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 Révélations + Rafa

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CRACMOL
Finn Callahan
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Message#Sujet: Révélations + Rafa   Révélations + Rafa Icon_minitimeVen 25 Nov - 0:40



Révélations
Rafa & Finn
La matinée suivant le malaise de Eve s’est tranquillement étalée dans un cocon confortable dont ni Finn, ni sa compagne n’ont voulu sortir. Viendra le moment de l’organisation concrète et des questions auxquelles ils devront répondre, mais pour le moment, ils se sont accordés, sans se concerter réellement, pour remettre ça à plus tard. Callahan, de son côté, voudrait profiter de cette sorte d’état de grâce le plus longtemps possible. Il va lui falloir un moment pour s’habituer à cette grossesse et pour le moment, c’est trop neuf pour qu’il cesse de s’en émerveiller.

Le pique-nique de Liam a rencontré un certain succès, pour ne pas dire un succès certain, et elle a repris quelques couleurs, mais Finn n’envisage pas un seul instant de partir. Il est trop occupé à la couver du regard en souriant dans son coin, levant de temps en temps les yeux vers elle et se détachant des quelques documents relatifs à des histoires de chevaux qu’il lit de son côté, alors qu’elle s’est installée dans le divan pour parcourir un livre., il s’est décidé à appeler au Cohan, après une courte discussion avec Eve, histoire que Rafa ne tombe pas des nues et ne s’inquiète pas en ne le voyant pas revenir : « Salut Liam, comment va ? Rafa est dans le coin ? Non ? Il est pas venu ? Bah il devait…Ah bon…bon. Non, elle va bien, c’est gentil, mais elle se repose. Très bien, la tourte, d’ailleurs. Si Rafa passe, dis-lui que je reste avec elle jusqu’à demain. Ouais, je lui expliquerai. Mais je viendrais déjeuner demain. »

L’explication avec le cafetier a laissé Finn un peu déçu. Certes il a compris le message passé par Liam mieux que Cohan lui-même et il se doute que son second n’a pas su résister à ses angoisses et qu’il est parti retrouver Robin. Mais il aurait bien aimé tomber sur Rafa lui-même pour lui annoncer la nouvelle. Après tout, c’est le futur parrain. En dehors de Eve, il n’y a en fait qu’à cet insolent qui lui sert de frangin et de meilleur ami à la fois que Finn a réellement envie de faire partager cette annonce. C’est qu’il s’inquiète pour elle, malgré tout. Matthews a paru confiant, mais il ne veut pas risquer une fausse couche ou que ça se passe mal. Alors pour l’instant, il est d’avis de garder tout ça pour eux. D’autant que l’idée que ça reste leur secret, pour le moment, plait assez au mafieux. Et pourtant, il est fier de l’avoir à son bras, rayonnant de bonheur en la regardant, parce que lui sait, contrairement aux autres clients du Café Bleu, où ils ont décidé d’aller diner maintenant qu’elle est mieux. Finn le proclamerait bien à la face du monde, mais ça attendra. Bientôt ça se verra, de toute façon, et il sera encore plus fier.

Finalement, ce n’est donc bien que le lendemain matin, vers midi, qu’il débarque au Cohan, où se tient une conversation particulièrement nourrie autour de Guinness déjà bien entamées. « Et alors, mon vieux, je l’ai vu l’embrasser, un vrai petit couple, très mignon. » Ca ricane. « Tu es sûr que c’était Rafa ? Ou on nous l’a changé, le second ? » Un autre : « Mais il a une copine, Rafa, c’est nouveau ça ? » Et les explications de repartir de plus belle : « Ah pour sûr, ça change ! Il avait presque l’air de bonne humeur ! Enfin bref, je pensais pas à mal, moi. C’est quand même pas un mystère qu’on l’a vu pas mal de fois avec des filles différentes, même Flo’ peut en témoigner. En tout cas, je pensais pas à mal, moi, mais je me suis demandé si j’allais pas prendre une baffe. Mais non. Finalement il m’a juste envoyé bouler et il s’est tiré avec elle. Si j’avais pas compris le message, c’était clair quand je l’ai vu l’embrasser. La gaffe, putain ! » Et ça se marre et ça cancane dans tous les coins : « Non mais Walt, tu t’attendais à quoi, aussi, en disant ça… »


Les gars en sont là quand le patron passe la tête dans le bar en sifflotant, et les murmures nourris s’arrêtent d’un coup. Rafa, c’est moi, a proclamé le patron plus d’une fois, alors on n’oserait pas baver sur le compte du second en sa présence, ce serait déloyal. Manque de chance pour eux, Finn en est resté aux commentaires sur le malaise de Eve et il se figure, agacé, que c’est sur sa compagne qu’on crache. « Eh ben alors, c’est encore le spectacle ? Vous vous êtes pas remis du malaise de Eve ? Je croyais avoir été clair, pourtant, non ? Alors ? » Ca hésite, et Callahan se demande s’il ne va pas claquer le museau de tout ce beau monde. Finalement, c’est Sean, qui peine à se remettre de la mésaventure de Walt, qui se met à raconter celle-ci : « Faites excuses, patron, c’est pas ça…c’est juste que Walt a failli traiter la copine de Rafa – je sais pas si vous la connaissez, une blonde – de pute, alors… » Il y a un moment de flottement où l’acteur peine à comprendre ce qu’il se passe, et puis Sean poursuit et la lumière se fait. Mort de rire, le patron commente : « Putain, mais les gars, le tact, c’est vraiment pas votre fort, hein ! » C’est l’hôpital qui se fout de la charité quand on le connait, mais vraiment, il ne les trouve pas bien malins. « Alors il souriait, hein ? Bon, bah tu lui diras de monter dans mon bureau, Sean, fissa, s’il passe. » A vrai dire, Callahan est très intéressé à l’idée que Rafa lui raconte sa journée, qu’il a manifestement passé avec Robin, et c’est en riant, de bonne humeur, qu’il gagne son bureau. Une idée lui est venue, qui le fait marrer d’avance et satisfait son sens du théâtre ; il n’y a plus qu’à l’exécuter. Au point qu’il en oublie une question bien précise qu’il voulait poser à Walt…

Quand Rafa passe finalement la porte de son bureau, Finnegan l’attend donc de pied ferme, arborant sa tête des mauvais jours : « Tiens, te voilà, toi. Faut qu’on cause. » On pourrait croire qu’il fait vraiment la gueule, dans son nuage de tabac, et qu’il tire sa mine des mauvais jours, ceux où les sentences tombent et où il exécute les punitions. « Les gars m’ont dit que tu t’étais offert une balade dans Kilburn au lieu de venir, hier ? J’ai jamais réussi à te joindre, je voulais te dire que je restais un peu avec Eve…elle va bien, d’ailleurs, si ça t’intéresse ! » Tellement mieux qu'elle en est redevenue elle même, l'engueulant parce qu'il s'attardait à l'observer, aussi inquiet qu'émerveillé, alors qu'ils venaient de se coucher. Ca a fait rire Finn plus que ça ne l'a gêné, et il n'a répondu que par une provocation de plus en lui demandant ce qui la dérangeait dans le fait qu'il la regarde, parce qu'il l'aime. Finalement, l'incident s'est résolu en provocations, puis en taquineries, et enfin sur l'oreiller.

Pour en revenir à Rafa, son second parait se décomposer peu à peu, jusqu’à ce que l’acteur se lève et déclare : « Mais, allez, je rigole, gamin, et toi tu marches ! » Un rire sauvage et une grande tape sur l’épaule suivent. C’est peu dire qu’il est très content de son coup, qui n’est qu’une blague, réponse aux inquiétudes que lui cause Rafa et à vengeance gamine liée à son insolence. Ca lui permet aussi d’annoncer avec un grand sourire, d’un coup : « Elle est enceinte, Rafa. Matthews nous a dit ça quand il est passé la voir. C’est à cause de ça, le malaise. Je suis content, vraiment content, tu peux pas savoir à quel point. » Non, Rafa ne peut pas connaitre ça, pour le moment du moins – peut-être que ça arrivera un jour, au train où vont les choses avec Robin, cela dit.

Sans transition, Callahan reprend : « Bon, allez, amène-toi, on mange. Après tu vas m’accompagner voir où on peut acheter des trucs pour les gosses. Je prendrais peut-être pas tout aujourd’hui, mais je voudrais regarder les berceaux, au moins. Liam, tu montes deux shepperd’s pies, tu veux ? Ouais, avec deux Guinness, ce sera bien. Et toi, pendant ce temps-là, raconte-moi donc comment ça s’est passé, ton tour à Kilburn avec Robin. Elle va bien, d’ailleurs ? » Il a dit tout cela dans un même mouvement en commandant les plats par la porte et en la refermant immédiatement, se souciant peu, comme à son habitude, d’être suivi ou non. « Faut qu’on trinque, futur parrain. Je suis à deux doigts de te proposer de faire péter le champagne, tu sais. » D’habitude, c’est réservé aux casses réussis, mais eh, n’est-ce pas le casse du siècle, là, justement ?
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Rafael O'Riordan
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Message#Sujet: Re: Révélations + Rafa   Révélations + Rafa Icon_minitimeVen 25 Nov - 14:01

RévélationsFinn & Rafa

Il a bien fallu que Robin parte, au bout d’un moment, et regagne le côté sorcier. Rafael l’a raccompagnée jusqu’au Chaudron Baveur, et puis il s’en est retourné vers Kilburn avec une étrange mélancolie sur les épaules. Ils ont pourtant convenu de se revoir très vite, mais tout semble vide sans la jolie blonde. Ce n’est qu’en entrant au Cohan que Rafa a repris contact, un peu abruptement, avec la réalité. À son entrée, les gars présents ont interrompu leurs conversations d’une manière fort peu naturelle, et aucun n’a daigné lui expliquer ce qui se passait ; toujours dans sa rêverie un peu triste, Rafa a écouté distraitement les informations de Liam, et c’est Florence, finalement, qui l’a mis au courant en le prenant à part pour lui tirer les vers du nez.

