Pour une surprise, c'est une surprise [pv Eurydice]

Pour une surprise, c'est une surprise

D

ernièrement, Nigel s'inquiétait beaucoup pour Eurydice. C'était toujours plus ou moins le cas. C'était plus fort que lui, en fait, il ne pouvait pas aller bien si elle allait mal, et ces derniers temps, force lui était de constater qu'elle n'allait définitivement pas bien. Il savait, bien sûr, que sa vie n'était pas rose, mais il pensait qu'elle avait su trouver son équilibre, auprès des hommes qu'elle fréquentait, auprès du joyau qu'était sa fille... auprès de lui, aussi. Mais son comportement lors des dernières fêtes de Noël l'avait alarmé, et il redoutait aussi de faire partie du problème, d'être une des raisons pour lesquelles sa soeur jumelle allait mal, ce qui était la plus insupportable des pensées à ses yeux.

D'autant que ces dernières semaines, en plus de la mélancolie qu'il ne lui reconnaissait que trop, il l'avait également vue affaiblie physiquement, et ça ne l'avait absolument pas rassuré. Il espérait de tout coeur que ce n'était pas grand chose, peut-être un peu de fatigue, ou le contrecoup de son inquiétude pour Clarice, mais là encore, impossible pour lui de se sentir complètement serein.

Il voulait faire quelque chose pour elle, malheureusement, il ne savait pas quoi faire, c'était quelque chose de profond, la lassitude peut-être, les regrets sans doute, qui l'empêchaient d'être heureuse, et il craignait fort de ne pas avoir entre ses mains le pouvoir d'y changer quoi que ce soit. Pourtant, il ne demandait que cela. Le sourire de sa soeur valait tout l'or du monde pour lui, et s'il pouvait saisir la moindre opportunité de voir ne serait-ce qu'un peu de joie illuminer son regard, alors il ferait tout pour.

Faute d'être sûr de pouvoir faire des miracles non plus, il avait du moins décidé de lui consacrer sa soirée. Rien de véritablement exceptionnel là-dedans, ils se voyaient déjà plus ou moins constamment, dès que leurs emplois du temps respectifs le leur permettaient, mais pas question qu'elle vienne chez lui ou lui chez elle, cette fois. Il avait l'intention d'éloigner Eurydice des fourneaux et de son cadre habituel, en l'invitant dans un restaurant dont la carte affichait des prix exorbitant. Ils n'avaient pas d'événements particuliers à célébrer (pas qu'il sache, du moins), mais ils pouvaient bien juste célébrer le fait de passer du temps ensemble, et plus le moment qu'ils passeraient romprait avec leurs habitudes, mieux ce serait.

Il s'était rendu au restaurant directement après avoir quitté ses bureaux d'Obscurus Books. Son dernier rendez-vous l'avait mis légèrement en retard, de quelques minutes, du moins, et Eurydice l'attendait déjà quand il arriva devant le restaurant.

-Je ne t'ai pas fait attendre, j'espère ? J'avais rendez-vous avec un auteur, il m'a tenu la jambe pendant deux bonnes heures, j'ai cru que je n'arriverais jamais à me débarrasser de lui. Il serra sa soeur dans ses bras. Tu vas bien ?

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Pour une surprise, c'est une surprise

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Depuis qu’Eurydice était au courant pour sa grossesse, c’est-à-dire peu de temps, elle était dans une certaine euphorie. Elle se surprenait à souvent observer son profil dans le miroir, pour voir les changements, mais ils étaient assez imperceptibles pour le moment. Il est vrai que cela faisait déjà trois mois, mais elle l’avait appris tard, donc son corps n’avait pas encore commencé à changer. Pour l’heure, elle ne pensait pas encore au côté plus technique de toute cette affaire, elle n’en avait pas encore parlé à Trevor, cela viendrait, mais pour le moment, elle voulait continuer de profiter de la nouvelle. Et puis, elle estimait qu’elle avait d’autres personnes à prévenir avant son époux. C’était fait pour Orpheus qui avait été le premier à savoir, mais il restait encore Nigel et Clarice.

Elle avait hâte d’annoncer à son frère qu’il allait être oncle une seconde fois. Parce qu’elle savait qu’il se réjouirait pour elle. Pour Clarice, c’était une autre affaire. Connaissant sa fille, Eurydice se doutait que la nouvelle ne lui ferait probablement pas plaisir, et qu’elle n’apprécierait pas de devoir partager ses parents, et de ne plus être la seule enfant du couple Carrow. Mais Eurydice espérait se tromper, et elle espérait être agréablement surprise par la réaction de sa fille. Mais cela viendrait plus tard, pour l’heure, elle avait rendez-vous avec Nigel.

Autant dire que son invitation tombait à pic. Les jumeaux se voyaient chaque jour, mais Eurydice appréciait l’idée d’aller dîner avec lui à l’extérieur. Ainsi, ils ne seraient pas dérangés par quoique ce soit d’extérieur, enfin normalement. Après s’être préparée comme il fallait, Eurydice s’était rendue au lieu de rendez-vous, devant le restaurant, attendant le jeune homme. Nigel n’avait pas lésiné sur les moyens, ce restaurant avait une excellente réputation, et Eurydice était pourvue d’un grand appétit dernièrement. Elle avait constamment faim, et elle préférait de loin cela aux nausées. Elle dut attendre quelques instants avant de finalement voir son frère arriver. Elle lui adressa un sourire ravi.

