La solitude est essentielle à la fraternité

Les choses allaient pour le mieux en ce moment pour Dorea. Si on mettait de côté évidemment les enfants Potter et ces histoires de garde et d’adoption. Ça c’était beaucoup moins joyeux. Même si ce n’était pas non plus le désespoir absolu. Enfin bref, elle préférait ne pas trop y penser, même si elle comptait aider Charlus à obtenir la garde si c’était ce qu’il voulait, et bien entendu, écraser Caelan par la même occasion. Autant joindre l’utile à l’agréable non ? Enfin, quoiqu’il en soit, elle ne voulait pas y penser jour et nuit. Il fallait aussi qu’elle s’occupe d’elle, et qu’elle pense à elle. Ce qu’elle faisait le mieux au passage. Et elle n’en avait pas honte. Après tout, on vivait d’abord pour soi, et ensuite pour les autres, parfois, si le cœur en disait. Même si sa famille était très importante pour elle. Ça, elle ne l’oubliait pas. Enfin, pas toute sa famille non plus, il y en avait qu’elle n’appréciait pas plus que ça, donc elle les laissait de côté. Mais ce n’était pas le cas pour sa fratrie. Tous autant qu’ils étaient, même Marius, qu’elle voyait parfois dans le secret de tous, même de Charlus. Et elle ne le dirait probablement jamais à qui que ce soit. Elle ne voudrait pas être reniée à son tour.

En parlant de sa famille, elle avait reçu il y a quelques temps un hibou de son unique sœur Cassiopeia qui demandait à ce qu’elles se voient. C’était du Cassiopeia tout craché. Dorea aurait plus tendance à débarquer à l’improviste chez elle, même en sachant que cela ne plairait pas à sa sœur. Dorea avait l’habitude de la froideur des femmes Black et de la distance qu’elles mettaient avec les autres. Dorea n’avait pas hérité de cela. Pas du tout même. Enfin, cela ne l’empêchait pas de bien s’entendre avec sa sœur et que Charis soit sa meilleure amie. Elle s’amusait même parfois à les bousculer un peu dans leurs masques d’impassibilité et leur tenue parfaite. Il fallait bien se dérider un peu de temps à autre non ? Quoiqu’il en soit, Cassiopeia était arrivée. Pile à l’heure, comme d’habitude. Elle alla lui ouvrir, c’était mieux que l’elfe de maison pour recevoir sa sœur, déjà qu’elles ne se voyaient pas souvent.

-Dorea, je suis heureuse de te voir.

Elle répondit à son sourire et embrassa légèrement sa joue avant de la laisser entrer. Elle avait toujours été tactile, avec les hommes et les femmes. C’était comme ça, que ça plaise ou non. Elle la conduisit au salon pour qu’elles puissent s’installer. Du thé et de quoi manger avaient été préparés à l’avance par l’elfe de maison.

« Moi aussi ma chérie. Ça commençait à faire long. Mais dis-moi, comment tu vas ? »

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Dorea était vexée. Et elle ne s’en cachait pas. De toute façon, ce n’était pas une nouveauté que la jeune femme était assez susceptible, et ce depuis toute petite. Elle détestait qu’on n’aille pas dans son sens, et surtout, qu’on ne lui montre pas l’intérêt auquel elle a le droit. Et parfois, elle avait un peu l’impression que Cassiopeia ne la considérait que quand elle y pensait. Ou lorsque cela l’arrangeait, mais pas comme Dorea le voudrait. Ils avaient déjà perdu Marius, du moins, officiellement, elle aurait voulu qu’ils restent tous solidaires. Pollux avait sa femme, ses enfants, et vu comme les choses avançaient, il aurait bientôt des petits enfants. Mais cela n’empêchait absolument pas Dorea d’aller voir son frère et de passer du temps avec lui, de toute façon, elle ne lui laissait pas le choix, et elle arrivait toujours à le coincer à un moment ou un autre. Mais Cassiopeia était bien plus difficile à alpaguer… Et pourtant, Dorea aimerait pouvoir passer plus de temps avec sa grande sœur.

