Assumer sa célébrité est preuve de maturité

Ines venait de se voir confier une toute nouvelle interview. La jeune femme était satisfaite, elle prenait conscience qu’on lui faisait de plus en plus confiance, ce qui était très gratifiant pour elle. En même temps, si elle avait dû se cantonner à faire le café et les photocopies, cela ne serait pas du tout passer. Et il était fort probable qu’elle ne se serait pas gênée pour piquer une crise. Ines n’était pas du genre à se laisser faire, et si elle avait quelque chose à dire, elle le disait. Que cela plaise ou non, ce n’était pas son souci. Elle était franche, surtout lorsqu’il était question de se plaindre ou de critiquer. Mais elle n’avait pas besoin de critiquer ou se plaindre pour le moment.

La personne dont Ines devait se charger pour cette nouvelle interview, n’était nulle autre que Celestina Moldubec. Qui donc ne connaissait pas la célèbre chanteuse en toute honnêteté ? Elle n’était plus à présenter, et était une véritable icône de la musique. Et la jeune femme pesait ses mots. Ines n’irait pas dire qu’elle était fan d’elle, parce qu’elle n’était fan de personne. Elle ne s’abaissait tout de même pas à cela, elle était déjà parfaite, elle n’avait aucune envie d’envier la vie de quelqu’un d’autre, jusqu’à vouloir lui ressembler, mais cela n’enlevait rien au fait qu’elle appréciait les chansons de Celestina, et qu’elle lui reconnaissait des qualités certaines.

Quoiqu’il en soit, elle était heureuse de pouvoir mener cette interview. Elle espérait que tout se passe pour le mieux. Pour une fois que c’était quelqu’un qu’elle connaissait vraiment, du moins de réputation. Les joueurs de Quidditch c’était sympa, mais ce n’était pas tellement son sujet préféré. Même si les choses s’étaient particulièrement bien terminées avec Rudolf… ce qui n’était pas le cas avec Gwendolyn, mais bon, c’était comme ça.

Là, elle ne savait pas encore comment cela allait se passer avec Celestina, mais elle ferait en sorte que cela se passe bien. Par chance, Ines était d’excellente humeur. Elle avait choisi de laisser à Celestina le choix du lieu de la rencontra, afin qu’elle soit le plus à son aise possible. Elle était arrivée en avance, afin de tout préparer et elle attendit patiemment que la chanteuse arrive, chose qui ne tarda pas à arriver. Ines se leva et lui adressa un sourire avant de lui serrer la main.

« C’est un honneur de vous rencontrer, Mrs. Moldubec. Je suis Ines Stinwick. »

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Assumer sa célébrité est preuve de maturité

Ines doutait bien que ce ne serait pas la première interview de Celestina, et c’est pourquoi, elle avait fait le choix de vraiment s’appliquer, afin qu’elle ne soit pas ennuyée et qu’elle ne trouve pas tout cela redondant. Et puis elle devait bien admettre que si en prime, elle pouvait faire bonne impression à l’immense star qu’était Celestina Moldubec, elle n’en serait pas peu fière. Ines se rendait compte qu’elle avait vraiment beaucoup de chance de pouvoir approcher de très près toutes ces célébrités du monde magique, et ce grâce à son emploi. Elle faisait vraiment un métier passionnant, pour elle du moins. Elle ne garantissait pas qu’elle l’occuperait toute sa vie. Une fois qu’elle serait mariée (et elle ne se voyait aucun autre époux que Daniel) elle devrait sans doute tenir leur maison, et occuper la vie d’une femme au foyer. En principe. Mais elle verrait bien ce qu’il en serait de la pratique. Elle n’y était pas dans tous les cas, alors nul besoin de mettre la charrue avant les hypogriffes.

Enfin bref, elle pensait avoir bien préparé son interview, donc les choses devraient bien se passer. Elle ne pouvait pas le garantir, parce qu’elle ne connaissait pas Celestina personnellement, donc elle ne pouvait pas affirmer qu’elle était une femme agréable et que le courant passerait bien entre elles. Ines avait tenté de se renseigner, afin de savoir quel genre de femme la chanteuse pouvait être, mais elle n’avait rien trouvé de très probant, pour tout dire. Mais cela ne décourageait en aucun cas la jeune femme. Ines avait du caractère, mais elle savait aussi prendre sur elle dans certaines conditions, et dans une certaine limite. Professionnellement parlant, elle en était capable, mais il ne fallait pas non plus trop la pousser, comme ce fut le cas avec Gwendolyn Morgan. Mais cette dernière était un cas particulier, elle voulait croire que Celestina n’avait rien d’une garce, et elle avait bon espoir. D’autant qu’elle serait extrêmement déçue, si c’était le cas.