-Je ne t'ai pas fait attendre, j'espère ? J'avais rendez-vous avec un auteur, il m'a tenu la jambe pendant deux bonnes heures, j'ai cru que je n'arriverais jamais à me débarrasser de lui. Tu vas bien ?

Elle lui rendit son étreinte et déposa un baiser sur sa joue, comme toujours. Elle n’attendait probablement pas depuis très longtemps, mais le temps lui avait semblé long parce qu’elle avait trépigné de voir son frère. Elle n’était pas surprise qu’il ait été retenu à son travail, Nigel était très appliqué professionnellement, et réputé. Alors évidemment, les auteurs voulant se faire publier par Obscurus Books n’étaient pas rares.

« Un peu, mais ce n’est rien. Je vais bien et toi ? J’ai une grande nouvelle à t’annoncer, mais entrons avant. Je commence à avoir froid et je meurs de faim. »

Sans attendre sa réponse, elle attrapa la main de son frère et le tira à sa suite à l’intérieur. Elle comptait lui annoncer sa grossesse, mais pas comme ça. Elle se souvenait parfaitement de la manière dont il l’avait faite mariner lors de l’annonce de ses fiançailles factices, et elle comptait bien lui rendre la monnaie de sa pièce. Juste un peu d’espièglerie fraternelle, cela ne changeait rien au fait qu’elle adorait Nigel au-delà des mots.

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igel répondit d'office à Eurydice qu'il allait bien, sans entrer dans les détails. Il n'y avait pas de détails à donner dans tous les cas, aucun dont elle doive avoir connaissance, en tout cas ça c'était certain. C'était vrai, après tout, il allait bien, et il ne voulait certainement pas accaparer l'attention de sa sœur avec les considérations qu'il pourrait éventuellement partager avec elle (comme sur son travail ou cet auteur de malheur et ses exigences à rallonge qui lui avait usé le système il n'y a pas une heure de cela) quand il réalisait qu'elle avait de son côté une chose visiblement importante à lui apprendre.

Elle avait une grande nouvelle à lui annoncer, qu'elle lui disait. Ce qui évidemment interrogeait Nigel pour des dizaines de raisons. Il la détailla du regard tandis qu'ils pénétraient dans le restaurant, cherchant s'il le pouvait à la décrypter, à deviner à l'expression de son visage ce qu'elle avait à lui dire. Elle semblait détendue et même de bonne humeur, Nigel en déduisait que ce n'était rien de grave, déjà c'était une bonne chose... même si là encore, il ne pouvait pas en être sûr à cent pour cent.

-Une grande nouvelle ? Est-ce que je dois m'inquiéter ou nous commander du champagne pour accompagner cette mystérieuse annonce ?

Il ne lui reprochait qu'avec humour de faire durer le suspense. Il serait malvenu de sa part de reprocher à sa jumelle de faire des manières pour lui apprendre ce qui lui arrivait quand on savait que lui-même n'avait pas eu beaucoup de scrupules à jouer avec ses nerfs quand il lui avait appris qu'il était "fiancé" à Cassiopeia. Bon, pour sa défense, l'annonce n'avait aucun besoin d'être très sérieuse et cérémonielle puisque ce n'était jamais qu'une annonce factice, une machination dans la confidence de laquelle il l'avait mise.

Il ne s'attendait à rien de tel avec Eurydice. En fait, il ne s'attendait à rien du tout. Il était incapable de deviner quelle grande nouvelle elle pouvait avoir à l'esprit. La seule option qu'il avait à l'esprit (au lieu de songer à la plus évidente, mais il ne s'imaginait pas ne serait-ce qu'une seule seconde que sa soeur puisse être à nouveau enceinte), c'était une nouvelle qui concernerait Clarice. Peut-être une évolution dans la progression de sa maladie ? Peut-être avait-elle de meilleures chances de s'en sortir et de guérir ? Si tel était le cas, oui, ça ne faisait aucun doute, le champagne serait effectivement de mise.

-Quoique le champagne ne fait pas de mal aux mauvaises nouvelles non plus, ajouta-t-il avec un fin sourire une fois qu'ils furent installés à leur table, hélant au passage le serveur avant de reporter son attention sur sa soeur. Allez, crache le morceau.

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Eurydice préférait préparer son annonce. Après tout, ce n’était pas n’importe quelle annonce, alors elle se devait d’y mettre les formes. Et faire languir son frère était tentant. Il ne s’était pas gêné pour en faire de même, alors pourquoi est-ce qu’elle ne devrait pas lui rendre la pareille ? C’était juste une petite vengeance, rien de bien important, mais elle espérait bien que cela aurait son petit impact. Si elle avait été à la place de Nigel, elle n’aurait pas du tout apprécié tout ce mystère, toute cette attente. Quand on lui annonçait que quelqu’un avait quelque chose d’important à dire, elle voulait en connaître le sujet tout de suite. Elle n’était pas patiente pour ces choses-là.

