Un frisson d'une violence brève mais soutenue secoua le corps d'Arthur. De son coccyx à son échine, il se cabra. Un cri de rage s'étouffa avec rapidité dans le creux de sa gorge. La fièvre passée, en quelques secondes, il était à nouveau lui-même. Il inspira. Il expira. Ses yeux s'ouvrirent, et son reflet lui sourit. Le miroir lui renvoyait une image de lui qu'il n'aimait pas. Qu'il n'aimait plus. Son sourire lui donnait la nausée. Mais il se devait de sourire. Tout le temps. Comment ne sourirait-il pas, d'ailleurs? Pourquoi en aurait-il le droit ? Pourquoi Arthur Joy Everard, l'héritier de l'illustre firme de médicaments en tout genre et reconnus partout dans le monde des sorciers, la fameuse Everard & cie., se permettrait il d'être malheureux et de ne plus faire bonne figure ? Inacceptable. Il faut sourire, Arthur. Sourit.
Arthur se sourit. Ses lèvres fines et roses se soulevèrent sur sa peau trop pâle, ses commissures formèrent de petites fossettes sous ses joues rondes et fraîches, ses yeux verts d'eau pétillèrent doucement, ses sourcils se détendirent. Voilà. Là, il était le visage de la Everard corporation. Avec une sensualité calculée, il passa sa mains dans ses cheveux auburn aux mèches sombres qui lui tombaient alors sur le front, il s'observa de profil : son nez droit, son front plat, son menton rond et pas trop courbé, Arthur ne se reconnaissait pas. Devait-il se restreindre à un visage satisfait, heureux, comblé, alors qu'il avait seize ans, encore des milliers de choses à découvrir et encore plus à faire, à prouver, montrer qu'il était digne de ce qu'on attendait de lui ? Était-ce si simple d'être digne de sa famille ? Était-il mieux de ne pas en avoir ? Pas de famille...?
*Et dire que lui, c'est comme si il n'en avait pas... *
Arthur se pinça les lèvres. Il ne devait pas penser à ça. Non. Non. Il y pensa. Son sourire se transforma en une douloureuse crispation, et tout son visage se rembrunit. Il devint brusquement laid. Cette haine qu'il vivait au quotidien depuis maintenant sept ans le détruisait et le métamorphosait. Le petit garçon émerveillé de tout qui avait grandi dans la banlieue d'Edimburgh avait disparu. Il n'était plus qu'un immense corps de jeune adulte, maladroit, creux, obsédé par la réussite, et surtout le surpassement. Se dépasser. Devenir meilleur. Toujours meilleur. Toujours plus que... Lui. Que ce bâtard de Julian. Les paroles de sa mère lui revinrent en mémoire. A l'époque, il n'avait pas à se soucier des rivalités de ce petit sauvage qui vivait dans les cuisines, qui se contentait de vivre sans se plier aux souhaits et exigences de multiples tuteurs et répétiteurs. Comment parvenait-il à le surpasser malgré son manque, son retard ? Tous ces efforts, tous ces travaux qu'il fournissait depuis son plus jeune âge n'avaient ils servi à rien ? Pourquoi devait il rester l'éternel second ? Ses yeux se plissèrent. Il sentait la tape que sa mère aimait lui donner sur la nuque : indolore et humiliante, lui rappelant combien il lui était supérieur. Il lui avait fallu du temps, il avait eu besoin de sa première année à Poudlard, d'être quotidiennement aux côtés de Julian pour s'apercevoir combien celui-ci lui était supérieur. Sa mère avait eu tort. La légitimé n'était pas un gage de valeur. Oh que non. Il se mordit la lèvre. Car il n'était pas comme ça. Il n'était pas accro aux notes, aux performances, et à la compétition en général. Quelque chose en lui, probablement ce quelque chose qui avait toujours déplu à sa mère, était mou, laxiste, fainéant et désintéressé. Déjà lassé de tout, en quelque sorte. Mais pour Julian, pour le battre, l'écrabouiller, il aurait fait n'importe quoi. Il avait essayé de tricher, un jour, en première année, et il avait réussi. Il avait été premier. Mais il s'en était voulu, et cette victoire lui laissait maintenant un terrible arrière goût amer et dégoutant. Il ne recommencerait plus. Alors il travaillait. Il travaillait à en faire des nuits blanches, à s'écraser le majeur de sa main droite sous la plume, à forcé d'écrire. Il avait mal aux yeux, à la tête, et il travaillait. Son penchant pour la fête et les filles le tiraillaient souvent, et, s'il cédait parfois, en revenait toujours à cette motivation première qui lui retournait le cœur dès qu'il croisait, ou juste entra-percevait son insupportable demi-frère.
