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ne journée comme les autres au sein des bureaux de la gazette du sorcier... une journée où, une fois n'est pas coutume, Phèdre serait transparente aux yeux de son rédacteur en chef et de presque tous ses collègues. C'était à se demander pourquoi on ne la virait pas, tout simplement, si son travail avait visiblement si peu de valeur qu'il ne méritait pas qu'on s'y attarde ou qu'on le publie. Bon, elle ne crachait pas dans la soupe, elle préférait, à choisir, qu'on l'oublie et être payée à la fin du mois plutôt qu'on se rappelle d'elle et qu'elle soit virée pour la peine, mais quelle frustration. Heureusement que les autres pans de sa vie se révélaient bien plus, disons, animés, car ce n'était clairement pas au sein de la rédaction du journal qu'elle allait trouver l'élan dont elle avait besoin pour donner à sa vie un rien de piment. C'est que la rubrique des faits divers sur les petites vieilles qui retrouvaient des crapauds dans leurs chaussures, c'était peut-être drôle pour une tranche très restreinte de la population, mais elle, ça l'énervait, ça l'ennuyait, ça l'agaçait... bref, ce n'était pas la joie.

Elle n'avait qu'une seule hâte, c'était pouvoir rentrer chez elle. Enfin, chez elle, c'était vite dit. Avant cela, il faudrait faire un détour par chez Seth pour s'assurer qu'il ne rechutait pas... et encore, c'était une chance, pour le moment, Leta ne l'avait pas mise à profit pour passer voir le petit Dragonneau... Elle serait rentrée chez elle relativement tôt, si tout allait bien. Et après ça, elle prendrait un peu de temps pour elle. Là, elle rêvait d'un bon bain chaud, histoire de se détendre un peu... Encore que ce qu'il lui faudrait vraiment, c'est la présence de Aaron. Aaron qui, l'espérait-elle, n'était plus trop en rogne contre elle maintenant. On ne pouvait pas dire que la dernière fois qu'ils s'étaient vus, l'ambiance avait été au beau fixe, du fait de l'intervention de Seth (qui avait bien pris soin d'en rajouter, merci à lui), elle espérait que tout ça s'apaiserait. Elle avait besoin de son petit ami, comme elle n'avait jamais eu besoin de personne au cours de son existence. Elle l'aimait plus que tout, c'était aussi simple que cela, et cette envie qu'elle avait de le revoir pour se rassurer sur leur relation n'encourageait sans doute pas sa motivation à rester plantée là à griffonner des articles sans substance pour une revue qui ne croyait pas dans son potentiel.

A l'heure pile, elle abandonna son poste, laissa même en suspens la phrase qu'elle était en train d'écrire, trop pressée de pouvoir enfin s'en aller. Alors qu'elle quittait les bureaux, elle heurta légèrement un homme qui lui semblait sur le point d'entrer.

-Désolée, s'excusa-t-elle par réflexe. Puis elle leva les yeux vers l'homme en question et elle le reconnut. Alors, elle ne put s'empêcher de le questionner : Vous êtes Ignatius Tuft ? Le fils de Wilhelmina Tuft ?

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e jeune homme lui confirma bel et bien être Ignatius Tuft, le ministre de la Magie, un homme influent, le genre de personnes à hameçonner et avec qui garder de bonnes relations si on voulait espérer rencontrer le moindre progrès d'ordre social... ou professionnel. Phèdre était à l'heure actuelle pour le moins intéressée, oui, et c'était pour cette raison qu'elle ne se voyait pas seulement tracer son chemin comme elle en avait initialement l'intention de le faire. Il y avait peut-être quelque chose à retirer de cette rencontre fortuite, et elle comptait bien ne pas passer à côté. Ignatius Tuft était face à elle, et maintenant qu'elle y repensait, elle se rappelait qu'il était supposé rencontrer un de ses collègues pour une interview, alors l'idée la submergea comme ces présumées ampoules qui s'éclairent au-dessus de vous têtes quand vous avez une illumination. Quand il lui demanda de se présenter, elle n'hésita pas la moindre seconde et choisit de mettre son idée, si risquée soit-elle, à exécution.

-Phèdre Snowden, se présenta-t-elle en tendant sa main à son interlocuteur afin que ce dernier puisse la serrer. Je suis la journaliste en charge de votre interview.

