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una ne savait pas où était sa place. Ce n'était pas quelque chose qui la dérangeait en soi. Après tout, elle n'avait jamais su se ranger dans une case préétablie, et elle trouverait dommage de n'avoir qu'une place en refusant de rejoindre toutes les autres... Mais dans les circonstances qui étaient celles qu'elle rencontrait, elle voudrait savoir, peut-être pour la première fois, où elle allait et quel rôle elle devait jouer. Elle n'irait plus à Poudlard, elle ne pourrait plus veiller sur Rhian et Louisa, elle ne verrait plus Adrian... C'était sans doute tant mieux comme ça, mais elle avait eu des habitudes, des rêves, peut-être même quelques espoirs inutiles, et maintenant, elle devait reprendre de zéro... sans savoir réellement se situer dans une dynamique qui s'était déjà construite sans elle. Elle avait tendance, au fond, d'agir en fonction de ce qu'on lui demandait, un peu perdue, un peu absente, dans l'attente de se trouver son chemin, ou même de se souvenir d'où elle était.

Elle s'était rendue sur le chemin de traverse à la demande du groupe afin de récupérer quelques ingrédients et ouvrages qui saurait leur servir. Armée de son sac à dos, complété d'un sortilège d'extension, elle allait donc de boutique en boutique, de son habituel pas traînant. C'était étrange de se dire qu'elle ne s'y rendrait sans doute plus jamais pour y acheter ses fournitures scolaires comme ça avait été le cas avant. Encore que rien n'était moins sûr. Qui sait si, à leur retour dans leur époque (s'ils revenaient dans leur époque, mais elle y croyait), ils n'allaient pas revenir au point de départ et reprendre leur scolarité comme si de rien n'était.  

Elle se rendait chez l'apothicaire, une liste d'articles à la main qui devaient servir à la concoction de l'une ou l'autre potions qui serviraient à la résistance. De l'avantage de ne pas être considérée comme morte par le reste du monde. Elle évoluait dans les rayonnages, récupérant à la volée les différents articles et ingrédients dont elle avait besoin quand elle vit paraître une silhouette familière et, l'air de rien, amie.

-Bonjour Lyall. Je suis contente de te voir. Ce qui était d'autant plus vrai qu'elle n'avait pas du tout été certaine qu'ils se revoient de sitôt. Tu vas bien ?

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una était vraiment ravie de trouver un visage amical et familier, et heureuse également d'entendre que Lyall allait bien. Elle savait que les quelques amitiés qu'elle était parvenue à construire à Poudlard (et il y en avait plus que ce qu'elle aurait pu imaginer... à croire qu'il lui fallait un voyage dans le passé pour élargir ses horizons sentimentaux... pour le meilleur comme pour le pire, à n'en point douter) étaient vouées à lui manquer tôt ou tard, sans suite possible. Poudlard avait été une sorte d'intermède dans cette aventure, mais à présent, tout ce sur quoi elle devait se focaliser, c'était la résistance, et c'était sans doute mieux comme ça, même si ce genre de rencontres fortuites pinçaient son coeur d'un soupçon de nostalgie... comme si la conversation s'étouffait déjà quand elle commençait pourtant à peine. Alors oui, quelque part, elle était triste d'avoir quitté Poudlard, et ce n'était pas tant pour l'école en elle-même (qu'elle retrouverait peut-être dans son époque d'origine ? Elle n'en savait plus trop rien), mais pour la page qu'elle tournait dans la foulée. Et aurait dû tourner bien avant, en réalité.

-Pas vraiment, admit Aulne avec un léger sourire, pour répondre à la dernière question de son interlocuteur.

Une question à laquelle elle ne pouvait pas répondre, donc. Ce qu'elle allait faire, maintenant, c'était passer le plus clair de son temps avec ses amis présumés morts dans l'espoir d'arrêter un mage noir en passe de devenir de plus en plus puissant. Pas le genre d'information qu'on pouvait glisser aisément dans une conversation, donc.

