C'

était toujours comme ça, c'était sans fin, c'était inévitable, même, et c'était ce que Rudolf aimait le plus dans leur relation. Ils pourraient se tourner le dos, se hurler dessus, se descendre, se détruire autant qu'ils le voudraient, l'issue serait toujours la même. Rudolf n'était pas capable de s'imaginer qu'il puisse en être autrement. C'était peut-être une erreur de sa part, car le jour où Gwen déciderait de l'abandonner et de renoncer pour de bon, lui ne serait pas du tout prêt. Car lui-même projetait chez Gwen ses propres sentiments. Et lui, même s'il trouvait Gwen insupportable, même s'il était évident qu'ils se faisaient constamment du mal, il serait incapable de se passer d'elle, ou d'imaginer que ça s'arrête. Et puis, il faut le dire, quand ils ne se déchiraient pas, ça pouvait être... magique...

Comme cette nuit où, à l'instar de nombreuses autres, ils s'étaient retrouvés chez lui, dans le même lit. Et comme à chaque fois, ce n'était définitivement pas parti pour. Il gardait un souvenir relativement flou des événements de la veille. Ils se souvenaient qu'ils avaient gueulé très fort, que les insultes avaient fusé, il avait vaguement le souvenir que l'un des deux avait menacé l'autre avec sa baguette, mais il n'était même pas sûr. Il se souvenait qu'ils avaient bu, aussi.

La veille, les Harpies et les Busards s'étaient affrontés sur le terrain. Les Harpies avaient gagné en grande partie parce qu'un cognard l'avait frappé en plein ventre, l'empêchant de garder les buts sur la fin du match. Et pour le coup, il n'y avait pas besoin de se demander de qui venait le cognard en question. A peine le match fini, Rudolf avait sauté à la gorge de Gwen. Puis ils s'étaient sauté dessus tout court. Comme d'habitude.

Les événement étaient flous, évidemment, mais les fais étaient là. Gwen était endormie, dans son lit, plus belle que jamais. De bien meilleure humeur que la veille, Rudolf avait bien l'intention de prolonger le moment. Tout cet exercice, ça lui avait donné faim, il avait bien l'intention de leur préparer un petit déjeuner digne de ce nom. Bon, par contre, pas question de le préparer tout seul, faut pas déconner non plus.

-On se lève, feignasse !

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C

e réveil plutôt brutal, il l'admettait, c'était une sorte de test, pour Rudolf, une manière de jauger l'humeur de la jeune femme. Parce que l'air de rien, et même si c'était peut-être une chose qu'elle n'apprécierait pas du tout d'entendre, elle était tout de même sacrément lunatique, et de façon générale, il fallait réussir à la suivre. Donc il tatait le terrain, comme quand on plonge juste un orteil dans l'eau pour voir si elle est suffisamment chaude pour qu'on puisse y plonger.

Et la réaction de la jeune femme lui confirma que cette matinée avait de bonnes chances d'être agréable. Ce n'était pas forcément évident de prime abord, tant la demoiselle était ronchonne et ne mâchait pas ses mots, comme d'habitude, le tout en lui envoyant un oreiller à la figure, qui plus est. Mais Rudolf la connaissait bien, il pensait même la connaître mieux que personne. Alors il savait comment elle était. Et il senttait qu'elle était d'humeur à consentir à ne pas lui sauter à la gorge immédiatement. Tant mieux. Ils se prendraient la tête bien assez vite, il ne voulait pas que ce soit tout de suite.

-Si charmante de bon matin, observa Rudolf en attrapant l'oreiller au vol (il n'était pas gardien de Quidditch professionnel pour rien), un sourire au coin des lèvres.

Il s'assit sur le bord du lit, dégagea une mèche des cheveux blonds derrière l'oreille de la jeune femme. Même comme ça, au réveil, il la trouvait sublime. En même temps, le jeune homme l'avait vue dans à peu près le moindre de ses états, et il n'avait jamais cessé de la trouver  belle. Une beauté sauvage, indomptable. A son image. Il posa ses lèvres sur les siennes, satisfait d'un baiser tout simple mais qu'il avait bien souvent toutes les peines du monde à obtenir.

-Je te promets qu'un délicieux petit déjeuner t'attend. Dans la salle à manger. A table. Tu sais, là où se nourrissent les gens civilisés ?

Rudolf avait ce genre de petites manies, un peu maniaque par certains aspects. Retrouver des miettes dans son lit serait absolument inenvisageable pour lui. Il caressa son bras du bout des doigts puis attrappa son poignet avant de se lever afin de l'attirer à lui.

