Les affaires de famille [pv Rhian :33]

Une affaire de famille

P

ollux n'était peut-être pas l'homme le plus affectueux et le plus démonstratif que l'on puisse imaginer, mais il restait quoi qu'il en soit un homme soucieux de ses proches, ou en tout cas de ceux qui constituaient sa famille, et c'était une chose qu'on ne pourrait pas lui ôter (exception faite de Marius, bien évidemment, mais aux yeux de Pollux, il ne comptait pas réellement, dans tous les cas, ou du moins il avait cessé de compter il y a bien longtemps, et il n'existait plus à ce jour). Il prenait soin de son clan et s'assurait qu'il ne manque de rien. C'était chose importante pour lui, une règle à laquelle il ne dérogeait pas, à laquelle il ne dérogerait jamais.

C'était donc pour lui chose tout naturel que de prendre régulièrement des nouvelles de ses soeurs, et il n'était pas rare qu'il vienne rendre visite à Cassiopeia ou à Dorea sur son temps libre... et ce n'était pas un moindre luxe, pensait-il, surtout dans le cas de l'aînée de ses soeurs, qui lui paraissait de plus en plus secrète et distante sans qu'il soit à même de comprendre véritablement quelles en étaient les raisons précises (mais il était convaincu d'y parenir un jour). Ce jour-ci, c'était à Dorea qu'il était venu rendre visite, et il était impatient de la voir. Sans faire dans les grandes effusions, il était tout de même toujours ravi de passer du temps avec sa petite soeur, surtout qu'ils n'avaient pas eu l'occasion de parler depuis un moment.

Il ne s'était pas annoncé, ce n'était pas forcément dans ses habitudes, mais il avait eu une course à faire non loin, et il avait choisi d'en profiter pour faire un crochet par chez Dorea. Il espérait qu'elle ne lui reprocherait pas ce passage à l'improviste. Il n'avait pas l'intention de s'éterniser dans tous les cas, il avait encore beaucoup de travail devant lui. Il profitait juste de passer un peu de temps avec sa soeur. Quand il frappa, l'elfe de maison vint ouvrir, et il se permit de prendre ses aises. Se dirigeant machinalement vers le salon, son regard tomba sur une petite tête brune, pour le moment inconnue, mais il ne mit pas longtemps à comprendre de qui il s'agissait.

-Oh, bonjour, tu dois être Rhian, n'est-ce pas ? Je suis Pollux, ton oncle.

Depuis que Pollux avait eu vent de l'intention de sa soeur et de Charlus d'adopter les jumeaux Potter, il les avait complètement soutenus, et s'il se permettait de se présenter comme étant l'oncle du garçon, c'est qu'il était absolument convaincu du fait que les Potter allaient gagner leur procès. Pour lui, ça ne faisait pas le moindre doute. Il avait été curieux de faire la connaissance des jumeaux. Eh bien voilà, c'était l'occasion.

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Rhian était particulièrement agacé de se retrouver chez Charlus. Mais ils n’avaient pas le choix, malheureusement les jumeaux n’avaient jamais leur mot à dire dans la situation. Ils savaient bien que si Caelan pouvait faire quelque chose à ce sujet, elle refuserait tout net qu’ils se rendent chez leur oncle, sauf qu’elle était aussi pieds et poings liés qu’eux. Elle n’avait pas le choix et vu qu’ils voulaient les adopter officiellement avec Flynn, elle devait se plier à quelques petites règles, faire bonne figure, montrer sa bonne volonté. Alors qu’en réalité, personne en dehors du couple Potter n’était heureux qu’ils viennent chez eux. Encore que, Rhian espérait bien que le couple Potter se mordait un peu les doigts par moment, tant sa sœur et lui savaient se montrer parfaitement désagréable.

Rhian, pour le moment, avait un léger répit. Sa sœur s’était retrouvée bloquée à devoir faire à l’étage il ne savait plus quoi avec Dorea, pendant que Charlus était encore au ministère de la magie. Il s’était installé dans le salon et il glandait allègrement, avec la ferme intention de ne pas se montrer à son oncle et sa tante d’ici un long moment. Ils ne faisaient aucun effort, en même temps c’était décidé, ils n’en feraient définitivement pas. Et si on devait les forcer à vivre ici, ils allaient faire ce qu’ils avaient envie de faire et ne pas vivre ici.

