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l avait pu arriver à Cedrella de se demander comment les choses se passeraient si elle devait revenir à sa vie d'avant, d'avant Septimus, d'avant sa fugue, d'avant le rejet général de toute sa famille... Et, assez naïvement il est vrai, elle s'était bien souvent figuré que tout serait précisément comme avant son départ, qu'elle aurait avec ses soeurs et sa famille en général la même relation qu'à l'époque, qu'il lui suffirait de remettre un pied dans le monde qu'elle avait quitté à toutes jambes pour que tout soit précisément comme cela avait été. Mais bien sûr, ce ne pouvait pas véritablement se passer de cette manière, et son retour le lui avait cruellement signifié. Plus rien n'était pareil, que ce soit ses relations avec ceux qu'elle n'avait pourtant jamais cessé d'aimer, ou encore ce quotidien qu'elle avait tant regretté et qui aujourd'hui lui paraissait... insipide et superficiel.

Parfois, elle se disait que c'était Charis et Callidora (surtout Callidora) qui avaient changé, à d'autres moments, elle se raisonnait. Non, ce n'était pas elles, c'était elle. Septimus l'avait changée. En mieux, en pire ? Elle n'en savait rien, mais elle n'était plus la même. Elle qui avait collé parfaitement au moule pour lequel on l'avait façonnée ne réussissait plus à y rentrer. Quelque chose ne fonctionnait pas, quelque chose détonnait. Il y avait de bons moments, parfois, pourtant. Ces réceptions fastueuses, le confort d'un immense manoir, une garde-robe presque illimitée... elle mentirait en prétendant qu'elle n'était pas heureuse de retrouver tout ça... mais il y avait un vide. Et elle ne réussissait pas à le combler. Ce n'était pas faute d'essayer, de toutes les manières possibles, mais rien n'y faisait.

Parmi les choses ou plutôt les personnes qui lui avaient si terriblement manqué, il y avait Belvina Beurk. Elle avait eu un peu peur de se confronter à elle de nouveau... pas qu'elles se soient laissées en mauvais terme, mais... en réalité, elles ne s'étaient pas laissées du tout. Cedrella était partie, c'est tout, et Belvina, qui s'était tant occupée d'elle étant enfant, avec qui elle avait partagé tant de moments de complicité simples, était devenue une autre croix à tracer. Maintenant qu'elle était de retour, elle avait forcément envie de la revoir et de passer du temps avec elle, mais évidemment, elle s'inquiétait un peu de la manière dont les choses se passeraient. Belvina avait-elle de la rancoeur à son égard ? Elle le pourrait...

Dans tous les cas, Cedrella allait le savoir bien vite puisqu'elle avait invité Belvina chez elle... enfin, chez Charis et Caspar, mais ces derniers étaient en déplacement avec le petit Barty, elle avait donc la demeure pour elle seule. Belvina avait accepté l'invitation, c'était un début. Quand on frappa à la porte, Cedrella ne laissa pas à l'elfe de maison le soin d'intervenir, elle se précipita pour accueillir Belvina en personne.

-Bonjour Belvina, merci d'être venue. Je suis heureuse de te revoir.

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edrella ne s'était pas attendu à des effusions et à des retrouvailles chaleureuses, et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher d'avoir le coeur serré quand, à chaque fois qu'elle se retrouvait avec l'une de ces personnes qui avaient tant compté dans sa vie, il y avait cette distance, ce semblant de froideur... C'était normal, elle était la seule à blâmer pour cela. Elle avait disparu de la circulation pendant une éternité, logique qu'on ne l'accueille pas à bras ouverts.

Logique, certes, mais douloureux malgré tout. Cedrella avait espéré que Belvina lui répondrait qu'elle aussi étai heureuse de la voir, en dépit des circonstances. Mais non, juste... ça faisait longtemps, ce que Cedrella ne pouvait s'empêcher d'interpréter comme un reproche déguisé (qu'elle n'avait évidemment pas volé). Tous autant qu'ils étaient, ils allaient se montrer d'une extrême intransigeance envers elle, elle l'avait bien compris... Et elle devait faire avec. Et tenter justement de recoller les morceaux brisés du mieux possible... C'était un exercice auquel elle commençait à être largement habituée... Il ne lui plaisait pas pour autant, mais... il fallait en passer par là, regagner progressivement la confiance de tous. Et qui sait, peut-être retrouverait-elle sa complicité d'antan avec sa tante ?

