[Flashback] Le calme avant la tempête | Despina & Belvina

Le calme avant la tempête

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

C’était devenue une habitude pour Belvina, de recevoir sa belle-fille toujours le même jour, à la même heure, chez elle. C’était devenu leur créneau. Il faut dire que Belvina avait toujours été très attachée aux valeurs familiales, et pour elle, il était d’une grande importance qu’ils se réunissent tous, régulièrement. Pas forcément en même temps, Belvina aimait pouvoir profiter des membres de sa famille individuellement, mais il fallait que tous restent soudés. Black, Beurk, maintenant Barjow, depuis que Despina avait épousé Orpheus.

Cependant, il n’avait pas fallu attendre le mariage pour que Belvina fréquente la famille Barjow. Kenneth et Herbet étaient amis depuis de nombreuses années, et Kenneth était même le parrain d’Orpheus. Les noces n’avaient été que le résultat d’une suite logique, mais Belvina avait tout de même été heureuse de constater que ce mariage fonctionnait. Les deux mariés avaient des sentiments l’un pour l’autre, un merveilleux fils, il n’y avait donc rien à demander de plus.

Belvina avait toujours considéré Despina comme une fille. Si Dosia resterait toujours sa fille, même si dernièrement, son comportement avait quelque peu changé, Belvina traitait Despina de la même manière. Elle était mariée à son fils aîné, sa merveille, il était donc normal que Despina ait le droit à un traitement particulier. Elle rendait Orpheus heureux, alors Belvina l’était également. Elle ne pouvait pas imaginer, ni même se douter de ce que la situation deviendrait, quelques temps plus tard. Personne n’aurait vraiment pu prévoir ce qu’il allait se passer. Alors pour l’heure, tout allait bien, dans le meilleur des mondes.

La sorcière finissait de tout préparer, enfin, de superviser l’elfe de maison qui préparait tout. Rien ne devait être laissé au hasard. Même si Despina était une habituée des lieux, Belvina avait toujours veillé à être une maîtresse de maison hors pair, alors elle refusait qu’il y ait le moindre accro, le moindre oubli. Elle sourit en entendant sonner à la porte, et décida d’aller elle-même ouvrir à la jeune femme pour l’accueillir.

« Despina, entre je t’en prie. Je suis contente de te voir. »

black pumpkin

Certains appréhendent de se retrouver en présence de leur belle famille, Despina pour sa part n'a jamais eu ce problème. C'est même tout l'inverse, elle attendait toujours avec impatience le moment de passer un peu plus de temps en compagnie des Beurk.

Quoi de plus normal, en même temps ? Herbert et Belvina Beurk n'étaient pas que des beaux-parents aux yeux de Despina, ils étaient des membres à part entière de sa famille, et ça depuis toujours, et bien avant d'épouser Orpheus, elle les aimait et les respectait déjà profondément.

C'était donc sans appréhension et avec un plaisir sincère que Despina se rendait chez Belvina Beurk, comme elles le faisaient toutes les semaines, pour bavarder un peu. Le lien qu'entretenait Despina avec sa belle-mère était encore plus fort qu'avec le reste des Beurk (exception faite de son mari, cela va de soi). Elle qui avait grandi sans mère voyait chez Belvina cette présence féminine et maternante qui lui avait toujours beaucoup trop manqué. Elle était sa mère, à ses yeux, et il n'y avait que leur sang pour affirmer l'inverse.

Elle avait hâte, oui, de la voir, surtout qu'en ce moment, tout n'était plus aussi rose qu'avant à la maison... Amos grandissait, et la grande nouvelle de la manifestation de ses pouvoirs ne venait toujours pas. Despina ne s'en inquiétait pas encore, elle se disait que son fils avait du temps, et que le grand moment finirait bien par arriver, lui rappelant au passage que son fils chéri grandissait beaucoup trop vite. Mais c'était le comportement d'Orpheus qui l'inquiétait. Elle le trouvait plus... sombre...