Quand quelqu’un arriva, Rhian avait l’intention de se montrer le plus discret possible, parce qu’il n’avait pas spécialement envie de subir la présence d’un invité idiot du couple Potter, le genre de personne que Rhian ne supportait pas. En même temps, il ne voyait pas qui il pourrait bien supporter non plus dans ce contexte. Sauf que la personne arriva dans le salon et le vit. Super… Et le pire, ce fut quand il prit la parole, affirmant qu’il devait être Rhian – ça c’était parce que Charlus et Dorea avait l’habitude de parler d’eux sans doute et comme les enfants qu’ils allaient adopter évidemment –, mais se présentant en prime comme son oncle Pollux. Super. Rhian comprenait de qui il était question, forcément ils avaient quelque peu étudié l’arbre généalogique de Dorea, Rhian savait qu’il se trouvait en face du frère de la jeune femme. Sauf que Rhian ne le considérerait jamais comme son oncle, parce que ça signifierait qu’il considérait Charlus et Dorea comme ses parents et c’était hors de question.

« Mon oncle s’appelle Charlus. » Répondit-il, sans se montrer particulièrement avenant.

En même temps, Rhian n’avait aucune envie d’être sympathique avec le jeune homme sous ses yeux. Il pouvait bien être n’importe qui, ça ne changeait rien au fait qu’il ne pouvait pas être son oncle. Rhian n’avait aucun scrupule à ne pas se montrer agréable avec lui, même s’il pouvait être un peu impressionnant forcément. Tant pis si ça ne plaisait pas à ce Pollux Black, il n’avait aucune envie de plaire à quiconque.

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S

i Pollux devait véritablement émettre un début de commencement de réserve concernant l'adoption des jumeaux Potter, elle était à mettre sur le compte de l'âge des deux enfants, qui jusement, n'étaient plus tout à fait des enfants, mais des adolescents... Et l'adolescence n'était définitivement pas la période la plus facile, que ce soit pour les concernés ou pour leur entourage (Pollux en avait une idée assez claire avec Alphard, qui n'en faisait définitivement qu'à sa tête, et lui-même - si l'on tenait compte de l'âge indécent auquel il était devenu père - ne faisait pas forcément exception non plus). Certains adolescents restaient dociles et faciles d'accès, mais pas tous, et de toute évidence, les jumeaux, ou en tout cas Rhian, était à mettre dans la catégories de ces adolescents un peu revêches. En même temps, Pollux n'en était pas spécialement surpris. De ce qu'il avait entendu concernant les jeunes Potter, il s'y attendait un peu, et la réplique du rouge et or en disait long sur les efforts qu'il était prêt à fournir.

-Pour le moment, oui, répondit Pollux, bien décidé à ne pas se laisser démonter.

Cela prendrait le temps qu'il faudrait, mais il considérait que Cenlyn et Rhian Potter, en dépit de leurs réticences premières, finiraient par accepter leur situation. Pour le moment, ils se sentaient presque obligés d'afficher leur rébellion, en mémoire de leurs défunts parents. Mais viendrait le moment où ils vivraient pour de bon sous le toit de Dorea et de Charlus. Et à ce moment-là, la situation serait complètement différente, et à plus d'un titre, c'est certain. Déjà, ils seraient habitués à la présence de leurs parents adoptifs, admettraient qu'ils leur apportaient tout l'amour et le confort dont ils avaient besoin, ensuite, le temps ferait son oeuvre.

-Mais j'ai bon espoir que nous faisions bientôt partie de la même famille, ajouta-t-il.

