❝ Hari & Sa-Ri❞Ainsi naît Miss ShafiqOn prend les mêmes et on recommence. La robe est différente, le lieu aussi mais la situation est vraiment similaire. Après une première escapade à Pré au Lard ; considérée comme une réussite par l’expert en la matière, c’est-à-dire Hari, ils ont réitéré l’expédition deux fois pour être certains que la jeune femme s’habituait à son nouvel environnement. Moins peuplé et moins intimidant que la partie sorcière de Londres où ils se trouvent à présent, c’était l’occasion pour Sa-Ri de prendre ses marques.
Le test passé, il est temps de vraiment se plonger dans la gueule du loup ; ou plutôt du dragon si on suit la faune locale. Ce serait mentir de dire que la jeune femme, alors qu’il quitte l’appartement du sorcier, n’appréhende pas cette expédition dans ce qui fait presque lieu de capitale sorcière. Néanmoins, l’ancienne religieuse est bien obligée d’admettre que Hari avait raison : les gens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Dès lors qu’elle revêt des atours sorciers, ses interlocuteurs ne se posent pas la question de savoir si elle en est bien une. Tout au plus, ils mettent ses hésitations sur ses origines étrangères. On n’attend pas d’elle qu’elle fasse de la magie, pas de façon visible en tout cas, si bien que personne n’a remis en question leur histoire. De son côté, Sa-Ri n’est pas aussi catégorique que le sorcier. Pour peu qu’ils croisent des connaissances du celui-ci, les zones d’ombre présentes dans l’histoire de Sa-Ri pourraient être mises en lumière. Un risque à prendre, dit l’ancien Serdaigle, assez sûr de sa stratégie et peu tracassé à l’idée d’être mis en porte à faux.
A défaut de pouvoir tout contrôler, la jeune femme s’en remet donc à lui. Comme il dit, c’est un risque à prendre. Il serait ridicule d’être arrivé aussi loin pour renoncer avant même d’avoir commencé. Les choses ont d’ailleurs pris un tour plus sérieux quand, en sortant de l’appartement, Hari lui a tendu une carte pliée en trois avec le sigle du Ministère de la Magie. A l’intérieur, une série de renseignements qui lui semble ne pas avoir beaucoup de sens mais surtout son nom : Sa-Ri Shafiq. Un peu hésitante, elle passe son doigt sur l’encre rouge qui lui donne pour la seconde fois de sa vie une autre identité.
- Est-ce qu’on ne va pas un peu trop loin ? C’est une chose de me faire passer pour une sorcière mais de faux papiers …
Pas de faux papiers, juste une fausse identité en réalité. Apparemment, le sorcier n’est pas sans ressource et il semble connaître quelques personnes au sein du Ministère qui lui doivent une faveur. Il aura fait faire ses papiers en disant qu’il préférait régulariser la situation de sa cousine sans devoir passer par les canaux officiels. Une faveur de sang pur à sang pur se sachant au-dessus de la loi. Rien d’inhabituel d’après lui, rien qui ne nécessite des questions gênantes. Avec ça, ils vont pouvoir lui donner une réelle existence. Un compte en banque, l’accès aux archives de la Gazette, etc. Toute personne regardant de plus près qui est Sa-Ri Shafiq ne trouverait que des choses très légales à son propos et après tout, n’est-ce pas justement ce qu’ils cherchent ? La jeune femme voudrait protester encore une fois. Arguer que c’est bien joli de la faire passer pour une sorcière mais que ce n’est pas la même chose de prétendre qu’elle est de sa famille à lui. Néanmoins, elle sait que c’est peine perdue. Ils en ont discuté et passé leur plan en revue un nombre incalculable de fois avant d’admettre que c’était la meilleure option. Non, décidément, il faudra qu’elle s’y habitue. Elle est désormais Sa-Ri Shafiq. Pour une temps tout du moins.
Si Sa-Ri comprend la nécessité d’avoir une identité qui tient la route dans le monde sorcier. Elle comprend moins celle d’avoir un compte en banque. Hari, lui, n’était pas du même avis. N’importe qui cherchant des informations sur elle, lui a-t-il expliqué, regardera dans les registres du ministère et à Gringott. Tous les sorciers ont un compte et on trouverait étrange qu’elle n’en ait pas non plus.
- Je n’ai pas vraiment d’argent à mettre dessus, a-t-elle protesté en pensant à son maigre revenu.
Hari a protesté en haussant les épaules, arguant qu’il y mettrait une somme de son propre compte pour faire réel. Apparemment, il connaît des gens chez Gringott ; mais qui ne connaît-il pas, songe la jeune femme, et le sous-directeur de la banque Harfang Londubat est un ami. Londubat. Le nom a fait tilt, preuve s’il en est que la jeune femme prend son intégration dans le monde sorcier avec tout le sérieux requis. Un sang pur, une des vieilles familles sorcière anglaise. Un nom a connaître et quelqu’un devant qui faire particulièrement attention.
- Un de plus, soupire-t-elle alors qu’ils sont en route pour la banque.
Perdue dans ses pensées, Sa-Ri évite de justesse le balai qui, magiquement, balaie la neige qui tombe, pour le moment, en quantités modérée sur Londres. Même s’il n’y a pas de voiture, le Chemin de Traverse est loin d’être calme et le bruit environnement la dispense de converser avec son interlocuteur. Ils avancent en silence tandis que la jeune femme observe son environnement et enfin ils arrivent devant un grand bâtiment un peu biscornu. Sans être architecte la jeune femme a l’impression quelque chose défie les lois de la physique dans ce qu’elle est en train de regarder mais sans pouvoir mettre le doigt dessus.
Son bras glissé dans celui de son compagnon, ils passent l’imposant portail de bronze et pénètrent dans l’immense hall de la banque. Comme beaucoup de bâtiment sorcier, celui-ci est bien plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’ensemble est une merveille architecturale et bien plus riche que la plupart des églises dans lesquelles Sa-Ri est rentrée. Elle voudrait s’arrêter pour admirer les vitraux et l’énorme lustre en cristal au dessus de leurs têtes mais elle s’abstient sachant que c’est à l’inverse du comportement que l’on attend d’elle. Se tournant vers Hari, elle chuchote à son oreille :
- Et maintenant ?
Aussi étonnant que ça puisse paraître, Sa-Ri n’a jamais ouvert de compte. Elle n’en a jamais eu besoin lorsqu’elle était au prieuré et encore moins depuis quelle travaille. C’est donc une première pour elle et finalement, elle ne sait pas vraiment quoi faire sans compter que les gobelins continue un peu de l'impressionner.
- Ne me regarde pas comme ça, je n’ai jamais dû ouvrir de compte en banque tu sais.