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-Hum bon ben... moi, j'vais faire un tour.

Quelle honte, quelle bêtise. Anya n'avait pas même réagit à ses paroles. Non, la belle avait tout simplement entrepris de remettre le dîner de sa sœur au frais, pour ne pas le perdre non plus. Elle s'était contenté d'être affreusement déçue de devoir ranger ce qui avait été préparé avec tant de soin sans avoir été vu par d'autres. Visiblement, Anna s'était donné du mal, beaucoup de mal. Et même si les plats n'avaient pas tous une réalisation très compliquée, rien que leur présentation devait lui avoir demandé un certain temps. Pauvre Anna. La belle avait été tellement absorbée par ce genre de réflexions qu'elle avait à peine hoché la tête en entendant son fils lui dire qu'il allait faire un tour. Et pourtant, ça lui aurait évité un certain nombre de problèmes si elle y avait fait attention. Elle lui aurait dit qu'il devrait plutôt aller dans sa chambre ou à la limite le déposer directement quelque part. De toute façon, en ce moment, elle avait besoin de savoir où il était, à défaut d'être avec lui.

Mais non, elle n'y avait pas vraiment fait attention et avait rangé le dîner d'un air triste. Une fois son rangement terminé, Anya monta les marches jusqu'à la chambre d'Anna pour faire ce qu'une sœur faisait souvent: écouter à la porte. Elle ne tenait pas vraiment à lui parler pour le moment. C'était assez logique dans le sens où elle avait elle aussi gâché son noël. Mais elle n'avait pas l'air d'aller trop mal. En maman parfaitement rodée, elle parlait doucement à Irina. Ou peut-être qu'elle chantait. Anya n'arrivait pas bien à entendre. Tout ce qu'elle savait c'est que c'était de l'ukrainien. Elle était contente qu'Anna puisse faire cela. Elle en avait besoin. Et ça ferait certainement du bain à tout le monde finalement. Ça rappellerait des souvenirs à Anya et Andreï pourrait peut-être voir sa tante heureuse.

La belle finit par redescendre  dans le salon, pris un livre et se dit qu'elle allait attendre Andreï pour au moins lui donner son cadeau et lui dire bonne nuit. Alors elle lit, encore, et encore, elle finit par changer de livre, et continua. Et puis au bout d'un moment quand même, elle se dit qu'il commençait à être tard. Ajoutez à cela qu'il faisait froid et vous comprendrez qu'elle ait commencé à se poser des questions. On pouvait bien dire ce que l'on voulait, Anya était une bonne mère. Et ne pas voir rentrer son fils alors qu'il était aussi tard, c'était inquiétant. Très inquiétant même. Histoire de ne pas s'inquiéter pour rien elle préféra aller vérifier qu'il n'avait rien dit à sa tante. Anya toqua doucement et la trouva déjà couchée. Elle entra doucement pour aller près d'elle, réveilla avec délicatesse et chuchota pour ne pas réveiller Irina qui était à côté. Anna ne compris pas tout de suite ce qu'elle lui voulait et se redressa avec peine.

-Je vais te laisser mais Andreï t'avais dit où il allait?
-Non, il ne m'a pas dit qu'il partait.
-Il a juste dit qu'il allait faire un tour mais il n'est pas rentré. Il ne t'as parlé de rien?

Là ça commençait à être un peu plus inquiétant. Si il s'était perdu? Si il s'était blessé? Si il lui était arrivé quelque chose, n'importe quoi? Anya se releva rapidement et Anna la suivit, tout de suite bien plus réveillée. Elle aussi venait d'atteindre le même niveau d'inquiétude que sa sœur en quelques secondes. Elles sortirent de la chambre pour ne pas réveiller la petite fille et commencèrent à se demander où il pouvait être. Voyant qu'il ne revenait toujours pas après ce temps de réflexion, elles décidèrent d'aller voir par elles-mêmes. Pendant des heures elles firent des allers retours chez des gens, dans des parcs, un peu partout. Heureusement que la petite Irina pouvait dormir dans les bras de sa mère. Autrement elle aurait fait une nuit plus courte que d'habitude. Bientôt il ne resta plus qu'un endroit où Andreï pouvait se cacher. À moins qu'il n'ait choisit un endroit plus improbable encore. Mais la possibilité qui restait la plus plausible serait son école. Si il était bel et bien là, autant que ce soit Anya qui y aille. Elle demanda donc à sa petite sœur de rester avec sa fille à la maison. Elle la préviendrait si elle le retrouvait.

C'est donc en manque de sommeil, avec une trop grosse dose d'inquiétude et dans la précipitation qu'elle alla au château où elle espérait trouver son fils. Oh mais elle ne le chercherait pas seule ; si il était effectivement ici, quelqu'un d'autre devrait se sentir concerné par la situation. Quelqu'un qui devrait être responsable de la vie de ses élèves. Et cette personne avait plutôt intérêt à coopérer si il voulait pouvoir revoir ses tasses un jour. Vous l'aurez compris, elle se retrouva rapidement devant une porte fermée qui ne le resterait sans doute pas longtemps. Elle se mit à toquer avec vigueur et à crier son prénom. Qu'il en profite, elle ne le ferait pas tout les jours, mais en bonne mère désespérée elle en venait à le supplier de lui ouvrir. Il fallait bien l'admettre, elle avait besoin de lui. Et Armando avait tout intérêt à répondre à son appel. Pour une fois qu'elle était dans cet état, au bord de la crise de nerfs, totalement affolée. Mais croyez-moi, si Andreï n'était pas à l'école et qu'on avait fait du mal à son bébé, fini la gentille Anya!