Et que le jeune homme le veuille ou non, Pollux le considérerait comme son neveu. Et il espérait de tout coeur que les jumeaux cesseraient finalement leur petite rébellion absurde, car il se doutait que si cela devait durer sur le long terme, sa soeur finirait par en souffrir, et c'était une chose que, bien sûr, il ne souhaitait absolument pas à Dorea, Dorea qui, dans tous les cas, et comme tous les membres de sa famille (du moins ceux qu'il n'avait pas reniés, donc), ne méritait que ce qu'il y avait de meilleur.

-Dorea et Charlus feront des parents extraordinaires pour toi et Cenlyn, je n'en doute pas un seul instant.

Et comment pourrait-il seulement envisager d'en douter ? Il connaissait sa soeur, il connaissait son beau-frère, il pensait qu'ils prenaient la bonne décisions en décidant de participer à cette adoption, même si l'affaire n'était pas destinée à être simple, en quoi que ce soit.

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Ce n’était pas parce que Rhian se trouvait présentement chez son oncle avec sa sœur qu’il devait devenir le parfait petit adolescent que tout le monde avait envie d’adopter. Au contraire, plus il jouait les casse pied, plus le jeune Potter avait espoir que son oncle finisse par lâcher l’affaire et qu’ils se retrouvent tout simplement à vivre heureux avec les Bennet. Et accueillir de cette façon le frère de sa tante, ça collait parfaitement à son rôle de petit adolescent pénible. En prime, il s’agissait de Pollux Black, le père de Alphard Black. Ça ne voulait rien dire en soit, mais Rhian détestait suffisamment mini Black pour ne pas avoir envie de se montrer agréable avec le grand Black. Et puis… non, il n’avait aucune envie de faire parti de la même famille que cet homme, il n’avait aucune envie que Pollux soit son oncle et encore moins que Alphard soit son cousin. Rien que de penser aux potentielles réunions de famille où il allait se retrouver avec Black, ça lui donnait envie de péter les plombs.

Indirectement, ils étaient déjà liés. Par la force des choses, Charlus était de la famille des jumeaux Potter. Alors si on allait cherchait loin, les Black était liés par alliance aux Potter et c’était largement suffisant, Rhian ne supporterait rien de plus. C’était largement trop déjà. Cette manie que les Black avaient de considérer qu’ils étaient déjà adopté par Charlus et Dorea, c’était pénible. Rhian serra des dents en entendant Pollux affirmer que son oncle et sa tante feront de parfaits parents pour eux. Objectivement, peut-être, en soit Charlus avait sans doute de bonnes intentions, mais Rhian ne supportait pas qu’on ne les laisse pas choisir.

« J’ai déjà des parents. » Siffla-t-il en croisant les bras. Il n’avait vraiment aucune intention de faire le moindre effort. Si Pollux devait le détester, tant mieux. Peut-être qu’il irait dire à sa sœur de lâcher l’affaire et de laisser ces adolescents insupportables ailleurs. C’était sans doute trop utopiste de penser de la sorte, mais il le faisait quand même, espérant quand même pouvoir s’en sortir. « Et des parents formidables. » Il en avait même beaucoup des parents formidables techniquement. Sa mère et son père, qu’il adorait toujours malgré les circonstances et qu’il n’oublierait évidemment jamais. Mais il en profitait même pour mettre Caelan et Flynn dans le lot. Ils n’avaient pas forcément été faciles au début non plus avec eux, mais la décision était prise pour eux, c’était les Bennet leurs parents. « Charlus n’était déjà pas un bon oncle, je ne vois pas comment il pourra faire un bon père. » Ajouta-t-il, en toisant l’homme de son regard.

Il jouait clairement avec le feu, mais ça lui était égal. Il ne ferait pas d’effort, il ne serait pas un gentil petit garçon heureux d’être dans cette grande maison et heureux d’être pourri gâter. Il n’avait pas l’intention de cacher ce qu’il pensait, même avec des inconnus. Surtout pas des inconnus de cette « grande et merveilleuse famille ».