-Alors, c’est vrai ce qu’on raconte ? Tu l’as amenée à Kilburn ? Y en a qui vous ont vus. C’est de ça qu’ils parlaient, ces idiots.

La rousse lui soutire quelques bribes de son histoire, et il y gagne un baiser sur le front, le plus chaste que Florence lui ait jamais donné. “Faut que je me tienne à carreau, maintenant !” rit-elle en lui administrant malgré tout une tape sur les fesses lorsqu’il la quitte pour aller rejoindre le patron à l’étage. Liam lui a en effet fait signe, avec insistance, d’écourter sa conversation avec la rousse et de monter fissa ; il y a des priorités, et Florence sait aussi bien que lui que Finn n’aime pas qu’on le fasse attendre.

Et, de toute évidence, à en juger par la tronche qu’il fait en voyant entrer son second, le patron a déjà trop attendu. Rafa, que l’on ne saurait pourtant taxer de couardise, blêmit en le découvrant assis dans son fauteuil, empli d’un calme froid, pareil à un procureur. Il y a du Tony Montenza dans le regard qu’il pose sur O’Riordan, de sorte que Rafa, qui pratique l’animal depuis des années, ne peut se tromper : ça pue, et pas qu’un peu. C’est la tronche des mauvais, des très mauvais jours, et c’est lui, Rafa, qui en est la cause. Le préambule ne laisse aucun doute à ce sujet. Les choses se remettent dans l’ordre dans l’esprit du second, très vite. Le malaise d’Eve, trente-six heures auparavant, la nuit blanche, Robin, le coup de téléphone qu’il devait passer pour prendre des nouvelles, et cet accueil glacial qui est, somme toute, logique. Pas du genre à se chercher des excuses, mais pas vraiment flambard, il s’empresse de reconnaître ses torts :

-Je suis désolé, patron, j’ai oublié… j’comprends que vous soyez furax, j’aurais dû…

Il n'achève pas. Le patron s'est levé, en silence. Certain que cette fois, il va en prendre une, Rafa ne bouge pas d’un demi-centimètre pour autant, fidèle à sa ligne de conduite, qui est d’accepter les punitions d’aussi bonne grâce que les récompenses. Il ne sera pas dit qu’il aura tenté de se soustraire à la colère du patron. Mais quand la main de Callahan se lève, c’est seulement pour lui asséner une grande tape, et puis pour le prendre aux épaules et le secouer un peu, dans un grand éclat de rire. Les mots qu’il prononce tardent à faire sens dans l’esprit de Rafa. Enceinte ? Mais non, c’est impossible, Robin n’est pas enceinte. Il lui faut un instant pour se rendre compte que tout le monde ne parle pas forcément de Robin, et qu’en l’occurrence, c’est d’Eve qu’il est question. Enceinte ? Elle est enceinte, ce chameau-là ? Encore pétrifié à l’idée d’avoir mécontenté le patron, Rafael peine à digérer l’information et, chose rare, demeure silencieux quelques instants. Lorsqu’il retrouve enfin sa voix, c’est pour se plaindre, en faisant mine de se masser la poitrine :

-Bordel, patron, faut pas me faire des trouilles pareilles. Un jour vous aurez ma mort sur la conscience, vous le savez, ça ?

Ces quelques mots ont le pouvoir inattendu de débloquer la situation, et O’Riordan redevient immédiatement lui-même. À son tour de flanquer une tape magistrale dans le dos du patron, en commentant, gouailleur :

-Eh ben, félicitations… encore que je sais pas si c’est le bon mot, hein, vous deviez faire attention, et voilà ce que ça donne… On peut vous faire confiance, tiens !

Le patron ne se formalise même pas de ces moqueries. Il commande le déjeuner, regagne sa place, manifestement trop heureux pour tenir en place. Rafa s’autorise un instant de sérieux, le temps d’une accolade, durant laquelle il murmure un “je suis content pour vous” à peine audible à l’oreille du patron, et puis il reprend son rôle de sale gosse :

-Eh, vous en avez de bonnes, vous. Vous croyez vraiment que c’est la peine d’aller acheter des berceaux aujourd’hui ? Vous savez que ça le fera pas venir plus vite, votre môme ?

Il se marre, sans oublier de gamberger pour autant. C’est une sacrée nouvelle, ce gamin. Ça va changer beaucoup de choses, songe-t-il. Ils sont une vraie famille, maintenant. Ce que ça peut être guimauve, dit comme ça… Heureusement, Finn le distrait de ses pensées en lui parlant de Robin.

-C’est cet andouille de Leach qui vous l’a dit ? demande Rafa un peu brusquement, comme si Walt était la seule personne de Kilburn à les avoir vus.

Il tergiverse un peu, le temps de chercher son paquet de cigarettes, d’en allumer une, avec une lenteur exagérée, et puis, très gêné, sans regarder Callahan, il souffle, d’une voix d’agonisant :


-On… on a passé la journée ensemble. On a beaucoup parlé. Elle sait tout, et elle est pas partie. J’suis content, patron, je pensais pas qu’on pouvait être content à ce point.

Heureux serait un mot plus approprié, mais les confidences qu’il vient de faire sont déjà bien assez indécentes sans y ajouter un pareil terme, non ?

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Message#Sujet: Re: Révélations + Rafa   Révélations + Rafa Icon_minitimeMer 14 Déc - 1:20



Révélations
Rafa & Finn
En colère, Callahan ? Évidemment pas. Ça n’est jamais qu’une blague, parce que dans son genre, il est lui aussi amateur de vacheries, et que c’est un juste retour des choses quand on sait ce qu’il peut entendre. Mais ce sont des chamailleries, guère plus, typique d’un ainé et de son cadet, et c’est pour ça que ça le fait rire justement, grand gosse qu’il est. Et puis s’en prendre à Rafa ? Non. Son second n’a jamais été victime de ses sautes d’humeurs – du moins jamais directement, car il dirait qu’il les subit trop souvent, comme encore maintenant. Finn en serait incapable. Ça serait briser ce pacte qu’ils ont conclu, la base de toute leur amitié, et il sait qu’il la perdrait à l’instant où il le ferait. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’en est voulu immédiatement lorsqu’il s’en est pris à Rafa lorsque Florence leur a appris la fausse couche de Eve, à LA, l’été dernier. Mais même là, ce n’était pas contre son second, c’étaient la peine et la douleur qui parlaient. Alors, aujourd’hui, ça lui semble dérisoire et puis justement, il est d’autant plus enclin à pardonner qu’il comprend l’inquiétude qui avait pris O’Riordan, sans que Rafa n’ait besoin de l’expliquer d’ailleurs. N’est-ce pas la même qu’il l’a touché lui, au moment du malaise de Eve, avant d’être rassuré et comblé ?

Parce qu’il est heureux, vraiment. Eve va bien, comme il le dit, plus que bien puisqu’elle porte la vie. Finn peine d’ailleurs à descendre de son nuage, pas encore habitué à l’idée. C’est bien vrai, il va être père, ce n’est plus juste une idée abstraite pour laquelle il a donné son accord, c’est réel et cela arrivera bientôt. Et pourtant, Callahan peine à réaliser. C’est trop neuf, trop frais. Mais le dire à Rafa, son meilleur ami, presque son frère, ça rend les choses concrètes dans le bon sens.  À la fin, il se trouve bizarrement touché des mots de son second, autant qu’il est ému de le voir à ses côtés et de cette accolade fraternelle. Évidemment, ça fait partie des choses que ni l’un ni l’autre ne savent dire, vieux reste de fierté masculine persuadée que le monde va s’effondrer si on s’avise de montrer ses sentiments. Mais c’est peut-être aussi que c’est trop gros, trop joyeux, trop grave, tout cela à la fois, ce qui fait que Finnegan a bien du mal à trouver les mots, simplement à cause de l’émotion. Parfois il comprend que ça puisse dépasser Eve. Il voudrait expliquer à Rafa toutes ses peurs, de ne pas être à la hauteur, que la grossesse se passe mal, la pression que ça lui met et les questions qu’il se pose. Il voudrait expliquer à quel point il est heureux, et développer ce qu’il a dit, mais à vrai dire, l’acteur craint de manquer de mots, ce qui est rare chez lui. Rien ne lui semble à la hauteur. Cela dit, chez lui, personne ne s’y trompera, surtout pas Rafa, qui le pratique depuis longtemps.