-J'ai encore du mal à me dire que c'est derrière... tout ça, ajouta-t-elle d'un ton légèrement songeur. Et toi ? Qu'est-ce que tu vas faire ? demanda-t-elle alors, consciente du fait qu'elle ne pouvait pas vraiment s'épancher sur elle-même.

Tout comme elle s'était abstenue, aussi, de dire comment elle allait... Elle n'avait pas envie de mentir, et donc elle n'avait pas envie de dire la vérité non plus, pour que le jeune homme s'inquiète d'une chose qu'elle ne réussirait pas à lui expliquer comme elle le voudrait. De l'inconvénient également de toutes les affinités qu'elle avait su construire : elles ne dépassaient jamais la barrière du mensonge, et il était de plus en plus difficile d'en faire abstraction.

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una esquissa un fin sourire quand Lyall lui garantit qu'elle trouverait sa voie, d'une façon ou d'une autre. La jeune femme n'en était pas si sûre. En même temps, difficile de savoir vers quoi s'orienter quand on était partagé entre deux mondes, entre deux époques.

La notion même de projet était éphémère dans un contexte où, à tout instant, il se pourrait bien qu'elle retourne chez elle. Oui, elle avait des aspirations, des envies, elle avait une idée assez précise, en réalité, de ce qu'elle aimerait faire... mais elle ne se voyait pas partager ces aspirations alors qu'elles n'étaient pas forcément réalisables. Un seul projet devait compter à l'heure actuelle, et c'était celui des voyageurs temporels, leur offensive contre Tom Jedusor. Va savoir le temps que ça leur prendrait ou même si ça fonctionnerait. Mais il le fallait dans tous les cas. Rien n'empêcherait jamais Luna d'en rêver... la machine à rêves, en même temps, carburait non-stop en ce qui la concernait. Dans tous les cas, elle appréciait d'entendre les encouragements de Lyall, parce que même si c'était irréalisable, c'était encourageant.

Lyall, lui, avait des projets visiblement bien définis, et semblait parfaitement satisfait de... grandir... elle aimait bien ce terme, même si elle reconnaissait que grandir n'était pas toujours si simple, et elle n'était toujours pas convaincue, en dépit de ses responsabilités, d'être réellement une adulte. Il allait travailler au ministère, donc. Rien d'étonnant pour commencer, la plupart des sorciers travaillaient là, tant le ministère groupait un nombre de domaines conséquent. Le sourire de la jeune femme s'élargit quand il évoqua le bureau des créatures magiques, et de son intention de suivre les traces de Norbert Dragonneau. Irrésistiblement, Luna songea à Adrian, qui caressait le même objectif;

-C'est un métier qui t'irait comme un gant. J'adorerais faire ça, aussi.

Mais même si un jour elle devait y réussir, ce n'était clairement pas pour tout de suite. En attendant, Luna espérait que Lyall parviendrait à accomplir ses objectifs... Il méritait de s'accomplir dans tous les aspects de sa vie, et professionnellement, cela va sans dire.

-Tu commences à travailler quand ? Tu vas faire quoi ?

Même s'il travaillait sûrement dans le meilleur département du ministère de la Magie, il n'allait peut-être pas faire le travail le plus épanouissant pour commencer, mais l'essentiel était qu'il se laisse porter par ses projets malgré tout.

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una afficha un nouveau sourire, sans pour autant répondre directement à son interlocuteur, quand ce dernier lui affirmait que rien ne l'empêchait de poursuivre la même voie que lui, que c'était même un projet qu'ils auraient pu avoir en commun. C'est sûr que ça ne lui aurait définitivement pas déplu, et en ce moment, rien ne la soulagerait plus que de courir le monde après des animaux fantastiques desquels il resterait encore l'une ou l'autre chose à apprendre, mais ça ne pouvait pas être aussi simple. Car en réalité, oui, quelque chose l'empêchait de caresser un tel projet, dans l'immédiat tout du moins, et en compagnie de Lyall comme d'Adrian, c'est certain : elle ne devait à présent se focaliser que sur un seul et unique objectif, aider ses amis, aider la résistance, participer au déclin de Tom Jedusor. Et une fois que ce serait fait, évidemment, il ne lui resterait plus qu'à retourner dans son époque, puisque le groupe en avait à présent la possibilité.

