Elle se sentait fatiguée, ces derniers temps. Même si les vacances lui accordaient normalement un répit bien mérité, elle n'était vraiment pas au meilleur de sa forme, il faut dire que si sa situation physique n'était déjà pas au beau fixe, son moral n'était pas au meilleur.

Depuis que Clarice avait appris que sa mère était enceinte, elle avait l'impression que chaque symptôme de son mal incurable était plus douloureux qu'en temps normal. Oui, il lui arrivait d'en rajouter pour s'attirer l'attention et la sympathie de ses parents, qui lui étaient plus que jamais nécessaires, mais il ne s'agissait pas que de ça, elle se sentait dépassée, débordée, et inquiète.

Dans son malheur, Clarice avait toujours goûté au bonheur d'être fille unique, et d'être le joyau de ses parents, mais que se passerait-il quand cette petite chose viendrait lui voler la vedette ? Qu'en auraient-ils encore à faire de cette ado mourante et incapable de procréer qui finirait bien tôt ou tard par disparaître avant l'heure.

Ses fiançailles précipitées avec Alphard Black lui donnaient à présent l'impression d'un coup monté, pas tant une façon de préserver sa réputation et celle de la famille Carrow que de juste... se débarrasser d'elle une bonne fois pour toutes. Elle ne trouvait plus sa place même là où elle avait été pourtant évidente et honorable. Alors elle avait eu besoin de se changer les idées, et c'était sans prévenir personne qu'elle avait décidé de se rendre à Pré-au-Lard.

Elle avait l'intention de faire quelques boutiques puis de traîner aux Trois-Balais avec un bouquin, histoire de faire paniquer ses parents quand ils réaliseraient qu'ils ne la trouvaient nulle part. Mais à peine avait-elle fait un magasin qu'elle se sentait déjà à bout de force. Et le peu qu'il lui en restait allait vite la déserter au moment de découvrir un visage familier... Eh merde.

"Ma chère et tendre promise, si je m'étais attendu à te retrouver ici ! A croire que le destin s'amuse à nous mettre sur le chemin l'un de l'autre."

"Black... ton père a bien voulu te laisser sans surveillance ? J'ai entendu dire qu'il te sortait en laisse pour s'épargner la honte que représente chacune de tes interventions publiques." Elle croisa les bras. "Je ne sais pas ce que tu comptes acheter ici, mais puisque la décence et l'intelligence ne sont toujours pas disponibles à la vente, j'ai comme l'intuition que tu perds ton temps."

"Comme tu vois, je suis un chien fou, un loup sauvage, personne ne peut me museler."

Bon, d'accord. Clarice pouvait bien le reconnaître, cette remarque l'avait fait rire. Cette sorte d'absolue assurance qu'il savait afficher en débitant les conneries les plus absurdes du monde était drôle. Elle supposait que c'était le but de la manoeuvre, elle l'espérait en tout cas.

Ceci dit, Alphard avait beau être un peu marrant, ce n'est pas pour autant qu'elle allait tout à coup lui accorder tout le crédit du monde. Un chien fou, un loup sauvage... Tout dans son comportement était d'un ridicule consommé, c'était... presque dramatique, mais en même temps, il fallait quand même bien l'avouer, c'était sacrément drôle.

"Le paternel a raison, cela dit, je suis une source constante d'humiliation. Et il n'est pas dans les parages, tu devines ce que ça veut dire."

"Tu ne feras jamais que t'humilier toi-même, Black, il est absolument impossible que ta médiocrité crasse déteigne sur moi. C'est ta chance dans mon grand malheur, j'ai suffisamment de dignité et de charisme pour nous deux", affirma-t-elle avec toute l'assurance du monde.

Elle l'affirmait avec aplomb mais elle ne le pensait pas vraiment. Elle savait pertinemment qu'il y avait de très fortes chances pour que la réputation d'Alphard lui en fasse une très mauvaise dans la foulée. Mais c'était à double tranchant.

Cela pouvait aussi, d'une certaine façon, préserver cette même réputation. Car elle aussi pouvait aisément, par son existence, humilier son fiancé. Ce dernier n'en avait seulement pas conscience, voilà tout.