Et un petit mensonge éhonté, un ! Mais prononcé avec beaucoup d'aplomb, ceci dit, parce qu'il fallait sans doute au moins ça pour qu'elle soit convaincante. La jeune femme pensait être convaincante, et pour cause, il était dans ses habitudes de mentir, elle faisait cela au quotidien, au point que c'était presque devenu une seconde nature pour elle. Où est-ce qu'elle allait avec un mensonge pareil, elle-même ne le savait pas réellement, mais en tout cas, elle fonçait. Elle en paierait peut-être les conséquences, mais elle se disait qu'en mettant son rédacteur en chef devant le fait accompli, lui proposant en bonne et due forme l'interview après lequel il attendait en pensant ne pas avoir pu l'obtenir parce que le jeune homme ne se serait pas présenté... Elle y allait au culot, quoi, comme c'était souvent le cas, avec elle, et elle se disait qu'avec un peu de chances, il se pouvait que ça fonctionne bel et bien. Elle y croyait, en tout cas. Encore faudrait-il qu'Ignatius gobe son bobard.

...mais il était assez crédible en soi, non ? Elle était en train de sortir des bureaux de la gazette du sorcier, certes, mais elle pouvait seulement affirmer avoir juste voulu prendre l'air, au moins, vu qu'elle sortait pile des lieux et qu'elle avait tout son attirail de journaliste avec elle, ça pouvait le faire. Et pour ce qui était de son collègue qui devrait normalement être en charge de l'interview... si elle se montrait suffisamment convaincante suffisamment rapidement, elle pourrait lui suggérer de poursuivre cette conversation dans un café, quelque part à l'extérieur. Dans tous les cas, elle tentait le tout pour le tout, elle était lancée.

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on, le fils de la ministre semblait croire en son petit bobard improvisé, puisqu'il ne le remit pas en question une seule seconde. Premier soulagement pour Phèdre. Bon, d'accord, il était très probable qu'elle se fasse griller assez rapidement, ne serait-ce que parce que la rédaction s'étonnerait de ne pas avoir vu le jeune homme paraître au rendez-vous, sans oublier que même si elle revenait au bureau avec le meilleur des articles au monde, on lui reprocherait quand même d'avoir intercepté le travail de quelqu'un d'autre... mais elle penserait à ces "détails" plus tard. Pour le moment, elle avait mis le grappin sur Ignatius Tuft et le but de la manoeuvre était à présent de le conserver autant que possible. Et pour ce faire, il était évident qu'ils ne pouvaient pas rester ici, où son petit mensonge allait certainement lui durer quelques secondes à peine, clairement pas assez pour se mettre le jeune homme dans la poche, en tout cas. Il lui proposait de rentrer, elle ne pouvait clairement pas accepter, elle allait devoir s'imposer d'entrée de jeu, il n'y avait pas d'autre choix... et elle espérait une fois encore qu'il suivrait sans faire d'histoire.

-Que diriez-vous de faire cette interview à l'extérieur plutôt ? J'ai toujours trouvé ces bureaux austères, peu propices à la conversation.

Elle ne disait pas faux, ceci dit. Même si elle prononçait ces mots avec une nette arrière-pensée, elle considérait bel et bien que les interviews faites hors du cadre des bureaux de la Gazette étaient toujours les plus efficaces et les plus judicieuses. Cela mettait la personne interviewée en confiance, donnait un sentiment de connivence plus rapidement. Donc dans le cas présent, ça l'aiderait beaucoup. Il fallait qu'Ignatius Tuft garde une très bonne impression (très bonne, même, si possible) de cette entrevue. Et donc, elle mettait toutes les chances de son côté.

-Je connais un café très sympathique, à quelques mètres d'ici, où nous pourrons discuter tranquillement, qu'est-ce que vous en dites ?

Elle prenait sur elle pour ne pas jeter un trop gros nombre de regards furtifs aux alentours pour s'assurer qu'aucun de ses collègues n'assistait à cet échange compromettant, et surtout ne se mette en tête de l'interrompre. Ce serait beaucoup trop suspect, et il n'était pas question qu'elle se grille elle-même. Déjà comme ça, elle jouait gros. Pas la peine, surtout pas, d'en rajouter en quoi que ce soit. Enfin, elle avait envie de croire que la chance lui souriait malgré tout. Après tout, c'était le hasard qui avait voulu qu'elle croise le jeune homme, ce serait à présent son initiative qui voudrait qu'elle parvienne à tirer quoi que ce soit de cette rencontre pour le moins providentielle. Qui sait, elle était peut-être en train de jouer son avenir professionnel sur ce petit coup de poker ?