Comment Arthur en était arrivé là ? A ne penser qu'à lui, toujours se comparer, toujours se demander ce que lui aurait fait et si ça aurait mieux marché, si il aurait mieux réussi. Oui. Tout ce qu'il faisait, il le réussissait, lui. Lui. Cet intrus, cet enfant qui n'aurait pas du exister, qui n'aurait jamais du naître, qui était une erreur, comment lui pouvait-il trouver sa place dans un monde qui ne l'avait pas désiré, alors que lui, Arthur, un enfant « nécessaire » comme lui disait sa mère, peinait à se trouver et à s'accomplir en tant qu'être humain seulement ?
« Tu accompliras de grandes choses, mon fils. »
*Tu parles. *
Et Arthur lui en voulait. Terriblement. Il lui en voulait de l'avoir bercé d'illusions alors qu'il n'était qu'un enfant, et d'avoir ainsi pris du retard dans cet affrontement sans fin contre Julian, et le reste du monde en général.
Les longs doigts d'Arthur se replièrent nerveusement sur sa paume et ses ongles s'y enfoncèrent. Il tremblait. Il n'en pouvait plus de se mettre dans un état pareil dès que ses yeux croisaient les siens au détour d'un miroir. Tout son corps se contracta, et il éjecta sa colère avec un hurlement en frappant violemment le mur. La glace trembla. Ses phalanges s'écorchèrent, mais il s'en moquait. Sa mère aimait raconté qu'il était un enfant très calme et studieux, quelquefois manquant de réactivité, mais très agréable dans sa passivité face au monde. C'était oublié la rigidité et la performance de l'éducation qu'il avait reçu, dans laquelle la bienséance et le politiquement correct étaient les deux règles d'or. A Poudlard, Arthur passait pour lunatique, et ses colères, quoique rares, étaient reconnues. Après s'être écorchés les phalanges, il s'apaisa.
* Souris, Arthur. *
Arthur sourit, et détourna son regard du miroir qui vacillait encore. Il expira doucement et s'obligea à détendre ses épaules plutôt larges. Des épaules de Batteur.
*Habille toi, vieux. *
Il s'étira. Son accès de fureur quotidienne était passé. Il était libéré jusqu'au lendemain. Il enfila son uniforme sur son corps de taille moyenne dont seuls les épaules et les bras pouvaient être qualifiés de « musculeux ». Au moins un truc qu'il savait faire, aurait-il dit. Il n'était pas sportif. Il était juste Batteur et en avait la carrure. C'était déjà bien. Comment Arthur Everard pouvait-il se contenter d'un « déjà bien » ? En cours, il n'était pas un élève extraordinaire. Il était bon, mais pas brillant, il ne parvenait à se démarquer vraiment nulle part, et était parvenu de justesse à obtenir la mention suffisante lors de son BUSE de Potion pour pouvoir en préparer l'ASPIC, nécessaire dans le rôle qui serait le sien d'ici quelques années, quand la société familiale lui reviendrait. Arthur n'était vraiment doué qu'en Histoire de la Magie, de part la culture absolument gigantesque que possédaient à eux deux ses parents, et bien qu'il se montrât un peu plus doué, car plus intéressé, dans les Métamorphoses, son BUSE de Botanique avait été une catastrophe.
*Une catastrophe, songea Arthur en jetant un œil sur le livre de chevet de son camarade de chambrée, « Les mandragores, le cri de l'espoir. ».*
Il soupira et noua sa cravate. Dorénavant mieux réveillé, il se sentait pressé de descendre dans la Grande Salle pour prendre son petit déjeuner. Il avait grand faim et pensait aux tartines de gelée de groseille dont il allait pouvoir se régaler.
Il prit sans se presser le chemin de la salle à manger et rencontra quelques un de ses amis qui en revenaient. Ceux-ci le saluèrent très chaleureusement, en prenant de ses nouvelles. Amical, Arthur leur répondit doucereusement. Cette popularité ne le surprenait plus guère. Avec le temps qui passait augmentait la cupidité et le goût de l'intérêt de ses fréquentations. Il n'était pas niais, et savait que, même à Poudlard, les poignets de main qu'il échangeait venait de l'influence de sa famille dans le monde des mondanités et de celle qu'il atteindrait un jour. L'argent n'a pas d'odeur, mais à partir d'un million, il commence à se faire sentir, pensa cyniquement Arthur. Sa mère avait raison, il s'aigrissait. Les couleurs du monde lui devenaient chaque jour plus criardes et plus dégoulinantes de toutes leurs impuretés, et il lui semblait que chaque imperfection de son environnement se grossissait au centuple à son contact. Pourquoi tant d'amertume ? La vie était elle si difficile ? Pour Arthur, pour qui la quête de la perfection devenait un enjeu, elle ne pouvait exister. Et c'en était presque douloureux. Des fois, il lui semblait que l'absurdité du monde s'ouvrait devant lui comme une falaise béante dans laquelle chaque individu sautait à pieds joints sans même s'apercevoir de ce dans quoi ils venaient de se jeter. Arthur en avait le vertige, des nausées. Souris, Arthur.
