Ses petites ailes frétillent entre ses doigts et chatouillent doucement sa paume. Cette douce sensation, un  moment grisant qui lui vide le cerveau et lui fait oublier tout le reste. Le temps d'un match, comme à chaque match, plus rien n'a compté. Juste le terrain, ses yeux perçants qui scrutaient l'horizon verdoyant, l'analyse du jeu, écouter l'arbitre, et toujours, la quête de cette petite sphère dorée, vive, qui ne cesse d'échapper à votre regard. Les deux heures du match sont passées comme des minutes, et le coup de sifflet tombe, annonçant la fin. Elle n'en revient pas. Ils ont gagné.

Une victoire superbe, écrasante, que toute l'équipe va sûrement s'empresser de célébrer. Elle, elle a du mal avec ces célébrations. Elle ne se sent jamais à sa place dans les fêtes, les soirées, mais peu importe. Ses pieds se posent au sol : ça crie, ça se bouscule, ça exprime sa joie, elle se joint à la fête, presque avec automatisme, puis se laisse entraîner jusqu'aux vestiaires.

Les vestiaires, c'est sa hantise. Parce qu'elle n'est pas confortable avec son propre corps, déjà. Mais pas juste ça. La pudeur n'existe pas dans cette pièce, et elle, elle détourne constamment les yeux, et quand son regard se pose sur elle, c'est juste... tellement plus difficile... Elle est magnifique, parfaite, attirante. Elle non plus, elle ne se fond pas dans le moule. Mais d'une autre manière, elle, elle l'exprime, elle le revendique, elle prend de la place, elle le montre. Elle est... exceptionnelle.

Une fois convenablement lavée et rhabillée, elle décide de quitter les vestiaires, prendre un peu l'air. On ne l'invite à prendre le verre de la victoire, elle dit qu'elle est fatiguée et qu'elle préfère se reposer un peu. En fait, elle ne sait pas ce qu'elle va faire de sa soirée. Peu importe. Dehors, elle tombe nez à nez avec elle. Gwendolyn. Passer à côté d'elle et se taire ? Non, elle a envie de lui dire quelque chose, juste pour... s'autoriser à passer du temps en sa compagnie. Si elle doit se faire envoyer sur les roses, c'est tant pis, au moins, il y aura eu ces quelques secondes. Et ce sera déjà bien.


Elle se mordille la lèvre, elle n'a rien trouvé de moins idiot et de moins convenu, mais au moins, elle a dit quelque chose, et elle n'a pas bredouillé. Ce n'est pas trop mal.

Codage par Libella sur Graphiorum

Bon, ça a été laborieux, comme match De mon point de vue, du moins. On est peut-être des Harpies, mais les joueurs de l'équipe adverse, pour leur part, étaient de véritables furies, et les batteurs notamment couraient après les cognards comme un attrapeur après le vif d'or, j'ai passé plus de temps en défensive qu'en attaque, ce qui ne m'arrive quasiment jamais en temps normal, et je dois bien avouer que c'était épuisant, même si je m'en suis visiblement bien sorti étant donné que toutes mes coéquipières s'en sont sorties en un seul morceau. Pour le reste, notre score a vraiment été honorable, et ça m'a fait du bien de gagner, surtout après notre défaite contre les Busards (dont je sais que je vais entendre parler beaucoup trop longtemps, c'est bien le souci.

J'ai pris une longue douche et je me suis habillée. Je n'irai pas célébrer notre victoire avec le reste de la team. L'esprit d'équipe et moi, ça a toujours fait mille, faut bien le dire. Et c'est pas demain la veille que ça risque de changer. Je serai bien seule à me siffler une bouteille de champagne seule dans ma chambre d'hôtel. Mais avant toute chose, une clope. Je tire ma première latte dans un soupir de satisfaction. C'est à ce moment-là que Griffiths sort des vestiaires, je n'ai pas l'intention de faire autre chose que l'ignorer, comme d'habitude... Mais il faut croire que l'attrapeuse a trouvé l'usage de la parole, puisqu'elle a l'air de vouloir m'imposer une conversation.