Le signe qui ne trompe pas, c’est qu’il n’écoute plus vraiment. Oui, c’est tôt et ce n’était pas prévu comme ça, oui ils n’ont pas fait très attention…eh bien tant pis. C’était le destin, et il est heureux comme ça. Ils feront avec. Et d’ailleurs, comme chaque fois qu’il monte un plan risqué mais excitant, voilà Finn qui fait des plans sur la comète, donne des instructions, parle, parle, parle encore et encore, pour combler l’appréhension et faire arriver plus vite les choses en se disant que c’est lui qui les orchestre. La remarque de Rafa, qui pointe précisément ce travers, le ramène brutalement à la réalité et le pousse à s’expliquer. « Non, non, c’est pas ça. Je le ferai avec elle. Elle me tuera si je l’emmène pas, de toute façon.Mais je veux juste voir...voir pour être prêt, tu comprends ? Je sais qu’il y a le temps, mais…Encore que. Je préfère m’organiser maintenant. C’est juste…Enfin, ça va être suffisamment le bordel comme ça. On va tellement courir… Je ne veux pas tout faire au dernier moment. Je crois que je veux juste...juste que ça se passe bien. » Callahan se fend d’un sourire contrit. Il aurait du mal à le dire, mais il ne veut simplement pas reproduire la première grossesse de Eve, ni finalement, rien de ce que les hommes de sa famille ont pu faire subir à leurs femmes et à leurs enfants. Je veux être un bon père, dès le début, c'est tout, voudrait-il dire, alors non, rien ne sera jamais trop. Mais ça ne sort pas.

Alors Finn préfère commander son déjeuner et trinquer au positif…Finalement, l’idée de parler de Robin lui vient, alors qu’il se laisse tomber dans son fauteuil, qu’ils surnomment directorial par dérision, et qu’il allume une clope : « Walt ? Ouais, et tous les autres avec. Je sais pas de qui ils parlent le plus en ce moment, entre toi et moi, mais j’ai bien l’impression que toutes les petites dames du quartier sont moins commères que ces crétins là. » Avec un grand sourire, il jette son briquet à Rafa, qui parait chercher une cigarette. Lui a étendu avec nonchalance les pieds sur son bureau, mais le visage du mafieux se fait concentré et sérieux lorsqu’il reprend : « D’ailleurs, à propos de Leach…je me suis posé la question. Il est pas parent avec ton oncle par alliance, celui-là ? Je sais bien que ça serait une coïncidence conne, c’est un nom un peu courant, mais avec le bol qu’on a…elle t’a rien dit, Robin ? » C’était ça, la question que l’acteur se posait en apercevant Walt, et elle vient de lui revenir, preuve qu’il n’est pas totalement déconnecté de la réalité et qu’il est toujours à la barre, même si son statut de futur père le fait gâtiser un peu.

Mais ce n’est pas la question essentielle – en fait, il n’est pas certain que ce soit un problème, non plus, se dit Finn, qui songe que l’existence de Walt Leach pourrait devenir une assurance – au moment où il parle. Non, malgré tout, il voudrait bien ce qu’a fabriqué Rafa, n’accordant que peu d’importance à ce que disent ses hommes – le téléphone arabe n’est pas une source très fiable d’informations. Le moins qu’on puisse dire, c’est que ça le change, O’Riordan. Pour un peu, on ne le reconnaitra pas, tout transi d’amour comme ça, tels les soupirants qui se pâment d’amour pour leurs belles…Et le moins qu’on puisse dire, c’est que « se pâmer », c’est bien la dernière expression qu’il associerait à Rafa. Quand il va dire ça à Eve, pouffe intérieurement le mafieux en tirant sur sa clope, elle ne s’en remettra jamais… Et lui ne peut pas s’empêcher de rire lorsqu’il commente : « Oh, regardez-le, il en rougirait presque, c’est mignon. » Évidemment, Callahan ne s’attire que dénégations et protestations outrées. Hilare, il tente de calmer le jeu. « Eh, râle pas, râle pas, merde. Promis, je ne lui répéterai pas. Mais je suis content pour toi aussi. » Malgré les sarcasmes, Finn l’est pour de bon. Rafa a morflé dans cette histoire. Lui est désormais bien placé pour comprendre à quel point les peines de cœurs, qu’ils prétendaient mépriser il n’y a pas si longtemps, peuvent être douloureuses. C’est une bonne chose si ça se résout comme ça, vu l’angoisse que la rupture de la blonde pouvait causer à Rafa. C’est d’ailleurs marrant de voir comme leur parcours aura été similaire, comme les siamois qu’ils sont, jusqu’à cette fameuse soirée, sur ce point : angoisse, puis délivrance, puis vrai bonheur…

Ce constat laisse Finn pensif un instant, le temps de tirer quelques nouvelles bouffées de tabac, avant qu’il ne demande, d’un coup, comme si une question venait de lui venir : « Mais par contre…Tout ? Tu veux dire qu’elle a vu ton appart’ et qu’elle s’est pas tirée en courant ? On va la revoir dans le quartier ? Eh bah, elle doit vraiment être amoureuse, la petite. » Et de nouveau, il a le droit à une mine contrarié de Rafa, qui n’aime décidément pas être mangé à sa propre sauce, alors que Callahan se marre comme une baleine. « Je blague, eh, me regarde pas comme ça. J’ai bien le droit de rire un peu, vu ce que je vais me prendre dans les mois qui viennent, non ? »

Finn va pour dire autre chose, mais l’arrivée de Cohan, qui dépose tourtes et Guinness sur le bureau le fait taire, même si le barman tourne aussitôt les talons. « Merci, Liam. On trinque ? Tant pis pour le champagne, mais eh, on peut bien, non ? À nos amours, tiens. Tant que Eve en sait rien je peux le dire… » Elle le tuerait si elle savait, le trouvant comme toujours un peu trop expansif – mais elle ne l’aimerait pas s’il ne l’était pas. Ils trinquent donc, et ce n’est qu’après avoir bu une gorgée de bière que Finn reprend la parole : « En parlant de rien dire…je sais que j’ai pas besoin de te le demander, mais pour l’instant les autres n’ont pas besoin de savoir pour le bébé. On verra plus tard. » Pour le moment, il voudrait en profiter avec Eve et elle seule. Sur ce point, ils sont sur la même longueur d’onde. Le dire à Rafa tenait de l’évidence, parce que c’est le futur parrain, et ils étaient d’accord là-dessus lorsqu’il est parti au Cohan. Le reste du monde, peu importe à quel point Finn est fier, attendra, parce que ça ne leur appartient qu’à eux…et peut-être parce que la fausse couche de Eve a appris à l’acteur la prudence. A la manière dont sa mâchoire se crispe, nul doute la possibilité contraire est une vraie angoisse pour lui.

Voilà d’ailleurs que ses inquiétudes commencent à sortir, irrationnelles, mal hiérarchisées, venant au hasard, sur la manière dont tout ça se passera, et qu’il ne se préoccupe plus que de ça, alors que Finn attaque sa tourte. « Va falloir qu’on s’organise aussi. Mais bon. Si mon oncle et mon père y sont arrivés, je devrais pouvoir m’en sortir aussi. » Bon, en réalité, être père, pour Eamon, ça voulait dire laisser Rory s’occuper de lui et lui faire sa fête, alors le but, ce sera surtout de faire mieux. A se demander s’il n’aura pas besoin d’aide, d’ailleurs…Ce qui conduit Finn à demander, presque hésitant : « Tu…tu es toujours d’accord pour être le parrain, d’ailleurs ? Je veux dire, maintenant que c’est concret ? » Vrai, parce qu’il est parti du principe que Rafa voulait bien, mais si ça n’était plus le cas ?
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Message#Sujet: Re: Révélations + Rafa   Révélations + Rafa Icon_minitimeMar 20 Déc - 21:39

RévélationsFinn & Rafa

Eve va bien, si ça t’intéresse. Rafa s’est raidi sous le reproche, qui, bien qu’il soit mérité, n’en demeure pas moins, estime-t-il, un peu sévère. Bien sûr, que ça l’intéresse… Conscient d’avoir manqué à ses devoirs en omettant de demander des nouvelles, il garde un silence gêné, ravalant ses protestations. Il ne se soucie pas de grand-monde sur cette planète, mais lorsqu’il s’agit des siens - de sa meute, comme il les imagine parfois - il se sent anxieux, prêt à toutes les angoisses. De fait, la blague du patron le cueille comme une bleusaille, entre culpabilité de n’avoir pas téléphoné et crainte rétrospective que le malaise ait été plus grave que prévu. Heureusement, Callahan est bon gars et ne fait pas trop durer la plaisanterie. Ce n’est qu’une mise en boîte de plus entre eux ; ils ont toujours fonctionné comme ça, mais Rafa a, curieusement, beaucoup plus d’humour lorsque c’est lui qui charrie les autres. Il peine un peu à se remettre et continue de maugréer des “putain, mais quel chameau vous faites” tout en secouant la tête d’un air incrédule, comme s’il n’en revenait pas que Finn lui serve sa propre sauce. Il lui faut quelques instants pour retrouver sa verve, quelques instants durant lesquels il laisse le champ libre au patron. Il le devine heureux, mais aussi terriblement nerveux. Rien qu’à l’entendre parler en boucle, passer d’une idée à l’autre, essayer de mettre de l’ordre dans ses pensées, il sait que Callahan s’emploie à se rassurer autant qu’à lui expliquer la situation. On dit quoi, dans ces moments-là ? Pour une fois, Rafael est en panne d’inspiration. Qu’est-ce qu’on dit à son meilleur pote alors qu’il nage quelque part entre le plus grand bonheur et la plus insondable angoisse ?