-Oui..., reconnut doucement Cedrella, sans pour autant s'excuser non plus. Elle ne comptait pas passer sa vie à répéter, encore et encore, qu'elle n'aurait jamais dû partir. Elle voulait faire table rase du passé, un point c'est tout. Entre, je t'en prie.

Elle conduisit Belvina dans le salon et laissa à l'elfe de maison le soin de prendre la relève pour ce qui était de leur servir le thé et quelques gourmandises. Elle l'avait bien compris, elle allait devoir mener la conversation si elle ne voulait pas qu'un blanc éternel et insoutenable s'installe entre elles.

-Comment vas-tu ? Tout se passe bien pour toi ? Comment va Herbert ?

Elle voulait tout savoir, rattraper le temps perdu, et elle espérait de tout coeur que son interlocutrice allait accepter de baisser un peu sa garde, de lui laisser une chance et de lui en apprendre plus sur son quotidien, et sur les récents événements. Cedrella se mettait progressivement à jour sur les grands événements qui avaient bouleversé la famille. Elle savait pour l'agression d'Orpheus, pour l'emprisonnement de Despina... Elle se doutait que le quotidien de Belvina devait en être bouleversé, mais elle espérait qu'elle tenait bon malgré tout. Cedrella s'inquiétait pour elle, et voulait vraiment tout faire pour être présente pour Belvina maintenant qu'elle était de retour. Si Belvina lui laissait reprendre cette place dans sa vie.

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a réponse de Belvina ne dissimulait pas combien la situation de son interlocutrice était difficile ces derniers temps, et même si Cedrella en était malheureuse pour elle, elle appréciait tout de même qu'elle ne lui fasse pas l'affront de se taire ou de faire comme si de rien n'était alors qu'elle se trouvait dans une situation délicate. Si Cedrella ne pouvait pas faire grand-chose pour l'aider, elle voulait au moins l'écouter et être digne de ses confidences, le fait qu'elle lui parle, même si c'était en restant encore en surface des choses, l'encourageait à penser qu'elles retrouveraient cette relation qu'elles avaient un temps perdu... par la faute de Cedrella, évidemment.

La situation n'était donc pas évidente pour le couple Beurk, selon ses termes, et la jeune femme se doutait que c'était clairement là un euphémisme... La situation, au-delà de peu évidente, paraissait surtout chaotique au possible... Certes, le pire paraissait avoir été évité puisque Despina était en prison, dorénavant, mais certaines choses demeuraient en suspens, et si Cedrella ne savait pas toute l'histoire, elle en devinait aisément une partie tout du moins.

-Je suis sûre que tu interviens déjà, à ta manière, répondit doucement Cedrella.

Elle avait envie de lui dire qu'à sa place, elle remuerait ciel et terre pour arranger la situation, qu'elle ne laisserait pas les événements dépendre uniquement de son fils et n'attendrait pas que les événements empirent pour lui pour prendre les choses en mains, mais elle n'avait pas envie de générer des tensions inutiles avec une opinion fondée sur du vide. Elle ne pouvait pas se permettre de juger une situation dont elle ne connaissait pas tous les tenants et aboutissants. Par ailleurs, ce n'était pas parce que Cedrella avait toujours tendance à vouloir influencer les événements auxquels elle prenait part que c'était un bon conseil. C'était même tout l'inverse. L'impulsivité avait rarement été bonne conseillère pour Cedrella... il suffisait de voir où elle en était à l'heure actuelle pour en avoir pleinement conscience.

-Tu es présente pour Orpheus et pour Amos, et je pense que c'est une des choses dont il a le plus besoin en ce moment.

Elle marqua une légère pause. Elle n'avait pas envie que Belvina lui reproche son indiscrétion, mais en même temps, elle tenait à ce qu'elles puissent parler à coeur ouvert, comme elles en avaient l'habitude autrefois. Même si elles ne se disaient pas tout non plus à l'époque, preuve en était de tout ce qu'elle s'était gardée de dire concernant sa relation avec Septimus. Finalement, elle décida de poser la question, si son interlocutrice ne voulait pas répondre... eh bien elle ne répondrait pas.

-Quand tu dis "ils", tu parles de qui exactement ?