En temps normal, quand Anya venait jusqu'à cette école, elle faisait un minimum d'efforts. Elle se pomponnait un peu, choisissait sa robe avec un peu de soin et de réflexion mais autant dire que là, elle n'avait pas pris le temps de faire quoi que ce soit de similaire. Anya avait toujours la même tenue que pour le réveillon raté. Elle était juste plus fatiguée et plus... inquiète? Et encore, c'était bien peu dire quand on savait dans quel état elle se trouvait. Son fils était introuvable. Elle ne savait pas du tout où il pouvait être et surtout pas dans quel état. Si il était blessé, quelque part, dehors, avec ce froid. Le directeur avait tout intérêt à vite lui répondre parce que là elle n'avait aucune envie de le séduire comme elle le faisait d'habitude. Là, il n'était qu'une personne qui se trouvait entre elle et son fils perdu.

-Anya ?

Le voir était presque un soulagement en fait. Pas parce qu'elle était particulièrement contente de le voir. Surtout dans cette tenue. Ce bonnet était tout simplement hideux. Mais bon, elle n'était pas là pour ça. Pas du tout. Et rien ne lui fera changer d'objectif. Anya voulait retrouver son fils et elle le trouverait. Bonnet de nuit ou pas. Même si il était particulièrement moche.

-Que faites-vous ici ? Qu'est-ce qui se passe ?

Bon, bah au moins il avait l'air de comprendre qu'il se passait quelque chose. Tant mieux, il serait vite dans l'ambiance. Parce que là, elle n'en pouvait plus. Anya était épuisée et morte d'inquiétude. Mais qu'est-ce qui était passé par la tête de son fils? Une fugue maintenant. Ou peut-être pire. Peut-être qu'il était vraiment parti quelques minutes se promener et qu'il avait fait une mauvaise rencontre. Comme elle aimerait le retrouver ici plutôt que dehors. Au moins, ici il était au chaud.

-Pardon pour l'heure tardive...

Bon, techniquement il était plutôt très tôt que très très tard, mais ça, elle ne le savait même plus. C'était plus pour rester un minimum correcte qu'elle disait cela.

-C'est Andreï, je ne sais pas où il est. Il a dit qu'il allait faire un tour et il n'est pas rentré.

Elle se sentait affreusement mal. Parce qu'elle venait chercher Armando pour l'aider à trouver son fils alors qu'il était sa cible. Elle ne devrait pas le mêler à ça. C'était trop loin dans sa vie privée. Mais elle n'avait pas le choix. Anya ne savait plus quoi faire et elle voulait absolument retrouver son bébé. Peu importait comment.

-Avec Anna nous avons déjà été voir un peu partout. Poudlard est le dernier endroit où il aurait pu aller.

Pour ne rien vous cacher, c'était un peu son dernier espoir. Elle ne savait pas ce qu'elle ferait si il lui assurait que son fils n'était pas là. Elle était donc affreusement anxieuse en attendant sa réponse. Son regard presque suppliant se faisait un peu humide sous la pression et la peur. Il est probable que jamais plus Armando ne la voit comme cela. Il faut dire qu'elle n'avait déjà pas souvent été comme ça.

Anya était dans un état si peu commun qu'elle ne cherchait plus du tout à contrôler le moindre de ses traits. Tout ce que voyait Armando Dippet ce soir-là était sincère. C'était à la fois un piège et une opportunité. Un piège pour la belle qui pouvait perdre toute la crédibilité qu'elle avait aux yeux de cet homme. À la moindre petite chose, la moindre réflexion, elle craquerait. Cela faisait des heures qu'elle cherchait partout. Des heures qu'elle s'attendait à le revoir et à le prendre dans ses bras. Des heures qu'elle était prête à s'effondrer. Cette école c'était son denier recours. Si il n'était pas ici Anya ne pourrait pas faire plus.

Armando avait l'air de comprendre la situation. Ou au moins il avait l'air de comprendre qu'elle était au bord du gouffre. C'était déjà la preuve qu'il avait un tout petit peu d'intelligence sous ce bonnet affreux qui nichait sur son crâne dégarnit... ça fait pas rêver hein... et ben pour le moment elle n'en avait strictement rien à foutre.

-Suivez-moi.

Bien, il avait décidé d'agir un peu. Bonne nouvelle parce que sinon elle l'aurait certainement pris par le col et lui aurait hurlé dessus de faire quelque chose. Mais non, si il le faisait de lui-même c'était bien.

-S'il est revenu à l'école, il doit être dans son dortoir à cette heure-ci.

Oui, c'était logique... Tellement qu'elle y avait pensé toute seule, merci! Mais qu'est-ce qu'on s'en fichait de savoir ce qu'il pensait, qu'il agisse un peu! Anya se doutait bien que son fils ne serait pas dans le parc. Il ne fallait pas non plus la prendre pour une bille. Surtout pas ce soir!.. ou ce matin, ça dépendait. Enfin...
Les deux adultes descendirent les marches à une vitesse impressionnante. Anya ne savait pas où se trouvait les dortoirs alors elle suivait bien docilement. Autrement il est probable qu'elle y soit allé la première et aurait fouillé tout les lits un par un, tout les placards, tout les dessous de lits aussi. Mais pour le coup elle le laissa faire.
Dans d'autres circonstances, elle aurait été ravie de voir la salle commune où son fils passait tant de temps. Mais là, elle était juste affreusement déçue de ne pas l'y trouver. Puis ils passèrent au dortoir. Et toujours rien. Quand Anya vit qu'il avaient fait le tour et que son fils n'était pas là, elle n'arriva plus à retenir ses larmes. Elle était vraiment très très inquiète. Et totalement désespérée.

-Je vais allez avertir tous les professeurs présents qu'ils inspectent le moindre recoin du château.

