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#Sujet: Les enfants de la Guerre - Warwick Jeu 2 Avr - 0:18
Les enfants de la guerre
Il est rare pour Rose de revenir dans le monde moldu. Ce n’était pas le cas quand elle était plus jeune, mais avec les années, elle a parfois l’impression que son lien avec son mode d’origine s’étiole peu à peu sans qu’elle puisse rien faire. Le conflit qui a embrasé le vieux continent pendant plus de quatre ans est probablement à blâmer. Il a laissé des stigmates chez la jeune femme. Tant de souffrance, tant de mort, au nom de quoi ? Aujourd’hui encore, deux ans après, elle ne comprend pas réellement et comme beaucoup de personnes ayant participé au conflit, elle a ce qu’on appelle un post-traumatisme non diagnostiqué. Sans le savoir, c’est probablement ça et bien d’autre raison qui ont précipité son éloignement de son monde d’origine pour celui d’adoption. Elle veut oublier et quoi de mieux pour ça que de nier une réalité pour s’engouffrer dans une autre. Officiellement, elle est à l’étranger.
Cela dit, il y a tout de même des occasions pour lesquelles elle ne peut s’absenter, les commémorations en font partie. C’est en violet foncé, la couleur des deuils prolongés chez les dames de l’aristocratie, qu’elle apparaît à la cérémonie en compagnie de sa famille. L’ensemble de la maisonnée est présente, même sa petite Georgie, pourtant trop jeune pour avoir réellement compris ce qu’était la guerre. Devant la tête de ses aînés et celles des soldats blessés pour la partie, elle se tient pourtant tranquille, comprenant au moins la solennité du moment.
L’évènement est couvert par les journaux et une fois la séance photos et les questions l’accompagnant passée, elle repère enfin une tête un petit peu plus que familière dans la foule. Elle se dirige vers lui avec un sourire discret et le salue :
- Sergent Grant, je ne savais pas que vous seriez présent.
Si le salut peut paraître formel, il n’est que le reflet d’un retour à la normale. Rose et Warwick se sont connus pendant la guerre et sont devenus amis. Sa mère disait, à juste titre, que les conflits avaient tendance à faire tomber les barrières et il est probable que sans ça, Warwick et Rose n’aient jamais fait connaissance. Lorsque Rose était revenue à la vie civile, elle était redevenue Lady Rose Ashford tandis que Warwick était resté dans l’armée et monté en grade. Autour d’eux, la foule commençait doucement à se disperser et Rose en profita pour se mettre à l’écart avec son ami.
- Que dis-tu d’un verre ? Elle consulta sa montre à gousset pour regarder l’heure. J’ai un peu de temps avant de devoir repartir.
Une fois à l’écart, elle a toute libertée d’être moins formelle, néanmoins, une lady frayant avec un sergent ce n’est pas fréquent même en 1947 et la bonne société est prompte aux ragots. S’il y a bien une chose que les sorciers comme les moldus anglais partageaient c’est leur amour des classes sociales et de leurs respects. On ne se mélange pas sans bonne raison.
» Sherlock
Warwick Grant
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Jeu 2 Avr - 9:34
Warwick Grant était toujours ému lorsqu’il assistait à une cérémonie de ce type. Presque ému aux larmes, pour tout dire. Voir les noms sur le mémorial, repenser à tout ce qu’il avait vécu en compagnie de ceux qui assistaient à la commémoration avec lui et ceux qui auraient dû y être, tout ça le prenait aux tripes systématiquement. Et celle-ci se déroulait chez la famille Ashford. Sir Ashford, qu’il connaissait alors comme le Major-Général Ashford, était un leader charismatique et juste. Toute la division -soit tout de même plusieurs milliers d’hommes- avait été choquée lorsque celui-ci avait été blessé, en 1943. Mais il était loin d’être le seul. A chaque commémoration, en voyant les soldats mutilés et défigurés pour la patrie, Warwick ne pouvait s’empêcher de se répéter en boucle : J’ai eu de la chance, j’ai eu beaucoup de chance. Chance, chance, j’ai eu de la chance, j’ai eu beaucoup de chance. C’était comme un refrain entêtant qui lui évitait de se concentrer sur les stigmates affreux des combats, et lui évitaient de repenser aux blessures qu’il avait vues sur le champ de bataille. Ce refrain était un garde-fou, au sens le plus littéral et cru que l’on puisse trouver. Pour toutes ces raisons, et pour mille autres encore, assister à une cérémonie assurait à Warwick des tripes nouées et des yeux humides, quand ça n’allait pas jusqu’à la crise d’angoisse. Mais il ne pouvait s’empêcher d’y aller pour autant.
De toute manière, le jeune homme était sergent ; il devait assurer devant les hommes de son escouade. Il aurait le temps, plus tard, de pleurer et de partir en vrille. Il y avait un temps pour tout. Il fit rouler ses épaules pour les décontracter et réajusta sa manche. Sa tenue était bien entendu impeccable, au détail près. Il était important de faire honneur à son unité avec une présentation parfaite.
Passé la partie la plus guindée de la cérémonie, le sergent Grant aperçut un visage familier et regarda une jeune femme approcher dans son élégante robe violet sombre.
-Lady Ashford. Je fais en sorte de toujours pouvoir me déplacer.
Warwick la salua comme une civile de son rang, le salut réglementaire étant réservé aux militaires. Il la laissa la tirer légèrement à l’écart, ignorant les regards intrigués ou goguenards de ses hommes. Il se vengerait en temps voulu, lorsque sonnerait l’heure des travaux d’intérêt généraux. En attendant, il était temps de profiter d’un moment de répit avec Rose, amie chère qu’il n’avait guère l’occasion de voir en dehors des cérémonies comme celle-ci, maintenant que les clivages sociaux brisés par la guerre avaient été reconstruits.
-Avec plaisir, mes gars n’ont pas besoin de moi pour rentrer au bercail. Et puis, ils vont sans doute traîner et se saouler, pour marquer le coup.
Il note l’empressement et l’air de conspiratrice de son amie. Il ne fait pas bon fréquenter un sous-officier lorsque l’on a « Lady » accolé à son patronyme. Il se faisait parfois la réflexion qu’il a de la chance d’être tombé sur Rose, et que toutes les femmes de sa condition n’auraient pas bravé les normes pour conserver une amitié avec un simple soldat.