Mais elle n’était pas à la place de Nigel, elle était celle qui détenait l’information, et cela l’amusait beaucoup de faire languir son frère. Même si au fond, elle était bien impatiente de lui annoncer la nouvelle. Parce qu’à ses yeux, il ne pouvait qu’être content. Elle ne voyait aucune raison pour que ce ne soit pas le cas, et elle avait conscience que Nigel était la seule personne avec qui elle pourrait réellement fêter la nouvelle, et s’en réjouir. Et elle avait besoin de cela. Sa grossesse n’était pas prévue, et elle était le fruit d’un adultère, mais ça ne l’empêchait pas d’en être heureuse pour autant.

-Une grande nouvelle ? Est-ce que je dois m'inquiéter ou nous commander du champagne pour accompagner cette mystérieuse annonce ?

Eurydice afficha un petit sourire, il n’y avait pas matière à s’inquiéter, mais Nigel devait déjà le savoir. Si c’était quelque chose de grave, elle n’aurait pas fait les choses ainsi. Elle pouvait se permettre ce petit jeu justement parce que c’était une merveilleuse nouvelle. Fait à part, elle était heureuse de voir que son frère était d’aussi bonne humeur. Elle lui était très communicative, comme cela avait toujours été le cas entre eux, ils avaient toujours eu tendance à adopter l’humeur de l’autre, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Quand l’un allait bien, l’autre allait bien. Mais quand l’un allait mal, l’autre pouvait difficilement aller bien. Et de voir Nigel d’aussi bonne humeur, lui donnait encore plus envie de lui partager la nouvelle.

-Quoique le champagne ne fait pas de mal aux mauvaises nouvelles non plus. Allez, crache le morceau.

Bon, Eurydice estimait l’avoir assez fait mariner. Elle pourrait continuer, et pousser le jeu un peu plus loin, mais mine de rien, elle avait tout de même envie de le lui dire. Elle ne pensait pas qu’il s’en doute, mais elle espérait vraiment ne pas se tromper, en pensant que la nouvelle allait le rendre heureux. Il allait de nouveau être tonton, ce n’était tout de même pas rien. Il est vrai que sachant que son frère nourrissait le désir d’avoir des enfants, ça n’allait peut-être pas aider… mais elle se disait aussi que cela pourrait l’aider à réellement se décider, à faire en sorte de devenir père.

« On ne t’a jamais dit qu’il ne fallait pas presser une femme ? Mais soit, puisque tu insistes tellement… je t’annonce officiellement que tu vas de nouveau pouvoir jouer les tontons gâteaux. Je suis enceinte. »

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igel afficha un sourire quand sa jumelle affirma qu'il ne fallait jamais presser une femme, chose qu'il savait en effet, et Nigel s'estimait plutôt galant avec la gent féminine (même s'il aimait beaucoup cabotiner, ça faisait partie de son caractère) - en même temps, le fait qu'il n'attende rien de particulier de ses dames encourageait un caractère au-delà de patient (en fait, c'étaient ces dames qui devaient être patientes avec lui, et sans résultat au bout du compte), mais là, on ne parlait pas de n'importe quelle femme, on parlait de sa soeur, et toutes les exceptions étaient permises quand il s'agissait d'Eurydice. Elle avait quelque chose à lui dire, et il voulait savoir quoi, surtout qu'il devinait que, même si elle le laissait tourner en bourrique, il s'agissait tout de même de quelque chose d'important. Il la connaissait par coeur, il était à peu près convaincu que la nouvelle n'était pas anodine.

Et en effet, elle ne l'était pas. A un point que Nigel n'avait absolument pas envisagée. La nouvelle tomba comme un couperet, et Nigel s'y était si peu attendu qu'il dut vraiment avoir l'air stupide pendant plusieurs longues secondes, à regarder sa soeur avec des yeux ronds, incapable d'intégrer l'information, incapable de croire qu'elle soit vraiment... réelle. De tout ce qu'elle aurait pu lui annoncer, pas un instant, même une fraction de seconde, il n'avait envisagé la possibilité qu'elle lui apprenne être enceinte. De longue date, il avait admis qu'il n'aurait jamais qu'une seule nièce (ce qui lui allait très bien en l'occurrence, il adorait tellement Clarice ), et là... Eh bien, autant le dire, il tombait des nues.

-Je... je sais pas quoi te dire, Eurydice, je m'y attendais absolument pas, c'est...

Qu'est-ce que c'était ? Un événement heureux, certainement, comme devait l'être l'annonce de toute grossesse, sauf que la naissance de cet enfant allait encore creuser le fossé entre Trevor et Eurydice, et pas seulement. Il eut une pensée pour Clarice, aussi, pour la manière dont il allait réagir... Bien sûr, Nigel aimerait cet enfant, puisqu'il serait l'enfant d'Eurydice, son neveu ou sa nièce, mais il ne pouvait pas accueillir la nouvelle comme quelque chose d'anodin, car il n'était que trop bien placé pour savoir que cette grossesse était forcément le fruit d'une relation extraconjugale... ce qui voulait aussi dire qu'il y avait un père, un amant quelque part dans la nature qui pourrait éventuellement réclamer la paternité de l'enfant.

