussée en premier lieu à s'éloigner de lui. Sans rien perdre de son lumineux sourire, elle hocha la tête quand son fils constata qu'elle avait réussi à venir... question toute rhétorique, bien sûr, car si elle n'avait pas eu l'opportunité de venir, eh bien, elle ne serait pas en face de lui... Mais Queenie avait une réponse à lui apporter au-delà de la simple confirmation, et elle espérait de tout cœur que la nouvelle trouverait l'écho le plus positif possible chez le jeune homme. Elle voulait que cette nouvelle le rende aussi heureux qu'elle l'était elle-même à l'idée de la lui annoncer.

-À venir et à rester, lui apprit-elle, regardant Adrian dans les yeux dans l'espoir non pas de lire ses pensées mais tout simplement de découvrir sur son visage une expression qui sache s'apparenter à la joie sincère de la retrouver une bonne fois pour toutes... car cette fois, oui, vraiment, elle ne comptait plus jamais le laisser. Sa décision était prise et elle était irrévocable. Je vais m'installer ici, en Angleterre. On vivra ensemble de nouveau.

Comme il n'y a pas si longtemps, mais elle avait l'impression que ça avait été une éternité tant elle avait trouvé le temps long loin d'Adrian. Elle n'ajouta rien au-delà de cette information. Elle voulait espérer que celle-ci suffirait à donner le sourire à Adrian et à le réjouir... même si elle appréhendait malgré tout une rancœur qu'elle ne pouvait que trop bien comprendre si jamais elle devait s'exprimer, il avait peut-être le sentiment qu'elle l'avait abandonné... Et Queenie le comprendrait très bien. Elle aussi avait eu le sentiment de l'avoir abandonné, d'être la pire mère possible. et elle comptait bien se rattraper pour la peine.

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ueenie avait espéré un sourire, une réaction enthousiaste, une manifestation de joie quelconque, elle se rendait compte à présent qu'elle était certainement allée bien trop vite en besogne. Eh, à quoi elle s'attendait, en même temps ? C'était tout à fait normal que son fils ne saute pas de joie, elle ne pouvait pas attendre une telle réaction de sa part après s'être éloignée si longtemps de lui. Queenie adorait son fils, sincèrement, Adrian était toute sa vie depuis que Jacob n'en faisait plus partie (quoique...), mais cela n'ôtait rien au fait que, dans l'espoir d'accorder un semblant d'équilibre à son fils, elle s'était montrée lâche, elle n'aimait pas ce terme, mais c'était un fait tout de même : elle l'avait abandonné. Maintenant, elle revenait comme une fleur, faisait comme si cela ne faisait pas plus d'un an qu'elle l'avait confié aux soins de sa sœur et de son époux, comme s'ils pouvaient repartir de zéro et faire comme si de rien n'était. C'était naïf de sa part. C'était normal qu'il ne s'enthousiasme pas. À la place, il semblait plus désarçonné qu'autre chose. Et c'était logique, c'était normal... Il lui faudrait du temps pour se faire à l'idée, et peut-être tout autant pour parvenir à lui faire confiance de nouveau. Qu'à cela ne tienne, elle serait patiente, elle lui prouverait que ce n'était pas des paroles en l'air, cette fois, qu'elle ne le laisserait plus jamais (il était de toute manière hors de question qu'elle s'éloigne à nouveau de lui aussi longtemps, ça avait déjà bien trop duré). S'il avait besoin de preuve, elle lui en donnerait. Elle se rattraperait, elle lui montrerait qu'elle pouvait se rattraper, qu'elle y tenait, surtout.

