L’Histoire à toujours eu ses parts de secrets, ses méandres que l’on s’applique à faire oublier au grand publique. Mon histoire fait partie de ces parts d’ombre. Dans l’avenir, je n’en doute pas un seul instant, l’Histoire retiendra – à jamais – le nom de Winston Churchill. Mais qui se rappellera de Louisa Walsh, née Spencer-Churchill ? Déjà aujourd’hui, elle est la branche volontairement oubliée de cette prestigieuse famille. Mais si le monde des moldus oubliera complètement le nom de ma mère avec le temps, j’ai bien l’intention de marquer le monde magique du mien : Christian Edward Walsh.

Pour comprendre les enjeux dont il est question, il faut remonter un peu plus haut dans l’arbre généalogique de ma famille. Au sein de sa famille, Winston Chruchill était un époux, un frère, un fils mais également un oncle. Notamment l’oncle de l’imprévisible et indomptable Louisa, celle dont tout le monde s’accordait à dire qu’elle était bien trop impulsive pour côtoyer le gratin de la bonne société. C’est pourquoi personne ne chercha à la retenir quand à peine âgée de 21 ans, elle prit le large pour aller s’installer en Amérique où, fatiguée des mondanités de la noblesse anglaise, elle espérait goûter à la célébrité sur les planches du Nouveau Continent.

Malheureusement, il s’avéra bien vite que les talents de Louisa pour l’art dramatique étaient inexistants. Mais elle avait pour elle un nom, une richesse et une grande beauté. Cela attira l’attention d’un homme de près de 20 ans son aîné lors d’une tea party à l’ambassade anglaise à laquelle elle fut conviée et après quelques mois de fréquentations, Louisa et Edward convolèrent en juste noces.

Le reste de la famille vit d’un mauvais œil le mariage de Louisa avec cet américain plus âgé dont ils ne savaient pas grand-chose. Il prétendait diriger une société de banques privées uniquement réservées à des clients « particuliers ». Seule Louisa connaissait la vérité sur son époux, un sorcier dirigeant la principale société bancaire du monde magique des Etats-Unis. Mais Louisa donnant de moins en moins de nouvelles, cessant même de venir en Angleterre, la famille en profita pour peu à peu l’oublier, tout simplement.

Louisa avait une excellente raison de se couper de sa famille suite à son mariage, moi. Sachant qu’il y avait 50% de chances que je sois aussi un sorcier, elle préféra me garder loin des moldus ignorant tout de la magie qui composaient sa famille, se contentant d’un faire part à ma naissance puis de lettres aux Noëls et anniversaire.

Le seul qui regretta vraiment son départ fut son oncle, Winston, qui avait toujours apprécié le caractère volcanique de sa nièce mais qui avait en horreur son hautain et mystérieux époux.

A mes 11 ans, ce fut à l’école de magie de Salem que je fis ma rentrée scolaire. Mes parents m’ayant offerts les leçons de précepteurs déjà des années avant mon entrée à l’école, je fus tout de suite parmi les meilleurs élèves de ma classe. Après quoi, mon père m’enseigna le goût de l’excellence, me forçant toujours à me donner encore plus à fond dans chaque aspect de ma vie.

J’avais 15 ans à son décès mais son enseignement était ancré en moi de manière définitive.

Se retrouvant veuve, ma mère décida qu’il était temps pour nous de rentrer en Europe et de retourner vivre en Angleterre. Elle ne retissa jamais de véritables liens avec sa famille qui voyaient d’un mauvais œil ce fils étudiant dans une école privée en Ecosse sur laquelle Louisa et lui restaient toujours évasifs.

Arriver à Poudlard en cours de scolarité ne fut pas un problème pour moi. Envoyé dans la maison des Serdaigle, je su tout de suite m’acclimater à mes camarades anglais. Mon éducation, ma manière d’être mais aussi probablement l’importance de ma famille maternelle, me permis même de me faire des amis au sein des très sélectifs élèves de Serpentard qui oublièrent volontairement ma moitié moldue. Comem quoi, l’oubli sélectif peut vraiment s’appliquer partout.

L’école terminée, je me tournais dans une carrière au Ministère, me rappelant les grandes aspirations que mon père avait eu pour moi et bien décidé à faire sa fierté.

Tout d’abord simple stagiaire, je su gravir les échelons grâce à un travail acharné et mon ambition. Je l’avoue, il m’est arrivé d’écraser certaines personnes pour continuer mon ascension. Est-ce que j’ai des regrets ? Non. A la guerre comme à la guerre comme on dit.

En 1940, j’étais sous-directeur du Comité des inventions d'excuses à l'usage des Moldus alors que l’Angleterre tout juste en guerre, élisait son nouveau Premier Ministre. Des sorciers sévissant parmi les troupes allemandes, mon département se retrouva à travailler en étroite collaboration avec le dirigeant anglais. Le regard surprit de celui que j’appelai dans le privé Oncle Winston, lorsqu’il me vit entrer dans son bureau avec mon supérieur aurait été digne d’une photographie d’anthologie. Il lui fallu plusieurs minutes pour comprendre les raisons de la disparition de Louisa et pourquoi est-ce que j’étais si coupé de la famille et anciennement élève d’une école qui lui était étrangère.

A la même époque, j’étais marié à une sorcière du nom de Carol. Carol était employée à Gringotts. Elle était belle, drôle, intelligente. Auprès d’elle, je pouvais me laisser à être moi-même sans craindre de trop me dévoiler. Depuis notre mariage, nous tentions d’avoir un enfant. Malheureusement, toutes nos tentatives se soldèrent par des fausses couches au cours des trois premiers mois de grossesse. Les années passant, notre désire de devenir parents devint un sujet sensible, presque tabou. Accablée par ces tentatives infructueuses, Carol perdit peu à peu son sourire et cette joie de vivre qui m’avait plut en elle. Elle se referma sur elle-même, devint très irritable jusqu’à n’être plus que l’ombre d’elle-même. Et plus elle sombrait, plus je me perdais dans mon travail de manière acharnée pour oublier la tristesse de ma vie conjugale. Cela eu un effet boule de neige sur notre couple mais surtout sur Carol. Dépressive, délaissée, elle finit par lâcher prise quelques mois plus tard et ce fut en rentrant une fois de plus bien après 22 heures du travail une nuit de 1943 que je l’ai trouvée dans l’eau ensanglantée et depuis longtemps froide de son bain.

Depuis, j’ai reporté toute mon énergie mais aussi toute ma frustration, toute ma colère et toute ma tristesse sur ma carrière au point d’être parvenu à décrocher, il y a tout juste quelques mois, la place de Directeur du comité.