-Tu es heureuse ? C'est ce que tu voulais ? Il se doutait de ne pas avoir la réaction qu'elle attendait, mais avant les félicitations, il avait besoin d'assimiler la situation, et de comprendre l'état d'esprit où se trouvait sa soeur, également. Je ne pense pas spécialement m'avancer en suggérant que Trevor n'est pas le père, n'est-ce pas ? dit-il à voix plus basse.

Ce qui était une autre manière de lui demander : qui est le père ?

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Eurydice était consciente que la nouvelle allait vraiment être une surprise, seulement, elle espérait tout de même un peu de soutien de la part de Nigel, parce qu’elle savait parfaitement qu’elle n’aurait que des plaintes, et des reproches de la part des autres. Alors elle espérait avoir l’appui de son frère, mais sur le moment, il ne semblait pas dans cette optique-là. Elle savait qu’elle ne l’avait pas préparé du tout, et la nouvelle tombait comme ça. Alors elle devait lui laisser le temps, mais… elle avait l’impression de devoir laisser du temps à tout le monde, comme si de son côté, elle n’était qu’une éberluée totalement inconsciente, qu’elle ne mesurait pas toute l’importance, et les conséquences de cette nouvelle grossesse.

-Je... je sais pas quoi te dire, Eurydice, je m'y attendais absolument pas, c'est...

Eurydice perdit un peu de son sourire. Certes, la surprise de Nigel était compréhensible, mais elle avait presque le sentiment qu’elle allait se faire réprimander comme une enfant. Comme si elle avait fait une bêtise. Elle admettait que ce n’était pas très glorieux, elle était enceinte d’un homme qui n’était pas son mari, et il n’y avait donc pas de quoi se vanter. Mais… elle n’avait pas non plus fait quelque chose de grave. Enfin, elle ne pensait pas. Les hormones faisaient aussi leur effet, et Eurydice ne contrôlait pas vraiment ses réactions, qui pouvaient être exacerbées. Et pour le coup, elle se sentait triste, mais elle tâchait de ne pas le montrer.

-Tu es heureuse ? C'est ce que tu voulais ? Je ne pense pas spécialement m'avancer en suggérant que Trevor n'est pas le père, n'est-ce pas ?

Eurydice ne savait pas vraiment quoi lui répondre pour le coup. Elle avait presque envie de changer de sujet, mais elle savait que ça ne passerait pas. Heureuse, elle avait envie de l’être mais elle avait le sentiment qu’elle n’en avait pas le droit. Elle n’avait pas choisi de tomber enceinte, c’était une grossesse accidentelle. Mais maintenant que cet enfant était dans son ventre, elle n’avait pas envie de le détester, de le rejeter.

« Je ne sais pas trop, ce n’était pas prévu. »

C’était tout ce qu’elle pouvait lui dire sur le moment, et c’était la vérité. Elle n’avait pas prévu de tomber enceinte. Elle savait bien que Nigel ne pensait pas à mal, et se contentait d’être honnête avec elle, elle ne lui en voulait pas, mais la conversation avec Orpheus avait déjà été éprouvante, il restait encore Clarice et Trevor et elle n’avait aucun espoir pour que ces dernières se passent bien. Alors elle comptait un peu sur Nigel pour que ce soit un peu plus léger.

« Non, ce n’est pas le père. »

Mais elle n’avait pas spécialement envie de parler d’Orpheus, là tout de suite. Non pas qu’elle ne voulait pas le dire à Nigel, elle avait une totale confiance en lui, mais elle n’était juste pas vraiment d’humeur.

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igel se doutait qu'il n'offrait pas à sa soeur jumelle la réaction qu'elle avait escomptée, et il s'en voulait déjà pour cela, seulement, il était incapable de se réjouir pour elle, pas pour le moment. Parce qu'il était trop inquiet sur ce qui pourrait lui arriver pour simplement brasser le champagne et applaudir des deux mains. Il valait mieux, dans ces circonstances, qu'Eurydice accueille sa grossesse comme un cadeau et décide de la voir comme quelque chose de positif, mais Eurydice lui était trop précieuse pour qu'il ne se mette pas, de son côté, à considérer la situation sous toutes les coutures, en prenant en considération, évidemment, tout ce qui pourrait bien se passer de travers. Il n'était pourtant pas d'un naturel pessimiste en soi, mais tout était différent quand il était question de sa soeur. Il voulait la protéger coûte que coûte, y compris des influences extérieures qui pourraient la faire souffrir sans qu'elle le sache... même s'il était justement une de ces influences qui pourraient bien lui faire tant de mal.