Alors non, rien de tout ça n'était réellement envisageable, mais elle n'estimait pas nécessaire d'opposer un "non" catégorique à son interlocuteur, puisqu'elle serait dans l'incapacité de s'en justifier. Lyall poursuivrait ses propres rêves, ses propres objectifs, et elle espérait de tout coeur qu'ils lui seraient bénéfiques. Tout le reste n'aurait, en comparaison, qu'une très infime importance.Pour lui en tout cas, qui pouvait aisément respecter ses ambitions sans attendre après son opinion.

Heureusement, Lyall poursuivait déjà, lui ôtant le malaise de ne pas savoir quoi lui répondre très exactement. Le jeune homme allait commencer à travailler en août en tant que stagiaire au sein du ministère, et il n'avait pas encore une idée bien précise de ce que cela signifierait pour lui, ce qu'on lui demanderait de faire. Ce qu'il savait, en revanche, c'est qu'il considérait surtout cela comme un tramplin, et que dans le futur, il voudrait surtout voyager. La jeune femme n'était pas du tout surprise. Bien au contraire, même, elle était bien incapable d'imaginer Lyall derrière un bureau, enseveli sous un tas de paperasse. L'une des raisons qui faisaient qu'il s'entendaient si bien, c'était leur affection pour la nature. Logique que le jeune homme ait envie de prendre le large.

-Je te comprends, répondit-elle. Je sais pas si j'arriverais à travailler au ministère, même temporairement, répondit-elle comme si elle avait vraiment le choix.

Mais en attendant, c'était un vrai constat. Dans cette époque ou dans une autre, elle ne se voyait surtout pas travailler au ministère.

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una n'avait aucune envie de décourager Lyall dans ses projets. C'était même tout l'inverse. Il s'engageait sur une voie qui avait de quoi faire rêver - ou qui la faisait rêver elle, en tout cas -, alors forcément, la jeune femme souhaitait que tout se passe au mieux pour son interlocuteur. Si elle parlait du ministère et de ce que ce dernier lui inspirait d'aversion, ce n'était pas pour dissuader son interlocuteur, c'était juste un sentiment personnel, et qui n'était pas fondé sur grand-chose, d'ailleurs.

Luna ne s'imaginait pas travailler derrière un bureau, ceci dit, quand elle voyait son père travailler d'arrache-pied dans les locaux du Chicaneur, elle n'éprouvait pas vraiment d'agacement ou quoi que ce soit, plus une sorte d'exaltation. Bref, dans tous les cas, c'était l'histoire de Lyall dans tous les cas, pas la sienne. Est-ce qu'il accomplirait ses rêvfes à l'avenir, elle n'en savait rien ? La seule chose qu'elle savait, c'était que Lyall aurait un jour un fils, et que même si ce fils aurait une histoire douloureuse, il serait également un excellent professeur de défense contre les forces du mal, et un membre à part entière de l'ordre du phénix; De quoi faire sa fierté.

Lyall ajouta qu'il ne doutait pas du fait qu'elle trouverait ce qui lui correspondait. Luna appréciait, parce qu'elle savait qu'il le pensait réellement... C'était agréable d'entendre quelqu'un avoir confiance en elle, et croire réellement dans ses capacités. Alors la jeune femme appréciait, même si ses rêves et ses ambitions avaient tout intérêt à passer au second plan dans les temps à venir, et c'était évidemment tant mieux. Dans tous les cas, le jeune homme choisit de changer de sujet, ce qui n'était sans doute pas une mauvaise chose, même s'il était question de départs en vacances, et n'aurait pas de réponse très croustillante à donner à son interlocuteur, même si elle le voudrait.