En tout cas, elle avait une bonne première impression de la chanteuse. Elle lui souriait, et paraissait ouverte et aimable. Cela ne voulait peut-être rien dire, et il était possible qu’elle joue un rôle, mais pour une fois elle avait envie d’être optimiste. Elle était elle-même de très bonne humeur, et elle ne laisserait rien gâcher cela.

-Enchantée, Ines. Je n'ai pas beaucoup de temps devant moi. Alors commençons tout de suite, si vous voulez bien.

Ines lui adressa un sourire, pas du tout vexée. Elle comprenait sans mal qu’une femme comme Celestina devait avoir un emploi du temps très chargé, et elle ne voudrait pas la mettre en retard, concernant tout ce qu’elle pourrait avoir à faire. Elle avait déjà beaucoup de chance de pouvoir l’interviewer, il ne fallait pas qu’elle se montre trop gourmande, et elle se plierait aux exigences de la chanteuse, tant que cela restait dans ces cordes.

« Bien entendu, je ferai en sorte de ne pas vous retenir trop longtemps. Dites-moi d’abord, préparez-vous un nouvel album ? »

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Assumer sa célébrité est preuve de maturité

Ines comptait vraiment réussir cette interview. Celestina Moldubec, ce n’était pas personne dans le monde de la magie. Qu’on aime ou pas sa musique, elle était connue de tous. Alors certes, certains ne se souciaient pas du tout de la vie des célébrités, mais c’était tout de même le business d’Ines, de la décrire aux lecteurs de Sorcière Hebdo. Pour le moment, elle ne posait aucune question personnelle, parce qu’elle voulait déjà détendre Celestina, la mettre dans de bonnes conditions, mais cela viendrait probablement, parce que sinon, l’interview n’aurait pas grand intérêt. Elle savait comment les choses fonctionnaient, après tout.

Mais elle n’allait pas non plus prendre toute la journée, parce qu’elle avait bien compris que la chanteuse avait des choses à faire, et qu’Ines non plus n’avait pas envie de passer trop de temps sur cette entrevue, même si elle la trouvait pour le moment, tout à fait charmante. Elle espérait que les choses allaient continuer ainsi. Elle serait vraiment déçue, de découvrir en Celestina, une femme qui ne lui plaisait pas du tout, et qui était bien loin de l’image qu’elle donnait à ses admirateurs.

-C'est toujours plus ou moins le cas. Mais en effet, un nouveau projet est sur les rails. La plupart des chansons ont déjà été enregistrées, et l'album devrait sortir avant le printemps prochain. Je ne peux pas en dire beaucoup plus pour le moment.

Ines prit quelques notes rapides. Elle pourrait utiliser une plume à papote, mais elle trouvait cela un peu trop… impersonnel, elle préférait écrire d’elle-même. Elle comprenait qu’elle veuille garder un peu de mystère, mais cela n’empêcherait pas Ines de poser des questions. Pas pour en connaître tous les secrets, mais elle ne pouvait pas se contenter de dire que Celestina allait sorti de nouveaux titres, les lecteurs avaient besoin de détails croustillants. Certains disaient que Sorcière Hebdo n’était qu’un sous magazine, qui ne faisait que relater des potins et lancer des rumeurs, et en soit, ce n’était pas totalement faux, mais c’est bien pour cela qu’elle avait besoin de plus de contenu.

