Le Quidditch, Arthur ne le dirait jamais assez, était le meilleur des purifiants. Après avoir passé deux heures sur son balai, sentant le vent gelé de janvier passer dans ses cheveux, dans les interstices de sa tenue, après s'être détruit les phalanges en frappant de toutes ses forces des Cognards fous, après avoir rangé des balais, le terrain et les balles, ce qui signifiait après avoir lutté deux fois de suite avec les Cognards pour les forcer à regagner leur housse, Arthur se sentait vidé. Il ne pensait plus à rien, un fin brouillard recouvrait son regard, une douleur sourde résonnait dans chacun de ses muscles. Il se sentait abruti, épuisé et heureux. De plus, il avait expérimenté la stratégie qu'il avait élaboré durant les vacances pour le prochain match avec ses joueurs, et non seulement ils s'en sortaient plutôt bien, mais en plus ils avaient toutes leurs chances de gagner. Le niveau de l'équipe était bon, tous étaient motivés, son plan n'était pas mauvais et bien réussi. C'était le comble de la satisfaction pour l'athlète qu'il était :la perspective d'une réussite bien méritée.
Mécaniquement, dégageant avec violence l'odeur du mâle et du sport, Arthur traversait le château. Il était Capitaine, il avait le droit à la salle de bain des préfets, et il n'allait pas manquer de se jeter dans un immense bain d'eau savonneuse, histoire d'amoindrir la couche de crasse dont il était recouvert. Ses chers coéquipiers l'avaient vanné lorsqu'ils s'étaient séparés dans le hall, dans le fond jaloux de ne pas pouvoir profiter de cette salle de bain splendide et mystérieuse pour tous ceux qui n'y avaient jamais eu accès.
Avec une lenteur consciencieuse, Arthur grimpa les marches. Il grimaça. Ses jambes lui faisaient mal. Et il savait que ce serait pire le lendemain. Néanmoins, c'était une douleur grisante. C'était le mal qui signifiait la transformation du corps, son amélioration. Quand il avait mal ainsi, Arthur se disait qu'il devenait beau davantage. Il sourit pour lui même. Il se sentait déjà plus fort.
Il se traîna dans le couloir désert du cinquième étage, tourna une fois sur sa droite, compta les quatre portes à partir de la statue de Boris le Hagard, et murmura « Souffle à la menthe ». La porte cliqueta.
Arthur en s'étirant, entra.
Il se figea immédiatement.
Une splendide personne se tenait devant lui. Nue. Et surtout très surprise.
Le cerveau d'Arthur ne réfléchissait plus et il la regarda, stupidement, oubliant toute son éducation, toute bienséance.
Elle était juste magnifique.