Dans tous les cas, même si la jeune femme se sentait vexée, elle ne le resterait probablement pas bien longtemps. Elle ne voyait pas assez souvent sa sœur pour s’amuser à lui faire la tête quand cette dernière daignait venir jusqu’à chez elle. Même si, Dorea n’oubliait rien toutefois. Si Cassiopeia appréciait la situation ainsi, ce n’était pas le cas de Dorea, mais si sa sœur désappréciait à ce point être en présence de sa famille, ou que c’était une corvée pour elle, Dorea pouvait tout aussi cesser de l’inviter aux évènements ou comme ça, même si Cassiopeia refusait souvent de s’y montrer dans tous les cas. La plus jeune des deux sœurs trouvait cela pénible, mais elle n’y pouvait rien. Elle ne pouvait pas la forcer.

-Il faut croire, oui. Comment ça se présente pour vous ? Tu as déjà rencontré les jumeaux ?

Evidemment, Cassiopeia avait fait comme si de rien n’était, elle était forte à ce jeu là, mais si cela agaçait profondément Cassiopeia. Elle ne savait pas si elle s’intéressait vraiment à cette histoire, ou si elle en profitait pour changer de sujet. En tout cas, tout le monde lui parlait des jumeaux, ce qui était normal, mais elle irait plus vite de faire une conférence avec tout le monde, enfin peu importe.

« Oui, ils ont passé un week end ici. C’était… catastrophique. Ils ont parfaitement montré qu’ils ne voulaient pas être ici. Enfin, le garçon n’est pas trop virulent, mais il a tendance à suivre sa sœur bêtement dans tout ce qu’elle décide. »

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Dorea avait l’impression que les jumeaux Potter étaient devenus son seul sujet de conversation. En même temps, c’était plutôt compréhensible. Puisqu’ils avaient décidé de les adopter avec Charlus, ils prenaient une place importante dans leur vie. Mais pas trop quand même. Il ne fallait pas abuser. Rien n’était encore fait pour le moment, même si l’issu du procès qui arrivait ne faisait aucun doute. Et elle savait bien que même Caelan était consciente de cela. Mais bon, si elle tenait que ça à se ridiculiser aux yeux de tous, libre à elle, ce n’était pas Dorea qui allait l’en empêcher, au contraire, elle préférait de loin assister au spectacle. Enfin, pour le moment, elle n’était pas pressée d’accueillir Cenlyn et Rhian. Le week end passé ensemble ne lui avait pas mis l’eau à la bouche, bien au contraire. Mais elle ne comptait pas renoncer pour autant, loin de là. Elle avait vu clair dans le jeu des enfants, et c’était bien essayé de leur part, mais ça ne suffirait pas. Et puis, ils se rendrait compte que c’était mieux pour eux qu’ils vivent avec eux.

-C'est de leur âge. Ils vont finir par vous adorer, c'est certain

Elle avait déjà entendu cela, Charis le lui avait dit. Et elles voulaient bien les croire, même si au final, elles n’avaient pas vraiment de certitudes, ni d’expérience, aussi bien l’une que l’autre. Mais elles avaient raison de se montrer optimistes toutes les deux. Après tout, ils allaient bientôt former une famille, les choses s’arrangeraient.

Je suis curieuse de les rencontrer, en tout cas.

Ça aussi, elle l’avait entendu. Et c’était tout à fait normal, surtout que Cassiopeia serait leur tante adoptive. De toute façon, une fois toutes les formalités administratives et juridiques finies, Dorea organiserait une petite réception pour présenter les jumeaux à leur nouvelle famille. Il était important que tout le monde se rencontre, se découvre… Ils étaient déjà de la même famille, mais si Dorea devenait leur mère, cela les rapprocherait d’autant plus avec le côté Black. Ils auraient le temps d’organiser tout cela de toute façon. Chaque chose en son temps.