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E

h bien... Dorea avait certes prévenu Pollux, mais ce dernier ne s'était pour autant pas préparé à un tel échange. Il avait en tout cas la confirmation de ce dont on l'avait averti : les jumeaux Potter n'étaient pas du genre conciliants... Mais ce n'était pas un problème. Ils étaient des adolescents, et des crises d'ado, Pollux en avait suffisamment gérées pour être convaincu qu'il serait largement possible de venir à bout de celle-ci... Même s'il n'était pas encore venu à bout de celle d'Alphard. Ces gamins s'étaient laissé monter la tête par Flynn Bennet et son épouse, mais ça changerait. Quand ils auraient pris la pleine mesure de tout ce que Charlus et Dorea avaient à leur apporter, le reste n'aurait plus la moindre importance, c'était une certitude absolue.

Pollux avait très envie de contredire Rhian quand celui-ci affirma qu'il avait déjà des parents. Non, c'était faux, et il devait le savoir pertinemment. Caelan et Flynn Bennet n'étaient pas ses vrais parents. Ceux qui l'avaient mis au monde étaient morts et enterrés, et il allait falloir qu'ils se fassent une raison, d'une manière ou d'une autre. Mais en se montrant aussi cru et direct, il savait qu'il allait braquer Rhian davantage, et ce n'était bien évidemment pas le but de la manoeuvre, c'est une certitude. Il serra les dents en entendant Rhian ajouter que Charlus n'était déjà pas un bon oncle. C'était un débat dans lequel il ne comptait pas rentrer, mais ce qui était du moins certain, c'est que Pollux ne supportait pas l'insolence, et Rhian allait devoir très vite apprendre à tenir sa langue, sans quoi Pollux s'arrangerait pour qu'il n'ait plus voix au chapitre, en aucune circonstance. Sous ce toit, il était certain qu'il n'avait aucun droit à la parole.

-N'importe quel parent qui t'apprendra les bases élémentaires de la politesse sera manifestement le bienvenu, de toute évidence, tes "parents" n'ont pas pris cette peine.

Le terme "parents" avait été prononcé avec un dédain certain. Les Bennet étaient une erreur de parcours sans importance, et Pollux avait grand hâte qu'ils disparaissent une bonne fois pour toute du paysage... Mais en attendant, il fallait faire entendre raison à Rhian. Il n'était qu'un gamin, au bout du compte, son opinion ne comptait pas réellement. Mais malgré tout...

-Tu es ingrat de ne pas savoir observer tout ce que tes nouveaux parents ont à t'offrir. Mais ça te passera. Ce genre de crises de rébellion sont de ton âge, après tout.

Et il était bien placé pour le savoir. Il en avait l'exemple fréquent sous les yeux avec Alphard, qui certes n'avait pas les mêmes raisons de faire sa crise, mais lui donnait tout autant du fil à retordre.

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Rhian n’avait pas l’intention de se laisser faire, il n’avait aucune envie de montrer du respect à un homme tel que Pollux alors que ce dernier était de ceux qui décidaient à sa place. Ces adultes avaient décidé qu’ils allaient choisir pour eux, qu’ils allaient décider d’où ils allaient vivre et surtout avec qui ils allaient vivre, sans se préoccuper de ce qu’ils voulaient de leur côté. Donc non, Rhian n’avait aucune envie d’être agréable avec cet homme. Il ne connaissait pas du tout Pollux Black, en dehors du fait qu’il savait que c’était le père de Alphard et ce n’était pas quelque chose qui pouvait aller dans son sens et l’aider à ce que le jeune rouge et or ait une bonne opinion de lui. Il n’avait aucune envie que Alphard soit son cousin, que Pollux soit son oncle et Charlus son père. Non… merci !

Mais il ne fallait pas oublier le fait qu’il avait à faire à des adultes, des adultes qui savaient parfaitement se montrer dur. L’homme reprit la parole, affirmant que n’importe quel parent capable de lui apprendre les bases élémentaires de la politesse était le bienvenu, et que ce n’était pas ses parents qui l’avaient fait. Rhian serra des poings. Bon, il était évident qu’il n’allait pas sauter sur Pollux comme il l’avait fait avec Alphard, mais il était évident que le père ou le fils, c’était pareil. Et en prime, c’était lui qu’on traitait d’ingrat ? Tout ça parce qu’il n’acceptait pas ce que les Potter avaient à lui offrir ? Il n’avait juste pas envie qu’on lui offre tout cela, il avait juste envie qu’on lui laisse le choix et ce n’était pas le cas.