« Evidemment, il est important de garder un certain suspense. Diriez vous cependant qu’il va être dans le même ton que les précédents, ou alors avez-vous décidez d’explorer d’autres thèmes, ou un nouveau style ? »

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Assumer sa célébrité est preuve de maturité

Ines avait l’impression que les choses se passaient plutôt bien pour le moment. Elle ne sentait rien de désagréable de la part de Celestina, elle n’était ni hautaine, cassante, ou volontairement ennuyée. Cela pouvait arriver, on rencontrait de tout parmi les personnes connues du monde sorcier. Ines en avait parfois fait les frais, et lorsque c’était le cas, elle se contenait difficilement. Ines avait son caractère, et elle était loin, très loin d’être un agneau. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds, et elle avait la répartie facile, mais dans le cadre de son travail, et parce qu’elle représentait Sorcière Hebdo, elle ne pouvait pas se permettre certaines incartades, et pourtant, ce n’était pas l’envie qui lui en manquait parfois.

Quoiqu’il en soit, tout se passait bien pour le moment avec la chanteuse, et elle espérait que les choses continuent ainsi. Elle allait en tout cas tout faire pour que l’interview se passe au mieux, et que Celestina réponde à ses questions le plus sereinement du monde. Le but n’était absolument pas de la piéger, au contraire, Sorcière Hebdo aimait mettre les célébrités en avant, et plus que tout, récolter quelques potins, et quelques ragots bien juteux. Mais pour cela, elle allait attendre un peu. Mieux valait commencer avec des questions assez classiques.

- J’essaie toujours d’apporter de la nouveauté à chaque nouvel album, et j’espère que cela se remarque. Je dirais que celui-ci sera plus mélancolique que les précédents.

Ines hocha doucement la tête, tout en notant les infos. Il ne faudrait pas qu’elle perde quoique ce soit. La jeune femme n’était pas une critique musicale, et elle ne pouvait donc pas lui apporter une fine analyse, mais elle appréciait tout de même la musique de Celestina, et sans en être fan, elle devait reconnaître qu’effectivement, les nouveautés apportées à chacun de ses albums se remarquaient.

-Bien sûr, les thématiques auxquelles je suis le plus attachée seront toujours abordée, on ne se refait pas. Mais j’ai voulu composer quelque chose de plus intimiste. Beaucoup de mes nouvelles chansons sont dédiées à mon fils.

Ines lui accorda un petit sourire, lorsqu’elle évoqua son fils, feignant un peu plus que la vérité que cela l’émouvait. Elle estimait que cela devait être un truc de parents, de toujours tout dédier à leurs enfants. Quoiqu’il en soit, c’était également une information qu’elle prenait en note. La mère dévouée à son enfant, c’était quelque chose qui allait plaire aux lecteurs, il fallait savoir penser avant tout à cela, à vendre.

« Vous semblez beaucoup attachée à votre famille. Vous travaillez même avec votre époux. Est-ce que vous arrivez tout de même à détacher vie de famille et vie professionnelle ? »

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Assumer sa célébrité est preuve de maturité

Ines est pour le moment satisfaite de la façon dont se passe l’interview. Les choses sont calmes, tranquilles et dans le respect. Toutes devraient se passer ainsi, malheureusement, ce n’était pas garanti. Car chaque personne qu’elle interviewait avait sa propre façon d’être, et n’était pas forcément dans la modestie. Certains se pensaient au-dessus de tout, et tout le monde et se montraient parfaitement odieux, mais Ines savait les gérer, puisqu’elle n’était pas la dernière en termes de caractère affirmé. Mais elle était heureuse de constater que les choses ne se passaient pas ainsi avec Celestina.

La chanteuse se montrait parfaitement adorable, et cela ne faisait que renforcer l’estime qu’Ines pouvait avoir pour elle. Elle n’était pas fan d’elle, mais elle appréciait ses chansons, ainsi que sa façon d’être. On ne connaissait jamais les personnes publiques avant de les avoir rencontrées, mais Celestina lui avait toujours paru quelqu’un de bien. Elle restait une célébrité, donc il était normal qu’elle ait un petit côté inaccessible et prétentieux. Cela faisait partie du personnage, et Celestina l’incarnait à merveille. En tout cas, Ines était charmée, et elle était bien contente d’avoir obtenu cette interview.

-J'aimerais vous répondre que oui, mais la vérité, c'est que mon travail me poursuit partout. Comme vous le savez sans doute. William a été mon manager avant même d'être mon époux. Alors c'est difficile de mettre mon travail de côté. D'autant que j'ai tendance à réfléchir constamment à mes prochaines compositions, même quand je suis tranquillement à la maison.