Il adressa un agréable sourire à une demoiselle de sixième année qui passait alors, et celle-ci lui répondit. Il la connaissait de loin, en avait vaguement entendu parler. Arthur ignorait comment il se débrouillait, mais les rumeurs paraissaient attirer vers lui. Il finissait par connaître à peu près tout au sujet de tout le monde et de ce qu'il se passait dans le château. Cependant, l'amertume dans laquelle son humeur le baignait anesthésiait complètement le moindre avantage qu'il aurait pu tirer de ces informations. Il se contentait d'avoir l'air du gentil et bellâtre héritier, un peu niais sur les bords, qui disaient bonjour, savaient faire la conversation, se montrait (faussement) intéressé par tout et par tout le monde. Pourquoi manipuler ? Arthur était intimement persuadé qu'il valait mieux se faire des amis et les rendre enclin à ses projets plutôt que de profiter de leur bêtises. C'était trop dangereux : les gens vraiment idiots étant, dans le fond, plutôt rares. Du moins, cette manière de faire n'était elle pas fiable. Instaurer un lien sentimental était d'une gageure plus certaine.
Arthur jeta un coup d'œil à sa montre. 8H05. Bien. Il était dans son heure. Julian n'apparaitrait que dans une vingtaine de minutes. Son cœur se pinça. Il détestait sa tendance à caler la moindre de ses activités en fonction de celles de son demi-frère afin de l'éviter au maximum. Il se sentait si faible en sa présence... Pourtant, il avait énormément travailler sur lui-même et cela avait porté ses fruits. Certes, il ne se sentait jamais bien quand il se retrouvait face à Julian, mais au moins Arthur était il parvenu à le submerger d'un mépris terrible et glacial dont Julian était le seul à bénéficier. Arthur s'efforçait d'être chaleureux et souriant avec tout le reste du château. Il poussa la lourde porte de la Grande Salle et s'approcha avec entrain de sa table. Il serra une dizaine de mains, et s'assit au milieu de ses confrères, pour discuter allègrement de sujets d'actualités et de géopolitique. L'éducation d'Arthur avait été, malgré tout, excellemment faite. Il était capable de parler de tout et n'importe quoi avec n'importe qui et de pousser ses réflexions afin de donner un avis ou non sur à peu prés n'importe quel sujet. Il jouait du piano, savait monter à cheval et appréciait la lecture de grands auteurs. Sa culture était très importante pour un garçon de son âge, mais Arthur aurait souligné le fait qu'elle était artificielle et uniquement due à son encadrement socio-familiale, que n'importe qui dans de telles conditions aurait été capable d'en faire autant que lui.
Arthur bailla et commença à tartiner un toast de gelée rose. Il entama une conversation sur le véritable rôle des Gobelins à Gringott qui faisait polémique dans la Gazette des Sorciers depuis quelques mois : Travaillaient ils par cupidité, par amitié vis à vis des sorciers, ou bien dans le but de préparer une révolution de grande envergure ? Son voisin, visiblement, n'en avait cure, mais ce genre de sujet soulevait une certaine admiration chez ses camarades. L'éloquence, qu'il tenait de sa mère et de longues séances d'exercice dans le salon familial où il devait récité nombres de vers en runes anciennes, impressionnait toujours. Jamais il ne bégayait, zozotait, reprenait une phrase ou utilisait un mot à la place d'un autre. Il reposa son verre de jus de mûre et son regard tomba sur un grand élève au teint pâle et aux cheveux d'un noir de jais. La commère qu'était Arthur reconnut Tom Jedusor, élève sur lequel le plus grand nombre de rumeurs parmi tout le château circulait. Arthur en était impressionné. Il se demanda où un tel personnage pouvait vaquer de si bon matin, mais son courage immense lui soufflait de ne pas s'y frotter. Il replongea dans son petit déjeuner, se disant que, quoiqu'il se passa, des échos lui en parviendraient inévitablement.