Elle ne voulait partager cette inquiétude avec personne de crainte de blesser qui que ce soit, mais par instant, son mari qu'elle pensait connaître par coeur, lui faisait peur, vraiment peur. Et elle voulait occulter cette pensée, se convaincre que rien n'avait changé et que tout allait bien. Pour cela rien n'était plus efficace que la routine. Une routine que lui offrait Belvina.

« Despina, entre je t’en prie. Je suis contente de te voir. »

"Moi aussi, j'attends toujours nos tête-à-tête avec impatience", répondit Despina, sourire aux lèvres. "Comment vas-tu ?"

Elle s'en souciait réellement. Elle avait besoin de savoir que Belvina allait bien. Du bonheur de ses proches, le sien dépendait et dépendrait toujours, pensait-elle.

Le calme avant la tempête

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

Belvina était sincèrement heureuse de voir sa belle-fille, elle n’avait pas attendu son mariage avec Orpheus pour bien s’entendre avec elle, c’était son avantage. Belvina aurait été méfiante envers toute femme que son fils aurait épousé sans qu’elle ne la connaisse au préalable, parce que c’était son fils, et qu’elle se devait de le protéger, mais elle connaissait Despina depuis presque toujours, alors les choses avaient été bien plus simples dès le début.

Elle était très heureuse que Despina ait rejoint la famille, et elle savait qu’elle rendait Orpheus heureux, alors toutes les raisons étaient réunies pour qu’elles s’entendent à merveille. Il est clair que si son mariage avait dû s’avérer être une catastrophe, Belvina aurait changé d’opinion concernant la jeune femme. Parce qu’elle prendrait toujours le parti de son fils, c’était comme ça. Qu’il ait tort, ou qu’il ait raison, elle serait toujours de son côté, mais, pour le moment, il n’y avait pas besoin de se poser ce genre de questions.

Etant donné qu’elle n’avait eu aucun écho pouvant indiquer que les choses se passaient mal, alors elle présumait que la situation n’avait rien d’inquiétante. Certes, elle avait trouvé son fils quelque peu préoccupé ces derniers temps, mais en tant que chef de famille, ce n’était pas anormal, il avait probablement plein de choses dont il devait s’occuper. Elle savait que le fait qu’Amos n’ait toujours pas montré de signe magique puisse rajouter à son inquiétude, mais elle était certaine que cela finirait par arriver, il n’était pas possible qu’il en soit autrement dans tous les cas.

"Moi aussi, j'attends toujours nos tête-à-tête avec impatience. Comment vas-tu ?"

La mère de famille lui adressa un sourire, heureuse d’entendre que Despina appréciait leurs entrevues, même si elle n’en doutait pas à dire vrai. Cela faisait maintenant des années que les choses étaient ainsi. Despina était comme une fille pour elle, alors il était normal qu’elle la traite comme telle, et qu’elle fasse en sorte de continuer à cultiver leur relation qui était au beau fixe, et Belvina n’avait absolument aucune envie que les choses finissent par changer, mais la vie réservait toujours des tournants qui marquaient à vie.

« Je vais bien, je m’ennuie vite toute seule à la maison, alors je suis toujours heureuse d’avoir un peu de compagnie. Et toi ? Et comment va mon petit-fils ? »

Elle n’avait pas besoin de lui demander des nouvelles d’Orpheus, elle voyait assez souvent son fils pour savoir ce qu’il en était.

black pumpkin

« Je vais bien, je m’ennuie vite toute seule à la maison, alors je suis toujours heureuse d’avoir un peu de compagnie. »

Despina regrettait de l'entendre. La solitude et l'ennui étaient à ses yeux des fléaux contre lesquels elle ne pouvait qu'avoir envie de lutter, et de voir sa belle-mère lutter par la même occasion. Parfois, incidemment, elle se disait qu'elle aimerait que sa vie soit plus calme, d'avoir un instant de quiétude qui n'arrivait jamais.

