give me the choice [Tom E. Jedusor]

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Comme toujours, Nyx n'avait que très peu dormit cette nuit-là préférant profiter un maximum de la nuit qui s'offrait à elle. Si elle le pouvait, elle ne vivrait que de nuit, mais le reste du monde semblait préférer le jour, pour son plus grand déplaisir.
Dehors, le soleil devait à peine se lever, elle disposait encore de beaucoup de temps avant le début des cours. Résignée, l'adolescente poussa la couette qui la recouvrait et la laissa tomber par terre. La Serpentarde ne la ramassa pas et, poussant un soupir de lassitude, se leva. Nyx prit ses affaires et parti prendre une petite douche pour se remettre les idées en place. Sentir l'eau couler sur sa peau nue faisait un bien fou. Une fois lavée, Nyx regarda avec dégoût l'uniforme poser devant elle et qui semblait la narguer… Pourquoi fallait-il obligatoirement qu'elle porte une chose aussi laide? Il pourrait au moins essayer de la modifier un peu… plusieurs générations avaient porté précisément le même.

Tout en soupirant, Nyx enfila les vêtements et retourna à son dortoir, où le reste des filles dormaient encore. La jeune femme ramassa sa couverture et sorti sa valise de sous son lit, d'où elle sortit un vieux livre dont la reliure tombait à moitié en lambeau. Elle avait déjà essayé de le réparer par magie, mais n'avait jamais réussi.

Son ouvrage sous le bras, Nyx rejoignit sa salle commune, totalement vide. Tant mieux, ainsi elle ne sera pas dérangée dans sa lecture. Elle s'installa confortablement dans un fauteuil et ouvrit Magie d'un autre temps, dont la vente avait fini par être interdite, à la page qu'elle s'était arrêtée à sa dernière lecture.

Sous ses yeux bleus étaient écrits, de façon manuscrite, une liste de sorts. Certain avait un effet semblables à des sortilèges qu'on apprenait à Poudlard, mais employant des formules différentes. Et lui étaient encore totalement inconnus. Cela pourrait lui être bien utile.
Avoir accès à la bibliothèque de la demeure principale et à ses livres rares étaient vraiment un bon point de la mort du reste de sa famille.

Tom, une fois n'est pas coutume, était le premier levé de son dortoir... C'était comme ça, toujours. Il se couchait plus tard que les autres, se levait plus tôt. Peut-être était-ce la force de l'habitude, mais il n'en ressentait pour autant aucune fatigue. Le temps que l'on passait à dormir, c'était autant de temps perdu (en fait, peut-être que c'est le manque de sommeil, tout simplement, qui peut expliquer son état ultra psychotique - ou pas)... Aussi, rien d'étonnant à ce que le serpentard soit réveillé si tôt ce matin-là. Ce n'était, après tout, qu'un matin comme tous les autres. Pendant que ses camarades ronflaient et gigotaient les yeux fermés, Tom, lui, se réveillait d'un sommeil sans rêves, comme toujours. Il ne se rappelait que rarement de ce dont il pouvait rêver, et il préférait ça. S'encombrer l'esprit de rêves inconsistants... A quoi bon? C'était certes une chose qu'on ne pouvait contrôler, mais enfin, s'il pouvait s'en passer, il préférait autant. Et pour se faire, son inconscient avait l'air de consciencieusement jouer pour lui. Pas de doux rêves à abandonner, donc, ni de baillements intempestifs. Il ne se sentait pas particulièrement fatigué, ou il s'était peut-être seulement contenté d'oublier les effets de la fatigue il y a bien longtemps. Qu'importe les raisons, au final, le fait était que, tandis que tout était assoupi autour de lui, Tom était déjà fin prêt, lavé, habillé, et prêt à affronter cette nouvelle journée... Il quitta rapidement le dortoir. Il n'avait pas grand intérêt à y rester. Moins encore s'il s'agissait seulement pour lui d'attendre bêtement que ses camarades daignent se réveiller, ce qui semblait devoir ne pas arriver de si tôt, il n'avait pas non plus envie de les réveiller, profiter de chaque instant de solitude qu'il pouvait glaner, ce n'était pas une mauvaise chose, lui qui fréquemment n'était que trop entouré.