-Je ne suis pas sûr. J'aimerais bien rentrer chez moi... Retrouver mon père, tu vois, mais ce n'est pas pour tout de suite. La meilleure façon de lui répondre sans mentir complètement. Et toi, tu as l'intention de partir quelque part ?

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una afficha un léger sourire quand Lyall affirma espérer qu'elle pourrait bientôt retrouver son père... L'une des choses qu'elle appréciait chez lui, c'était sa bienveillance. Elle savait que son propos était honnête. D'autres auraient sans doute pu se contenter de prononcer ces mots pour la forme ou histoire de faire la conversation sans pour autant rien en penser, elle était certaine que ce n'était pas le cas du jeune homme. Il s'intéressait vraiment aux autres et à ce qu'il vivait. En bref, une personne altruiste et désintéressée comme on en faisait trop peu.

Et elle appréciait ses paroles, oui... même si au fond et en dépit de ce qu'elle disait, elle n'était pas complètement impatiente de rentrer chez elle (même si la partie qui concernait le fait de retrouver son père ne prêtait à aucune nuance en revanche)... C'était.. compliqué... Mais dans tous les cas, c'était aussi et surtout lointain, car même si les voyageurs temporels prenaient la décision de repartir dès que l'opportunité leur en serait donnée (et elle en doutait un peu), il faudrait attendre quasiment un an pour cela. Autant dire qu'elle avait le temps de voir venir. Et qui sait combien de choses pourraient se passer d'ici-là.

Lyall ajouta que, pour sa part, il ne comptait pas partir en vacances. En même temps, c'était assez attendu. Le jeune homme allait très vite entamer son stage, et ses perspectives de voyage étaient par conséquent réduite, même si elle le croyait sans problème quand il affirmait que ce n'était pas l'envie qui lui en manquait. Forcément... Il fallait aimer voyager et découvrir de nouveaux horizons si l'on voulait s'engager sur la voie qu'il escomptait faire sienne un jour... Et une chance pour lui qu'il soit patient, en effet, puisque c'étaient le genre de rêves qui malheureusement mettaient du temps à s'accomplir... Ce qui n'ôtait rien au fait qu'il y parviendrait sans doute. Luna n'avait en tout cas aucun doute quant à ses compétences et à son potentiel. S'il s'accrochait à ses rêves, s'il n'oubliait jamais d'y croire dur comme fer, alors tout se passerait bien. Comme il l'escomptait.

-Je n'en doute pas, répondit Luna dans un fin sourire. Tu aimerais voyager où ?

Ce n'est pas parce qu'il ne le pouvait pas encore qu'il était interdit de rêver malgré tout, après tout. Rêver devrait même être une obligation, d'ailleurs.

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yall n'avait pas de destination de prédilection. Au fond, c'était sans doute mieux comme ça. A se fixer des objectifs trop précis, l'on pouvait sans doute trop facilement être déçu au bout du compte, soit parce qu'on ne réussirait pas à atteindre exactement le but que l'on s'était fixé, soit parce qu'il s'avérerait plus tard que ce but tant poursuivi n'était pas ce dont on avait besoin, davantage une fixette sans véritable intérêt. Luna s'imaginait aisément à la place de Lyall. Elle aussi aimerait beaucoup voyager, et même s'il y avait certains endroits qu'elle espérait avoir l'occasion de voir un jour, elle n'avait pas, pour ainsi dire, de lieu de prédilection. Elle aimerait surtout l'idée de pouvoir partir n'importe où, de découvrir tout un tas d'horizons différents.