-Oui, lui assura-t-elle sans le lâcher des yeux, afin qu'il puisse lire toute sa sincérité dans son regard. Elle était bien tentée de lire son esprit, juste un peu, juste ce qu'il faut pour savoir ce qu'il pensait et agir en conséquence. Mais non, elle s'était promis de préserver les pensées d'Adrian, elle continuerait, même quand, maintenant, c'était vraiment difficile. Écoute, dit-elle, consciente qu'elle devait lui présenter ses excuses, à sa manière, pour la façon dont elle troublait sa vie, avait le sentiment de la gâcher, parfois... souvent, en fait. Car il y avait plus d'une décision concernant sa famille qu'elle regrettait aujourd'hui. Je sais que j'ai été tout sauf la meilleure des mères, pour toi. Mais ça va changer, je te le promets. Elle l'enlaça de nouveau. Elle avait tant attendu de pouvoir le serrer dans ses bras ! Ça avait duré beaucoup trop longtemps. Je ne te laisserai plus jamais.

Et prononcer cette phrase lui faisait déjà mal. Elle avait agi dans ce qu'elle pensait être l'intérêt de son fils, parce qu'il méritait une meilleure vie que celle-ci mais il n'était peut-être pas trop tard.

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était un vrai soulagement pour Queenie que de pouvoir serrer ainsi son fils dans ses bras, de pouvoir le sentir là, bien présent, entre ses bras. Elle s'en voulait tant de l'avoir laissé si longtemps ! C'était tout autant un soulagement pour elle de le voir accepter cette étreinte, et même de la resserrer. Il ne la rejetait pas. Il en aurait eu le droit, pourtant. Queenie l'aurait parfaitement compris. Elle avait vraiment toujours voulu le meilleur pour son fils, mais cela n'ôtait rien au fait qu'elle considérait s'être cruellement trompée et avoir rendu Adrian malheureux. Mais il était inutile de s'épancher plus longtemps sur le passé (si elle savait, il allait pourtant lui revenir en pleine figure, et sans délicatesse), il fallait qu'ils regardent vers l'avenir, et pour cela, elle ne voulait pas de rancoeurs ou de tensions, même si elles seraient entièrement compréhensible. Quand Adrian affirma qu'elle était la meilleure des mères à ses yeux, elle ne put s'empêcher de sourire de plus belle, elle en pleurerait presque de reconnaissance. Elle avait tant craint de se faire rejeter du fils pour qui elle donnerait absolument tout ce qu'elle possédait. Elle appréhendait maintenant plus facilement ce qui les attendait à présent, cet avenir à construire dans ce nouveau pays, auquel Adrian s'était déjà un peu familiarisé, mais dont Queenie avait encore beaucoup de choses à apprendre. Ils allaient pouvoir à nouveau vivre ensemble, et Adrian lui disait en être heureux, c'était tout ce qu'elle voulait, tout ce qu'elle demandait. C'était son bonheur à lui qui primait, bien plus que le sien propre. Même si, en pensant agir pour son bien à lui, elle lui avait parfois fait du mal. Mais c'était l'histoire de sa vie, ça. Elle avait bien trop tendance à ne pas faire les bons choix.

-Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter un fils aussi exceptionnel que toi, répondit-elle tout sourire, en s'écartant légèrement pour pouvoir le regarder dans les yeux.

Et c'était une vraie question, elle ne savait vraiment pas comment Adrian arrivait à être aussi équilibré, aussi compréhensif, aussi juste, avec la mère célibataire bien souvent dépassée qui avait été sa seule compagnie durant toute son enfance. Il s'en sortait brillamment, et elle n'avait pas le sentiment que ce soit grâce à elle. À bien y regarder, elle avait plutôt le sentiment que toutes ses qualités, il les tenait de son père. Il lui ressemblait tant... plus le temps passait, plus Queenie en faisait le constat. Heureux et douloureux en même temps.

-Qu'est-ce que tu dirais d'aller visiter notre appartement ? demanda-t-elle alors avec tout l'enthousiasme dont elle était capable au-delà de l'émotion vive que lui procurait le fait de pouvoir retrouver son fils, et de savoir qu'elle pourrait être constamment là pour lui, à présent, pas seulement une ombre mouvante, mais là, bien présente.