En suggérant que Trevor n'était pas le père, il n'attendait pas réellement de confirmation de sa part, parce qu'ils savaient tous les deux que ce n'était pas le cas. Il voulait savoir qui était le père en question pour mieux comprendre la situation. Ce n'était pas pour faire à sa soeur le reproche de son adultère, au contraire, il comprenait qu'elle recherche dans le bras d'autres hommes l'affection que son époux n'était pas capable de lui offrir, mais là, cet homme, s'il le décidait, pourrait bien décider de gâcher sa vie, de la faire souffrir, et ça, il ne le tolèrerait pas.

Oui, en posant cette question, il avait espéré un nom, mais sa soeur ne lui en donna pas. Nigel ne pouvait pas le lui reprocher, elle avait droit à ses secrets, mais ça lui ressemblait si peu : en temps normal, elle lui confiait tout. Etait-ce parce qu'elle prenait mal sa réaction ? Peut-être, mais Nigel ne s'en excuserait pas pour autant. Il tenait plus à sa sécurité et à son bien-être qu'à ménager ses états d'âme, en cet instant.

-Je ne t'obligerai pas à me dire qui est le père si tu ne le veux pas, dit-il doucement en récupérant la main d'Eurydice pour la serrer dans la sienne, en espérant que ce geste l'apaiserait. Quand Eurydice était mal, il le sentait immédiatement, et il ne supportait pas ça. Je veux juste m'assurer qu'il ne te posera pas problème, si tu me le promets, alors je ne te poserai plus jamais la question. Il marqua une pause. Et si la venue de ce futur enfant te rend heureuse, alors je le serai aussi.

C'est elle qui lui importe pour le moment, bien plus que le futur neveu ou la future nièce qui grandit en elle.

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Eurydice ne savait pas vraiment quoi penser de la réaction de son frère. En soit, elle la comprenait, mais elle aurait préféré autre chose. Elle avait fait le choix de ne voir que le bon côté de cette nouvelle, pourtant elle savait que ça ne serait pas tout rose, et que beaucoup de problèmes pourrait en découler. Trevor ne serait pas ravi, en même temps il ne l’était jamais, et Clarice ne verrait sûrement pas d’un bon œil d’avoir un petit frère, ou une petite sœur. Eurydice en était consciente, mais maintenant que cet enfant allait arriver, elle ne pouvait pas faire grand-chose à part espérer que ce ne soit pas une catastrophe. D’autant que cet enfant n’avait rien demandé, et elle ne voulait pas qu’il naisse dans un environnement ou personne ne voulait de lui, et le voyait comme un indésirable. Elle n’avait pas prévu de tomber enceinte, mais maintenant que c’était le cas… elle préférait le voir comme un signe positif. Cela lui changeait de d’habitude, où tout était toujours conflictuel et triste.

Alors elle préférait voir les choses du bon côté, voir le verre à moitié plein pour une fois. Si Eurydice n’était pas une femme particulièrement pessimiste, elle avait tout de même du mal à être optimiste. Elle n’en voulait pas à Nigel, de réagir de cette manière, mais elle aurait préféré avoir ce genre de discussions plus tard. Sa surprise était compréhensible, et son inquiétude aussi, mais Eurydice ne pouvait pas s’empêcher de mal le prendre, ou du moins, en partie. Elle savait bien que Nigel ne la réprimandait pas, et ne la jugeait pas non plus, mais sans doute qu’à travers ses paroles, elle entendait ce qu’elle pensait parfois d’elle-même. Et elle avait un peu de mal à l’entendre.

-Je ne t'obligerai pas à me dire qui est le père si tu ne le veux pas. Je veux juste m'assurer qu'il ne te posera pas problème, si tu me le promets, alors je ne te poserai plus jamais la question.

Elle ne retira pas sa main, lorsque Nigel la lui prit. Elle appréciait ce geste de réconfort. Elle savait qu’il n’était pas son genre de se montrer trop inquisiteur. En même temps, en temps normal, il n’en avait pas besoin. Eurydice s’était toujours librement confiée à son jumeau, et n’avait jamais eu aucun mal à lui parler de quoique ce soit. Et même en cet instant, elle n’avait pas spécialement envie de ne pas lui dire qui était le père de son enfant, mais elle s’était sentie un peu brusquée, et elle avait préféré se fermer qu’autre chose.

« C’est Orpheus Beurk. Mais il ne compte pas poser problème. »

-Et si la venue de ce futur enfant te rend heureuse, alors je le serai aussi.

Elle hocha lentement la tête, pour assimiler ses paroles. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle ressentait, beaucoup d’émotions contradictoires, mais elle était tout de même heureuse d’avoir le soutien de son frère jumeau. Ce n’était pas vraiment une surprise, mais c’était tout de même bon de l’entendre.

