A

grippine n'en donnait pas forcément l'air (parce que, en même temps, elle ne donnait pas franchement l'air de grand chose, et elle en était plutôt fière au demeurant), mais il était des situations qui étaient réellement susceptibles de la rendre mal à l'aise ou anxieuse. Et en l'occurrence, elle était un peu des deux tandis qu'elle frappait à la porte de l'appartement de Thésée. Ce n'était pas la première fois qu'elle s'y rendait. Même s'ils avaient encore quelques difficultés à mettre en place une vraie relation tous les deux (logiques, ils avaient du temps à rattraper), ils faisaient cet effort, faisaient de nombreux pas l'un vers l'autre, et donc elle le voyait bien plus régulièrement que lorsqu'il était uniquement son indic. Ceci dit, la situation était encore différente ce jour-là. Parce qu'aujourd'hui, elle n'allait pas seulement célébrer l'anniversaire de son père comme le ferait n'importe quel parent et sa fille, elle allait s'intégrer à toute la clique des Dragonneau et des Kowalski/Goldstein réunis, et ça, l'air de rien, c'était une étape assez intimidante.

Intimidante mais exaltante. Dans le fond, la jeune femme était quand même particulièrement impatiente de participer à cette soirée, de faire connaissance avec le fameux frère de Thésée, notamment, donc ce dernier lui avait parlé plus d'une fois... et de voir aussi quel accueil on lui réserverait. C'est sûr, ça promettait d'être quelque chose, mais si elle reculait face à l'épreuve, surtout une épreuve comme celle-ci, Agrippine ne serait plus Agrippine.

La jeune femme avait fait le choix d'arriver en avance... Bon, finalement plus si en avance que ça. Elle voulait être là une heure avant l'heure dite afin de faire la surprise à Thésée et de l'aider à tout préparer, mais au bout du compte, elle avait seulement dix minutes d'avance. Enfin, c'était toujours ça de pris. Elle ne serait pas contre le fait de pouvoir parler un peu seule à seul avec Thésée avant d'être jetée dans la fosse aux lions. Mais encore fallait-il que le reste de la famille soit entièrement ponctuel, lui.

-Salut, dit-elle avant de gratifier Thésée d'une brève étreinte, pas encore complètement naturelle, mais la jeune femme avait bon espoir que cela finisse par définitivement le devenir au fil du temps. Bon anniversaire. Prenant ses aises, elle retira son manteau et ses chaussures, qu'elle laissa dans l'entrée. Je suis la première arrivée ? Je peux t'aider à quelque chose ? Oh, j'ai ramené une bouteille, aussi. Je sais pas trop ce que ta clique aime ou pas, alors j'ai pris un vin des elfes, normalement il est pas trop dégueu, tu penses que ça fera l'affaire ?

Agrippine parlait de toute façon beaucoup en règle générale, alors ça ne se voyait pas forcément, mais elle était, en l'occurrence, quand même pas mal nerveuse.

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Q

ueenie était aussi enthousiaste que curieuse et impatiente de célébrer l'anniversaire de Thésée. Pour commencer, elle adorait les anniversaires, que ce soit le sien ou celui des autres. Elle aimait les célébrer, elle aimait les organiser, elle aimait l'idée de faire la fête auprès des personnes à qui elle tenait et à leur faire plaisir. Et Thésée Dragonneau n'était pas du tout exclu de l'équation. Certes, elle ne le connaissait pas aussi bien que Tina, d'autant qu'elle avait attendu d'emménager en Angleterre pour apprendre à mieux le connaître, mais cela n'ôtait rien au fait qu'elle l'appréciait vraiment sincèrement. Et puisqu'il leur donnait qui plus est un prétexte idéal pour se retrouver tous ensemble autour d'une table, elle n'allait certainement pas bouder son plaisir. Bien au contraire, même, elle était ravie de chaque moment d'échange qu'ils pouvaient partager.

Queenie avançait avec précaution, flanquée de Jacob et Adrian (un Adrian qui traînait les pieds, d'ailleurs, mais c'était de son âge, il faut dire), jusqu'à l'appartement de Thésée. Avec précaution parce qu'elle avait préparé, assistée de Jacob, un gâteau relativement élaboré, et qu'il serait dommage de renverser. Tout de même, il aurait été un comble que les pâtissiers de la famille ne fasse pas cet effort à cette occasion. Et d'ailleurs, ce n'était pas un effort du tout, au contraire, Queenie y avait pris un grand plaisir.