Ines ne saurait qualifier si le mariage entre Celestina et William était une belle histoire ou non. Elle n’arrivait pas à déceler cette question dans les paroles, ou le ton de Celestina. Elle était peut-être heureuse en ménage, ou peut-être pas. En tout cas, la jeune femme savait qu’elle ne le dirait pas ouvertement, surtout si la deuxième option était la bonne. Mais elle se doutait bien que dans ces conditions, il était difficile de dissocier professionnel de privé. Tant qu’elle s’y retrouvait, c’était le principal.

« Oui, je m’en doute. Au moins, vous devez vous sentir épaulée dans ce que vous faîtes, puisque votre époux est votre manager. Vous vous comprenez, cela doit amener une certaine harmonie au sein de votre couple. »

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Ines se doute bien que le couple parfait de Celestina et son époux ne l’est pas tant que ça. Quiconque a déjà eu une histoire sérieuse sait que ce n’est jamais parfait. La preuve, ça ne l’avait pas été entre Daniel et elle, et pourtant, elle estimait qu’ils formaient un couple parfait, mais depuis qu’ils s’étaient remis ensemble, elle allait tout de même veiller à ce qu’ils le soient plus qu’ils ne l’avaient jamais été. Et ils étaient pour le moment bien partis, pour son plus grand plaisir.

Mais revenons plutôt à Celestina. Tout cela pour dire qu’elle avait beau lui assurer que tout allait bien, la jeune femme savait qu’il y avait une part de mensonge, mais elle ne pouvait en mesurer l’ampleur. Il était possible qu’ils s’aiment toujours autant et forment un couple harmonieux comme Ines l’avait stipulé, seulement agrémenté de quelques rares disputes. De toute façon, elle n’allait pas lui faire admettre ce qu’il en était vraiment. Même si les potins étaient une denrée en or chez Sorcière Hebdo, Celestina Moldubec avait une grande notoriété, et elle était une habituée de leur revue, alors il ne faudrait pas la mettre dans de mauvaises dispositions. Ines n’avait aucune envie de l’agacer, ou de la vexer, elle se contenterait donc des réponses que la chanteuse lui fournissait, du moins pour le moment. Elle verrait par la suite comment se déroule le reste de l’interview.

D’autant plus qu’une histoire d’amour qui durait toujours c’était un bon titre pour un article. Cela attirerait les ménagères, quand bien même le nom de Celestina Moldubec sur la couverture servirait à vendre le journal. Mais Ines tenait tout de même à faire les choses bien, elle avait à cœur de se montrer consciencieuse.

-Oh oui, je suis la femme la plus chanceuse du monde, tous les maris du monde n'auraient sans doute pas approuvé mes choix de carrière, et tous les pères du monde n'auraient sans doute pas accepté que cette carrière se poursuive après la naissance de leur enfant.

Elle disait vrai. La société restait très patriarcale, et il était normal qu’une femme, une épouse ne travaille pas, et s’occupe exclusivement des enfants. La société sorcière voyait beaucoup de femmes tenir des postes importants, notamment la ministre de la magie, mais beaucoup d’hommes (surtout parmi les sangs-purs) n’apprécieraient pas que leur femme s’épanouisse professionnellement, parce que ce n’était pas sa place. Mais là, Celestina et son époux travaillaient ensemble, alors les choses étaient quelque peu différentes.

« Vous avez raison, c’est une réelle chance. Hormis donc la chanson, et votre famille, avez-vous d’autres centres d’intérêts, ou d’autres passions ? »

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Ines n’a aucune intention de mettre Celestina dans une position inconfortable. La chanteuse avait une grande notoriété, et c’était une habituée de Sorcière Hebdo. Ines avait été briefée, il fallait la chouchouter, et tenter autant que possible de ne pas trop la brusquer, et ne pas lui poser des questions trop directes, ou trop intimes. Evidemment, le journal était spécialisé dans les ragots et les cancans, mais ce n’était pas forcé de systématiquement donner dans le scandale. Ou alors, avec des « célébrités » qui ne pourraient pas se retourner contre eux. D’autant qu’éviter les fans en colère était une bonne chose. Quand ils décidaient de défendre leurs idoles, cela pouvait vite devenir ingérable.

-Honnêtement ? Non, je n'ai pas de temps pour quoi que ce soit d'autre.