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ne chance pour Phèdre, son interlocuteur ne lui opposa aucune sorte de résistance et accepta de la suivre à l'extérieur des bureaux de la Gazette. Ils purent donc quitter les lieux rapidement, et sans attirer (fort heureusement) l'attention. En tout cas, elle ne vit aucun regard de ses collègues les suivre à l'extérieur, ce qui leur convenait très bien. La jeune femme conduisit donc Ignatius jusqu'au café à proximité où elle avait souvent l'habitude de se rendre. Il avait le mérite d'être agréable et discret, et il n'était pas rare qu'elle s'y pose pour rédiger un article, lire un livre ou, tout simplement, prendre un peu de temps pour elle. Le jeune homme commanda un café rallongé, Phèdre fit de même. Sa journée était loin encore d'être finie, et mieux valait qu'elle soit totalement opérationnelle, pour cette interview et pour la suite. Ce à plus forte comparaison qu'elle était partie pour un exercice de totale improvisation. Si elle voulait que sa manoeuvre porte ses fruits et rendre un papier suffisamment bon pour faire oublier ses combines à son exigeant rédacteur en chef, il fallait qu'elle soit au taquet. D'autant plus que le jeune homme lui fit rapidement comprendre qu'il n'avait pas de temps à perdre, lui demandant directement d'entrer dans le vif du sujet. Ceci dit, elle ne le lui reprocherait pas. Bien au contraire, elle appréciait ce genre de tempérament, loin d'être éloigné du sien, tout au contraire.

-Pour être tout à fait honnête avec vous, je n'ai préparé aucune question, avoua-t-elle sans s'en cacher (de toute façon, il s'en rendrait vite compte).

Il trouverait sans doute son attitude peu professionnelle, mais peu importe, à ses yeux, ça ne rendrait le contenu de leur entretien que d'autant plus pertinent. Tout en parlant, elle tira son matériel de son sac, plumes (dont une ensorcelée pour prendre note de tout ce que son interlocuteur lui dirait), une chance qu'elle soit constamment équipée, car elle n'aurait pas apprécié ne pas être paré à cette éventualité.

-J'estime que les entretiens les plus spontanés sont les plus intéressants. Elle afficha un léger sourire. Notre rédacteur en chef espère vous sous-tirer des informations croustillantes au sujet de votre ministre de mère, vous devez vous en douter, mais personnellement, je préfère m'intéresser à vous.

Ce n'était pas exactement vrai. Ce qui intéressait le journal, c'était bien plus Wilhelmina qu'Ignatius Tuft, en effet... mais c'était aussi le cas de Phèdre... ou du moins, elle voulait aborder un sujet qui passionne les foules et soit digne d'intérêt pour le plus grand nombre, qui lui permette de décrocher une double page, qui sait. Et pour ça, maman Tuft revêtait effectivement plus d'intérêt. Ce n'était pas pour autant que la jeune femme allait faire les choses dans les règles, bien au contraire. Et en le mettant en confiance, elle se disait aussi qu'elle l'amadouerait plus facilement.

-Parlez-moi de vous, je vous écoute.

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hèdre savait que c'était quitte ou double. Soit son petit manège fonctionnerait parfaitement, soit il verrait clair dans son jeu, et elle allait non seulement perdre en crédibilité, mais elle finirait bien par se faire virer, sur ce coup-là. Pas grave, la jeune femme continuait d'y aller au culot malgré tout, et elle avait comme l'intuition que ça marchait. En même temps, c'était souvent ça, en interview, il fallait savoir par quel bout prendre l'interviewé(e), et une fois que c'était fait, l'affaire était dans le sac. Dans le cas d'Ignatius Tuft, la journaliste s'était douté que le jeune homme devait constamment vivre dans l'ombre dans sa mère, peu importe ce qu'il pouvait bien accomplir. Après tout, quand on lui disait Ignatius Tuft, elle-même ne pensait pas directement au poste qu'il occupait au sein du ministère de la Magie mais bien davantage à son illustre ministre de mère. Là, elle prenait la situation à contrepied, en se disait que ça pourrait effectivement payer... Et visiblement, c'était le cas. Ignatius, visiblement peu habitué à parler de lui-même semblait avoir peine à s'exprimer sur le sujet, mais Phèdre se disait que c'était seulement le temps qu'il se mette à l'aise et prenne ses marques, la conversation allait se décanter au fur et à mesure, et ce serait à elle de déterminer ce qu'il serait bon d'en garder et ce qui pourrait, au contraire, être jeté...

Pour l'heure, il lui servait des informations qu'elle connaissait déjà. Il était directeur du bureau de contrôle des portoloins... mais là où ce devenait intéresser, c'était la manière de se justifier quand à son poste et à la façon dont il avait gravi les échelons. Manifestement, le jeune homme avait à coeur de prouver qu'il devait sa situation à son propre mérite et non pas à la réputation et à l'influence de sa mère. Ca en disait long sur le personnage, et encourageait Phèdre à poursuivre sur la voie qu'elle avait adoptée jusqu'ici. Et au passage, ce qu'elle apprenait de son caractère lui plaisait bien. Ce n'était pas les circonstances idéales pour faire connaissance au sens usuel dju terme, mais elle avait tout de même le sentiment qu'ils pouvaient légitimement s'entendre tous les deux.

