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ollux était un homme d'apparences et de priorités, et s'il en était une qui avait toujours surpassé, et de loin, toutes les autres, c'était bien la famille. Avant même son travail, avant même sa réputation (mais réputation et famille étaient étroitement correllés dans son esprit), c'était cela qui comptait pour lui. Certains lui argueraient peut-être que si son sens de la famille était si appuyé, il n'aurait sans doute pas abandonné son frère à son sort comme il l'avait fait, mais par famille, il entendait bien sûr tout ce qui distinguait les Black : leur diginité et avant tout la pureté irréprochable de leur sang, donc.

Alors oui, Pollux jouait les patriarche Black avec d'autant plus de sérieux et de rigueur que c'était un rôle à présent solitaire, Irma n'étant plus à ses côtés depuis plusieurs années à présent. Il veillait ainsi à la bonne marche de sa famille, qu'il soit question de ses enfants ou encore de ses soeurs, sur lesquels il veillait à distance du mieux qu'il pouvait. Et dernièrement, Cassiopeia lui causait du souci.

Il ne s'inquiétait pas de Dorea. Après tout, elle avait fait un bon mariage, Charlus était quelqu'un de bien, et même si l'adoption à venir (car Pollux n'envisageait pas qu'elle ne puisse pas ne pas avoir lieu, tous les éléments étaient de leur côté après tout) des neveu et nièce de Charlus compliquaient un peu l'ordre établi, il estimait que c'était une bonne chose, et que cela aiderait Dorea à se familiariser avec le rôle de mère. C'est que Pollux, qui avait été père très jeune, s'impatientait de devenir tonton un jour, et ses soeurs (on ne parlera donc pas de son frère) ne lui facilitaient pas vraiment la tâche.

Cassiopeia surtout, donc, puisque c'est à elle qu'il fallait en revenir. Au-delà du fait qu'elle ne soit toujours pas mariée (ce que Pollux estimait définitivement dommageable), il avait le sentimentqu'elle était de plus en plus distante, de plus en plus secrète. Certes, Cassiopeia n'avait jamais été la plus expansive de la fratrie, mais dernièrement, Pollux avait tendance à trouver cela alarmant. Il l'avait plusieurs fois invité, afin de prendre de ses nouvelles, de la voir tout simplement, mais surtout de s'assurer qu'elle allait bien ,et ce n'était que maintenant qu'elle daignait enfin reparaître, ce que Pollux avait fini par désespérer de voir advenir. Quand elle se présenta chez lui, elle s'adressa à lui comme s'ils s'étaient quittés la veille... mais Pollux n'avait pas l'intention de passer outre son silence.

-Je vais très bien, d'autant mieux maintenant que tu es là. Je dois t'avouer que je m'attendais à tout instant à recevoir un courrier de décommandations de ta part. Il devient de plus en plus difficile de ne serait-ce que t'entrapercevoir.

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assiopeia possédait le sens de la formule, c'était de famille, et c'était tant mieux, car il fallait au moins cela pour compenser les quelques entorses que la jeune femme avait tendance à faire à la rigueur des Black ces derniers temps. Les reproches de Pollux s'étiolaient vite, car il avait trop d'affection et de respect pour Cassiopeia pour demeurer fâché trop longtemps (comme il ne saurait jamais l'être avec Dorea non plus), il ressentait d'autant plus le besoin de consolider le noyau fraternel qu'il refusait de perdre une de ses soeurs comme il avait déjà perdu Marius il y a bien longtemps.

Certes, c'étaient des cas de figure très différents, mais difficiles à oublier, même s'il était aisé de prétendre ne pas se sentir touché ou concerné. Dans tous les cas, il ne comptait pas l'accabler de reproches éternellement non plus. Ici et maintenant, elle était là, et tant qu'à faire, il préférait tout de même se focaliser là-dessus. Après tout, son excuse n'était pas non plus si mauvaise. Pollux n'était pas un prodige des potions comme l'avait toujours été sa soeur, mais il avait de l'admiration pour cet art qu'elle maîtrisait si bien, et il admettait que la création de potions viables exigeait un temps et une attention que la jeune femme n'était par conséquent pas disposée à consacrer à autre chose.

Cela passerait peut-être par la suite. Elle devait travailler à un projet de longue haleine, et elle deviendrait plus disponible le moment venu. Suffisamment disponible pour consacrer du temps à sa famille. Peut-être aussi pour en fonder une elle-même ? C'est que le temps filait, doucement mais sûrement. Certes, Pollux avait été vite en besogne de son côté, mais il se désespérait de ne toujours pas avoir de neuveux et nièces... Certes, l'adoption prochaine des jumeaux Potter, c'était une chose. Mais ce n'était pas une famille de chair et de sang, pas pour les Black, du moins, alors ça compterait, oui, mais pas tout à fait non plus.