-Ça va bien se passer, patron, finit-il par lâcher tout simplement, sur un ton confiant, en donnant une tape sur le bras de Callahan.

Ce n’est rien, ces petits mots, mais ils savent, eux, tout ce que ça veut dire. Ils en ont assez bavé dans leurs familles respectives pour se comprendre sans avoir besoin d’en dire beaucoup plus. Devenir père, c’est une revanche sur sa propre vie, pour le patron - et devenir un bon père, pas un enfoiré comme le sien. Ça file un peu le vertige à Rafa, qui observe son vieux pote comme s’il le voyait vraiment pour la première fois, comme si un changement majeur venait de s’opérer en lui. Il y aurait des tas de choses à lui dire pour le rasséréner, à commencer par la certitude qu’il sera à la hauteur, parce que quand on est capable de ramasser un môme à moitié mort de faim et de s’en faire un frangin, c’est qu’on a déjà un peu la fibre… Mais ça ne se dit pas, ces choses-là. Ça se pense très fort, à la limite, et encore ; même ça, c’est gênant, alors Rafa préfère se concentrer sur autre chose - Walt Leach, et Robin. L’hypothèse du patron tombe à point nommé pour distraire O’Riordan de ses souvenirs de Los Angeles ; stupéfait de n’avoir pas fait le lien plus tôt, il répond d’une voix sourde :

-Leach ? Vous croyez que… ben merde alors… En tout cas, elle le connaissait pas, ça j'en suis sûr. Vous croyez qu'il faut s’inquiéter ?

Machinalement, il se lève, avec la vague intention d’aller causer à Walt - il était là à son arrivée, avec un peu de chance il doit y être encore… Mais Callahan ne semble pas vraiment inquiet. Les amourettes de son second l’intéressent beaucoup plus que la famille Leach, et Rafa, le rouge aux joues, se rassoit en grognant entre ses dents que non, il ne pique pas un fard, et que non c’est pas mignon, et que si c’est comme ça eh ben il dira rien, et que… Cette vache de Finn, très en verve, enchaîne les sarcasmes, fait une allusion perfide à l’appartement de Rafa, et O’Riordan finit par répliquer :

-Oui monsieur, elle est venue chez moi et elle s’est pas barrée en courant, ça vous en bouche un coin, hein ? Y a que vous que ça tracasse, que je vive pas dans un musée, vous savez.

Encore trop heureux de sa journée avec Robin, il ne tient pas la distance bien longtemps sur ce ton, et il se radoucit pour ajouter, sur un ton perplexe :

-Vous savez pas ce qu’elle m’a dit ? Elle m’a dit qu’elle se sentait bien n’importe où du moment qu’elle était avec moi. Personne m’a jamais sorti un truc pareil. Qu’est-ce que je suis censé répondre à ça, moi, hein ?

Il y a une vraie impuissance dans cette question. Jamais il n’a été amoureux, et jamais, à sa connaissance, personne n’a été amoureux de lui. Alors, comment on fait ? Il lui faudrait un mode d’emploi détaillé, qu’il cherche machinalement auprès de Finn Callahan. Sur qui d’autre pourrait-il compter, dans un moment aussi nouveau, sinon sur celui qui lui tient lieu de frère aîné depuis tant d’années ? Si Callahan ne sait pas, personne ne saura, songe-t-il avec un brin de naïveté enfantine.

L’entrée de Liam suspend un instant la conversation, sans que Cohan songe à s’en formaliser. C’est une habitude, pour lui, de provoquer un soudain silence lorsqu’il entre dans le bureau du patron ; parfaitement indifférent, il dépose le déjeuner commandé et sort en lançant un “bon appétit” que Finn et Rafa entendent à peine, absorbés qu’ils sont par leurs péripéties respectives.


-A nos amours, alors, répète O’Riordan, un peu gêné aux entournures par cette formulation, en levant son verre à son tour.

C’est que ces trois petits mots le terrifient littéralement, sous leur apparence banale. A nos amours. Voilà qu’il est devenu un mec presque rangé, amoureux, un adulte. Il y a une contradiction entre ce constat et la logique de meute qui a été la sienne depuis qu’il a rejoint le clan Callahan, et il se débat depuis la veille dans des réflexions sans fin sur la façon d’aborder ce nouveau chapitre. Le patron a l’air d’être à peu près sur la même longueur d’ondes, avec son “il va falloir qu’on s’organise” qui rejoint à merveilles les pensées de son second. Ouais, il va falloir, et ça risque d’être un fameux bordel, tout ça, comme à peu près tout ce qu’ils ont entrepris depuis toutes ces années. Eh quoi ! on a toujours survécu, et on ne s’en est pas trop mal sortis ; il n’y a pas de raison que la chance nous lâche maintenant. Désireux de ne pas exprimer ses doutes, Rafa saute sur l’occasion qui lui est donnée de faire l’andouille et de ricaner :

-Ah mais vous étiez sérieux avec vos histoires de parrain ? J’pensais que c’était du flan, moi, patron… Eh, doucement, on tape pas le futur parrain de son lardon, d’abord !

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Message#Sujet: Re: Révélations + Rafa   Révélations + Rafa Icon_minitimeDim 8 Jan - 19:23



Révélations
Rafa & Finn


Finn demanderait volontiers à son second comment il parvient à être aussi sûr de lui, quand celui s’avise de lui dire que tout se passera bien. Il envie un peu l’assurance de Rafa, ici. Bien sûr, lui aussi veut que tout aille bien, mais le mafieux le sait, ça ne dépend pas entièrement d’eux et il est bien placé pour avoir conscience que chaque grossesse comporte des risques. Au-delà, c’est son rôle de père et cette grande plongée dans l’inconnu qui sont la source de l’appréhension de Callahan. Mais il ne sait pas l’expliquer, pas plus qu’il ne sait interroger à Rafa. Simplement, ça compte, ces mots-là, pour lui, et après tout, si ce frangin de hasard est d’accord avec Eve pour considérer qu’il réussira, alors l’acteur pourrait presque commencer à y croire à son tour. Un peu moins angoissé, il hoche la tête, un peu moins hésitant, et tape une nouvelle fois amicalement l’épaule de O’Riordan. Si Callahan ne dit pas merci, c’est bien ce que ça veut dire, et Rafa, qui le connait bien, n’aura pas de mal à comprendre le message.

Évidemment, dans ces circonstances, Callahan est plus à l’aise pour parler du rendez-vous de Rafa avec sa petite amie, autant parce qu’il y a moins d’enjeux pour lui que parce que lui aussi est un peu honteux de s’être désintéressé du sort de son second – même si c’est sans doute compréhensible – le temps de s’occuper de Eve. Il a beau se moquer des commères du Cohan, dans le fond, il n’est pas en reste et c’est bien pour ça qu’il est leur chef. La seule différence est que lui se préoccupe de détails et de plans que ses hommes n’ont qu’à exécuter, et d’enjeux dont ceux-ci n’ont même pas conscience, en témoigne la façon dont la discussion s’oriente sur une possible parenté en Walt et Nobby Leach. « Je sais pas. Je crois pas. » Le ton s’est fait pensif, alors que Finnegan lisse distraitement sa barbe. Paradoxalement, il est bien plus à l’aise avec ce sujet-là, pourtant concrètement dangereux pour eux et pour le clan. Non que ça l’enchante vraiment, car entre Eve qui est la camarade de Leach dans la résistance, le fait qu’il soit l’oncle de Robin, et maintenant cette homonymie qui n’en est potentiellement pas une, Callahan trouve qu’ils sont un peu trop liés au directeur de la police magique. Mais être poursuivi et détesté de la flicaille, c’est quelque chose dont ils ont l’habitude, entre les Fédéraux, le Yard et le LAPD. Sorcier ou pas, un poulet reste un poulet, alors pour ce que ça change…ça fait en quelque sorte partie du contrat, si l’on veut, quand on fait ce qu’ils nomment eux même leur métier. Et Finn a même l’impression que dans leur malheur, ils ont encore de la chance. « Ce n’est pas comme si Leach n’était pas au courant de notre existence de toute façon et il n’a rien fait jusqu’à là. »