Ce qu'elle savait, pour sa part, c'est qu'elle aurait du mal à se cantonner à un seul endroit sous le seul prétexte d'une éventuelle spécialisation... Encore qu'il était des créatures que l'on pouvait retrouver aux quatre coins de la planète. Et puis, spécialisation pouvait avoir un sens large... spécialisez-vous dans les créatures aquatiques, et toutes les mers et tous les océans s'ouvrent à vous. Quelle que puisse être la voie que choisirait Lyall au bout du compte, l'essentiel resterait qu'il s'y épanouisse, et elle était sûre et certaine que ce serait le cas quoi qu'il en soit. En tout cas, la jeune femme était d'avis que ces moments d'hésitation, d'indécision, restaient les meilleurs. C'était une belle chose aussi, bien évidemment, que de trouver finalement sa voie, mais il y avait quelque chose d'agréable et d'exaltant dans l'idée que toutes les portes vous soient encore ouvertes. Elles se refermaient si vite ensuite... Pas que Luna puisse totalement parler d'expérience, mais elle en avait déjà vu quelques-unes se fermer, de portes, et ça n'avait, à aucun moment, été agréable.

-C'est bien, tu as encore tous les choix possibles, c'est une chance, dit-elle pour résumer le fond de sa pensée.

Dans tous les cas, elle était sûre et certaine qu'il mènerait une carrière aussi belle que brillante. Elle lui faisait confiance pour cela. Elle le connaissait assez, pensait-elle, pour savoir qu'il avait de la ressource.

-Je suis sûre que tu auras une belle carrière, assura-t-elle alors.

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una afficha un simple sourire quand son interlocuteur la remercia. Il n'avait pas vraiment de raisons de le faire, tout comme elle ne considérait pas qu'elle était vraiment gentille. Pas méchante non plus, bien sûr, juste sincère. Certains utilisent des compliments à tout bout de champ avec pour seule intention de brosser l'autre dans le sens du poil, et une autre intention, pure en elle-même, de ne pas blesser son interlocuteur.

Luna, elle, péchait bien souvent par sa trop grande franchise (même si elle avait menti dans des proportions conséquentes depuis les débuts de son voyage temporel, plus qu'elle n'avait jamais menti de toute son existence), alors si elle encourageait Lyall et exprimait son enthousiasme face à ses projets, c'est que c'était au-delà d'honnête. En même temps, il faudrait vraiment être idiot ou cruel pour vouloir émettre des réticences face aux ambitions de Lyall Lupin. Il savait où il allait, il savait ce qu'il voulait, et de toute évidence, il avait tous les moyens et toutes les aptitudes pour réussir. A partir de là, il n'y avait pas à se poser davantage de questions, tout se passerait bien évidemment au mieux pour lui, même si on est, évidemment, jamais à l'abri de mauvaises surprises, indépendantes de la volonté de qui que ce soit.

-Merci, répondit-elle à son tour quand son interlocuteur répondit à son tour qu'elle aussi ménerait une belle carrière.

C'est ce qu'elle pensait aussi, en toute humilité. Et elle ne prononçait pas ces mots par vantardise. Même si la situation l'obligeait à bien d'autres priorités, elle gardait tout de même en elle un sincère fond d'optimisme, elle pensait réellement qu'elle finirait par trouver un équilibre dans son existence, et à mener la carrière qu'elle désirait. Elle pourrait à son tour voyager, explorer, faire le tour du monde ou bien tout ce qui serait bel et bien susceptible de l'aider et de l'encourager.

-On verra bien, pour l'instant, je dois déjà me faire à l'idée que je ne retournerai pas à Poudlard à la rentrée.

Et elle se disait que son interlocuteur, de son côté aussi, devait penser la même chose. C'est que Poudlard déterminait tout de même à une longue période de leur vie quoi qu'il en soit. Mais en plus, pour elle, un départ de Poudlard avait de très nombreuses autres connotations, et elle ne pouvait pas prétendre  se sentir de taille face à tout cela.