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ueenie se doutait que la situation était particulièrement soudaine pour son fils, elle débarquait en Angleterre sans l'avertir, elle lui affirmait rester sans le prévenir, et dans la foulée, elle découvrait qu'elle avait déjà trouvé un appartement où ils pourraient s'installer. Tout était soudain pour lui et planifié pour elle, qui réfléchissait à ce sujet depuis New York depuis un bon moment. Elle craignait un peu que cette accumulation d'informations qui laissaient entendre qu'elle décidait à sa place de la suite sans le préparer et lui laisser le choix lui déplaise, mais elle avait préféré faire les choses de cette manière. Si elle avait nourri l'envie de rejoindre son fils (ainsi que sa soeur et son beau-frère) sur un autre continuent, ce n'était pas pour autant qu'elle était sûre d'être capable de venir à bout de ses projets. Il fallait qu'elle soit sûre de trouver un emploi suffisamment stable là-bas pour veiller aux besoins d'Adrian (en plus des quelques économies qu'elle avait réussi à faire), et elle tenait également à ce qu'un appartement l'attende déjà sur place, pour ne pas envahir les Dragonneau à son arrivée. Elle voulait que tout soit assuré pour qu'Adrian ne puisse pas avoir le sentiment que la situation n'était que temporaire. Il était encore jeune, il avait besoin de stabilité, et c'était ce qu'elle essayait de lui apporter, du mieux qu'elle pouvait. Heureusement, Adrian ne sembla pas lui reprocher son initiative. Il était surpris, certes, mais elle avait le sentiment qu'il était plus enthousiaste que dépité, et elle se sentait, une fois encore, soulagé. Tout ce qu'elle voulait, c'était le bonheur de son fils, alors si elle parvenait à le lui communiquer, elle se sentait victorieuse. Il voulait voir leur appartement. Tant mieux, ce serait plus simple pour eux de se projeter dans leur nouvelle vie, de cette manière.

-Allons-y, alors, dit-elle dans un grand sourire.

Elle attrapa la main d'Adrian, et ainsi purent-ils transplaner dans l'entrée de l'appartement qui était à présent le leur. Il n'était pas très grand. Un peu plus que celui qu'ils avaient occupé à New York, mais clairement moins spacieux que la grande demeure des Dragonneau. Queenie espérait que cela ne destabiliserait pas trop son fils. Pour la peine, elle avait tout de même pris soin de lui réserver la chambre la plus grande de l'appartement.

-Bienvenue chez nous, dit-elle alors. Et à voir Adrian ici, elle prenait conscience du fait qu'elle allait de nouveau pouvoir être avec lui, prendre soin de lui, comme elle aurait toujours dû le faire. Bien sûr, il serait à Poudlard la majeure partie du temps, mais il pourrait bien rentrer certains week-end, non ? Ils avaient du temps à rattraper. Bien sûr, il y a encore quelques travaux à faire, des meubles à acheter... mais c'est pas mal, non ?

Elle posait sincèrement la question, elle avait envie que cet endroit plaise à Adrian.

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ueenie guettait, nerveuse, la réaction de son fils, elle savait que c'était un pari risqué que d'avoir fait l'acquisition de cet appartement sans qu'Adrian l'ait visité une seule fois, mais il aurait été trop compliqué de s'organiser de la sorte, cela n'aurait fait que retarder son déménagement définitif en Angleterre... et elle avait vraiment eu besoin de déménager au plus vite, son fils lui manquait bien trop atrocement. Quel plaisir c'était, d'ailleurs, de le retrouver ! Elle était aux anges, d'autant que le jeune homme se montrait adorable et incroyablement compréhensif, au-delà de tout ce qu'elle pouvait bien mérité, et il le prouva une fois de plus quand il assura que l'appartement, l'endroit où ils allaient vivre tous les deux, dorénavant, son chez-lui, donc, lui plaisait, que c'était, selon ses dires, "super". Cela la soulageait infiniment. Elle fut tentée de sonder ses pensées, uniquement pour s'assurer de sa sincérité, mais elle sut s'abstenir, elle décida plutôt de lui faire confiance, il lui semblait honnête. Et de toute manière, il ferait en sorte que cet appartement leur ressemble à tous les deux, ils pourraient chercher ensemble de quoi le décorer, voire de quoi le meubler pour certaines pièces qui n'étaient peut-être pas complètement finies. Sans surprise, Adrian demanda à sa mère où était sa chambre. C'était on ne peut plus naturel, et Queenie sourit de plus belle à cette remarque, convaincue à juste titre que ce serait sur cette pièce que se jouerait l'approbation du bleu et bronze.