Il se dirigea donc tranquillement vers la salle commune, s'attendant à la trouver vide à cette heure de la matinée, mais, eh bien il fallait croire qu'il s'était trompé, une jeune fille était déjà confortablement installée, lisant tranquillement un livre. Il s'agissait de Nyx Hela... L'une des "potentielles" de Tom. Lui et Nyx ne s'étaient jamais beaucoup parlé, mais s'entendaient correctement, étant dans la même maison, la même année. Cela dit, depuis peu, Tom gageait que leur relation allait quelque peu... évoluer. Il y avait bien longtemps que Tom avait pu prendre conscience de l'évident potentiel de la jeune fille. Elle était doué, et elle dégageait cette aura... particulièrement maléfique, que tout le monde ne parvenait pas à discerner... Lui n'avait aucun mal, sans doute parce qu'il avait développé un tel don, conscient qu'il pourrait lui être utile. C'était ainsi qu'il avait eu conscience du 'don' de Persephone, tout comme elle avait reconnu le sien... et c'était ainsi qu'il avait réalisé le don de Nyx. S'il n'avait jamais agit jusqu'alors, c'est que le temps et les opportunités lui avaient manqué. Mais là, il n'avait rien d'autre à faire, et ils seraient sans doute seuls un moment, avant que d'autres ne daignent se réveiller, ils pourraient discuter tranquillement. Oui, parce que ces derniers temps, Nyx l'intéressait plus particulièrement encore. Il avait appris par Daniel (qui lui-même l'avait appris d'Ines) que la jeune fille était orpheline. Ses parents avaient été assassinés. Ce pouvait être aussi simple que cela. Ou bien...les deux adolescents avaient peut-être suivi une trajectoire criminelle semblable. Il ne pouvait parier là-dessus. Considérer chaque élève de Poudlard comme un criminel notoire n'était pas la meilleure ni la plus intéressante des choses à faire. Mais il avait une certaine... intuition... concernant Nyx. Cette intuition était-elle juste, eh bien, il allait l'apprendre bien assez tôt.

"Bonjour."

Tom alla s'installer auprès de la jeune fille, et jeta un coup d'oeil au livre qu'elle tenait entre les mains.

"Magie d'un autre temps... j'ai entendu parler de ce livre, mais je ne l'ai jamais trouvé non plus." remarqua-t-il d'un ton détaché.

Et c'était vrai, s'il était souvent fait référence à ce livre dans d'autres livres, Tom n'avait jamais réussi à mettre la main dessus. Interdit à la vente, apparemment. Jusqu'à maintenant. Comment Nyx était-elle parvenu à l'avoir en possession? Mystère, mais le simple fait qu'elle le tienne entre ses doigts confortait Tom dans l'opinion qu'il avait de la jeune fille.

"Où l'as-tu trouvé?"

Ou tester la sincérité de la jeune fille. Si elle jouait franc jeu, les choses seraient déjà plus simples pour lui.

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Plongée dans sa lecture, Nyx ne fit aucunement attention à la personne qui entrait à son tour dans la salle commune. Elle n'allait pas interrompre sa lecture pour n'importe qui. Pourvu que ce ne soit pas une de ses personnes totalement insignifiantes qui peuplaient plus de la moitié de l'école. Elle ne supportait pas tous ces gens qui n'étaient d'aucune utilité. Ils encombraient plutôt qu'autre chose. La jeune Hela pouvait entendre des pas s'approcher de l'endroit où elle était installée.

"Bonjour."

Cette voix, elle la connaissait. Certes, elle n'était pas particulièrement proche de son propriétaire mais elle daigna finalement relever la tête. Le jeune homme qui s'asseyait dans le canapé en face d'elle était, il fallait bien le reconnaitre, digne d'intérêt. D'une grande autorité sur bien des élèves, Nyx devinait aisément que, tout comme elle, il n'était pas cet adolescent irréprochable qu'il montrait aux professeurs. Oui, elle savait, elle sentait qu'il était loin de l'élève modèle, qu'il en était le parfait opposé. Et c'est justement cette vérité qui l'intéressait. Ses yeux montraient-il la couleur de son âme?