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Jeu 2 Avr - 22:52
Les enfants de la guerre
Lorsqu’on est anglais, il suffit de peu pour savoir quelle est la classe sociale et la position d’une personne dans la société. Bien entendu, la mise donne déjà quelques indications utiles, mais tout le monde peut se déguiser. Le meilleur indice, c’est l’accent et le vocabulaire utilisé. Tant de subtilité bien plus difficile à imiter que la façon d’agir. En entendant James et Rose parler, personne ne pouvait se tromper sur la situation de l’un comme de l’autre, peu importe comment ils étaient habillé.
Le formalisme de Warwick faisait sourire Rose parce qu’il était emprunt d’une méconnaissance de leur usage et de galanterie. Elle était Lady Rose ou Lady Rose Ashford parce qu’elle était l’aînée tandis que ses soeurs n’étaient que Lady Catherine et Lady Georgiana, sa mère aurait été Lady Ashford si son père n’avait pas été titré, mais à présent, c’était le titre qui suivait et non plus son nom de famille. C’était des règles immuables dont tout enfant “bien né” connaissait les subtilités dès son plus jeune âge. Une autre que Rose se serait offusqué et aurait probablement corrigé Warwick, mais quel intérêt. C’était un ami alors Lady Rose ou Lady Ashford, elle n’en avait cure et puis elle n’était plus à ça près après ses années dans le monde sorcier.
Elle a un froncement de sourcils réprobateurs lorsque le Sergent évoque la beuverie de ses hommes pour fêter la commémoration. Elle se demande si c’est bien la bonne façon de montrer son respect aux morts. Elle change vite d’avis, dans le fond, chacun vit son deuil comme il l’entend. Voilà bien longtemps qu’elle ne croit plus en dieu et en l’au-delà, il est probable que de là où ils sont les morts n’aient cure de ce que les vivants font.
Allons y, autant ne pas traîner.
Rose ne va pas se saouler, mais elle peut au moins prendre un verre à leur propre santé. Ils sont vivants, c’est déjà ça, déjà plus que d’autres. Il y a un pub un peu à l’écart et de la ville et Rose proposent qu’ils prennent la voiture pour y accéder. C’est un pub comme on en voit partout en Angleterre au nom aussi peu original que sa carte des boissons, mais il fait l’affaire. Dans le fond, l’important n’est pas le décors, mais la compagnie. Une fois assis, deux bières apportées Rose se détend et laisse un peu tomber ses manières rigides.
- Aux vivants, décide-t-elle de trinquer. Elle boit une gorgée et repose son verre. Ca fait combien de temps qu’on ne s’est pas vu ? Au moins six mois, non ?
Elle observe son verre tranquillement et demande :
- Tu restes dans l’armée finalement ?
N’en a-t-il pas eu assez ? C’est ce que sa question sous-entend. Elle, elle y a passé peu de temps, et pas au front. Si elle estime avoir fait son devoir, elle estime également qu’elle en a assez vu. Trop pour une vie. Elle a du mal à saisir pourquoi Warwick ne part pas.
» Sherlock
Warwick Grant
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Ven 3 Avr - 14:28
Warwick avait bien vu le froncement de sourcils de Rose, mais il n’en prit pas ombrage. La jeune femme avait beau avoir vu la réalité du terrain de près, elle était le produit d’une éducation que le sergent Grant et ses hommes n’avait pas eue -si tel avait été le cas, on l’appellerait « major » au moins. Elle ne soupçonnait pas la place de l’alcool dans l’armée. Parfois, il en venait à se demander comment la guerre avait été remportée, mais la réponse lui apparaissait vite : les mecs en face étaient au moins aussi défoncés. C’est aussi simple que ça.
Il suivit Rose jusqu’à un petit pub insignifiant qui aurait le mérite de leur accorder du calme ; les gens de la classe de Rose ne traînaient pas dans ce genre d’endroit. Il soupira avec aise : ça faisait du bien de s’asseoir après avoir passé la cérémonie au garde-à-vous.
-Aux vivants !
Il envisagea un instant de trinquer aussi aux mots, mais là où ils étaient… Warwick avait grandi dans une éducation protestante, mais il en était venu à douter de certains des dogmes de son enfance. Comment l’humain pouvait-il être bon, alors qu’il était responsable de telles horreurs ? Certains collègues de Warwick pensaient que le fait d’avoir combattu pour l’Angleterre faisait d’eux les gentils, et qu’ils rejoindraient le royaume du Seigneur. Mais le jeune sergent en était moins sûr : la guerre était une horreur, même contre les nazis. Toute vie n’était-elle pas sacrée ? En raison de cela, il n’était pas sûr d’avoir droit à la vie éternelle. Cela l’angoissait parfois ; il aurait aimé pouvoir se racheter. Mais comment racheter toutes ces morts ? D’autres fois, il en venait à douter de l’existence même de l’au-delà. Comment ne pas douter, en voyant les corps amis et ennemis ? Difficile de croire qu’il reste quelque chose lorsque l’on voit l’état des dépouilles.
-Ça doit bien faire six mois ouais… j’ai été pas mal occupé. Et oui, pour l’instant du moins, je reste.
Il fit une pause pour regarder son amie. Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi il restait. C’est bien normal : Rose avait une vie, une place, une famille. Warwick avait bien peu de choses, lui, en dehors de son dévouement pour son pays.
-Je ne vois pas quelle autre possibilité j’ai. Je n’ai pas fait d’études : je ne sais rien faire d’autre. Et puis, j’aime bien le milieu militaire. J’y suis habitué, ça me ferait bizarre de revenir dans le civil, en imaginant seulement que j’y trouve ma place. Il sourit avant de demander, sur un ton un peu taquin : Qu’est-ce que tu fais de tes journées, toi ? Ça consiste en quoi comme boulot, Lady Ashford ?
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Sam 4 Avr - 0:06
Les enfants de la guerre
Ils trinquent et leur salut aux vivants est repris par les clients du bar présent avant que chacun ne reviennent à ses conversations. Au milieu du bar, entre les allées et venues des serveurs et la musique de la radio qui va en fond, ils sont anonymes. Des gens parmis tant d’autres qui presque trois ans après le cessez le feu fête encore la fin de guerre. Parce qu’après tout, et en particulier pour les moldus, si les bombes ne détruisent plus les maisons, la guerre, elle, est encore bien présente. Dans les mémoires, dans le traumatisme que les gens portent avec eux, dans les tombes encore trop fraîches alignées dans les cimetières, dans la pénurie de vivre toujours présente et le rationnement dans les ménages. Oui, le conflit armé est fini, mais la guerre, elle, continue au quotidien.