« Je ne suis pas en train de faire une crise de rébellion. » Rétorqua-t-il. Sans doute que Rhian devrait arrêter les frais et ne rien dire de plus, laisser couler les propos de cet homme qui se considérait trop rapidement comme son oncle. Mais il ne pouvait pas se retenir de dire ce qu’il avait sur le cœur. Au risque que cela lui attire de graves ennuis. « Ils ont juste envie d’avoir des petits jouets. Ils ne s’intéressaient pas à nous avant et c’était très bien comme ça ! »

Le jeune garçon aurait bien aimé que Charlus et Dorea ne se préoccupent pas de lui. Qu’ils se contentent simplement de les laisser avec Flynn et Caelan, qu’ils les laissent juste choisir ce qu’ils voulaient faire. Tout le monde serait quand même bien plus heureux si on les laissait juste choisir, et qu’on les laisser décider ce qu’ils voulaient dans leur vie. Les Potter et les Black ne seraient pas forcément heureux sans doute, et justement c’était pour cela qu’ils n’avaient pas l’intention de les laisser choisir. Enfin, les jumeaux Potter allaient décider quand même, ils prendraient leur vie en main même si on ne les laisser pas vraiment faire normalement. Mais ils le feraient quand même, ils étaient trop têtus pour ne pas agir.

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L

a réponse de Rhian confirmait, aux yeux de Pollux, tout ce que l'adolescent cherchait à contredire. Si, bien sûr qu'il était en pleine crise de rébellion, et pour en avoir un du même acabit pour fils (que le rouge et or connaissait bien d'ailleurs), le patriarche savait de quoi il parlait. Ce pouvait être incommodant, bien évidemment, voire même exaspérant, mais c'était très sain aussi, surtout chez les garçons (selon la vision ô combien sexiste des choses de Pollux Black) : c'était une façon de se chercher, de se trouver et de se construire, et Rhian, avec tous les bouleversements qu'il rencontrait, avait des circonstances atténuantes. Donc oui, évidemment que oui, il était en pleine crise d'adolescence, qu'il consente à le reconnaître ou non n'y changeait rien.

L'adolescent avait sa vision bien à lui de cette situation, et bien sûr elle était irrecevable. Non, si vraiment Dorea et Charlus voulait faire "joujou" avec des enfants, ils ne s'y prendraient pas de cette manière - ils auraient leurs enfants à eux et ne passeraient pas par des démarches laborieuses d'adoption pour finalement devoir s'occuper de deux enfants qui avaient en plus passé l'âge d'être des poupées vivantes. Bref, cela ne faisait que confirmer à Pollux que son jeune interlocuteur n'entendait rien à la situation qu'il vivait, ce qui était quelque part rassurant. Quand il serait calmé, remis de la nouveauté et de la crainte, assagi, il admettrait que les Potter avaient agi pour le mieux et allaient leur offrir plus qu'un foyer décent, à lui et Cenlyn. Ils allaient recevoir de l'affection, une éducation digne et appropriée, tous les moyens pour évoluer dignement en haute société... Il faudrait attendre pour les remerciements, mais ils viendraient, tôt ou tard, c'était évident.

-Je crois que tu ne te rends vraiment pas compte de ce que Charlus et Dorea ont à vous offrir. Tu as pu te contenter d'une qualité de vie médiocre jusqu'ici car tu n'avais pas conscience de ce que la vie pouvait t'offrir. Caelan et Flynn sont peut-être armés de bonnes intentions, mais ces intentions ne suffiront pas ni à obtenir votre garde, ni à vous offrir la vie que vous méritez, alors je te conseille de prendre pleinement conscience de la chance qui t'es offerte et de voir cette situation comme une opportunité de t'épanouir au sein d'une famille qui en plus d'être ravie de vous accueillir, ne demande qu'à vous élever au plus haut, toi et ta soeur.