"Jedusor", le salua-t-elle à son tour.

La Serpentarde aperçut le regard du brun dériver brièvement vers son vieil ouvrage. Elle n'en fut nullement étonnée.

"Magie d'un autre temps... j'ai entendu parler de ce livre, mais je ne l'ai jamais trouvé non plus."

Rien d'étonnant à ce qu'il ne l'ait jamais trouvé, peu de personnes l'avaient en leur possession… Elle posa le livre sur ses genoux, toujours ouvert, traçant, sans y faire attention, le dessin représenté en haut d'une des pages.

"Où l'as-tu trouvé?"

Continuant de regarder dans la direction de Tom, qu'elle n'appellera peut-être jamais comme ça à voix haute, elle se remémora comment elle avait enfin pu avoir accès à la bibliothèque de sa nouvelle demeure. Un sourire à la limite du cruel s'accrocha à ses lèvres, qu'elle ne chercha même pas à dissimuler, en repensant à tout ça. Nyx ancra son regard bleu glacial dans les yeux noirs de Jedusor, effaçant peu à peu son sourire.

"Il appartient à ma famille depuis bien longtemps. Et j'ai enfin pu mettre la main dessus" répondit-elle simplement, avec cette joie presque lugubre qui la caractérisait si bien. En la connaissant bien, on pouvait aisément deviner dans quel genre de circonstance elle était enfin entrée en possession de l'ouvrage. Oui, enfin… Depuis qu'elle avait apprit que ce livre et bien d'autres se trouvaient dans la bibliothèque de la demeure principale, la jeune Hela rêvait de les avoir en sa possession. Et maintenant que les trois personnes qui l'en empêchaient n'étaient plus de ce monde, elle était tranquille.

Nyx ne rajouta rien, ce contentant de répondre à la question posée et du stricte nécessaire. Elle n'avait jamais été bavarde, préférant le silence. Tant pis pour Jedusor si cela ne lui convenait pas.

Le ton employé par Nyx pour évoquer sa famille aurait sans doute pu berner un paquet de monde... Oui, mais pas Tom, pour la simple et bonne raison qu’il était quasiment certain d’avoir découvert sa vérité profonde... tout simplement parce qu’elle se rapprochait beaucoup de la sienne. Pour Tom, il était presque évident que Nyx n’était pas étrangère à la disparition des membres de sa famille, et elle ne semblait pas éprouver le moindre remord, tout comme il ne regrettait certainement pas d’avoir tué son propre père l’été précédent. Machinalement, il tourna autour de son doigt la bague noire qui ornait son index, souvenir de ce fameux jour... Oui, Nyx avaient plus ou moins vécu les mêmes choses, ne pas profiter de cette expérience commune aurait été stupide. Oui ils avaient presque le même vécu... La différence? (mis à part le fait que Tom considérait qu’il était forcément le meilleur) Au moins, Nyx trouvait un avantage en nature à son acte. La bibliothèque de son père était pleine de poussiéreux bouquins moldus, et Tom en avait assez lu dans son orphelinat pour le restant de ses jours. S’il avait pu se cultiver de la sorte, avec de tels documents sous les bras, il aurait certainement moins l’impression d’avoir gâché les onze premières années de sa vie. Qu’importe. En évoquant sa famille, Nyx avait donné à Tom la possibilité de sonder la jeune fille sans sembler ni trop direct, ni trop insistant.