-Là, tout au fond.

Elle le conduisit jusqu'à la dernière porte de l'appartement, où l'attendait la fameuse chambre. C'était cette pièce qui avait décidé Queenie à jeter son dévolu sur l'appartement. La chambre était plus spacieuse que celle qu'il avait à New York, c'était d'ailleurs la plus grande pièce de toute la demeure. Elle avait voulu qu'Adrian s'y sente le mieux possible, que cette pièce lui plaise instantanément, pour qu'il n'ait aucun regret. Pour le moment, elle était faiblement meublée : un lit, une table de nuit et une armoire, mais ils pourraient y ajouter encore tout ce qu'il voudrait.

-Je n'y ai pas touchée, dit-elle alors, je te laisse le soin de l'emménager comme tu veux.

Cette propension à vouloir le gâter à tout prix dissimuler à grand-peine sa culpabilité. Celle d'une mère qui avait longtemps attendu de pouvoir retrouver son fils, qui avait le terrible sentiment de l'avoir abandonné et qui le regrettait amèrement. Elle voulait se rattraper, par tous les moyens possibles. Elle voulait qu'Adrian, instantanément, trouve de nouveau repères et s'y complaise. Bien sûr, elle ne pouvait pas lui accorder le même luxe que les Dragonneau, mais elle osait tout de même espérer que son fils serait sensible à toutes ces attentions. Et qu'ils pourraient tout recommencer. Ensemble.

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était avec la plus grande appréhension que Queenie avait montré sa chambre à Adrian. Elle avait eu peur que cette dernière, pour une raison ou un autre, ne lui plaise pas. Certes, sa chambre était plus grande qu'à New York, mais quand bien même, ce n'était pas pour autant qu'elle devrait forcément lui plaire. Pour la peine, elle se sentit soulagée en voyant la réaction de son fils, qui ne trouva manifestement aucun reproche à faire à son nouveau chez-lui, bien au contraire, même. A la place, il poussa une exclamation réjouie qui rassura pour de bon Queenie. Il était visiblement ravi de sa nouvelle chambre. Elle avait bien fait de lui réserver la plus grande et la plus lumineuse de l'appartement. Elle n'était pas peu fière de son choix. Oui, il n'y avait plus qu'à ramener ses affaires. Queenie avait d'abord envisager de le faire elle-même, mais elle s'était dit que le jeune homme n'apprécierait pas qu'elle touche à ses affaires, elle préférait qu'il s'en charge de lui-même, et elle l'aiderait si besoin. L'essentiel, c'était qu'il sache déjà comment s'approprier cet endroit, et c'était visiblement le cas, puisqu'il lui affirma qu'il avait déjà une idée très claire de la manière dont il allait la décorer. Au final, c'était une bonne chose qu'elle ait pris le risque de prendre l'appartement sans consulter d'office Adrian, elle leur avait fait gagner du temps, et l'enthousiasme du jeune homme, bien réel, était pour elle la garantie que tout allait pouvoir rentrer dans l'ordre, à présent (et pourtant, ils n'étaient pas au bout de leurs peines, encore). Quand Adrian ajouta, de surcroit, qu'il était heureux de pouvoir vivre de nouveau avec elle, elle ne sut s'empêcher d'afficher un sourire à la fois heureux et un peu triste tout de même. Heureux, parce qu'elle aussi n'attendait que ça, et elle se sentait soulagée que le bonheur d'Adrian prime sur sa rancoeur, et triste, parce qu'elle savait bien qu'elle avait gâché plus d'un an de leur vie en l'envoyant en Angleterre quand elle-même devait rester aux Etats-Unis.