Si Rose avait été heureuse de revenir à une vie civile, ça n’avait pas été le cas de son ami. L’armée semblait lui convenir et il avait l’air heureuse. Ca rendait la jeune femme un peu perplexe, mais dans le fond, ils étaient proches sans l’être. Comme beaucoup de gens rencontrés pendant la guerre, ils avaient rapidement sympathisés. Les horreurs vécues avaient renforcés leur liens bien plus vite qu’une situation normale ne l’aurait fait. Pendant le conflit, on parlait rarement de sa famille. Un peu comme un grigri, comme si le fait de l’évoquer allait provoquer un malheur. Evidemment, c’était une superstition, mais ça n’empêchait pas les gens de la respecter.
La sorcière fait partie des gens chanceux, ils sont sortis indemnes de cette guerre, ce n’est pas le cas de toutes les familles. Peut-elle vraiment blâmer Warwick de s’accrocher à ce qu’il connaît et ceux qui sont probablement devenu sa famille ? Non, elle ne peut pas et ce n’est pas le genre de Rose de juger les gens sans rien savoir. C’est parce qu’elle vit dans les deux mondes qu’elle ne voit plus le monde de la même façon que lui. Elle est bien consciente que malgré son rang et son éducation, l’idée de dieu la révulse et son patriotisme va surtout à elle-même. Alors pourquoi a-t-elle combattus pendant la guerre ? Parce que c’était la chose à faire, elle ne l’a pas tant fait pour son pays que pour sa famille et les gens qu’elle connaît. Ceux qui n’avaient rien demandé et se sont retrouvés les dindons d’une farce mondiale.
- Est-ce que je peux être honnête avec toi ?, demande-t-elle presque brutalement.
Rose est généralement quelqu’un de plutôt doux et mesuré, le changement de ton est donc plutôt étonnant de la part de cette jeune femme peu habituée à faire des vagues.
- Je ne prétends pas vraiment comprendre pourquoi tu restes, mais je crois que je vois un peu pourquoi. Par contre, que feras-tu s’il y a de nouveau une guerre ?
Songeuse, elle fait tourner son verre de bière presque vide.
- Est-ce que toutes les guerres sont vraiment justifiées ? Est-ce qu’elle justifie la mort des citoyens anglais pour les besoins des politiques ? Je ne dis pas que j’ai la réponse, mais je me pose la question.
Bien entendu, elle ne minimise pas l’urgence qu’il y avait eu d’arrêter celui qui avait mis l’Europe à feu et à sang, mais elle savait que malgré les promesses de paix, les états, encore une fois, n'hésiterai pas à reprendre leur balai macabre dès que l’occasion se présenterait. Dans le fond, elle voudrait mieux pour lui, parce qu’il est méritant, parce qu’il a la chance d’être encore vivant. Elle voudrait mieux, lui dire qu’elle pourrait parler à son père, financer des études. Mais pourquoi lui et pas un autre ? Sans compter qu’elle ne veut pas paraître condescendance alors elle se tait parce que même si on est franc entre amis, il y a des choses qu’on ne peut dire. A la place, elle répond à sa question en faisait une jolie pirouette parce que la vraie réponse, c’est qu’être Lady Rose Ashford, c’est surtout être absente.
- Hmm, il faudrait que tu poses la question à ma soeur. C’est elle qui fait tout le boulot. Principalement, c’est aider ma mère dans ses oeuvres de charité. S’investir dans le management du domaine en attendant que mon frère soit assez âgé pour prendre la main et au bout du compte, c’est se marier à quelqu’un de son statut.
Elle sourit.
- Moi j’ai hérité de la partie plus amusante, je voyage.
» Sherlock
Warwick Grant
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Sam 4 Avr - 0:44
-Tu voyages ? J’imagine qu’on a vu pire, comme tâche. Mais pour en revenir à tes questions…
Son sourire se fane et son expression se fait plus pensive alors qu’il tourne et retourne la question de son amie dans sa tête. S’il y a de nouveau une guerre ? Un instant, il est presque en colère contre Rose. C’est quoi cette question ? Pourquoi y aurait-il à nouveau une guerre ? Il a tant donné pour son pays. Ne pourrait-elle pas le laisser espérer que cette guerre était la dernière, pour de bon cette fois ? Mais au fond, il sait bien que cette idée était risible. Les anciens, en 1914, étaient persuadés que ça serait « la der’ des der’ ». Mais en 1940, ça avait recommencé. Et avec les Français en Indochine, les Américains et les Russes qui comparent leurs muscles… Il n’y a aucune raison d’être particulièrement optimiste. Alors, le jour où la guerre frapperait à nouveau son Angleterre, que ferait-il ? Il commence, mal à l’aise :
-Je suis un soldat… Faire la guerre, c’est mon boulot. C’est ce que mon pays attend de moi.
Il baisse inconsciemment la voix pour poursuivre :
-Mais j’espère qu’elle sera justifiée, si elle doit arriver. Tu sais, je ne me suis jamais posé la question du sens de la guerre que j’ai faite. On ne pouvait pas laisser les nazis conquérir l’Europe. Mais une guerre contre un autre État, juste pour un bout de terre… Je ne sais pas. Je veux protéger mon pays et sa population, mais si mes supérieurs estiment que ça passe aussi par la défense de ses intérêts économiques… je ne suis que sergent. Qui serais-je pour juger cela ? L’armée me paye, me fournit un logement, m’entraîne. C’est pour que je réponde présent, le jour où le clairon sonnera à nouveau… Alors, même si j’imagine que ça ne te plait pas, même si les raisons me paraissent moins évidentes que la première fois, je pense que j’irai. Je n’ai pas vraiment d’alternative. Être Lady Ashford, ça te donne un rôle, même si ça consiste surtout à voyager. Moi, mon rôle pour servir mon pays, ce serait ça.
Il se laisse aller contre le dossier de sa chaise et boit une longue gorgée de sa bière avant d’ajouter dans un sourire :
-Après, si la guerre pouvait attendre que j’atteigne l’âge de prendre ma retraite, je ne dirais pas non.
Elle est dégoûtée de la guerre. De la guerre, de l’armée, de la politique… Comment lui en vouloir ? Mais que doit-elle penser de moi ? Comprend-elle mon point de vue, ou ne me voit-elle que comme un pitbull en uniforme, trop abruti pour réfléchir par lui-même et juger de la motivation de ses propres actes ? Parce que vois-tu, Rose, je m’interroge sur mon avenir. Peut-être que j’ai assez donné, oui. Mais pas sûr que la patrie soit du même avis. J’en connais, des vétérans comme moi qui se retrouvent démunis car incapables de trouver un emploi : pas assez valides, pas assez qualifiés… Ma médaille ne me permettra pas de manger. J’ai besoin de gagner ma vie. Mais plus important encore, j’ai besoin d’en faire quelque chose. J’ai besoin d’être utile.