Ils commencèrent donc à aller on ne sait pas trop où. Mais là Anya n'en pouvait plus. Son cœur battait à un rythme indécent et elle avait une boule énorme dans le ventre. Elle était épuisée et son bébé était toujours introuvable. Après quelques pas elle s'effondra. Elle aurait aimé continuer à suivre Armando mais elle n'arrivait plus à avancer. De toute façon elle n'arrivait plus à voir devant elle tant elle pleurait. La belle voulait qu'on lui rendre son fils. Pas juste savoir où il était. Elle voulait retrouver son fils. Celui qui ne savait pas ce qui s'était passé. Celui qui adorait venir dans ses bras le soir avant d'aller se coucher. Celui qui aimait passer du temps avec elle le week-end. Elle n'avait rien dit depuis cette dispute où elle lui avait tout avoué. Mais elle en avait tellement souffert. Et là ça faisait trop. Si elle avait sut à quel point elle allait souffrir, jamais elle ne se serait laissé convaincre par Anna et jamais elle n'aurait gardé cet enfant. Elle serait resté une pauvre veuve sans enfants qui ferait pleurer les hommes comme jamais. Elle n'aurait pas eut tout ces problèmes et serait resté une femme intouchable. Aujourd'hui elle était faible. Faible et manipulée par un adolescent de 16 ans.

-Je... je peux pas. C'est de ma faute, tout ça c'est à cause de moi.

Lorsqu'Armando s'approcha d'elle, Anya agrippa sa manche. On pouvait difficilement définir son état. Le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle n'était pas comme d'habitude. Comme dans un état second. C'était limite si elle savait encore vraiment à qui elle parlait. Anya ne pouvait pas s'empêcher de penser que si son fils n'était pas ici, c'est qu'il avait eut des ennuis. Et si il n'était pas ici, elle ne s'en remettrait pas. Elle n'était même pas sûre de savoir si elle voulait continuer et réveiller les professeurs pour qu'on le cherche. Si on le trouvait, ce qui arriverait forcément, ça serait magnifique. Mais si on ne le trouvait pas...

-Si il n'est pas là, si on ne le trouve pas, qu'est-ce que je vais faire moi? Qu'est-ce que je suis sans mon bébé? Je... je veux pas perdre mon fils, pas encore.

Morticia avait passé un réveillon un peu particulier. Pas dans le sens où elle avait une fois de plus joué avec les dangers des mélanges alcool et drogues. Non, ça c'était devenu habituel. Pas non plus parce qu'elle avait été capable de se permettre de petites folies au niveau de la qualité. Non, c'était bien, nouveau, mais ce n'était pas non plus le principale. Ce qui avait changé complètement ses plans et ses habitudes, c'était l'arrivée plus qu'imprévue d'un élève dans sa petite soirée privée. Pas n'importe lequel en plus. Le jeune Andreï Armyanski. Le petit protégé du directeur. Enfin, c'était ce que Morticia avait compris. Parce qu'on le voyait pas souvent le dirlo. Mais depuis quelques temps, on aurait dit qu'il le surveillait le gamin. Alors quand on faisait un peu attention, on comprenait pourquoi. Elle, elle avait déjà pas mal de pièces de ce puzzle de fous. Elle savait que la mère et le fils ne s'entendaient plus vraiment, elle avait une vague idée de la raison, elle savait que la mère et le directeur passaient beaucoup trop de temps ensemble. Après cela, pas besoin d'avoir fait de longues études pour comprendre qu'Anya avait demandé à Armando de surveiller un peu son gosse.

Bref, après sa petite soirée moins solitaire que d'habitude mais pas moins drôle, il faut le reconnaître, Morticia était tombée comme une pierre. Une vrai loque. Elle avait titubé jusqu'à son lit et pouf, plus de Morty. Elle avait sombré dans un sommeil plus que profond. Un sourire s'étirait sur son visage quand elle dormait. C'était une des rares nuits où elle se sentait bien. Et si elle avait éliminé toute les substances qu'elle avait ingéré peu de temps avant, elle aurait sans doute eut un peu peur quand à leur contenu. Parce que bon, il lui était déjà arrivé de faire des rêves bizarre, mais là. Déjà, c'était la première fois qu'elle rêvait d'Erwan Fawcett. Là en plus, il souriait, ce qui était plus étrange encore. Et enfin, elle rêvait de lui, sans son frère. Ce qui était tout sauf logique. Alors bon, ce n'était qu'une discussion qu'elle entretenait avec lui, et elle ne se souviendrait pas de son contenu, mais ça faisait quand même un peu bizarre. Ce qui n'empêchait pas cette rêverie d'être agréable. Vous imaginez donc à quel point ça l'avait agacé qu'on toque à sa porte alors qu'il ne faisait même pas encore jour.

Au début, elle avait pensé ignorer cet appel trop matinal pour être normal. Mais puisqu'on insistait, elle grogna et finit par se lever... enfin, presque. En fait elle s'était coulé le long de son lit pour finir à genoux par terre, avait un peu avancé à quatre pattes avec les yeux pas très ouverts, s'était cogné à une table et avait fini par se lever en s'appuyant dessus. Les yeux un peu plus ouverts mais toujours en peu grincheuse, elle alla ouvrir la porte. Je ne vous raconte pas le choc. Déjà que de voir le directeur en pleine journée c'était pas simple, mais le trouver devant votre porte en pleine nuit alors que vous n'avez même pas totalement fini de cuver, ça faisait peur. Elle sursauta donc. Ce qui lui permit de voir Anya Armyanski derrière le vieil homme. Morticia afficha un petit air de dégout avant de retourner dans ses appartements en faisant un petit signe de la main pour qu'ils la suivent. Ne fois arrivé à la hauteur du fauteuil dans lequel elle avait laissé son élève, elle retira d'un coup la couverture qu'elle y avait jeté avant de la poser sur le canapé.