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ls étaient nombreux, en effet, à vouloir faire tomber Orpheus. Pour certains des noms que prononçait son interlocutrice, Cedrella n'était pas spécialement surprise. Que Despina en veuille à son époux semblait logique, elle était en prison et devait le tenir pour responsable, et elle avait cherché à le tuer, rien d'anormal à cela. Et rien d'alarmant non plus selon Cedrella, parce que la parole d'une prisonnière condamnée pour meurtre n'avait guère de valeur, pas plus que la parole du père de la prisonnière, dont l'opinion n'était que motivée par l'énergie du désespoir.

Oui, elle comprenait qu'il soit contrariant de subir l'opposition, mais ce n'était pas, aux yeux de Cedrella, une opposition très sérieuse. Pour ce qui était de Nobby Leach, elle ne le connaissait que de nom et de réputation, et elle reconnaissait que sa position n'aidait pas vraiment à arranger leurs affaires, mais elle voulait croire tout de même que rien de tout ceci ne devrait impacter les Beurk... pas concrètement, du moins, même si l'impact sur le moral de la famille, d'Orpheus et de ses parents, et même du petit Amos, ne devait évidemment pas être négligeable, bien loin de là.

Cedrella s'épargna par ailleurs tout commentaire quand Belvina évoqua le nom de Dosia. Elle préférait ne rien dire au sujet de sa cousine... parce qu'elles étaient restées amies en dépit des circonstances, et Cedrella lui devait trop pour faire comme si de rien n'était... Qu'elle se ligue contre son propre frère ne l'étonnait pas forcément, et en tant qu'Auror, peut-être qu'elle pouvait compliquer la situation, mais elle préférait néanmoins ne pas trop en dire, ça semblait plus que préférable.

-J'imagine combien cela doit être difficile à endurer.

L'acharnement, elle connaissait, à son échelle, elle l'avait aussi subi, mais elle allait éviter, bien sûr, de comparer sa situation à celle de son cousin. Dans tous les cas, subir les foudres d'une grande partie de son entourage, et de personnes qui avaient compté pour vous était forcément quelque chose de difficile, d'éprouvant, et c'était très évidemment quelque chose d'injuste au possible. Difficile à endurer, oui, ça l'était forcément, évidemment. Mais Orpheus avait un fort caractère, il avait l'air de plutôt bien s'en sortir, peut-être même que sa mère souffrait plus de cette situation que lui-même. Et pas seulement elle.

-Et Amos, comment vit-il cette situation ? s'enquit-elle aussitpot.

La situation d'Orpheus était compliquée, mais que dire de celle de son fils. Si quelqu'un devait souffrir de cette situation plus que n'importe qui d'autre, ça devait définitivement être lui.

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i cette situation devait être éprouvante pour tout le monde, c'était évidemment au sort d'Amos que Cedrella ne pouvait s'empêcher de songer. La situation devait certes être compliquée pour Orpheus, mais il était un adulte, et qui avait la tête sur les épaules, il était capable de dépasser le traumatisme et d'aller de l'avant quelles que soient les difficultés que l'on placerait sur leur chemin. Il n'était pas certain qu'il puisse en être de même en ce qui concernait Amos, qui n'avait même pas encore mis un pied dans l'adolescence. Pour lui, cette situation était terrible, et il était plus que normal qu'il se soit renfermé sur lui-même. Quand un de vos parents cherchait à tuer l'autre juste sous votre nez, ça ne pouvait que laisser des séquelles durables et violentes, c'était absolument normal et logique.

Et non seulement, donc, il restait traumatisé par les événements, mais il redoutait en plus à présent d'être séparé de son père. Il n'y avait aucune raison pour que cela se produise, bien évidemment, du moins aux yeux de Cedrella, mais il était logique qu'il l'envisage, forcément. Les angoisses irrationnelles étaient de son âge, et vu les circonstances, les événements avaient rendu rationnelles des situations qui ne devraient l'être pour personne, absolument personne.

Cedrella avait de la peine pour ce garçon. Elle ne le connaissait pas du tout, elle n'avait jamais eu l'occasion de lui parler, mais ça ne l'empêchait pas de compatir à ce qu'il endurait. Pour cause, personne, jamais, ne devrait subir une chose pareille, et encore moins à un âge comme celui d'Amos, où tout restait à construire, où on était encore si impressionnable.