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a perspective de ne plus revenir du tout à Poudlard (même si rien ne garantissait qu'au terme de son voyage temporel elle ne soit pas contrainte d'y retourner... en fait, c'était même sûr qu'il leur faudrait reprendre la vie à la date où ils étaient partis.. ce qui serait aussi étrange que complexe étant donné que Luna avait vraiment le sentiment de ne plus du tout être l'adolescente de quatorze ans qu'elle était quand tout avait commencé) avait quelque chose de particulièrement effrayant, c'est une certitude. Depuis que Luna avait mis les pieds dans cette époque, et quoi qu'il ait pu arriver (et il s'en était passé, des choses), l'école de magie était restée son point d'ancrage, et ça avait été pour elle quelque chose de rassurant. Même quand tout allait au plus mal, elle gardait ce point de repère, une repère familier et réconfortant.

Et au-delà de tout cela, bien sûr, Luna était tout simplement attachée à l'école de magie comme pouvait l'être n'importe qui qui y avait étudié. Ce n'était pas pour rien s'il était si répandu de dire que Poudlard était l'une des meilleures écoles de magie. Elle laissait dans l'esprit de ses anciens élèves un souvenir attendri et impérissable. Peut-être était-ce une forme particulière de magie à laquelle on les soumettait tous alors ? Cette pensée était quelque part assez amusante aux yeux de la bleue et bronze, elle ne serait pas vraiment surprise qu'il y ait un fond de vérité là-derrière.

-Oui, il faut dire adieu, observa-t-elle, songeuse, c'est comme ça.

C'était dit sans défaitisme, mais c'était un constat. On pouvait s'attacher très fort à une chose ou à une personne, ce n'était pas pour autant que cette chose ou cette personne nous appartenait. Et à un moment ou à un autre, le constat en devenait si flagrant qu'il ne restait plus rien à faire si ce n'est de l'accepter avec une certaine philosophie. Ce n'est pas pour autant que c'était moins difficile, que ça faisait moins mal, mais au moins, on cessait de courir après ce qui nous avait déjà filé entre les doigts et on acceptait de se concentrer sur d'autres choses, importantes elles aussi.

-On pourra continuer de se voir ? J'aime bien parler avec toi, ajouta-t-elle, un peu surgi de nulle part, mais spontanément.

Luna connaissait de l'amitié la valeur... Elle aimerait continuer d'avoir des nouvelles de Lyall, même à distance.

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i Lyall avait décidé de ne pas garder contact avec elle, Luna ne le lui aurait pas reproché. La jeune femme aurait été assez malheureuse de perdre une amitié qu'elle appréciait vraiment beaucoup, mais elle aurait compris. L'on disait que beaucoup d'amitiés ne survivaient pas à l'entrée dans la vie active, après tout, et puis, certaines personnes pouvaient bien avoir envie de ne plus lui parler, tout simplement, ce n'était pas compliqué. Et elle préférait qu'on le lui fasse comprendre ou même qu'on le lui dise sincèrement plutôt que de la mener en bateau. Elle était tout à fait capable d'entendre ce genre de choses, et elle accordait une grande importance à la sincérité. C'était même à ses yeux une vertu essentielle. Alors oui, ce qui comptait surtout, c'était que son interlocuteur lui réponde honnêtement.

Et elle avait le sentiment que c'était ce qu'il faisait tandis qu'il lui assurait qu'il n'avait pas eu l'intention de perdre contact avec elle. La jeune femme esquissa un sourire, ravie. Bien sûr, tout ne dépendrait pas de l'intention de l'un ou de l'autre, puisqu'au bout du compte, ce serait Luna qui n'aurait d'autre choix que de retourner dans son époque (si elle finissait par rentrer un jour, du moins, et il est vrai qu'il arrivait parfois à la voyageuse temporelle de douter). En tout cas, c'était appréciable de savoir que le sentiment d'affection (amical, s'entend bien) qu'elle ressentait pour Lyall était réciproque. Il n'avait pas été si rare qu'elle s'attache à des personnes qui de leur côté, au mieux, la toléraient. Elle en avait conscience et elle s'en contentait. Mais il est vrai qu'une amitié réciproque avait tout de même plus d'attrait. Et elle avait presque le sentiment que toutes les amitiés gagnées au fil du temps n'étaient en fait pas mérité tant elle avait eu de chances d'en vivre autant depuis son changement d'époque.