-J'en suis certaine. Personnellement, je vous vois comme un frondeur, un carriériste, vous n'auriez pas supporté que votre mère interfère dans votre carrière, même si elle l'avait désiré. Elle faisait des présomptions à partir de peu de choses, mais c'était encore une manière de le brosser dans le sens du poil, même si son analyse était honnête. Quant à votre père... j'avoue en savoir trop peu sur lui.

Et elle devait reconnaître être assez curieuse de savoir ce qu'il pouvait bien être possible d'apprendre au sujet de celui qui était devenu le grand absent du tableau de famille, parti trop tôt.

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hèdre était convaincue du fait que, si elle voulait tirer de cet entretien un papier qui soit véritablement digne de ce nom, il fallait qu'elle sache aborder les choses sous un angle inattendu. On lit une interview d'Ignatius Tuft, forcément, on espère dénicher quelque chose qui concerne sa célèbre mère... Et Phèdre aimait l'idée de tromper les attentes. Bien sûr, il faudrait que la personnalité de Wilhelmina Tuft apparaisse en filigrane dans cette transcription, mais elle aimait l'idée que le sujet ne soit pas abordé frontalement... Le mieux, pour ce faire, était d'en trouver un autre, tout simplement. Et donc, elle avait parlé du père, ce qui lui semblait être le plus pertinent, en la circonstance, car il restait important de se centrer sur le sujet de la famille... Malheureusement, la réponse d'Ignatius éludait pas mal des choses et soulevait plus de questions qu'elle n'apportait de vérités concrètes à exploiter... Mais ces nouvelles questions étaient peut-être un luxe, et susciter l'interrogation n'était, en soi, jamais une mauvaise chose, bien au contraire.

Ignatius, donc, ne dit pas grand-chose de son père. Il se contenta d'affirmer qu'il avait beaucoup soutenu sa famille, que son départ avait été difficile et que le jeune homme et sa mère avaient dû faire preuve de beaucoup de courage pour garder la tête haute et avancer malgré tout, en dépit de tous les obstacles qui s'étaient présentés face à eux. Finalement, il parlait bien davantage du décès de son géniteur que du rôle réel qu'il avait joué au sein de la famille. Mais sans doute ce départ si brutal était-il encore trop récent... Elle n'avait pas envie de lâcher le morceau si facilement (d'ailleurs ce n'était pas son genre du tout), mais elle sentait bien que si elle devait parler du père, elle devait le faire autrement. Le jeune homme n'avait peut-être pas encore complètement fait son deuil, et éveiller en lui les sentiments les plus négatifs ne serait clairement pas la meilleure manière de faire, cela va sans dire. Pas grave, elle avait plus d'un tour dans son sac, plus d'un atout dans sa manche, et se pensait capable de trouver quoi qu'il en soit une manière de rebondir, et intelligemment, qui plus est.

-Je vais sans doute... être assez indiscrète, mais quand vous parlez de votre famille, cela inclut-il également votre soeur ?

Encore un sujet qui pouvait aisément noircir d'encre un article de journal : pas la meilleure manière d'éviter de braquer Ignatius Tuft, il est vrai, mais peu importe, elle abattait ses cartes les unes après les autres. Elle ne pouvait se permettre de faire dans le politiquement correct quand ses petites magouilles pouvaient vraiment lui faire risquer gros. Dans tous les cas, Agrippine Tuft était une vraie anomalie au sein de l'arbre généalogique des Tuft, un point à éclaircir, et Phèdre s'en ferait un plaisir.

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hèdre se doutait qu'elle avait abordé un sujet pour le moins délicat en parlant de la soeur de son interlocuteur, mais en même temps, elle était là pour pondre un article qui lui vaudrait les félicitations de son rédacteur en chef (et ça avait intérêt à être un sacré bon papier étant donné qu'elle était tout bonnement en train de détourner l'interview de quelqu'un d'autre). Alors il fallait bien, à un moment ou à un autre, qu'elle réussisse à toucher un point sensible, qui lui permette bel et bien d'obtenir quelque chose d'un tant soit peu sensationnel. De toute évidence, elle avait réussi son coup, car son interlocuteur s'était clairement rembruni. Manifestement, la soeur du jeune homme était son talon d'Achille, comme il devait clairement être celui de la ministre.