Ca n’est pas tourné comme un reproche, d’autant que ce n’est pas entièrement imputable à Robin ni même à son retour miraculeux d’entre les morts. D’ailleurs, comme à chaque fois, le ruban punaisé au mur fait ricaner les deux compères de concert. « Puis si c’était une balance, ça fait longtemps qu’il aurait parlé à Nobby, de l’autre côté, et qu’on aurait eu des emmerdes. Ou il a pas trop de contact avec son frangin. C'est possible, si Robin le connait pas. De toute façon, tu as vu ce qu’a dit Eve. Leach est moins méchant qu’il n’en a l’air. Je suppose que ce serait différent si Walt était dans le coup pour la fille Yaxley, là je m’inquiéterais vraiment. Mais j’aimerais bien savoir tout de même. Juste par précaution. Essaye de voir ce qu’on sait sur Walt, sa famille et tout, et puis on avisera. » Callahan donne souvent l’impression de prendre les choses à la légère, mais en réalité, il donne le change. Il n’est jamais bon, dans leur milieu, de paraitre trop inquiet, même si on l’est vraiment. C’est comme au poker, dit-il souvent. Mais il y a une différence entre paraitre nonchalant et l’être vraiment, même si en l’occurrence, il pense ne pas trop se tromper dans l’évaluation de la situation. C’est juste qu’on ne sait jamais. Mieux vaut vérifier pour rien et se tromper que de ne pas vérifier du tout, dans ce milieu où l’on est soit très paranoïaque, soit très mort, et il entend bien ne pas se faire baiser aussi facilement que ça. Reste à voir ce qu’ils feront de Walt Leach s’il s’avère être de la même famille que l’oncle de Robin, mais c’est une question sur laquelle ils pourront aviser si c’est bien le cas.

De l’oncle on repasse cependant très vite à la nièce, parce que Callahan est curieux comme un chat. « Eh bah », répète-t-il en écrasant sa cigarette, impressionné. Rafa a beau dire, il est à peu près sûr que des tas de filles auraient pris leurs jambes à leur cou en voyant l’appartement de son second, et même Eve – c’est dire ! – a trouvé que c’était un peu too much. Si bien qu’il se marre quand même, pas ébranlé pour un sou : « Mouais, n’empêche que si tu étais moine, tu aurais à peu près la même chambre, je maintiens ! » Est-ce si étonnant de la part d’un garçon qu’il surnomme Pie XII aussi régulièrement ? Sans doute pas, à vrai dire.

Et c’est presque avec autant de naïveté qu’un prêtre échappé du séminaire que ledit O’Riordan l’interroge au sujet d’une déclaration que lui a fait Robin, comme paniqué. Et pourtant, c’est une sacrée belle déclaration, songe Callahan, qui se dit que ce n’est pas lui qui aurait droit à ce genre de discours. Il n’est pas jaloux pour autant, parce qu’il sait bien, à force de la pratiquer, qu’elle doit penser des choses similaires à son égard. Et puis il y a ce petit mot dans son portefeuille, qu’il conserve comme un porte-bonheur. Et le fait qu’elle ait voulu avoir un enfant avec lui, ce qui vaut bien toutes les déclarations du monde. C’est simplement que Eve, comme Rafa, ne sait pas dire ces choses-là, ni bien y répondre. Ce parallèle amuse grandement Callahan, qui se met à rire derrière sa cigarette : « Parfois, Rafa, tu me fais vraiment penser à Eve. Vous êtes exactement les deux mêmes quand il s’agit de communiquer et pourtant, je prétends pas être un champion de mon côté. »

Et pourtant, il n’est pas si moqueur que ça. Parce que lui non plus n’a pas bien su quoi dire quand Eve lui a annoncé qu’elle voulait un enfant avec lui. Alors il se fend finalement d’un sourire compatissant : « Je sais, c’est pas facile, hein ? Quand ça compte vraiment ? » A la réflexion, est-ce qu’il saurait mieux répondre ? Il serait extrêmement touché, c’est certain. Peut-être bien qu’il manquerait de mot aussi, même si c’est plutôt son genre à lui, de faire ce genre de déclaration. Pensif une nouvelle fois, il cherche cependant avec sérieux quels conseils donner à son second. Parfois, se dit Finn, il faut être clair et faire simple. Il finit donc par énoncer lentement : « Dis-lui la vérité, la prochaine fois. Que ça te touche tellement que tu n’as pas les mots qui iraient pour répondre, rien d’aussi bien ? Elle est intelligente, Robin. Elle comprendra. Ou mieux tiens, tu n’as qu’à lui dire que toi aussi. Tout simplement. Quoi ? C’est pas vrai peut-être, que tu irais n’importe où, du moment que c’est avec elle ? Eh, à d’autres, pas à moi, Rafa, je sais ce qu’on pense quand on est amoureux. »

Le rire du mafieux sonne de nouveau, joyeux et clair. Oui, c’est exactement ce qu’il ressent lui à propos de Eve, alors il a tendance à croire que Robin décrit une expérience un peu universelle. Du haut de sa bonne humeur et de sa stature – toute relative – de grand frère de bon conseil, il gronde un nouveau conseil en forme de menace joyeuse : « J’espère au moins que tu lui as dit que tu l’aimes, je vais pas servir de souffleur tout du long, hein ! »

Et puis ils trinquent et ils commencent leur déjeuner. La pause est bienvenue – l’acteur réalise qu’il était mort de faim – et évidemment, il rembraye sur ses propres angoisses et sur la grossesse de Eve. Nul besoin de discuter longtemps du fait que ça doit rester secret, Callahan connait assez Rafa pour le tenir acquis de toute façon. Par contre, il reste muet de surprise face à la réaction de son second et va pour se vexer devant son refus de devenir parrain. Pour un peu, il serait vraiment triste et vexé, mais heureusement, O’Riordan n’est pas plus capable que lui de tenir ses blagues sur la longueur et il finit par en rire, alors que le patron se met à jurer : « Mais quel fumier, reviens donc prendre la calotte que tu mérites, insolent ! »

D’aucun diraient qu’il ne fait que lui rendre la monnaie de sa pièce et Finn, bon joueur, finit par en rire aussi lorsqu’il comprend que son second plaisante. Ca l’aurait emmerdé, que son second finisse par dire non. Et vraiment attristé. Qui d’autre pourrait être parrain, à part lui, de toute façon ? Chouvalov ? Leach ? Non merci. Grand-tonton – merde, c’est bizarre à imaginer, Chouvalov en grand-oncle de son enfant – c’est déjà bien, non ? Ouais. Il a bien plus confiance en Rafa. « Merci, Rafa. Ca fera plaisir à Eve aussi. » Enfin, les mots sortent, entre deux bouchées de tourte, sans trop regarder O’Riordan, parce qu’il est quand même fichtrement ému. « Je me demande ce que mon oncle et ce que ma mère en auraient pensé. J’aurais bien aimé qu’ils soient là pour voir ça… » Se laisse-t-il aller à confier à son cadet. Puis, réalisant avec horreur autre chose, il achève en gémissant : « …putain, Chouvalov va encore vouloir me noyer. »

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Message#Sujet: Re: Révélations + Rafa   Révélations + Rafa Icon_minitimeLun 16 Jan - 12:07

RévélationsFinn & Rafa

Ce n’est pas évident, de parler de tout ça. Les filles, Eve, Robin, les sentiments, et peut-être le plus terrifiant dans l’histoire, le bébé. C’est que ça fait un sacré changement dans la vie de bâton de chaise des deux compères, mine de rien. Depuis pas loin de sept ans - sept ans ! - ils ont toujours vécu au jour le jour, en montant des plans plus ou moins foireux, mais souvent couronnés de succès, et en collectionnant les conquêtes. Des pirates, comme dit le patron : une fille dans chaque port, pas d’attaches, toujours le sabre (enfin, le Beretta) au clair, jamais loin de la potence. Et voilà qu’ils commencent à se ranger, comme s’ils se décidaient à grandir enfin. Leur adolescence aura été interminable, voilà tout, et ils en sortent tout hésitants, tout intimidés de ce qui leur arrive. Heureusement, il reste des sujets plus faciles à aborder, plus familiers, comme la question Walt Leach. C’est de la discussion habituelle entre Callahan et son second, de l’analyse comme ils en font constamment : dangereux ou pas ? Maintenant, avec leurs nouvelles responsabilités de père et de parrain, il faudra être encore plus prudents. Pour le môme. Pour Eve, et surtout pour Robin, moins rompue que la rousse aux mille dangers de leur milieu. C’est étrange, de devoir ça à quelqu’un. Il n’y a pas si longtemps encore, Rafa expliquait au patron qu’il ne voulait justement pas d’attaches, pour ne mettre personne en danger, pour ne laisser ni veuve ni orphelins le jour où il tomberait - et ça arrivera forcément - sur plus malin que lui. Mais avec Robin, toutes ces certitudes se sont effondrées. Il ne peut pas imaginer la blonde dans les bras d’un autre, et surtout, il ne peut plus s’imaginer lui sans elle. Peu à peu, le puzzle se construit. Peut-être qu’ils pourront emménager ensemble. Se réveiller près d’elle tous les matins. Il faudra qu’on s’organise, comme dit le patron.