Ines pouvait le comprendre. Elle n’était pas en mesure de savoir vraiment ce que Celestina faisait de ses journées, mais elle se doutait qu’elle avait sans doute beaucoup d’obligations à remplir. Des interviews, des shootings photos, des enregistrements et autres joyeusetés (ou pas) qui étaient un quotidien pour les artistes. La jeune femme ne savait pas si elle devait l’envier ou la plaindre, pour tout dire. Elle avait tout de même le sentiment qu’il manquait un quelque chose d’épanouissement à Celestina, mais elle ne pouvait en être sûre, et ne voulait rien affirmer de tel sans en avoir le cœur net.

-J'aime écrire, je suppose qu'on peut le considérer comme une autre de mes passions. J'essaie de la conjuguer avec mon goût pour la musique. Je ne m'estime pas franchement douée, c'est pour cette raison que je préfère faire appel à des paroliers autrement plus talentueux que moi. Mais je m'autorise de plus en plus à composer et à y mettre mon grain de sel.

Pour le mieux ? Ines n’en savait rien. Mais Celestina en était arrivé à un tel stade de popularité qu’elle pouvait se permettre quelques changements, et de se mettre en danger. Mais quoiqu’elle fasse, il était certain que les fans répondraient toujours présents. Du moins, une partie. Ce n’était pas comme si la chanteuse semblait s’en faire un souci, dans tous les cas. Elle devait en être consciente, ce qui lui permettait de prendre plus de libertés, comme elle l’évoquait.

« Oui, je comprends. Le principal c’est que vous puissiez vous épanouir dans ce que vous faîtes. D’ailleurs, si vous n’étiez pas devenue chanteuse, quelle autre voie auriez-vous emprunté ? »

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Assumer sa célébrité est preuve de maturité

Ines était du genre à penser que tout le monde possédait un idéal de vie. Une route toute tracée dans l’esprit, qui résumait ce qui aurait été la vie rêvée, et la vie parfaite de chacun. Certains réussissaient à l’atteindre, mais ce n’était pas si évident que cela. La jeune femme ne saurait pas dire si Celestina pensait que sa vie était parfaite ou non, et elle ne la connaissait pas assez pour se permettre ce genre de déductions. Mais elle devait probablement avoir réfléchi à d’autres alternatives non ? C’était humain, après tout.

Peut-être qu’elle ne s’était jamais posé la question, sur ce qu’elle aurait fait, si elle n’avait pas percé dans la chanson. Mais auquel cas, elle pouvait très bien y réfléchir maintenant. Ines avait tout son temps, et elle était apte à la laisser réfléchir à ses réponses. Cela ne lui porterait aucunement préjudice, bien au contraire. Ce serait le signe qu’elle ne fournissait pas des réponses toutes faites, et préparées. En même temps, elle devait être habituée. Elle était connue depuis longtemps, et elle avait déjà connu maintes et maintes interviews.

-Je ne me vois absolument pas faire autre chose que chanter. Je suppose que je me serais contentée d'être épouse et mère, et cela aurait déjà été bien assez gratifiant.

Si la musique était sa passion, cela se tenait. Surtout qu’ils vivaient une époque où la place d’une femme était davantage derrière les fourneaux que derrière un bureau. C’était quelque chose de normal. Les femmes étaient élevées dans le but d’être de bonnes épouses, et de bonnes mères de famille. Ines n’était pas contre cela, mais elle voyait plus son travail comme un passe-temps, que comme un moyen pour gagner sa vie. Elle était entretenue par son père, plus tard elle serait entretenue par son mari, et c’était ainsi que les choses devaient se passer, ni plus ni moins.

« Réussir à combiner les trois doit vous faire sentir une femme accomplie. Je ne doute pas que vous devez inspirer bon nombre de nos lectrices, ainsi que toutes les jeunes femmes qui écoutent vos chansons. »

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Ce n’était plus à prouver, que Celestina Moldubec avait une grande influence sur ses fans. Ils étaient exclusivement féminins, et donc c’était assez simple de la prendre pour modèle. Ils vivaient dans une société patriarcale, il était courant que les femmes ne travaillent pas, et restent à la maison, à s’occuper des enfants pendant que leur époux est au bureau. C’était une image normale, même si de plus en plus de femmes tendaient à avoir un emploi, mais ce n’était pas encore une majorité. Certes, Celestina n’avait pas un métier banal, elle était en plus de cela, une célébrité, mais elle gagnait un salaire, elle faisait quelque chose de sa vie, elle n’était pas juste l’épouse et la mère, et cela devait être souligné pour Ines.