Amos était loin d'être un enfant turbulent, il était au contraire un véritable petit ange, mais quand on est maman à temps plein, on a rarement du répit, et Belvina devait en savoir quelque chose, elle qui n'avait pas eu un mais trois enfants.

Malgré tout, elle n'échangerait tous les moments qu'elle passait avec son fils contre rien au monde. Sa vie pourrait sembler monocorde et insipide ) d'autre, mais Despina, elle, avait tendance à la trouver bien remplie. Et elle estimait que cela importait bien plus que de courir après de présumés hauts desseins pour combler son existence.

Bref, en tous les cas, exit la solitude de Belvina, Despina était là, à présent, et elle comptait bien faire en sorte de ne pas lui laisser l'occasion de s'ennuyer. Elle la considérait comme une deuxième mère, lui parler, venir la voir, lui consacrer du temps, n'était jamais un problème pour elle, bien au contraire, et elle appréciait chaque instant passé en sa compagnie.

« Et toi ? Et comment va mon petit-fils ? »

"Je vais bien. Amos prend tout mon temps, mais c'est un vrai petit ange, je dois être la maman la plus chanceuse du monde."

Elle aimerait ajouter que Belvina se disputait le titre, mais elle n'ignorait pas que les relations avec Aristide n'étaient pas idéales, et avec Theodosia s'étaient étiolées. Restait Orpheus, l'enfant prodigue, le fils parfait. Mais au sujet de son époux, bien sûr, Despina était bien incapable de faire preuve d'objectivité.

"Orpheus s'inquiète un peu de ne pas encore l'avoir vu manifester ses pouvoirs, j'ai beau lui répéter qu'il a encore du temps, je sens bien que ça le travaille. C'est tout Orpheus, ça, il faut toujours que tout soit parfait."

Elle ne le disait pas comme un reproche. Plutôt comme un tendre compliment, qu'elle prononçait d'un tout affectueux.

Le calme avant la tempête

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Belvina avait parfois l’impression que sa vie était derrière elle. Elle n’était pas si vieille que ça, évidemment. Mais ses enfants étaient tous grands, ils menaient tous leur vie, et elle ne pouvait pas se targuer d’être proche de chacun d’entre eux. Avec Aristide, les choses étaient particulières, et c’était tout bonnement au-dessus de ses forces. Et avec Dosia, ce n’était pas non plus l’idéal. Sa fille s’éloignait de plus en plus, et Belvina n’y pouvait rien. Elle n’approuvait pas le chemin qu’avait pris sa fille, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas la ramener à la raison. Heureusement, il lui restait son aîné, Orpheus. Il était le seul avait qui elle avait une relation spéciale, et heureusement qu’elle l’avait. Mais lui aussi, avait sa vie, sa famille, et Belvina se sentait souvent seule, surtout qu’Herbert continuait de travailler. Mais bon, elle ne voulait pas trop se plaindre, les choses pourraient être pires, elle présumait.

Au moins, elle passait du temps avec sa belle-fille. L’avantage qu’elle soit elle aussi, mère au foyer. Et puis comme ça, Belvina pouvait également voir son petit-fils, et c’était toujours un plaisir, de les voir l’un comme l’autre. Il est vrai que Despina rompait souvent sa solitude, et la sorcière s’estimait vraiment chanceuse de l’avoir. D’autant qu’elle s’entendait parfaitement bien avec elle.

"Je vais bien. Amos prend tout mon temps, mais c'est un vrai petit ange, je dois être la maman la plus chanceuse du monde."

Belvina était heureuse d’apprendre que tout se passait bien pour l’un comme l’autre. Elle aimait sincèrement aussi bien Despina qu’Amos, ils étaient sa famille, et Belvina prenait toujours soin des membres de sa famille. Elle n’allait pas contredire Belvina, Amos était un garçon très sage, et très gentil. Mais elle n’était pas surprise, c’était le fils d’Orpheus après tout, et il ne pouvait qu’être le digne héritier de son père. Et puis, avec Despina comme mère, le tableau se complétait à merveille.

