R

ecevoir une invitation express et personnalisée de la part du seigneur des ténèbres en personne était définitivement une chose qui ne devait pas être prise à la légère, une forme d'honneur qu'il fallait savoir observer comme telle et apprécier à sa juste valeur. Certes, ce n'était rien. Ou pas grand-chose en tous les cas. Ce n'étaient que quelques mots jetés sur un morceau de papier en lettres qui n'étaient ni grossières ni appliquées. Pas de formule de politesse, juste un ordre, car évidemment, quand le seigneur des ténèbres demandait à vous voir, il fallait obéir. Il n'était pas question de tergiverser ou de se poser mille questions, la seule chose qui importait, était l'exécution de cet ordre. Et, bien sûr, Lord Voldemort ne supportait pas qu'on le fasse attendre. Quiconque le ferait aurait une très, très mauvaise idée.

Mais de la part de Sheria Blackwood, Tom ne s'attendait à aucune irrévérence ni au moindre pas de travers. La jeune femme, depuis qu'elle avait rejoint les rangs des mangemorts, lui avait prêté allégeance et avait accepté de porter la marque des ténèbres, n'avait jamais été source de déception pour lui. Elle avait toujours fait preuve de toute la dévotion qu'il était bien capable d'exiger de sa part, elle avait toujours obéi au doigt et à l'oeil à la moindre de ses directives : en somme, elle était un excellent élément, il ne saurait dire le contraire. Pour autant, et comme pour tous les autres de ses sbires, il ne faisait pas preuve de plus d'indulgence envers elle qu'envers quiconque. Quand on décidait de le servir, c'était, bien sûr, à la vie, à la mort, et aucune erreur n'était jamais permise ou tolérée, sous aucun prétexte. Vraiment aucun prétexte.

Mais comme à son habitude, Sheria fit exactement ce qui était attendu d'elle. Elle s'était présentée au rendez-vous à temps, et par ailleurs, elle avait le mérite de ne pas tourner autour du pot. Tandis que Tom levait les yeux de s'occupation pour poser les yeux sur elle, il la jaugea un instant en silence. Ici, la déférence et les civilités n'étaient pas de mise, ils n'avaient pas le temps pour ce genre de choses, et ce serait forcément, nécessairement, une véritable et absurde perte de temps.

-Ah, Blackwood, je t'attendais, fit-il en guise de préambule. Mais il ne perdit pas de temps - ce n'était pas dans sa nature, chaque seconde était vraiment et définitivement précieuse. Je suppose que tu devines les raisons de cette convocation, n'est-ce pas ? suggéra-t-il en laissant son regard la passer au crible et donc, par la même, sonder son esprit autant que possible.

Le jeune homme avait l'intention de laisser son interlocutrice parler avant de rebondir sur ce qu'elle aurait à lui dire et lui apprendre. Et il savait que, comme toujours, il s'exécuterait.
   

   

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C

omme à son habitude, Sheria faisait preuve de la plus redoutable des efficacités, et c'était, bien sûr, une qualité qu'il appréciait largement chez elle. Il ne prenait pas le temps de tourner autour du pot, il ne tenait pas à s'embarrasser de longues conversations qui ne mèneraient absolument nulle part, et qui ne servaient absolument à rien. Si elle avait joué les ignorantes, il l'aurait rapidement remis à sa place.

Quiconque se permettait de contester ses ordres ou de laisser suggérer, par peur ou par naïveté, qu'ils en savaient moins que ce qu'ils devaient, finissaient forcément par payer le prix fort, d'une façon ou d'un autre. En l'occurrence, oui, elle avait été convoquée pour une raison précise sans que les raisons spécifiques de cette convocation aient besoin d'être communiquées, et elle avait tout à fait compris ce que devait être sa place autant que ce qu'était son rôle.

Il suivit ses gestes des yeux tandis qu'elle se saisit de sa baguette afin de s'en servir pour un sortilège informulé, et fit apparaître son sac. Le seigneur des ténèbres n'avait aucun besoin d'interroger son interlocutrice sur son contenu, il savait déjà parfaitement de quoi il retournait, en l'occurrence. Il ne saurait avoir aucun doute à ce sujet. Et il voulait croire qu'elle avait su accomplir sa mission à la perfection, d'autant qu'il pouvait lire dans son esprit qu'elle ne faisait preuve d'aucune malignité à leur égard.