En attendant, il hoche simplement la tête pour assurer qu’il se renseignera sur Leach, et l’interrogatoire se poursuit. Amical, mais sans concession. Callahan en veut pour son argent, et il n’est pas déçu. Oui, elle est venue, non elle n’est pas partie, et elle a même sorti une putain de déclaration qui a laissé Rafa muet de stupeur. Un peu embarrassé, il reprend :


-Bah… je lui ai répondu que… je sais plus, tiens. Pas grand-chose. Ouais, je crois que j’ai rien dit. On est pas toujours obligé de causer, si ?

C’est la grande différence entre Finn et lui. O’Riordan est convaincu que dans bien des cas, on peut se passer de mots. Le patron, lui, est un adepte du “même si ça va sans dire, ça va mieux en le disant”. Est-ce qu’il a dit à Robin qu’il l’aime ? Rafael baisse les yeux, et c’est un aveu de son incapacité à prononcer ces mots-là. Croyant déceler un reproche dans la façon dont le patron le regarde, il plaide :

-Vous êtes poilant, vous. C’est pas un truc qu’on peut dire comme ça ! C’est… c’est pas convenable.


C’est comme se balader cul nu dans la rue, ou même pire. C’est admettre qu’on est amoureux, et pas seulement “mordu” comme le dit Florence, c’est étaler ses sentiments au grand jour, chose que Rafa n’a jamais su faire. Et même s’il est plus expansif avec Robin qu’il ne l’a jamais été, il n’y arrive pas.

Il y a un instant de chahut entre les deux hommes, le temps que la taloche promise par le patron parvienne à son destinataire et scelle son avenir de parrain. Rafa, hilare, remet en place ses cheveux dérangés dans la bagarre, et reprend :


-Vous avez de drôles de façons de manifester votre grande joie que je devienne le parrain de votre moutard, dites donc, mon petit monsieur !


Mais Callahan est reparti à parler sérieusement, alors Rafa lui assure :


-Ils auraient été fiers de vous, ouais. Surtout que vous allez vous en tirer comme un chef. Suffit de voir la pression que vous vous mettez. Il va avoir un chouette père, ce môme. Même si vous avez un caractère dégueulasse, hein, faut pas se voiler la face.

On ne va tout de même pas lâcher un compliment gratuitement, sans l’équilibrer par une petite vacherie. Nouveau chahut, nouvelle tentative de calotte, et puis le sérieux revient :


-Bah, Chouvalov… faut pas vous en faire pour lui, patron. Je pense qu’Eve lui a mis les points sur les i et qu’il a compris que s’il s’avisait de vous toucher, il pouvait faire une croix sur la seule famille qu’il lui reste. Il peut rêver de vous noyer, ça restera à l’état de rêve, vous pouvez me croire. Moi, par contre, si j’ai l’occasion de péter le pif à cet abruti de Volodia, je m’en priverai pas. Ça remplacera les dragées du baptême, tiens !

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Message#Sujet: Re: Révélations + Rafa   Révélations + Rafa Icon_minitimeDim 29 Jan - 23:49



Révélations
Rafa & Finn
Est-ce qu’on est toujours obligé de parler ? En voilà une question sérieuse, d’un coup, mais il faut dire qu’ils les enchainent, là. Ca change de leurs conversations habituelles, à coup de profits, de flingues, de bagarres, de menaces à exécuter et de revanches à prendre. Ca fait adulte, sérieux, rangé. Merde, est-ce qu’on est devenu vieux, se demande soudainement Finn ? Pire, comme tout le monde ? Non, sans doute pas. Les gens normaux ne se posent pas ces questions là – les gens normaux sont des crétins. En attendant ça ne répond pas vraiment à la question. Pensivement, le mafieux finit par dire lentement : « Non, mais quand même… » Bien sûr, sur ce point, Rafa et Eve se ressemblent, et heureusement, lui et Robin sont capables de communiquer pour deux. Mais on s’emmerde, quand on se regarde en chien de faïence. Et ce n’est pas très juste d’être le seul à devoir deviner ce que l’autre pense. Ni, justement, de devoir parler pour deux. On s’emmerde vite, et puis on a parfois l’impression d’être le seul à faire des efforts. Eve a évolué là-dessus, à force, même si elle apprend encore, ce qui attendrit Finn, qui observe avec patience les progrès de son amante. Parfois il suffit juste d’un conseil, ou d’une étincelle pour aider à déclencher le processus, alors il essaie de passer le mot à Rafa : « Tu sais, parfois, vaut mieux le faire, quand même. C’est un coup à se faire des idées, quand personne ne dit rien, et à se rendre malheureux. »

Callahan ne parle pas directement de sa conviction à propos de toutes les disputes qu’il a eu avec Eve, à savoir qu’elles étaient toutes liées à leur manque de communication, souvent mêlée de leur inexpérience respective quant au fait d’être un couple. L’acteur a aussi l’élégance ne pas mentionner explicitement la rupture de Rafa et Robin. Il sait que certains sujets restent traumatisants et qu’il faudra du temps – s’il y parvient un jour – à son second pour expliquer une nouvelle fois ce qu’il s’est passé le jour où ces petits cons ont voulu le noyer. Il s’en voudrait aussi un peu de casser aussi rapidement le bonheur retrouvé de son ami. Mais Finn a assez d’expérience et de recul, maintenant, même si lui-même apprend aussi au fur et à mesure – en témoignent ses visites chez Benson - pour être certain de ce qu’il dit. Alors c’est bien de cela qu’il parle, à mots couverts, et c’est ce qui le fait enchainer avec un grondement joyeux : « Ecoute un peu le patron, tu veux ? Je commence à avoir un peu de recul sur ces choses là. Est-ce que je t’ai déjà donné un mauvais conseil ? A part la cinquième tequila à Vegas, j’entends, mais ça compte pas, j’en étais à sept ! »

Pourtant, ses blagues et conseils ne paraissent pas convaincre Rafa. Au contraire, et finalement, c’est Finn lui-même qui se trouve pris de cours. « Pas quoi ? » Ce n’est pas possible, son second se paye sa tête, et Callahan doit retenir à grand peine un fou rire fort peu charitable. « C’est toi qui me dit ça ? Je parle toujours à Rafael O’Riordan, là ? Depuis quand tu te préoccupes de ce qui est convenable, toi ? » Il a un don, comme acteur, pour mettre en scène ses propres émotions et exagérer celles-ci. En terme de jeu de l’étonnement, ici, on est plus proche de Buster Keaton que d’Ingmar Bergman tant Finn voudrait non se moquer de Rafa, mais lui faire comprendre qu’il se met des barrières imaginaires et que ça ne lui ressemble pas. L’amour, c’est comme le reste, on doit être fidèle à ce qu’on est. « Pas convenable, celle-là, c’est bien la meilleure, tiens… » Ronchonne-t-il en souriant. Et quand on casse des gueules et qu'on braque des banques, c'est convenable ? Médusé, il écarte les bras en signe d’incompréhension : « Qu’est-ce qu’on s’en fout du fait que ce soit convenable, du moment que c’est vrai ? » N’est-ce pas tout ce qui compte, après tout, ce qui autorise à tout dire, justement, du moment que c’est la vérité ? Finn, qui s’est fait une profession de foi de vivre en faisant et en disant ce qu’il veut, ne peut que raisonner ainsi et rien n’est plus important pour lui que de pouvoir l’ouvrir lorsqu’il en a envie. Et dire à Eve qu’il l’aime, il a souvent envie, maintenant qu’il le sait. C’est peut être ça le problème, chez Rafa, comme chez Eve. Ils le savent, mais il leur faut déjà du temps pour se l’admettre à eux même, alors pour le dire aux autres, on n'est pas rendu. Convaincu par cette réflexion, Callahan hoche la tête avec indulgence : « Ah, je te jure. Quelle caboche. Mais bon, je te connais. J’insiste pas. Il faut que ça vienne de toi. »

Il n’est pas chien, Finnegan, peut être parce qu’il connait bien son pote. Ou qu’il est convaincu que ça arrivera à Rafa plus tôt qu’il le croit, de parler. Après tout, même Eve s’y est mise, alors ça viendra. Et parlant de Eve, le voilà qui se remet à penser à son mome à venir, et au fait que Rafa sera le parrain. L’occasion de se marrer et d’essayer de lui coller une taloche, parce que le gus se paye sa tête, comme d’habitude : « Faut bien maintenir un semblant de normalité, quand même, eh ! Au moins, j’aurais pas à m’inquiéter que ce môme ait la langue dans sa poche, tiens. » Ca fait du bien, oui, que les choses soient comme d’habitude. C’est tellement la course, ces derniers temps, et y a tellement de trucs – heureux ou malheureux - qui leur tombent sur le coin de la gueule, que Finn apprécie ces moments de tranquillité où c’est juste eux deux qui se chambrent.