Ils étaient les derniers arrivés, mais Queenie comprit bien vite que ça s'était joué à peu de choses et que les Dragonneau venaient tout juste d'arriver. Elle salua tout le monde avec chaleur et s'attarda plus longuement sur la fameuse Agrippine. Ah ça, elle avait attendu de la voir en chair et en os, la fameuse fille de Thésée... A bien y réfléchir, chaque fois que la famille se retrouvait autour d'une même table, il y avait un membre en plus. Il devenait difficile d'imaginer qui pourrait être la personne suivante, mais ce qui est certain, c'est qu'il fallait qu'ils cessent de croire qu'ils étaient au bout de leurs surprises. Ce n'était jamais le cas.

-Ne t'en fais pas, ma belle, dit-elle après avoir salué Agrippine, incapable évidemment de ne pas prêter garde à ce qui passait par la tête de la jeune femme qui en menait moins large au fond que ce que les apparences pouvaient suggérer. Tu n'as vraiment pas à t'inquiéter, on est tous ravis que tu sois là. On ne va pas te manger, dit-elle en lui adressant un clin d'oeil avant de tourner le regard vers Thésée. Contrairement à cette petite merveille, dit-elle en faisant référence au gâteau préparé pour l'occasion. Où est-ce que je le dépose ? demanda-t-elle à leur hôte, toujours le même sourire tout à fait rayonnant aux lèvres.

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N

orbert avait toujours eu beaucoup de mal avec les réunions de famille. Et ça ne datait pas d'hier. Depuis tout petit, c'était une chose qu'il avait en horreur, et qu'il lui avait fallu renouveler, encore et encore tout au long de sa vie. Le fait que ses relations sociales se restreignent à un strict minimum faisait que ce genre de rassemblements n'étaient pas si fréquents, certes, mais ils existaient malgré tout, et force lui était de s'en accommoder. Ce n'était, au passage, absolument pas contre celles et ceux qui l'entouraient dans ces circonstances, c'était quelque chose de tout à fait personnel. Norbert avait toujours eu beaucoup de mal avec les interactions sociales de manière générale.

Et le fait qu'en l'occurrence, il ne soit pourtant question que des membres de sa famille, qu'il aimait tous autant qu'ils étaient (enfin... pour Agrippine, il n'avait de toute évidence pas d'opinion vu les circonstances), n'y changeait rien. Quand il serait dans le bain, entouré de toutes les personnes qu'il aimait, le stress le quitterait sans doute bien vite, mais en attendant, il était bel et bien présent, et il lui était absolument impossible de le nier.

Ceci dit, il ne pouvait qu'être présent à l'anniversaire de Thésée, et il ne s'était pas fait prier pour y assister, bien évidemment. D'autant qu'il se doutait que ce moment allait être particulièrement important pour lui. Il allait officiellement présenter sa fille à toute sa famille... il y avait bien évidemment de quoi s'angoisser. A côté, la phobie sociale du magizoologiste pouvait allait se rhabiller. Mais en tous les cas, Norbert comptait bien soutenir son frère, et en dépit des quelques a prioris que l'on pouvait avoir sur Agrippine, il avait bien l'intention de lui réserver le meilleur accueil possible.

Raison pour laquelle il la salua aussi chaleureusement que tous les autres quand ils arrivèrent dans l'appartement de Thésée, où toute la famille ne tarda pas à être réunie au grand complet. Tout pourrait bien se passer, mais il faudrait compter évidemment après Hyppolite, qui ne pouvait jamais s'empêcher de dire tout ce qu'il pensait. On n'allait pas prétendre que sa remarque était entièrement illégitime. Entre le déménagement de Queenie en Angleterre, le retour de Jacob dans leurs vies et à présent l'arrivée d'Agripine, il était assez certains qu'aucune réunion de famille ne savait ressembler à la précédente. Ceci dit, pour cette fois, Norbert voulait tout de même croire qu'ils avaient fait le tour de la question.

-Au lieu de dire des absurdités, le sermonna gentiment Norbert, tu as quelque chose à offrir à ton oncle, je crois ? suggéra-t-il afin de noyer le poisson et de passer sous silence la réflexion d'Hyppolite.

Il n'était certainement pas question de jeter le moindre malaise sur cette soirée qui s'annonçait si bien.