« Oui, je l’espère. Il y aura une petite réception, après le procès et lorsqu’ils seront légalement nos enfants. Mais mieux vaut ne pas trop les secouer pour le moment, surtout qu’ils ne vivent même pas avec nous. Ah mais j’oubliais que tu ne réponds jamais aux invitations… Eh bien, nous trouverons un moment. »

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Dorea était peut-être un peu dure avec sa sœur, mais c’était ainsi, elle était comme ça. Elle prenait toujours les choses très à cœur, et personnellement. On ne pouvait pas vraiment le lui reprocher, elle était comme ça, c’était dans son caractère. Elle n’appréciait pas la distance que Cassiopeia instaurait depuis plusieurs années. Si enfant, elle n’avait jamais été démonstrative, depuis quelques temps, elle avait coupé contact avec beaucoup et avait tendance à rester dans son coin. Et malgré le petit air boudeur que Dorea affichait, elle s’inquiétait pour sa sœur. Elle n’appréciait pas la voir ainsi. Malheureusement, Cassiopeia parlait très peu d’elle, et Dorea ne savait pas grand-chose de sa vie.

Pourtant, elle voudrait que son aînée lui parle d’elle, d’elle-même, qu’elle se confie, qu’elles soient complices. La famille avait éclaté depuis que Marius avait été renié, puis leur père était mort… et Dorea avait besoin de se sentir proche du reste de sa famille. Pourtant, ce n’était pas autant qu’elle le voudrait. C’était encore plus vrai avec sa sœur. Alors oui, quand elle confiant organiser une réception pour introduire une rencontre entre sa famille et les jumeaux Potter, elle ne pouvait s’empêcher de déclarer d’avance qu’elle savait que Cassiopeia ne viendrait pas, parce qu’elle ne venait presque jamais. Elle était habituée, et au lieu de se montrer compréhensive et de tenter de savoir pourquoi elle était réticente à ces réceptions, elle préférait se montrer cassante, lui envoyer des piques. Encore une fois, c’était dans son caractère, la meilleure défense c’est l’attaque.

-Eh bien, je répondrai à cette invitation ci. C'est un moment important, qui va changer votre vie, je veux être présente.

Dorea haussa les sourcils, surprise. Réellement. Elle ne s’attendait pas du tout à ce que sa sœur fasse une telle concession. Concession, car elle ne semblait pas ravie ou excitée par cette nouvelle, elle était… froide, et détachée. Dorea ignorait comme elle était censée le prendre, ou quoi en penser. Si cela lui faisait plaisir, elle aurait préférée que son aînée montre plus d’enthousiasme, mais c’était très certainement trop demandé à cette dernière. Elle devrait se contenter de ce qu’elle a, mais elle ne savait pas du tout le faire.

« Tu n’es pas obligée de te forcer Cassy, je ne voudrai pas te mettre dans une situation inconfortable. »

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Bon, Dorea n’était pas très sympa avec sa sœur, elle s’en rendait compte. Mais elle ne faisait pas exprès, elle avait toujours agi et réagi instinctivement et de manière impulsive. C’était son caractère. Dorea était capricieuse, et ce depuis qu’elle était née, et en âge de faire des caprices. Et elle avait gardé ce trait là en étant adulte. Elle voulait que Cassiopeia cesse de vivre comme une sauvage et coupée du monde, et donc, étant donné qu’elle n’avait pas ce qu’elle voulait. Dorea répondait en montrant les dents et en cherchant à blesser sa sœur. Ce n’était peut-être pas très intelligent, et elle ferait mieux d’agir autrement, mais elle n’y pouvait rien. Elle ne contrôlait pas tout.

-Je ne crois pas avoir dit quoi que je me forçais ou que ça m'incommodait

Bon, Cassiopeia avait mal pris sa remarque, mais c’était évident. Dorea l’avait cherché, mais elle ne cherchait pas à être en conflit avec sa sœur. Cela ne servirait à rien, elles se voyaient déjà peu souvent, si c’était pour qu’elles se disputent quand elles se voyaient, ce serait totalement idiot. Et Dorea n’avait aucune envie de se fâcher avec sa sœur, loin de là.

-Si je te dis que je veux être là pour toi, c'est que je veux être là pour toi... Mais tu n'as pas à te forcer à m'inviter, je ne voudrais pas te mettre dans une situation inconfortable.

Mine de rien, cela touchait la jeune femme que Cassiopeia affirme vouloir être là pour elle. Même si elle s’en doutait, l’entendre était toujours un plus agréable. Dorea aurait bien répliqué qu’elle n’invitait jamais qui que ce soit qu’elle ne voulait pas voir, et que si Cassy venait plus souvent elle le saurait, mais inutile d’envenimer les choses. Elle réussit à se retenir, ne voulait pas que la situation ne se change en dispute et claquage de portes. Ce serait totalement contre-productif.
Surtout que, cela lui ferait très plaisir que Cassiopeia soit présente pour rencontrer les jumeaux. Elle allait devenir leur tante, alors c’était tout à fait normal non ? Du moins, c’est ce que la jeune femme pensait. Et elle n’avait aucune envie d’exclure son aînée, cela ne l’intéressait pas du tout.