-Allez, debout !

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R

udolf ne savait s'empêcher de sourire de plus belle alors que Gwen, tout en se laissant tout de même redresser, le traitait de chieur. Dans des moments comme celui-là, il savait pertinemment que, même si elle devait le traiter de tous les noms de la terre, il ne cesserait jamais de l'adorer, avec la même intensité. Elle avait ce don. Juste en le regardant. Et surtout en l'embrassant comme elle le faisait en cet instant. C'était clair qu'ils allaient droit dans le mur tous les deux.

Mais des murs, il voulait bien s'en manger des centaines pour le seul plaisir d'instants comme celui-ci, figés dans le temps et qui s'imprégnaient pourtant durablement dans son esprit. Aucune autre femme au monde n'était capable de lui faire cet effet-là, aucune autre. Et il ferait ce qu'il faudrait pour grapiller le plus de secondes possibles de ce moment d'éternité. Jusqu'à ce qu'elle le rappelle à l'autre. Parce qu'il en aurait justement grapillé trop, parce qu'il n'était jamais capable de s'arrêter à temps. C'était... plus fort que lui.

Il lui laissa le temps de s'habiller d'un de ses T-shirts. Il aimait la manière qu'elle avait de s'approprier ses affaires, d'enfiler ses vêtements comme s'ils lui appartenaient, d'investir sa cuisine comme si ils étaient dans son appartement à elle, alors qu'elle afférait à leur préparer du café. A cet instant, il se disait qu'elle devrait toujours être là, présente dans ce décor. Mais ce ne serait pas le cas. Comme à chaque fois.

De son côté, il fouillait les placards et se lança dans la préparation de toasts. Rien de bien exceptionnel. En même temps, il ne s'était pas attendu à avoir une Gwen dans son lit au petit matin. A chaque fois, c'était... au petit bonheur de la chance. Même si elle le mettait déjà en garde quant à son départ prochain.

-Je ne m'imagine rien du tout, prétendit-il avec un sourire en coin. Ce qui était totalement faux. Il s'imaginait des choses. Des tas de choses. Et il valait mieux qu'il n'en exprime pas le tiers s'il ne voulait pas la voir fuir pour de bon. De toute façon, j'ai pas l'intention de te voir t'éterniser, j'ai tout un tas de rendez-vous qui m'attendent.

Galants ou pas, il lui laissait s'imaginer ce qu'elle voulait. D'autant plus que ces rendez-vous n'existaient évidemment pas.

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n sourire en coin attira les lèvres de Rudolf quand il constata que son sous-entendu (qui en vérité ne sous-entendait absolument rien du tout) avait fait mouche. Sans doute Gwen se doutait-elle, bien sûr, qu'il n'avait en vérité aucun rendez-vous en attente et qu'il se contentait de la piquer, mais en attendant, elle y croyait suffisamment pour qu'un léger doute la pousse à lui poser une question si directe. Et évidemment, cela suffisait très largement à Rudolf, qui avait tendance à le prendre pour une petite victoire.

Cela n'avait rien de très sain que d'observer les choses ainsi, bien sûr. Mais c'était plus fort que lui. Leur relation avait toujours été une sorte de compétition. Peut-être parce qu'elle avait commencé sur le terrain de quidditch, va savoir. Et c'était stupide, évidemment, car la seule chose que Rudolf avait vraiment envie de gagner, c'était elle... Et il était assez convaincu que c'était réciproque. Sauf qu'ils étaient incapable de reconnaître que pour être gagnants dans l'affaire, il faudrait qu'ils le soient tous les deux en même temps.

-T'aimerais bien le savoir, hein ? répondit simplement Rudolf avec arrogance en mordant dans son toast comme si de rien n'était.

Il n'avait même pas envie de se donner la peine d'inventer des noms ou des visages à ses prétendus rendez-vous. Il n'était pas nécessaires qu'ils aient l'air réels. Tout ce qui comptait, c'est qu'ils aient pu l'être, d'une façon ou d'une autre.

-Tu sais, tu n'as qu'un mot à dire et j'annule tous mes rendez-vous et je reste avec toi, juste avec toi, ajouta-t-il en plantant son regard dans le sien. Tu pourrais rester ici autant de temps que tu veux, tu sais ? Tu pourrais ne jamais repartir, même.