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T

out était prêt, soit. Ce n'était peut-être pas plus mal. Agrippine était tout à fait capable de se reconnaître un petit paquet de qualités, mais elle n'était pas convaincue de savoir jouer les hôtesses idéales comme il se doit, elle aurait sans doute fait un truc ou l'autre de travers si on lui avait donné des responsabilités qui dépassaient le stade de poser ses fesses sur une chaise en se gavant de gâteau. Elle s'apprêtait à répondre quelque chose, mais à ce moment-là, on frappa à la porte. Agrippine posa en direction de l'entrée un regard curieux. Elle était très, très curieuse de les rencontrer, tous autant qu'ils étaient (à l'exception d'Adrian, qu'elle avait déjà croisé), et de faire plus ample connaissance avec eux, même s'il lui restait à l'esprit la pensée de faire potentiellement tache au milieu de cette famille faite de bric et de broc. Pour une fois qu'elle n'avait pas envie d'atterrir comme un cheveu au milieu de la soupe !

Ce furent les fameux Dragonneau qui arrivèrent en premier. Tina la salua avec bienveillance, un bon point déjà, elle n'avait eu qu'un seul son de cloche, elle ne pouvait pas trop savoir comment était passée l'aventure de Thésée dans l'esprit de la famille. On pouvait être très tolérant et ne pas savoir balayer convenablement devant sa porte en certaines occasions, en même temps. Elle les salua tous les uns après les autres.

Après quoi Hyppolite s'autorisa une remarque qui amusa très largement Agrippine, loin de le prendre personnellement. Ainsi donc, son cousin - car oui, cette petite graine d'insolence était son cousin, c'était à peine croyable en fait, elle peinait encore à faire naturellement ces connexions logiques - avait la langue bien pendue, lui aussi. C'était quelque chose qui devait quand même circuler dans le sang des Dragonneau.

-Toi, tu me plais déjà, cousin.

Mais il fut tout de même repris par son père. Ah, le très fameux Norbert Dragonneau ! Bizarrement, elle l'imaginait différemment. La célébrité vous conférait une aura qui se dissipait vraiment quand on admettait l'humain derrière, il lui semblait d'autant plus sympathique.

Puis les Goldstein - Kowalski arrivèrent à leur tour, et Agrippine les salua de bon coeur, avec un petit bonus pour Adrian, avec qui elle avait déjà eu l'occasion d'avoir une longue conversation.

-Contente de te revoir, Adrian, avec un clin d'oeil avant de tourner son attention vers Queenie.

Ah oui, c'est vrai, elle était legilimens... Hum... ça allait faire un sacré paquet de pensées qu'elle allait devoir refourguer le plus loin possible pour les garder hors d'accès. Ceci dit, cette femme semblait être une crème. Elle se fit un point d'honneur de la mettre en confiance immédiatement, et ça marchait, l'air de rien. Toutes deux avaient des formes très différentes de franc parler, mais elle était sûre que ça pourrait parfaitement coller.

-Merlin, ce gâteau a l'air délicieux, Queenie, ajouta-t-elle, s'autorisant d'office la familiarité - peut-être malvenue, elle ne savait pas trop - d'appeler la soeur de Tina par son prénom. J'ai pris trois kilos rien qu'en le regardant, je sens que je vais en faire qu'une bouchée, et je mens pas, en ce moment, je mange pour dix.

En fait, elle mangeait pour deux, mais il faudrait bien, bien plus de temps que ça pour que ses neurones se connectent et comprennent de quoi il retournait. En attendant, tout le monde était là, donc, et Thésée put faire plus "officiellement" les présentations. Ça lui fit un petit quelque chose, d'être appelée "ma fille". Oui, c'était logique, bien sûr, il n'allait pas l'appeler autrement, mais ça rendait la situation d'autant plus réelle, et elle adorait ça.

-Vous n'imaginez pas comme ça me fait plaisir de mettre des noms sur vos visages, à tous, affirma-t-elle tout en prenant place comme Thésée le leur avait recommandé, s'attribuant un place sans savoir s'il y avait un plan de table.