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Lun 6 Avr - 0:38
Les enfants de la guerre
Voyager, si seulement. Dans le fond, Rose aimerait bien en avoir le temps. C’est son choix d’avoir une carrière et elle ne le regrette pas parce qu’elle connaît bien l’alternative, mais parfois, elle aimerait avoir ne serait-ce qu’une partie de la vie que les gens s’imaginent qu’elle a. C’est d’ailleurs amusant lorsqu’elle décrit sa vie imaginaire aux gens. Elle sent à la fois l’envie, le mépris et la réprobation mélangée, mais bien entendu, personne ne dit rien. Qui oserait ? C’est l’ordre des choses et en Angleterre, on ne le remet pas en question pour la simple et bonne raison que même si ce n’est pas facile, les classes sociales restent poreuses. Dans le fond, contrairement à la France, n’est-ce pas ça qui leur a évité une révolution ?
Ils ont peut-être évité une révolution, mais ça n’a pas empêché la guerre de les retrouver bien après. A la guerre de Crimée s’est succédé la première guerre mondiale et lorsque tout le monde pensait que le monde avait enfin compris sa leçon, il y avait eu la seconde. Rose n’est pas une grande férue d’histoire, mais elle ne peut pas s’empêcher de se dire que l’homme n’a jamais l’air d’apprendre de ses erreurs. Aussi est-elle septique à l’éventualité d’une paix durable. Depuis que l’homme s’est sédentarisé, jamais il n’a cessé de convoiter ce qu’avait l’autre et de le stigmatisé. Nul doute que ça ne fait que commencer. Warwick en soldat, ne semble pas se poser la question comme elle le fait. Elle ne peut pas lui reprocher. C’est un luxe que de penser ça et dans cette période d’après guerre où le patriotisme a été exacerbé il ne fait pas bon de questionner tout haut le rôle de l’armée.
- D’accord, c’est ce que ton pays attend de toi. Je comprends. Et toi, qu’est-ce que tu attends de lui ? Ca doit aller dans les deux sens.
Leur discussion a pris un tour beaucoup plus sérieux que ce que Rose pensait, mais les commémorations lui font toujours cet effet. Elle ne peut pas s’empêcher de se souvenir de ce dont elle aimerait oublier et elle se sent amère devant les vies perdues, devant les sacrifices que tant de gens ont du faire. Elle ne doute pas que leur cause était juste, mais est-ce que ça sera le cas de la prochaine ? Combien de filles, mari, frère, soeur, seront envoyé au front cette fois-ci ? Alors que tout le monde se tourne vers l’avenir en tentant d’oublier le passé, Rosie qui n’est pourtant pas passéiste ne peut pas s’empêcher de se demander si on ne l’enterre pas un peu trop vite.
- Tu sais, je ne dis pas qu’on a fait le mauvais choix en s’engageant, loin de là. La cause était juste et à refaire, je signerai de nouveau sans hésiter peu importe le risque, mais je m’interroge pour l’avenir. J’ai l’impression que tout le monde est tellement euphorique de voir le conflit se terminer que personne ne semble vouloir remettre en question le monde dans lequel on vit. Et ne va pas croire que je critique ton choix de rester dans l’armée. Je sais que ta réalité est différente de la mienne, même si je ne sais pas toujours à quel point elle l’est. Je fais partie des privilégiés, j’en ai conscience, finit-elle avec un sourire d’excuse.
Dans le fond, elle ne voudrait pas que Warwick pense qu’elle le prend de haut sous prétexte qu’elle aurait reçu une éducation plus poussée que la sienne. Dans le fond, elle ne sait pas plus que lui ce qui est juste ou non et ce qu’il se passera dans le futur. C’est simplement que les choses ont changés. Rosie l’éternelle jeune femme de bonne humeur laisse parfois place à Rose une femme plus cynique sur le monde qui l’entoure. Voulant alléger un peu l’atmosphère, elle demande :
- Quels sont tes prochains assignements ? Tu restes dans la région où on vous fait bouger ?
» Sherlock
Warwick Grant
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Mer 8 Avr - 1:20
Ce qu’il attend de son pays ? C’est une vaste question. Il est vrai qu’il se demande parfois si son pays est assez reconnaissant, et en même temps il se sent presque criminel d’avoir une telle pensée. Son pays l’a formé, et lui a trouvé une place… Mais enfin, qu’est-ce que son sacrifice a apporté à sa propre vie ? Quand la patrie est-elle reconnaissante, en dehors d’une cérémonie de commémoration tous les six mois qui sert autant à montrer les vivants qu’à honorer les morts ?
Mais Warwick ne doit pas raisonner comme ça. Il est un soldat. Le soldat aime son pays, et son pays ne le lui rend pas ; c’est comme ça, et le soldat doit s’en foutre. Et c’est vrai : le jeune homme aime profondément la Grande-Bretagne. Il n’a combattu ni pour les honneurs, ni pour être célébré par ses compatriotes. Il s’est engagé parce que c’était la seule chose à faire pour défendre sa patrie. Après tout, « le vrai soldat ne se bat pas parce qu'il haït ceux qui sont en face de lui, mais parce qu'il aime ceux qui sont derrière lui ». Mais Rose est une femme noble, avec une éducation ; elle semble plus à même de réfléchir à ce genre de questions complexes qu’un simple sous-officier, dont la vie n’a que peu de valeur en dehors de ce qu’il peut apporter à l’armée.
-Qu’est-ce que je peux bien attendre de mon pays ? demande-t-il avec un sourire désabusé. Mais je crois que je comprends un peu tes doutes. C’est difficile de savoir ce que l’avenir nous réserve. Les Français sont en pleine lutte dans une de leurs colonies. A croire qu’ils n’apprennent jamais, comme tu dis. Ça paraît invraisemblable. Et il paraît que c’est un peu chaud, entre les Américains et les Russes… J’espère que ça va vite s’arranger, toute cette affaire. Tu sais quoi ? Je vais commencer à me renseigner sur le genre de boulot que je peux trouver avec le niveau de formation que j’ai. J’ai encore plusieurs mois avant la fin de mon contrat, mais il faut que je pense à la suite. Je verrai si je le renouvelle, ou si je suis ton conseil et me lance dans une nouvelle aventure. Ça ne me ferait pas forcément de mal.