Je hausse les épaules. Je suis sûre que du point de vue du public ça a dû être un beau match, parce qu'il a été relativement serré jusqu'à la dernière minute. Mais de mon point de vue, ça a été épuisant, rageant, et pas forcément très valorisant. Alors honnêtement, beau match, beau match.

Mouais... un peu longuet, si tu veux mon avis, je lui réplique pour le seul plaisir de lui être désagréable. J'ai rien de particulier contre elle, c'est juste qu'elle me fatigue, avec ses yeux de chien battu. On ne pourrait pas être plus aux antipodes, toutes les deux. T'as vraiment pris mille ans à l'attrapper, ce putain de vif d'or.

Codage par Libella sur Graphiorum

Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle s'est donnée autant de mal, en réalité. Elle ne sait pas pourquoi elle a ne serait-ce qu'essayé, alors qu'elle savait pertinemment que ça ne mènerait nulle part. Depuis qu'elles se connaissent, Gwen n'a jamais eu un compliment, un mot d'encouragement à l'adresse de sa coéquipière, rien que des insultes, des mépris ou des réprimandes. Vraiment rien d'encourageant. Il faut croire qu'elle est masochiste. Parce qude quand elle la voit, son coeur fond tout de même, alors qu'elle sait bien que c'est absolument n'importe quoi, que ça devrait ne lui faire ni chaud ni froid. Elle a essayé, le résultat est là. L'avantage, c'est que puisque s'il ne l'étonne pas, même s'il la blesse forcément un petit peu, elle ne se sent pas non plus complètement dévasté.

Un peu longuet, lui répond-elle, et Glynnis n'ira pas la contredire, puisqu'elle est effectivement du même avis. Elle n'a pas bien géré son coup, elle en est parfaitement consciente, même si cela lui déplaît vraiment... Elle aimerait être plus forte, elle voudrait être plus irréprochable, mais elle ne l'est pas. Elle le regrette, mais c'est ainsi, et il faut bien qu'elle accepte les réprimandes qu'elle estime justifiées. Elle est passée à côté de belles occasions, et elle le sait pertinemment.
Sa voix tremble légèrement. Elle sait qu'elle ne doit pas dire ce genre de chose, mais elle n'y peut rien. Elle a envie de la rendre heureuse, elle a envie de lui plaire, elle a envie d'instaurer une sorte de... complicité, entre elles. Elle n'y arrivera pas, parce qu'elle a échoué à chaque fois. Mais elle renouvelle la tentative malgré tout. Elle paiera peut-être un jour. Mais elle ne paiera en fait sans doute jamais. Jamais...

Codage par Libella sur Graphiorum

Si y a bien un truc que je déteste, c'est les chouineuses. Et bon sang, ce qu'elle peut chouiner, la Glynnis. C'est à longueur de temps, je vous jure. Insupportable, quoi. On lui fait un reproche, qu'il soit justifié ou non, elle est même pas fichue de se chercher des excuses ou d'au moins se justifier. Je dis pas, j'aime pas non plus les gens qui assument pas leurs erreurs. Mais elle a une de ces façons de se répandre en excuses, là, constamment, c'est insupportable. Tout le temps là quand il s'agit de se rabaisser ou de n'en faire qu'à sa tête, tout le temps là pour s'excuser et se laisser traiter comme de la merde.

Y a des gens qui sont nés pour être des victimes. Et c'est pas aux autres de les aider à se sentir mieux dans leur peau. Non. C'est à eux et à eux seuls de prendre leurs responsabilités et de se faire pousser une paire des couilles. Les victimes comme Glynnis, je les vois comme elles sont et je les traite comme telles. De pures victimes. Peut-être que j'aurais eu plus d'affection et de respect pour ma coéquipière si elle ne s'écrasait pas sous ma semelle quoi que je fasse, mais je constate qu'elle n'arrange juste pas son cas. Et elle me soule.

Ouais, je sais, je réplique sans chercher à faire montre d'une humilité que je ne possède pas.

Oui, j'ai été parfaite, évidemment que j'ai été parfaite. C'est à ça que je sers, et si mon jeu n'était pas à ce point excellent, je vous garantis que ce serait un beau bordel pour tout le monde, et les Harpies n'auraient pas de tels scores. Je dis pas que toutes les autres sont nulles, d'ailleurs Glynnis se défend bien, mais... Je suis la meilleure, c'est comme ça.