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Q

ueenie, pour lire dans l'esprit d'Agrippine comme dans un livre ouvert, savait que la rouquine était au fond plus nerveuse que ce qu'elle prétendait, mais elle savait parfaitement bien le dissimuler, et surtout, elle avait la volonté de s'intégrer sans trahir pour autant sa nature et son caractère, et c'était une chose que Queenie appréciait beaucoup de découvrir. Et pour ce qui était d'avoir du caractère, Agrippine Tuft n'en manquait définitivement pas, elle n'avait pas la langue dans sa poche et elle ne négligeait pas de commenter et de donner son opinion sur tout ce qui l'entourait.

Queenie sourit largement en entendant le compliment d'Agrippine au sujet du gâteau qu'elle avait préparé, et que Thésée était parti déposer au frais. Elle savait que le compliment était sincère, tout comme son commentaire sur ses fringales et ses kilos en trop, mais c'était prononcé avec légèreté et sans complexe, il faut dire que, de ce qu'elle entrevoyait d'elle, la miss n'en avait pas beaucoup, et c'était tout à son honneur. Son côté déshinnibé avait quelque chose de rafraîchissant, qui ne déplaisait pas le moins du monde à Queenie, sans doute parce qu'elle ne sentait pas de réelle malveillance de sa part, ou, quand il y en avait, cette malveillance était toujours presque... innocente.

Elle ajouta qu'elle était était heureuse de mettre des noms sur des visages, puis de faire remarquer qu'elle avait déjà rencontré Adrian. Elle était aussi surprise que Tina de l'apprendre. Adrian ne lui avait pas parlé de sa conversation avec Agrippine. Devait-elle en être surprise ? Après tout, Adrian avait bien le droit d'avoir ses secrets, mais une part d'elle restait inquiète de ne pas tout apprendre, parce qu'elle craignait que cela signifie une distance entre eux, alors qu'en vérité, cela voulait juste dire qu'Adrian était un jeune homme, et qui devait avoir son jardin secret. Un jardin secret que Queenie cherchait à respecter en ne s'introduisant jamais dans l'esprit de son fils, même quand la perspective était tentante.

-En tout bien tout honneur, hein, je vous rassure, plaisanta Agrippine quand Adrian leur apprit qu'ils étaient allés boire ensemble. Avant de se ressaisir rapidement. Hum... désolée... J'ai un humour un peu douteux, s'excusa-t-elle avec tant de sincérité qu'il était difficile de lui en vouloir pour cet humour justement douteux.
-Je suppose que vous aviez beaucoup de choses à vous dire, en effet, répondit Queenie.

Ce qu'elle pensait vraiment, pour le coup, car les deux avaient en effet beaucoup en commun : tous deux avaient découvert sur le tard l'existence de leur père et devaient l'accepter dans leur vie, cela pouvait logiquement créer des loins.

-Et tu m'as rendu mon fils en un morceau, alors tout va bien, ajouta-t-elle en adressant un clin d'oeil à Agrippine.

Elle avait le pouvoir de savoir qu'aucun mal ne lui avait été fait.

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L

e reste de la famille ne tarda pas à faire son apparition, et très vite, tous les Dragonneau et Kowalski se retrouvèrent réunis. Norbert ne savait trop que penser de cette réunion, il n'était pas mécontent de tous les voir, mais en même temps continuait d'estimer qu'ils étaient beaucoup trop de monde dans une seule et même pièce. Il y avait de bonnes chances pour que, à plus d'une reprise, il trouve un prétexte ou un autre pour s'éclipser discrètement, juste le temps de se... recentrer et retrouver un peu seul avec lui-même. On ne se refait pas, ou jamais complètement en tout cas. Pour sa famille, il était prêt à faire beaucoup d'efforts, surtout alors qu'il a eu si peur de la voir éclater en morceaux, mais il avait ses limites malgré tout.

Thésée put donc faire les présentations, et surtout, présenter officiellement Agrippine à tout le reste de la famille, et s'il ne faisait aucun doute au vu de sa réputation que la rouquine était un sacré numéro, c'était une affirmation qu'elle n'avait, à l'évidence, pas la moindre intention de démentir, loin s'en faut. Une personnalité extravagante qui tranchait singulièrement avec la sienne, mais Norbert ressentait malgré tout la bienveillance qu'elle avait envers son père et sa volonté d'être appréciée et de s'intégrer, même si elle était, selon toute vraisemblance, assez maladroite.