Ils finiraient par être conquis. Ils ne pouvaient pas rester sourds et aveugles éternellement à tout ce que les Black leur promettait de richesses et de réussite. Il n'avait pas suffisamment savouré encore la qualité de vie qui allait être la sienne, mais quand ce serait chose faite, Rhian ne voudrait pas revenir en arrière, Pollux en était sûr.

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Rhian n’était pas certain que ça soit une bonne chose qu’ils se contentent de parler tous les deux, que le jeune garçon prenne la peine de répondre à son « oncle ». Il devrait se contenter de hocher de la tête et dire « oui oui » à ce qu’il lui disait, sans chercher à aller plus loin, puisque dans tous les cas il y avait de forte chance que Rhian ne soit pas capable de faire changer d’avis à Black. Et ce dernier n’allait pas réussir à lui faire voir les choses différemment non plus. Il n’était pas ravi de se retrouver là, il n’avait aucune envie que les Potter l’adoptent, ce n’était pas juste parce qu’on lui disait qu’il allait avoir ce qu’il méritait, qu’il allait avoir une belle vie, qu’il allait d’un coup sauter de joie. Lui, la seule chose qu’il demandait, c’était qu’on lui laisse choisir son destin. Mais c’était trop demandé, les adultes avaient envie de décider pour eux.

Pollux pouvait parler autant qu’il le voulait, Rhian n’allait pas juste changer d’avis. Ce n’était pas parce que celui qui se considérait beaucoup trop comme son oncle lui affirmait que Charlus et Dorea avait tellement à lui offrir, qu’il allait voir les choses autrement. Et encore moins quand l’homme en plus affirma qu’il s’était contenté d’une vie médiocre jusqu’à présent, mais qu’on pouvait lui offrir beaucoup plus que cela. Rhian serra des dents, il ne supportait pas qu’on juge la vie qu’il avait jusqu’à présent, mais ça c’était quelque chose que les « grandes » familles avaient trop tendance à faire, rabaisser les autres. Ils considéraient que Caelan et Flynn ne pouvaient pas leur offrir ce qu’il fallait, simplement parce qu’ils n’avaient pas les mêmes moyens. Mais Rhian n’en avait que faire des moyens. Non, forcément, Pollux Black considérait que les Potter (et par conséquence, les Black à qui ils étaient liés par le mariage) pouvaient leur offrir quelque chose de plus grand, qu’ils pouvaient les élever au plus haut. Sauf que ce n’était clairement pas ce que voulait Rhian, mais ça encore une fois tout le monde s’en foutait de toute façon de ce qu’ils voulaient avec Cenlyn.

« Si c’est pour finir comme Alphard Black à être fiancé à la première venue… je ne pense pas avoir spécialement envie de m’élever. » Répliqua-t-il acerbe.

Il devrait sans doute prendre sur lui, il devrait mieux parler à cet « oncle » mais Rhian n’avait pas l’intention de faire des efforts dans le but de se faire adorer par cette famille. Au contraire, si en prime Pollux pouvait le détester et dire à son beau-frère qu’il ne voulait pas de lui dans sa famille… Rhian aurait tout à y gagner. Mais bon, il savait bien que ça ne se passerait pas comme ça, ça ne pouvait pas u tout être aussi facile que ça. Au contraire, il y avait même de forte chance que ça joue l’inverse, que ça pousse Pollux à considérer qu’il était plus qu’urgent qu’ils deviennent les enfants de Charlus et Dorea.

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P

ollux ne se laissa pas particulièrement affecter par le discours de son interlocuteur, et pour cause, ce n'étaient jamais là que les élucubrations d'un gamin qui n'avait pas encore une idée bien claire des schémas sociaux dans lesquels il devait s'inscrire. Du haut de ses quatorze ans, Rhian Potter n'avait pas vraiment de conscience de caste et moins de conscience politique. Sans oublier que la compagnie assidue de son anarchiste de mère quand elle était encore en vie, puis de Caelan Bennet, qui ne valait définitivement pas mieux, n'avait pas du tout arrangé les choses. Mais parce qu'il était jeune, aussi, justement, il n'était pas trop tard pour lui mettre du plomb dans la cervelle et lui faire entendre raison. En tous les cas, l'argument qu'il tenait en ce qui concernait les fiançailles d'Alphard avaient difficilement de quoi le déstabiliser. En revanche, elles faisaient affleurer à son esprit une pensée qu'il n'avait pas eue encore, mais qu'il trouvait relativement séduisante, il faut bien le dire.