-Plutôt bien. Le travail ne manque jamais, évidemment, mais je suis plutôt satisfait de notre nouvelle ligne éditoriale. Il marqua une pause. J'ai peu revu Cygnus depuis son mariage, mais je n'ai que de bons échos le concernant. Alphard est... fidèle à lui-même, mais je lui dispenserai la discipline qui lui manque encore. Et Walburga... Elle s'est trouvé un fiancé, figure-toi.

Il commençait par là. Lui-même avait ses propres questions à poser à Cassiopeia, mais il décidait dans un premier temps de répondre docilement aux siennes. Chaque chose en son temps.

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ollux se doutait que même si Cassiopeia s'intéresserait à chacun de ses propos, mais qu'elle s'attarderait bien plus sur la dernière information qu'il lui communiquait, et ce n'était pas pour rien qu'il avait choisi d'aborder le sujet en dernier. Il ne méritait pas forcément qu'ils s'y attardent trop longuement, c'est un fait, mais tout de même, Cassiopeia méritait d'être avertie des derniers événements, d'autant plus que Pollux ne savait pas quand il aurait l'occasion de revoir Cassiopeia. Il avait envie de penser que sa présence, ici et maintenant, signifiait qu'ils allaient reprendre leurs habitudes, plus régulières, mais il préférait ne pas se leurrer.

-Orion, répondit-il. Il n'imaginait pas nécessaire de préciser le nom de famille du jeune homme. Le prénom "Orion" n'était pas bien courant, même au sein de leur propre arbre généalogique. Il ne pouvait y avoir qu'un seul Orion de concerné, et de toute évidence, ils le connaissaient tous les deux. Apparemment, Walburga et lui nous ont caché pas mal de choses.

Car il l'avait bien compris à présent qu'ils s'étaient confiés à lui dans l'attente de sa bénédiction. Ils se tournaient autour depuis pas mal de temps, et finalement, la rétractation de Lexie Hepburn était devenu une aubaine pour Orion, et donc pour sa fille. Pollux n'allait pas le cacher, il avait été surpris de la nouvelle, mais pour autant, il n'y était pas réfractaire. En vérité, Orion était un parti que Pollux aurait été capable de proposer à sa fille, en réalité. On ne va pas se le cacher, puisqu'il fallait marier sa fille au meilleur parti possible, marier sa fille à un Black semblait couler de source.

Alors certes, il y avait ces quelques risques de consanguinités... ils concernaient en vérité absolument tous les sorciers de sang pur, et après tout, Orion et Walburga n'étaient pas des cousins directs. Quoi qu'il en soit, Pollux avait donné sa bénédiction pour cette union à venir. Il n'attendait pas réellement l'opinion de sa soeur à ce sujet, son choix ne changerait pas quoi qu'il en soit, mais il était tout de même assez curieux de connaître sa réaction. Cygnus marié, il allait être grand temps de marier également Walburga. Et pour Alphard... fort heureusement, ils avaient encore le temps d'y penser. Il lui donnait bien assez de fil à retordre comme cela.

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a réaction de Cassiopeia en apprenant la nouvelle fut en de nombreux points semblable à celle qui avait également été celle de Pollux quand il s'était retrouvé face à une Walburga et un Orion intimidés décidés à faire valoir leurs sentiments, et par conséquent leur mariage futur. Il avait été étonné, en effet, car rien ne l'avait précisément préparé à cette nouvelle, mais passée la surprise, il avait considéré tous les éléments qui de longue date auraient pu lui mettre la puce à l'oreille, et il reconnaissait même que c'était un choix judicieux auquel il aurait pu penser lui-même.

Cygnus avait été fiancé dès son plus jeune âge, c'était normal, il était son aîné, et il fallait compenser l'éventuel scandale qu'avait représenté les circonstances de sa naissance. Il n'avait pas été si pressé à trouver un fiancé à Walby ou une fiancée à Alphard. De l'avantage d'être les deuxième et troisième nés, même s'il aurait forcément fait cet effort à un moment ou à un autre. Mais en l'occurrence, la question ne se posait finalement pas. Walby avait fait son choix seule, et elle avait eu le mérite, que nul ne pourrait lui ôter, d'avoir fait un choix que l'on pouvait effectivement qualifier de judicieux. En tout cas un choix auquel Pollux n'avait aucune raison de s'opposer, raison pour laquelle il pouvait en discuter en toute décontraction en compagnie de sa soeur.