Cependant, Celestina n’avait peut-être pas la même vision des choses. Elle estimait peut-être que ce n’était pas assez, ou alors, que ce n’était pas si exceptionnel que cela. Après tout, son quotidien devait lui sembler banal aujourd’hui, son succès ne datait pas d’hier. Au moins, Celestina avait su préserver sa carrière, sa vie privée avait connu des déboires il est vrai. Mais Ines ne comptait pas la juger sur ça. Elle était bien placée pour savoir que l’amour était ce qu’il y avait de plus compliqué. Certes, divorcer était vraiment très mal vu dans leur société, mais elle espérait pour la chanteuse qu’elle n’aurait pu à passer par ce procédé, et qu’elle pourrait faire oublier à ses détracteurs qu’elle avait eu quelques moments difficiles, et peu glorieux.

-Je l’espère, je tâche de servir d’exemple autant que je le peux, en tout cas. Même si j’ai conscience que mes chansons n’abordent pas des thématiques que l’on pourrait considérer… profondes. Il est vrai que les trois quarts de mes textes parlent d’amour, je ne vais pas m’en cacher. Mais l’amour devrait notre plus belle source d’inspiration, n’est-ce pas ?

C’était souvent les chansons les plus simples qui étaient les plus apprécier. Parler d’amour, c’était intemporel, et cela parlait à tout le monde. A ceux qui attendaient la bonne personne, à ceux qui tentaient d’échapper à une union malheureuse, et à ceux qui vivaient heureux en ménage. Alors oui, cela pouvait être considéré comme une source d’inspiration, même si certains pourraient pointer la facilité. Mais pourquoi taper sur ceux qui trouvaient la clé du succès ? Par jalousie oui, mais il fallait aussi savoir reconnaître le talent.

« Naturellement, tout le monde aspire à connaître une belle histoire d’amour, c’est intemporel. Et vous semblez vous-même vivre le grand amour aux côtés de votre époux, ce qui doit contribuer à vous inspirer au quotidien. »

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L’amour était un sujet récurent, dans le milieu artistique, ce n’était plus à prouver. Que ce soit dans la chanson, la musique, le théâtre, la littérature… l’amour inspirait toujours les créateurs. Peut-être parce que ce sentiment était celui que la majorité des gens recherchait, même de manière inconsciente. Après tout, l’Homme recherchait toujours un partenaire, parce que la nature le dictait. Bien entendu, beaucoup de couples étaient créés pour un certain standing, une certaine réputation sociale, où les sentiments n’avaient pas leur place, ou du moins, n’étaient pas la priorité, mais cela n’empêchait personne d’être sensible à l’amour.

Ines n’estimait pas être quelqu’un de fleur bleue, ou d’outrageusement romantique. Mis à part à sa relation avec Daniel, elle n’avait jamais espéré vivre de grandes épopées, ni même attendu le prince charmant. Mais elle reconnaissait que c’était agréable, d’aimer, et d’être aimé. C’était même ce qu’elle avait vécu de mieux. Mais ce n’était pas évident pour tout le monde. Malgré les difficultés, les disputes, la séparation, elle n’était jamais plus heureuse qu’à ses côtés. Elle ne savait pas si c’était la même chose pour Celestina et son époux, elle ne connaissait ni l’un ni l’autre personnellement, mais elle en donnait l’air, en tout cas.

-Oh oui...

Ou pas. Elle ne savait pas vraiment comment interpréter sa réaction, mais elle ne semblait pas particulièrement convaincue. Mais bon, malgré son statut de journaliste, Ines savait tout de même quand il ne fallait pas dépasser les bornes. Elle ne comptait pas poser de questions trop personnelles à Celestina, ou qui pourraient la mettre mal à l’aise. Après tout, Celestina était une artiste reconnue et appréciée, Ines ne voulait pas se mettre les fans à dos en allant trop loin.

-Je fais partie de ces grandes chanceuse qui vivent l'amour au quotidien. Celui de mon mari, bien sûr, mais celui de mon fils, surtout. Je sais que ce n'est pas le rôle des interviewés de poser des questions mais... est-ce que vous êtes mariée ? Fiancée, peut-être ?