-J'imagine, le pauvre... Cedrella poussa un léger soupir. Je suppose que rejoindre les bancs de Poudlard lui fera le plus grand bien, cela lui permettra de changer d'air, de créer de nouvelles amitiés. Même si je suppose qu'il doit trouver difficile de rester éloigné de son père aussi longtemps. Je n'en reviens pas, d'ailleurs, qu'il soit déjà si proche de faire sa rentrée là-bas. Le temps passe si vite...

Et elle a laissé glisser sur elle une longue période d'absence au cours de laquelle elle s'était effacée aux yeux des membres de sa famille. En attendant, elle était loin de réaliser qu'elle mettait sérieusement les pieds dans le plat en évoquant Poudlard. Pour elle ,c'était la solution, pas le problème.

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était en toute innocence, et sans la moindre conscience du plat dans lequel elle mettait les pieds, que Cedrella évoquait le sujet d'Amos, en se disant que c'était un sujet qui pouvait être abordé sans aucune difficulté, et qui ne présentait pas de problème particulier. Certes, il y avait l'histoire ô combien complexe de ses parents, mais justement, il était d'autant plus souhaitable de se focaliser sur ce qui allait suivre. Peu importe la maison que l'on rejoignait, l'expérience Poudlard était toujours particulièrement formatrice, et Cedrella avait envie de croire que le petit Amos (plus si petit que ça, du coup, y trouverait son compte).

Et c'est vrai que le temps passait incroyablement vite. Il lui était assez difficile de se dire que le fils de son cousin, le fils d'Orpheus qu'elle avait connu haut comme trois pommes, allait bientôt faire ses classes à Poudlard. Il en était de même à ses yeux en ce qui concernait sa nièce Augusta. Quand elle songeait que la miss ne tarderait pas à finir sa scolarité à Poudlard, elle en ressentait un léger pincement au coeur, un rien égoïste sans doute, car cela lui rappelait par la même occasion que le temps passait, et à un train fou.

-Vu le nombre qu'on est, justement, tu pourrais bien avoir oublié la naissance de certains d'entre nous, je crois qu'il ne viendrait à personne l'idée de te le reprocher, remarqua Cedrella d'un ton léger. Et c'est vrai qu'on n'a pas toujours été des cadeaux. Enfin, ça dépend, à mes yeux, Callidora, Cassiopeia et Orpheus ont toujours été la sagesse incarnée, mais j'imagine que j'étais un peu biaisée. Ou trop occupée à être une terreur moi-même pour me rendre compte de leurs quatre cents coups.

Si elle était proche de certains de ses cousins, ce n'était pas le cas d'autres, et c'était bien normal. Leur famille était si grande, il ne pouvait en être autrement, et même si elle avait eu l'occasion de voir ses cousins régulièrement dans l'enfance et encore après, c'était tout de même de ses soeurs, évidemment, qu'elle avait été le plus proche.

Enfin... tout ça, c'était avant Septimus. Toute cette situation avait bien sûr rebattu les cartes, et à présent, elle ne saurait plus trop dire de qui elle pouvait toujours s'estimer proche, entre mensonges, amertume, regrets et faux semblants. Elle songeait que tout était plus simple, justement, quand ils n'étaient encore que des enfants. Tout était plus simple, oui... mais tout était plus faux, aussi. Les relations qu'elle savait engager avec les autres étaient dorénavant bien plus honnêtes. Quelque part, on pouvait dire qu'elle avait gagné au change, même si ça ne s'était évidemment pas fait sans dommages.

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était un peu comme si les aînés de chaque fratrie s'étaient senti l'obligation d'incarner l'autorité et la sagesse, si bien que les qualités que l'on pouvait attribuer à certains d'entre eux pouvaient facilement être attribuées aux autres. C'était normal, dans le fond. Les premiers-nés portaient une responsabilité sur leurs épaules que les suivants pouvaient se permettre d'occulter. Cedrella afficha un fin sourire qui pouvait signifier "Oui, effectivement, Pollux aussi", mais elle ne le pensait pas tout à fait en ce qui le concernait. Bon, il s'était clairement bien rattrapé avec le temps, mais l'adolescent qui avait mis sa petite amie en cloque alors qu'il était encore à Poudlard et avait dû forcer ses parents à un mariage express, ce n'était pas exactement ce qu'elle présenterait en exemple. Ceci dit, elle ne se voyait pas revenir là-dessus, d'autant que dans tous les cas, elle savait n'avoir qu'un droit à la parole limité après ce qu'elle avait fait elle-même.