-J'en ai conclu la même chose, répondit Pollux dans un fin sourire quand Cassiopeia observa, à juste titre, que rien ne pouvait être préférable pour une Black que d'épouser un Black.

Et en effet. Ce n'était pas la première fois que cette situation advenait au sein de leur famille, même si l'on s'étonnerait cette fois qu'elle n'ait pas été volontaire. Il y avait de quoi s'en réjouir bien plus que de s'en offusquer, en réalité. Ne restait plus qu'à préparer de nouvelles noces... dans quelque temps malgré tout. Le mariage de Cygnus et Druella était encore frais, Pollux n'était pas complètement pressé de revenir à cette sorte de préparatifs, même s'il le faudrait bien.

-J'avoue que je n'envisageais pas que ma fille finisse par se marier avant même ma propre soeur.

Petit changement de sujet peu subtil pour demander à Cassiopeia si elle avait quelqu'un dans sa vie, on fait ce qu'on peut.

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ollux estimait que Cassiopeia avait dépassé l'âge de se mêler des affaires de coeur de sa soeur, d'autant que cette dernière était très indépendante, et parfaitement capable de faire ses choix toute seule, et de prendre les décisions qu'il fallait sans l'aide de qui que ce soit. Mais il devait bien reconnaître ressentir une certaine frustration en constatant que la vie sentimentale de sa soeur ne jouait pas d'un iota. Ils n'avaient pas besoin de ce mariage pour assurer la pérénité de leur famille, Pollux avait assuré une vaste descendance aux Black grâce à ses trois enfants, et il savait bien que Dorea ne tarderait pas à suivre le mouvement, mais quand bien même, ce n'était pas qu'une histoire de prestige familial à encourager et à satisfaire, en vérité. C'était aussi autre chose.

Même si ce n'était pas forcément le genre de sujets concernant lesquels ils avaient pour habitude de discuter très librement. Il y avait toujours une sorte de tabou qui empêchait de parler trop directement de ce qui avait trait aux affaires de coeur. Pourtant, et sans vouloir se montrer intrusif, il s'intéressait, voire s'inquiétait de l'avenir sentimental de Cassiopeia, c'était un fait. Parce qu'il voulait son bonheur. Même s'il n'était pas homme à considérer que le bonheur dépendait d'une relation amoureuse, en réalité. Lui-même, par exemple, n'avait pas la moindre intention de se remarier, de laisser entrer une autre femme dans sa vie. Par la force des choses, Irma avait été la seule et l'unique, et ça lui suffisait au bout du compte. Malgré tout, il cherchait toujours à se renseigner. Après tout, il y aurait bien pu y avoir du nouveau dans la vie de Cassiopeia. Ils se voyaient si peu dernièrement qu'il lui était difficile de savoir exactement où elle pouvait bien en être dans sa vie de manière générale. Forcément, il saisissait l'occasion de rectifier le tir. Il le fallait bien.

-On ne sait jamais, dit-il dans un haussement d'épaules alors. Il n'allait pas piquer une crise à Cassiopeia sous prétexte qu'elle n'avait personne dans sa vie, mais il n'était pas certain que cette situation la rende vraiment heureuse. Plus jeune, elle lui parlait de se marier, d'avoir des enfants. Elle y avait pensé, il fallait bien qu'il le reconnaisse. Tu sais, je connais des hommes qui seraient parfaits pour toi, de très bons partis. Je pourrais te les présenter, si tu veux.

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ollux savait bien qu'il n'avait pas à jouer les entremetteurs auprès de sa soeur. Si c'était un rôle dont il se faisait une obligation, il l'aurait pris davantage à coeur, et lui aurait déjà trouvé un fiancé à l'heure qu'il était, mais le fait est qu'il n'avait jamais estimé que c'était une fonction qui lui incombait de droit. C'était plutôt, au départ, le rôle de leurs parents, qui ne s'y étaient gère pliés.

Etait-ce grave qu'elle n'ait personne dans sa vie à l'heure actuelle ? Pas vraiment, d'autant plus que Cassiopeia n'était pas non plus sur le déclin. Mais Pollux était soucieux du bien-être de chaque membre de sa famille (enfin, exception faite de Marius, mais par la force des choses, il ne le considérait plus, et depuis bien longtemps, comme un membre de sa famille - et c'était d'ailleurs à peine s'il s'autorisait à penser à lui). Et il apprécierait de savoir que Cassiopeia avait quelqu'un à ses côté auprès de qui vieillir, qui veille à ses besoins et qui lui assure une descendance digne des Black.