-Allez gamin, maman est venue te chercher.

Effectivement, maman était venu le chercher. Et pas qu'un peu. À peine l'avait-elle vu de derrière le directeur qu'elle s'était jeté sur lui, soulagée de savoir où il était. De voir qu'il avait tout de même dormi au chaud l'avait beaucoup rassuré. Sauf qu'une fois près de lui, il y avait une odeur qui venait immédiatement titiller ses narines.

-Mais... il a bu?!

Morticia qui était à moitié en train de se rendormir sur son canapé où elle avait récupéré la couverture se réveilla un bref instant. Après avoir déchiffré ce qu'on lui disait, elle répondit sans faire attentions aux règles de conduite.

-Bah fallait y faire gaffe aussi hein. Il a demandé je lui ai juste tendu un verre ou deux en réponse. Faut le comprendre le pauvre gamin, avec vous c'pas simple.

Anya n'arriva pas à répondre à ça tant elle était surprise. Elle se contenta de regarder Morticia comme une créature étrange qu'on découvre.

Une soirée et une nuit véritablement infernale. Qui aurait cru l'année précédente qu'Anya Armyanski pourrait à ce point détester un réveillon de noël. C'était vraiment horrible. Tellement qu'elle finissait en pleurs de façon tout à fait pathétique devant un homme qui le devenait presque moins tout d'un coup. Armando n'était pourtant pas un homme particulièrement digne. Alors elle était vraiment misérable pour admettre quelque chose comme cela. Mais il fallait bien dire ce qui était. Affolée comme elle l'était et totalement perdue, on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'elle soit aussi belle que d'habitude. Et il ne fallait pas non plus s'attendre à ce qu'elle soit de bonne humeur. Là, cette nuit, elle voulait récupérer son fils, le reprendre dans ses bras et le ramener à la maison. Peu importait si il s'agissait de la sienne ou de celle d'Anna. Elle ne voulait juste pas de nouveau ignorer où il était et être assurée qu'il avait un toit au dessus de la tête.

Lorsque le professeur Mathews avait ouvert, Anya avait été assez surprise par son regard. Vide d'expression, complètement embrumé. Soit elle était encore très fatiguée, soit il y avait autre chose. Quoi qu'il en soit, elle avait suivit le professeur et Armando dans ses appartements. En voyant son fils, ce fut le soulagement ultime. Elle était ravie et se précipita vers lui sans faire plus attention aux deux autres qui étaient là. La belle s'agenouilla près de lui, pris sa main et caressa son visage en murmurant son nom. Il dormait encore un peu, le réveille était difficile. Au moins il avait été au chaud ici. Anya avait vu la couverture qui avait été enlevée, preuve que son bébé n'avait pas été juste délaissé dans un coin. Mais autre chose l'interpela très vite. Il s'étai relevé en grognant et sentait l'alcool à plein nez. Or ce n'était certainement pas chez Anna qu'il aurait bu ainsi. Alors soit il avait pris un peu d'argent pour aller dans un bar, soit c'était son professeur qui l'avait fait toucher à cette boisson. Andreï se redressa et sa mère le tenait un peu pour qu'il puisse être un peu stable. Ce que cela pouvait être dur de retrouver son petit ange dans cet état.

-J'vais dégueuler...

Anya s'assit à côté de son fils pour le soutenir en essayant de ne pas l'étouffer. À choisir elle préférait qu'il ne vomisse pas. C'était affreusement désagréable. Et même si elle commençait à ne pas du tout apprécier cette Miss Mathews, elle préférait que son fils ne salirait pas son plancher. Question de savoir vivre plus que de véritable respect. Même si la fameuse était déjà à moitié retournée dans son sommeil. La belle n'avait pas du tout apprécié ce qui lui servait d'excuse. C'était vraiment une femme qu'elle garderait à distance. Et une fois plus proche d'Armando, il était possible qu'Anya se débrouille pour faire renvoyer ce professeur tout simplement affreux. Même Anna ferait mieux. Et pourtant elle n'avait aucun diplôme nécessaire. Elle se demandait même si cette femme avait de quelconques diplômes... et cela n'avait rien à voir avec le fait qu'Anya trouvait de toute façon sa sœur très bien.

-Miss Mathews. Il va falloir que nous ayons une conversation dans mon bureau. Sur le champ.

Anya était plutôt satisfaite que cet homme ait au moins l'initiative de la convoquer. Comme quoi il pouvait parfois faire preuve d'assez d'intelligence pour se rendre compte que quelques chose n'allait pas. Comment elle pouvait encore enseigner ici. Surtout qu'à leur âge, les élèves devaient être faciles à manipuler. C'était juste honteux. Et pour le coup, Armando perdait encore plus de crédibilité. Déjà que cela ne volait pas bien haut.

-Alors précisons tout de même une ou deux petites chose avant hein. Déjà, je ne suis pas enseignante, je suis en vacances, comme ce gamin. Ensuite c'est pas moi qui ait demandé à ce garçon de venir. Mais si vous vouliez que je le foute dehors pas de soucis. Vous seriez juste en train de chercher un glaçon mais pas de soucis.

Alors pour le moment c'était encore plutôt pas trop mal comme petite défense. C'était parfaitement  pas valable mais au moins elle ne partait pas trop loin. Pas comme ce qui avait suivi...

-Et je ne pense pas que je sois la plus en tord ici. C'est pas moi qui vais draguer des mecs qui font la moitié de mon âge et venir me balader devant son fils. Sans blague, c'est franchement répugnant. Vous vous rendez pas compte de ce que vous lui foutez sous le nez à ce gamin. Après vous vous étonnez qu'il boive.