La jeune femme avait déjà souvent entendu que rien ne surpassait l’amour d’une mère pour ses enfants. Elle n’en avait pas, pas encore du moins, alors elle ne pouvait pas mesurer la chose, mais elle n’allait pas la contredire. Elle fut un peu prise au dépourvu par sa question, elle ne s’était pas attendue à ce qu’elle lui en pose, et encore moins de cette nature.

« Non je ne suis pas mariée. Ni même fiancée, pas encore du moins. Je suis en couple. »

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Ines était tout de même un peu surprise que Celestina lui pose ce genre de questions. Des intervieweurs, elle avait dû en voir des dizaines et des dizaines, depuis le début de sa carrière, alors, elle ne devait sans doute pas beaucoup s’intéresser à eux. Du moins, c’était ainsi qu’Ines voyait les choses, mais apparemment, Celestina avait envie d’en savoir plus sur sa vie amoureuse, ce qu’Ines n’avait pas vraiment prévu. Cela ne la dérangeait pas de lui répondre, ce n’était pas un secret, et elle doutait que Celestina tente de lui porter préjudice d’une quelconque façon. Ines ne l’avait pas offensée, et elle ne représentait pas grand-chose pour elle, alors ce serait vraiment incongru.

-Profitez-en, c'est un statut éphémère et souvent compliqué, mais qu'est-ce qu'il est grisant d'être en couple sans être entravé par les liens maritaux !

Ines fut un peu surprise par la déclaration de la jeune femme. Elle qui lui avait dit être heureuse dans son couple, voilà maintenant qu’elle déclarait que le mariage représentait une entrave. Elle avait déjà entendu certaines personnes voir le mariage de cette manière, mais cela ne collait pas vraiment avec ce que la chanteuse lui avait dit précédemment. Ines se demanda un instant s’il n’y avait pas, peut-être, quelque chose à creuser de ce côté. Ce n’était pas très délicat vis-à-vis de la chanteuse, mais elle avait besoin de penser un minimum à son article.

-Enfin, les fiançailles arriveront bien assez vite, c'est dans l'ordre naturel des choses. Vous êtes ensemble depuis combien de temps ? Comment s'appelle l'heureux élu ?

Eh bien, le sujet devait drôlement l’intéresser pour qu’elle pose autant de questions. Heureusement que la jeune femme n’était pas trop pudique au sujet de sa vie sentimentale. Mais maintenant qu’elle y réfléchissait, peut-être que Celestina tentait simplement de détourner la conversation vers d’autres sujets, ne voulant pas aborder quelque chose qui pourrait être sensible pour elle. Ines ne pouvait pas s’empêcher de faire toutes sortes d’hypothèses en cet instant.

« Il s’appelle Daniel. On s’est séparés un moment, et on a décidé de se remettre ensemble il y a quelques temps. » Ines attendit quelques instants, réfléchissant à sa formulation. « Est-ce que vous vous sentez prisonnière de votre mariage ? »

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-Alors, je te souhaite tout le bonheur du monde avec ce Daniel.

Ines restait quelque peu perplexe, que la chanteuse chercher à en savoir plus sur sa vie personnelle. Peut-être que ce n’était que de la curiosité féminine, et Ines ne se sentait pas bousculée non plus, mais elle n’avait pas du tout prévu cette option. Mais elle accueillait les propos de Celestina sans mal, avec un sourire, c’était toujours gentil d’entendre ce genre de choses, surtout de la part d’une femme telle que Celestina Moldubec. Ines ne savait pas si elle vivrait heureuse éternellement avec Daniel, ils avaient encore du travail à mener sur ce qui divergeait entre eux, et ce n’était pas des petits détails, mais la blonde avait envie de se montrer confiante et optimiste. Sinon, reprendre leur relation serait totalement dérisoire.

-Je ne devrais pas répondre à ce genre de question, je sais quels genres d'articles paraîtront sur moi dès lors que j'admettrai ne pas se sentir heureuse en ménage. Mais peu importe.