Elle déposa l'objet sur son bureau mais Tom se garda pour le moment de le prendre en main ou de l'examiner avec le soin qu'il y mettrait plus tard, il se contenta de le détailler d'un regard distant. Tom n'affichait aucune forme d'émotion, si bien qu'il était certainement impossible pour son interlocutrice de le déchiffrer. C'était une chose qu'il s'appliquait à faire avec le plus grand soin. Il ne tenait pas à ce qu'on puisse lire en lui comme dans un livre ouvert, il préférait, très largement, observer les choses avec une distance qui était tout naturellement essentielle aux circonstances.

-Est-ce que tu as rencontré des difficultés particulières ? demanda-t-il après avoir consenti, après un moment d'observation silencieuse qu'il n'avait pas manqué de faire traîner en longueur.

Les félicitations que méritaient très probablement cet acte de dévotion adviendraient peut-être plus tard, mais pour le moment, Tom se contentait de rassembler tous les détails de la situation. Ensuite seulement déciderait-il de ce qu'il saurait convenir d'en penser ou non.

   

   

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A

nouveau, Tom hocha la tête sans se montrer plus appréciateur que cela. Quand il avait le sentiment que ses mangemorts se sentaient trop en confiance, il avait tendance à vouloir saper cette même confiance afin de les pousser, d'office, à aller au bout de leurs limites et à dépasser celles déjà existantes... car en dehors de lui-même, il estimait que chacun pouvait toujours faire mieux au nom de la cause qu'il incarnait. Alors s'il savait dispenser des compliments agréables à celles et ceux qui avaient besoin que leur ego soit caressé dans le sens du poil, il savait aussi mettre à mal d'autres égos afin de ne laisser personne se reposer sur ses lauriers.

Cela ne signifiait pas, bien sûr, que son interlocutrice n'avait pas fait du bon travail - il était indéniable, bien au contraire, que c'était effectivement le cas -, mais cela signifiait en revanche qu'il en attendrait davantage par la suite, car un mangemort qui se sentirait trop en confiance ou ne chercherait plus à lui prouver sa valeur était un mangemort dont l'intérêt se voyait amenui d'office. Aussi, oui, il n'était pas seulement question de constater en cet instant que son interlocutrice avait fait précisément ce qui était attendu d'elle, il était tout simplement question d'aller au bout de ce qui était attendu, et encore au-delà, tout en sachant, néanmoins, rester à sa place.

-Très bien, fit-il pour commencer, sans pour autant toucher à l'objet en question ou procéder à son examen en présence de son interlocutrice, c'est une chose qu'il ferait après le départ de Blackwood. Ne te repose pas sur tes seuls acquis, Blackwood, ce serait une erreur, ajouta-t-il comme venu de nulle part, mais c'était loin d'être vrai.

S'il tenait ce genre de discours, ce n'était pas du tout parce que son comportement était décevant, mais parce qu'il ne devait jamais l'être, et parce qu'il avait vu chez lui ce qu'il assimilait à de la confiance excessive, et il n'appréciait pas cela. Tom avait toujours eu - et aurait toujours - un penchant pour les esprits et les egos malléables. Aussi, quand il en découvrait des trop confiants, il fait ce qu'il faut, ce qui est nécessaire, pour saper cette confiance comme il se doit.

-Personne n'est indispensable, reprit-il simplement. Et tous tes acquis peuvent être fragile, y compris tes acquis familiaux. Il marqua une pause. Bien sûr, tu n'as discuté de tout ceci avec personne ? reprit-il sur le ton de la conversation, car bien sûr, cette conversation était ce qu'il y a de plus personnelle, et il n'était pas question que qui que ce soit d'autre en ait eu vent, Sheria devait en avoir pleinement conscience.

   

   

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-T

u n'en aurais pas l'occasion, confirma seulement Tom d'un ton très neutre quand son interlocutrice lui promit de ne pas reproduire les mêmes erreurs.

La vérité, c'était qu'elle n'en avait effectivement fait aucune, d'erreur, mais pour que, justement, elle ne se repose pas sur ses seuls acquis, le seigneur des ténèbres autoproclamé estimait nécessaire de la remettre à sa place d'une manière qui lui permettrait de douter de sa valeur et donc de vouloir la prouver.

L'orgueil était l'apanage de nombre de sangs purs, et il n'était pas un tort en soi, mais il fallait accepter de connaître ses propres limites et surtout admettre que l'on ne valait pas grand chose par rapport à qui nous dirigeait... Du moins était-ce ainsi que Tom Jedusor avait toujours agi, et c'était ainsi qu'il agirait toujours, convaincu que c'était de cette manière, en faisant savoir sa puissance et sa supériorité et en écrasant les autres par la même occasion, qu'il parviendrait nécessairement à ses fins, et cela quoi qu'il puisse advenir.

