Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel]
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Nagini A. Sumadi
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#Sujet: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Lun 7 Sep - 9:02
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Quand elle avait reçu l'invitation d'Isabel, Nagini avait hésité. Des tergiversations, des hésitations... Elle se disait que c'était une mauvaise idée. Les rares amitiés qu'elle s'était construite étaient vouées à s'éteindre, quand elles ne finissaient pas trahies, écrasées, piétinées... A l'heure de la métamorphose... elle devait s'isoler, se concentrer sur ses nouvelles décisions, sur ses nouvelles certitudes, et le plus simple pour cela était de renoncer à tout ce qui avait fait d'elle un semblant d'humain un temps qui ne pouvait qu'être limité, qui ne pouvait qu'être voué à sa fin. De plus en plus imminente. Oui, elle devait disparaître de la vie d'Isabel... Mais elle pouvait bien leur accorder et s'accorder un dernier instant de complicité ? Une façon de lui dire adieu ?
Isabel le méritait bien. Elle avait été la personne la plus patiente, la plus douce, la plus attentive et la plus amicale qu'elle ait rencontré depuis longtemps. Que Sarah Reeves avait rencontrée depuis longtemps. Elle avait été très présente au sein de l'orphelinat, où elle intervenait bénévolement et auquel elle avait apporté des fonds conséquents. Elles avaient continué de se voir même après la "démission" de Sarah. Sa présence lui faisait du bien. Elle lui conférait un sentiment de normalité qui réussissait à la convaincre qu'elle pourrait vivre normalement, être comme tous ses pairs qu'elle enviait tant. Mais cela lui passait bien vite. Rattrapée par une évidence qu'elle était incapable de nier.
Elle avait encore décidé, à la dernière minute, de ne pas venir. Surtout parce que la veille au soir, l'angoisse l'avait saisie dans des proportions terribles. Elle avait eu du mal à se réveiller, prisonnière d'un corps reptilien qui ne voulait plus se remétamorphoser. Mais voilà, elle avait retrouvé figure humaine. Des écailles parsemaient son dos de façon pérenne, mais pour le moment, elle n'était pas visible quand elle était habillée. C'était... déjà ça.
Elle avait revêtu sa tenue la plus discrète, discipliné sa longue chevelure noire en un chignon serré, et elle fit chemin jusqu'à l'adresse d'Isabel. Elle prit une grande inspiration avant de frapper à la porte, ravie de revoir son amie, et inquiète de la façon dont une simple conversation amicale pourrait prendre un tournant très dangereux. Son amie lui ouvrit, et Nagini tenta du mieux qu'elle le put de masquer sa nervosité derrière un sourire. "Bonsoir Isabel, je ne suis pas en retard, j'espère ?"
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Ven 11 Sep - 12:14
Isabel prenait toujours le plus grand soin d'entretenir ses amitiés, même si certaines étaient plus difficiles à conserver que d'autres. C'était normal, après tout. La vie nous changeait. On finissait par faire des choix différents, par emprunter d'autres chemins, et des personnes avec qui on avait des atomes crochus autrefois perdaient en intérêt à vos yeux tout à coup, simplement parce que vos centres d'intérêt n'étaient plus normal.
C'était un constat parfaitement normal, mais qu'Isabel trouvait assez triste malgré tout, et Isabel était de ces personnes qui insistaient, insistaient, quitte à se montrer beaucoup trop, mais alors vraiment trop intrusive. Cela partait toujours d'une bonne intention, mais ce n'était pas toujours apprécié de ceux avec qui elle forçait le contact.
Elle avait bien conscience qu'elle ne revoyait certaines personnes que parce qu'elle allait constamment vers elles, ce qui n'était pas forcément réciproque, mais c'était une chose qu'elle acceptait néanmoins. Elle avait besoin de ces personnes dans sa vie. Isabel était ainsi, sociable à l'excès. Et l'on pourrait dire que c'était son moindre défaut...
Elle ne prenait jamais mal une invitation que l'on décline, cependant, et elle aurait compris que Sarah Reeves ne souhaite pas passer du temps avec elle. Depuis que cette dernière avait cessé de travailler pour l'orphelinat Wool, leurs liens s'étaient distendus. Ce qui était bien normal. Elles n'avaient plus autant d'occasions de se voir qu'avant... et puis, Sarah avait toujours été une femme secrète, discrète.
A bien y regarder, Isabel ne savait pratiquement rien de sa vie. Elle mettait cela sur le compte d'une grande timidité, et cela ne lui donnait que d'autant plus envie d'aller vers elle. Parce qu'elle se disait que les gens là pour la sortir de sa carapace ne devaient pas être suffisamment nombreuses. Et puis, elles s'entendaient bien, toutes les deux...
Isabel l'avait donc invitée à prendre le thé chez elle, et l'accueillit avec un sourire ravi en la retrouvant à sa porte.
"Bonsoir Isabel, je ne suis pas en retard, j'espère ?"
Toujours cette crainte d'embarrasser. Peut-être Sarah était-elle un peu en retard, mais dans ce cas, certainement pas assez pour embarrasser son amie malgré tout.
"Tu es pile à l'heure", répondit Isabel pour la rassurer avant d'entraîner Sarah à l'intérieur. "Entre, je t'en prie. Comment vas-tu ? Je suis heureuse de te revoir. J'ai l'impression que ça fait une éternité. Ne le prends pas mal mais tu sembles un peu fatiguée. Tout va bien ?"
Nagini A. Sumadi
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Ven 25 Sep - 15:41
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Nagini était ponctuelle, c'était la moindre qualité qu'elle pouvait se permettre encore d'avoir quand tout le reste allait progressivement et à coup sûr sombrer dans l'oubli le plus total. Alors elle ne se serait pas vue arriver autrement qu'à l'heure à la porte d'Isabel, et appréciait que son amie le lui confirme, même si elle avait redouté de faire pour une fois une entorse à une résolution qui pourtant lui tenait véritablement à coeur.
Elle entra à la demande d'Isabel, heureuse de participer à une situation sociale si classique, appréhendant en même temps que ne se produise le moindre "accident". C'était arrivé très rarement, mais c'était arrivé. Que sa nature reptilienne prenne le dessus et la domine... et alors, elle n'avait plus répondu d'elle-même. Elle savait que c'était ainsi que tout s'achèverait. Elle finirait par ne plus être que l'ombre d'elle-même, grande, monstrueuse, impressionnante, longiligne. "Tout va bien, ne t'en fais pas, c'est vrai que je dors assez mal ces derniers temps, mais ce n'est vraiment rien", répondit Nagini faute de pouvoir répondre autre chose.
Pourtant, elle n'était pas sincère. Même en présence d'une amie, elle ne pouvait pas dire combien elle allait mal, à quel point elle avait peur, combien il y avait de choses qu'elle appréhendait, qu'elle redoutait plus que tout... Elle était fatiguée parce qu'elle ne dormait presque plus, parce qu'elle se changeait en serpent dans son sommeil, parce qu'elle craignait de ne pas se retransformer à son réveil. Nagini avait, grâce à Tom, de nouvelles perspectives, mais ces perspectives restaient encore un peu trop incertaines, et Nagini savait qu'elle ne devait pas s'y fier, qu'elle devait s'inquiéter de tout, même de ses certitudes.
"C'est très beau, ici, j'aime beaucoup."
C'était la première fois qu'elle découvrait la demeure d'Isabel, et elle était impressionnée. Elle savait, oui, qu'Isabel était fortunée, que c'était ce qui lui permettait de soutenir l'orphelinat Wool financièrement, mais elle n'en était pas moins impressionnée par cet intérieur bourgeois qui rompait avec ce qu'elle avait l'habitude de voir.
"Comment vas-tu, toi ? Ton mari n'est pas là ?"