Parce que bientôt, ce ne sera plus la même sauce. Plus du tout. C’est l’inquiétude qui fait parler Finn et qui le bouffe, sans que ça gâche son bonheur – en fait, il angoisse de gâcher son rôle de petit ami, de futur père, de ne pas savoir être à la hauteur de ce qu’il considère comme la chance de sa vie. A peine rassuré par Rafa qu’il est déjà parti sur autre chose, à savoir l’opinion de son oncle et de sa mère. Alors forcément, il préfère déconner encore une fois avec son meilleur pote - « Dis voir, est-ce que tu en profites pour te foutre de ma gueule ? » - prenant les compliments au passage. En vrai, Callahan est touché que O’Riordan ait cette opinion de lui, même si personne n’en dira un mot. Il ne se fait pas tellement confiance – mais c’est peut être ça, justement, qui fera de lui un bon père, de ne pas arriver en terrain conquis et de toujours faire au mieux. Mieux vaut se marrer sur des choses qu’ils maitrisent, comme casser la gueule de Vitaly ou se foutre des russes de façon plus globale : « Ah, tant que c’est pas au baptême, moi, je sais rien et je suis pas au courant. Paye sa tronche à l’église, d’ailleurs, à Chouvalov. » Est-ce qu’il faut vraiment un baptême, d’ailleurs ? Eve voudra sûrement. Finn lui-même n’est pas contre – il ne croit pas, mais ça ne peut pas faire de mal – mais reste à savoir où. Chez Moriarty ? Dans une église orthodoxe ? En tout cas, pas chez les anglicans, pas question, il refuse. Mais ils ont le temps de voir venir. Déjà, il faudrait que le petit soit là… et la grossesse elle-même est une source d’inquiétude.

Alors qu’il sauce son assiette, Finn grogne donc un conseil : « Faudra la ménager un peu, Eve, hein ? Elle ne dira rien mais elle est aussi contente qu’inquiète. Il faut qu’elle se repose. Et puis faudra garder un œil sur elle, aussi, même si pour l’instant ça va. Je le dirais aux gars, le moment venu. » Pas maintenant. Quand ça se verra, quand ils n’auront plus le choix – quand on pourra s’en servir contre eux, aussi. Ce qui le mène, suivant le fil de ses pensées, à ajouter pour son second : « D’ailleurs faudrait peut être que tu leur parles de Robin, je veux dire. Ils vont continuer à se faire des films et t’auras jamais la paix, sinon, alors autant mettre les choses au clair. » Contrairement à Eve, Robin ne connait rien à leur monde, et il ne faudrait pas non plus que les gars lui fassent peur. Sans quoi elle risque de fuir, et son amoureux avec, ce qui n’arrange pas les affaires professionnelles de Finn. Ca n’arrange pas ses affaires personnelles non plus, d’ailleurs, parce que Rafa lui manquerait, lui et son insolence insupportable. « Ca veut dire qu’on va te voir moins ici, au fait ? Tu la revois quand, Robin ? Moi tu sais que tant que le boulot est fait et que j’ai tout le monde sur le pont quand une merdes nous tombes dessus, pour le reste, ça me va et tu fais comme tu le sens. » Mais bon, ça serait mieux de pas totalement quitter le navire, quand même.

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Message#Sujet: Re: Révélations + Rafa   Révélations + Rafa Icon_minitimeLun 6 Fév - 15:43

RévélationsFinn & Rafa

-Ah merde, pas ça, hein ! J’vous écoute, patron, mais me parlez pas de tequila, putain…

La grimace est éloquente, même si Rafa essaie de rigoler. Le souvenir de cette cuite à la tequila, prise à Vegas courant 1943, demeure vive et même douloureuse. Moins rompu à la picole que Finn, il a mal vécu sa première, et dernière, rencontre avec l’alcool mexicain. Deux jours, qu’il a été malade, à vomir tripes et boyaux, au point que le patron s’est même demandé s’il n’avait pas été empoisonné. Depuis, la simple évocation de la tequila suffit à lui retourner l’estomac. Le voilà qui regarde la fin de sa portion de shepherd’s pie, vaguement écoeuré, avant d’aller respirer un peu d’air frais à la fenêtre. C’est pas des façons, de remettre cette histoire sur le tapis, bordel.

-Ouais, bon, vous avez p’têtre raison, finit-il par concéder, une fois son estomac revenu à de meilleurs sentiments, en se rasseyant à table. Mais n’empêche…

Il ne trouve pas les mots pour exposer son opinion. Ce qu’il finit par articuler laisse le patron incrédule. Pas convenable ? C’est vrai que ça vaut son pesant de cacahuètes, quand on connaît Rafa et son suprême dédain pour le genre humain. Si quelqu’un se fout bien des manières, des convenances et de tout ce bastringue, c’est bien lui. Alors, qu’est-ce qui lui prend ? Frustré, comme à chaque fois qu’il peine à s’expliquer, il poursuit, dans une sorte de grognement :

-Non mais… pas convenable pour moi. Je m’en tamponne, de ce que les gens pensent. Mais moi j’trouve ça gênant. Comme si je disais un truc indécent, vous voyez ?

Même là, Callahan doit avoir du mal à comprendre. Rafa n’a pas sa langue dans sa poche et n’a jamais hésité à balancer les pires horreurs. Finalement, les seuls mots qu’il n’arrive pas à prononcer, ce sont ceux qui trahiraient son affection pour des gens - Robin, voire Finn lui-même. Les injures, les vacheries, les blagues salaces franchissent sans problème ses lèvres, mais pas un petit je t’aime. Il est convaincu que les gens bien savent lire entre les lignes et comprendre qu’on les aime, alors que les cons ont besoin qu’on leur dise explicitement qu’ils le sont. Preuve de sa confiance sans limite envers ceux qui lui sont chers, ou de sa profonde misanthropie, au choix. Finalement réconcilié avec son estomac, il termine son assiette, et puis sa bière, et puis ils se remettent à rigoler, comme deux grands gosses qu’ils sont.

-Oh, vous en faites pas, patron, je me tiendrai à l’église… C’est pas tous les jours qu’on est parrain, pas vrai ? lance-t-il avec un brin de fierté dans la voix. Par contre, à l’apéro, y a moyen que ces messieurs trouvent un peu d’huile de ricin dans leurs verres. Faudra juste voir s’il en reste un peu chez notre ami Monk…

Il se marre. Monk a fermé boutique depuis plusieurs semaines maintenant, après la correction mémorable que lui a infligée Callahan, et la pharmacie attend son nouvel occupant. Un type un peu moins con, un peu plus docile que le précédent, si possible. On est prêt à lui faire de bonnes conditions, pourvu qu’il coopère. Et qu’il commence par traiter correctement les filles qui ont besoin d’aide, et Eve en premier lieu. D’un geste, Rafa tente de tranquilliser Finn :

-Vous inquiétez pas, patron, on fera gaffe à elle. Elle va détester ça. À LA, elle râlait comme un pou peint en vert à chaque fois que je me faisais du souci. “Mais c’est bon, Rafa, je suis une grande fille, hein, tu vas quand même pas me tenir la main pour traverser la rue”, et tout le baratin. Une chic fille, vraiment,
ricane-t-il.

Tout le contraire de Robin, en somme. Un sourire un peu rêveur, inhabituel, passe sur les lèvres de Rafa lorsque le patron évoque la blonde, raccord avec sa propre pensée qui dérivait vers elle.


-Robin ? Oh… je sais pas trop quand on se revoit. Elle travaille elle aussi, alors faut qu’on arrive à se caler, et puis y a ses parents dans le panorama, c’est pas simple. Mais je disparais pas, hein. Vous vous débarrasserez pas de moi si facilement. Elle sait que je déserterai pas et elle me l’a même jamais demandé. D’ailleurs, ça me fait penser, elle aimerait bien vous voir aussi, un de ces quatre, patron. Elle me demande toujours de vos nouvelles, et puis depuis que je lui ai dit que vous faisiez de la photo, elle est curieuse de vous en parler. Faudra qu’on trouve un moment, si ça vous dit, ça lui fera plaisir.

Distraitement, il pioche une cigarette dans un paquet qui traîne sur le bureau, et reprend dans un nuage de fumée :

-Mais je vais quand même pas faire une annonce officielle, si ? Ils ont pas autre chose à foutre, les gars, que de baver sur mon compte ? Je veux dire, y a quand même des trucs plus intéressants à discuter, non ?