-Très bien, je comptais bien sûr sur ta confidentialité. Je ne tiens pas à ce que qui que ce soit au courant. Et dans le cas contraire, je me verrais contraint de... prendre les mesures nécessaires.

De l'intimidation pure mais sans fondement, car là encore, Tom savait très bien que le travail de son interlocutrice avait été irréprochable et qu'elle n'aurait pas pris le risque de se compromettre et de compromettre, dans la foulée, leurs plans. Non, elle savait ce qu'elle devait faire et où était sa place, et Tom tenait à ce que les choses demeurent de la sorte, bien évidemment. Alors oui, la confidentialité de Sheria était définitivement une clé essentielle, de même que celle de tous ses mangemorts, ils savaient ce qu'ils risquaient s'ils décidaient de le trahir ou de mentir, ce n'était certainement pas une situation qu'ils pouvaient considérer comme enviable en quoi que ce soit.

-Blackwood, puis-je te demander quelle est ton opinion sur le reste de tes confrères ? l'interrogea-t-il ensuite en la fixant un moment, sans vraiment lui laisser d'indice quant à la réponse qu'il pouvait bien attendre de sa part, tout de même curieux d'entendre ce que sserait la réponse qu'elle daignerait lui adresser à ce propos.
   

   

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T

om hoche simplement la tête quand Sheria fait remarquer que, nécessairement, il ne peut être qu'une erreur de le décevoir, et quand c'est le cas, il faut savoir en payer les conséquences. C'est en effet le cas, et bien loin de Tom l'intention de faire preuve d'indulgence quand cela arrive. Auprès de ceux qui ne se montraient pas à la hauteur, Tom ne s'embarras pas souvent de mansuétude, et encore moins de pardon. Avoir ne serait-ce que le droit à une seconde chance est déjà une opportunité qu'il faut savoir apprécier à sa juste valeur. Et Tom en faisait la démonstration d'une façon ou d'une autre... Faire un exemple de certain de ses sbires pour bien faire comprendre aux autres qu'ils avaient intérêt à filer droit... c'était définitivement une de ses spécialités.

Il n'en dit pas plus à ce sujet. Sheria avait compris, et c'était ce qui importait. Il n'était pas nécessaire d'en ajouter davantage... ça ne servirait bien évidemment à rien. Alors il préférait se concentrer, à présent, sur un sujet complètement différent. Il remarqua que cette question avait le don de surprendre son interlocutrice, mais elle eut le mérite de lui répondre une bonne fois pour toutes. Et bien sûr, il attendait sa sincérité, pleine et honnête. Il aurait, si elle avait refusé de répondre, insisté à sa manière jusqu'à ce qu'elle lui cède.

Sheria affirma alors qu'une petite partie de ses sbires était capable de toute la loyauté et de toute la dévotion qui étaient nécessaire à sa cause, prêts à mourir pour eux s'il le fallait (et c'était en effet ce que Tom attendait d'eux, ne nous y trompons pas - c'était même précisément le cas).

-Donc tu considères que je choisirais mal mes fidèles. Tu estimes peut-être que tu serais mieux à même que moi de juger leur valeur et de leur légitimité à rejoindre mes rangs ? répondit posément Tom sans lui donner son opinion directe sur la question mais en la mettant face à ce que saurait sous-tendre son propos. Et tu suggères que je ne serais pas au courant du moindre fait et geste de chacun de mes hommes ? reprit-il alors. Peut-être irais-tu même jusqu'à suggérer que je suis un mauvais leader ?

Le piège était là, tendu, et Tom n'envisagerait même pas de s'en excuser. Il avait fait ce qui devait l'être, et il avait des raisons que son interlocutrice n'était peut-être pas à même de comprendre, mais qui étaient définitivement à prendre en considération.


   

   

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I

l y avait aux yeux du seigneur des ténèbres autoproclamé une contradiction entre ce qu'elle affirmait haut et clair et ce qu'elle ajoutait par après. Comment pourrait-elle ne remettre en cause aucune de ses décisions si, dans le même temps, elle affirmait que ses choix n'étaient pas judicieux ? En remettant en cause le comportement et le potentiel de ses hommes, des individus qu'il avait choisis et mis à l'épreuve de lui-même, c'étaient ses méthodes et ses choix qu'elle remettait en question, d'une certaine manière. Elle pouvait prétendre qu'il n'en était rien, Tom l'observait tout de même comme tel.