Cette conversation paraissait presque trop anodine pour être bien réelle, mais Nagini avait besoin de cela, vraiment besoin de cela pour savoir endurer un quotidien qui, lui, n'était pas assez anodin. Pour un temps, Nagini voulait redevenir Sarah Reeves, cette jeune femme sans histoire dont nul ne saurait ni ne devrait se méfier. Elle voudrait ne pas se méfier elle non plus, elle voudrait avoir cette innocence. Mais non, ce n'était plus quelque chose de possible, plus maintenant en tout cas.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Jeu 1 Oct - 13:19
"Tout va bien, ne t'en fais pas, c'est vrai que je dors assez mal ces derniers temps, mais ce n'est vraiment rien"
Isabel avait du mal à croire son amie sur parole quand elle lui disait que tout allait bien. Il y avait depuis toujours eu cette forme d'inquiétude dans ses traits, cette inquiétude qu'Isabel ne comprenait pas mais qui était prégnante. Quelque chose au fond de ses prunelles.
Et le tout était maintenant mêlé à une évidente fatigue. Quelque chose lui échappait, et elle ne réussissait pas à savoir quoi exactement. Elle espérait qu'au fil de leur soirée, à mesure qu'elles dérouleraient leur conversation, elle parviendrait à lui tirer les vers du nez, mais dans l'attente, Isabel respecterait le souhait de Sarah et ne dirait rien. Elle estimait préférable de la mettre en confiance.
Elle savait que la jeune femme était quelqu'un de renfermé, de secrète, elle n'avait pas l'intention de brusquer quoi que ce soit, encore moins de contrarier son interlocutrice.
"C'est très beau, ici, j'aime beaucoup."
Isabel afficha un large sourire. Elle appréciait le compliment. Elle mettait beaucoup de coeur dans l'emménagement de cette demeure. Elle lui trouvait de la distinction et de l'élégance. Elle en avait les moyens, c'est vrai. Et elle voulait ce qu'il y avait de meilleur pour elle et Bill, en espérant qu'un jour, il n'y aurait pas seulement elle et Bill, mais toute la famille qu'ils auraient construite ensemble.
Elle se sentait vraiment bien, chez elle, et elle avait envie que les personnes qui venaient lui rendre visite se sentent bien accueillies également.
"Comment vas-tu, toi ? Ton mari n'est pas là ?"
"Non, il est sorti. On a tellement de choses à rattraper, je me suis dit que ce serait bien qu'on soit juste toutes les deux. Mais il devrait être rentré d'ici une heure ou deux. Si tu as du temps devant toi, vous devriez vous croiser." Isabel avait vraiment envie qu'ils se rencontrent, mais elle n'était vraiment pas certaine que le courant passe bien entre eux. Le caractère de Bill et celui de Sarah étaient aux antipodes, très clairement.
"Sinon, je vais très bien. Bill est un mari exceptionnel, et je poursuis mes activités caritatives. Je repasse de temps à autre à l'orphelinat. Les choses ont pas mal changé depuis ton départ." Elle sourit. "Qu'est-ce que tu deviens, tu ne m'as pas dit ? Tu as trouvé du travail ?"
Nagini A. Sumadi
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mar 13 Oct - 14:24
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Nagini était rassurée d'entendre que le mari d'Isabel n'était pas là. Elle n'avait rien contre le fait de rencontrer de nouvelles personnes, elle n'en était pas à ce point-là, et plus il y avait de gens, plus elle pouvait se fondre dans la masse, mais elle serait forcément inconfortable en présence de cet homme. Elle aurait l'impression de tenir la chandelle. Isabel avait raison : pour leurs retrouvailles, pour rattraper le temps perdu, elles seraient mieux sans avoir aucune tierce personne dans les pattes. Elle afficha quand même un faible sourire quand Isabel ajouta que Bill rentrerait d'ici une heure ou deux, et que donc elle aurait peut-être l'occasion de le rencontrer à ce moment-là. Pour Nagini, c'était comme une sorte de compte à rebours. A choisir, elle préférait être partie avant le retour de Bill Beresford. Mais chaque chose en son temps.
Et en attendant, elle prenait des nouvelles d'Isabel et l'écoutait lui parler de sa nouvelle vie. Les choses avaient beaucoup changé pour elle, elle était mariée, elle avait de nouveaux projets et de nouvelles attentes, mais certaines choses n'avaient pas changé d'un iota. Isabel restait cette jeune femme douce, attentive, attentionnée, fondamentalement bienveillante qui avait réussi à mettre en confiance la Maledictus, qui avait pourtant toutes les peines du monde à se sentir à l'aise avec ses choix et avec elle-même. Elle l'avait acceptée sans rien savoir d'elle, et c'était un soulagement. Même si elle l'accepterait sans doute beaucoup moins si elle savait tout d'elle, si elle connaissait véritablement sa vraie nature, sa malédiction, et à quel point elle était dangereuse.
Elle lui parlait de son mari et de combien il était exceptionnel. Elle méritait quelqu'un d'exceptionnel, Nagini ne pourrait qu'être heureuse pour lui, quoi qu'il advienne. Et pour le reste, elle poursuivait ses activités. Nagini éprouva comme un pincement au coeur en entendant parler de l'orphelinat Wool. Elle avait la nostalgie de cette période pas si lointaine. Pourtant, rien n'avait été parfait alors. Mais certains événements l'avaient changée pour toujours. Et la changeraient peut-être éternellement. Le temps que ça durerait.
"Ce que je deviens..."
Cette question plaçait Nagini face à un goufre infranchissable. Rien, elle ne devenait rien. Et elle ne savait pas comment répondre à cette question. Elle aurait dû réfléchir à cette réponse. Mais elle ne l'avait pas fait, et elle se sentait maintenant complètement mal à l'aise.
"Pas grand-chose", répondit-elle sincèrement... "Je n'ai pas vraiment de... projets. Elle se doutait que la réponse serait décevante, mais que dire de plus ?" Elle marqua une pause. "Comment ça se passe, maintenant, à l'orphelinat ?" demanda-t-elle pour ne plus se concentrer sur sa propre situation, qu'elle estimait déplorable.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Jeu 15 Oct - 12:52
"Ce que je deviens..."
La question eut l'air de la dérouter, et Isabel songea qu'elle aurait dû la formuler d'une autre manière. Visiblement, Sarah était perturbée, sans doute parce qu'elle ne s'était pas reconvertie depuis son départ de l'orphelinat.
Ce n'était rien de grave, en vérité, il n'y avait définitivement aucun mal à se laisser porter par les événements, à simplement décider de ne pas trop réfléchir à quoi faire par la suite, mais Isabel, avec son mariage accompli et sa vie bien rangée, lui avait peut-être donné le sentiment de devoir suivre une voie similaire.
Mais Isabel n'obligerait jamais rien à qui que ce soit, c'était un comportement qu'elle déplorait chez les autres et qu'elle n'avait pas envie d'adopter. Elle ne voulait pas être dans le jugement, elle ne voulait pas que Sarah, déjà si peu confiante, se sente diminuée. Elle voulait que cet conversation soit cordiale et se fasse dans la joie et la bonne humeur, rien d'autre. Rien ne saurait lui faire plus plaisir.
"Pas grand-chose. Je n'ai pas vraiment de... projets."
C'est bien ce qu'elle avait présumé. Quelque part, Isabel ne pouvait s'empêcher de trouver cela dommage. La jeune femme était pleine de ressource, bien plus capable que ce qu'elle s'imaginait. Elle pourrait aller très loin si elle réussissait à se départir de ce sentiment d'inconsistance qu'elle se traînait derrière elle sans véritable bonne raison.
Un jour viendrait où elle le réaliserait sans doute. Mais en attendant... Elle n'arriverait sans doute à rien si on la brusquait. Isabel ne savait pas trop ce qu'elle serait capable de faire pour l'aider. Elle voudrait aider tout le monde, mais elle se retrouvait bien souvent impuissante, et cette situation n'avait pas l'air de devoir faire exception à la règle, elle en avait bien peur.
Elle décida de ne pas insister, de ne pas l'interroger. S'aventurer sur un terrain plus confortable rendrait la conversation plus simple, plus agréable.
"Comment ça se passe, maintenant, à l'orphelinat ?"
"Eh bien, Mrs Cole est toujours aux commandes, mais je crois qu'elle n'a plus toute sa tête, ces derniers temps. Et les lieux sont de plus en plus délabrés. Je leur ai bien transmis un chèque pour financer la rénovation du bâtiment, mais... on dirait que cet argent s'est évaporé dans la nature."