C’est oublier un peu vite que lui-même ne dédaigne pas de ricaner sur le compte de Roy Kelly ou de quelque autre membre du clan qui aurait le malheur de laisser deviner ses sentiments pour une fille. C’est oublier que le clan, comme tout microcosme, vit de ragots et apprécie particulièrement ceux qui concernent ses chefs. Avec sa lucidité coutumière, Rafa se rend rapidement compte qu’il se voile la face, et il reprend le cours de sa réflexion à haute voix :

-Ouais, vous devez avoir raison, je vais leur parler, ce sera mieux. Tout de suite, tiens. Je vais aller voir Leach, et j’en profiterai pour mettre les choses au clair. Vous venez, patron ? J’offre ma tournée.
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CRACMOL
Finn Callahan
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Message#Sujet: Re: Révélations + Rafa   Révélations + Rafa Icon_minitimeDim 26 Fév - 22:36



Révélations
Rafa & Finn
Indécent ? Voilà encore autre chose, qui laisse Finn perplexe. L’envie de demander à Rafa s’il compte se contenter de jouer aux petits chevaux avec la blonde sans jamais passer à l’acte et si oui, pourquoi ce serait plus indécent de lui avouer qu’il l’aime. Sa voix sonne de nouveau incrédule lorsqu’il réplique : « Non ? Vraiment pas ? » Mais à vrai dire, c’est plutôt une question de vocabulaire, qui lui passe au dessus, que de fond. Callahan est mal placé pour recommander la précipitation, vu le temps qu’il a mis pour avouer à Eve qu’il l’aime de son côté, ou pour juger ceux qui sont incapables de se lancer. Soudainement, il se demande s’il renvoyait cet effet là, lui aussi. Ca n’est pas impossible, puisque tout le monde paraissait se douter de l’évidence, à savoir qu’ils sont fous l’un de l’autre, à part eux, les premiers concernés…Mais c’est peut-être, ici, la principale différence entre Finn et Rafa – et Eve, d’ailleurs, depuis qu’elle accepte à peu près d’admettre qu’ils forment un couple - maintenant qu’il y pense. Au départ, si Finn n’a rien dit, lui, c’est essentiellement parce qu’il n’en savait rien et qu’il ne comprenait pas bien ce qu’il lui arrivait. Certes, l’acteur a mis du temps à admettre les choses – Eve aussi – mais une fois que c’était bon, c’est presque venu tout seul. Il pourrait s’y habituer, s’est-il entendu dire, et c’était vrai. Or dans le cas de Rafa, si Callahan ne doute pas qu’il y ait eu du déni et de l’incompréhension sur ce qu’il ressentait, il lui semble que ce n’est pas ça et que son second sait très bien ce qu’il ressent mais qu’il refuse à trop l’avouer. Après tout, il n’a pas nié non plus qu’il l’aimait, la petite Robin, non ?

Cela dit, il se rend compte qu’il n’obtiendra rien de plus de Rafa – à supposer qu’il veuille en obtenir quelque chose – et que la question le braque un peu. Comme Eve, il sait d’expérience que les ultimatums le braquent et qu’il faut que les choses viennent de lui.  Alors le mafieux passe l’éponge et clôt le sujet : « Bon allez, chaque chose en son temps. Je ne peux que t’encourager à le faire, si c’est vrai…mais ce n’est pas moi qui te jetterai la pierre, là-dessus. C’est un truc pour lequel il faut se sentir prêt. Le moment venu, ça vient tout seul. Tu verras. » Sur ça, au moins, il a du recul et ne pense pas se tromper. Il sait bien que O’Riordan craint toujours que la blonde disparaisse de sa vie ou que finalement, elle ne veuille plus de lui. Il sait bien, aussi, que pour son second, les mots et les engagements comptent, et que loyal jusqu’à la mort, il resterait quoiqu’il arrive même s’il se trompait – ou du moins qu’il pense que c’est ce que ça signifie « je t’aime ». Alors l’acteur soupçonne son second de se ménager une porte de sortie au cas où il se tromperait, là où lui n’aurait aucun problème à changer de cap et à partir. Du moins le croit-il, car il a toujours vécu ainsi, partant lorsqu’il cessait de porter attention aux choses et aux gens, oubliant un peu vite – on n’est pas à une contradiction près – qu’il aurait bien du mal à s’imaginer vivre une vie dont Eve ne ferait plus partie.

Quoiqu’il en soit en tout cas, il faudra que ça vienne de Rafa, alors Finn n’insiste pas. De toute façon, ils ne manquent jamais de conversation, et lui a très envie de parler de Eve et de sa grossesse. « Je veux, oui ! » Réplique-t-il avec enthousiasme. Oui, on n’a pas tous les jours l’occasion de devenir parrain, comme on n’a pas tous les jours l’occasion de devenir père. Il ne pouvait imaginer personne d’autre pour ça. Malgré l’insolence et les blagues de Rafa, il le devine tout aussi ému, et ça le touche qu’il le prenne à cœur, tout comme le fait qu’il l’aide à dédramatiser en se moquant de la putain de bande de Chouvalov. L’instant d’après, les voilà donc à ricaner de concert, sales gosses grossiers et vulgaires qu’ils peuvent se montrer : « Ça fera un bon cadeau de baptême, tiens. Imagine leurs tronches… Tu feras gaffe de pas en filer aux autres, tiens. »

On plaisante, on plaisante, mais on n’en oublie pas pour autant les choses sérieuses, comme le fait de veiller sur Eve, qui détesterait probablement cette partie de la conversation. Rafa ne se prive pas de le faire remarquer, ce qui lui vaut de se faire menacer – pas bien fort – par une fourchette inquisitrice : « Dis voir, on se calme avec l’insolence ! » Son second a raison, et Finn lui-même ne peut pas s’empêcher de pouffer. Bien sûr qu’elle va râler, mais ce n’est pas pour autant qu’il faut la critiquer : il n’aime pas ça, lui, n’entendant pas qu’on se moque de son amante, même s’il lui arrive de le faire. Mais c’est sa compagne, alors c’est différent. Callahan ne se soucie pas d’expliquer en quoi, ni d’être contradictoire lorsqu’il déclare avec une lucidité tendre : « Ah, je sais bien qu’elle est persuadée qu’elle arrive très bien à s’occuper d’elle-même. Enfin, c’est ce qu’elle croit… » Il sait bien qu’elle est fragile, lui, mais il garde le secret pour lui. Comme ses peurs, d’ailleurs. Alors il se contente de répéter en guise d’explication : « Je veux que ça se passe bien. » Le tout est suivi d’un grand rire : « T’en fais pas, c’est sur moi qu’elle va râler, elle trouve toujours que je m’inquiète trop. Mais elle râlera aussi si je le fais pas. » Eve manifeste son affection en râlant, comme lui manifeste la sienne en devenant envahissant. C’est comme ça qu’ils fonctionnent, et ça s’équilibre bien, à la réflexion.

Encore faudrait-il, pour mettre en place toute cette surveillance, que Rafa ne lui fasse pas faux bond. Finn ne lui en voudrait pas totalement s’il n’y en avait plus que pour Robin, mais n’empêche, ça lui ferait mal de perdre un peu son meilleur pote. Heureusement, une preuve de plus de la loyauté de O’Riordan, celui ne parait même pas l’avoir envisagé, ce qui rassure Callahan. Et c’est donc sereinement qu’il l’écoute lui raconter que Robin aimerait bien le voir. « C’est vrai ? Eh bien à moi aussi, tiens. C’est une chic fille, ta copine, tu sais. Quand elle veut, en tout cas. Pour une fois que quelqu’un s’intéresse à la photographie, pas comme vous qui râlez tout le temps…» Oui, il l’aime bien, pour de bon, cette petite blonde, ayant l’impression de s’en être fait une amie même s’il ne lui a pas tout dit de Rafa. Au moins ce sera l’occasion de s’excuser, même si elle n’a pas l’air de lui en vouloir beaucoup, de lui avoir menti pour protéger son second. Resté sur la photographie, il ajoute : « Tiens, si tu veux lui faire plaisir, d’ailleurs, emmène-là au cinéma. Elle t’en a parlé ? Ca avait l’air de beaucoup l’intriguer, qu’on fasse des films dans le monde moldu, et que je sois acteur. »

C’est bien, tout ça, songe Finn, tout s’arrange. Reste quand même qu’il va falloir révèler toute cette histoire au grand jour. Habitué des tabloïds et des ragots de comptoir, qui fonctionnent de la même manière, Finn sait qu’il vaut parfois mieux devancer l’appel et mettre les choses au point pour couper courts aux spéculations, matière première de la rumeur. La preuve, maintenant que la présence de Eve est actée, même si on se pose encore des questions sur son statut, ça ne suscite plus vraiment les conversations, et il gage que les rumeurs sur son malaise cesseront dès lors qu’il sera acté qu’ils auront un enfant. Ca non plus, il n’y a sans doute pas de bonne manière de l’annoncer – comment est-ce qu’a fait son père ? et l’oncle Tony ? – mais il gage que quand ce sera fait, ça ira. Après tout, il ne sera pas le premier, ni le dernier chef de gang à avoir une famille… Callahan s’apprête donc à conseiller à Rafa de demander à Florence, souvent écoutée par les gars, de faire passer le mot. Ca devrait suffire pour les calmer, s’il ne veut pas en parler lui-même. Mais O’Riordan lui-même parait se rendre compte que les rumeurs continueront à l’infini si les choses ne sont pas mise au clair. « L’ami Walt, hein ? Un moment, j’ai cru que tu me proposais d’aller voir Nobby… » Finn se marre, un peu nerveusement. Malgré tout, même s’il le ferait si ça pouvait aider Eve, il n’est pas tellement enthousiaste à l’idée d’aller se frotter au chef de la police magique. Par contre, cuisiner Walt, ça, c’est dans ses cordes. « Allez, vendu, tirons au clair cette histoire. Après je retournerai voir Eve. » On revient à une situation quasi-normale, si on exclut que toute leur vie est en train de changer, en somme.

(C) CANTARELLA.
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