Comme toutes les histoires, celle-ci commence par une naissance. Ma naissance. Mes parents ont toujours vécu en Andorre, un tout petit pays encerclé par l'Espagne et la France. Ils étaient même issus de l'ancienne famille royale. Comme on y parle catalan, c'est la première langue que l'on m'a enseignée. Et puis à l'école on m'a appris le français, puisque nous avions une frontière commune. Mes parents étant sorciers de naissance, j'ai été envoyé dans l'école de magie d'Andorre : Vallinore. Premier de ma classe depuis mes onze ans jusqu'à mes dix-sept, j'ai quitté l'établissement pour me lancer dans des études supérieures à l'étranger. Je suis donc parti en Angleterre pendant six ans. J'y ai appris la langue et le jeu complexe de la politique. Lorsque je suis revenu dans mon pays natal, j'ai passé plusieurs concours et accompli diverses missions de confiance en très peu de temps. Le reste de ma réputation, je l'ai acquis en manipulant ceux qui n'étaient pas sensibles à mes exploits, à cause de mon jeune âge. Après de longues et difficiles élections, je suis devenu l'adjoint du ministre de la magie. Mes parents étaient extrêmement fiers. Pour célébrer ma promotion et mes multiples réussites, ils ont organisée une grande fête en mon honneur où tout le gratin catalan de sang-pur était convié. C'est là que j'ai rencontrée Carolina. C'était une duchesse aux cheveux de jais et au regard gris perle. Son aura avait quelque chose de stupéfiant qui m'empêchait de détourner le regard d'elle. J'ai du serrer la main à nombre de personne ce soir là, mais il n'y a qu'elle qui ai trouvée une juste place dans ma mémoire. Notre histoire a été brève et tragique, cependant. J'ai appris à mes dépends que la dame était une créature de la nuit, pourvue de crocs, adoratrice de sang. Elle ne s'est nourrie de mon sang mais sans jamais me mordre, car elle aimait mon humanité et avait trop d'affection envers moi pour me transformer en cette chose qu'elle n'avait pas voulu devenir. Malgré mon bon sens et ma logique, je n'ai pas pu me détacher d'elle, combien même sa nature aurait du me faire fuir ou déclencher en moi un sentiment de dégoût. L'amour avait dévasté mon âme.

Un jour, malheureusement, tout doit prendre fin. Notre idylle impossible vint à se savoir parmi nos proches et Carolina fut exécutée pour s'est nourrie de sang sorcier. Le conseil des vampires n'avait pas beaucoup de codes, mais chaque infraction menait à la même sentence. L'égoïsme alors a été le pire des sentiments que j'ai jamais ressenti, car j'ai plaidé ne pas avoir été conscient de sa nature et d'avoir été forcé de donner mon sang. Malgré notre amour, je ne pouvais abandonner tout ce pour quoi je m'étais battu : mon pouvoir, mon métier, ma place, ma réputation. Ma tendre Carolina partie à jamais, il ne me restait plus que cela. Enseveli sous la culpabilité d'avoir renié notre amour, j'ai tout fait pour me racheter une conduite, me faisant le défenseur des pauvres et des malheureux. Aujourd'hui, à cause des récents événements tragiques, je suis de retour en Angleterre de façon plus ou moins permanente, afin d'apporter mon aide précieuse à mon confrère britannique. Mon adjoint est resté en Andorre et me tient au courant des nouvelles et des papiers importants à remplir. J'y retourne régulièrement afin d'assister à des réceptions et rendre la justice.