Nagini A. Sumadi
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mer 21 Oct - 15:36
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Isabel a toujours été quelqu'un de très délicat. Elle était capable de pressentir le moindre malaise afin de l'éviter. Elle avait toujours évité la moindre indiscrétion. Nagini s'en voulait un peu, parce que si son amie avait toujours été sincère et totalement juste envers elle, Nagini mentait sans cesse, elle mentait avant, elle mentait encore maintenant. Mais ce serait bientôt fini. Bientôt, sa transformation serait complète, et elle n'aurait plus jamais mentir à qui que ce soit, au côté de la seule personne avec qui elle ait jamais été honnête en ce bas monde... Cette conversation, c'était aussi l'occasion des adieux, car elle ne pensait pas qu'Isabel et elle auraient l'occasion de se revoir un jour. Au nom de toute l'affection qu'elle avait pour elle, elle méritait bien cela, ses adieux.
Elle préférait donc parler de tout ce qui n'était pas elle, de tout ce qu'elle pouvait observer comme quelque chose de totalement abstrait. L'histoire de l'orphelinat Wool, ce n'était pas quelque chose d'abstrait, non, elle y avait sa propre histoire, mais c'était du passé, sa curiosité pouvait paraître saine, et une autre manière de faire ses adieux. A tout ce qu'elle avait connu, à tout un pan de son existence auquel il fallait absolument qu'elle renonce. Mrs Cole était toujours là, et Nagini était heureuse de ne plus avoir affaire à elle. Elle se passait très bien de sa présence et de ses commentaires. Elle n'avait pas été tendre avec elle, à l'époque. Certes, elle menait son institution d'une main de fer, mais pour quelqu'un d'aussi fragile et sensible que Nagini, ce n'était pas toujours une évidence que de supporter un caractère comme celui-ci.
Mrs Cole perdait un peu la tête, visiblement, et en plus, elle refusait tout financement pour l'orphelinat. Déjà qu'il était dans un état de décrépitude avancée quand elle y travaillait encore... à se demander ce qu'il allait advenir des orphelins envoyés là si la situation ne s'améliorait pas. Grandir dans un milieu à ce point insalubre pourrait très bien avoir un impact durable sur ces jeunes têtes blondes (même si la blondeur n'était pas l'apanage des Anglais). "Et il n'y a rien à faire ? Pour obliger la gestion de l'orphelinat à prendre ses responsabilités ? Ce n'est pas comme s'ils se ruinaient avec le salaire de leurs employés...", dit-elle, bien placée pour le savoir vu ce par quoi elle était passée elle-même. "Je pense à tous ces enfants... On devrait pouvoir les aider mieux que ça."
Mais Nagini avait échoué à chaque fois. Peut-être un peu moins avec Tom, même si elle ne s'en était pas immédiatement rendu compte.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mar 27 Oct - 13:04
"Et il n'y a rien à faire ? Pour obliger la gestion de l'orphelinat à prendre ses responsabilités ? Ce n'est pas comme s'ils se ruinaient avec le salaire de leurs employés..."
Isabel baissa les yeux de dépit. Elle n'était malheureusement pas d'un avis différent. Elle éprouvait toujours par rapport à ce genre de situation un vif sentiment d'impuissance.
Elle tentait de faire de son mieux pour apporter sa pierre à l'édifice, elle avait la chance d'être riche et faisait profiter de cet argent le plus de personnes possibles, elle s'évertuait à se ranger du côté des plus misérables, à apporter de la joie à ceux qui n'en éprouvaient que trop peu, mais c'était toujours plus simple à dire qu'à faire, et dans les faits, elle se retrouvait toujours confrontée aux limites de ses actions et de sa bonne volonté.
Elle avait la richesse, elle n'avait pas le pouvoir, et c'étaient deux choses bien différentes. Malheureusement, ceux qui avaient le pouvoir étaient rarement ceux qui acceptaient d'exercer cette influence sur les plus nécessiteux.
Elle avait déjà songé à en parler à Bill, moins fortuné mais plus convaincant qu'elle quand il était question de négocier quoi que ce soit, mais elle n'était jamais parvenue à le convaincre ni n'avait jamais osé insister à ce sujet. Donc, à la place, elle se terrait derrière des excuses plus confortables. On ne pouvait pas aider tout le monde, et c'était un vrai problème.
"Je pense à tous ces enfants... On devrait pouvoir les aider mieux que ça."
Isabel adressa à Sarah un fin sourire triste. La voir impliquée à ce point la touchait, mais elle n'était pas surprise. Elle l'avait bien ressenti, lorsqu'elles travaillaient ensemble à l'orphelinat. Elle était attachée à ses enfants, elle avait voulu leur bien. Peut-être avait-elle ressenti une sorte de connexion avec eux, parce qu'elle était orpheline elle-même ?
Ou non... C'était sans doute de la psychanalyse de bas étage, à laquelle elle se livrait à l'heure actuelle. Mais l'affinité de son interlocutrice avec ces enfants restait évidente. Sarah Reeves avait bon coeur, personne ne pourrait nier cela.
"Je suis d'accord avec toi, même si je ne sais pas vraiment quoi faire de plus, je n'ai pas réellement autorité sur ce qui peut se passer ou non au sein de l'orphelinat." Elle marqua un temps de pause, osa poser la question qu'elle gardait pour elle jusqu'ici. "Tu ne m'as jamais vraiment expliqué... pourquoi tu as décidé de partir ?" Elle n'accepterait peut-être pas de lui répondre, Sarah restait une jeune femme très secrète, mais Isabel tentait le coup néanmoins. Qui sait si elle ne demandait pas qu'à se livrer, finalement.
Nagini A. Sumadi
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mer 4 Nov - 10:25
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Nagini ne reprochait bien évidemment rien à son interlocutrice, et elle espérait n’avoir pas donné le sentiment du contraire. Si quelqu’un était bien mal placé pour reprocher aux autres une quelconque absence d’initiative, c’était évidemment elle, elle qui n’avait jamais pris de décisions que poussée par les circonstances et qui en avait fait les frais terribles presque à chaque fois. Isabel avait toujours été moins… passive, à sa manière. Elle était une femme du monde, une femme de son temps, avec ce que cela impliquait de réserve et de soumission à la gent masculine (là encore ce n’était définitivement pas la Malédictus qui pourrait faire la leçon à son interlocutrice sur la question au regard de ses propres choix), mais elle tentait de tirer son épingle du jeu, notamment en défendant les causes qui lui tenaient à cœur et en apportant son soutien aux plus démunis.
Elle était un exemple, un soutien. Et elle en faisait déjà plus que nécessaire pour l’orphelinat Wool. Si ce dernier tombait en décrépitude, elle n’y était évidemment pour rien. Elle n’avait pas le contrôle sur la manière dont l’argent était utilisé dans ces sphères, et c’était forcément dommageable. Nagini ne fit aucun commentaire, elle ne voulait pas faire de reproches, surtout qu’elle avait quitté le navire quand Isabel s’y trouvait toujours, elle, déterminée et fidèle au poste.
Isabel, d’ailleurs, lui posa une des questions que Nagini avait redoutées. Mais quelles questions la Malédictus ne redoutait-elle pas ? La réponse était bien simple : elle les redoutait toutes. Et là, elle savait qu’elle allait devoir composer un mensonge, car la vérité n’était pas acceptable. Pourquoi était-elle partie ? Parce que ses transformations étaient de plus en plus incontrôlables, et elle n’avait pas voulu faire du mal à l’un des enfants de l’orphelinat ou même à Mrs Cole. Mais la vraie raison, principale, pour laquelle elle avait fait le choix de partir tenait en un nom : Tom. Dès l’instant où il avait quitté l’orphelinat pour de bon, sa présence n’avait plus de sens. Elle avait rempli sa part de marché auprès de Dumbledore. Et elle s’était sentie dès lors assez démuni.
"C’est difficile à expliquer", dit-elle, cherchant la manière la plus sincère de l’exprimer. "J’avais l’impression d’avoir… été au-delà de ce que je pouvais encore faire là-bas. Que j’avais fais ma part, qu’il fallait que je passe à autre chose."