« Excuse-moi, je ne voulais pas te blesser, ou te faire penser que ta présence m’incommodait. C’est loin d’être le cas. Je suis un peu à cran, avec toutes ces histoires. Cela me ferait très plaisir que tu sois présente. »

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C’était fréquent, ce genre d’échanges entre les deux sœurs. Dorea n’en était pas friande, c’était le cas de le dire. Mais que pouvait-elle y faire après tout ? Elles avaient chacune leurs caractères, et ils n’étaient pas spécialement évident. Mais les choses n’avaient pas toujours été comme ça, même si enfants, il leur était arriver de se prendre un peu le bec, surtout étant donné l’enfant capricieuse que Dorea avait été. Mais tout de même, elle avait connu une Cassiopeia plus souple, plus… proche. Dorea avait tenté de trouver des explications au fait qu’elle voyait moins sa sœur qu’avant, mais elle n’avait rien trouvé. Surtout que cela avait été assez soudain. Sans doute imperceptible pour la plupart de l’entourage de Cassiopeia, mais Dorea connaissait sa sœur. Il y avait forcément quelque chose, mais Cassy ne voulait pas en parler, et Dorea restait avec toutes ses questions en tête.

Dorea n’appréciait guère cette situation. Et pourtant, ce n’était pas faute d’avoir tenter d’en savoir plus, de poser des questions à sa sœur, mais cela n’avait jamais rien donné. Dorea se sentait vraiment mise à l’écart vis-à-vis de sa sœur, alors évidemment, elle ne pouvait s’empêcher de le rappeler à Cassiopeia. C’était comme ça, et Cassiopeia faisait la même chose, cela devait être de famille, Marius avait la même particularité.

En tout cas, le fait que Dorea s’excuse, ou reconnaisse ses torts était totalement exceptionnelle. Ce n’était pas du tout son genre. Dorea était plutôt à insister sur le fait qu’elle ait raison, et à rester campée sur ses positions. Elle était plus que têtue et n’en démordait presque jamais, mais bon là, elle n’avait pas envie d’une nouvelle dispute. Mais quoiqu’il en soit, il ne fallait pas que Cassiopeia prenne cela comme une habitude.

Mais bon, pour cette fois, elle préférait laisser couler. Ce n’était pas capital, même si la jeune femme jaugeait tout de même que c’était important. Mais bon, elles avaient toutes les deux, deux gros caractères alors il n’était parfois pas utile de trop insister, surtout si c’était pour que tout finisse dans un mur.

-Est-ce que tu auras besoin de mon aide ? Pour la réception ? Je peux faire quelque chose ?

Dorea haussa légèrement un sourcil. Elle ne savait pas si Cassiopeia tentait de lui prouver quoique ce soit, mais elle ne pouvait qu’apprécier son investissement du moment. Même si elle restait tout de même sur ses gardes. Elle connaissait sa sœur, alors elle gardait tout de même une pointe de méfiance. Mais elle lui adressa néanmoins un léger sourire.

« Ton aide sera la bienvenue, évidement. Mais pour le moment tout est encore en préparation, étant donné que nous sommes pris dans cette histoire de procès avec Charlus, et qu’il faut préparer l’arrivée des enfants ici une fois tout cela réglé. »

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Est-ce que Dorea croyait sa sœur ? Elle avait en tout cas envie de le faire. Mais elle gardait tout de même espoir, elle avait envie d’y croire, mais ce n’était pas vraiment facile. Elle l’avait déçue plus d’une fois, ce n’était malheureusement pas la première fois que sa sœur lui promettait quelque chose, mais elle avait souvent été déçue, et Cassiopeia était douée pour se défiler de ses engagements.