Ines comprenait les réticences de Celestina. Elles se rencontraient dans le cadre d’une interview, et elle n’était pas nouvelle dans le show-business, elle savait parfaitement comment se comportaient les médias. Pourtant, Ines ne cherchait pas à la piéger, son but était de récolter des informations, mais elle n’avait pas envie de mettre la jeune femme dans une position inconfortable, et n’aurait pas d’intérêt à chercher à mettre à mal son couple. Cela commençait à ressembler un peu plus à une conversation qu’à une interview.

-Mais je n'ai pas le courage de prétendre le contraire. Je me suis senti piégée dans chacun de mes mariages, à un moment ou à un autre, et pourtant je resigne à chaque fois.

C’était assez triste à entendre. Ines ne s’était jamais mariée encore, alors elle ne pouvait pas vraiment donner d’avis, même si elle avait été préparée depuis toujours à cette finalité du mariage, en tant que fille. Elle doutait qu’il en soit de même pour Celestina, parce qu’elles n’appartenaient pas à la même classe sociale. Mais il était tout de même dommage, qu’en plusieurs mariages Celestina n’ait pas réussi à trouver chaussure à son pied.

« Je suis désolée que vous n’ayez pas réussi à avoir un mariage heureux. Les relations de couple sont toujours compliquées. Mais vous avez eu le courage de retenter à chaque fois, cela reste louable. Il y a beaucoup de personnes qui se ferment et se résignent après la première déception amoureuse. »

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Ines trouvait tout de même que Celestina se montrait bien imprudente à lui confier autant de choses sur sa vie personnelle, et ce n’étaient pas des petites confidences qu’elle faisait, il s’agissait d’un vrai sujet. Peut-être bien que leur conversation avait dépassé le stade de l’interview, et qu’il s’agissait juste de deux femmes qui discutaient du mariage et de l’amour. Ines ne cherchait pas spécialement à avoir des informations pour sa rubrique à présent, elle était surtout curieuse de connaître le fond de la pensée de Celestina Moldubec. Ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait connaître les secrets d’une telle célébrité, après tout. Et Ines n’était donc pas contre en savoir un peu plus. Qui en ferait autrement à sa place ? Mais elle ne cherchait pas non plus à la mettre en difficulté, sans être fan, c’était tout de même une femme qu’elle respectait pour sa carrière.

C’était tout de même dommage de savoir qu’une femme comme elle n’arrivait pas à trouver le bonheur dans l’amour. Après tout, elle ne devait pas manquer de choix, en plus d’être talentueuse, elle était très belle, alors elle était sans doute très courtisée. Mais sans doute faisait-elle les mauvais choix. D’autant que cela devait être plus compliqué encore étant donné que ses relations se concentraient sur des personnes avec qui elle travaillait aussi. Mais bon, la situation n’était peut-être pas aussi noire qu’elle paraissait, en tout cas, Ines le lui souhaitait, parce qu’elle n’avait aucune raison de vouloir cette femme ou de la savoir malheureuse.

"Mon vrai problème est que je suis une amoureuse de l'amour, je me dis toujours que le prochain sera le bon."

Trouver la bonne personne, ce n’était pas évident, assurément. Ines se pensait chanceuse d’avoir trouver Daniel. Même s’ils avaient eu leurs moments difficiles, et qu’ils étaient même passés par une séparation. Mais elle était tout de même infiniment convaincue qu’il était le bon. Parce qu’elle ne pensait vraiment pas être capable d’aimer quelqu’un d’autre comme elle aimait Daniel. Mais elle concevait que ce n’était pas si évident de rencontrer la bonne personne.

"Je ne suis pas sûre que ce soit si louable que cela. J'aurais probablement dû me résigner il y a bien longtemps."

Ne pas se résigner restait une forme de force, d’une certaine manière. Certains pourraient penser différemment, certes, mais Celestina n’avait aucune forme de honte à ressentir, quoiqu’il en soit. Du moins, du point de vue d’Ines. Evidemment, elle n’était pas forcément la mieux placée pour donner son avis, parce que Celestina avait plus d’expérience qu’elle dans tous les domaines.

« Sans doute que vous ne vous diriez plus ce genre de choses, si vous rencontriez vraiment le bon. Mais c’est plus simple à dire qu’à faire, évidemment. Et je ne pense pas que vous résignez aurait apporter quoique ce soit de plus à votre vie, si ce n’est de la frustration et de la lassitude. »

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