Même s’il y avait toujours des orphelins… et en temps de guerre n’en parlons pas. Mais son chemin était ailleurs, son chemin était où Tom décidait de le tracer, et elle en dépendait entièrement.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Jeu 5 Nov - 13:09
"C’est difficile à expliquer"
Rien n'était jamais simple, encore moins les décisions qui impactaient des revirements personnels et professionnels, mais c'était justement parce que c'était difficile qu'Isabel voulait en apprendre plus, et elle espérait que Sarah parviendrait à mettre des mots sur sa situation, surtout si cela pouvait aider son amie à se libérer d'un poids.
Elle était secrète, elle ne se confiait jamais, et c'était difficile pour Isabel de l'aider, de la guider, de la conseiller dans ces conditions. Mais quoi qu'il en soit, elle semblait prête à parler. Et tout comme Sarah paraissait prête à parler, Isabel, elle, de son côté, était prête à l'écouter.
"J’avais l’impression d’avoir… été au-delà de ce que je pouvais encore faire là-bas. Que j’avais fais ma part, qu’il fallait que je passe à autre chose."
Finalement, la réponse de Sarah ne couvrait pas réellement les interrogations de son interlocutrice. Elle le voudrait bien, mais elle allait devoir lire entre les lignes, malheureusement, et même si elle se pensait bonne juge de la nature humaine, elle était certainement capable d'être dans l'erreur.
Elle avait fait sa part, il fallait qu'elle passe à autre chose. Cela pouvait sembler cruel dans un contexte tel que celui d'un orphelinat. Il y avait toujours de nouveaux enfants sans parents dont il fallait s'occuper, il y avait toujours de nouveaux enfants en quête d'une présence et d'affection, et Sarah avait compté pour bon nombre des orphelins qui avaient passé le pas de l'orphelinat Wool.
Mais il fallait parfois savoir être égoïste, également, et en l'occurrence, il est vrai qu'il était éprouvant, mentalement surtout, de porter sur ses épaules tant de misères. Si elle ne s'en sentait plus capable, elle avait eu raison d'arrêter, en effet.
"Je peux comprendre. Ce genre de travail, c'est... beaucoup d'investissement émotionnel." Elle marqua une légère pause. "Tu as gardé contact avec certains des enfants ?" demanda-t-elle avec curiosité.
Isabel ne voulait pas juger ou blâmer les choix de son interlocutrice. Ce qui l'intéressait avant tout, c'était de comprendre, et pour cela, il fallait qu'elle creuse un minimum, en essayant de se montrer douce, attentive et subtile. Fort heureusement, c'étaient là des qualités qui ne lui avaient jamais vraiment manqué, alors il s'en sortirait sans doute très bien.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Jeu 19 Nov - 8:53
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Un fort investissement émotionnel, c'était le mot qui convenait en effet pour parler de la manière dont on vivait à l'orphelinat, du moins dès lors qu'on faisait le choix de s'y investir un peu trop. Et Nagini était quelqu'un de naturellement émotionnel. C'était un travail constant pour elle de saper, de taire ces émotions afin de ne pas les laisser avoir une mauvaise influence... pas seulement sur elle (même si c'était évidemment aussi le cas, surtout que ces émotions influençaient directement ses transformations) mais également sur tous ceux qui se tenaient sur son chemin. Qu'ils en fassent les frais directement ou non.
Elle avait su dès le début que ce travail à l'orphelinat n'arrangerait rien à la fragilité qu'elle éprouvait déjà... Mais tout ça était derrière elle. Ou plus ou moins. Le passé vous rattrape, d'une façon ou d'une autre, que vous le vouliez ou non, que vous le choisissiez ou pas. Et dans le cas de la Maledictus, c'était d'autant plus flagrant que cette destinée coulait dans son sang, se répandait dans tout son être et la condamnait depuis sa naissance même. Sans aucune échappatoire possible, sans la moindre chance de repli.
"Garder contact n'est pas vraiment le mot que j'emploierais...", répondit prudemment Nagini, qui sentait que si elle en disait trop, elle s'égarerait sur une voie dangereuse.
Elle hésitait à parler de Tom. C'était son jardin secret. Quelque chose qui n'appartenait qu'à elle-même et qu'elle n'avait aucune envie de partager, sous aucun prétexte, avec qui que ce soit. Elle aimerait connaître l'opinion d'Isabel, pourtant, mais elle n'avait pas la moindre envie de s'engouffrer dans une brèche trop fine, où elle arriverait à s'insinuer, sans doute, mais de laquelle elle n'arriverait pas forcément à ressortir.
"J'ai revu Amy, totalement par hasard. Elle semblait toujours aussi... instable."
Le terme pouvait sembler péjoratif, mais Nagini le choisissait uniquement parce qu'elle considérait qu'il était le plus approprié, sans arrière-pensée particulière. Ce n'en était pas moins vrai, Amy était bel et bien instable, et quiconque la connaissait un peu ne pouvait pas passer à côté de ça.
"Et j'ai revu Tom, également."
Ce sujet-là était plus sensible, et elle aurait peut-être dû le taire. Mais elle ne pouvait que trop peu en parler. Et elle avait besoin d'en parler.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Lun 23 Nov - 12:36
"J'ai revu Amy, totalement par hasard. Elle semblait toujours aussi... instable."
Isabel répondit à cette observation par un sourire légèrement contrit, qui ressemblerait presque à une grimace. Elle aurait voulu entendre autre chose, mais elle n'était malheureusement pas surprise, et pour cause, Isabel avait gardé contact avec la jeune femme, et elle ne pouvait que constater que son état était bien loin de s'améliorer.
Le cas d'Amy était attristant, parce qu'elle se demandait, en réalité, si quoi que ce soit pourrait l'aider à aller mieux. Elle avait eu bon espoir pour elle, vraiment, quand le couple Benson avait décidé de s'occuper d'elle. N'importe quel parent n'aurait peut-être pas eu la patience de s'occuper d'elle, mais les deux étaient psychiatres : elle était entre de bonnes mains.
Isabel aurait voulu qu'elle sache s'épanouir auprès des Benson, elle aurait voulu qu'elle se sente mieux, qu'elle se sente capable de dépasser ses anciens traumas... mais l'anxiété était une compagne de vie de la jeune femme, et elle vivait avec depuis trop longtemps, sans doute, pour que les choses changent maintenant, malheureusement.
"J'ai encore contact régulièrement avec Amy. Je regrette de constater qu'elle ne va pas mieux. J'ai même l'impression que, dernièrement, elle va plus mal encore..." Et ça l'inquiétait beaucoup. Elle aimerait intervenir, à son humble échelle, mais Amy lui fermait constamment la porte, toujours, ne lui laissait aucune opportunité, aucun accès à ce quelque chose qui la perturbait tant.
"Et j'ai revu Tom, également."
Isabel était davantage surprise de l'apprendre. Elle savait de qui parlait Sarah, même si Tom était un nom assez répandu en Angleterre, il n'y en avait eu qu'un seul à l'orphelinat, et autant dire que cet enfant avait très largement marqué les esprits de quiconque avait côtoyé de près ou de loin l'orphelinat Wool, comme c'était évidemment le cas d'Isabel.
Elle n'avait jamais su s'attacher à ce garçon. Son empathie naturelle l'avait poussée à s'intéresser à lui autant qu'aux autres, bien sûr, mais elle n'avait jamais été capable de le cerner, en fin de compte, et c'était une chose qu'elle n'avait définitivement pas appréciée.
Maintenant, elle restait néanmoins curieuse, et pour cette raison, elle ne pouvait que vouloir interroger son interlocutrice sur la question.
"Je n'avais plus entendu parler de lui depuis longtemps.", observa Isabel. "Comment va-t-il ? Qu'est-ce qu'il devient ?"
Nagini A. Sumadi
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mar 8 Déc - 14:24
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Le cas d'Amy perturbait beaucoup Nagini. Il était évident que la jeune femme en savait beaucoup trop, pour son propre bien, et que cette situation pourrait très mal tourner pour elle. La Maledictus avait peut-être été rude avec elle, mais elle ne voulait en soi que son bien. Elle ne voulait pas qu'elle subisse les conséquences des événements en cours, mais si elle ne mettait pas un pas de côté, c'est ce qui arriverait forcément. Nagini ne pensait pas pouvoir faire quoi que ce soit pour l'empêcher d'accuser les conséquences de ses actes, mais Isabel, qui sait, réussirait peut-être plus facilement à lui faire entendre raison ?