-Merci, c'est gentil de dire ça, répondit-elle toujours avec la même sincérité désarmante. Je t'écrirai, alors.

Elle ne pouvait pas lui donner son adresse. Rejoindre ses camarades, c'était aussi accepter une certaine forme de clandestinité. Pour autant, elle n'avait aucune envie de rompre le contact.

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una aurait peut-être mis en doute les propos de son interlocuteur s'il avait dû s'agir de quelqu'un d'autre que Lyall. Tout comme elle était habituée aux quolibets et aux remarques déplaisantes, elle était également coutumière aux remarques qui se voulaient sympathiques mais étaient surtout là pour éjecter une conversation ou dissimuler un malaise. Lyall, lui, n'avait jamais été dans aucune de ces deux catégories, et c'était pour cette raison qu'elle l'appréciait autant. Même au tout début, il ne s'était pas laissé rebuter par son étrangeté, il avait appris à mieux la connaître, tout simplement.

Alors oui, elle voulait bien croire qu'il était totalement honnête envers elle. Cela dit, être honnête ne l'empêchait pas d'être gentil pour autant, et la jeune femme considérait vraiment qu'on faisait difficilement plus sympathique et ouvert d'esprit que le jeune homme qui lui faisait face. La compagnie de personnes comme lui faisaient réellement un bien fou au moral. Elle ne reprocherait certainement pas à ses amis les plus proches de ne pas être ainsi, bien sûr, ils avaient toutes les raisons du monde d'être plus sombres... et elle aussi avait un peu changé depuis les débuts de son voyage temporel. Quoi qu'il en soit, Lyall était à la fois gentil et sincère, tout simplement, et c'était tout à son honneur, sans l'ombre d'un doute.

-Je le ferai, lui assura Luna avec le sourire.

Et elle comptait bien s'y tenir et le faire bel et bien. Bon, dans les faits, elle ne savait pas réellement si ce serait effectivement possible, si elle serait en mesure de lui écrire comme elle le voudrait sans mettre tout le monde en difficulté... Elle ne savait pas davantage combien de temps saurait durer cette éventuelle correspondance, puisque tout ça lui échappait forcément, et dans les grandes largeurs. Si elle devait retourner un jour dans cette époque, il faudrait qu'elle songe à lui écrire pour s'excuser de ce silence-radio. Même s'ils étaient loin d'en être là encore... et peut-être qu'ils n'en seraient jamais là d'ailleurs.

-Tu vas habiter où maintenant ? Toujours chez tes parents ?

S'il avait trouvé un stage, peut-être serait-il tenté de se rapprocher de son lieu de travail (même si avec le transplanage, tout le monde restait plus ou moins proche de son lieu de travail), ou peut-être souhaitait-il tout simplement s'émanciper de ses parents ? Un désir légitime à leurs âges (même si Luna, de son côté, donnerait tout pour retrouver son père).

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a réponse de Lyall n'avait pas grand-chose de surprenant aux yeux de Luna, et elle s'y était attendue, forcément... Même s'il y en avait certains pour prendre leur indépendance directement à leur sortie de Poudlard, beaucoup de jeunes adultes attendaient d'avoir une carrière (ou un mariage...) bien établie avant de sauter ce pas spécifique. Et dans le cas de Lyall, c'était d'autant plus probant qu'il se devait de mettre de l'argent de côté... ce qui était assez récurrent aussi. Lyall avait la tête sur les épaules... Luna ne pouvait pas forcément en dire autant d'elle-même, mais elle appréciait ce genre de personnalités, elle les trouvait... réconfortantes.