Comme toujours, il parlait avec la nonchalance qui lui était coutumière, et ce sourire au coin de ses lèvres qui ne laissait pas réellement deviner s'il était entièrement sérieux ou non. Et sérieux, pourtant, il l'était. En vérité, Rudolf avait toujours été le plus fair-play des deux. Un mot, et il baisserait sa garde. Mais ce mot, il ne le lui accordait jamais, si bien qu'ils en revenaient toujours au même point. Pourtant, il lui suffirait de décider de rester, ici et maintenant. Et il ne la laisserait plus jamais repartir.

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st-ce que Rudolf était vraiment en train de l'abreuver de conneries, comme le suggérait si délicatement Gwen ? Non... Alors oui, il savait d'avance qu'elle refuserait, parce qu'elle était comme ça, parce que tout ce qui ressemblait à un début de commencement d'engagement avec lui la faisait fuir comme la peste (et il voulait bien reconnaître le fait que, quelque part, il l'avait tout de même bien cherché, ce n'est pas comme s'il ne lui avait pas donné d'excellentes raisons de se montrer aussi désagréable avec lui).

Il n'empêche que si elle avait décidé de le surprendre et lui avait répondu que oui, elle avait envie de vivre avec lui, qu'elle allait chercher ses affaires tout de suite et partager cet appartement avec lui, il n'aurait pas reculé. Pas par orgueil mais parce qu'il avait le sentiment que sa place était avec lui. Ici, maintenant, plus tard... Il changerait peut-être d'avis, mais il ne l'envisageait pas vraiment. Plus elle était agressive envers lui, plus il voulait la garder et ne plus jamais la laisser partir. Ce n'était ni sain ni cohérent. Mais c'était comme ça.

Il allait répliquer quelque chose quand la jolie blonde ajouta qu'il devait vraiment avoir une case en moins, mais c'était compter sans les paroles qu'elle prononça ensuite. Et qui le firent aussitôt sourire de plus belle. Ainsi donc l'insupportable meilleur ami de Gwen avait réellement pris la peine de lui répéter leur conversation... Quelque part, il l'avait un peu espéré. Et il avait presque été déçu de ne pas voir le sujet arriver sur le tapis. Mais c'était donc chose faite. Et il ne comptait pas nier. D'accord, sur le moment, il avait surtout pronooncé ces mots pour emmerder Aaron, mais dans le fond... Ben oui, un jour, il voudrait se marier et fonder une famille. Et franchement. Avec qui d'autre ? D'accord, n'importe qui plaindrait leurs gosses, et ils auraient totalement raison au passage, mais en même temps. Ben oui, ce n'était pas sérieux, mais ça l'était quand même un peu... Un peu à l'image de leur histoire. Qui aurait pu être sans prise de tête s'il n'y avait... eh bien leurs prises de têtes. Con-stantes.

-Oui, répondit Rudolf avec décontraction, qui n'allait certainement pas se dédire de ses propos. Et pour cause, il les assumait complètement, aurait même été tout à fait capable de les prononcer directement sous le nez de Gwen au besoin. Tu aurais dû voir sa tête, c'était hilarant, ajouta-t-il ensuite sans évidemment revenir sur ce qui pouvait réellement l'intéresser, à savoir s'il pensait vraiment ce qu'il avait dit.

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udolf leva les yeux au ciel, bien plus amusé que coupable, quand Gwen lui reprocha de jouer avec les sentiments des autres. Il ne savait pas trop à quels sentiments elle faisait référence, en l'occurrence. Est-ce qu'elle parlait des siens ? Dans ce cas, ça voulait bien dire qu'elle en avait pour lui, pas vrai ? Dans tous les cas, elle n'était pas la mieux placée pour s'exprimer sur la question. S'il était joueur et ne pouvait pas réellement s'en cacher, Gwen ferait preuve d'une sérieuse mauvaise foi en assurant que elle ne jouait jamais avec lui alors qu'en vérité, elle soufflait constamment le chaud et le froid avec lui, en témoignait d'ailleurs la scène qu'ils étaient en train de vivre.

Dans les bras l'un des l'autre, ils avaient vécu un moment de pure harmonie, ils s'étaient aimés dans tous les sens du terme, et à présent, ils donnaient le sentiment qu'ils allaient bientôt en venir au mains tous les deux tant la tension romantique avait laissé place à une tension d'un tout autre ordre. Pourtant, même dans ces conditions, même quand elle était détestable et l'accusait de tous les maux du monde, Rudolf continuait d'aimer Gwen, invariablement, inlassablement.

-Tu te fous de moi, pas vrai ? répondit Rudolf, non pas d'un ton agressif (mais si elle poursuivait sur cette voie, ça allait finir par arriver, parce qu'il avait tout de même le net sentiment qu'il se foutait d'elle dans les grandes largeurs en l'occurrence). Ce que moi je cherche ? répéta-t-il, sidéré.

