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elissa tenait la boutique alors que Madame Guipure et une autre employée travaillaient à l'étage inférieur. Avec la rentrée scolaire et la fin des vacances d'été, elles pouvaient enfin souffler un petit peu. La boutique restait bien sur très fréquentée mais, le gros de leur chiffre d'affaire se faisait avec les élèves de Poudlard, l'avantage d'avoir l'hégémonie sur l'uniforme de l'école sorcière britannique. Si tous ces enfants lui manquaient, souffler un peu ne faisait pas de mal, d'autant plus qu'elle pouvait faire quelques recherches concernant le Ministère de la Magie... Ce qu'elle cachait à son mari, à sa plus grande honte.
Mais le courage n'était pas la plus grande qualité de la couturière.

Melissa relève la tête lorsque la petite clochette annonce un nouveau client, déjà armée de son sourire. Elle est plutôt surprise de reconnaître aussitôt la chanteuse en vogue, Celestina Moldubec, avec qui elle avait déjà été amenée à travaillée. Ce n'était donc pas de la voir en soit, qui était surprenant, plutôt qu'elle arrive sans être annoncée, ou qu'elle ait pris la peine de se éplacer plutôt que de faire venir la couturière qui l'intéressait... Avec son statut, et sa fortune, elle aurait largement pu se le permettre.

« Celestina, bonjour. Laissez-moi vous débarrasser. » Avec sa marque de fabrique -son sourire charmant en toute circonstance- Melissa va à la rencontre de la starlette pour récupérer  sa cape et son chapeau, qu'elle entrepose avec soin sur un porte-manteau prévu à cet effet. Toujours serviable, Melissa, le service-client était capital, d'autant plus avec une célébrité comme Celestina Moldubec. Et une femme qui, par un heureux concours de circonstance, avait aidé à booster sa carrière et la réputation de sa maison de couture.
Si seulement cela avait pu la satisfaire. Mais, non, Melissa n'éprouvant qu'une profonde lassitude à faire des heureux avec ses vêtements.

« Je vais très bien, et vous ? Prise d'une fièvre acheteuse soudaine ? » répond-elle aimablement, hypocritement, comme toujours. Sa réponse à cette question ne changeait jamais, quel que soit le véritable état émotionnel dans lequel elle était. Melissa, en tout cas, prend son travail au sérieux, ainsi que cette cliente toute particulière, avec qui il n'était pas forcément facile de  travailler mais elle était loin d'être aussi insupportable qu'on pouvait l'attendre d'une chanteuse célèbre... Et Melissa l'appréciait assez, pas juste pour ta taille de sa bourse.

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e sourire de Melissa s'étire à la réponse de la sorcière célèbre. Madame Guipure n'était pas la boutique de vêtements que fréquentaient les sang-pur, qui préféraient généralement des marques moins "populaires" ; de même, si les personnes célèbres pouvaient apprécier leurs collections, la forte fréquentation et son type pouvaient les décourager d'y faire leurs emplettes. Par chance, la chanteuse semblait acquise à leur cause, et Melissa comptait bien continuer comme ça. Madame Guipure serait furieuse, s'ils se mettaient à perdre l'un de leurs clients VIP (bien qu'elle ne l'avouerait jamais, car sa patronne disait ne pas aimer le favoritisme..). Quand à Melissa pas, cela ne l'ennuyait pas de graisser autant qu'il fallait les pattes de certaines personnes, si c'était avantageux pour elle ou son mari. Elle le faisait tout le temps, quand elle rencontrait les collègues de Geoffrey. Certaines mauvaises langues diraient que c'était le profil typique d'une ancienne Serpentard... L'avantage était que, comme Melissa était affable avec tout le monde, sans distinctions, on ne pensait pas qu'elle léchait les bottes, juste qu'elle était au naturel.

Bien que parfois être si charmante la fatiguait...