Elle avait le plus grand intérêt à faire profil bas et à ne surtout pas faire des commentaires que l'on pourrait qualifier de déplacés. Il y avait des sujets qui, au sein de la famille, étaient naturellement tabous. On ne parlait pas de l'âge qu'avait Pollux à la naissance de Cygnus, on ne parlait pas de ce qui s'était passé entre Despina et Orpheus, on ne parlait pas de la grossesse tardive de Callidora en même temps que celle de sa soeur, on ne parlait pas de tous les cracmols dûment effacés de l'arbre généalogique familial... tant d'informations glissées sous le tapis pour faire mine que tout allait bien dans le meilleur du monde. Et avec le temps, certains réussissaient sans doute à s'en convaincre. Cedrella, pour sa part, espérait de tout cœur que son cas, sa disparition du paysage familial pour vivre une idylle sans avenir avec un amoureux des moldus, saurait passer inaperçue autant que possible.

-Le temps passe si vite, hein ? Je crois que j'aimerais revenir à cette période. Tout avait l'air beaucoup plus simple, à l'époque, fit-elle avec un fin sourire nostalgique quand Belvina remarqua qu'elle n'avait que de bons souvenirs de leurs jeunes années.

Cedrella aussi, à vrai dire... Du moins... pour ce dont elle acceptait de se souvenir. A l'époque, sa complicité avec ses soeurs n'était pas une émotion factice mais quelque chose de bel et bien réel. Comme ce point lui manquait tout particulièrement !

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omme le temps passait vite ! Il vous filait entre les doigts sans prévenir et changeait le cours de vos existences sans avertissements. Il y avait de très nombreuses choses que Cedrella ferait et vivrait différemment si l'opportunité lui en était donnée. Mais le temps avait ceci de terrible que non seulement il filait à toute vitesse sans jamais envisager de vous prévenir, mais au-delà de ça, il laissait des séquelles sur vos existences contre lesquelles vous ne pouviez rien faire du tout. C'était normal et naturel que d'être nostalgique de ce temps révolu, et qui ne reviendrait absolument jamais. C'était, pour ainsi dire, dans l'ordre naturel des choses.

Et oui, Belvina n'avait aucun mal à croire que c'était encore plus flagrant quand on avait des enfants. Certes, Cedrella n'était pas du tout dans ce cas de figure de son côté (et elle avait connu tant de malchance en matière de vie maritale avortée - partiellement par sa faute qu'elle avait cessé de croire au fait qu'elle fondrait une famille un jour - même si l'existence de Ginny était supposée la rassurer à ce sujet). Belvina avait vu ses enfants naître grandir, puis quitter le nid familial et avoir leurs propres enfants. Quelle évolution ! Comme ça devait être étrange à vivre.

-Je ne peux pas me mettre à ta place, mais je vois déjà ce que c'est avec Augusta. Il me semble que c'était hier qu'elle nous courait entre les jambes, haute comme trois pommes.

Quand sa nièce avait cet âge-là, la vie de Cedrella paraissait beaucoup plus simple, mais les choses avaient beaucoup changé depuis, de manière proche d'incontrôlable, et elle ne pourrait pas dire à ce jour qu'elle se reconnaissait encore en celle qu'elle avait été alors, même si une part d'elle essaie de concilier ces différentes parts de sa personnalités - en vain, sans doute.

-Je ne crois pas que l'âge adulte me réussisse vraiment, et pourtant j'ai bien conscience d'avoir été une gamine immature et capricieuse, admit-elle avec un fin sourire en coin.

Devenir adulte avait au moins servi à cela. Elle avait pris suffisamment de distance avec elle-même pour prendre conscience de défauts qu'on lui reprochait certes à l'époque, mais qu'elle refusait d'entendre alors.

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a famille, un vaste sujet : dans des familles aussi grandes que les leurs, les naissances étaient nombreuses, les départs du foyer, que ce soit par le mariage ou pour des raisons plus obscures, tout autant... Mais c'était bien évidemment compliqué. Cedrella avait toujours observé cela avec plus ou moins de distance...