T'as quelque chose à me demander ou tu me lèches le cul juste pour le plaisir ?

Je dis ça au sens figuré, hein, je vous rassure tout de suite. Mais je trouve ça suspect. D'habitude, mes coéquipières me lancent pas de fleur, et Glynnis me parle presque jamais, à croire que je lui fais peur. Donc je me pose des questions, forcément.

Codage par Libella sur Graphiorum

Quand on entend les paroles que Gwen ose prononcer à l'adresse de Glynnis, combien elle se montre dure envers elle, il y a de quoi se demander pourquoi Glynnis s'attache tant à une femme qui a tout pour empoisonner ses rêves et son moral. Mais ce que Glynnis discerne dans les paroles de Gwen, c'est tout ce que les autres n'entendront jamais : elle entend les paroles d'une femme volontaire, ferme, qui n'a pas sa langue dans sa poche.

Elle aime la confiance qu'elle possède en elle-même, cette confiance dont Glynnis, de son côté, manque clairement terriblement. Elle aime qu'elle se montre aussi déplaisante et incisive... pas parce qu'elle apprécierait se faire insulter ou quoi que ce soit du genre, elle n'est pas du tout masochiste. Mais parce qu'elle admire ce tempérament ô combien volcanique et enflammé.

Elle fait vivement "non" de la tête en entendant la question de Gwen. En même temps, c'est sûr qu'elle ne serait pas allée répondre "oui". ce même si ce "oui" effleure sa pensée, parce qu'il y a de ça quand même. Elle a envie d'entrer dans les bonnes grâces de Gwen, mais en même temps, elle ne voudrait pas qu'elle change pour elle non plus. Elle s'est tiré dans le pied, tout simplement.

"N..Non c'est pas ça, c'est juste que je trouvais que... Enfin, tu as vraiment été bien, c'est tout..."

Elle se sent vraiment rougir, et elle se sent franchement bête. Elle ne sait vraiment pas quoi dire au bout du compte, parce que tout ce qu'elle pourrait dire de vraiment sincère serait bien évidemment malvenu. Plus que malvenu, même, ce serait particulièrement désagréable. Elle ne sait pas comment faire pour que la conversation ne s'interrompe pas d'un coup sec. Elle tente du mieux qu'elle peut de capter l'attention de Gwen, et ce n'est pas quelque chose de vraiment simple tous les jours.

"En fait j... je t'admire."

Codage par Libella sur Graphiorum

Honnêtement, Glynnis, je pourrais presque la prendre en pitié. J'ai pas un caractère facile, on va pas faire semblant de pas le savoir, mais je suis pas du genre à vouloir écraser les autres pour m'imposer, non, c'est définitivement pas mon truc, j'aime pas les laissés pour compte, et j'aime pas l'acharnement gratuit.

Pourtant, c'est ce que je donne l'air de faire avec notre attrapeuse, je sais. Mais c'est son tempérament, là, qui m'énnerve. Faut qu'elle se sorte les doigts et qu'elle se bouge, un peu, la cocotte. Moi je peuxc pas faire des miracles. Ca sert fichtrement à rien que je la couve comme un petit bébé, cette gamine (ouais, ouais, on a sensiblement le même âge, et alors ?), ça va juste la convaincre du fait que c'est une bonne chose d'agir comme elle le fait, de se laisser dominer par les autres en fermant son clapet au maximum et en léchant l'arrière-train. Elle arrivera rien avec une telle mentalité, c'est tout. Et moi, du coup, je fais ce qu'il faut pour la secouer, même si ça a quand même l'air moyen efficace quand on l'écoute, j'avoue. C'est même assez blasant à entendre de mon point de vue je vais pas vous le cacher.