Le pire dans tout ça, c'est que Morticia était parfaitement sérieuse. Anya rougit comme une tomate. Pas parce qu'elle était effectivement amoureuse de cet homme, mais parce qu'un professeur avait vu ce que cet homme ne voulait pas du tout voir. Autant dire qu'elle ne savait plus trop où ce mettre. Surtout devant Andreï. Elle aurait aimé attendre un peu avant de lui dire quoi que ce soit à ce sujet...

Alors bon, Anya n'était pas totalement idiote et elle voyait bien que le professeur Mathews n'était pas dans son état normal. Mais il y avait tout de même une réputation tristement connue pour lui faire penser qu'elle ne l'aimait pas. Pas du tout. Elle avait l'air irresponsable et limite dangereuse. Virulente en tout cas. Et son fils devait prendre des cours avec elle? Oh non, tout ça n'allait pas durer. Attendez qu'Anya gagne un peu d'influence et cette femme n'enseignerait plus longtemps. Il était hors de question que son fils reste avec elle. Andreï était influençable. Sa mère était bien placée pour le savoir. Mais si ce professeur se mettait elle aussi à tourner autour de son fils, elle le sentirait passer. On ne pouvait pas faire de tord à Anya Armyanski ou à ses proches et espérer s'en sortir comme ça. Si il le fallait l'ukrainienne la poursuivrait. Si il le fallait elle ferait d'elle sa prochaine victime. Quoi qu'il en soit, elle n'aurait pas son fils.
Et elle ne ferait pas non plus capoter ses plans. Parce qu'elle avait fait une belle connerie en parlant de son petite manège avec le directeur. Non seulement Anya était agacée parce qu'elle en avait parlé, mais aussi parce qu'elle l'avait mieux vu que celui qu'elle s'était appliqué à draguer depuis déjà quelques temps. C'était insupportable de se dire qu'elle avait certainement choisi le pigeon le plus crétin qu'elle aurait pu trouver. Fallait le faire hein. Bah oui, et elle avait réussit à trouver cet homme particulier à qui on pourrait rouler une pelle sans qu'il s'en apperçoive. Elle, Anya Armyanski, cette femme qu'on avait plus envie de déshabiller plutôt que d'entendre parler. Quel comble tout de même. Mais maintenant qu'elle avait engagé tout ça et qu'en plus, avec un peu de chance, Armando venait de comprendre quelque chose, plus question pour la belle de faire demi tour et de changer de cible. Elle devrait se contenter de le bousculer encore un peu.

-Si quelqu'un a quelque chose à se reprocher, c'est vous, Mrs Mathews...

Bon, c'était un début. Pour le moment, Anya resta près de son fils. Son pauvre petit chéri n'était pas bien du tout. Elle espérait pouvoir rapidement le ramener à la maison. N'importe laquelle. Elle parlerait de ce moment de gêne intense avec le directeur une autre fois. Pour le moment il n'était clairement pas sa priorité.

-Et vous aussi, jeune homme.  Vous feriez mieux de vous rendre à l'infirmerie.

Voilà une nouvelle bonne idée. Andreî se leva d'ailleurs. Il n'était pas vraiment stable alors Anya restait derrière lui. Toujours avec ce petit regard inquiet. Pauvre chéri. Il allait avoir un sacré mal de tête. Espérons que l'infirmière était meilleure dans son domaine que le professeur qui restait sur son canapé à regarder la scène emmitouflée sous sa couverture. Mais Andreï s'arrêta devant Armando.

-J'bouge pas d'ici.

Bien moins bonne idée ça par contre. Et depuis quand il se permettait ce genre de choses. Autant d'arrogance d'un coup. Avec pourtant toute cette difficulté à tenir debout. Anya n'aimait pas son comportement. Elle fronça les sourcil et le tourna vers elle.

-Andreï! [Uk] Fais ce qu'on te demande pour une fois! Tu en as plus que besoin, crois-moi.

On entendit une sorte de "boum" et les rires du professeurs qui avaient débuté au moment où Andreï avait commencé à se rebiffer furent soudain coupé. Anya se retourna pour voir ce qui se passait et vit qu'elle était par terre. Morticia se frotta le coude qu'elle s'était cogné au passage avant de se relever... non sans un certain mal, c'est vrai.

-Ils ont raison. Ça m'agace prodigieusement de le dire mais ils sont raison. Tu seras déjà dans un sale état demain alors autant essayer de limiter les dégâts. Et il me semble que Sparkley est nulle qu'avec moi.

Anya qui n'avait une fois de plus pas apprécié cette intervention se manifesta. Toujours un peu à sa manière.

-Oui, et vous vous y connaissez en lendemains difficiles.

Morticia qui n'avait absolument pas compris le sous-entendu enchaîna tout à fait naturellement. Avec toujours cet air de femme à l'ouest total.

-Oh bah à force on retiens la leçon quand même hein...

Quoi qu'il puisse arriver, aucune des quatre personnes présentes dans cette pièce n'oublierait cette soirée. Ça, c'était certain...

C'était une catastrophe, une calamité, un beau bordel. Même Morticia était obligée de le reconnaître avec ses idées embrouillées. C'est pourquoi elle avait momentanément accepté de soutenir l'avis de ce vieux dégoûtant et de sa nouvelle distraction. C'était affreux. Répugnant. Immonde. Complètement contre nature. Une abomination. Rien qu'y penser était un crime. Et pourtant, ces deux-là continuaient à se tourner autour. Beurk. C'était tout ce que Morty avait à en dire: beurk. Et Andreï était tout à fait de son avis en plus hein, elle n'était pas toute seule. Pour une fois, c'était presque rassurant. Sauf que du coup, il était tout sauf objectif. C'était de sa mère dont il s'agissait. Et d'un vieil abruti qui lui servait de directeur. Donc Andreï n'était pas le mieux placé pour être objectif. Surtout qu'il n'était toujours pas très clair non plus.

