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enlyn n'avait pas besoin de prétexte particulier pour vouloir remporter tous ses matchs et mener son équipe à la victoire, en aucun cas. Elle avait pour elle un vif esprit de compétition et un goût du jeu qui faisait que, oui, elle était très mauvaise perdante, mais disposait autrement de toute la hargne nécessaire pour gagner, une rage de vaincre qu'elle mettait bien souvent à profit au cours de ses matchs, et ce soir là n'avait pas fait exception d'ailleurs. Ceci dit, ce petit pari ne lui donnait que plus envie d'aller jusqu'au bout. Parce qu'au-delà de ce qu'elle pouvait prétendre, elle serait plus amusée par le comportement des membres de sa famille qu'elle n'en aurait honte (et si Louisa se prêtait au jeu également, ce serait plus amusant encore). Elle apprécia de ressentir ce soutien mutuel qu'ils savaient s'apporter les uns aux autres, même quand cela passait par des manifestations que l'on pouvait sans mal qualifier de ridicules, et peut-être aussi un peu immature.

Cenlyn esquissa un sourire en coin quand, après avoir vidé cul-sec son verre, Purdey remarqua qu'elle forçait peut-être un peu sur la boisson. Elle aimait vivre cette situation, où leur mère, sans oublier d'être une mère, devenait tout autant une camarade et une amie... quelqu'un avec qui on pouvait enchaîner les verres sans essuyer de réprimandes, quoi. À la vision d'un corbeau zigzagant sous l'effet de l'alcool, le sourire de la demoiselle ne fit que s'élargir, cela lui donnerait presque envie d'offrir une tournée supplémentaire. En attendant, il ne fallait pas qu'elle abuse non plus. Le lendemain, relativement tôt, c'était reparti pour l'entraînement. Bon, le reste de son équipe ne serait pas plus frais et dispo qu'elle, puisqu'il était certain que tous auraient passé la soirée à célébrer leur victoire, mais tout de même, elle se devait de (vaguement) donner l'exemple, tout de même. Cenlyn s'amusa des propos de sa mère, et de sentir la pointe de vexation dans la réponse de Rhian. En même temps, Purdey n'avait pas tort, revenir bourré chez soi quand on vivait en ménage, ce n'était jamais un bon plan. Pour ça que Cenlyn n'était pas mécontente de vivre seule (entre autres choses).

-Bon, un dernier pour la route, ça fera de mal à personne, non ? répliqua Cenlyn (qui, ceci dit, présentait le verre de trop au moins pour elle) avant, sans consulter sa mère et son frère, de faire signe à la serveuse de reremplir leurs verres. Après, de toute façon, je vais devoir y aller. Je veux même pas voir l'heure qu'il est pour savoir dans combien de temps je dois me réveiller.

Et non, mieux valait qu'elle ne voit pas. Tant qu'elle ne voyait pas, elle pouvait feindre d'ignorer. Ça faisait du bien, parfois, de ne se préoccuper de rien.

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