Ouais, ouais, j'ai été bien, et je crache pas sur un compliment, mais ce serait quand même mieux de m'apprendre des trucs que je sais pas déjà, tant qu'à faire, non ? Je sais pas, y a un truc, chez Glynnis, quand elle me parle et quand elle me regarde, limite ça me mettrait mal à l'aise. Soit elle est fausse avec moi et ça me soule, soit elle est fan de moi et faut vraiment qu'elle se calme. Qu'elle se concentre sur son vif d'or, hein, perso ça m'arrangerait. Et voilà, qu'elle en rajoute une couche en me disant qu'elle m'admire. Non mais vraiment, ça devient lourdingue, là.

C'est ça, ouais..., je grimace. Ecoute, t'as pas besoin de me baratiner pour te faire au moins une pote dans l'équipe. Si vraiment tu veux bien te faire voir du reste des Harpies, va plutôt voir du côté des autres bêcheuses, ça te fera gagner du temps. Et arrête d'avoir l'air de t'excuser chaque fois que tu dis trois mots. Je te jure, c'est chiant et ça me met mal à l'aise.

Codage par Libella sur Graphiorum

La réponse de Glynnis est cinglante est douloureuse, mais pas étonnante pour un sou, à vrai dire. glynnis l'a su dès le départ. Gwendolyn Morgan est imperméable au moindre compliment, au moindre éloge, c'est pour ainsi dire dans sa nature, et Glynnis ne le découvre pas, elle l'a toujours plus ou moins su. Ce n'est pas pour autant que c'est plaisant de l'observer, mais ça reste un constat qu'elle n'a que pu faire et que les circonstances confirment. Gwendolyn possède une très grande confiance en elle-même, et c'est en partie cette assurance qui plaît tant à Glynnis chez elle en vérité. C'est une fille sûre d'elle, qui a des opinions tranchées c'est entendu, mais qui au moins est du genre droite dans ses bottes. Tout le monde ne peut pas forcément en dire autant. Glynnis compris. Gwen est tout ce qu'elle n'est pas. Et elle l'adore pour ça.

Glynnis ne la baratine pas, mais elle comprend le point de vue de sa coéquipière, qui doit voir dans son attitude le comportement d'une fille sacrément désespérée, qui cherche à attirer l'attention à tout prix. Ce n'est pas ce que la jeune femme s'estime être, mais elle peut bien admettre que c'est ce qu'elle doit refléter. Cela dit, elle s'en fiche de s'intégrer parmi les Harpies. Elle voudrait que l'ambiance soit meilleure, elle ne va pas prétendre, l'inverse, mais quand même, elle ne va pas faire semblant, et puis elle a du mal à aller vers les autres. Les efforts qu'elle fait pour discuter avec Gwen, même si c'est pour se faire envoyer promener, c'est son maximum, vraiment.

"Pardon... je veux dire..."

Et voilà qu'elle s'excusait de s'excusait. C'était un cercle vicieux, c'était sans fin. Elle aimerait jouer les hautaines et les indifférentes comme Gwen parvient si efficacement à le faire, mais c'est un jeu auquel elle ne sait pas réellement jouer. Avec elle, ça sonne toujours faux, ça ne fonctionne pas. Quelque chose cloche, quelque chose détonne, c'est un fait.

"Tu devrais... peut-être accepter les compliments au lieu d'envoyer balader ceux qui t'en font..."

Elle le regrette aussitôt, elle se dit qu'en lui parlant comme ça, elle a peut-être plus de chance de l'intéresser... mais elle s'en veut quand même. Ce n'est pas son genre de s'exprimer ainsi.

Codage par Libella sur Graphiorum

Et voilà qu'elle s'excuse encore une fois. Elle a vraiment décidé de me taper sur les nerfs, ce n'est pas possible autrement. Il faut le faire, tout de même, pour s'excuser juste après que j'ai expréssement demandé, et sans aucune confusion possible, qu'elle ne s'excuse plus. Je ne sais pas s'il lui manque une case ou si elle aime juste provoquer ma plus totale exaspération, mais dans un cas comme dans l'autre, elle réussit son coup, elle me soule. Rien de personnel contre elle, ceci dit. Tout, absolument tout, me soule, c'est un genre de seconde nature chez moi et je peux juste pas lutter contre, j'ai pas envie de faire cet effort. Et je n'estime pas que des personnes telles que Glynnis Griffiths ici présente méritent réellement cet effort par ailleurs. Je compte ne rien répliquer du tout, juste lever les yeux au ciel, mais elle enchaîne presqu'aussitôt.