Dans tous les cas, il était assuré que le jeune homme trouverait sa voie à un moment ou à un autre quoi qu'il en soit, et quand biendrait le moment de voler de ses propres ailes, il parviendrait certainement à sauter le pas avec assurance et dignité, sans l'ombre d'une hésitation. Il n'avait définitivement pas à s'en faire, de cela tout du moins elle était convaincue. Elle était certaine que le jeune homme s'en sortirait à la perfection, ça ne faisait aucun doute à ses yeux.

Bien sûr, elle ne savait pas comment étaient les parents du jeune homme, elle savait pertinemment que tout le monde n'avait pas la chance de naître au sein de foyers aimants ou unis (Harry lui avait donné un très bon exemple sur ce point), mais elle avait tout de même le sentiment que Lyall était bien entouré et n'avait pas à se plaindre de ce point de vue. Aussi, elle doutait fort qu'ils laisseraient leur fils leur échapper de sitôt, en tout cas pas immédiatement.

-Je pense que tes parents auront plutôt envie de te retenir le plus longtemps possible, dit-elle dans un fin sourire.

Ou pas, elle n'en savait rien. Mais forcément, en prononçant ces mots, Luna ne savait s'empêcher de penser à son propre père, et elle était convaincue que ce dernier préfèrerait la retenir à ses côtés que de la voir s'en aller, même si au fond, il serait heureux de la voir quitter le nid si c'était pour s'engager sur une voie qui lui plaisait vraiment. Enfin, tout cela, elle ne pouvait bien sûr que le présumer. Quoi qu'il en soit, son père était bien loin d'elle à l'heure actuelle...

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isiblement, ou du moins Luna le devinait-elle au fin sourire de son interlocuteur, elle avait vu juste en ce qui concernait les parents de Lyall. En même temps c'était sans doute le cas de beaucoup de parents. Il n'était jamais facile, sûrement, de voir son enfant mettre un pied dans le monde des adultes et disparaître progressivement. On passait de tout à rien : un jour, on avait son enfant chez soi tous les jours, le lendemain, on attendait de ses nouvelles sans savir quand elles adviendraient...

Mais Luna n'était pas forcément une référence en la matière, et en avait entièrement conscience. La relation qu'elle entretenait avec son père n'avait pas grand-chose à voir avec celle que beaucoup d'enfants entretenaient avec leurs parents. Elle était sûrement... bien trop fusionnelle pour ça, disons. Il avait fallu du temps à Luna pour parvenir à se détacher un peu de la pensée de son père (le fait d'avoir connu Poudlard et la distance aidait quand même un peu, il faut le dire), mais elle pensait quand même à lui très souvent... Même si techniquement, il n'existait même pas encore à l'heure actuelle.

-Sauf les pryscées à plumes courtes, ils restent avec leurs parents jusqu'au bout.

Et parfois, il y avait dix générations de pryscées collées les unes aux autres. Enfin ça, c'était si on supposait que les pryscées à plumes courtes existaient, ce qui n'était pas certain... en fait, il était davantage certain qu'ils n'existaient pas, puisque ce spécimen n'avait été entraperçu qu'une seule fois au douzième siècle... Mais Xenophilius Lovegood gardait une plume multicolore du précieux volatile dans son bureau et paraissait entièrement sûr de lui. Alors évidemment, Luna, de son côté, ne saurait se permettre d'en douter pour sa part. Dans tous les cas, ce n'était qu'une simple observation comme il arrivait à Luna d'en faire tant d'autres. Elle ne servait pas de contre-exemple concret ou quoi que ce soit. C'était plus... un agrément à la conversation sans circonstances particulières.

-Mais ce n'est sûrement pas pour rien qu'ils sont très rares.

Et là, on se rapprochait davantage d'une réponse en lien direct avec la conversation qu'ils étaient en train d'avoir. De manière générale et sauf exception, oui, l'oiseau devait quitter le nid. Et c'était une très bonne chose.

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