« Ah oui... » fit calmement Tom, avant de reprendre : « J’ai appris ce qui est arrivé à ta famille. »

Il avait parlé d’un ton neutre, dénué de toute émotion, quelle qu’elle soit, délivrant ainsi de but en blanc la profonde indifférence qu’il pouvait ressentir face à un tel événement. Il n’était pas question de tricher. Pas cette fois, pas sur le moment. Il s’était donc épargné l’emploi d’un ton affecté ou toute autre forme de comédie. C’était toujours ça de pris.
La nouvelle du décès des membres de la famille de Nyx avait en effet circulé, on ne pouvait pas cacher ce genre de choses bien longtemps, à Poudlard. Et de toute manière, Nyx savait jouer de cette situation à la perfection , se faisant passer pour la pauvre orpheline malheureuse qu’elle n’était certainement pas. C’est sûr, elle savait jouer la comédie, Tom était certain que personne d’autre que lui n’avait remarqué le mensonge de Nyx, tout simplement parce qu’elle mentait à la perfection. Il s’avérait seulement que les monstres parvenaient à se comprendre bien plus facilement que le commun des mortels. Tom était convaincu que Nyx l’avait autant percé jour qu’il n’avait réussi à le faire pour elle... Mais cela ne le dérangeait pas vraiment, ça lui facilitait même la tâche, aucun des deux n’aurait à passer par la phase encombrante et longuette des révélations, ils pourraient tout simplement aller à l’essentiel.

« Ou plutôt... ce que tu as préféré en raconter. »

Il aurait simplement pu dire qu’il était désolé, ou quelque chose du même genre, mais ça aurait été du temps perdu, d’autant qu’ils n’avaient peut-être pas beaucoup de temps avant que d’autres élèves ne se lèvent et descendent dans la salle commune. Il fallait aller à l’essentiel, sans détours inutiles. Il n’avait pas besoin de jouer à ce jeu là avec Nyx, il savait parfaitement quel genre de personne elle était, ce n’était pas ce qu’il essayait de déterminer, ce qu’il essayait de découvrir, c’était les possibilités pour que la jeune fille décide de le suivre. Alors bon, autant jouer franc jeu, il n’était pas nécessaire de tourner autour du pot, et selon la réaction de Nyx, Tom saurait immédiatement si la jeune fille saurait lui être utile ou non. Si elle persévérait dans son mensonge, cela prouverait tout simplement que, même si elle cachait bien son jeu et savait conserver son secret jusqu’au bout, elle ne lui servirait à rien, une coopération ne fonctionnait que si les deux partis étaient coopératifs, non? Si à l’inverse, elle admettait (avec plus ou moins de subtilité) les actes qu’elle avait bien pu commettre, alors, ils pourraient certainement aller plus loin. Avoir Nyx à ses côtés pouvait être un avantage non négligeable, et à côté duquel il serait un peu stupide de passer.

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Tom lui fit part du fait qu'il était au courant pour la mort de ses parents, d'une voix vide d'émotion. Ah quelle aimait ces personnages et leurs voix capable de lui épargner des émotions plus qu'inutiles les unes que les autres. Quand elle s'adressait avec d'autres personnes connaissant son état récent d'orpheline, cette compassion dont ils faisaient preuve et qu'elle entendait lui donnait tout simplement envie de vomir. Mais elle devait avouer que cette "compassion" pouvait lui être utile, aussi bien du côté de la plupart des élèves que du côté des professeurs de l'école. Qui ferait des remarques ou des reproches à une adolescente ayant perdu ses parents et son frère peu de temps auparavant? Adolescente que l'on pensait anéanti…

Par contre, parler avec Jedusor ne devrait pas l'ennuyer et l'agacer au plus haut point. Nyx se doutait qu'elle n'avait guère besoin de jouer la comédie devant le jeune homme. Tout comme elle, il était un démon caché derrière un visage d'ange. C'était vraiment un excellent comédien. Peut-être n'aurait-elle pas compris si elle n'était pas pareille? Ou peut-être que si… Mais qu'importe!
La Verte et Argent ne dit rien et garda un visage impassible. Jedusor continua alors de parler, lui faisant très clairement savoir qu'il se doutait, qu'il savait qu'elle se cachait derrière la mort de ses parents. Un sourire froid, d'où transperçait une pointe de cruauté, étira les lèvres de la jeune Nyx. Les souvenirs de ce jour-là envahissaient de nouveau son esprit. Elle se remémora le moment où elle avait imposé sa présence à sa famille pour une sortie. Ils étaient allés au St James's Park, un parc Londonien. Oh oui, elle se souvenait avec délectation du moment où elle avait tiré sur ses parents et son frère, où leurs corps étaient tombés, inerte sur le sol.