"Voyons, Clarice, ma belle promise, comment pourrais-je perdre mon temps alors que tu es là avec moi."

"Bonne question, parce que pour le moment, j'ai franchement le sentiment de perdre le mien."

Elle veut ajouter quelque chose, mais une quinte de toux très violente l'interrompt dans son élan. Fais chier. Elle fait de son mieux, bien sûr, mais ce n'est pas facile du tout. Quand elle est saisie de la sorte, elle a toutes les difficultés du monde à reprendre le contrôle.

Ce n'est pas la première fois que ça lui arrive en publique, mais la plupart du temps, elle parvient à se dérober à l'attention de ceux qui l'entourent ou à faire diversion. Là, impossible, Black est un parasite. On ne se débarrasse pas de lui comme ça.

Merlin, pourquoi est-ce qu'il faut que ça lui arrive maintenant ? Bon d'accord, pourquoi est-ce qu'il fallait que ça lui arrive tout court ? Elle avait beau être habituée à sa condition, avec laquelle elle vivait depuis sa plus tendre enfance, elle avait le sentiment que, dernièrement, les choses empiraient.

Peut-être que c'était parce qu'elle prenait davantage conscience de certains aspects de sa maladie qu'elle arrivait plutôt bien à occulter avant ça ? Peut-être bien. Peut-être aussi que son état empirait vraiment, et c'était alors un cercle vicieux. L'angoisse que provoquait l'idée que son état empire empirait son état par ses angoisses.

Dans tous les cas, et même s'il n'y avait jamais de bons moments, forcément, celui-là était définitivement particulièrement mal choisi. Elle n'avait pas envie qu'Alphard Black la voie dans cet état. Surtout, il ne fallait pas qu'il la voie dans cet état. Elle estimait qu'il n'était pas franchement malin, mais quand même pas au point de ne pas se poser des questions, et s'il commençait à trop fouiner, s'il finissait par découvrir son secret, elle savait que ça finirait forcément très mal. C'est le mariage qui risquait d'être annulé, et elle ne serait pas en mesure de l'empêcher. C'était un vrai problème.

"Eh, fais gaffe, tu vas perdre un poumon ou deux, et après ça t'en auras plus. Tu sais, t'en as besoin pour des trucs importants... genre respirer, tu vois."

Elle afficha une grimace, tant pour réagir à sa réflexion idiote que parce qu'elle avait le sentiment qu'on lui arrachait les poumons et qu'on les réduisait en miettes. Elle n'avait vraiment pas besoin d'accuser l'humour lourdingue de son "cher et tendre" fiancé en plus de tout le reste, là, tout de suite. Trop, c'était vraiment trop...

Bordel, ce qu'elle pouvait avoir mal... Elle avait souvent des crises, mais celle-ci était tout de même particulièrement violente. Et ça ne la rassurait définitivement pas, on ne va pas se mentir.

"Euh... je peux faire quelque chose ?"

Est-ce que c'était de l'inquiétude qui transperçait dans sa voix ? Elle le lui ressortirait plus tard, ça, tiens, mais pour l'instant, elle n'était pas d'humeur.

"Oui, la fermer, ce serait un bon début", répliqua Clarice d'un ton agacé tout en essayant de reprendre contenance. "Te réjouis pas trop, va, c'est pas demain la veille que ta fiancée va te claquer entre les pattes." Elle prit une grande inspiration, puis une tout aussi longue expiration. "Faut que je sorte de là."

Elle le dit plus pour elle-même qu'autre chose. L'instant d'après, en effet, elle était avait quitté la boutique, convaincue du fait qu'Alphard ne la suivrait pas. Elle fouilla son sac à main à la recherche de la fiole de potion préparée par les soins de Cassiopeia, dont elle but une très large gorgée, en espérant que cela apaiserait ses maux.

Il n'y avait rien de pire que cette sensation, ce torrent d'émotions qui l'envahissait à chaque crise. C'était comme si elle était tout à coup submergée, et elle avait beau batailler, encore et encore, pour se retrouver à la surface, une force plus grande qu'elle cherchait, invariablement, impénétrable, à la propulser dans les abysses.