-Moi aussi, mon chéri, assura-t-elle en essayant de faire en sorte que les remords ne transparaissent pas trop dans sa voix. Ce qui était fait était fait, après tout, ils ne pouvaient pas revenir là-dessus dans tous les cas. Ce qui devait compter à présent, c'était le fait qu'ils étaient à nouveau réunis, et cette fois, Queenie ne comptait pas repartir de sitôt, ou certainement pas sans Adrian, ça c'était hors de question. Tu m'as tellement manqué.

Et elle tenait à ce qu'il comprenne à quel point elle était sincère. Ce n'était vraiment pas de gaité de coeur qu'elle avait envoyé Adrian ici, mais c'était de gaité de coeur qu'elle l'y rejoignait. Eh oui, il lui avait affreusement manqué.

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ueenie sourit de bon coeur quand Adrian affirma qu'elle lui avait elle aussi beaucoup manqué. En soi, elle le savait, et c'était en grande partie pour cela qu'elle avait tant culpabilisé. Mais elle entendait plus de joie que de rancoeur dans le ton de sa voix, et ça la rassurait terriblement. Elle se retenait de lire dans ses pensées, mais elle ne pensait pas se tromper malgré tout en interprétant les sentiments de son fils. On lui avait souvent dit que les parents ressentaient certaines choses concernant leurs enfants, que la plupart des gens trouveraient imperceptibles. Elle n'avait pas connu ses parents suffisamment longtemps pour comprendre la force incroyable de ce lien, mais c'était le cas maintenant, elle comprenait, et elle ne pouvait que croire que c'était vrai, et savourer ces retrouvailles baignées d'un bonheur infini et partagé. Oui, ils s'étaient manqués, mais c'était derrière eux, maintenant. Dorénavant, ils mettraient tout en oeuvre pour vivre seulement au présent, et elle ne s'éloignerait plus, c'était hors de questions. Peu importe les difficultés qu'elle rencontrerait, elle ne voulait plus être séparée de son fils. C'était une épreuve beaucoup trop douloureuse.

-C'est ce que j'espérais t'entendre dire, affirma sincèrement Queenie quand Adrian lui assura qu'il préférait vivre ici, qu'il n'aurait pas aimé devoir quitter Poudlard maintenant, qu'il appréciait être proche de son oncle et de sa tante (aucune mention de son cousin, mais Queenie n'y prit pas vraiment garde).

Oui, elle avait espéré l'entendre, car ça avait clairement été l'une de ses angoisses. Elle avait eu peur qu'il lui en veuille de venir ici. Il aurait pu vouloir retourner à New York. Mais elle avait fait son choix. Quitter l'Amérique avait été difficile, mais elle avait besoin de se rapprocher de Tina et de sa famille, elle avait besoin de prendre un nouveau départ, et faire encore une fois change d'école à Adrian, ça aurait peut-être été de trop, qui sait. Elle se sentait mieux, maintenant. Non seulement son fils ne lui en voulait pas, mais en plus, il était heureux de cette nouvelle vie. Il n'y avait donc aucun regret à avoir (ou presque pour sa part), elle avait fait le bon choix, pour une fois dans sa vie. Elle s'était si souvent trompée que c'en était au-delà d'exceptionnel. Elle avait vraiment l'impression de pouvoir tourner une page, d'en ouvrir une autre. Elle ne savait pas à quel point sa vie promettait un nombre invraisemblable de surprises dans les temps à venir.

-Alors, dis-moi tout ! Poudlard, ça se passe comment ?

Tout était allé si vite qu'ils n'avaient même pas pu vraiment parler de ça, mais maintenant qu'elle était de retour, Queenie voulait rattraper le temps perdu, et elle voulait tout savoir de la vie de son fils. Ce qu'il voudrait bien lui en dire en tout cas.