-Vous êtes bouchés ou quoi, je...

En voilà justement la preuve. Il venait d'offrir son  cadeau de noël au directeur. Visiblement, il était allé manger avant de venir boire avec son professeur. Sa mère était visiblement plutôt embarrassée d'ailleurs. Normal. Si Morty avait eut un gamin et qu'il avait rendu son dîner sur les chaussures de son directeur et accessoirement d'un peut-être futur chien, il était probable qu'elle aurait été très gênée aussi. Ceci dit, elle n'en avait pas, d'enfant. Et c'était plutôt bien en fait. Surtout en sachant qu'un garçon qui pouvait avoir un peu tout ce qu'il voulait comme lui pouvait également être aussi peu coopératif et complètement rebelle. Enfin, presque complètement.

-À l'infirmerie, tout de suite.

Et là, Morticia fut fière de son élève pendant quelques petites secondes. Ce petit sourire défiant son patron était presque attachant. Il avait du cran ce petit quand il était encore sous l'emprise de l'alcool. C'était même amusant quand on y pensait. Ce petit gosse de riche qui jouait les durs était reparti aussi vite qu'il était venu pourtant. Et en marchant bizarrement en plus. Morticia se dit qu'elle marchait pas comme ça elle... ou si.... de toute façon elle marchait pas du tout pour l'instant. Et c'était vraiment pas plus mal.

-Vous... vous perdez rien pour attendre.

Quelle crédibilité... on pourrait presque y croire si seulement il n'avait pas ce regard aussi vitreux. Regard que son professeur avait un peu aussi en fait. Mais ça, elle ne pouvait pas le voir de toute façon. Anya nettoya un peu d'un coup de baguette mais je ne vous cacherai pas qu'elle se sentait vraiment très très mal à l'aise. Bon, rassurée parce qu'elle savait où était son fils... mais son professeur était juste insupportable. Une irresponsable à qui on avait confié son petit chéri. Honteux.

-Je pense qu'il y a quelques leçons que vous avez omis de retenir, Mrs Mathews. Notamment ceux qui concernent les principes de déontologie et de bonne manière qui régissent cette école, vacances scolaires ou pas, exercice de vos fonctions ou non.

Mais oui, c'est cela. Et puis qu'est-ce qu'il lui arrivait à lui aussi? Qu'est-ce qu'il avait le besoin d'utiliser ces mots compliqués là hein? Faut pas non plus oublier dans quel état elle était. Elle ne pouvait pas comprendre tout ce qu'on lui disait alors si il ne faisait pas un petit effort, ils ne se comprendraient pas vraiment. Elle fit une grimace et mit sa main sur son front. Il parlait trop fort pour que cela ne se voit pas chez Morticia. Elle aurait certainement aussi une sacré migraine. Elle pouvait déjà le sentir. C'était simplement qu'Andreï n'avait pas l'habitude alors ça se voyait plus.

-D'accord, j'ai merdé. Mais sans moi vous seriez encore en train de le chercher votre gamin. Et si j'étais vous je me demanderais pourquoi il a préféré venir vers sa prof à mauvaise réputation au lieu de rester chez lui.

Autant dire que cette remarque ne plaisait pas du tout à Anya. Bien sûr, elle s'était déjà demandé pourquoi cette femme affreuse plutôt qu'Anna. À la limite, elle serait partie elle. Mais Anna, elle restait la femme la plus douce et raisonnable que connaissait Andreï. Qu'il préfère cette Mathews était très décevant. Et encore. Dites-vous bien qu'Anya ne savait pas encore que cette femme et sa petite sœur se connaissaient déjà et pire encore: s'entendaient bien. Elle le saurait certainement une fois rentrée, quand elle aurait dit où avait été retrouvé son petit chéri.

-Je ne doute pas professeur Mathews, que vous savez à quel point il est difficile de remplacer deux professeurs au pied levé. J'imagine que c'est ce qui vous pousse à tenir un tel discours devant votre supérieur. Mais n'oubliez pas qu'il existe plus d'une façon de réagir à cela et qu'oser vous comporter ainsi devant un parent d'élève n'est pas non plus une idée brillante.

N'oublions pas l'influence de cette femme, et pas que sur le directeur. Elle savait que pour le moment renvoyer ce professeur qui le méritait pourtant pas mal serait une folie. Si Anna devait venir remplacer un professeur sans avoir le moindre diplôme, c'était pour une bonne raison. Mais elle ne perdait rien pour attendre. Et un jour, elle devrait son revoit à un ukrainienne. Et sa première raison était bien sûr qu'une femme comme elle ne devait pas pouvoir s'occuper de l'enseignement de son fils. A Armando d'agir maintenant. Anya ne pouvant malheureusement pas  le faire directement.

dire que la soirée promettait d'être si agréable. Non, vraiment. Tout dans l'excès, aussi bien d'alcool que de consommation de produits aussi douteux que possible. Et cela aurait fait un réveillon parfait. Comme chaque année d'ailleurs. Mais non. Un seul mioche et tout partait en vrille. Un mioche plutôt cool finalement. Dans un sale état maintenant, mais cool quand même. Enfin bon, on ne lui demandait pas son avis de toute façon. On ne demandait jamais son avis à Morticia. Tout le monde se moquait bien de ce qu'elle pouvait penser. C'était juste un prof tarée parmi les autres.
Anya elle avait l'air bien moins satisfaite encore. Son fils à l'infirmerie après avoir fugué, c'est vrai que c'était pas très agréable. Forcément, on fait mieux comme fin de réveillon. Et puis, il était quand même une heure à laquelle on dort normalement. Alors qu'elle ait passé sa nuit à courir après son fils pour le retrouver complètement bourré chez un de ses professeur, c'était pas rassurant non plus. Elle avait l'air aussi fatiguée qu'énervée. Mais ça, Morticia s'en moquait pas mal en fait. C'était pas son problème à elle. Qu'elle se débrouille. Et puis, fallait pas avoir d'enfants si elle voulait être tranquille aussi. Faut pas être débile. On le sait que c'est une source d'emmerdes. Faut pas provoquer sa propre perte.