« Mais enfin, j'ai toujours du temps pour vous, Celestina. » Elle sourit poliment, verrouille bien la caisse d'un mouvement de baguette et lui indique du bras la direction de la nouvelle collection. Elle était avant tout couturière, mais Melissa avait un excellent contact avec les clients alors Madame Guipure la mettait souvent en boutique. Au fur et à mesure des années, de plus en plus souvent, au point qu'elle soit devenue entièrement polyvalente. Une "montée en compétence" qui n'avait rien d'épanouissant, pourtant... Car elle se sentait médiocre. Ratée. « Je sais que vous allez faire honneur à tout ce que vous porterez. C'est toujours un plaisir de voir des photos de vous portant certaines de nos pièces. »

Une fois qu'elles sont auprès des nouvelles collections, elle s'arrête et lui offre un petit sourire complice, voyant une occasion de faire de la publicité à un de leurs collaborateurs qui les avaient bien aidés pour leur affaire avec les couturiers japonais :

« D'ailleurs, je n'ai pu que remarquer votre couvre-chef, il est charmant. Je connais un chapelier sorcier très talentueux, à Edimbourg. Quelque peu fantasque, mais talentueux. Voudriez-vous sa carte ? Je suis à peu près certaine que vous y trouveriez votre bonheur pour refaire votre garde-robe de chapeaux, après que je me sois occupée du reste. »

Ce qui était tout autant pour le bien de son collaborateur que de sa cliente. Qu'importe si son honnêteté n'était pas toujours certaine, Melissa se souciait sincèrement du travail bien fait, et de laisser chaque client entièrement satisfait. Elle savait à quel point les apparences étaient importantes, à quelle point une jolie tenue pouvait aider à se sentir un peu mieux dans sa peau. Même si, ce n'était visiblement pas le problème de la starlette en face d'elle, qui n'avait aucune raison de complexer vu son corps de vélane et son immense popularité.

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elissa voyait passer toutes sortes de clients et clientes chez Madame Guipure. Peu d’entre eux étaient aussi extravagants que Celestina Moldubec, capables de vous faire sentir aussi petit et banal qu’un elfe de maison en robe. Oh, Melissa était habituée. Ce travail n’avait jamais vraiment été au top de ses aspirations, rien qu’un loisir qu’elle avait transformé en travail pour ne pas être entièrement dépendante de son époux. Être femme au foyer était tout à fait inenvisageable, même à côté d’un métier qui lui était de plus en plus insoutenable. Mais que dire ? L’amour nous faisait faire des folies que Shakespeare lui-même n’osait pas conter.

Si la chanteuse semblait ne jamais (avec elle du moins) volontairement être arrogante… C’était une chose inhérente, comme son charisme rayonnant et son teint parfait. Cette femme était juste, absolument, ridiculement, injurieusement parfaite. Même après un enfant, un corps de rêve, quand elle luttait constamment pour ne pas prendre de poids… L’opposé de Melissa qui travaillait tant pour maintenir les apparences de pseudo perfection.
Malgré sa jalousie intérieure, dissimulée sous le masque craquelé mais solide souriant, Melissa reste parfaitement professionnelle. Son point de vue personnel n’avait pas lieu d’être dans le cadre du travail. Et puis, que dire de l’importante opportunité que lui offrait une cliente d’un tel standing ? Elle n’était pas du genre à cracher dessus… Ce n’était pas non plus comme si la chanteuse était volontairement insultante.

« Vous avez l’œil. Notre nouvelle collection a été faite pour les occasions spéciales, ou du moins les sorcières qui ont du goût… » La flatterie, toujours. Rosmerta la guide vers le rayon concerné par cette collection de soirée pour le commun des sorcières, mais du quotidien pour la populaire chanteuse. « Une robe sirène à col en V pailletée… elle existe en plusieurs coloris, dont argenté, noir, vermeil… » Elle agite sa baguette silencieusement et la robe s’échappe de son ceintre pour faire la révérence, tourner sur elle-même et autres gracieuses positions pour donner un aperçu du rendu sur un être humain… « Vous avez l’œil, c’est l’un des joyaux de la collection. Qui irait parfaitement avec cette paire de gants de soie pure de verre à soie magique. Nous avons d’ailleurs d’autres produits dans cette matière que je dois vous conseiller, à titre personnel. C’est un véritable délice au toucher et d’une élégance inégalée. »

Melissa parle d’une manière enjouée mais malgré tout assez calme et, surtout, pas trop rapidement, pour ne pas perdre sa cliente. D’un nouveau geste elle approche la robe ainsi que la paire de gants pour que Celestina puisse toucher les tissus et s’en faire une idée. « La doublure de la robe est particulièrement agréable, aussi.  »

Vendre, vendre, vendre. Autant que coudre. Melissa était une femme d’affaire, avant tout.

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