Bien sûr, il ne doutait ni de sa dévotion, ni de sa loyauté, elle le lui avait prouvé à bien des égards, cependant, il était des comportements qu'il ne pouvait pas tolérer. Ses mangemorts étaient remis en question constamment, les laisser sur la sélette comme il le faisait en cet instant, c'était une manière pour lui de conserver une forme réelle de contrôle et d'autorité... Oui, c'était jouer avec la liberté et avec la dévotion de ses sbires, mais il ne trouvait pas du tout cela dommageable.

Sheria argua que parmi ceux qui lui avaient juré fidélité, il y en avait qui seraient capables de faiblir s'ils se retrouvaient en présence d'Aurors, et capables de divulguer des informations compromettantes pour se sauver eux-mêmes. A cela, Tom réagit par une fine esquisse de sourire. Le sorcier avait beau être encore jeune, mais il n'était pas né de la dernière pluie, il savait déjà tout cela, et c'était bien pour cette raison qu'il prenait attention à la manière dont il dispersait ses pions de façon avisée intelligente.

-Et penses-tu que cette somme sacrifiable ait accès à des informations vraiment compromettantes ? Penses-tu que je commettrais une erreur à ce point commune ? Il marqua une pause. Je n'ai pleinement confiance en aucun d'entre vous, la confiance doit se gagner. Et je ne m'inquiète pas de ce que la couardise de certains pourrait avoir d'impact sur notre ordre, ils en paieront le prix au centuple, ajouta-t-il avec la conviction qui le caractérisait.

C'était le cas. Oui, certains de ses fidèles étaient plus loyaux que d'autres, plus fiables que d'autres, mais Tom savait comment s'y prendre, il savait y faire. Non, il ne s'inquiétait pas de cela.

   

   

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T

om savait pertinemment que l'intention de son interlocutrice n'avait pas été de l'offenser en aucun cas, et à vrai dire, la confiance du mage noir en lui-même était telle qu'il ne se laissait déstabiliser par aucune réflexion, et offenser encore moins, ceux qui ne se pliaient pas à ses visions en payaient le prix fort sans qu'il ait grand-chose à faire quoi qu'il en soit. Il avait une vision autre des choses. Cependant, en effet, il n'acceptait pas que l'on remette en question ses choix et ses décisions, il fallait s'attendre, sur ce point, à ce qu'il se montre catégorique. Tom ne se sentait pas l'obligation d'attendre après quelque conseil que ce soit de la part de qui que ce soit, parce qu'il considérait que personne ne lui arrivait à la cheville et ne pouvait par conséquent s'arroger le droit de penser quoi que ce soit de ses manières de faire et de penser.

Heureusement, Sheria savait parfaitement se raccrocher aux branches quand nécessité faisait loi. Elle ne tarda pas à affirmer, par conséquent, qu'il est vrai qu'il prenait toujours les bonnes décisions. C'était cette sorte de dévotion aveugle qu'il attendait de la part de tous ceux qui avaient décidé de lui prêter allégeance. Les écarts de conduite et les initiatives n'étaient toujours tolérés que dans une moindre mesure, et il fallait savoir en faire preuve avec  la plus grande parcimonie si on ne voulait pas faire face à des déconvenues particulièrement déplaisantes. Sur ce point aussi, il semblait à Tom que Sheria savait tout à fait retenir sa leçon, et c'était heureux, car Tom n'en accepterait définitivement pas beaucoup de la part de son interlocutrice... Pas que d'elle, d'ailleurs. De tout le monde, en réalité.

-En effet, et ma sentence sera toujours proportionnelle à l'affront qui me sera fait, reprit-il. Mais en l'occurrence, le comportement de ceux que tu n'estimes peut-être pas à la hauteur est parfaitement contrôlé par mes soins, et je veux croire ne pas avoir besoin de contrôler le tien, de comportement, je me trompe ?

Là encore, et comme bien souvent en ce qui le concernant, puisqu'il était inconcevable de lui répondre non, la question n'était jamais que rhétorique, mais il n'en était pas moins important de savoir y répondre de la bonne manière, et sur le bon ton.
   