Il y avait tant de mystère qui planait autour de la famille Tuft, et du canard boiteux qu'était Agrippine, difficile de ne pas vouloir s'y intéresser, de ne pas en chercher plus. Ceci dit, la jeune femme avait conscience du fait que si elle décidait de creuser un peu plus le sujet, elle allait braquer définitivement Ignatius, et ce n'était clairement pas le but de la manoeuvre. Maintenant, elle savait qu'Agrippine Tuft était bel et bien le sujet qu'il fallait qu'elle parvienne à aborder... mais il fallait qu'elle s'arrange pour que son interlocuteur l'évoque de lui-même, sans quoi tout ça ne servirait à rien. Elle ne voulait surtout pas perdre son temps. Il semblait presque outré qu'elle puisse suggérer que quand il évoquait sa famille, sa soeur faisait partie du lot alors même qu'il était évident qu'Agrippine était la Tuft que l'on tentait à planquer sous le tapis, parce que son existence était beaucoup trop embarrassante. Il y avait encore bien des choses à apprendre sur la question, et elle voulait impérativement en apprendre davantage.

-Je suis désolée, je ne voulais pas vous manquer de respect, répondit-elle donc avec prudence. Elle ne voulait pas se faire l'ennemi d'Ignatius, même si elle agissait clairement par intérêt, elle l'appréciait assez, et au-delà de sa volonté de faire un bon papier, elle comptait aussi rester en bon terme avec ce jeune homme qui, à dire vrai, l'intriguait assez. Il y avait quelque chose à creuser, elle le sentait, et c'était bien ce qu'elle comptait faire. Vous pensez bien que c'est un sujet qui... m'intrigue un peu, mais je ne voudrais surtout pas vous mettre mal à l'aise. On peut parler de tout autre chose, si vous le souhaitez.

Ce qui ne l'empêcherait pas de vouloir y revenir rapidement. Ce n'est pas tout, mais elle était convaincue qu'elle ne récolterait rien de plus intéressant et de plus... accrocheurs. C'est qu'à la fin, avant quoi que ce soit d'autre, il fallait qu'elle réussisse à intéresser les lecteurs.

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on, eh bien, tant pis pour le sujet brûlant que Phèdre avait eu hâte d'aborder. De toute évidence, elle était allée trop vite en besogne. Elle devait ménager son interlocuteur si elle voulait obtenir quoi que ce soit de lui. Ce n'était pas grave, elle avait le temps. Rien ne l'obligeait à remplir un papier dans le seconde, elle pouvait se laisser le temps de gagner la confiance de son interlocuteur afin d'en tirer le meilleur parti possible. Elle retenait, en tout cas, le fait que le sujet Agrippine Tuft était encore plus sensible que ce qu'elle avait soupçonné. Cela ne lui donnait que plus envie d'en savoir plus, mais pour y parvenir, elle comprenait bien qu'il fallait qu'elle caresse son interlocuteur dans le sens du poil. Cela ne la dérangeait pas. Elle aimait réussir à obtenir directement ce qu'elle voulait, mais elle était ceci dit capable de patience quand elle estimait que le jeu en valait la chandelle. Et en l'occurrence, elle estimait que c'était le cas.

Il y avait quelque chose, chez Ignatius, dans sa personnalité, qui intriguait très largement Phèdre. Elle tenait à en savoir davantage. Elle était convaincue que, quand on grattait sous la surface, on découvrait une personne incroyablement complexe. Quand on le regardait juste de loin, on se disait qu'on avait affaire à un fils à papa (ou à maman en l'occurrence), un peu coincé, avec peut-être quelques dents pour rayer le plancher. Mais il ne devrait vraiment pas s'agir que cela, elle en était convaincue. Alors elle lui laisserait le temps, elle trouverait un moyen, n'importe lequel, de recueillir ses confidences, deviendrait son amie s'il le fallait (et pourrait bien le devenir pour de bon, en réalité, car parler avec lui était tout sauf un exercice déplaisant, et elle se laissait clairement prendre à ce jeu-là).

Il voulait qu'ils se concentrent sur son travail, eh bien soit, c'était ce qu'ils allaient faire. Si cela pouvait rassurer et encourager son interlocuteur, elle voulait bien en passer par là (même si le sujet, en réalité, ne l'intéressait mais alors absolument pas, bien au contraire).

-Très bien, votre travail alors. Parlez-moi de vos ambitions professionnelles, par exemple, quelle est la prochaine étape, pour vous ?

Pour ne pas le brusquer, elle ne sous-entendit pas directement qu'Ignatius pourrait bien vouloir suivre les traces de sa mère et devenir ministre à son tour un jour. Ceci dit, il était encore jeune, et semblait très focalisé sur sa carrière. Par conséquent, il n'apparaîtrait pas surprenant du tout qu'il ait de hautes ambitions, et des projets déjà très arrêtés sur ce que serait la suite de sa carrière. Ce qui ne voulait pas dire qu'il voulait faire dans la politique, mais il y avait d'autres façons de transcender ses ambitions malgré tout. Et Phèdre avait toujours apprécié les personnalités ambitieuses, sans doute parce qu'elle en était une elle-même.