Il s’arrête un instant pour souffler après cette longue tirade, et boit encore une gorgée sans quitter son amie des yeux pour guetter la moindre micro-expression susceptible de trahir ses pensées. Mais ne lit pas en Rose Ashford-Selwyn qui veut. Warwick connaît assez son amie pour savoir que son teint de porcelaine et son sourire de façade cachent un cerveau qui s’arrête rarement de tourner -de là à savoir ce qu'il s’y passe plus précisément, il n’aurait pas cette prétention. Pas systématiquement, du moins. Il poursuit enfin :
-Je ne bouge pas pour l’instant. J’ai quelques entraînements prévus, mais je suis dans une unité plus tranquille qu’avant. On ne serait pas les premiers envoyés, en cas de grabuge. Plutôt deuxièmes sur la liste, ajoute-t-il avec dérision. Ma seule consolation c’est que, maintenant, mon grade me dispense des travaux d’entretien de la caserne. Je me contente de surveiller ceux qui frottent. Et toi, alors, un voyage à l’horizon ?
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Ven 10 Avr - 21:59
Les enfants de la guerre
Rose n’est pas égoïste. En tout cas, elle ne le perçoit pas comme ça et si elle l’est, ce n’est pas volontaire. Pourtant, ce qu’elle demandait de faire à Warwick était égoïste. Elle demandait à un soldat dont le métier était d’avoir une confiance aveugle en ses supérieurs sans rien questionner de justement tout remettre en question. Rose peut se le permettre, dans le fond, elle n’a rien à perdre et c’est simple pour elle. Elle est au sommet et le restera probablement, tandis que Warwick, comme tout ceux qui font partie des classes moins aisées de la société peut toujours chuter. Dans le fond, si elle le fait, c’est parce qu’elle pense qu’il vaut mieux que ce qu’il n’est pour le moment. Evidemment, elle ne dénigre ni les soldats, ni son métier, elle a été l’une d’eux pendant un moment et elle reconnaît leur sacrifice et utilité, c’est justement pour ça qu’elle voudrait mieux. Dans le fond, peut-être est-elle frustrée de savoir qu’elle ne peut rien faire. La jeune femme a choisi son monde il y a quelques années et même si elle est encore un peu à cheval sur les deux, elle ne peut pas s’investir à la fois dans chez les moldus et les sorciers. Pas si elle veut tirer son épingle du jeu correctement. En tout cas, son ami semble comprendre ses doutes et y réfléchir, ça lui fait plaisir.
- N’hésite pas à m’écrire si je peux placer un mot pour toi ou faire quelque chose, ça sera avec plaisir.
C’est quelque chose que Rose ne propose pas souvent. Elle n’a jamais aimé l’idée de servir de passe droit. Elle ne veut pas faire de traitement de faveur aux gens, mais le Sergent Grant est un ami et elle estime qu’avoir survécu à la guerre octroie des traitements de faveurs. Les temps ont changés. Il y a vingt ans d’ici, elle aurait pu lui proposer un emploi sur son domaine comme valet ou dans la gestion d’une des fermes, mais le monde évolue et les gens aussi. Rares sont ceux qui veulent encore travailler sur les grands domaines et passer leur vie dans le service. Ce qui était avant considéré comme une place honorable et enviée est désormais vu comme presque dégradant. Non, elle ne pouvait pas lui proposer ce genre de chose.
La discussion s’oriente sur son travail et Rose esquisse un sourire qui ressemble à un rire lorsqu’il explique les avantage de sa situation.
- Être dispensé des corvées, il n’y a que ça de vrai !
Il y a d’autre chose que Rose voudrait dire, mais elle aurait peur de se répéter. Dans le fond, elle a donné son avis et c’est déjà bien assez. Elle ne fait pas partie de la famille Grant et chacun est libre de choisir son destin. N’est-ce pas précisément ce pour quoi ils se sont battus ?
- Hmm, je serais en Angleterre pour la période des fêtes et puis je repartirais. J’ai un voyage de prévus en Asie et puis je serais de nouveau en Europe. On se essaiera de se voir un peu plus vite cette fois-ci. L’air de rien, j’ai toujours l’impression que qu’on se voit pour des évènements tristes, mais jamais autre chose.
Pour l’instant, elle “voyage” au quatre coins du monde pour justifier ses absences. C’est pratique, mais elle sait que ça ne durera pas. A un moment, ses amis comprendront qu’elle ne vieillit pas comme eux. Destinée à vivre bien plus longtemps que la plupart d’entre eux, elle aura probablement toujours l’air d’avoir quarante ans à soixante ans. Un jour, elle ne reviendra simplement pas et chacun pensera ce qu’il voudra. Dans le fond, Rose trouve ça assez triste, mais elle sait depuis longtemps qu’on ne peut pas tout avoir, alors elle l’accepte avec une certaine résignation. Songer à ça maintenant n’apportera rien de bon, alors Rose change le sujet de la conversation.
- Tu sais ça fait un moment qu’on se connaît, mais maintenant que j’y pense, tu n’as jamais évoqué ta famille et je n’ai jamais osé poser la question. Quand on était en guerre, c’était un peu comme invoquer la malchance d’en parler, mais maintenant que c’est fini, je me demandais, ils sont toujours ici ?
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Warwick Grant
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Sam 11 Avr - 10:40
Il faut un instant à Warwick pour décider quoi faire de cette proposition. Pour un homme qui s’est engagé au bas de l’échelle à 18 ans et en a maintenant une dizaine d’autres sous ses ordres, un statut accordé en gratitude pour les services rendus à la patrie, cela pourrait presque paraître déshonorant. Mais il rejette bien vite cette pensée. Peut-être devrait-il se sentir offensé, mais ce n’est nullement le cas. Bien entendu, si la première Lady à le croiser venait lui donner l’aumône, il se sentirait insulté, mais Rose n’est pas n’importe qui. Après tout, est-ce que ça ne sert pas à ça, les amis ? Chacun aide comme il le peut. Si le jeune homme avait l’occasion de faire jouer sa modeste autorité pour aider Rose, il n’hésiterait pas -une pensée risible par ailleurs. Une Lady n’avait pas besoin d’un sous-officier.
-Merci pour la proposition, j’y songerai, répond-il avec un sourire sincère.