C'était un sentiment terrible, un sentiment qui paraissait proche d'insurmontable, en réalité, tant il était d'une violence vive et pure.

C'était au-delà de tout ce qu'on pouvait être susceptible de s'imaginer, c'était au-delà de tout ce qu'on pouvait éventuellement concevoir. C'était quelque chose qui la prenait au coeur, aux tripes, et c'était vraiment insupportable, c'était intolérable.

Un sentiment à nul autre pareil. Elle se sentait sombrer, et elle devait éviter de confondre les symptômes de sa maladie de ceux d'une crise de panique pure et simple. Car comment ne pas paniquer dans de telles circonstances ? La perspective de la mort ne lui paraissait jamais à ce point proche, comme à portée de main. Bien sûr, cette fois, comme les autres, ce serait une fausse alerte, mais c'était dur de se raisonner quand on avait un incendie à la place des poumons et l'impression qu'on ne serait plus jamais capable de respirer correctement.

Elle avait bien pris sa potion, mais cette dernière mettrait bien quelques minutes à faire effet, et en attendant, elle ne savait pas quoi faire d'autre sinon attendre, fermer les yeux, tenter de se focaliser sur ce qui se passait à l'extérieur d'elle plutôt que de paniquer par rapport à ce qui se passait en dehors d'elle.

Elle perçut du mouvement à côté d'elle, mais elle ne voulut pas ouvrir les yeux tout d'abord. Elle y fut tout de même contrainte au bout d'un moment, à contrecoeur. Parce que la voix distinctive (et désagréable) d'Alphard venait de s'élever à côté d'elle. Il n'avait pas l'air de vouloir lui lâcher la grappe. Quelle drôle d'idée.

"Bon, tu vas me dire ce qui t'arrive ? Il y a quoi dans cette fiole ?"

"De quoi je me mêle ?" rétorqua Clarice du ton le plus désagréable qu'elle avait en réserve. "T'as vraiment rien d'autre à foutre, là ? Au cas où t'aurais pas remarqué, je suis vraiment pas d'humeur à te faire la conversation, là. Y a personne autour, t'as pas besoin de prétendre te soucier de moi, alors lâche-moi la grappe, on y sera gagnants tous les deux."

"Contrairement à toi, Carrow, j'ai un cœur."

C'était une information que Clarice aurait bien aimé pouvoir remettre en question pour le seul plaisir de la remettre en question, mais le fait est qu'elle le croyait bel et bien sur parole quand il affirmait cela, car c'était la pure et stricte vérité : oui, Alphard Black avait tous les défauts du monde, mais contrairement à Clarice, il savait faire preuve d'empathie - ce qui d'ailleurs, selon les standards de la jeune femme, n'avait absolument rien d'un compliment, il faut quand même le préciser. Si on perdait trop de son temps à compatir avec le tout venant, on oubliait de se focaliser sur le plus important, et le plus important, c'était soi-même.

"Quand je vois quelqu'un à l'article de la mort, je lui viens en aide."

Une grimace pour réponse. Elle n'était pas à l'article de la mort, il ne faut pas exagérer non plus, mais c'est vrai que quand même, elle ne pouvait pas prétendre être au meilleur de sa forme non plus. Quelque chose n'allait pas, définitivement pas. Et c'était bien sa vie qui finirait par être en jeu, même si elle refusait de l'observer ainsi pour le moment.

"Mais je comprends que ça t'échappe, à toi, t'as autant de sens moral et d'empathie qu'un snargalouf."

"Toi tu t'apitoierais sans doute sur le sort d'un verracrasse. Je ne me soucie que de ceux qui le méritent, tu remarqueras que tu n'en fais pas partie."

Elle ne compte en rien justifier son manque d'empathie, elle n'a pas davantage l'intention de s'en excuser. Oui, c'est comme ça, l'empathie, elle connaît pas, et si on attend d'elle des mots gentil, de la patience et de la tendresse, et bien il vaut mieux aller en chercher ailleurs, sinon plu pouvait attendre vraiment très longtemps.