Sans doute ne devait-elle pas trop y compter... mais le fait d'évoquer le sujet laissait entendre qu'en passer par son amie était peut-être une option, mais il était peut-être trop tard pour Amy, et si elle faisait partie d'un plan plus grand que cela, alors peut-être qu'il fallait juste... laisser faire et ne pas demander à intervenir. Elle devait cesser de vivre pour les autres... en dehors de lui. Cela ne lui apporterait absolument rien de bon. Elle devait se détacher de ce passé trop pesant. Et de songer à son avenir, un avenir angoissant, l'avenir sous la forme d'un monstre, mais c'était son avenir.
"Tu devrais lui parler. Moi... je ne suis pas sûre d'avoir trouvé les mots qui conviennent."
Vu la manière dont leur conversation s'était passée, c'était même évident, mais Nagini ne pourrait pas en donner les détails. Ce n'était pas forcément malin de mêler Isabel à tout ça, mais elle préférer se dédouaner de cette situation tout en n'ayant pas l'impression d'avoir... abandonné Amy, même si c'était en partie le cas.
"Tom va bien... Il a... de grandes ambitions. Je crois qu'il ira très loin."
C'était une manière pour Nagini de tout dire sans rien dire en même temps. Chacun des mots qu'elle prononçait étaient à ses yeux justes et mesurés mais ne s'inscrivaient bien évidemment que dans leur seul contexte. Pour le moment, Tom Jedusor était seulement quelqu'un qui avait appartenu au passé d'Isabel, et que cette dernière avait oublié, mais bientôt, plus personne ne pourrait l'oublier ni ignorer qui il était. Pas forcément sous l'identité qui avait été la sienne et de laquelle il ne voulait plus rien savoir, mais sous une autre, qui importerait tout autant. Si ce n'est plus.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Ven 11 Déc - 12:17
"Tu devrais lui parler. Moi... je ne suis pas sûre d'avoir trouvé les mots qui conviennent."
Isabel aurait envie de rassurer son amie en lui assurant qu'elle avait sans doute largement su trouver les mots, et qu'il était dans tous les cas difficile d'apaiser, de soulager un cas aussi compliqué et affecté qu'Amy Benson, mais elle mentirait au moins en partie.
Isabel avait beaucoup d'affection pour son amie, ce n'était pas quelque chose qu'elle avait le moindre besoin de feindre, mais il fallait reconnaître qu'elle n'était pas toujours d'un abord très... facile. Cela n'avait rien à voir avec un mauvais caractère. Il n'y avait rien d'antipathique en Sarah Reeves, loin de là. Et même, au contraire, Isabel était un trésor de gentillesse et de patience, de douceur, même... Mais elle était renfermée, secrète, farouche.
Et quand on mettait deux personnes renfermées, secrètes et farouches face à face, il y avait peu de chance pour qu'en résulte quoi que ce soit que l'on puisse associer à un sentiment de réel succès, cela va sans dire. Isabel était plus... patiente, peut-être, et dans tous les cas, elle s'inquiétait du sort de la jeune femme. Ce ne serait sans doute pas un mal d'aller lui parler, effectivement.
"Tu as raison, j'irai lui parler", lui assura-t-elle en se disant que ces mots pourraient sans doute rassurer son amie, et qu'elle devait avoir besoin de les entendre.
"Tom va bien... Il a... de grandes ambitions. Je crois qu'il ira très loin."
De grandes ambitions et Tom, c'était presque un pléonasme. Isabel ne pourrait pas prétendre l'avoir aussi bien connu que Nagini, il faut dire que le garçon lui avait toujours été difficile d'accès, même quand il était encore haut comme trois pommes. Mais malgré tout, Isabel était assez convaincue de cela.
Ce petite garçon étrange donnait l'impression, même en bas âge, de vous regarder de haut. Isabel ne s'était jamais vraiment senti d'affinités avec lui, elle ne pensait pas que ça ait été le cas de qui que ce soit au sein de l'orphelinat Wool.
"Je ne suis pas surprise de l'entendre." Isabel marqua une pause. "Je te sens un peu nostalgique. Je me trompe si je dis qu'ils ont l'air de te manquer ?"
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Sam 19 Déc - 10:50
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Entendre Isabel lui assurer qu'elle allait parler à Amy rassurait Nagini. Rien ne lui garantissait que cela allait arranger quoi que ce soit et aboutir au fait qu'Amy cesserait de se mêler de ce qui ne la regardait pas et se tiendrait à l'écart d'une réalité qui pourrait lui causer beaucoup de tort, mais c'était tout de même bien possible. Tout comme un autre cas de figure était aussi possible. Et si Amy décidait d'apprendre toute la vérité à Isabel ? Sur la sorcellerie ? Sur Tom... Est-ce que ça n'allait pas finir par devenir singulièrement dangereux ? Peut-être bien, elle ne pouvait que le redouter, d'ailleurs.
Mais elle faisait le choix de s'en inquiéter le moins possible, même si Amy en venait à dire la vérité à Isabel, Nagini avait envie de penser que, malgré tout, ce ne serait pas un inconvénient : Amy était fragile, il y avait très peu de chances pour qu'Isabel, une femme très rationnelle, la croie.
Au mieux, ça la convaincrait peut-être de la tenir à l'écart et de lui apporter un encadrement thérapeutique adapté, qui lui permettrait par conséquent d'être tenue à l'écart. Oui, peu importe l'angle sous lequel elle observait les choses, cela semblait être la meilleure chose à faire. Elle n'était pas capable de gérer cela de son côté, elle n'en avait pas envie non plus, d'ailleurs. Ce n'était pas comme ça qu'elle envisageait les choses. Il ne devait pas y avoir d'incidence extérieure de cette nature.
Elle laissa Isabel reprendre la parole et laisser ce sujet de côté. Isabel n'était pas surprise d'entendre que Tom était un garçon ambitieux et qu'il irait très loin. C'était après tout logique. Quiconque l'avait un tant soit peu connu, même un court instant, ne pouvait pas vraiment en douter. Même alors qu'il n'était encore qu'un enfant, sa volonté et sa conviction crevaient l'écran. Il était impossible de passer à côté de ce constat.
Isabel observa qu'elle avait l'air nostalgique. Ce n'était pas un adjectif qu'elle aurait envisagé d'utiliser, mais maintenant qu'elle y pensait, peut-être qu'il y avait de ça. Elle avait aimé le temps qu'elle avait passé à l'orphelinat, pour une raison simple : elle s'était sentie utile, elle avait eu l'impression de compter pour quelque chose, elle avait trouvé un rôle et une nouvelle place. Elle avait la nostalgie de cela. Mais elle n'aurait aucune envie de revenir à l'orphelinat Wool maintenant. Son temps là-bas était achevé, c'était certain. "Parfois, oui", choisit de répondre Nagini tout en décidant de se montrer le plus évasive possible. "Mais c'est derrière moi."
Il fallait savoir tirer sa révérence quand nécessaire. Et ce qui la préoccupait à présent était ce qui était au-devant d'elle, et c'était bien plus, beaucoup plus que ce qu'elle s'était imaginée.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mer 30 Déc - 12:10
"Parfois, oui"
Sarah se montrait évasive, pas entièrement honnête. C'était une chose qu'Isabel ressentait et regrettait par la même, sans estimer pouvoir y faire grand-chose. Elle ne pouvait pas forcer son interlocutrice à la confidence, elle le savait bien et elle était bien incapable de se mettre dans ses chaussures, de penser à sa place. Elle l'avait voulu, plus d'une fois, mais avait très vite compris que l'entreprise était vaine et plutôt inutile.
Des questions, elle s'en posait beaucoup au sujet de son interlocutrice, mais les réponses n'advenaient jamais, ou jamais, en tout cas, ainsi que le souhaiterait Isabel. Empathique, soucieuse du bien-être de ceux qui l'entouraient, Isabel voudrait vraiment être à même d'aider son interlocutrice, mais l'entreprise semblait vaine, une perte de temps, en somme, et il fallait apprendre avec, accepter que leurs conversations restent en surface des choses et réussir à s'en contenter.