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hèdre ne comptait pas lâcher l'affaire. Même si elle laissait un peu de marge à son interlocuteur pour le moment, elle ne renonçait pas à l'idée de repartir à la charge plus tard. Elle comptait bien réussir à aborder les sujets épineux, qui l'intéressaient vraiment, d'une manière ou d'une autre. Mais elle avait le temps, ça n'avait pas besoin de se faire ici et maintenant, ça pouvait bien attendre plus tard, en réalité. L'essentiel, à l'heure actuelle, était pour elle d'établir entre eux un climat de confiance. Qui sait s'ils n'auraient pas l'occasion de se parler par la suite ? Elle commençait à se dire que c'était possible, en tout cas, tout comme elle se disait que ça ne lui déplairait pas. Ignatius Tuft n'était pas exactement facile d'accès. Mais elle était convaincue que ses failles n'était pas si difficiles à trouver. Il fallait juste savoir se montrer minutieux quand on prenait la décision de s'y engouffrer.

Alors elle le laissa parler de son travail. Même si ce n'était de loin pas le sujet qui la passionnait le plus, il restait un sujet intéressant sur le principe. Que voulait-on faire de sa vie quand on était fils de ministre. Est-ce qu'on caressait la même soif de pouvoir, ou bien au contraire souhaitait-on se détacher au maximum de la carrière fulgurante de sa génitrice.

Le jeune homme ne lui cacha pas le fait qu'il avait des ambitions, et qu'il espérait bien gravir les échelons même s'il n'oubliait pas de se focaliser sur le présent, qui avait bien évidemment tout autant d'importance. La jeune femme devait bien reconnaître que sa façon de voir les choses lui parlait. Elle aussi s'efforçait d'être la meilleure au temps présent, ce qui n'ôtait rien au fait qu'elle espérait bien un jour obtenir un poste à la hauteur de ses ambitions. Elle ne dirait clairement pas non aux fonctions de son rédacteur en chef, qu'elle accomplirait cent fois mieux que le principal concerné. Mais ce n'était pas toujours simple. Elle sentait au moins qu'Ignatius avait envie de devoir ses victoires à venir à son nom seul et pas à son nom, et ça c'était honorable.

-Pour qui ne le serait-ce pas, répondit Phèdre à son interlocuteur. Elle marqua une légère pause; Tant que vos ambitions sont nourries par les bonnes motivations, je pense que votre parcours parlera de lui-même, ajouta-t-elle.

La vérité, bien sûr c'est qu'elle mourait d'envie de parler de Wilhelmina Tuft. Elle voulait qu'Ignatius lui apprenne comment il appréhendait l'ascension au pouvoir de sa génitrice, comment il se positionnait par rapport à tout ça... La question se posait, mais elle avait insisté sur le fait qu'elle voulait parler de lui avant tout. Il serait de mauvais ton de tout gâcher maintenant.

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avantage, c'est que même si Phèdre décidait d'éviter consciencieusement, ou aussi consciencieusement que possible, le sujet de Wilhelmina Tuft pour ne pas voir le jeune homme se braquer aussitôt, le sujet finissait toujours et inévitablement par revenir sur le tapis, pour le plus grand bonheur de la jeune femme, qui devait bien reconnaître que le sel de l'affaire résidait tout de même dans le lien de parenté de son interviewé avec le ministre de la magie. Ce qui ne l'empêchait de prendre du plaisir à cet entretien dans tous les cas, ceci dit. Elle ne l'aurait pas présumé à l'avance, mais c'est un fait, elle commençait à apprécier la compagnie du jeune homme, elle le trouvait intéressant, et elle était convaincue qu'il était possible d'écrire sur lui un article qui ne soit pas totalement générique et, au contraire, passionnant.

Elle hocha la tête quand le jeune homme affirma qu'il n'était pas simple de gravir les échelons quand on avait le lien de parenté qu'il avait avec la ministre... que cela mettait une pression supplémentaire. Ce qui était logique en effet, tout le monde l'attendait au tournant, c'était l'évidence, et chacun se mettait à l'affut du moindre faux pas de sa part. Il semblait décidé à ne réussir que grâce à ses compétences, mais même si ça devait être effectivement le cas, une fois les plus hautes sphères atteintes, qui n'irait pas taxer les Tuft de népotisme ? C'était logique et cruel en même temps. Mais le milieu de la politique était infesté de requins, c'était bien connu... et celui du journalisme n'était pas forcément mieux.

-Je vois ce que vous voulez dire, répondit Phèdre.

Elle était généralement du genre à poser les questions et à ne pas s'exprimer à titre personnel, mais elle avait le sentiment que c'était la meilleure façon de faire, en l'occurrence, d'une part parce que le fait de s'ouvrir un peu à son interlocuteur le pousserait peut-être à se dévoiler encore davantage de son côté, d'autre part parce que... eh bien, elle aimait parler avec Ignatius, alors donner à cette interview des allures de conversation ne lui déplaisait pas du tout.