Sortant de ses pensées, Nyx planta de nouveau son regard dans les yeux du jeune homme en face d'elle, son sourire ne quittant pas son visage. Elle avait bien évidemment décidé de ne pas lui mentir. Cela n'aurait servit à rien. Il était au courant, et était comme elle. Le mensonge n'était par conséquent pas nécessaire. Sachant qu'il n'y avait personne d'autre autour d'eux, Nyx décida de joué franc-jeu.

"- Il est vrai qu'il y a une différence non négligeable entre leur mort et ce que les gens savent, Jedusor. Mais je suis persuadée que tu comprends que la vérité n'est pas toujours bonne à dire, et je sais où se situe mon avantage. Je ne vais pas te mentir, les êtres nuisibles ne devraient pas exister et ils étaient des êtres nuisibles, des êtres à exterminer. Mais, encore une fois, je suis persuadée que tu sais ce que je veux dire et que tu me comprends…"

L'unique Hela encore vivante n'ajouta rien, se contentant de fixer Jedusor et d'observer la moindre de ses réactions.

Tom pensait que Nyx le soumettrait à plus de résistance, mais il n'en était rien, c'était même tout le contraire, et l'héritier fut quelque peu surprise de la facilité avec laquelle il parvenait à lui faire extorquer ses avoeux à demi mots. Elle avait avoué avant même que d'avoir parlé, d'ailleurs, son sourire avait parlé pour elle. Il ne s'agissait pas d'un sourire triste ou affligé, mais plutôt satisfait... et emprunt d'un évident sadisme. Tout pour plaire à Tom. Cette facilité, qui dénotait d'une certaine confiance de la part de Nyx semblait toute orientée à son avantage. Le jeune homme pouvait comprendre son attitude, la verte et argent lui ressemblait beaucoup, elle n'était pas tout à fait comme lui, bien sûr (Tom n'aurait pas pu supporter que qui que ce soit puisse l'égaler) , mais ils avaient en commun une certaine cruauté... une propension à faire le mal que très peu possédaient. Et ceux qui possédaient de telles caractéristiques se reconnaissaient plus facilement entre eux. Ils savaient voir sous le masque. Ainsi, Tom avait su qui était vraiment Nyx, et ce presque au premier coup d'oeil, et il en était sans doute de même pour elle... Une idée qui était aussi plaisante que déplaisante. Il n'était en effet que peu agréable de se dire que tous les efforts que l'on pouvait fournir afin d'avoir l'air normal puissent être réduits à néant aussi facilement, mais si tel n'avait pas été le cas, Nyx n'aurait pas baissé sa garde aussi vite, et il aurait été bien plus difficile pour Tom d'obtenir d'elle ce qu'il souhaitait.

"Tu sais où se situe ton avantage..." la cita-t-il d'un ton qui demeurait toujours impassible.

Elle avait employé exactement les mots qu'il fallait, et cela rendrait à Tom la tâche bien plus aisée, c'était comme si Nyx l'invitait à lui dire ce qu'il avait à dire. Mais il ne pouvait bien sûr pas le faire aussi directement, si la jeune fille semblait apparemment décidé à mettre cartes sur table, Tom ne risquait pas de l'imiter. Il n'avait jamais été franc, ni tout à fait sincère avec qui que ce soit. Même lorsqu'il en dévoilait beaucoup sur lui à quelqu'un, personne ne pouvait se vanter de véritablement le connaître, parce qu'il prenait grand soin de cacher ce qu'il voulait cacher, de mesurer ses dires, de ne parler que le temps qu'il fallait, rien de plus, rien de moins. Simple question de précaution...

Il fixa Nyx sans ciller. Elle avait confirmé ses soupçons, et même s'il n'avait jamais vraiment eu de doutes au sujet de la véritable nature de la jeune fille, elle l'avait pour le moins invité à aller jusqu'au bout de ce qui avaient été ses intentions premières. Une tâche de facilitée, il en avait bien trop à accomplir ces derniers temps pour rechigner un peu plus de simplicité.