Malgré tout, si elle ne le voulait pas... il ne la forcerait pas. C'était un luxe qu'il lui autorisait... parce qu'il avait suffisamment confiance en Cassiopeia pour avoir su se convaincre qu'elle saurait d'elle-même faire ce qui était dans son propre intérêt. Par exemple, il était entièrement convaincu du fait qu'elle n'irait jamais s'enticher d'une personne dont le sang puisse éventuellement leur faire honte. Même si pour lui, il n'était pas tant question d'intimité en l'occurrence que d'héritage, de transmission de leurs valeurs.

-Si je ne respectais pas ton intimité, je te demanderai des comptes chaque fois que tu t'absentes sans donner de nouvelles, remarqua Pollux.

Ce n'était qu'une moitié de reproche. Si Cassiopeia lui assurait qu'elle ferait des efforts et serait plus présente à présent, alors il acceptait de le croire. Mais c'était évidemment un constat qui se ferait sur la durée. Si sa soeur ne devait pas respecter cet engagement tacite, il repousserait peut-être les limites de ce qu'elle estimait être son intimité. Mais pour son bien, évidemment.

-Mais comme tu voudras, je serai prêt à t'entendre si tu changes d'avis.

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ollux afficha un sourire en coin, pas vexé pour un sou quand sa soeur observa que, le connaissant bien, elle savait pertinemment qu'il ne savait pas s'intéresser seulement à sa propre vie et devait mettre son nez dans celle des autres. De sa part, il ne le prenait pas comme un reproche, et il pourrait difficilement la contredire puisque c'était un constat qu'il avait déjà eu tout le loisir de faire lui-même à son propre sujet. En effet, il ne s'en cacherait pas, c'était bel et bien la vérité, il avait tendance à constamment se mêler des affaires de ses proches, mais ce n'était pas par malignité ou mépris de sa propre vie, au contraire.

Sa vie à lui était déjà bien animée, au-delà de son travail, auquel il consacrait le plus clair de son temps, il est vrai. Elle était bien animée parce que sa vie, c'était ses enfants, c'était ses deux soeurs, c'était sa famille, en somme. Et donc, se mêler de près aux affaires qui concernaient sa famille, cela revenait au final, pour lui, à se mêler également de ses propres affaires. Il pourrait le présenter comme telle à Cassiopeia, mais il ne s'en donna guère la peine. Il savait très bien que sa soeur n'avait pas besoin de ce genre de précisions pour le savoir pertinemment. Au sein de leur branche des Black, il s'était imposé comme l'aîné et donc le patriarche. Et c'était un rôle qui lui tenait à coeur et qu'il n'abandonnerait clairement pas de sitôt.

Cassiopeia trouva par ailleurs une très bonne façon de détourner l'attention d'elle-même. Il ne l'avait pas vu venir mais devinait très bien la stratégie derrière, pour autant il ne comptait pas lui en tenir rigueur. C'était de bonne guerre, on peut dire, même si la réponse que Pollux avait à donner à cette question était déjà toute trouvée, car l'esprit de Pollux était plus que clair sur la question.

-J'ai déjà une épouse, répondit-il alors simplement, avec sincérité. Ce sera toujours Irma, tu sais bien...

Oui, peut-être que si Irma n'était pas tombée enceinte de lui alors qu'ils étaient encore étudiants à Poudlard, Pollux et elle ne se seraient jamais mariés ni fondé la moindre famille, et il aurait peut-être trouvé l'amour, ou en tout cas une certaine stabilité auprès d'une autre. Mais ça avait été Irma. Elle lui avait donné un fils qui ne cessait de faire sa fierté, et deux autres enfants qui pour l'un lui donnait du fil à retordre, mais qu'il aimait malgré tout profondément. Il ne se voyait pas refaire sa vie. Il avait un héritier, une famille, il n'avait guère besoin d'épouse.

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ollux espérait que Cassiopeia n'insisterait pas. Ce serait de bonne guerre, bien évidemment, et largement mérité, c'est sûr, étant donné que lui-même ne se privait pas de vouloir la caser et d'espérer la voir bientôt mariée et mère de famille, mais pour autant, il n'avait vraiment pas envie d'aborder ce sujet pour lui-même. Parce qu'à ses yeux, ce sujet n'avait pas de fondement. C'est vrai, ce devait paraître contradictoire, étant donné que ce qu'il estimait indispensable à sa soeur, il ne le considérait pas indispensable pour lui, mais sa situation était différente. Pollux n'était pas seul, il avait ses trois enfants. Et même si ses trois enfants (même Alphard, l'air de rien) étaient bien grands maintenant et n'auraient bientôt plus besoin de lui, ils étaient son accomplissement, et lui apportaient un bonheur suffisant pour qu'il n'éprouve aucun vide à combler sentimentalement parlant.