« Je ne sais pas ce que cela me rend. Je sais que ce n’est pas la situation idéale, et que ça ne va ravir personne. Mais… je ne veux pas qu’il ait le sentiment d’être rejeté par tous. Je ne pensais pas avoir d’autres enfants, même si j’en avais envie et je sais que je vais sûrement devoir tout gérer toute seule, alors j’essaye de dédramatiser un peu la situation. »

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O

rpheus Beurk. Ah... Nigel ne savait pas trop quoi faire de cette révélation, en réalité. Il n'avait jamais été très proche d'Orpheus, ni ne s'était trop mal entendu avec lui non plus, mais il se portait très bien de ne pas l'avoir dans son entourage proche, surtout quand on tenait compte des drames familiaux qui l'environnaient. Ce que Nigel en retenait, c'est que ce type était un nid à problèmes. Ce n'était sans doute pas pour rien si sa femme avait cherché à l'assassiner. Alors imaginer ce genre de type roder autour de sa jumelle, ça ne lui plaisait pas du tout.

Certes, Eurydice lui assurait qu'il ne poserait pas de problème, mais qu'est-ce qu'elle en savait ? Il avait bien pu dire ça sur le moment sans pour autant le penser. Sans oublier que les problèmes, visiblement, il était quand même doué pour les créer de lui-même. Certes, il ne fallait pas se fier à sa réputation, mais Nigel n'était pas confiant le moins du monde. La seule chose qui le rassurait, c'est que Beurk était du genre respectueux des traditions et soucieux de son image. Personne ne comprenait pourquoi il n'avait pas divorcé de sa cinglée de femme, mais en attendant, il ne voudrait pas qu'on lui colle la casquette d'homme infidèle.

-J'irais tout de même lui parler, il ne m'inspire pas confiance, se décida-t-il, bien conscient de jouer un peu trop les frères protecteurs, mais qu'est-ce qu'il serait supposé faire ? Bien sûr qu'il ne peut pas laisser passer cette situation, ce serait très, très mal lui ressembler. Bien sûr qu'il devait vouloir y mettre son grain de sel, c'était même tout naturel pour lui.

Nigel n'aimait pas entendre Eurydice lui apprendre qu'elle ne savait pas quoi ressentir dans ce contexte, mais en même temps, il voulait qu'elle se montre totalement honnête envers lui, c'était tout ce qu'il attendait d'elle, et c'était bel et bien ce qu'il faisait.

-Il ne sera pas rejeté. Cet enfant aura une mère qui l'adore, et le meilleur oncle de l'univers. Tu sais bien que je serai là pour toi et pour lui, pas vrai ? Quoi qu'il advienne. Je me fiche de qui est le père, la mère, c'est toi, et je te promets que je ferais tout pour qu'il soit heureux et ne manque de rien.

C'était une promesse solennelle. Bien sûr qu'il voulait faire ça pour sa soeur, et bien sûr que c'était naturel pour lui. Surtout que cet enfant n'était pour rien dans ces histoires d'adultère, il n'avait pas à en payer le prix.

-Alors tu ne gèreras rien seule, tu n'es pas seule, retiens bien ça.

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Eurydice acceptait de se confier à Nigel, car c’était bien la seule personne avec qui elle pouvait le faire. Elle savait qu’elle pouvait tout dire à Nigel, qu’il était toujours une oreille attentive pour elle, mais ce n’était pas forcément simple pour elle de totalement se dévoiler. Même si elle lui disait souvent tout, elle était habituée à devoir tout garder pour elle, et elle avait déjà la sensation que sa vie était un échec total, alors le dire à voix haute, cela ne lui simplifiait pas du tout la tâche, c’était comme une double peine. Mais elle savait que son frère saurait trouver les bons mots, comme toujours.

La jeune femme n’avait aucune idée de comment toute cette situation allait se gérer. Cela n’avait rien à voir avec sa première grossesse étant donné que Trevor n’était pas le père, et il y avait encore beaucoup d’inconnues dans cette situation. A commencer par les réactions de Clarice et Trevor. Eurydice ne pensait tout de même pas trop s’avancer en affirmant que ni l’un ni l’autre ne serait réellement ravi. Elle n’était pas assez naïve pour croire au contraire. Mais bon, elle ne voulait pas que son enfant pâtisse de cela, elle ne voulait pas qu’il se sente rejeté par sa famille.

-J'irais tout de même lui parler, il ne m'inspire pas confiance.

Eurydice avait bien envie de lui dire que ce n’était pas la peine. Orpheus n’avait sans doute pas besoin de voir Nigel débarquer pour le sermonner, il vivait déjà assez mal la situation. Mais elle connaissait assez son jumeau pour savoir qu’il le ferait dans tous les cas. Elle trouvait ça mignon, qu’il se montre protecteur envers elle, mais elle n’avait pas de moyens de l’empêcher d’agir de cette manière alors… elle préféra ne rien dire.

-Il ne sera pas rejeté. Cet enfant aura une mère qui l'adore, et le meilleur oncle de l'univers. Tu sais bien que je serai là pour toi et pour lui, pas vrai ? Quoi qu'il advienne. Je me fiche de qui est le père, la mère, c'est toi, et je te promets que je ferais tout pour qu'il soit heureux et ne manque de rien. Alors tu ne gèreras rien seule, tu n'es pas seule, retiens bien ça.

Eurydice afficha un léger sourire, réconfortée par les paroles de son frère. Elle savait que son frère serait là pour elle, mais elle ne voulait pas non plus que ce soit une corvée pour lui. Il ne voyait sans doute pas les choses de cette manière, mais elle avait tout de même le sentiment de tout lui imposer, et elle ne voulait pas trop abuser de son soutien.