"Où se situe-t-il, d'après toi?"

Si elle n'était pas bête (et puisqu'elle était un peu comme lui, elle n'était pas supposée l'être), elle comprendrait ce qu'il entendait sans qu'il ait à l'expliquer. Tom n'expliquait que rarement les choses, il était plus simple de les insinuer. Plus simple et moins dangereux. Il attendit donc la réponse de Nyx sans développer davantage.

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Nyx fit courir un de ses doigts sur la page ouverte du vieil ouvrage qui faisait parti de son héritage familial. Elle ne détourna cependant pas son regard métallique du Serpentard en face d'elle. Le visage de la jeune femme se vida de toutes émotions tandis que Jedusor semblait réfléchir. Plus rien ne se reflétait sur ses traits et dans son regard, pas même cette cruauté qui l'avait assaillit, en se remémorant de merveilleux souvenirs. La verte et argent observa attentivement son interlocuteur, essayant de deviner le cheminement de ses pensées. Mais comment deviner ce que pense une personne quand cette personne sait elle aussi garder un visage, un regard aussi impassible que le marbre? La seule chose que la jolie Hela avait réussi à voir, c'est que Jedusor avait été surpris qu'elle se dévoile aussi rapidement.

Mais Nyx savait que mentir au jeune homme n'était pas la meilleure chose à faire pour le moment. Elle n'y voyait strictement aucun intérêt. Bien évidemment, elle n'allait pas lui dire, tout de suite du moins, qu'elle était sociopathe, comme on aimait lui répéter, ni qu'elle serait capable de poignarder n'importe qui dans le dos si elle le jugeait nécessaire, pas besoin de lui mettre en tête une quelconque trahison, alors que le sujet n'était pas d'actualité.
Cette "maladie" mentale, qu'elle considérait plus comme une bénédiction, n'était pas très connu au sein de la population qui ne travaillait pas la psychologie.
Elle allait également garder d'autres petites choses pour elle. Nyx en dirait davantage à son sujet le moment venu. Pour l'instant, mieux valait se concentrer sur la conversation qu'elle avait le Serpentard. D'ailleurs, ce dernier la questionna sur ses paroles. Où étaient ses intérêts? Jouer de nouveaux la sincérité ou détourner le sujet?

"-La réponse est simple. Mes intérêts se trouvent auprès de personnes capables d'aller loin, très loin. Et qui sont capable d'entraîner avec elle leur entourage, si je puis parler ainsi."

Nyx referma avec précaution le vieux livre et le posa tout aussi doucement sur la table à côté d'elle. Puis, elle se leva du fauteuil sur lequel elle était installée et s'approcha de Jedusor, comme pour lui dire un secret. D'ailleurs, quand elle se remit à parler, sa voix était à peine plus forte qu'un murmure, comme si elle allait lui avouer un crime odieux.

"-Et il ne fait aucun doute que tu fais parti de ces personne Jedusor. Absolument aucun doute."

La personnification contemporaine de la nuit s'éloigna du jeune homme se s'approcha de la cheminée où un feu crépitait. Son esprit "dérangé" n'avait qu'un envie, de l'éteindre. C'est d'ailleurs ce qu'elle fit d'un rapide mouvement de baguette, après l'avoir sorti des plis de ses vêtements.

"- Nous sommes dans un siècle où l'obscurité protège mieux que la loi, et rassure plus que l'innocence." Cita-t-elle dans un souffle, plus pour elle que pour son interlocuteur. La Nuit, l'Obscurité, la Mort… son royaume…