Il l’écoute en silence dans un premier temps mais ne peut s’empêcher de réagir à ses explications :
-Je ne suis jamais allé en Asie ! Ce doit être passionnant. J’adorerais découvrir quelque chose de totalement dépaysant. Aller en Asie, ce doit être comme découvrir un nouveau monde… J’ai voyagé avec l’armée, mais je n’ai pas fait beaucoup de tourisme, et d’ailleurs je ne suis pas sûr que j’aimerais retourner en Afrique et en Italie. Ce sera avec plaisir, oui. On n’a pas souvent l’occasion de se voir seulement pour le plaisir.
C’est regrettable, d’ailleurs. Warwick apprécie Rose, et passe toujours de bons moments en sa compagnie. Mais ils ont tous deux des vies bien remplies, sans même mentionner les ragots qui pourraient démarrer si on apprenait que Lady Rose Ashford prenait de son temps pour aller boire un verre avec le sergent Grant.
Le regard de Rose s’égare un instant dans le vide, et son air se fait légèrement soucieux. La jeune femme a-t-elle des soucis, ou est-ce juste l’émotion des circonstances qui reprend le dessus ? Warwick reste silencieux en attendant qu’elle reprenne ses esprits. Dans ces moments-là, le sergent pourrait presque évoquer un chien qui attend patiemment que son maître reprenne un comportement compréhensible pour un esprit de canidé. Mais après tout, cette comparaison est-elle si mauvaise que ça ? Warwick est loyal et dur à l’effort, comme tout bon soldat, et il a été entraîné à aboyer et mordre pour des raisons qui dépassent ses propres capacités d’analyse et de compréhension.
Tu fais un sacré clébard, mon pauvre Warwick.
Allons, d’où lui vient ce recul critique sur lui-même ? Ce n’est pas dans ses habitudes. Discuter avec Rose a une mauvaise influence sur lui -quoique, mauvaise, ce n’est pas si sûr. Mais il faudra un peu de temps au sergent Grant pour manipuler les trésors de sagesse et de patience nécessaires à l’introspection, et ce n’est ni l’heure ni l’endroit. Il se concentre sur la question de Rose.
-Je pensais les avoir déjà évoqués, mais peut-être que j’ai oublié. C’est vrai qu’en temps de guerre, il ne fait pas bon parler de ça. J’ai une sœur et un frère, qui a été blessé à El Alamein. Il bosse comme vendeur, depuis. Mes parents vivent dans un village pas loin d’Exeter. Mon père a fait la Grande Guerre, tu savais ? C’est sans doute pour ça qu’il a été si fier lorsque je me suis engagé, alors que ma mère est tombée dans les pommes. Et toi ? Ton père a été major-général, c’était lui qui commandait ma division, en Italie. Je n’en sais pas beaucoup plus, à vrai dire.
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Jeu 16 Avr - 21:29
Les enfants de la guerre
Quand elle revient dans le monde moldu, souvent, Rose se sent fatiguée, comme épuisée par le monde qui l’entoure. Son monde d’origine est en changement constant et même en étant constamment en contact avec, c’est parfois dur pour elle de rester à jour. Elle a l’impression d’avoir la tête qui tourne, comme si personne ne savait prendre le temps. Tout doit aller vite, on est dans l'effervescence de l’après-guerre avec ce besoin presque maladif d’effacer les stigmates que la guerre a causé tout en jurant de ne jamais oublier. Elle se sent étouffer et se demande comment Warwick peut continuer à vivre comme avant. Plus les années passent, plus elle sent quelque chose qui la révolte dans son monde. Peut-être est-ce pour ça qu’elle revient de moins en moins et que chaque passage lui semble plus lourd que le précédent ? Heureusement, il y a encore les gens et c’est ce qui fait toute la différence, les précieux moments où on peut juste souffler et parler sans arrière pensée avec quelqu’un qui a vécus les mêmes horreurs, si pas pire.
- C’est très beau l’Asie si tu as un jour l’occasion d’y aller. C’est une autre façon de voir le monde je crois.
En réalité, elle connaît le continent beaucoup moins qu’elle ne le laisse entendre. Elle a fait quelques échanges avec Mahoutoko sur l’ïle d’Obake, le Japon n’a pas été épargné par la guerre non plus et elle ne s’était pas sentie de parcourir les paysages détruits d’un pays qui avait tant contribué à aider à les attaquer. Plus tard peut-être, quand les blessures seraient pansées. Du coup, elle comprend Warwick quand il lui dit qu’il n’est pas sûr de vouloir retourner en Afrique et en Italie. Qui arriverait de nouveau à parcourir les rues de Rome sereinement alors que quelques années plus tôt, ils se cachaient dans les décombres en traquant les derniers membres encore vivants d’une armée mourante ?
- Je crois qu’il y a des choses qu’on ne sera plus capable de faire ou de voir comme avant. Moi c’est la France. On allait souvent passer une semaine en été dans le sud de la France avec mes parents quand on était enfant, maintenant, je ne sais pas si je pourrais.
Elle sait qu’elle n’a pas besoin d’en dire plus. Elle comme lui en ont trop vus et entendus pour pouvoir vraiment regarder le monde de la même façon. Un peu philosophe, elle se contente de dire :
- Avec un peu de chance tes enfants ne verront pas les choses de la même façon. Ils ne verront que la beauté du paysage et pas les impacts de balles sur les murs quand ils voyageront.
Elle sourit avec une certaine douceur alors qu’elle finit son verre. Elle ne parle pas de ses enfants à elle parce qu’elle n’est pas vraiment certaine d’en avoir. Elle est jeune, elle a encore le temps, en particulier puisqu’elle est sorcière, mais les fiançailles de sa soeur lui ont fait penser à ça. Et pour le moment, elle ne voit pas très bien comment elle pourrait choisir cette vie là et ne pas tout perdre.
- A propos, d’ailleurs, tu n’as pas eu l’occasion de rencontrer une jolie fille dernièrement ?
Elle lui fait un clin d’oeil un peu rieur, pour l’embêter parce qu’après tout, ils sont anglais et même entre amis, on ne parle pas toujours facilement de ces choses là. Encore plus entre personne du sexe opposé, mais ça amuse Rose. La discussion s’oriente sur la famille et elle est inexplicablement contente de savoir que la famille de son ami semble avoir survécu à la guerre. C’est un événement rare par les temps qui courent. Elle hoche la tête avec sympathie quand il lui explique que son frère a été blessé. Merlin savait que nombre de soldats avaient été mutilés d’une telle façon que certains avaient préféré se donner la mort que de vivre comme ça.