"Orpheus s'inquiète un peu de ne pas encore l'avoir vu manifester ses pouvoirs, j'ai beau lui répéter qu'il a encore du temps, je sens bien que ça le travaille. C'est tout Orpheus, ça, il faut toujours que tout soit parfait."

Son fils lui en avait parlé, et Belvina avait tenté de le rassurer, elle aussi. Il est vrai qu’elle comprenait l’impatience d’Orpheus, et il y avait déjà eu dans leur famille, des cas avérés de cracmols. Elle pensait notamment à son neveu Marius, mais c’était tout de même une anomalie rare, et Amos était encore jeune. Orpheus n’avait pas à s’en faire, Amos serait bel et bien un sorcier dans peu de temps. Il fallait lui laisser le temps.

« Je sais, il m’en a touché quelques mots. Il est vrai qu’Amos est encore jeune. Il est vrai qu’à son âge, son père avait déjà manifesté ses premiers signes de magie, mais chaque enfant est différent, et certains ont besoin d’aller à leur rythme. Mais tu sais, personne ne changera Orpheus, il aime tout contrôler, et quand tout se déroule comme il l’entend. »

black pumpkin

« Je sais, il m’en a touché quelques mots. »

Despina n'était pas étonnée que son époux ait partagé ses préoccupations avec sa mère. Cela tombait même sous le sens quand on savait à quel point ces deux-là étaient proches, une complicité assez similaire à celle qui liait Despina à son père, mais qu'elle devait pour sa part au décès de sa mère, surtout.

C'était une bonne chose qu'il se confie et ne se cache pas de ses inquiétudes auprès de ceux qui étaient à même de lui prêter une oreille attentive. Despina savait bien que pour son mari, il était crucial que le moins de personnes possible soient au courant des éventuels "retards" d'Amos, il en allait de leur réputation, et c'était une réputation qu'ils prenaient le plus grand soin d'entretenir.

« Il est vrai qu’Amos est encore jeune. Il est vrai qu’à son âge, son père avait déjà manifesté ses premiers signes de magie, mais chaque enfant est différent, et certains ont besoin d’aller à leur rythme. »

Oui, c'est ce qu'elle pensait également, et ce qu'elle s'efforçait de répéter à son mari à chaque remarque. Mais tout de même, elle aussi s'impatientait de voir enfin son fils évoluer selon les exigences de leur caste. Ainsi elle serait rassurée. Elle avait une boule au ventre à la perspective que les choses ne se passent pas comme ils les avaient planifiées. C'est que l'avenir de son fils était en jeu, et pas seulement. Elle savait qu'Orpheus était anxieux, tendu, et elle voulait laisser ça derrière eux.

Quelle joie ça allait être quand ils pourraient enfin passer à autre chose ! Quel soulagement ce serait pour toute la famille. Mais en attendant, il fallait ronger son frein. Ce n'était sans doute qu'une question de mois ou de semaines. Peut-être même de jours, qui sait. Despina aimait profondément son fils, elle ne l'imaginait pas capable d'être autre chose que cet enfant prodigieux qu'il avait toujours été pour elle dans tous les cas.

« Mais tu sais, personne ne changera Orpheus, il aime tout contrôler, et quand tout se déroule comme il l’entend. »
"Jamais il ne me viendrait à l'idée de penser être capable de changer Orpheus, ou même de le vouloir, d'ailleurs", répondit Despina avec un sourire.

Elle savait que personne ne le changerait, et c'était une chose qu'elle aimait chez lui, à dire vrai. Qu'elle aimait même beaucoup. Son besoin de contrôle pouvait parfois être handicapant, mais il le faisait toujours par considération, au nom de ce qu'il estimait être le mieux, et ça c'était une chose qu'elle admirait. Jamais il ne déviait de sa ligne directrice première.