-Attendez-vous à de sévères sanctions. Je ne laisserai passer votre attitude à mon égard, celui de Mrs Armyanski ou de son fils sans rien faire, vous êtes prévenue.

Oui, oui, bon bah ça va. Elle savait, pas la peine d'en rajouter. Morticia était prévenue, d'accord, elle avait compris. Mais son attitude était habituelle pourtant, il devrait le savoir à force. Avec lui, elle avait toujours été comme ça en tout cas. Avec Andreï elle avait essayé d'être sympa. Et avec sa mère... bah vu son état fallait pas trop en demander hein! Elle était chiante elle était chiante, c'est tout. Qu'ils viennent pas se plaindre qu'elle réponde. Elle faisait déjà de son mieux hein. Morticia ne répondit pas à cette remarque. Pas la peine de le faire. De toute façon ça risquait d'être pire.

-Vous feriez bien d'aller à l'infirmerie, vous êtes dans un état pitoyable. Mais je vous attends dans mon bureau dès demain.

Pff, même pas en rêve. Et puis quoi encore. Non, Sparkley l'avait déjà eut sur un de ses lits. Une fois était suffisante. Largement suffisante. Elle y serait dans son satané bureau demain, mais qu'il lui foute la paix. De toute façon, Zelda ne ferait pas grand chose de plus pour elle. Il fallait qu'elle dorme, c'est tout. Pas besoin de cette stupide infirmière pour ça.

-Mon état pitoyable me regarde. Je serai dans votre bureau demain, mais n'en demandez pas trop. Je n'ai pas besoin d'une femme comme Sparkley pour prendre soin de moi. Ce n'est pas vous qui allez m'apprendre à vivre Monsieur.

Morticia savait prendre soin d'elle depuis le temps. Elle savait mieux que lui ce dont elle avait besoin. Et Zelda n'en faisait clairement pas partie. Alors même si ses paroles avaient l'air de choquer Anya, tant pis. C'était pas elle non plus qui prendrait sa place. Qu'elle s'occupe de son gosse déjà, après elles pourraient en parler.

Les fêtes de noël, hein? Des fêtes joyeuses qu'on passait en famille dans la joie et la bonne humeur... Tu parles! De toute façon il fallait s'y attendre. Cette année n'était pas faite pour être heureuse alors de toute façon, c'était attendu comme fin. Même si les détails étaient plutôt imprévisibles tout de même. Anya n'aurait jamais pensé que son fils fuguerait pour aller vers un professeur et boire jusqu'à en être malade, le tout par pur esprit de contradiction. Quel chieur ce gamin tout de même. Dans d'autres circonstance Anya aurait été fière de voir qu'il avait aussi mauvais caractère qu'elle... mais là ça commençait à bien faire tout de même. Pourtant qu'est-ce qu'elle pouvait y faire? Elle ne pourrait pas le changer maintenant. Surtout pas elle d'ailleurs. Anna aurait peut-être une toute petite chance...  avec beaucoup de patience... et de la confiance... et tout un tas de choses qu'Anya n'avait pas ou plus. Mais elle, non, elle ne récupèrerait pas son fils maintenant. Ou peut-être même jamais d'ailleurs. Sauf qu'elle ne pouvait pas en être sûre pour le moment. Même si elle aurait bien aimé. Beaucoup aimé. Elle aurait adoré. Enfin, ce n'était pas vraiment le sujet pour le moment. Non, pour le moment, le sujet était tout aussi agaçant et franchement pitoyable. Et ce sujet, c'était Morticia Mathews.

Plus précisément, le sujet pour le moment c'était l'état d'alcoolémie avancé du professeur Mathews. Enfin... professeur... si on pouvaient appeler ça un professeur. Et Anya ne le ferait pas. Non, pour elle c'était une loque qu'on avait mis à ce poste parce que personne ne pouvait trouver mieux. Une alcoolique qui entraînait ses élèves dans sa chute. Une irresponsable qu'Anya se chargerait volontiers de faire sortir de ces murs le plus rapidement possible. Cette femme avait une mauvaise influence sur son bébé et ça ne pourrait pas durer. Et encore, si elle savait à quel point Morticia s'entendait avec sa sœur, elle aurait sans doute demandé à sa future cible de la renvoyer immédiatement. Mais non, la belle avait encore un minimum de pitié. Pas pour cette femme, non, pour le vieux directeur qui avait déjà du mal à remplacer un seul de ses enseignants. Deux d'un coup ça aurait été un peu vache pour lui. Mais un jour cela risquait bien de venir. Surtout si d'autres incidents devaient arriver.

-De toute évidence, vous n'êtes pas capable de vous débrouiller seule...

Non, en effet. Morticia répondit par un grognement mécontent. Et Anya... et bien elle commençait à se demander très sérieusement ce qu'une femme pareille faisait là. Une folle furieuse. Et il était plus qu'évident qu'elle n'irait pas loin ce soir. Peut-être même demain d'ailleurs. Au moins chez le directeur visiblement. Et encore, elle disait ça maintenant, ce n'était pas sûr qu'elle s'en souvienne plus tard. Et même si théoriquement, demain, c'était déjà maintenant. Mais bon, elle se débrouillerait... et le directeur aussi en fait. Après, Anya n'était plus concernée.