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ntendre que tout se passait bien pour Adrian dans sa nouvelle école (bon, pas si nouvelle que ça, en réalité, pas nouvelle du tout, même) était un véritable soulagement pour Queenie. Déjà qu'elle culpabilisait terriblement d'avoir abandonné son fils pendant si longtemps, elle n'aurait pas supporté d'apprendre que les choses en réalité se passaient mal pour lui. Certes, elle avait eu régulièrement des nouvelles de lui par courrier, et Tina lui en donnait tout autant (si ce n'est plus), mais il y a une nette différence entre ce que l'ont peut lire par écrire et ce que l'on ressent quand on se retrouve face à face avec la personne. Queenie ne lisait pas dans l'esprit de son fils, alors le doute était sans doute permis, mais elle le pensait réellement honnête, et ça lui faisait le plus grand bien de découvrir ça, vraiment. Elle était heureuse que Poudlard soit du goût de son fils. Elle avait beau railler l'ancienne institution anglaise, elle se fichait bien de lui préférer l'école où elle avait fait ses classes tant qu'Adrian, lui, se sentait comme un poisson dans l'eau à l'école de magie. Il valait mieux, d'ailleurs, car il y était depuis un petit moment, maintenant, il aurait quand même été un véritable comble qu'elle revienne ici vivre avec lui pour qu'il lui apprenne vivre un véritable enfer en Angleterre. Là, au moins, elle savait que son fils ne lui ferait pas de reproches. Adrian ajouta encore autre chose. Chose que Queenie aurait pu deviner si elle avait décidé de tricher, mais elle n'en fit rien, et se contenta d'attendre d'entendre ce que son fils avait à lui apprendre.

Elle sourit de plus belle en apprenant que Cassie, la meilleure ami d'Adrian, était à Poudlard également, à présent. Comme quoi, pas toujours mais parfois, le destin était clément, les astres bien alignés, et la chance au rendez-vous. Queenie savait à quel point Adrian tenait à Cassiopée, au point même qu'à une époque, elle avait soupçonné plus que de l'amitié entre eux (mais tout bien réfléchi, il ne semblait pas que ce soit le cas, ils s'entendaient juste à la perfection, comme les deux doigts d'une seule main), en tout cas, il avait donc retrouvé l'un de ses plus précieux repères quand l'autre, elle donc, n'avait pas pu être là. C'était un soulagement pour elle, Adrian avait donc d'excellentes raisons de vouloir rester ici et d'en profiter au maximum. Leur nouvelle vie s'annonçait par conséquent sous les meilleurs auspices. Enfin, en apparence, en tout cas. Dans les faits, ça risquait d'être plus compliqué. Tout était toujours plus compliqué, malheureusement.

-Oh, vraiment ? demanda Queenie, question purement rhétorique. J'ignorais qu'elle avait déménagé. Je suis contente pour toi ! Vraiment. Elle ne demandait que son bonheur, c'est tout ce qui comptait pour elle. Et tu t'es fait d'autres amis, sinon ?

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était une conversation qu'elle avait eu véritablement hâte de pouvoir avoir de vive voix avec son fils. C'est vrai, dans les lettres qu'ils s'échangeaient, ils se disaient de nombreuses choses, mais ça ne pouvait absolument pas être comparables. On pouvait tout faire dire à quelques mots posés sur le papier, de belles choses et leur contraire. Les informations étaient biaisées, d'autres étaient éludées, d'autres restaient en attente du moment où ils pourraient enfin se voir. Et ils étaient là. Et non seulement ils se voyaient, mais mieux encore, Queenie n'avait pas la moindre intention de s'en aller. Elle était ici pour rester, ils étaient dans leur nouvel appartement, à l'aune de leur nouvelle vie. L'enthousiasme d'Adrian faisait chaud au coeur de Queenie. Pour une fois, elle était convaincue de ne pas s'être trompée, et ça ne lui faisait que trop de bien de constater que, par instants, elle ne réussissait pas si mal son boulot de mère. Et elle adorait entendre son fils parler de son quotidien, des amis qu'il s'était fait à Poudlard (donc, il s'était fait des amis, il lui en avait parlé, mais difficile de savoir dans un courrier s'il lui écrivait cela pour la rassurer ou parce que c'était la vérité. Là, elle en avait la ferme assurance)... même s'il n'en parlait que succinctement. Puisque, encore et toujours, la fameuse Cassiopée gagnait le haut du panier.