Au-delà de la nostalgie, un autre sentiment avait l'air de submerger Sarah, sans lui laisser de répit. De quoi pouvait-il bien s'agir ? Elle n'en avait pas la moindre idée, mais c'était tout de même évident, et elle aimerait savoir. Elle se disait qu'il avait dû se passer quelque chose, à l'orphelinat, quelque chose qui avait précipité son départ de l'orphelinat, une chose qu'elle n'avait toujours pas digérée, une chose dont elle ne parlait pas mais qui n'en était pas moins certaine, pas moins réelle. De là à savoir de quoi il pouvait bien s'agir, il y avait un monde.
"Mais c'est derrière moi."
Cela, Isabel l'avait bien compris. Et pour que Nagini se montre à ce point catégorique, c'était qu'il avait définitivement dû se passer quelque chose. Quoi ? La question restait entière, et Isabel comprenait qu'elle aurait du mal à tirer les vers du nez à son interlocutrice, quand bien même elle le voulait.
Bien sûr, cela la démangeait que de lui demander très directement pourquoi. Pourquoi tout ceci était derrière elle ? Pourquoi la jeune femme avait-elle décidé de passer à autre chose, pourquoi cette page fermée semblait entraîner d'autres considérations beaucoup plus complexes. Mais elle n'obtiendrait pas gain de cause.
"Et qu'est-ce qui est devant toi, alors ?"
Elle n'était pas sûre qu'elle obtiendrait plus de réponses en posant la question de cette manière, mais elle s'y essayait malgré tout, sait-on jamais.
Nagini A. Sumadi
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mer 13 Jan - 8:58
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Isabel avait le don de la sonder, toujours, et c'était autant un défaut de sa part qu'une qualité évidente. Elle avait souvent permis à Nagini de se remettre en question, de mettre ses idées au clair... C'était une bonne chose, car souvent, ce n'était pas du luxe. Même si, à certains moments, ça la mettait franchement mal à l'aise. Nagini avait parfois l'impression que, en insistant un peu, Isabel pourrait la percer à jour et découvrir ses secrets, tout ce qu'elle s'appliquait à dissimuler, tout ce qu'elle ne voulait surtout pas que qui que ce soit apprenne. Et dans cette situation présente, c'était précisément ce qui était en train de se passer. Nagini se sentait mise au pied du mur, et ce sentiment n'avait rien d'agréable.
Les questions d'Isabel étaient bien innocentes, elle ne se contentait jamais que de s'intéresser à elle et à sa vie, et si on ne lui posait pas de questions, on ne pouvait pas en apprendre grand-chose, de cette vie, exactement. Mais peu importe l'insistance d'Isabel, il y avait bien des choses que Nagini ne pouvait pas dire. De manière générale, sa vie était en train de devenir un immense puits de mystère, et les choses n'allaient pas changer. Elles pouvaient changer d'autant moins. Qu'est-ce qui était devant elle ? La question n'était pas absurde, elle avait de l'intérêt. Mais Nagini, elle, n'avait pas vraiment de réponses, pas de réponses avouables serait plus juste.
Avant ses retrouvailles avec Tom, elle pensait que devant elle, il n'y avait rien, rien du tout. Le néant ou la monstruosité, quelque chose qui allait évidemment la briser, la détruire. Elle n'échapperait pas à la monstruosité... mais peut-être pourrait-elle échapper au néant, en revanche ? Et à ce néant, elle tenait à échapper plus que tout. Plus elle le sentait se rapprocher, plus elle voyait s'affirmer la part reptilienne de sa personne, plus elle se sentait décliner. De nuit en nuit, chaque retour de transformation lui était plus pénible, lui était plus long et difficile. Elle avait bien du mal à savoir se réveiller, à savoir se reconstituer. Bientôt, elle ne sera plus que la bête, elle en avait totalement conscience, et c'était de plus en plus difficile.
"Je ne sais pas exactement", fit le choix de répondre Nagini, même si ce n'était pas le cas du tout. Elle n'aimait pas devoir lui mentir en peine face, mais dans cette conversation, elle ne pouvait se permettre de se montrer complètement honnête. Elle ne pouvait pas se le permettre. "Je crois que j'ai seulement envie de me laisser porter par les circonstances."
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mer 20 Jan - 12:24
"Je ne sais pas exactement."
Sans surprise, c'était par de la pure hésitation que lui répondait Sarah. Isabel regrettait que son amie n'ait su se forger de plus intimes certitudes quant à sa propre situation, mais elle ne pouvait prétendre en revanche en être surprise en quoi que ce soit. Isabel ne voulait pas verser dans la psychologie de bas étage, mais elle avait tout de même l'impression que son interlocutrice avait souvent, si ce n'est toujours, eu tendance à se reposer sur un autre, une autre, comme si elle n'avait rien à forger par elle-même dans un destin qu'elle considérerait ne pas lui appartenir tout à fait.
Alors l'entendre dire qu'elle ne savait pas ce qu'il pouvait bien y avoir devant elle, ce n'était certes pas très encourageant, mais ce n'était pas, en revanche, une grande surprise, tout au contraire. Et la jeune femme n'avait pas besoin de poursuivre d'objectif précis non plus, c'était dommage, mais elle ne pouvait évidemment être forcée à quoi que ce soit...
Et l'avantage, si l'on peut dire, à ne pas avoir de perspectives, c'est que Sarah pouvait bien décider de choisir celles qu'elle souhaitait, peu importe lesquelles si cela pouvait la rendre heureuse. Encore que le bonheur ne semblait pas être un objectif qu'elle poursuivait forcément. En fait, il était presque impossible de déterminer ce qu'elle pensait, ce qu'elle avait à l'esprit. C'était parfois perturbant, et Isabel aimerait être capable de mieux la cerner.
C'était ce qui lui donnait le sentiment, parfois, que leur amitié n'était pas entièrement à double sens. Sarah avait ses secrets, c'était évident, et de toute évidence, par peur ou encore manque de confiance, elle refusait de les partager avec elle. Dans leurs conversations, elles restaient toujours en surface des choses, c'était assez désarmant, pour tout dire.
"Je crois que j'ai seulement envie de me laisser porter par les circonstances."
"J'imagine que ça peut être bénéfique, parfois", confirma Isabel avec un fin sourire accompagné d'un léger hochement de tête supposé marquer son approbation.
Elle ne le pensait pas complètement. Elle-même aurait bien du mal à laisser son destin, sa vie dépendre des circonstances, elle n'aimait pas l'idée de se laisser porter par le courant, elle préférerait nager malgré tout. Même à contrecourant si nécessaire.
"Après tout, tu es intelligente, tu es belle, tu es encore jeune. Je suis certaine que tu vas trouver ta voie."
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Ven 29 Jan - 11:41
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Parfois, laisser les circonstances guider vos pas n'était pas seulement quelque chose de bénéfique, c'était, en fin de compte, une priorité absolue, une nécessité, de celles qui vous autorisent à survivre, ou à survivre un peu plus longtemps, en tout cas. C'était comme ça que Nagini le vivait, c'était de cette manière qu'elle l'endurait. Elle n'était pas entièrement sincère dans son propos, y compris envers elle-même, en fin de compte, car il n'était pas tout à fait vrai qu'elle était totalement portée par les circonstances. Elle avait fait un choix, et c'était un choix conscient. Elle savait que beaucoup ne seraient pas à même de le comprendre, de la comprendre.
Très souvent, elle se rappelait Credence, dont les choix n'avaient pas forcément été différents des siens à l'heure actuelle. Des choix qu'elle lui avait reprochés à l'époque (avec en plus la possibilité de ne le maudire qu'en silence, puisqu'il n'était plus là), mais qui à présent semblaient les seuls viables. Et elle n'agissait même pas vraiment en désespoir de cause. Elle était certaine de ce qu'elle voulait, convaincue que c'était une chose qu'elle devait faire, que c'était une nécessité absolue.