-Vous irez à l'infirmerie demain, un point c'est tout.

Que d'autorité. Si la belle n'avait pas pris la peine de le connaître un peu avant, elle y aurait presque cru. Mais non, elle savait qu'on pouvait facilement lui faire faire ce qu'on voulait. Et en ce moment, Morticia ne faisait que se débarrasser de lui gentiment mais très efficacement. L'ukrainienne ne dit rien, mais elle n'en pensait pas moins. Petite garce. Elle ne resterait pas longtemps, non. Anya comptait bien faire du ménage dans tout ça.

-À demain.

Anya ne dit rien à Morticia avant de sortir. De toute façon, la jeune femme avait visiblement renoncé à aller se coucher et s'était allongée sur son canapé en récupérant la couverture qu'avait précédemment utilisé Andreï. Tant pis, Anya lui accorda tout de même un regard noir comme elle savait si bien les faire. Un regard qu'elle fit attention d'enlever quand le directeur la rejoint. La belle se permis un soupir, sincère pour une fois. Quelle soirée... et quelle nuit! Ce n'était pas franchement ce qu'elle avait prévu en arrivant chez sa sœur un peu plus tôt. Rien qu'Irina c'était une grande surprise. Alors la suite, c'était hors concours. Forcément, maintenant que la pression était redescendue, Anya était un peu... fatiguée? C'était encore peu dire. Mais elle s'efforça d'accorder un petit sourire (très petit) au directeur. Pour la forme quoi.

-Encore désolée pour... tout ça. C'était peut-être un peu osé de ma part de venir vous chercher comme cela.

Bon, elle n'était pas vraiment désolée de l'avoir dérangé comme ça. En fait elle n'en avait pas grand chose à faire. Et c'était plutôt lui qui avait eut raison de se bouger. Autrement il aurait eut des ennuis avec la belle ici présente. Enfin, il avait bougé ce qui lui servait de popotin et Andreï était retrouvé. Elle était bien obligée de reconnaître qu'il avait fait un effort.

-Mais, merci d'avoir fait cet effort pour moi. J'apprécie, vraiment... vous... vous voudrez bien me donner des nouvelles de lui? Je... je sais que j'en demande beaucoup mais... enfin, vous avez vu dans quel état il était. Il... il me fait peur.

La nuit avait été longue. Très longue. Jamais Anya n'avait connu une nuit aussi longue. Et c'était à cause d'elle, en grande partie. Elle n'aurait pourtant pas pensé que les choses iraient aussi loin. Andreï avait vraiment fait fort ce soir. Et il avait réussit à inquiéter beaucoup de monde. Anna était resté à la maison, certes, mais sa sœur était certaine qu'elle tournait en rond dans un pièce en guettant le moindre bruit qui pourrait indiquer que son neveu était revenu. Les professeurs avaient été réveillés et inquiétés à leur tour. Le directeur aussi avait été plutôt secoué cette nuit. Mais il était probable qu'Anya ait été la plus mal menée cette nuit. Elle avait pensé à beaucoup de choses et était passée par des états de colère ou de de peine pour le moins intenses. La belle espérait bien ne jamais plus avoir à ressentir tout ça. Elle espérait aussi mais sans vraiment être convaincue que son fils la repousse un peu moins. Mine de rien ça faisait mal de se prendre toute cette haine en pleine figure. Elle aimait son fils et le voir la repousser comme ça tout le temps ça faisait mal. Elle comprenait, c'est sûr, mais ça restait difficile.

-Ne vous excusez pas, vous avez eu raison de venir me chercher.

Oui, sans doute. Il est vrai que le vieil homme avait été assez efficace pour retrouver son garçon. Mais bon, il n'était pas toujours comme ça. Anya voulait pourtant croire qu'il pouvait être utile de temps à autres. Elle espérait simplement qu'il resterait assez réceptif pour lui laisser l'opportunité de le séduire comme prévu. Visiblement, elle avait encore toutes ses chances. Pour le moment pourtant, elle n'avait que moyennement envie d'y penser. Sur le moment elle était surtout fatiguée. Aussi bien physiquement que moralement. C'était un coup dur quand même. Et même si elle était épuisée, elle était presque certainement de ne pas beaucoup dormir cette nuit. Peut-être pas les suivantes non plus. Au moins son fils serait à l’abri ici. Il était possible que sa mère soit particulièrement mauvaise lors de ses prochaines missions. Andreï lui manquait déjà. Elle l'avait pourtant quitté il n'y a que quelques minutes. Mais elle avait l'impression qu'il était bien trop loin pour elle. La belle avait encore les mains tremblantes. Elle ne pensait pas s'éterniser trop longtemps ici. Elle voulait rentrer. Rentrer et pleurer toutes les larmes qu'elle ne voulait pas laisser couler ici.

-Je veillerai sur lui, je vous le promets. Et je vous donnerai de ses nouvelles autant que vous le voudrez.

Voilà qui était agréable à entendre. Si elle pouvait savoir ce qui se passait pour son fils grâce au directeur, c'était déjà un poids en moins. Si elle savait ce qui allait ou n'allait pas pour Andreï, elle pourrait déjà être plus tranquille. Pas forcément être totalement tranquille non plus. Parce qu'elle resterait loin de lui. Mais au moins elle resterait un peu au courant.

-Je vous remercie. Je crois que j'en aurais besoin... mais je ne vais pas en abuser, je vous le promet. Je sais que c'est déjà un grand service que vous me rendez. Et si je peux faire quoi que ce soit en retour...

Anya était un peu gênée quand même. Elle lui devait effectivement quelque chose, elle en avait conscience. Elle espérait simplement qu'il n'abuserait pas. Mais elle lui faisait confiance pour ça malgré tout.