« Oui, je sais que tu es là. Heureusement d’ailleurs. Ma vie serait probablement invivable sans toi. »

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igel était encore sonné par toute cette situation, mais malgré tout, il n'oubliait pas quelle devait être sa place et ce qu'il se devait de faire, bien au contraire. Il avait un rôle à jouer, c'était une certitude, et ce rôle, il devait le jouer dès maintenant, dans les règles de l'art, et sans plus d'hésitations ou de tergiversations. Eurydice se sentait complètement démunie face à une situation d'une telle importance, lui aussi l'était, mais ce n'était pas lui que cette situation concernait dans tous les cas. Quoi qu'il advienne, il se devait d'être présent pour la personne qui comptait tant pour lui, s'il n'était pas là pour la soutenir dans un moment à ce point critique, alors à quoi servirait-il ? A rien, je vous le donne en mille.

Alors même s'il se posait des milliers de questions, même s'il n'était pas du tout certain de ce qui adviendrait, même s'il redoutait que la situation prenne une tournure pour le moins lamentable, il savait quoi qu'il en soit que sa place devait être auprès d'Eurydice, c'était la promesse tacite qu'il lui avait faite depuis leur plus tendre enfance, il n'avait pas le droit de revenir sur cette promesse : surtout pas. Et sous aucune forme de prétexte.

-Ne dis pas ça, répondit tout de même Nigel quand Eurydice lui assura que sa vie serait probablement invivable s'il n'était pas là. Tu es une femme intelligente, pleine de ressources, et capable du meilleur. Tu as une fille exceptionnelle, qui nous éblouira tous tôt ou tard, tu mérites le bonheur, peu importe comment, et tu parviendrais à l'obtenir même si je n'étais pas là. Je suis sûr de ça.

Il avait envie de le croire, parce qu'il redoutait terriblement de le décevoir, et qu'à ce moment-là, elle se sente seule et sans repère. Mais il pensait chacun des mots qu'il venait de prononcer : Eurydice était une femme intelligente et capable du meilleur, il était convaincu qu'elle se sortirait de toutes les situations même les plus alarmantes : elle était capable de faire preuve de la volonté nécessaire pour cela. Il croyait en elle plus qu'en n'importe qui d'autre, et c'était quelque chose qui ne changerait jamais.

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Pour une surprise, c'est une surprise

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Eurydice avait le sentiment que ses émotions faisaient les montagnes russes, et passait d’un extrême à un autre, certains diraient que c’étaient sans doute les hormones, elle n’en savait rien, et à dire vrai, elle s’en moquait un peu. Ce qui l’ennuyait surtout, c’était sa difficulté à les contrôler en cet instant précis. Pourtant, c’était normalement une pratique qu’elle maitrisait bien, parce qu’elle vivait dans un monde où il fallait sans cesse feindre les choses. Même si elle ne le faisait jamais en face de Nigel, ce qui était son unique exception. Mais là, c’était beaucoup, et elle savait que la situation était loin d’être claire et délicate. Elle avait essayé de présenter les choses sous un ton moins dramatique, mais Nigel était quelqu’un de terre à terre, et elle comprenait son inquiétude, les choses auraient été strictement similaires dans la situation inverse.

Eurydice voulait être aussi présente pour Nigel que ce dernier savait l’être pour elle. En tout cas, elle était tout de même rassurée de savoir qu’il était à ses côtés, et qu’il comptait la souvenir. Elle n’avait pas beaucoup d’alliés dans cette situation, et on ne pouvait pas dire que le reste de la famille allait être du sien. Alors, oui, Nigel représentait vraiment un très gros soutien et réconfort pour Eurydice.

-Ne dis pas ça. Tu es une femme intelligente, pleine de ressources, et capable du meilleur. Tu as une fille exceptionnelle, qui nous éblouira tous tôt ou tard, tu mérites le bonheur, peu importe comment, et tu parviendrais à l'obtenir même si je n'étais pas là. Je suis sûr de ça.

Les mots de Nigel étaient réconfortants, bien sûr, mais Eurydice avait tout de même du mal à se montrer aussi optimiste que son frère. Clarice avait beau être une fille exceptionnelle, il n’en restait pas moins que cette grossesse ne la réjouissait absolument pas, et qu’elle pouvait être incroyablement têtue, et qu’elle pourrait bien lui faire la tête pendant très longtemps, ce que redoutait évidemment Eurydice. Et puis, elle n’était pas aussi certaine que lui sur le fait qu’elle parviendrait à être heureuse, pour le moment, c’était tout de même raté. Elle afficha cependant un très léger sourire à son frère.

« Ce serait tout de même difficile sans personne pour me dire tout ça. »

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Pour une surprise, c'est une surprise

N

igel serait toujours là pour épauler sa soeur jumelle, peu importe les circonstances, et peu importe les épreuves que cette dernière devrait traverser. Il avait parfois le sentiment de ne pas réellement à la hauteur de ses attentes, mais cela n'ôtait véritablement rien à l'affection qu'il ressentait pour elle. Quand il avait le sentiment qu'elle se trouvait au fond du gouffre, il estimait que c'était son devoir le plus absolu que de la tirer de là, et il était prêt à tout pour l'aider à se sentir mieux.