"C'est comme ça que je l'aime, et c'est pour le bien de notre famille. J'aimerais seulement être capable de le rassurer."

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Belvina n’avait pas d’autre envie que de voir le couple de Despina et d’Orpheus prospérer. Ces deux-là s’étaient comme qui dirait trouvés, et Orpheus n’aurait sûrement pas pu avoir meilleure épouse. Il faut dire aussi que les familles Beurk et Barjow avaient été liées avant le mariage des deux enfants, alors cela aidait à resserrer les liens, et à donner quelque chose d’harmonieux. Elle espérait donc que leur couple resterait ainsi solide, et qu’ils finiraient par accueillir d’autres enfants aussi. Belvina adorait Amos, mais elle ne serait pas contre voir apparaître de nouveaux petits Beurk.

Mais pour le moment, rien ne laissait présager que le couple cherchait à avoir d’autres enfants. Ceci dit, ils étaient encore jeunes, et cela pouvait arriver plus rapidement qu’on pouvait le croire. Mais elle savait que cela ne servirait à rien de tenter de les décider, ils feraient ce qu’ils voudraient. En attendait, elle savait qu’Orpheus veillait à ce que tout soit parfait, parce qu’il était ainsi.

Depuis son plus jeune âge, Belvina avait vu son aîné tenter d’à chaque fois être le plus proche de la perfection possible. Pourtant, personne ne lui avait jamais mis une pression démesurée sur les épaules. Certes, d’un point de vue objectif, personne n’attendait rien d’Aristide, et Dosia semblait de plus en plus éloignée, alors Orpheus devait faire l’honneur et la fierté de la famille, mais il avait pris ce rôle de lui-même sans qu’on ne lui demande rien. Il était donc normal qu’il veuille que tout se passe selon ses souhaits et ses attentes.

"Jamais il ne me viendrait à l'idée de penser être capable de changer Orpheus, ou même de le vouloir, d'ailleurs"

Ce n’était pas comme si c’était quelque chose de possible dans tous les cas. Orpheus avait la tête dure, et il était incroyablement borné, ce qui était de famille. Il est vrai qu’on pouvait dire que les hommes s’assouplissaient parfois au contact des femmes, mais même si Belvina savait que son fils avait de réels sentiments pour Despina, il ne se laisserait pas influencer pour autant. Mais de toute manière, d’après ce qu’elle disait, cela n’était pas ce qu’elle voulait, donc tout allait bien.

"C'est comme ça que je l'aime, et c'est pour le bien de notre famille. J'aimerais seulement être capable de le rassurer."

C’était compréhensible, et en tant qu’épouse, c’était son rôle également. Mais Orpheus restait un solitaire malgré tout, qui voulait tout accomplir par lui-même. Elle ne pensait pas cependant qu’il écartait Despina, mais quand il l’avait décidé, il était très difficile de l’atteindre. Belvina connaissait son fils par cœur, et tant qu’il n’aurait pas obtenu ce qu’il voulait, il ne lâcherait aucun lest.

« Je m’en doute. Et je pense qu’inconsciemment, ton soutien lui est bénéfique. Mais il n’y a que la perfection qui a grâce à ses yeux, et il n’est pas du genre à se relâcher tant qu’il ne l’a pas atteinte. Mais cela devrait sans doute s’arranger rapidement, ne t’en fais pas. »

black pumpkin

« Je m’en doute. Et je pense qu’inconsciemment, ton soutien lui est bénéfique.»

Inconsciemment, peut-être, et c'était ce qu'elle espérait bel et bien. C'était pour cette raison qu'elle essayait de lui apporter son soutien de toutes les manières qu'elle le pouvait. Peut-être qu'il en bénéficiait, mais si c'était le cas, il ne le lui disait pas, et c'était cela qui la travaillait.