-Je travaille à la Gazette depuis des années maintenant, et je dois constamment faire mes preuves malgré tout. Au moindre pas de travers ou à la moindre réussite, je sais qu'on blâmera mon sexe comme on se permettrait de pointer du doigt votre nom.

Bon, Phèdre osait considérer que ce n'était pas partout pareil. Elle avait eu la malchance de tomber sur un patron particulièrement misogyne, mais tous n'étaient pas à ce point arriérés, sans quoi ils n'auraient pas une présidente femme à l'heure actuelle. Il n'empêche, être jugé constamment en fonction de critères qui n'avaient rien à voir avec sa personnalité, la jeune femme connaissait, elle en avait bouffé.

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hèdre hocha la tête, évidemment d'accord avec le discours de son interlocuteur. Non, en effet, se faire une place dans la société n'avait rien de simple, bien trop de désagréments pouvaient faire barrage à cela. Votre sexe, votre nom, votre couleur de peau... votre sang également, mais étrangement, concernant ce dernier critère, Phèdre avat tendance à se montrer beaucoup moins tolérante. Encore qu'elle n'avait rien contre les enfants de moldus et les sangs mêlés. Ses propres parents étaient moldus, après tout, elle n'était pas hypocrite à ce point. En revanche, elle avait quelque chose contre les moldus tout court... mais ça, c'était une autre affaire.

Alors oui, même ceux qui avaient techniquement le moins de raisons de se plaindre à ce sujet - Ignatius était après tout issu d'une famille aisée, sa mère était ministre, il avait des armes relativement intéressantes pour réussir dans la vie - pourraient toujours trouver matière à le faire. Ceux qui n'étaient pas victimes de préjugés sexistes ou racistes pouvaient devoir faire face à des accusations de népotisme, ce qui ne devait rien avoir de glorieux ou d'agréable non plus.

-Ca ne devrait être le cas nulle part, et pourtant ça l'est, répondit Phèdre avec un fin sourire quand Ignatius rebondit sur ses propos.

Au fond, ça ne l'arrangeait pas des masses qu'il s'attarde sur ce qu'elle venit de dire, car ce n'était pas sur elle qu'il fallait qu'ils se concentrent à l'heure actuelle. Ceci dit, si cela pouvait engager davantage de proximité entre eux, ce n'était sans doute pas si mal... Et puis, elle aimait bien parler avec lui, et elle appréciait le fait qu'il ne prenne pas ses propos par-dessus la jambe. Après tout, il aurait pu être de ces hommes qui d'office l'auraient qualifiée d'hystérique et de chouineuse pace qu'elle mettait son échec professionnel sur le compte de son sexe plus que sur le compte de son non-talent éventuel. Mais Phèdre était une femme depuis bien assez longtemps pour savoir reconnaître un comportement sexiste.

-Certes, la nomination de votre mère à un poste aussi prestigieux que celui de ministre prouve qu'il y a du progrès, mais vous devez bien vous douter qu'on est loin d'une égalité parfaite.

Même si les moldus avaient dix trains de retard sur eux (comme d'habitude), il fallait voir les choses en face. La plupart des femmes existaient aux yeux des sorciers pour être épousées et faire un maximum de marmots. Les femmes qui travaillaient étaient bien souvent moins payées et moins estimées... et même la ministre, quand bien même elle avait gravi les échelons... Combien de fois Phèdre avait-elle entendu qu'elle ne méritait pas sa place... Un milliard de fois, même.

-Enfin, ce n'est pas de moi qu'on est supposés parler, là, ajouta-t-elle avec un sourire afin qu'ils reviennent au vif du sujet.
   


   

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ui, ils s'étaient quelque peu égarés, mais Phèdre était bien loin de se le reprocher. C'était même tout l'inverse, à vrai dire. D'une part parce qu'elle estimait que ce genre de digressions lui assurait la sympathie de son interlocuteur et un rapport de proximité avec le jeune homme qui lui permettrait peut-être d'en obtenir plus de sa part. Même si au fond, elle ne forçait rien, et le cours de la conversation finissait par se faire tout naturellement. Phèdre, sans même s'y attendre, se prenait d'affection pour Ignatius Tuft.

Ils avaient des tempéraments très différents, mais dans les insécurités du jeune homme, pourtant doublées d'une ambition certaine, presque maladive, elle était capable de se reconnaître en partie. Phèdre n'avait pas tant d'amis que cela, mais elle était assez convaincue que s'ils s'étaient rencontrés dans un autre contexte, ils le seraient devenus. Ne pouvaient-ils pas l'être, en l'occurrence ? Si, peut-être, mais Phèdre n'oubliait pas que dans cette conversation, elle était une journaliste et lui un interviewé... même si elle avait forcé l'entretien alors qu'elle n'était pas supposée le prendre en charge. Alors... peut-être que s'ils se revoyaient dans un autre contexte ?