Comme tout le monde (hein), Queenie s'était forcément posée des questions sur cette amitié fusionnelle qui aurait bien pu cacher autre chose, mais au final, elle se disait aujourd'hui qu'elle trouverait regrettable que cette entente parfaite se change en relation plus ambigue qui pourrait bien ternir ce qu'ils avaient. Adrian avait une chance infinie d'avoir ainsi une amie de qui il soit si proche, avec qui il pouvait tout partager. Queenie n'avait jamais réellement connu ça... Enfin si, avec Tina, mais ce n'était, de fait, pas comparable. Quoique, au final, Cassie était venue tant de fois chez eux que Queenie ne pouvait que considérer au bout du compte qu'elle faisait un peu partie de la famille. Adrian n'avait pas eu la chance d'avoir un frère ou une soeur (et pour cause), c'était une bonne chose qu'il s'en soit trouvée une de coeur, surtout dans cette période de sa vie, qui n'avait pas été simple à cause d'elle. Et qui continuerait de ne pas être simple d'ailleurs - toujours à cause d'elle, d'ailleurs.

-Je sais bien, dit-elle en souriant. Elle doit être rassurée aussi que tu ne l'aies pas remplacée, observa-t-elle d'un ton amusé tout en sachant que de toute manière, aux yeux de son fils, Cassie était irremplaçable. J'ai hâte de la revoir aussi.

Ce qui voulait dire qu'elle était la bienvenue quand elle voulait. Cassie était une adolescente parfaitement charmante. Difficile de ne pas l'apprécier, en même temps.

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ueenie n'était même pas surprise d'entendre son fils lui assurer en toute honnêteté que Cassiopée avait été réellement soulagée de découvrir que sa place de meilleure amie avait été gardée bien au chaud par Adrian et qu'il ne l'avait pas remplacée. Certes, il aurait très bien pu en plaisanter, mais puisqu'elle avait quand même eu souvent l'occasion d'accueillir Cassiopée sous son toit, Queenie savait comment elle était et de quel bois était fait son amitié avec son fils. D'ailleurs, elle était convaincue aussi que, de son côté, Adrian avait dû être rassuré d'apprendre qu'à Salem, Cassiopée ne s'était pas fait de nouveaux meilleurs amis et envoyé leur amitié aux oubliettes. Preuve était faite que cette amitié-là n'était pas commune, et elle appréciait de savoir qu'Adrian allait pouvoir y veiller et l'entretenir. Il aurait été dommage que la distance réduise des années et des années de complicité à néant. Vraiment, apprendre que la meilleure amie d'Adrian était là retirait une nouvelle épine du pied de Queenie, lui redonnait confiance. Il avait d'autant plus de raisons de se plaire ici, et de ne pas trop avoir le mal du pays. Le sourire de Queenie s'agrandit d'ailleurs quand Adrian la prit au mot et affirma qu'il proposerait à Cassiopée de venir, qu'elle aussi serait contente de la revoir. Tant de repères familiers... Elle commençait à se dire qu'elle ne mettrait pas longtemps à oublier cette période trouble où elle s'était retrouvée seule à New York. Bon, dans l'année, Adrian était en internat dans tous les cas, mais malgré tout, le vide s'était atrocement fait ressentir. Au fond, Queenie était sans doute bien trop dépendante de son fils. Mais ça, elle n'y pouvait rien, et plutôt que de s'en guérir, elle préférait bien largement être à nouveau proche de lui.