Non, parce que c'était la meilleure, celle-là, prétendre que si leur relation n'évoluait pas, c'était parce qu'il ne savait pas ce qu'il voulait, c'était tout de même l'hôpital qui se foutait de la charité. Il lui balançait des signaux gros comme une maison, et elle, au lieu de reconnaître leur validité, continuer de remettre en cause sa parole et ses choix. Est-ce qu'elle ne réalisait pas que tout dépendait d'elle en réalité ? Qu'elle se contente de lui dire "Je te veux", et dans la seconde, il lui offrirait de vivre avec elle et de l'épouser. Mais elle ne prononçait jamais ces mots-là.

-Tu sais très bien ce que je cherche, je vois pas comment je pourrais être plus clair. T'as besoin de quoi, d'une putain de déclaration en plein match ? demanda-t-il, commençant doucement à perdre patience. Et toi, qu'est-ce que tu cherches, hein ?

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udolf ne saurait dire de quelle matière était faite sa relation ô combien mouvementée avec Gwen, mais le carton ne serait pas ce qui lui serait venu en tête en premier. Le carton pour la fragilité peut-être, mais ils voulaient croire que leurs sentiments étaient faits d'une matière plus noble, et surtout plus durable. Dans tous les cas, il s'agaçait honnêtement profondément d'accorder si peu de crédit à leur histoire quand l'instant d'avant elle se pendait désespérément à son cou. Si ça ne marchait pas, c'est parce qu'elle faisait tout pour que ça ne marche pas, c'était ce qu'il commençait à se dire. Pas qu'il soit tout blanc ou irréprochable dans l'affaire, mais son obstination à nier ses efforts en bloc devenait sincèrement insupportable.

C'est vrai qu'il ne pouvait pas lui retirer le fait que s'ils devaient essayer, ce ne serait pas une première, et que les fois précédentes auraient dû les dissuader à vie de retenter quoi que ce soit. Quand ils étaient ensemble, ils tiraient le pire l'un de l'autre. Rudolf devenait absurdement jaloux et possessif, et il en avait conscience, c'était une chose qu'il voulait croire être capable de corriger... Mais chassez le naturel... C'était facile de promettre monts et merveilles à Gwen quand il ne la considérait pas acquise. Mais combien de temps tiendraient ces résolutions si elle devait être à lui et rien qu'à lui ? C'était une chose que Gwen semblait avoir bien comprise. Mais en même temps, comment vivre sans elle ? Elle l'obsédait, littéralement.

-Si on se laisse pas une chance, c'est exactement ce qui va se passer. Parce que tu crois vraiment que tu vas quitter cet appartement et m'oublier dans la seconde qui suit ? Et tu crois vraiment que je vais te laisser m'échapper ?

Dis comme ça, il pouvait reconnaître que c'était à la limite de flippant, mais honnêtement, à ce stade, il s'en fichait. Elle le fichait en rogne. Il n'y avait qu'elle pour lui faire ça. Il avait envie de la foutre dehors... et il avait envie de lui retirer le peu de vêtement qu'elle portait encore et la maintenir captive de ses baisers pour toujours.

-Et si ça marchait, cette fois ? demanda-t-il, plus raisonnable.

Et quoi ? Exiger une nouvelle chance, une dernière chance ? Sauf que Gwen n'avait pas tort de penser que c'était la porte ouverte à toutes les fenêtres. Une nouvelle chance pouvait en engager une autre, puis encore une autre, puis encore une. Rudolf se rapprocha de Gwen, prit son visage entre ses mains et déposa ses lèvres contre les siennes.

-... S'il te plaît ?

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wen ne répondit rien pour commencer, et c'était en réalité tant mieux, car bien loin de lui infliger l'un de ces longs silences bien pesants qu'il aurait évidemment très mal encaissé et qui aurait joué avec ses nerfs, elle consacra ce silence à l'embrasser à son tour. Décidément, il n'avait jamais goûté à d'autres lèvres qui lui aient autant donné l'envie d'y revenir... et tant qu'à faire d'y rester. Elle était... incroyable, et encore maintenant, même si cette conversation devait n'avoir aucun sens pour le quidam moyen, il savourait pleinement, se fichant bien de savoir si l'on saurait ou non interpréter son comportement, leur comportement, du moment qu'il avait la satisfaction de sentir la belle blonde tout contre elle, de profiter de sa présence et uniquement de sa présence.