C'est vrai que Phèdre avait le même sentiment qu'Ignatius. Leur conversation était fluide, sans temps mort, elle n'avait pas du tout le sentiment de travailler, en cet instant. Elle avait toutes les facilités du monde à se confier à lui. Si Phèdre devait être celle que l'on cherchait à interviewer en cet instant, clairement Ignatius aurait de la matière. Mais bref, recentrer un peu le dialogue pouvait bien ne pas faire de mal, tout de même, malgré tout. Il fallait se reconcentrer un tant soit peu.

Et c'est ce que fit Ignatius tandis qu'il partagea son sentiment sur la nomination de sa mère au poste de ministre de la Magie, et sur ce que ça impliquait plus précisément pour lui. Une fois de plus, elle se reconnaissait dans son discours, pas parce qu'elle avait eu elle-même un parent à la hauteur duquel elle aurait dû se hisser (non, c'était même tout l'inverse, ses parents étaient des idiots et des incapables, et si elle devait atteindre les sommets, c'était en grande partie pour ne jamais leur ressembler et se prouver qu'elle valait mieux qu'eux), mais parce qu'elle estimait aussi que dans sa situation, elle se devait de fournir deux fois plus de travail que la plupart de ses confrères.

-Et c'est donc ce que tu recherches ? La perfection ? dit-elle sans même réaliser qu'elle venait de le tutoyer. Si tu cherches quelque chose que tu ne pourras jamais atteindre, alors tu te voues inévitablement à l'insatisfaction, observa-t-elle avec une pointe de philosophie.

Et ce n'était pas dans le but de le descendre ou de l'interroger. C'était une observation sincère.
   


   

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P

hèdre afficha un fin sourire en entendant la réponse de son interlocuteur. Elle savait qu'elle n'avait pas heurté son ego et que lui-même savait qu'il n'était pas si simple d'atteindre la perfection... car la perfection était un leurre, elle était par essence inaccessible... mais on pouvait tout de même, il est vrai, chercher à s'en rapprocher un maximum. Et elle pensait que son interlocuteur avait le tempérament pour. L'air de rien, elle se reconnaissait plutôt dans sa grande ambition, dans saz soif d'inaccessible, dans ce besoin constant de dépassement. Ce n'était pas pour rien si le courant passait aussi bien entre eux.

Il ajouta qu'il devait énormément à ses parents... Très bien, il lui facilitait la tâche en abordant de lui-même le sujet de ses géniteurs, elle pourrait aisément broder autour de cela, même si elle avait un peut tendance à oublier ses ambitions journalistiques à l'heure actuelle. Elle apprenait à découvrir un jeune homme dont elle pourrait aisément se faire un ami, et cela brouillait légèrement la frontière entre son travail et cette conversation. Mais conjuguer les deux n'était pas forcément un mal en soi, après tout.

-Il arrive aussi de n'avoir aucun modèle sur lequel se reposer. Alors, on se forge en opposition aux personnes qui nous ont élevé, dit-elle doucement, bien consciente de sortir de son rôle.

Car c'était d'elle-même qu'elle parlait, bien sûr, en cet instant, et plus spécifiquement de ses géniteurs qui l'avaient tant et tant déçue. Elle avait eu terriblement peur de devenir comme eux, inutile ou alcoolique, ça avait clairement été sa hantise, et pour la peine, elle avait déployé des trésors d'efforts pour ne pas en arriver là elle-même... et elle pensait ne pas avoir si mal réussi que cela. Et elle n'était pas encore auu bout de ses possibilités. Ses objectifs à elle aussi étaient élevés, et elle avait la ferme intention de les mener à bien, et sans ménager ses affaires.

-Tu as d'autres modèles du genre, des personnes sur les traces desquelles tu souhaiterais marcher en dehors de ton père et de ta mère ? demanda-t-elle en recentrant le sujet sur Ignatius.

Après tout, il était son coeur de cible, il était celui sur lequel elle se focalisait... à la base pour rédiger un article qui devait surtout se concentrer sur son illustre mère, mais... en vérité, plus elle en apprenait sur Ignatius, plus elle considérait qu'en lui-même, il donnait matière à un article absolument passionnant... Il était une personnalité à part entière, ambitieuse et battante, qui embrassait l'ombre parentale tout en cherchant dans le même temps à la dépasser. Quelque part, c'était fascinant... Et Phèdre n'était pas du tout insensible à cette observation. Ignatius pouvait être le héros de sa propre histoire s'il le désirait. Et c'étaient les personnes comme elle qui pouvaient la forger, cette histoire.
   


   

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