Nagini baissa les yeux face à la quantité de compliments que lui faisait Isabel. Elle ne se reconnaissait dans aucun d'entre eux, en réalité. Etait-elle si intelligente ? Elle ne le pensait pas. Au mieux son intelligence était-elle moyenne, sans plus. Etait-elle belle ? Elle ne se posait pas la question. C'était une question qu'on ne se posait que si l'on voulait plaire, et il n'en était pas question pour la Maledictus. Et non, elle n'était plus si jeune. Et elle se sentait s'éteindre, petit à petit. Le temps lui était compté, elle le savait bien. La plupart des Maledictus ne tenaient pas aussi longtemps, et elle voyait bien le changement qui s'opérait en elle. Elle contrôlait de moins en moins ses transformations, ces dernières étaient de plus en plus longues, et il lui était presque impossible d'en revenir. C'était insupportable de se sentir à ce point fragile. Elle avait presque envie d'atteindre enfin le point de rupture, qu'on en finisse. Elle n'en pouvait plus. Et le simple fait de se sentir prête à se transformer totalement en disait long sur son état d'esprit.
"Sans doute...", répondit-elle alors, une fois de plus le plus évasivement possible. Elle n'avait vraiment pas envie de s'épancher trop longuement sur la question. "Et toi alors ? Quels sont tes projets ?"
Détourner l'attention et se focaliser sur Isabel lui paraissait être la meilleure manière de procéder à l'heure actuelle. S'il fallait parler d'avenir et de projets, c'était de toute façon sur elle qu'il était préférable de focaliser l'attention.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mar 2 Fév - 12:38
"Sans doute..."
De toute évidence, Sarah n'était pas convaincue par les propos que tenait Isabel. Cette dernière voudrait posséder de meilleurs arguments, être vraiment capable de lui faire comprendre à quel point elle était exceptionnelle, à sa manière. Elle voudrait qu'elle puisse entendre ses compliments et les accepter comme tels, mais elle savait d'ores et déjà que c'était peine perdue.
Sarah avait pourtant de vraies qualités. Isabel n'avait rien exagéré à son discours, vraiment rien. Mais elle ne voyait pas insister, ce serait malvenu, et surtout, elle comprenait bien que, peu importe l'énergie qu'elle déploierait à convaincre son interlocutrice, cette dernière ne la croirait pas. C'était malheureux, mais c'était ainsi.
Elle espérait que les circonstances en elles-mêmes permettraient à la jeune femme de comprendre sa valeur et de trouver sa voie. On disait souvent qu'Isabel était de bon conseil, qu'elle savait être une oreille attentive et guider les autres sur la meilleure voie possible. Elle avait un peu l'impression de contrevenir à tous ses devoirs à l'heure actuelle, mais elle ne pouvait pas forcer son amie au dialogue ou aux confidences. Elle tenterait peut-être d'insister encore un peu, plus tard, mais pour le moment, elle ne se voyait pas faire mieux.
"Et toi alors ? Quels sont tes projets ?"
Qu'elle lui retourne la question était plutôt logique, et valait certainement mieux. Et Isabel était prête à répondre à son interlocutrice avec le plus grand effort de transparence possible.
"Oh, je suis plutôt satisfaite de ma vie telle qu'elle est, à présent, mais je dois bien reconnaître..."
Elle hésita un instant à partager son projet, sans raison particulière, pourtant, car c'était un projet sain, naturel, et logique à cette période de sa vie. Elle avait trente ans, après tout, il était plus que normal qu'elle envisage les choses ainsi dorénavant.
Elle se sentait bien dans ses activités caritatives, elle était comblée par la présence de Bill à ses côtés, et même si sa famille, qui ne lui pardonnait toujours pas son mariage, lui manquait, elle était tout de même heureuse.
"Cette grande maison me paraît bien vide, souvent. J'aimerais fonder une famille, tu vois ? Je pense qu'il est temps."
Elle voulait avoir des enfants, c'était aussi simple que cela. Mais même ce qui pouvait paraître le plus simple à première vue n'était pas toujours aussi simple quand on y regardait de plus près. Car ce désir qu'elle entretenait, ce rêve qu'elle caressait, était loin d'être partagé par le principal concerné.
Nagini A. Sumadi
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mer 10 Fév - 16:08
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Nagini s'attendait à ce que son interlocutrice lui réponde qu'elle menait la vie idéale sans nuancer du tout son propos. Elle n'en aurait pas du tout été surprise, car de l'extérieur, sa vie paraissait en effet ce qu'il y a de plus idéale, de celle que l'on peut aisément vouloir et convoiter soi-même quand on ne la vivait pas de l'intérieur (car il fallait toujours se méfier des apparences, c'était un lieu commun, certes, mais également un fait, et la Maledictus en savait à l'évidence quelque chose, pouvait le comprendre mieux que personne).
Tout avait l'air beau, sur le papier, dans la vie d'Isabel, il faut bien le dire. Elle était encore très jeune, elle était particulièrement belle, et elle cumulait autrement des qualités de coeur évidente, comme la capacité d'écoute et la générosité, en plus d'être loin d'être bête. Elle était, qui plus est, aisée grâce à la fortune de ses parents (même s'il y avait des frictions entre elle et eux), elle était mariée à un homme qu'elle aimait à l'évidence profondément. En bref, elle cochait toutes les cases envisageables de la belle vie, il suffisait de voir cette maison où elle habitait...
Mais bien souvent, il y avait un mais, et dans la vie d'Isabel aussi, apparemment, puisque même si elle commença en confessant qu'elle avait en effet une vie de rêve, elle nuança tout de même son discours en admettant que tout n'était pas forcément complètement rose au paradis. Cela paraissait franchement improbable, et pourtant...
Mais apparemment, ce qu'il y avait à changer dans sa vie n'était jamais qu'une étape logique dans cette vie telle qu'on voulait nous la présenter, idyllique. Elle avait en effet l'âge de fonder un foyer : rien ne l'en empêchait, mais Isabel paraissait en parler avec une certaine réserve tout de même. Imaginer Isabel mère, il n'y avait pas besoin de beaucoup se concentrer pour que l'image s'impose à votre esprit. Isabel était d'un tempérament maternel : il suffisait pour s'en convaincre de voir comment elle se comportait avec les enfants de l'orphelinat Wool.
"Tu feras une maman exceptionnelle, je n'ai aucun doute là-dessus."
Encore une perspective à laquelle Nagini avait renoncé d'office de son côté. Pour prendre le risque de transmettre sa malédiction à sa fille si elle devait en avoir une ? C'était hors de question. Souvent, elle en voulait à sa mère d'avoir pris un tel risque de son côté, même si en vérité, il était bien possible qu'elle n'ait rien décidé du tout.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Mer 17 Fév - 12:18
"Tu feras une maman exceptionnelle, je n'ai aucun doute là-dessus."
Isabel afficha un tendre sourire à l'adresse de Sarah quand cette dernière lui assura qu'elle ferait une maman exceptionnelle. C'était un compliment qui lui revenait souvent à qui elle confessait son désir d'avoir des enfants (et ce désir se faisait de plus en plus prégnant, car c'était une pensée qu'elle hésitait de moins en moins à partager, et de plus en plus souvent. Au final, c'était sans doute naturel).
Elle ne savait pas si c'était vrai. Elle avait envie de le croire, en tout cas. Elle avait l'instinct maternel, c'était une chose qui ne faisait pas de doute à ses yeux. En revanche, elle ne pouvait pas complètement occulter le fait qu'elle n'avait pas forcément les meilleurs exemples de parentalité pour la guider. Ses parents n'avaient pas été horribles, non, mais ils avaient été imparfaits, tous les parents l'étaient sans doute... mais le souci de la perfection était une chose qui hantait, surtout en matière de parentalité.
Il faudrait qu'elle soit parfaite, parce qu'elle savait qu'aucune faille ne devait être tolérée. Si elle réussissait à convaincre Bill de devenir papa, elle savait qu'il n'accepterait pas qu'il y ait la moindre faille. Ce serait la condition sine qua non au don qu'il consentirait à lui offrir, en parfaite connaissance de cet était de fait, elle ne pouvait ni faiblir ni faillir, ce serait une insulte au cadeau trop parfait qui lui serait fait. Et au sujet de Bill.
"Tu en as parlé avec ton mari ?"
Isabel baissa les yeux, un léger malaise fit doucement pâlir ses traits. Il lui était toujours compliqué de parler de Bill quand il s'agissait de le présenter sous son jour éventuellement plus agressif. Elle-même lui pardonnait ses excès, ces accès, et refusait qu'il puisse être jugé pour ces dernier, sûrement pas, surtout pas.