- Je pense que je comprends ta mère. La mienne non plus n’a pas été ravie quand ma soeur et moi nous sommes enrôlées. En tant que parents, tu dois être à la fois fier de ton enfant, mais torturé à l’idée de te dire que tu ne le reverras peut-être plus. Encore plus quand c’est un garçon.
Bien sûr les femmes n’avaient pas démérités pendant l’effort de guerre. Loin de là, elles étaient même bien plus présente que ce qu’on voulait croire. Après tout, même la princesse Elizabeth, leur future reine avait été mécanicienne pendant le conflit. Il n’empêche que c’était les hommes qu’on avait le plus vus comme chair à canon.
- Et ton frère et ta soeur sont plus jeunes que toi ?, demande-t-elle avec intérêt en poursuivant la discussion.
C’est à son tour de parler de sa famille et en réalité, elle ne sait pas trop bien quoi dire. Elle les aime beaucoup, mais il faut admettre qu’elle les voit de moins en moins depuis quelques années et elle a peine vu ses cadets grandir.
- Tu connais ma jumelle je pense ? Elle s’est fiancée il y a un mois maintenant. Mes deux parents sont encore vivants, même si Papa ne s’est jamais vraiment remis de sa blessure en Italie. J’ai un petit frère Richard qui héritera du titre de Lord Hereford et il y a Georgie la petite dernière qui doit avoir dix ans maintenant. On a eu de la chance, le domaine est en campagne, comparé à Londres, on a été assez peu touché par les bombardements donc tout le monde à survécus. Pour le reste, c’est amusant, mais je crois qu’on a une vie bien moins passionnante que ce que les gens se figurent.
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Warwick Grant
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Sam 18 Avr - 11:09
C’est dans ce genre de moments qu’on comprend qui a reçu une instruction, et qui est sous-officier. Rose a exprimé en quelques mots presque poétiques ce que lui-même a tâché de formuler maladroitement. Voir les paysages et pas les impacts de balle… C’est exactement tout l’enjeu. L’enjeu des voyages certes, mais aussi l’enjeu de n’importe quelle coopération internationale. En voyant l’ennemi d’hier, comment ne pas penser un seul instant aux atrocités passées, comment tenir la rancœur et l’amertume à distance ? C’est pourtant là un défi capital, car en ressassant les horreurs d’hier, on ne fait que préparer celles de demain…
Elle, la France, lui, l’Italie. Son frère qui n’osera sans doute jamais remettre les pieds dans le désert. Son frère qui, après avoir tiré d’innombrables fois au canon, le poids de l’arme supporté par sa propre épaule comme il était la norme dans les chars du début de la guerre, n’est aujourd’hui pas capable d’entendre un coup de feu sans paniquer. Et sans même mentionner l’idée d’utiliser son épaule pour une tâche physique… Quelles sont les cicatrices de Rose ? La jeune femme a eu la chance de ne pas être blessé sérieusement, semble-t-il, comme Warwick. Mais elle a dû faire une croix sur la France. C’est aussi ça, la guerre.
Warwick gigote légèrement sur son siège, mis un peu mal à l’aise pas la question de son amie. Une jolie fille ? Ma foi…
-Non, pas eu l’occasion pour l’instant ! La vie en caserne, c’est pas l’idéal pour faire des rencontres. A moins que je décide de fricoter avec un homme ! glousse le jeune soldat.
Allons. En Angleterre, on ne dévoile pas sa vie privée à n’importe qui mais, avec Rose, Warwick sait qu’il peut se permettre de plaisanter. Il écoute ensuite son amie parler de sa famille, l’interrompant juste le temps de répondre à sa question :
-Non, c’est moi le plus jeune de la famille, mais pas de beaucoup. Mon frère a trois ans de plus que moi, ma sœur un. On a un timing assez serré, dans la famille !
Il l’écoute ensuite finir de parler. Sacrée vie que celle des nobles. Lord Ashford souffre toujours de sa blessure… Une nouvelle fois, le jeune sergent mesure pleinement la chance que Rose et lui ont de s’en être sortis quasiment indemnes. Lord Hereford ? Ce n’était pas Ashford ? Tout cela est bien incompréhensible, et Warwick craint de passer pour un idiot en demandant. Il n’est pas toujours facile de garder confiance en soi sur tous les domaines lorsque l’on fréquente quelqu’un comme Rose. Bien-sûr, il est un meilleur combattant qu’elle, et c’est sans doute ce qu’elle lui dirait pour le rassurer s’il lui faisait part de ses états d’âme. Mais Warwick sait bien que les muscles ne sont pas grand-chose en comparaison de l’éducation, de l’intelligence et du statut. Oh, et après tout, il n’aurait pas osé avec la première Lady venue, mais il s’agit de son amie :
-Lord Hereford ? Rapport à une union avec une autre famille ?
Il ne voit pas d’autre hypothèse. Il en profite pour rajouter :
-Si peu passionnante que ça ? Vous devez bien faire des choses de vos journées, non ? Je ne sais pas, moi, essayer des habits et faire du piano, ce genre de choses !
Il dit ça pour l’embêter, mais à vrai dire il n’est pas sûr d’être si éloigné que ça de la vérité.
Rose Ashford-Selwyn
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Jeu 23 Avr - 22:49
Les enfants de la guerre
Derrière son air impassible, Rose a de l’humour. Ca ne semble pas probable quand on la voit. Comme beaucoup de personne issue de la noblesse, elle aborde cet air qui paraît un peu froid à ceux qui la regardent. La réserve la fait paraître snob, parfois à son grand désespoir. Il n’empêche qu’elle ne manque pas d’humour et il y a quelque chose d’amusant à taquiner Warwick qu’elle voit souvent comme un frère cadet malgré la différence d’âge peu marquée qu’il existe entre eux. Cela dit, outre la taquinerie, il y a un réel intérêt derrière sa question. La guerre a l’art de repeupler les nations et depuis deux ans, elle a été invitée à plus de mariage et reçu plus de faire part de naissance que jamais. Alors elle n’aurait rien vu d’étonnant à ce que Warwick ait commencé à courtiser une demoiselle, lui aussi, au sortir de la guerre. De son côté, on ose pas lui poser la question frontalement. Ca serait grossier. Néanmoins, elle sait ce qui se murmure dans les salons. Oui, elle n’a pas la beauté de sa soeur, mais tout de même avec sa fortune et son statut, elle devrait avoir trouvé quelqu’un depuis le temps. Qu’est-ce qui peut bien clocher chez elle pour qu’elle soit toujours seule ?