Il n'avait pas du tout été convaincu de son petit discours, à vrai dire il s'était plutôt attendu à ce que Gwen l'envoie sur les roses comme elle en avait tant l'habitude, et sans perdre une seule seconde. Mais ce n'est pas ce qui s'était passé. A la place, elle avait prononcé des mots qui dépassaient de très loin toutes ses attentes. Certes, elle n'avait pas dit mot pour mot "oui, d'accord, laissons-nous une chance", mais Rudolf décidait de considérer que c'était tout comme malgré tout. Car elle n'avait pas dit non. Ce qu'elle faisait d'ordinaire. Quand elle n'était pas sur le point de céder.

Ce qu'elle affirmait, en revanche, c'est que ça ne pourrait jamais marcher, eux deux. Est-ce qu'il pouvait lui donner tort à ce sujet ? Pas franchement, non. Il est vrai que, sur le papier (et pas seulement), leur histoire semblait clairement vouée au plus cuisant échec. Qu'elle se contente de mettre ce très probable échec sur le compte du peu de confiance qu'elle lui accordait, c'était quelque part presque miraculeux, tant elle pouvait avoir de reproches à lui faire. Tout le monde, sans arrêt, pointait du doigt la méchanceté de Gwen, mais Rudolf, de son côté, ne s'était pas franchement privé de se comporter comme le pire des salauds. Si elle était aussi virulente à son égard, ce n'était pas sans raison : il l'avait cherché, et il en avait bien conscience. Mais il était encore temps de faire amende honorable, pas vrai ? Il afficha un sourire en coin. Il avait du mal à ne pas avoir l'air trop victorieux, en l'occurrence.

-Dans ce cas, dis-moi ce que je dois faire pour conquérir ta confiance ? Crois-moi, tu peux tout me demander.

Il exagérait sans doute un peu. Mais si elle attendait de lui qu'il soit fidèle, par exemple, elle n'avait pas à s'en faire. Oui, Rudolf était un séducteur, et il papillonnait beaucoup. Mais elle les éclipsait tous à ses yeux.

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es hésitations constantes de Gwen pourraient très facilement lui taper sur le système, d'autant qu'elles lui donnaient le net sentiment d'être le seul responsable des multiples échecs de leurs tentatives passées. Ce n'était pas entièrement faux, certes, il avait une très grosse part de responsabilité dans ces échecs à répétition, mais ce n'était pas comme si la jolie blonde était exempte de défauts non plus. La preuve, il y en avait plus d'un dans son entourage pour venir lui répéter qu'ils ne voyaient définitivement pas ce qu'il venait foutre avec elle. Mais il ne leur demandait pas de comprendre... En fait, c'était ça la différence entre eux deux en cet instant.

Rudolf voulait juste écouter son instinct, ses tripes, son coeur. Et Gwen décidait d'être sage et d'écouter sa raison. C'était peut-être le plus sage et le plus sain, certes, mais en toute honnêteté, Rudolf préférait largement quand elle aussi se montrait plus... instinctive... et on ne va pas se le cacher, c'était naturellement dans son caractère. Le tempérament de Gwen était sauvage, indomptable, et c'était ce qui la rendait si attirante à ses yeux. Même si, dans le même temps, bien sûr, elle n'en devenait que plus inaccessible, et cette nouvelle tentative forcément vouée à l'échec le plus cuisant. Mais combien avait-il fallu qu'ils accusent de défaites pour obtenir cette victoire tant attendue ? Leur vie était comme un championnat de Quidditch. Et ils étaient proches, si proches de tout obtenir, de tout rafler, enfin. Une victoire tant méritée.

-J'ai déjà changé, répliqua Rudolf qui avait de plus en plus de mal à garder son calme... mais bon, prétendre qu'il avait changé en l'engueulant violemment serait se donner tort tout en se justifiant, et ce n'était pas le but de la manoeuvre. Le but de la manoeuvre, c'est que Gwen ne quitte pas cet appartement avant de lui avoir donné une nouvelle, une énième chance. T'es la seule... Putain, tu te rends compte que si tu le voulais, je t'épouserais sur-le-champ. Je m'engagerai avec toi pour la vie, et j'aurais pas l'ombre d'une hésitation. Je sais que je déconne beaucoup avec ça, mais c'est vrai. Si demain tu le veux, tu seras ma femme, si demain tu le veux, je serai le père de tes enfants. Il marqua une pause. C'est pas supposé être moi, ça. Il prit une grande inspiration. Bordel, Gwen, je t'aime comme un fou. Et de fait, elle commençait vraiment, doucement mais sûrement, à le rendre fou, à un stade presque clinique du terme. Qu'est-ce que tu veux de plus ?

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