-Alphard n'a pas été fiancée à la première venue, répondit-il très posément, avec le plus grand calme. J'ai choisi de le fiancer à Clarice Carrow car elle était le meilleur parti envisageable : jeune, d'un sang exceptionnelle et d'une éducation distinguée. Tu seras chanceux si à ton tour tu trouves fiancée de l'acabit de Clarice.

En vérité, pas tant que ça, car Clarice, qu'il estimait en effet idéale pour Alphard, ne l'était en vérité pas tant que ça (pour ne pas dire pas du tout, compte tenu du fait que la jeune femme serait bien incapable d'assurer la descendance qu'il espérait tant et de lui donner des petits-enfants, ce qui était en partie le but de la manoeuvre, après tout). Mais faute de le savoir, il était plutôt convaincu de son discours. Non, la miss n'était pas la "première venue", d'ailleurs, jamais Pollux n'aurait fiancé ses enfants, la prunelle de ses yeux, à n'importe qui. Veiller à leur avenir et à leur situation autant sociale que financière revêtait une bien trop grande importance à ses yeux.

-A ce sujet, d'ailleurs, tu me fais penser que je suggérerait à Charlus et Dorea de trouver un excellent parti. J'ignore pourquoi l'idée ne m'avait pas effleurée jusqu'ici, mais elle est excellente, je te remercie pour ça.

Et en effet, il estimait l'idée très bonne. Ce n'était pas l'urgence, bien sûr, il fallait déjà attendre que l'adoption soit actée, évidemment, sinon ça n'aurait aucune chance de marcher. Mais il considérait que ce serait une chose à prendre en considération. Afin d'installer au mieux les jumeaux dans le paysage des sangs purs, paysage qu'ils avaient trop longtemps déserté. Et bien sûr, cela concernait Cenlyn également. Leur trouver de futures alliances serait une excellente chose.

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Rhian écouta… d’une oreille peu attentive les explications du frère de Dorea, quand ce dernier justifia le fait que son presque cousin ne se retrouvait pas fiancé à n’importe qui. Ça ne changeait absolument rien à ce que pensait Rhian, quoi que l’homme puisse dire, il ne voyait que le fait que Alphard se retrouvait à devoir épouser la fille que ses parents (enfin son père en l’occurrence, il n’avait jamais songé que Alphard et lui puissent avoir quelques points commun) avaient choisi pour lui. Rhian n’avait aucune envie de compatir au sort de Alphard, franchement très peu pour lui, mais les faits étaient les faits. Pollux pouvait bien avoir de bons arguments, il avait quand même lui-même décidé qui allait être la femme de son fils plus tard, et les raisons du fait que Carrow puisse être considéré comme un bon parti ne convenait pas à Rhian.

Non mais sérieux… jeune, sang exceptionnel, éducation distinguée, c’était nul et juste nul ! D’accord, il allait commencer sérieusement à plaindre Alphard à ce rythme-là. Même si pour le moment, Rhian devait se concentrer sur son sort à lui, parce que ce qu’il avait dit donna visiblement des idées à Pollux. Il se sentit blêmir en entendant le frère de Dorea affirmer qu’il allait suggérer à Charlus et sa sœur de trouver un excellent parti pour lui.