C’est assez amusant de voir que c’est le deuil commun qu’ils partagent avec toute une nation qui fait que pour la première fois ils abordent des sujets que la pudeur anglaise les empêche généralement d’aborder en toute liberté. La famille par exemple. En parlant avec son ami, elle se rend compte à quel point ils ont mené des vies différentes. Ce qui semble évident pour elle ne l’est pas du tout pour lui et vice versa.
- Ca a du être agréable de grandir avec un frère et une soeur aussi proche en âge que toi. Moi j’avais Catherine, mais Richard et Georgie sont assez jeunes, il n’y a rien à faire, il y a une différence de génération.
Mais eux ne se rappellent pas de la guerre ou presque pas en tout cas. Et c’est une consolation pour Rose qui tient à eux un peu comme s’ils étaient ses propres enfants. Si sa soeur et elle se souviennent de toutes les horreurs qu’elles ont vues, elle est soulagée de savoir que contrairement au frère et à la soeur de Warwick, les siens ont été épargnés.
Elle cache un sourire amusé en voyant Warwick se dépêtrer avec les titres de la noblesse anglaise. Pleine de compassion, elle décide d'éclaircir la chose.
- La première chose à savoir ce qu’il n’y a pas de logique dans la noblesse anglaise. Mon nom de famille et celui de mon père, mais le titre attaché au duché c’est Hereford. Donc quand papa est devenu duc, il est devenu Lord Hereford. Ma mère hérite également de son titre, elle est donc Alice Montgomery Duchesse de Hereford ou Lady Hereford. Les enfants n’héritent pas du titre donc je suis Lady Rose Ashford, on dira le nom de famille pour la première née, mais ma petite soeur n’est que Lady Georgie.
Elle regarde la tête du sergent après sa laborieuse explication et éclate franchement de rire.
- Aucune logique, je te le concède. On est né avec ça, alors ça nous semble naturel, mais je crois que de l’extérieur, c’est un peu fastidieux.
Décrire sa vie à quelqu’un à quelque chose d’un peu déstabilisant, en particulier quand il y a presque vingt ans qu’elle a quitté cette vie. Elle en fait presque aussi peu renseignée que lui. Elle essaie tout de même d’être plus complète.
- J’exagère probablement, mais disons qu’en vingt ans, les choses ont énormément changé. Avant, un duc, un comte, etc, employait plus d’une centaine de personne sur son domaine. Que ça soit des gens en service ou dans les fermes. Maintenant, être en service est considéré comme déshonorant pour la plupart des jeunes alors qu’avant c’était un signe d’élévation sociale. Les domaines ont au mieux une dizaine de personne dans les maisons contre une trentaine si pas plus avant. Les gens préfèrent le travail et les horaires des usines. Même l’agriculture n’intéresse plus autant qu’avant. Je crois qu’on est un dans un tournant et qu’on doit se réinventer. La noblesse sera toujours là, mais comme souvent, elle met un peu de temps à délaisser le passé.
Ca la rend un peu triste quand elle y pense. Dans le fond, c’est peut-être simplement parce qu’elle sait que se sont des choses dont elle ne devrait plus s’occuper. Même cette relation avec Warwick est destinée à ne pas avoir de fin heureuse. C’est parfois à se demander pourquoi elle continue de revenir dans un monde qu’elle sait qu’elle devra quitter. Un jour, elle fera son deuil, un jour elle partira, mais ce n’est pas aujourd’hui puisqu’elle sait qu’ils se reverront. Ils discutent encore une petite demi-heure et à travers les carreaux du pub, elle voit le soleil d’hivers qui commence à se coucher doucement. Elle se lève pour prendre son congé. Il est temps qu’elle quitte son costume pour rentrer dans son monde. Elle quitte Warwick sur ces mots :
- On se revoit bientôt. Cela dit, n’hésite pas à m’écrire si jamais tu as besoin de quelque chose. Écrit chez mes parents, ils transmettront ta lettre.
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Warwick Grant
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#Sujet: Re: Les enfants de la Guerre - Warwick Jeu 23 Avr - 23:51
-Oh oui, très agréable. Enfants, on jouait ensemble, et on se serrait les coudes à l’école. Mon grand-frère nous défendait lorsque des grands nous embêtaient. Et plus tard, on a continué à être proches. Mais on n’a pas pu se protéger mutuellement pendant la guerre… C’est comme ça. L’infanterie n’a rien à faire dans un combat de chars.
Il se tait ensuite pour ne pas glisser à nouveau vers ce sombre sujet, et écoute l’exposé de son amie.
-Si tu te souviens des cours de rattrapage que j’ai dû te donner sur les grades et les acronymes de l’armée, tu ne m’en voudras pas de ne pas tout retenir d’une traite, riposte Warwick, amusé par sa propre incompréhension. C’est l’avantage avec Rose ; il n’y a pas toujours besoin de faire mine d’avoir compris pour être pris au sérieux.
Alors, le nom de famille n’est pas le même que le titre du comté… Mais le titre ne se transmet pas aux enfants. Ou alors juste à l’aînée ? Non, car c’est Lady Rose Ashford et pas hereford… Donc c’est juste aux garçons ? Ou alors… Oh, et puis tant pis. Il est plus facile de retenir qu’il n’y a aucune logique.
Le reste du discours de la jeune noble le laisse pensif. La société anglaise va au-devant de profonds bouleversements, ce n’est plus à nier… Quelle place restera-t-il pour la religion, et pour l’armée de Sa Majesté, dans ce nouveau système qui se dessine ? Tout cela reste évidemment à voir. Il peut en revanche très bien comprendre les propos de Rose sur l’inertie de la noblesse, la caste militaire n’étant pas spécialement réputé pour son avant-gardisme non plus. Mais l’éducation de Warwick lui souffle que la tradition a du bon.
Warwick passe un très bon moment avec Rose. Il est toujours passionnant de converser avec une femme aussi vive qu’elle, et dont la réalité n’est pas la même que la sienne. La vérité, c’est que Warwick tient à Rose. En tout bien, tout honneur, bien entendu ; elle est une amie précieuse pour qui il a beaucoup de respect. Il est heureux d’avoir pu garder contact avec elle, et espère que cela durera encore e nombreuses années -après tout, à leur âge, il est courant de n’avoir plus que quelques très bons amis.
Il se lève en même temps que la jeune femme lorsqu’elle décide de prendre congé. Il va être temps d’aller vérifier que ses hommes sont tous rentrés, et seront suffisamment vaillants pour saluer le drapeau le lendemain matin.
-Avec plaisir, j’y songerai. Prend soin de toi, Rose.