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PRENOM - Robert (ahah) PSEUDO - Robinou AGE - 17 ans NOMBRE DE LIGNE - ça dépend... Je peux blablater sur une trentaine de lignes... Quand c'est intéressant, forcément beaucoup plus. COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM? - De partenaires en partenaires, voguant sur les flots du net... QUE PENSES TU DU FORUM ? - J'aime Gaspard Ulliel. Il est beau. Mais je trouve le design un peu "kitsh". Cela dit, tout est lisible, ce qui est une qualité, et puis tout a l'air de qualité sur ce forum, en fait. Je suis toujours trés impressionné par les mises en page des forums quand je ne sais pas les faire. En même temps, y a pas mal de trucs que j'sais pas faire, alors je suppose que ce n'est pas mettre la barre trop haut... Je trouve dommage que les vidéos de la page d'accueil soient si petites : ça fait deux p'tits gribouillis laids sur une belle page bien organisée, et je suppose que le commun des mortels aura la flemme de double-cliquer pour afficher le lien en plus grand... C'est un détail, mais c'est ce que je me suis dit en voyant la dite vidéo. L'écriture "automatique, par défaut" est peut être un peu petite. Enfin bon.. Je me suis quand même inscrit, hèhè, et j'ai l'impression qu'il y a une chouette ambiance, ce qui, dans le fond, est le principal. Je me plais déjà ici. EDIT: ah oui, et j'aime pas trop la souris en forme de baguette: c'est trés mignon et trés rigolo, mais c'est un peu casse-pied pour les mises en page et tout et tout... Enfin bon, je suppose qu'on s'habitue. Et pis j'aime bien les chatbox. ACTEUR SUR VOTRE AVATAR - Nico Tortorella UN MOT POUR LA FIN ? - TROP HÂTE DE COMMENCER !!!!! Mais je peux le dire avec plus de style : Quelle impatience ! Je n'en peux plus d'attendre, le désir d'écrire monte en moi et m'a envahie toute la semaine, m'étouffant le coeur et l'estomac alors que j'attendais que mon cher demi-frère soit prêt à entrer dans cette grande aventure à mes côtés ! Mais nous voici !
Dernière édition par Arthur Everard le Dim 6 Mar - 0:04, édité 5 fois
Super ! Merci ! Bon, je vais devoir être enquiquinant (pardon, j'adore ça) mais... comment est ce qu'on peut changer ses préférences avec la petite baguette ?
Et puis, Nyx, je serais aussi ravi de poster avec toi, j'adore Michelle ! (Haan, que l'on est influencé par tous ces avatars ! )
Tom Elvis Jedusor
▌ Messages : 12408 Humeur :
QUI SUIS-JE? Baguette: bois d'if, plume de phénix, 33,75 cm Camp: Mal Avatar: Gaspard Ulliel
Mmm bah à vrai dire, la baguette c'était pas moi qui l'avait ajouté et comme je suis une quiche dans le domaine je n'en ai aucune idée (ou l'admin qui sert à rien)
Ah d'accord XD (Wow, la révélation !) Bon, et bien je vais y réfléchir alors... J'ai... Toute la nuit, puis tout mon dimanche.. Aprés j'ai cours, mais ça ne m'empêchera pas d'y penser !
Merci Emily !
Jo Benett
▌ Messages : 6495 Humeur : En couple avec : Célibataire
QUI SUIS-JE? Baguette: Bois d'hêtre, avec un crin de licorne Camp: Neutre Avatar: Jodelle Ferland
Bienvenue parmi nous... J'espère que tu te plairas ici, ton cher Arthur me plait bien^^! Amuse toi bien! A trés vite! Jo!
[Last] Hermione Granger
▌ Messages : 1888 Humeur : En couple avec : L'amour c'est tellement compliqué dirait Hermione. Elle ne cesse pourtant de rêver d'une personne... de l'un de ses amis... du rouquin national... mais cela veut il dire qu'elle l'aime ? Hermione ne sait pas. Nouveau nom (voyageurs temporels) : Prudence Johnson
QUI SUIS-JE? Baguette: Bois de vigne, ventricule de dragon Camp: Bien Avatar: EMMA W.
Alors, franchement, j'aime beaucoup ton style d'écriture et la façon dont tu nous as présenté Arthychoupinet C'est qu'il a l'air fortement intéressant ton perso', et j'ai déjà de vieille idées de liens tordus qui me trotte dans la tête. Bon, seul bémol, c'pas drôle, toujours des sixièmes années quoi. xD
Bah, je voulais me mettre en septième année, mais j'ai regardé le "registre" et tout était pris pour les Serpy garçons ! (mais je critique pas, hein, c'est une vachement bonne idée !)
Ooh, j'adore les idées ! Surtout qu'à ce que j'ai pu voir, t'as l'air de t'y connaitre en lien tordu ! *admiratioooon*
Merci beaucoup en tout cas !
[†] Olive Hornby
▌ Messages : 3701 Humeur : En couple avec : On passe sa vie à dire adieu à ceux qui partent, jusqu'au jour où l'on dit adieu à ceux qui restent...
QUI SUIS-JE? Baguette: Bois de Sorbier, 30.75 cm, Crochet de Basilic. Camp: Mal Avatar: Natalie Portman
Mmm bah à vrai dire, la baguette c'était pas moi qui l'avait ajouté et comme je suis une quiche dans le domaine je n'en ai aucune idée (ou l'admin qui sert à rien)