Directe. À cet instant précis, il y avait peu d’autres mots qui puissent qualifier aussi bien la jeune fille que cet adjectif (outre les mots “diabolique”, “fourbe” et “mauvaise” d’usage et dominants dans toute autre circonstance quand il s’agissait de décrire la verte et argent). Elle avait fait preuve d’une franchise presque abrupte, mais qui était au goût de Tom et dont il n’avait pas l’intention de se plaindre. Elle n’avait, après tout, aucune raison de tergiverser trop longtemps, de tourner autour du pot en faisant seulement mine qu’ils ne finiraient pas par en arriver là où ils en étaient. Ces leurres qu’ils disposaient autour d’eux, ces mensonges qu’ils déblatéraient sans arrêt, et ces masques qu’ils déposaient sur leurs visages pour mieux dissimuler leur vraie nature n’avaient pas de sens, pas à ce moment précis, ils en avaient pour les autres, mais deux monstres de même nature ne pouvaient apparemment faire autrement que de se reconnaître, et ainsi, tout comme Tom avait immédiatement reconnu le potentiel de Nyx, Nyx avait compris l’opportunité qui lui était faite, quels profits elle pourrait tirer de toute coopération avec lui. Tom savait qu’elle savait, tout comme il comptait bien accepter la jeune fille dans ses rangs sans se faire prier, mais pour autant, il jaugea la jeune fille du regard un long moment, avant de prononcer le moindre mot. Il restait certaines choses à régler encore avant que tous deux puissent arriver à un accord.

Certes, il reconnaissait en la jeune fille toutes les qualités qui faisaient d’elle un élément presque indispensable à son clan, mais parmi ces qualités, certaines pouvaient bien vite devenir d’ennuyeux défauts... voire se retourner contre lui. Nyx était cruelle et bonne actrice, soit, c’était ce dont il avait besoin. Mais dans un même temps, elle disposait de cette fierté peu commune dont il faisait preuve lui-aussi et qui rendait plus difficile et contraignante sa maîtrise sur elle. La fierté et l’amour propre pouvaient peut-être être des vertus, Tom n’en avait que faire, il exigeait entre autres de ces larbins qu’ils procèdent à une anihilation de leurs qualités partielles, du moins en sa présence. C’était ainsi qu’il avait fait de Daniel Chaser, modèle d’arrogance et d’autosuffisance la majeure partie du temps, le toutou le plus sage et le plus obéissant qui soit lorsqu’il se trouvait en sa compagnie. Certes, Tom n’exigeait pas de Nyx qu’elle en arrive à de telles extrémités, mais du moins qu’elle fasse preuve du minimum de docilité nécessaire pour qu’il n’ait pas, par la suite, à regretter le geste qu’il s’apprêtait à faire et pour qu’aucun imprévu ne vienne contrarier ses plans, qu’ils prenait grand soin de calculer, millimétrer...

“Tu sais où se trouvent tes intérêts, c'est évident...”

S’il fallait se ranger du côté du plus fort, nul doute, à ses yeux, que son camp était celui qu’il fallait choisir. Il serait certainement le dernier à vouloir contredire Nyx sur ce point. Son propos avait des allures de constats, pour la simple et bonne raison que pour décider du sort de la jeune fille, Tom attendait d’elle qu’elle n’ignore pas les règles qu’elle devrait à tous prix respecter, sans décliner ni faillir.

“Mais pour me convaincre, il va me falloir la preuve de ta bonne foi.”

Une preuve d’allégeance suffisamment convaincante pour que Tom puisse définitivement la destiner à prendre part à ses projets et à déposer quelques pierres de plus sur cet amas rocheux déstiné à la création de son édifice. Tom laissait à Nyx la finesse de décider de la démonstration qui lui semblait la plus appropriée. Oh non bien sûr, il ne lui demandait pas de se mettre à genoux et de jurer de renoncer à son propre honneur, au nom du sien, il n’y aurait pas cru, et ne souhaitait pas de Nyx qu’elle renonce aux défaillances de sa personnalités, juste qu’elle sache les laisser de côté aux moments qu’il jugerait opportuns. Seulement ainsi, il pourrait s’assurer de sa pleine et entière fidélité. Il l’intègrerait à son groupe, lui dévoilerait ce qu’elle devrait savoir... et lui ferait part de toutes ces autres formalités d’usage qui prenaient effet à l’instant où il prenait la décision que quelqu’un le rejoigne.

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