A bas le couvre-feu. C'était ce que Louisa et Rhian avaient décidé d'un commun accord tous les deux alors que le temps passait et qu'ils n'avaient pas la moindre envie, ni l'un ni l'autre, de rejoindre leurs salles communes respectives. Ils s'étaient rapproché, dernièrement, après une période un peu floue, un peu étrange, où ils n'avaient plus été très sûrs de ce qu'ils étaient l'un pour l'autre. C'était mieux comme ça. Les épreuves qu'ils traversaient exigeaient qu'ils soient soudés, et puis... ils avaient envie de passer du temps ensemble dans tous les cas, pas vrai ? En tout cas, Louisa aimait chaque moment de qualité qu'elle avait la chance de passer avec le rouge et or.

Donc, tant pis pour le couvre-feu. Ce n'était pas comme si prendre des risques leur avait un jour posé le moindre problème, à l'un comme à l'autre. Et si un professeur ou un préfet devait les capter, eh bien tant pis, au moins, ils auraient pris quelques minutes en plus pour être ensemble. Même si c'était pour ne pas faire grand-chose, juste discuter, juste marcher côte à côte.

Ils s'étaient dirigés vers le parc du château, sans raison particulière si ce n'est qu'ils croiseraient sans doute moins de monde. Et aussi, le temps était clément, vraiment. La fin du mois de mai allait de pair avec un temps agréable. Cette année était passée à la vitesse de la lumière, et l'air de rien, les examens de fin d'année, l'été, tout ça pointait le bout de son nez très rapidement, trop rapidement.

Louisa n'était pas vraiment impatiente. Elle aimait bien l'espèce de cage dorée et confortable que pouvait parfois être Poudlard pour eux. C'était la pensée qui l'effleurait et qu'elle comptait partager avec Rhian quand ils furent "dérangés" par une vert et argent. Octavia Yaxley. Louisa la connaissait à peine, mais du fait de sa maison et de sa réputation, elle ne la portait pas forcément dans son coeur.

« Si j'étais vous je ferais gaffe, j'ai vu Slughorn traîner dans le coin. Je connais un endroit où les profs et les préfets songent jamais à venir fouiner, ça vous intéresse ? »

Louisa dévisagea Octavia avec un sourire qui tenait de la grimace. Elle pouvait pas se mêler de ses oignons, celle-là ?

-On t'a demandé quelque chose ? demanda froidement la bleu et bronze. On t'a pas sonné, alors fiche-nous la paix, tu veux bien ?

Le respect des règles… Rhian n’en avait que faire. Il n’était pas non plus l’élève qui en enfreignait le plus de l’école (encore qu’avec la Guilde…), mais c’était évident qu’il se préoccupait quand même rarement des règles quand il avait envie de quelque chose. Ils avaient eu envie de passer un peu de temps ensemble avec Louisa, alors que le couvre-feu approchait à grand pas, et ce n’était pas quelque chose qui les arrêtait. Ils n’avaient même pas spécialement l’intention de faire grand-chose d’incroyable, s’installer au pied d’un arbre dans le parc pour discuter était loin d’être une effraction de malade, mais c’était ce qu’ils avaient eu envie sur le moment alors ils le faisaient. S’ils se faisait attraper, tant pis, ils allaient écoper d’une retenue mais ça en valait juste la peine. Rhian n’était pas vraiment à ça prêt question retenue.

Au moins, ils pouvaient être un peu tranquille tous les deux et Rhian ne disait clairement pas non à tout ça. Il en avait besoin. Ça avait été longtemps étrange avec Louisa, ils ne savaient plus trop ils en étaient, maintenant ça redevenait plus naturel et c’était juste ce dont Rhian avait besoin. Avec tout ce qu’il y avait constamment autour d’eux, pouvoir juste un peu penser à autre chose, profiter du moment présent avec Louisa, ça lui faisait un bien fou. Surtout à l’approche de la fin d’année… et les conséquences qu’il pouvait y avoir. Les étés étaient différents depuis que Purdey était partie, ils ne se voyaient pas comme avant, et ils ne pouvaient même pas trop savoir où ils allaient être bientôt. Au moins, à Poudlard ils avaient leurs repères, ils étaient ensemble, ils avaient un semblant de liberté et de choix.

Mais le souci de Poudlard, c’était qu’il y avait d’autres élèves et pas forcément des plus agréables. Rhian ne connaissait pas spécialement la fille qui vint les déranger, mais puisqu’elle était de la maison des serpents il se méfiait naturellement. Le rouge et or savaient bien qu’il ne fallait pas mettre tout le monde dans le même panier, mais quand il était question des Serpentards c’était quand même autre chose. Il ne les aimait pas, et il n’avait pas l’intention d’apprécier les conseils de la jeune femme. Louisa non plus d’ailleurs. Rhian afficha un sourire quand elle rétorqua à Octavia qu’ils ne lui avaient rien demandé et qu’elle pouvait leur ficher la paix.

« Tu devrais rentrer avant que Slughorn te tombe dessus. »

En plus honnêtement, Rhian ne craignait pas tant le professeur de potion. Clairement, il préférait tomber sur lui, que sur McGonagall… elle, elle était sévère.

« Tu devrais rentrer avant que Slughorn te tombe dessus. »

Au moins, Rhian était d'accord avec elle. En même temps, Louisa ne s'attendait pas à autre chose, elle se doutait que la présence d'Octavia devait autant l'incommoder que l'inverse. Très clairement, ni l'un ni l'autre n'ont envie de passer du temps avec cette fille qui ne leur aurait jamais parlé, clairement pas. Elle ne comprenait pas ce qu'elle leur voulait, mais si elle s'ennuyait, ce n'était pas leur problème. Qu'elle se trouve donc un autre os à ronger, elle n'avait pas la moindre envie de prendre part à ça pour sa part. Elle voulait profiter de son temps avec Rhian sans que la vert et argent ne vienne tout gâcher, comme elle savait si bien le faire.

"Si je m'inquiétais vraiment de croiser Slughorn, je ne serais pas là, pas vrai ?"

Oui et donc ? Louisa décidait qu'elle s'en fichait. Eux aussi, ils s'en tapaient, de Slughorn, ils en faisaient leurs affaires. Quoi ? Elle se croyait intouchable parce qu'elle était plus âgée ? Ou à Serpentard, peut-être... Dans tous les cas, Louisa ne voulait pas du tout jouer à ce jeu-là. Elle se lassait déjà de la présence de son interlocutrice.

"C'est vous qui voyez. Moi je voulais juste rendre service. La moindre des choses serait de me remercier."

"Mais on t'a rien demandé, nous ! On s'en fiche complètement, de ton opinion !" répliqua l'adolescente sans hésiter à se montrer virulente, pour le coup... parce que, au bout d'un moment, ça suffit comme ça. "Fais pas genre que tu voulais nous rendre service, tu t'ennuyais et tu nous avais sous la main, mais désolé, on n'a pas besoin de ta présence."

Mais Octavia insistait, c'était bien ça le pire, à croire qu'elle avait vraiment besoin de se faire de nouveaux amis. En même temps, ça se comprendrait : qui pourrait vouloir être ami avec elle, premier degré ? Personne, ou personne qui en ait un minimum dans la caboche, en tout cas. Vouée à la solitude, voilà ce qu'elle était. Et c'était bien fait, clairement.

"Qu'est-ce que vous faites ici, sinon ?"

"Rien qui te concerne, alors si tu voulais bien débarrasser le plancher, maintenant, tu nous rendrais service."