"Tu veux pas qu'on te trouve un médecin ?"

Elle avait envie de répondre non d'instinct, mais en vérité, elle se sentait si mal qu'elle commençait à se dire elle-même que ce ne serait définitivement pas du luxe.

"Ouais... peut-être. Mais il pourra pas faire grand-chose, je sais ce que j'ai."

Et ce qu'elle avait pouvait certes être soulagé, en revanche ne pourrait jamais être guéri. C'était ainsi.

"Pour une fois, Carrow, tu viens de dire une chose incroyablement sensée. Toi et un verracrasse, c'est pratiquement la même chose ! A quelques détails près, quoi."

Clarice pourrait chercher à répliquer encore. S'ils s'y mettaient, les deux étaient bien capables de surenchérir pendant très, très, très longtemps. Elle n'avait pas l'intention d'accorder du crédit à son propos, de toute manière, puisqu'elle n'avait pas à se justifier du fait qu'elle n'avait rien d'un verracrasse.

Elle ne voyait dans la réflexion d'Alphard que comme un reproche sans intérêt, et qu'elle pouvait balayer d'un revers de la main en s'en moquant royalement. Elle était de toute façon trop mal pour se lancer dans des joutes verbales à rallonge. C'est le genre de choses qui ne m'intéressent pas.

Elle ressentait de plus en plus qu'elle devait vraiment voir un médecin. Elle avait trop tiré sur la corde, elle n'aurait pas dû venir ici... Elle sentait déjà que ses parents allaient le lui reprocher, malheureusement, elle n'avait vraiment pas contrôlé cette situation, elle l'avait dépassée, complètement dépassée. Et maintenant, elle en subissait le contrecoup le plus violent.

"Bon, on va faire le tour, on verra bien si on trouve quelqu'un, et la première personne qu'on croise, on lui demande l'adresse du médicomage le plus proche, ça te va ?"

Elle hocha la tête, elle aurait envie de contredire Alphard pour le seul plaisir de le contredire, mais elle ne le ferait définitivement pas. Ce serait bien inutile de discuter.

"Je t'aide à marcher si tu as besoin..."

"Non, ça va, je suis pas une assistée, non plus", grinça-t-elle entre ses dents.

Alors qu'en vérité, elle aurait bien besoin du soutien d'Alphard. Sauf qu'elle n'était pas prête à l'accepter. Alors, à la place, elle préférait largement serrer les dents et faire en sorte que ça passe le mieux possible.

Elle arrivait encore à mettre un pied devant l'autre (qui sait combien de temps ça durerait exactement), alors tant que c'était le cas, elle ne comptait pas changer quoi que ce soit.

"Qu'est-ce que tu as, exactement ?"

Elle s'y était attendue, à cette question. Elle s'était montrée un peu trop explicite tout à l'heure.

"J'ai ce genre de crises depuis que je suis petite, on sait pas exactement ce que c'est mais... ça se guérit pas." Elle marqua une pause. "Ne le répète pas à ta famille, s'il te plaît."

"Pourquoi est-ce que j'irais en parler à ma famille ?"

Clarice afficha un sourire cynique en réponse, qui pourrait vouloir dire, si on sait parler le Clarice : "Connecte tes deux neurones si t'en es capable et tu comprendras." Oui, quand on la connaissait un peu, il était possible de comprendre ces sous-textes pourtant très spécifiques, promis.

Oui, il y avait mille raisons de ne pas vouloir que la famille de son fiancé apprenne la vérité. S'ils devaient découvrir que Clarice Carrow était aussi fragile que du cristal, ils ne voudraient certainement pas d'elle, ça pourrait signifier qu'elle serait trop fragile pour porter un enfant, ou pire encore, susceptible de leur transmettre leur "tare".

Et ce n'étaient que des suppositions qui omettaient la vraie raison pour laquelle elle devait épouser Alphard, à savoir qu'elle ne pourrait jamais tomber enceinte. Mais ça, même si elle était visiblement trop faible pour prendre la peine de mentir convenablement, elle ne commettrait tout de même pas l'erreur de l'apprendre à Alphard. Il serait sans doute trop heureux d'avoir un prétexte pour rompre leurs fiançailles.