Dorea ne savait pas comment prendre les choses avec sa sœur. C’était compliqué, parce que la jeune femme avait tout de même un caractère plutôt explosif, et en règle générale elle ne se gênait pas pour dire ce qu’elle pensait, pas le moins du monde. Mais là, elle avait l’impression de devoir faire des efforts, c’était même carrément le cas, et elle n’aimait pas devoir faire des efforts, c’était les autres qui devaient en faire pour elle, sinon, cela n’allait pas, c’était aussi simple que ça.

Mais elle se sentait obligée de prendre sur elle, parce qu’elle ne voulait pas risquer de provoquer une trop grosse dispute, et se brouiller avec elle. Elle la voyait déjà peu souvent, et leur fratrie était déjà assez éclatée comme cela, depuis le reniement de Marius. Elle ne voulait pas que cela continue. Mais pour une fois elle ne voulait pas laisser les choses se passer sans rien faire. Elle était adulte, et elle avait la possibilité de faire ce qu’elle voulait le plus.

-Raison de plus pour me dire en quoi je peux me rendre utile. Je veux que tu saches que tu peux compter sur moi.

Elle avait envie de la croire, vraiment, et elle allait tenter de le faire. Mais elle n’avait pas envie d’être déçue à nouveau, d’avoir l’impression d’être abandonnée, parce que c’était presque ça. C’était peut-être un peu exagéré, mais elle avait en sainte horreur d’être délaissée, abandonnée, et avec Cassiopeia, c’était un peu le cas. Mais bon, elle pouvait bien lui laisser le bénéfice du doute de toute manière, elle ne pouvait pas faire grand-chose d’autre. C’était à sa grande sœur de faire des efforts, et de lui prouver que ses promesses n’étaient pas dénuées de sens.

« Je ne demande que ça. Pour le moment ça va, je n’ai pas besoin d’aide, juste de soutient peut-être. »

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Dorea voulait bien se montrer complaisante, et tenter de ne pas être trop dure avec sa sœur, il y avait tout de même des limites. Mais bon, elle voulait bien faire quelques efforts, et laisser à sa sœur le bénéfice du doute. Peut-être que cette fois-ci, elle ne serait pas déçue, comme elle avait pu l’être par le passé. Dorea avait vraiment du mal à comprendre Cassiopeia, et elle ne savait plus quoi faire pour que les choses s’arrangent entre elles, ou ne finissent pas en querelle, ce qui était assez fréquent.

Cela la fatiguait, ça l’attristait. Et elle avait le sentiment qu’elle ne pourrait rien dire ou faire pour changer cela. Elle avait déjà répété maintes et maintes fois à sa sœur, qu’elle était là, qu’elle pouvait lui parler si quelque chose n’allait pas, mais rien. Cassiopeia n’avait jamais desserré les lèvres sur un potentiel problème qui pourrait expliquer son comportement. Pourtant, il y avait forcément quelque chose. Elle n’avait pas toujours été comme ça, elle le savait pertinemment. Dorea avait connu sa sœur plus ouverte, plus présente. Alors qu’aujourd’hui, c’était comme si elle érigeait volontairement des barrières entre elles. Seulement, Dorea en avait plus qu’assez de tenter de les abattre, elle était fatiguée, et elle n’avait plus envie de se battre contre sa sœur. Elle avait toujours accordé beaucoup d’importance aux membres de sa fratrie, mais Cassiopeia se montrait tout de même un peu abusive de la situation.

-Je comprends...

Est-ce qu’elle comprenait réellement ? Dorea n’en savait rien, mais elle préféra ne rien ajouter. Elle ne savait plus si elle devait faire confiance à Cassiopeia ou non, si elle pouvait la croire ou non. Pourtant elle le voudrait. Elle était son unique sœur, et elle voudrait pouvoir avoir une réelle relation avec elle. Une vraie relation de sœur, mais cela semblait beaucoup trop demandé à la jeune femme.

-Ecoute... Je ne voulais pas te le dire mais... je crois que tu ne comprendras pas si je ne te le dis pas.

Dorea haussa les sourcils, surprise, et intriguée aussi. Sa sœur allait-elle enfin se confier ? Allait-elle lui faire assez confiance pour lui dire ce qui n’allait pas ? Dorea espérait que ce soit le cas. Mais une légère angoisse lui serrait tout de même le cœur, comme un mauvais pressentiment.

-Je suis malade...