"Oui... Il est plutôt... difficile à convaincre. Je pense qu'il pense qu'il n'a plus l'âge pour ça. Ou bien il redoute de faire du mal à notre futur enfant. Dans un cas comme dans l'autre, c'est ridicule, je sais qu'il serait un père exceptionnel."
Ce n'est certainement pas Seth qui irait corroborer sa version des faits, mais ça c'était bien sûr une autre affaire.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Ven 26 Fév - 9:16
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Nagini se sentait à des millénaires des inquiétudes d'Isabel. Parce qu'elle était son amie, elle s'y intéressait, mais des préoccupations comme celles qui animaient son amie étaient loin, bien loin, d'entrer en considération pour elle. Oui, elle avait déjà aimé, mais elle ne s'était jamais projeté dans l'avenir auprès de qui que ce soit. Elle s'était projetée, si, avec Credence. Elle se projetait avec Tom, mais c'était autre chose, c'était une affaire de survie, une manière de se survivre à elle-même. En revanche, elle n'avait jamais caressé les projets qui faisaient rêver des personnes comme Isabel Beresford. Se marier ? Vous n'y pensez pas. Elle n'avait rien à offrir à qui que ce soit. S'engager sentimentalement aurait été se rendre malheureuse et être elle-même malheureuse au possible.
Et pour ce qui était de fonder une famille... jamais elle n'aurait fait une bêtise pareille. Elle en voulait parfois à sa mère d'avoir fait une telle bêtise, de lui avoir donné naissance, de lui avoir transmis sa malédiction. Elle, jamais elle ne se permettrait de la transmettre à qui que ce soit. Elle ne devait pas se reposer sur son propre exemple pour minimiser ce qu'Isabel vivait de son côté. Elle avait évidemment le droit au bonheur, et plus que n'importe qui. Isabel était un ange, un trésor de douceur et de compassion. Elle méritait très clairement de mener la vie dont elle avait rêvé.
Même si ça n'avait pas l'air d'être aussi simple que cela. Bill Beresford était un homme plus âgé qu'Isabel, et qui avait déjà eu un fils, apparemment, il n'avait pas envie de s'y remettre. Mais Isabel le vivrait sans doute très mal si elle ne parachevait pas son rêve, naturel et légitime de fonder une famille. Il était encore tôt, ils venaient de se marier, ils avaient encore le temps d'en profiter, et de profiter de leur vie commune. Bill Beresford sortait tout juste de prison. Il fallait qu'il prenne ses marques, il fallait qu'il gagne sa propre liberté. Et il avait peut-être peur de se retrouver privé de sa liberté, comme ça devait être le cas de beaucoup d'hommes, en réalité. "Je suis certaine que tu finiras par réussir à le rassurer et à le convaincre", répondit Nagini, qui ne devrait pas aller trop vite en besogne, elle ne connaissait pas Bill Beresford, elle pourrait très bien ne donner que de très mauvais conseils, et elle le savait parfaitement, en vérité. "Il n'est de retour à la vie civile que depuis peu de temps. Il a sans doute envie de profiter un peu de sa liberté avant de devenir père à nouveau", suggère-t-elle sans trop savoir si ses conseils pouvaient être bons ou non.
Elle n'était pas la meilleure conseillère en la matière.
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Lun 1 Mar - 12:56
"Je suis certaine que tu finiras par réussir à le rassurer et à le convaincre"
Isabel adressa à Sarah un sourire amical et poli. Elle savait que ces mots étaient relativement creux, quelque part. Ce n'était pas dit et fait avec la moindre malveillance, loin, bien loin de là. Elle voulait l'encourager, et ça partait d'une bonne intention, mais son amie n'avait aucune légitimité à comprendre ce qui se tramait au sein de son couple et ce qu'elle était à même de faire ou non.
Elle ne pouvait être sûre de rien, parce qu'elle ne connaissait pas Bill. De manière générale, Bill n'avait pas rencontré beaucoup de ses amies, c'était encore assez difficile de l'intégrer à sa vie personnelle et privée, même si elle le voudrait sincèrement.
Là où Sarah parlait en en sachant quelque chose, c'est qu'elle connaissait le caractère, le tempérament d'Isabel. Elle savait qu'elle ne lâchait absolument rien.
Sous ses airs réservés et sensibles, elle était quelqu'un de vraiment déterminé. Et pour ce qui était d'être rassurant, elle pensait l'être. Isabel était quelqu'un de très empathique. C'était parfois une qualité, et à d'autres moments un véritable défaut.
"Il n'est de retour à la vie civile que depuis peu de temps. Il a sans doute envie de profiter un peu de sa liberté avant de devenir père à nouveau."
Sarah avait un regard avisé sur la situation. Elle n'en donnait pas forcément l'impression derrière ses airs réservés, mais quand elle n'en donnait pas l'impression, elle était toujours à l'écoute. Et le regard qu'elle posait sur la situation était pertinent.
Elle avait raison. Isabel avait été si impatiente de commencer sa vraie vie avec Bill qu'elle ne lui avait pas forcément laissé de temps d'adaptation. Elle voulait tout : le beau mariage, la belle vie à deux, les enfants... mais elle ne pouvait qu'avoir une idée imprécise de l'enfer que son mari avait passé derrière les barreaux.
Elle était convaincue qu'il était encore hanté par ce qu'il avait vécu en prison. Et elle devait être là pour l'accompagner, c'était évidemment important.
"Tu as raison. Je crois que je veux aller trop vite en besogne. Je l'ai attendu pendant si longtemps, tu sais... j'ai parfois du mal à me mettre à sa place." Elle marqua une pause, accompagnée d'un fin sourire. "Je veux aller plus vite que la musique. Je devrais lui laisser plus de temps."
Nagini A. Sumadi
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#Sujet: Re: Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami [Isabel] Jeu 4 Mar - 8:56
Il ne vaut pas la peine de vivre si l'on n'a pas un bon ami
Elles évoluaient dans deux mondes très différents, toutes les deux. Est-ce qu'elle s'en rendait compte ? Nagini, elle, le constatait à chaque minute de leur conversation, mais Isabel, elle, ne le réalisait peut-être pas... comment est-ce qu'elle le pourrait alors que la Maledictus se révélait incapable de se montrer honnête avec son amie. Elle ne lui disait rien de son histoire, de ses craintes, de ses angoisses... Isabel était intelligente et perceptive, mais elle n'était pas devin. Elle ne pouvait pas avoir la moindre idée de tout ce qui lui traversait l'esprit, de toutes les préoccupations qui la tiraillaient et qui étaient définitivement les siennes. Elles n'étaient plus du même monde, non, elles ne l'avaient jamais été.
L'une s'inquiétait de son avenir de monstre sans être capable pour autant de s'exprimer, d'en parler à son entourage. L'autre s'inquiétait de son avenir marital, chose que Nagini ne connaîtrait jamais, ce à quoi elle ne serait jamais capable de s'indentifier, en mesure de véritablement comprendre. Pour Nagini, cette conversation était la preuve que le fossé se creusait. Elle voulait retrouver leur amitié, elle guettait ce qu'elle pourrait trouver d'humanité dans leur échange, parce qu'elle avait encore besoin un peu de s'y accrocher. Le temps qu'il restait, et il restait très peu de temps. Alors elle mettait un petit pied dans le monde de son interlocutrice, mais il lui était de plus en plus difficile de se sentir concernée par le discours de son amie.
"C'est parfois difficile d'être patient, on a souvent l'impression que le temps joue contre nous", reconnut Nagini avec douceur, réflexion qu'elle se faisait presque plus pour elle-même que pour son interlocutrice. En fait, oui, c'était une réflexion qu'elle se faisait pour elle-même avant tout. "Il doit avoir un rapport au temps différent de son côté, j'imagine. Il faut juste que vous trouviez un rythme qui vous soit commun..."
Elle devrait arrêter de parler, réellement, elle sentait bien que cela ne lui rendait pas véritablement service. Nagini sentit un frisson lui traverser l'échine. Elle sentait quelques écailles poindre au sommet de sa colonne vertébrale... En parlant de temps qui courait contre vous.
"Il... je suis désolée, il faut que j'y aille."
Elle n'allait pas comprendre, mais il y avait urgence.