Clarice ne voulait surtout pas provoquer la déception de ses parents, pas plus qu'elle ne voulait devenir persona non grata parmi les sangs purs. Même si ça la tuait de l'admettre au vu de l'énergumène, c'était un fait malgré tout. Clarice avait besoin d'Alphard Black. Elle aurait préféré que son fiancé miracle soit un peu plus agréable à regarder, plus sympathique et moins... Alphard, mais ça restait la vérité, malgré tout, et elle ne pouvait pas faire mine du contraire.

"Cette maladie, là... Elle est... enfin... désolé je sais pas le présenter autrement mais... elle est mortelle ?"

"Bravo, je vois bien que t'as fait tous les efforts de subtilité dont ton cerveau est capable", rétorqua-t-elle alors avec cynisme. Elle poussa un soupir. "Ouais... Enfin... ça va, je veux dire, je peux vivre encore un moment mais..." Elle avait failli parler de son père, qui avait la même maladie, mais elle s'était retenue à temps. "C'est de pire en pire, et je crois que c'est pire que ce à quoi les médicomages s'attendaient." Elle marqua une pause. "T'as pas promis..."

Elle avait besoin d'entendre sa promesse, celle qu'il n'irait rien répéter à son père. Sans cela, elle n'avait pas la moindre idée de ce qui adviendrait ensuite, mais elle s'attendait au pire.

"Je leur dirais rien. C'est promis."

Clarice afficha un fin sourire qui ressemblait sans doute davantage à une grimace, mais qui était ce qui se rapprochait le plus de ce que la vert et argent était capable de proposer en matière de marque de gratitude.

Elle n'était pas tombée de la dernière pluie, elle savait bien que les promesses d'Alphard pouvaient ne pas vouloir dire grand-chose, et qu'il était préférable de s'en méfier autant que possible. Mais elle voulait croire que parmi le nombre inqualifiable de ses défauts ne comptait pas le fait qu'il soit hypocrite ou menteur, pas dans ce genre de circonstances. Il avait vraiment l'air de se faire du souci pour elle, ce n'était pas juste une impression.

"Si je deviens veuf rapidement, j'aurais un bon prétexte pour rester célibataire pour le reste de ma vie. Je déconne, hein..."

"T'es con...", soupira Clarice à la réflexion de son interlocuteur.

La blague n'était pas entièrement drôle... mais un peu, quelque part... pas qu'elle aime l'idée que l'on plaisante sur sa mort, mais l'humour noir était une arme dont elle se servait elle-même quand elle cherchait à dédramatiser un peu les choses. Ce n'était jamais du luxe.

Dans tous les cas, elle pensait pouvoir compter sur sa discrétion, et ça la rassurait tout de même. Elle avait besoin de ce genre d'assurances, c'était même d'une absolue nécessité à ses yeux. C'était de son avenir qu'il était question, et aussi, elle n'avait pas envie de décevoir ses parents, même si ces derniers lui donnaient souvent le sentiment qu'il n'y avait rien qu'elle pourrait dire ou faire qui la ferait baisser dans leur estime.

"Si t'es cool avec moi, je serais cool avec toi."

"Eh, mais c'est que ça ressemblerait presque à du chantage, ça", remarqua Clarice avec un léger sourire au coin des lèvres.

Mais elle voyait où il voulait en venir, et il avait pas tort de faire ce qu'il faisait. Elle aussi, si elle avait dû disposer d'une information compromettante au sujet d'Alphard (mais ce dernier était si transparent que ça avait peu de chances d'arriver), ne se serait pas privée de s'en servir comme d'une arme éventuelle contre lui.

Ils avancèrent encore sur quelques pas jusqu'à atteindre la devanture d'une maison sur laquelle la plaque d'un médicomage indépendant laissait espérer qu'ils trouveraient à qui s'adresser.

"Tu peux me laisser là, t'en as déjà assez fait."