Dorea se crispa. Comment ça, elle était malade ? Des milliers de questions affluèrent l’esprit de la jeune femme et elle dut faire un effort pour ne pas paniquer. Elle avait peur que cela soit grave, que la vie de sa sœur soit en danger. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle devait faire, mais elle tenta tout de même de rester le plus calme possible, elle le devait.

« Tu es malade ? Qu’est-ce que tu as ? »

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Dorea était inquiète. Très inquiète. En même temps, il y avait de quoi, sa sœur lui annonçait qu’elle était malade. Et elle n’était pas idiote, elle se doutait bien qu’elle ne parlait pas d’un simple coup de froid. Alors oui, elle s’inquiétait pour sa sœur, et c’était plus que normal. Dorea avait toujours mis un point d’honneur à préserver un maximum sa famille. Pollux était marié et père de trois enfants, mais cela n’empêchait pas Dorea de le couver quand elle le voyait, malgré la différence d’âge. Elle s’occupait de Marius comme elle le pouvait, et dans le plus grand des secrets. Et elle s’occupait aussi de leur mère, qui se retrouvait seule depuis le décès de leur père. Cassiopeia avait toujours été la plus indépendante, et Dorea avait du mal à pouvoir coincer sa sœur pour prendre un peu de ses nouvelles, mais le fait qu’elle soit malade lui donnait d’autant plus l’envie de prendre soin d’elle.

-Ne t'en fais pas, mes jours ne sont pas du tout en danger.

C’était déjà une bonne chose, mais Dorea n’était pas plus rassurée. Ce n’était pas parce qu’elle n’était pas en danger de mort, que ce n’était pas grave. Elle ne savait pas exactement ce qu’avait sa sœur, mais elle était tout à fait disposée à en apprendre plus. Que Cassiopeia le veuille ou non. Après tout, la situation était assez importante, et Cassiopeia ne pouvait pas la laisser avec cette seule information.

-C'est une pathologie relativement rare et il n'y a aucun traitement connu... en tout cas pas pour le moment... Elle épuise beaucoup de mon énergie. Et parfois... elle me rend incapable de faire quoi que ce soit. C'est généralement parti au bout d'une nuit mais... c'est assez handicapant...

Dorea était de moins en moins rassurée. Elle ne comprenait pas pourquoi sa sœur ne lui en avait pas parlé plus tôt. Et elle ne savait pas non plus depuis quand elle portait ce fardeau seule, à moins qu’elle n’en ait parlé à quelqu’un, mais si c’était le cas, Dorea en serait un peu vexée. Quoiqu’il en soit, il était hors de question qu’elle laisse sa sœur dans cette situation sans qu’elle ne fasse rien. Ce n’était juste pas possible. Elles étaient sœurs après tout.

« Cassy… pourquoi n’as-tu rien dit avant ? Maman est au courant ? Depuis quand es-tu malade ? Si jamais… si tu as besoin, tu peux venir t’installer ici, Charlus n’y verrait aucun inconvénient, et je pourrais m’occuper de toi quand tu ne vas pas bien. »

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Dorea était inquiète, bien évidemment. Sa sœur lui disait qu’elle était rongée par un mal qui ne pouvait se soigner, elle pourrait difficilement ne pas être inquiète. Elle avait beau être une femme qui se souciait beaucoup d’elle-même, elle pouvait se montrer très compatissante et généreuse quand il était question de sa famille, surtout de sa fratrie, qui avait déjà été meurtrie par le reniement de Marius. Alors oui, elle s’inquiétait pour Cassiopeia, et les choses ne devraient pas s’arranger de sitôt de ce point de vue ci. Il faut dire qu’elle ne s’était pas du tout attendue à cela, et elle ne savait pas non plus pourquoi sa sœur n’avait pas parlé plus tôt.

-Tu es adorable, Dorea.

Dorea ne savait pas si elle était adorable ou non, mais pour elle, il était tout à fait normal de se préoccuper de la santé de son aînée. Elle ne savait pas ce qu’elle pouvait faire pour elle. Dorea n’avait aucune compétence en soin, et elle se voyait mal pouvoir soulager sa sœur, mais elle pouvait tout de même être là pour elle si besoin. Elle ne demandait que cela. Si Cassiopeia état parfois trop faible pour certaines choses, il valait mieux qu’elle ne reste pas seule. C’était ainsi que Dorea voyait la situation, mais il n’était pas sûr que sa sœur l’entende ainsi.