« Ah non, mais hors de question ! » Rétorqua Rhian, d’une façon qui faisait penser bien plus à un caprice de gamin qu’autre chose. Il ne devrait sans doute pas parler de cette façon à celui qui se prenait à tort pour son oncle, mais il n’en avait que faire. Il était hors de question que quiconque envisage de choisir pour lui son destin. Déjà qu’il n’avait pas toujours la main sur son destin, qu’il connaissait des choses qu’il ne devrait pas connaître, il n’avait aucune envie que quelqu’un prenne des décisions à sa place et certainement pas son oncle qui se réveillait autant de temps trop tard. « Je sais déjà qui je vais épouser, je ne laisserais personne changer ça ! »

En se rendant compte que ses mots avaient clairement dépassé sa pensée, Rhian se mit à rougir. Il n’avait eu aucune envie de dire ça, même si c’était bel et bien ce qu’il pensait. Il avait mis beaucoup de temps avant d’accepter le fait que lui et Louisa soient censé à un moment donné de se marier. Pas tant qu’il n’avait pas aimé l’idée, mais surtout parce que ça lui faisait vraiment trop bizarre de se dire qu’il allait se marier avec sa meilleure amie, qu’il n’avait pas envisagé de voir autrement qu’en meilleure amie. Mais force lui avait été de constater que les choses évoluaient quand même et l’idée de se marier avec Louisa dans le futur lui était beaucoup, vraiment beaucoup, moins dérangeant. Il ne laisserait personne y changer quoi que ce soit, il ne laisserait juste personne choisir son destin pour lui. Ça le tuait qu’on ne leur demande pas leur avis pour cette histoire d’adoption.

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L

a manière qu'eut Rhian de protester, toute adolescente, amusa quelque peu Pollux. Ah, cet âge innocent que celui de l'adolescence, quand on pouvait encore s'imaginer qu'on avait un véritable pouvoir de décision sur ce qui nous entoure. On ne tarde jamais à se rendre compte qu'il n'en est rien, bien sûr, mais cela, c'est une autre paire de manche. Bref, il ne se sentait même pas affligé par le discours du rouge et or, car en vérité, toute protestation était vaine. Bien sûr qu'il ne déciderait pas, bien sûr qu'il ne choisirait pas. Ces décisions ne lui revenait pas, pas plus que celle de sa propre adoption, et il s'en rendrait compte bien assez vite, au passage. Oui, il ne pouvait que protester, c'était tout ce qu'il arrive, car à moins de mettre une de ses camarades enceinte (et encore, seulement si celle-ci était de bonne famille), il ne déciderait pas (et bien sûr, il faisait ici référence à sa propre expérience, et s'il se considérait comme un modèle par bien des aspects, ce n'était certainement pas le cas dans ce domaine en particulier - ce point de son histoire, il prenait le plus grand soin de le faire oublier).

Ce qui amusa davantage Pollux, en revanche, et qui eut le don de le surprendre également, c'était que non seulement Rhian protestait, mais surtout il ajoutait autre chose, et avec une telle ferveur que c'en était presque troublant. Enfin, il n'y avait pas besoin de chercher bien loin les raisons de cette ferveur, cela dit : Rhian Potter était un gamin, et un gamin amoureux, visiblement, donc forcément, il surréagissait, supposant sans doute que ses amours adolescentes valaient la peine de compromettre son avenir. Il se rendrait compte bien assez tôt de son erreur par lui-même, certes, mais Pollux, malgré tout, se ferait un malin plaisir de le rappeler au devoir qui serait naturellement le sien quand il deviendrait officiellement l'enfant de Charlus et de Dorea.

-Oh vraiment ? Et qui est-ce, cette jeune fille que tu es convaincu d'épouser ? demanda-t-il non sans une risette légèrement cynique aux lèvres.

Il ne voulait pas avoir l'air moqueur, mais c'était tout de même assez irrésistible. Cela dit, il voulait quand même connaître les explications de Rhian. Sait-on jamais, après tout, si ce dernier avait eu dans l'idée de s'enticher d'une sang pure, il lui faciliterait clairement la tâche... Mais le fait est que Pollux en doutait tout de même largement. Et donc, si son nom et sa famille devaient ne pas être acceptables, il serait aussi temps de prendre les devants afin d'empêcher ce garçon de s'acoquiner avec n'importe qui au risque de répercussions sur la réputation des Potter mais aussi des Black. Tout était affaire de paraître, et Pollux y tenait terriblement.

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