Et je ne m'attendais pas à celle-là, pour le coup. Elle se rebellerait presque, la petite Glynnis, on dirait. Pas de quoi faire tout un foin je vous l'accorde, mais de sa part, je vous avoue que ça m'étonne tout de même sacrément. Sérieusement, de quoi je me mêle ? Je fais encore ce que je veux ! Et je peux bien réagir comme je l'entends, ça me regarde. J'ai même envie de penser que ça ne regarde que moi. Donc si ça lui plaît pas, c'est ses affaires à elle, mais qu'elle ne s'attende pas à ce que je change pour ses beaux yeux. Soyons clairs et nets tout de suite : ça n'arrivera juste pas, jamais, même dans un milliard d'années. Dans un milliard d'années, je serai morte de toute façon.

Je fais encore ce que je veux, je réplique d'un ton agacé. J'en ai rien à foutre, moi, de tes compliments, j'en ai rien à battre de ton opinion, je t'ai rien demandé.

Comment entretenir la bonne entente et l'esprit de fraternité au sein de l'équipe : on peut compter sur moi pour ça, je suis une championne dans le domaine. Dès qu'il est question de diplomatie ou de mettre de l'eau dans son vin, je suis là.

En même temps, c'est dégueu le vin coupé avec de l'eau, faut me comprendre aussi !

Codage par Libella sur Graphiorum

La réponse de Gwendolyn est entièrement fidèle à ses habitudes : vive, tranchante, désagréable. Elle ne cherche pas à ménager Glynnis, elle ne cherche pas à corriger son tempérament en admettant qu'elle est peut-être allée trop loin, d'une façon ou d'une autre. Au contraire, elle se braque d'autant plus. En vérité, Glynnis l'avait vu venir. Au moment même de prononcer les mots qu'elle avait prononcés, elle les avait immédiatement regrettés. Ce n'est pas ce qu'elle avait voulu.

Elle voulait rentrer dans les bonnes grâces de Gwendolyn et à la place, elle agissait totalement en contradiction. Elle se met à elle-même des bâtons dans les roues. C'est vraiment quelque chose de pathétique. Mais Glynnis sait qu'elle se montre assez souvent pathétique, et très spécifiquement, plus encore qu'en temps normal en tout cas, quand elle se trouve face à son interlocutrice. Au lieu de l'impressionner, elle s'enfonce, c'est horrible.

Et presqu'aussitôt, elle réalise qu'elle s'est de nouveau excusée, une fois de plus. Elle doit vraiment travailleur là-dessus. Ce n'est absolument pas comme ça qu'elle va avancer. Mais les mots sont sortis directement de ses lèvres.

Quoi qu'elle puisse dire ou faire dans tous les cas, ça ne changerait rien malgré tout et Glynnis le sait. Elle le sait particulièrement bien. Mieux que personne, parce qu'elle n'en est pas à son coup d'essai. Malgré tout, ça a été plus fort qu'elle en fin de compte... Et oui, elle voudrait vraiment que, un jour, l'un de ses compliments fasse mouche, que Gwen se sente sincèrement touché par ses paroles, qu'elle pose sur elle un regard nouveau.

Elle ne s'attend pas à ce que Gwen tombe soudainement amoureuse d'elle, elle n'est pas à ce point désespérée non plus. Elle voudrait juste lire du respect, de l'estime... voire même, on peut rêver, de l'affection dans ses prunelles. Pour elle, ça vaudrait tout l'or du monde, réellement. Mais elle devrait y renoncer. Totalement, avant d'être blessée pour de bon, et sans aucun retour en arrière possible. Elle n'en est peut-être pas capable. Elle tient trop à Gwen pour cela.

Codage par Libella sur Graphiorum

Et elle s'excuse encore... j'y crois pas... Vraiment, elle est pas possible, cette fille. Si la réincarnation existe, je suis sûre qu'elle se réincarnerait en paillasson quoi qu'il puisse advenir. Je n'aime pas du tout sa façon de faire. Je suis sûre qu'elle en rajoute. Je pense qu'elle est d'un naturel doux et précieux, certes, mais que dans des situations comme ça elle s'en sort. En bref, Glynnis est une actrice.