-Mais ne t'en fais pas, il est préférable que je reste seule, crois-moi. Je suis... invivable dans ces moments-là. Je travaille à un remède, je suis sûre que j'y arriverai bientôt.

Invivable ou non, cela ne justifiait rien selon la plus jeune des deux, et encore une fois, elle se sentait repoussée par sa grande sœur. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu’elle cherchait à faire, mais elle n’était franchement pas rassurée. Cassiopeia avait beau être une potioniste très douée, rien ne garantissait qu’elle réussirait à trouver ce remède. Même si Dorea le lui souhaitait évidemment, mais cette situation ne lui plaisait pas. Pas du tout. Elle avait l’impression que tout n’était qu’une succession de mauvaises nouvelles dans leur famille ces derniers temps, ou presque.

-Personne n'est au courant, à part toi maintenant. Et tu n'en parleras pas, n'est-ce pas ?

Dorea fronça légèrement les sourcils. Pourquoi ne voulait-elle pas mettre sa famille au courant ? Sûrement pour ne pas les inquiéter, mais Dorea ne comprenait pas. La famille était faite pour soutenir dans les moments difficiles, et il était normal qu’ils sachent pour Cassiopeia. Mais Dorea ne dirait rien si c’était le souhait de sa sœur, quand bien même cela ne lui plaisait pas.

« Je pense que je ne te comprendrai définitivement jamais. Mais soit, si c’est que tu veux, je ne dirai rien. »

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Dorea n’aimait pas la situation. Elle n’allait pas dire le contraire. Mais que pouvait-elle faire après tout ? Pas grand-chose. Cassiopeia ne comptait pas lui laisser une marde de manœuvre, d’action. Elle lui disait qu’elle était malade, qu’elle ne pouvait rien faire, et qu’elle ne voulait pas qu’elle fasse quoi que ce soit dans tous les cas. C’était une grande frustration pour la plus jeune des deux, et au final, elle avait du mal à savoir pourquoi Cassiopeia lui avait dit ça. Si ça se trouve, ce n’était qu’une couverture, et elle lui avait dit ça pour avoir la paix, mais elle avait envie de croire que sa sœur ne mentirait pas sur quelque chose d’aussi importante, et d’aussi grave.

En clair, tout cela était très loin de lui plaire, mais elle ne pouvait pas faire autrement que de suivre les directives de sa sœur, même si elle n’en avait aucune envie au final. Elle ne cessait pas de se poser des questions cependant. Elle avait du mal à comprendre sa sœur, et cela lui faisait de la peine dans le fond. Elle aurait aimé pouvoir être proche d’elle, mais il y avait sans cesse une barrière, un mur invisible entre elles, sans qu’elle ne puisse savoir comment faire pour le faire disparaitre. Elle devait faire avec, sans que cela ne la ravisse, mais elle ne pouvait pas faire autrement dans tous les cas.

-Je te remercie.

Dorea ne répondit rien, à quoi bon. Elle ne le faisait pas de gaieté de cœur. Les secrets l’ennuyaient, du moins, les secrets familiaux. Ils étaient en général plus dangereux, plus destructeurs, et elle n’avait aucune envie de créer de nouvelles tensions au sein du clan Black, de sa branche. Marius était renié, leur père était mort, était-il nécessaire d’envenimer encore plus choses, de créer de nouveaux conflits ? Non. Mais elle ne pouvait forcer sa sœur à parler, et elle n’avait pas envie de se fâcher avec elle.

-Je ne veux vraiment pas que tu t'en fasses pour moi.

On pouvait dire qu’elle avait manqué son coup. Evidemment que Dorea se faisait du souci pour Cassiopeia. Si elle ne s’en faisait pas, cela voudrait dire que le sort de sa sœur lui était totalement indifférent. Ce qui était très loin d’être le cas. Elle aimait sa sœur, bien entendu, et elle avait envie de la savoir en bonne santé. Pas atteinte d’une maladie rare et sans remède à ce jour.

« Dans ce cas, il ne fallait rien me dire. »

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