Ce fut l'occasion d'apprendre qu'Agrippine et Adrian s'étaient déjà rencontrés. C'était une chose que Norbert ne savait pas, mais il n'allait pas prétendre tout savoir de la vie de son neveu, surtout ces derniers temps, à l'évidence, il passait par beaucoup, beaucoup de choses. Et comme bien souvent, Norbert passait à côté de beaucoup, beaucoup de choses par la même occasion. Apparemment, ils s'étaient vus et avaient bu un verre "en tout bien tout honneur". La réflexion fit tiquer Norbert... qui disait ce genre de choses ? Queenie semblait décidée à noyer le poisson, et au fond, Norbert approuvait, il devait bien reconnaître que c'était très certainement la meilleure des choses à faire, en l'occurrence. Et Hyppolite, de son côté, avait décidé de se dérober pour aller offrir son cadeau à Thésée. Quelque part, Norbert avait envie de faire la même chose, mais à la place, il se sentit l'obligation de jouer les hôtes de service.

-On ne va pas rester dans l'entrée, suggéra-t-il, mal à l'aise, en se grattant l'arrière de la tête. Il voulut ajouter quelque chose, mais Queenie prit fort heureusement le relai.
-Tu as raison, Thésée ne nous en voudra pas de prendre les devants et de nous installer à table, pas vrai ?
-Oh, vous allez voir, c'est moi qui me suis chargé de la déco, j'ai mis les petits plats dans les grands, façon de parler, venez !
Agrippine les conduisit jusqu'à la salle à manger.
-Y a pas de plan de table, installez-vous où vous voulez, on s'en fiche. Enfin... sauf si on s'en fiche pas ?

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A

grippine s'attendait à tout, y compris à recevoir mauvais accueil au sein de la famille, et pour cette raison, elle avait peut-être un peu tendance à en faire des caisses - encore plus que d'habitude, c'est dire, dans l'espoir tout simple d'être appréciée et bien reçue... Mais tout passait comme une lettre à la poste. Tina, par exemple, se montrait tout à fait joviale avec elle, tout en s'étonnant tout de même du fait qu'Adrian et elle se soient déjà rencontrés (surprise légitime de sa part).

-Sans alcool, le verre, je précise, fit-elle d'un ton très léger quand Adrian évoque leur rencontre non sans un très léger malaise. On s'est trouvé pleins de points communs et d'atomes crochus tous les deux, hein ?

Elle en faisait tellement qu'il était difficile de dire si elle était sérieuse ou pas, mais la vérité, c'est qu'Agrippine gardait un très bon sentiment et une très bonne opinion d'Adrian et de leur conversation. Les deux avaient des caractères aux antipodes, c'est vrai, mais au bout du compte, oui, ils s'étaient particulièrement bien entendus, tous les deux. Elle ne put s'empêcher d'ajouter qu'ils s'étaient vus en tout bien tout honneur, avant d'admettre que c'était probablement la réflexion de trop. Trop tard pour la retirer, néanmoins. Ceci dit, ça avait semblé faire rire Hyppolite, alors c'est que tout espoir n'était pas perdu, après tout. Bizarrement, Agrippine avait toujours eu des facilités avec les ados... sûrement parce que, même si elle avait dû grandir trop vite, elle restait une grande enfant. Heureusement, Queenie passait outre son humour déplorable, et affirma même que puisqu'elle lui avait rendu son fils en un seul morceau, alors tout allait bien.

Agrippine se prit ponctuellement pour la maîtresse de maison et invita tout le monde à s'installer autour de la table, sans savoir s'il y aurait de plans de table ou non, l'essentiel, c'était que tout le monde soit bien installé. A distance, elle regardait en direction de la cuisine, où Hyppolite était venu donner son cadeau à son oncle.

-Je t'aime bien, toi ! affirma Agrippine avec enthousiasme quand Jacob confirma que les plans de table étaient sans la moindre importance. Et merci ! Tu as de la chance en plus, je suis douée pour attirer toute l'attention sur moi, fit-elle d'un ton malicieux quand Jacob affirma être heureux de ne plus être le petit dernier de la famille.

Tout le monde était installé autour de la table à présent, pour le plus grand plaisir d'Agrippine qui réalisait qu'elle n'avait pas connu de tablées à ce point conviviales depuis très, très, très longtemps... En fait, elle n'en avait probablement jamais connue. Les repas de famille, chez les Tuft, ne ressemblaient absolument pas à ça.

-Bon appétit tout le monde ! On va se régaler ! Perso, je me suis affamée toute la journée, si quelqu'un ne finit pas son assiette, il peut compter sur moi.

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