Avant que Charis ne tombe enceinte et que Callidora ne suive peu de temps plus tard, il n'y avait pas eu de nouvelles naissances au sein de la famille depuis bien longtemps.... Et comme Cedrella venait de le dire, Augusta avait eu le temps de devenir une grande fille. Oui, ça fait en effet toujours quelque chose d’accueillir un nouveau membre dans la famille, et de le voir grandir. Cedrella ne savait que répondre à cela, si ce n'est en approuvant d'un simple hochement de tête.

Cedrella se demandait si elle ne se montrait pas trop personnelle dans sa manière d'aborder leur conversation. Pour chaque réflexion que Cedrella faisait, sans doute un peu trop orientée vers elle-même, Belvina lui répondait de manière plus générale. Oui, de nombreux enfants étaient capricieux, ceci dit, Cedrella espérait tout de même que tous les enfants ne l'étaient pas autant qu'elle avait pu l'être elle-même, parce qu'elle avait conscience de s'être montrée infernale.

Elle pouvait en rire, maintenant... Mais à l'époque, on ne riait pas autant de ses exigences et de ses frasques. Elle n'avait ceci dit pas tant changé que cela, car on pourrait sans mal affirmer que sa décision de tout quitter pour se fiancer à Septimus avait été un autre caprice... Et vu comment les choses s'étaient terminées... il n'y avait pas vraiment d'autres manières de faire.

-Je fais de mon mieux, reprit Cedrella quand son interlocutrice lui dit qu'il était toujours temps de montrer le meilleur de soi-même. Elle ne savait pas trop si Belvina faisait encore une généralité ou évoquait son cas plus personnellement, mais comme bien souvent, Cedrella décidait de le prendre pour elle-même, malgré tout. Mais je pense que beaucoup m'imaginent irrécupérable, à présent.

Etait-ce le cas de Belvina ? Elle était si cryptique, si distante avec ses propres émotions, qu'il était difficile de le déterminer, à vrai dire, et Cedrella doutait fort d'en avoir le coeur net un jour.... Mais elle s'évertuerait malgré tout à entendre son opinion, car cette opinion comptait immensément pour elle.

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edrella ne pouvait que hocher la tête face aux propos de son interlocutrice. La confiance avait ceci d'exceptionnel qu'elle ne s'accordait pas si facilement et qu'il fallait un certain mérite pour l'obtenir... Et de fait quand, comme dans son cas, on finissait par perdre cette même confiance, il était particulièrement difficile de passer outre... D'autant que les famille comme la siennes n'étaient pas vraiment connues pour leur capacité à pardonner. On vous évinçait de la famille aussi facilement que l'on brûlait un point sur une tapisserie ancienne, et tout comme cette marque où son nom aurait dû se trouver sur l'arbre généalogique familial ne disparaîtrait pas si facilement, Cedrella ne pouvait pas espérer quel es choses se passent si facilement.

Elle n'avait pas voulu que les choses se passent facilement, d'ailleurs, mais ce n'était pas parce que l'on avait conscience de son erreur et que l'on savait, tout naturellement, ne pas mériter qu'on vous ouvre ses bras en quelques secondes seulement, qu'il était simple de supporter une situation que l'on n'avait jamais vraiment voulu. Cedrella n'avait jamais voulu s'éloigner de sa famille, mais elle avait été obligée à faire un choix. Dans tous les cas, c'était un choix de coeur. Que ce soit celui de partir ou de revenir. Mais les choix de coeur étaient en réalité les plus difficiles à justifier auprès de la famille Black... Elle n'attendait pas à ce qu'on ferme les yeux sur ses erreurs, bien sûr... mais le rejet de personnes qu'elle-même aimait tant n'en était pas moins difficile à encaisser.

-Tu ne dis que des généralités.

Au moment de prononcer ces mots, Cedrella réalisa qu'elle se montrait sans doute un peu dure avec Belvina, mais Cedrella, même si elle était revenue depuis un moment maintenant, avait encore du mal à accepter la langue de bois de certains membres de sa famille, alors qu'elle savait très bien ce que c'était... Elle en avait fait usage elle-même pendant tant d'années ! Il serait totalement hypocrite de sa part de prétendre le contraire.

-J'ai besoin de ton ressenti personnel, plus que d'une leçon philosophique sur la vie. Ne le prends pas mal... Mais ces grands discours sur la confiance, je les ai tellement entendus que j'ai l'impression que mes conversations ne sont plus que ponctués de sermons de ce genre.

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