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elania avait su que cette soirée serait un désastre avant même qu'ils ne mettent un seul pied chez leurs hôtes. Elle n'était pas dans les bonnes dispositions, pour plus d'une raison. Pour commencer, elle avait passé une nuit tout sauf reposante. Les cauchemars avaient hanté ses nuits, ne lui laissant pas le moindre répit. Des visions vivaces, et des visions ensanglantées. Comme cela lui arrivait souvent même si elle n'en parlait jamais à aucun membre de sa famille, elle avait également rêvé la mort de ses enfants, avec force détails qui ne pouvaient en aucun cas déserter son esprit. Melania s'était donc réveillée d'humeur particulièrement mauvaise, et l'ennui avait fait le reste. Quand elle était seule dans le manoir des Black, elle s'ennuyait ferme. Elle savait à quelles activités les femmes de son rang étaient supposées s'adonner, elle y avait goûté pendant longtemps. Mais ses enfants étaient grands, n'avaient plus besoin d'elle et venaient rarement les visiter, le ménage et la cuisine étaient assurés par leur elfe de maison, son mari préférait lui épargner d'organiser le moindre événement social, de crainte du scandale ou du fiasco sans doute, et donc... elle n'avait strictement rien à faire. Au moins, quand elle était à Poudlard, et même si elle ne s'y plaisait pas complètement, sa vie était rythmée par des impératifs qui l'aidaient à garder l'esprit clair. Là, elle n'avait rien. Enfin si. Elle avait son verre de onze heures. Puis celui de onze heures trente... et ainsi de suite...

Autant dire que, quand ils s'étaient présentés chez leurs invités, Melania avait déjà pris de l'avance sur l'ensemble des convives en matière d'alcoolémie. Oh, ce n'était pas flagrant, et à son arrivée chez leurs hôtes, ils n'y avaient sans doute vu que du feu. Mais le vin avait coulé à flot au cours de cette soirée, et qu'était-elle supposée faire ? Décliner chaque fois que l'on s'offrait de remplir son verre ? Ce serait impoli, n'est-ce pas ? Et il n'y avait qu'en buvant qu'elle se sentait d'apprécier et de supporter cette soirée dans tous les cas. Elle n'y faisait qu'acte de présence parce qu'elle savait que c'était ce que son époux attendait d'elle, et elle restait soumise à son mari, même s'il souhaiterait bien souvent qu'elle le soit davantage.

Quand elle s'oubliait, elle ne s'en rendait pas compte. Si l'on demandait à Melania, cette dernière affirmerait que son attitude avait été irréprochable, elle ne réalisait pas combien sa langue était capable de se délier, et combien ses manières se relâchaient passé un certain niveau d'alcoolémie. En revanche, pour saoule qu'elle était, elle n'était pas stupide, elle avait bien compris pour quelle raison Arcturus avait coupé court au dîner. Le retour jusque chez eux s'était fait dans un retour de mort, mais ce n'était pas inhabituel chez eux. Il y avait longtemps qu'ils ne se parlaient plus vraiment, s'ils s'étaient un jour vraiment parlés. Ils n'avaient rien à se dire, c'était aussi simple que cela. Il attendit que la porte se soit refermée derrière eux pour en venir aux inévitables reproches.

-Quelle surprise, mon cher et tendre époux trouve encore à redire à mon comportement. Melania retira ses chaussures et, en guise de provocation, alla se servir un nouveau verre avant de s'installer sur un fauteuil du salon. Peut-être faudrait-il que tu commences à envisager que ce n'est pas tant mon comportement que tes inaccessibles exigences qui sont un problème ici. Elle but une gorgée de son verre. Je n'ai rien fait ou dit dont j'estime avoir à rougir.

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D

ans des moments tels que celui-ci, Melania avait davantage l'impression de se retrouver en présence de son père qu'en présence de son époux, et cela l'agaçait considérablement. Elle n'était pas une petite fille qu'il était tolérable de houspiller. Elle était une femme, une sorcière digne et accomplie, et elle ne laisserait personne, ni Arcturus ni qui que ce soit d'autre, remettre en question un comportement qu'elle estimait ne jamais être déplacé. Oui, Arcturus avait en réalité tout à fait raison à son sujet : Melania n'avait tout simplement pas conscience de ce que devenait son comportement passés quelques verres.

De longue date, elle avait estimé qu'elle pouvait en boire à loisir sans qu'il n'y ait aucune répercussion sur elle ou sur son entourage, parce qu'elle restait maîtresse d'elle-même en toute circonstance... Et ne surtout pas perdre le contrôle, c'était si important pour elle, comment se pourrait-il qu'elle se méprenne à ce point sur sa propre attitude ? Non, elle était convaincue de ne pas avoir fait honte à son époux, il avait seulement sauté sur le premier prétexte qui lui avait permis de la réprimander, et c'était un comportement qu'elle tolérait de plus en plus difficilement. Elle y voyait une manière de sa part d'asseoir sa supériorité vis-à-vis d'elle, et franchement, ça ne passait pas. Non, ça ne passait pas du tout, même. C'était indigne de lui. C'était indigne d'eux. Au final, c'était lui qui donnait d'eux une image déplorable, mais ça bien sûr, il n'accepterait jamais de l'admettre. Il fallait forcément que ce soit de sa faute. Si quelque chose n'allait pas dans la vie de monsieur, la responsabilité en revenait à madame... qu'est-ce qu'il ne fallait pas entendre, vraiment...

-Tu devras te contenter de ce que tu as, rétorqua amèrement Arcturus. Tu ne me modèleras pas à ton image. Et merci Merlin, je ne voudrais pas te ressembler, même de loin, rétorqua amèrement l'épouse insultée, bien décidée à savourer une gorgée de son verre, mais visiblement, Arcturus voulait aussi garder ce plaisir simple hors de sa portée.

Voilà à présent qu'il lui prenait son verre des mains ! Melania lui adressa des yeux ronds, elle supportait de moins en moins la manière qu'il avait de la materner. C'était absurde, c'était ridicule, et surtout, c'était particulièrement insultant de sa part. Elle n'avait vraiment pas mérité d'être traitée de la sorte. Et le pire, c'est qu'Arcturus considérait être dans son bon droit. Ses procédés d'intimidation devenaient de plus en plus insupportables, Melania n'avait aucune envie de laisser passer ça, certainement pas.

-Si tu veux un gamin à paterner, soucie-toi donc de ton "petit-fils", répliqua amèrement Melania avant de se saisir de la bouteille et de la boire effrontément au goulot sous le nez de son mari. S'il voulait jouer, eh bien soit, elle jouerait.

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