Dans le monde du Quidditch, il n'y a que des acteurs. C'est clair et net, c'est juste comme ça. Elle veut se rattraper, d'accord, elle doit juste ne pas supporter les reproches, tout simplement. Et c'est la vérité. Oui, d'accord, je le pense aussi, c'est effectivement la vérité, je suis une excellente joueuse, et j'ai tout donné. Mais j'ai pas besoin qu'on me caresse dans le sens du poil pour savoir qui je suis et ce que je vaux. Bon, bref, on ne va pas débattre mille ans de suite. On arrive jamais à avoir de conversation simple et construite, toutes les deux.

Nos caractères sont incompatibles. Nos postes chez les Harpies font que la communication entre nous n'a besoin de se faire que dans une moyenne mesure, tant qu'à faire. Alors on peut en rester là. Je n'estime pas du tout que nos relations aient besoin d'être agréables ou cordiales, je pense même que ce n'est pas du tout le cas. Je ne veux pas faire de quartiers à Glynnis. Je ne veux rien lui laisser passer, et plus elle s'évertuera à vouloir se faire pardonner, mieux ce sera.

Ben écoute, si tu m'admires, c'est bien, qu'est-ce que tu veux que je te dise ? je soupire, claquant ma langue avec un léger agacement.

Il y a beaucoup de gens qui m'admirent, autant qu'il y en a qui me détestent. C'est pas ce qui va changer ma vie. Peut-être que je devrais lui rendre la pareille de mon côté, je sais pas trop... Mais je ne vais pas me forcer non plus. Oui, je trouve qu'elle est une bonne joueuse même si je ne vais pas m'amuser à lui vouer un culte non plus.

T'as fini de me lécher le cul, maintenant, ou je peux avoir la paix ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Dire tout haut "je t'admire", penser tout bas "je t'aime" et dans les deux cas se manger des coups, voilà où Glynnis en était à l'heure actuelle. La jeune femme ne pouvait pas prétendre s'étonner ou tomber de haut malgré tout. Elle ne s'était pas attendue ne serait-ce qu'un seul instant à ce que les choses se passent différemment. Même si elles n'étaient pas aussi proches que Glynnis le désirerait, même si elles n'étaient pas proches du tout, la joueuse de Quidditch avait eu l'occasion de l'observer, de la considérer, de l'analyser... ce qui l'avait attirée d'autant plus. Alors elle savait bien que sa réponse ne pouvait susciter qu'une seule sorte de réaction chez son interlocutrice... Elle s'était attendue à son comportement, et c'était tout.

Oui, si elle l'admirait, c'était bien... Au fond, Glynnis se le serait bien épargnée au bout du compte. Elle aurait moins mal. Elle restait impassible, elle contenait ses larmes, mais en vérité, elle se sentait honnêtement très, très mal. Elle n'apprenait rien, mais être une fois de plus rejetée par une personne qui comptait tant pour elle restait une expérience franchement douloureuses. Il n'y avait rien à dire, c'est qu'il n'y avait rien à dire en réalité. Il fallait juste qu'elle s'en aille, qu'elle prenne une grande inspiration, et qu'elle ronge son frein jusqu'au prochain match, qui les obligerait une fois de plus à discuter ensemble.
Elle avait baissé les yeux, elle ne voulait plus croiser son regard, et pourtant, une part d'elle avait envie de plonger ses yeux dans les siens. Elle avait toujours ce genre de sentiments profondément contradictoires quand elle était en présence de Gwen, et il y avait peu de chances pour que ça change.

La jeune femme fourra le reste de ses affaires au fin fond de son sac et, sans ajouter le mondre mot, en baissant les yeux toujours sur ses chaussures, elle quitta la pièce. Il valait mieux que ça s'arrête là. De toute manière, ça ne menait nulle part. Comme d'habitude, ça ne menait nulle part. Elle le savait, et il lui faudrait se raisonner, et pourtant, elle ne le faisait pas.

Codage par Libella sur Graphiorum