Ceci dit, il avait beau être prêt à tout, ce n'était pas pour autant qu'il mentait, bien au contraire, même. Chacun des mots qu'il lui adressait, il les pensait véritablement. Inutile de feindre quoi que ce soit. Non, il avait pour elle une estime profonde et totale. Il avait toujours admiré son intelligence, son esprit, sa force de caractère, c'était aussi pour cette raison qu'il était si étrange de la voir soudainement flancher, alors qu'il avait le sentiment qu'Eurydice ne devrait pas flancher, qu'elle devrait toujours être capable de redresser la tête, peu importe les circonstances, et de faire valoir le fond de sa pensée. C'était facile, bien sûr, que de voir les choses ainsi. Mais ce n'était pas parce que c'était facile que c'était faux. Nigel, donc, faisait de son mieux pour lui faire voir les choses de la meilleure façon possible.

-Eh bien félicite-toi d'avoir le meilleur frère au monde, dans ce cas, répondit Nigel avec une bonne humeur excessive qui avait surtout vocation à rendre autant que possible le sourire à celle qu'il n'aimait pas voir céder à un vague à l'âme qui pouvait être contrer par tout ce qu'il y avait de positif dans sa vie, et qui pourrait lui donner un prétexte à se sentir véritablement heureuse.

Eurydice avait non seulement la possibilité mais le droit d'être heureuse. La bombe qu'elle venait de lui balancer allait forcément avoir une sacrée influence sur sa vie, mais qui sait si ce n'était pas la meilleure chose dans le fond.

-Parce que je serais toujours là pour te le dire, ajouta-t-il avec une esquisse de sourire malicieux au coin des lèvres. Et moi alors ? J'ai même pas le droit à la longue liste de mes qualités en retour ? ajouta-t-il dans l'espoir de la dérider. Certes, il faudrait y passer la nuit pour en faire tout le tour, mais j'ai tout mon temps.

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Pour une surprise, c'est une surprise

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Nigel avait le don de lui redonner le sourire dans n’importe quelle situation, c’était un fait. Et heureusement qu’il était là. Elle était consciente de la chance qu’elle avait, de pouvoir compter sur son frère jumeau, et d’être aussi proche de lui qu’elle pouvait l’être. Elle tentait d’appréhender la situation sous le meilleur jour possible, parce qu’elle ne voulait pas porter trop d’attention aux nombreux à côtés qui étaient quelque peu problématique.

Durant sa jeunesse, elle avait voulu plusieurs enfants, mais elle avait dû se résigner, entre la maladie de Clarice et les préférences pècheresses de son époux. Clarice avait été sa seule enfant durant des années, et elle s’était faite à l’idée, elle avait choyé et aimé sa fille de tout son cœur, et son amour pour elle ne changerait jamais. Mais elle avait préféré voir cet enfant surprise comme une bonne nouvelle, parce que la situation dans laquelle il allait naître ne serait pas facile, alors elle voulait adoucir un peu les choses, plutôt que d’y voir que les mauvais côtés. Mais le soutien et la présence de Nigel lui étaient très bénéfiques, comme toujours.

-Eh bien félicite-toi d'avoir le meilleur frère au monde, dans ce cas.

La jeune femme afficha un léger sourire. Nigel n’avait pas tort, en même temps. A ses yeux, il était le meilleur frère au monde. Elle ne voyait pas ce qu’il pourrait faire de plus, elle n’avait rien à lui reprocher. Nigel était juste parfait, et elle se demandait parfois ce qu’elle avait fait pour mériter un frère pareil. Parce qu’elle n’était pas certaine d’être aussi irréprochable qu’il pouvait l’être, même si cela n’avait rien d’un concours bien sûr.

-Parce que je serais toujours là pour te le dire. Et moi alors ? J'ai même pas le droit à la longue liste de mes qualités en retour ? Certes, il faudrait y passer la nuit pour en faire tout le tour, mais j'ai tout mon temps.

La longue liste de ses qualités, il n’y avait bien que Nigel pour dire ce genre de choses sans en rougir. Mais il avait bien raison de le faire. Son jumeau était doté de qualités indéniables. Peut-être qu’elle n’était pas objective, mais elle ne voyait pas les choses ainsi. Elle considérait qu’il n’y avait personne qui connaissait mieux Nigel qu’elle, parce qu’ils étaient ensemble depuis, toujours, et qu’il n’avait aucun secret pour elle, du moins c’est ce qu’elle pensait, et elle ne pouvait imaginer être dans le faux.

« En voilà des manières pour chercher à se faire mousser. Je suis sûre que tu n’as pas besoin de moi, et que tu sais très bien le faire seul. Tu sais déjà que tu es quelqu’un d’exceptionnel, et je sais que j’ai de la chance de t’avoir comme frère. »

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