Pollux n'était pas un romantique, il ne pensait pas avoir besoin d'une femme dans sa vie pour être heureux et épanoui. Ce qui ne l'empêchait pas de considérer que toutes les femmes de sa famille avaient besoin d'un homme, c'est vrai. Mais à ses yeux, ce n'était pas la même chose, pas la même chose du tout, même. Ce n'était pas non plus dans l'espoir de voir ses soeurs comblées sentimentalement (même s'il le leur souhaitait maintenant) qu'il les voulait en ménage, mais... parce qu'elles étaient des femmes, tout simplement.

Pollux était un grand mysogine, qui vivait avec son temps. Quand il était question de douter des compétences de ses employées ou même de leur ministre sous prétexte qu'elles étaient des femmes, il n'était pas le dernier. Pour lui, une femme digne de ce nom devait être mariée, et de préférence mère. Mais il ne désespérait pas de voir la chose arriver pour Cassiopeia. Il aurait simplement apprécié qu'elle soit moins... exigeante, disons.

Mais ce débat semblait clos, du moins pour le moment. En tout cas, Cassiopeia n'y revint pas, et lui parla à la place d'Irma, avec toute son affection de soeur, cette affection qu'elle lui témoignait rarement, parce qu'ils se voyaient moins, certes, mais aussi et surtout parce qu'il y avait des sujets qu'ils abordaient très peu, des cadavres qu'on ne sortait jamais des placards.

-Je l'espère, en tout cas, répondit-il avec un fin sourire.

Bien évidemment, qu'il l'espérait. Il s'appliquait à être le meilleur père possible parce qu'il aimait ses enfants, bien sûr, mais aussi pour Irma, parce qu'il se sentait le devoir de jouer à sa place le rôle qu'elle ne pouvait à présent plus tenir. Même s'il restait un père exigeant et sévère, peu affectueux du reste, et pris par une charge de travail chronophage, il voulait croire quil était un bon père. Et ses enfants avaient tendance à le lui prouver... même si Alphard lui donnait parfois du fil à retordre.

-Même s'ils n'auront bientôt plus besoin de moi, ajouta-t-il.

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ollux n'était pas homme à ressentir le besoin d'être rassuré. Il avait une suffisamment haute estime de lui-même pour que cette possibilité ne l'effleure même pas, en réalité. Quand il affirmait que ses enfants finiraient par ne plus avoir besoin de lui, ce n'était pas une manière de se laisser plaindre, seulement un constat, et ce n'était même pas un constat défaitiste, en réalité.

Bien sûr, il était difficile de voir les enfants que l'on avait bercés, élevés, logés, nourris, quitter le nid et prendre leur envol, mais c'était dans l'ordre naturel des choses. Toutes les valeurs qu'il avait pris soin d'inculquer à ses enfants, tous les efforts qu'il avait pris soin de fournir... Tout ceci n'avait eu qu'un seul but, et c'était de permettre à sa progéniture de suivre le dessein des Black, il leur avait servi de guides jusqu'à ce qu'ils connaissent le chemin et n'aient plus du tout besoin qu'on leur montre l'itinéraire. Il pourrait encore être un compagnon de voyage tant qu'il vivrait, mais un guide, plus du tout, et c'était très bien ainsi. Cela signifierait, si les choses se passaient ainsi qu'il le prophétisait, qu'il avait bien fait les choses, et qu'il avait su être un bon père jusqu'au bout, tout simplement. Cela n'avait rien d'un constat d'échec, pas du tout, même.

Pour ce qui était d'avoir le don de se rendre indispensable, il ne pouvait pas entièrement donner tort à son interlocuteur, il est vrai, c'était une chose qu'il avait effectivement toujours cherché à faire. Parce qu'il voulait laisser une trace de son passage sur cette terre, c'était aussi simple que cela au bout du compte. Il ne pouvait cependant pas vouloir demeurer indispensable à sa famille. Il ne pouvait pas se le permettre. Il n'était pas éternel. Alors à quoi cela rimerait-il ?

-Ne m'en parle pas, j'ai loin d'avoir fini mon travail avec lui, admit Pollux quand Cassiopeia lui fit remarquer qu'Alphard avait grand besoin de lui.

Ce qui était entièrement vrai, pas seulement parce qu'il était encore bien jeune, mais surtout parce que ce gamin n'en faisait qu'à sa tête. Il allait lui donner du fil à retordre encore un bon moment, c'était une certitude.

-Mais c'est une bonne chose, tu sais, si je deviens dispensable, alors c'est que j'aurais réussi, ajouta-t-il.

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