   

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T

om n'hocha pas la tête ni ne montra aucune forme de comportement à son interlocutrice qui pouvait éventuellement l'aiguiller sur ce qu'il pensait des propos de la jeune femme. Il lui laissait le soin d'interpréter ses silences, et bon nombre d'entre eux pouvaient se révéler particulièrement éloquents, à vrai dire, et elle pouvait bien décider d'en faire ce qu'elle voulait sans que cela n'affecte nécessairement Tom qui, de son côté, ne faisait que rappeler à l'ordre la jeune femme pour un comportement qu'elle avait tout intérêt à éviter.

Elle avait tout intérêt à contrôler son comportement. En sa présence, certes, mais en celle de quiconque également. Il avait déjà pu constater que c'était ce qu'elle faisait, mais ce n'était pas toujours si efficace, en réalité, c'est une évidence, et si son fort caractère pouvait être par bien des aspects apprécié car elle était volontaire et déterminée, il ne fallait jamais qu'elle se laisse rattraper par son égo. Pas plus elle qu'aucun de ses sbires, d'ailleurs. Mais cela, elle avait l'intelligence de le savoir sans qu'il ne soit nécessaire de sa part de le souligner plus qu'il ne l'avait déjà fait.

-Je sais, je te demande de continuer ainsi et de ne pas outrepasser tes fonctions par conséquent, se contenta-t-il de répondre. Il marqua une pause. Puisque tu n'as pas d'informations supplémentaires à me communiquer, je suppose que notre entrevue doit toucher à son terme, reprit-il d'un ton d'une totale neutralité.

Il n'était pas dans les habitudes de Tom de perdre son temps. Quand il estimait que ce qui devait être fait l'avait été, il n'en rajoutait pas, et ne cherchait absolument pas à en entendre davantage. Chaque seconde de son temps était précieuse, et il tenait tout naturellement à n'en gâcher aucune. Ce serait tout à fait hors de question, pour ne pas dire inacceptable.

-A moins que tu aies autre chose à me demander ? se contenta-t-il d'ajouter en la toisant de son regard perçant, mais sans laisser entendre qu'il attendait véritablement quelque chose de sa part ou non.

Tout, pour toute conversation qu'il entretenait avec ses sbires était, tout naturellement, une mise à l'épreuve. Et il était préférable de l'interpréter ainsi.
   

   

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L

eur entretien pourrait bien s'arrêter là. Tout dépendait de ce que son interlocutrice pourrait bien avoir à rajouter ou non. Ce qu'elle pourrait avoir à ajouter serait forcément de l'ordre de l'initiative, et si certaines initiatives étaient bonnes à prendre, il fallait considérer la chose avec parcimonie : toute prise de liberté pouvait se retourner contre lui et contre sa cause, tout simplement. Et donc, si Sheria avait quelque chose à rajouter, il allait falloir qu'elle choisisse ses mots avec la plus grande précaution. Mais ça, bien sûr, elle le savait d'ores et déjà.

Sheria évoqua finalement le patriarche de la famille Bennet avec lequel elle devait s'entretenir très prochainement. Les raisons d'un tel rendez-vous ne le concernaient ni ne l'intéressaient réellement, mais Sheria ne s'arrêta pas là et lui demanda s'il voulait qu'elle sonde le terrain concernant sa fille, Jo Bennet. Ah, Jo, cette cause perdue. Il y avait bien longtemps que Tom s'était désintéressé de son cas, fort convaincu qu'il était du fait que tout ceci ne les mènerait nulle part et que ça n'en valait absolument pas la peine.

-Je n'attends rien de la part de Jo Benett, je ne tiens pas à la voir rejoindre nos rangs, elle n'est pas digne de faire partie des nôtres, décida-t-il alors d'un ton catégorie. Tu peux toujours sonder ses intentions si tu redoutes qu'elles puissent être malveillantes, mais je doute fort que tu obtiennes quoi que ce soit.

Et ce ne serait pas bien grave, loin s'en faut, parce qu'il avait bâti son empire sur des fondations très solides, il avait tout d'abord envisagé de se reposer sur ces piliers dont il avait finalement découvert qu'ils étaient branlants. S'il choisissait à la légère les éléments qui composaient son entreprise, alors celle-ci s'effondrerait à la manière d'un château de carte, et c'était bien évidemment une chose absolument hors de question, au bout du compte.

Il n'allait pas interdire à Sheria de faire preuve de cet excès de zèle, elle découvrirait peut-être des choses intéressantes, mais Tom n'y croyait pas complètement, et au bout du compte, cela lui était relativement égal, pour la peine, il n'y comptait pas vraiment.

   

   

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