-On va vite reprendre nos vieilles habitudes, toi et moi, je le sens, affirma-t-elle, bien incapable d'arrêter de sourire, tant elle était heureuse de ses retrouvailles, et surtout de trouver si peu de rancoeur chez Adrian qui aurait pourtant plus d'une raison de lui en vouloir. Même si elle avait souffert d'envoyer son fils chez Tina et Norbert, elle avait bien du mal à qualifier cette situation à autre chose qu'un abandon. Et jamais, plus jamais, elle ne voulait que ça se reproduise, c'était même impossible à concevoir pour elle. Tu vas vite en avoir assez de ta vieille mère.

Mais pas trop vite quand même, l'espérait-elle, parce que de son côté, elle était juste incapable de le laisser couper le cordon trop vite. Ce dernier s'était, disons, distendu par la force des choses - et rien n'allait s'améliorer dans les prochains temps -, mais tant qu'il était en place, elle ne voulait surtout pas toucher à quoi que ce soit.

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ueenie afficha un sourire amusé quand Adrian lui fit remarquer que pour être qualifiée de "vieille", encore faudrait-il qu'elle le soit vraiment. Il n'avait pas tort en soi. Même si ses jeunes années étaient derrière elle, elle savait bien (elle l'espérait en tout cas) qu'elle en avait encore de nombreuses devant elle. Et quarante ans, ce n'était pas si vieux, effectivement. Mais quand elle voyait Adrian, si grand, si mâture, qui dans un an gagnerait sa majorité, elle ne pouvait s'empêcher de faire les constat des années qui, inexorablement, étaient passé. Ce qui n'avait rien d'un mal non plus, parce qu'avec un jeune adulte pour fils, Queenie pouvait avoir des conversations plus sérieuses et plus profondes, et puis, elle savait bien aussi qu'elle avait eu Adrian très tôt (Jacob et elle n'avaient pas chômé, quoi), donc techniquement, elle avait un peu de marge. N'empêche qu'entendre son fils lui affirmer qu'il la trouvait encore "dans le coup" (même si c'était un truc de vieux, de dire "dans le coup"), ça lui faisait plaisir. Peut-être à tort, Queenie ne s'était pas toujours comportée en maman avec son fils, mais aussi en amie et en confidente, et c'était un lieu qu'elle espérait ne pas avoir perdu, qu'elle envisageait ne pas avoir perdu à présent, en dépit du temps et de la distance qui les avaient beaucoup trop longtemps séparés tous les deux.

-Ne t'en fais pas, c'était mon intention, affirma Queenie, tout sourire, quand Adrian proposa qu'ils passent la soirée ensemble.

C'était son intention, oui. Même si elle était très heureuse de retrouver sa soeur et son beau-frère. C'était avant tout et pour tout pour son fils qu'elle était venu ici, et c'était à lui qu'elle voulait consacrer tout son temps et toute son attention... ce qui était la moindre des choses après avoir été loin de lui tout ce temps. Des heures et des heures de conversation ne sauraient compenser cette absence, ils avaient du temps à rattraper, et Queenie escomptait bien qu'ils le fassent dans les règles de l'art. Même si Queenie restait rassurée d'entendre que son fils se plaisait bien chez son oncle et sa tante (même s'il n'y vivrait à présent plus), elle avait bien l'intention elle aussi de garder son fils pour elle toute seule un petit moment. Comme avant.

-Je n'ai aucune envie de te partager non plus.

Un discours qui pourrait bien vite se retourner contre elle, avec le retour de Jacob dans sa vie, mais à l'heure actuelle, elle était loin de savoir imaginer un tel scénario. Elle était seulement heureuse de pouvoir reprendre le train de vie qu'ils avaient à New York, ça et rien d'autre.

-Il n'y a pas encore grand-chose ici, dit-elle en balayant l'appartement du regard. Et pour cause, il nécessitait encore de nombreux aménagements, mais Queenie avait eu besoin de revoir Adrian avant de s'atteler à tout ça. Qu'est-ce que tu dirais de sortir un peu, de visiter le quartier ?

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