Orpheus, comme beaucoup d'autres hommes de sangs purs, ou plutôt comme beaucoup d'autres hommes de son temps, n'avait pas pour habitude de s'épancher sur ses sentiments, mais généralement, ils n'étaient pas si mauvais quand il était question de communiquer. Mais en ce moment, Orpheus se refermait comme une huître, et il lui devenait de plus en plus difficile de l'atteindre.

« Mais il n’y a que la perfection qui a grâce à ses yeux, et il n’est pas du genre à se relâcher tant qu’il ne l’a pas atteinte. »

Là encore, Belvina ne lui apprenait rien, mais où sa belle-mère avait l'air d'y voir un trait de caractère qui n'avait rien de problématique, or c'était tout le problème. L'obsession d'Orpheus pour la perfection faisait incontestablement partie de son charme, et par certains aspects, c'était là ce qui faisait de lui un bon père et un bon mari, mais par d'autres aspects, ce pouvait également passer pour un tort de sa part.

Il n'était pas capable d'accepter aucune situation en l'état, car elles n'auraient jamais la saveur, la qualité, la teneur de ce qu'il attendait. Pour cause, il recherchait un idéal qui n'existait pas. La perfection était un objectif à poursuivre pour devenir meilleur, mais perdre de vue le fait qu'il était impossible de l'atteindre pouvait, en revanche, être une chose particulièrement dangereuse.

« Mais cela devrait sans doute s’arranger rapidement, ne t’en fais pas. »

"Comment en être certaine ? La perfection qu'Orpheus recherche n'est pas toujours accessible, et dans le cas d'Amos." Elle baissa le regard. "Je suis loin de penser que ce sera le cas, bien sûr, mais... Enfin... s'il devait vraiment être... tu sais... je m'inquiète de ce qui pourrait se passer."

Elle se doutait déjà de ce que serait la réponse de Belvina, elle lui répéterait qu'elle n'avait pas à s'en faire ou encore qu'Orpheus savait ce qu'il faisait. Sauf qu'à côtoyer son fils et son époux au quotidien, elle n'en était pas tout à fait sûre pour sa part.

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Belvina connaissait assez son fils pour savoir qu’il était plutôt solitaire dans ses projets et ses actions. Il fallait que les choses soient faites dans la manière qu’il le voulait, et pas autrement, parce qu’il voulait toujours que tout soit parfait, alors il ne laissait pas vraiment les autres venir mettre leur grain de sel dans ses affaires. Bien sûr, Despina était son épouse, alors ce n’était pas n’importe qui, mais elle avait son rôle à tenir, et ne devrait pas trop chercher à s’immiscer dans ce que faisait Orpheus.

Etant donné qu’Orpheus n’était pas prêt de changer, il fallait simplement l’accepter. Belvina avait confiance en son aîné, et elle savait très bien qu’Orpheus ne laissait rien au hasard et qu’il ferait toujours tout pour que tout soit pour le mieux, tout soit parfait. Chacun avait vision de la perfection bien sûr, mais ce n’était pas comme si Belvina avait déjà été une fois en désaccord avec Oprheus dans tous les cas. Elle avait toujours pris son parti, et elle ne voyait pas pourquoi elle devrait en changer.

Peut-être bien, que Belvina aurait dû se pencher un peu plus sur tout cela, au lieu de prendre tout ce que son fils faisait pour la meilleure des choses, mais ce n’était pas sa façon de penser. Elle avait toujours eu une relation particulière avec Orpheus, et il lui était impossible d’aller contre lui. Mais pour ce qui était de Despina, elle la trouvait un peu trop hésitante, et sceptique pour le coup.

"Comment en être certaine ? La perfection qu'Orpheus recherche n'est pas toujours accessible, et dans le cas d'Amos. Je suis loin de penser que ce sera le cas, bien sûr, mais... Enfin... s'il devait vraiment être... tu sais... je m'inquiète de ce qui pourrait se passer."

Belvina fronça légèrement les sourcils. Despina ne devrait pas dire ce genre de choses. Elle venait d’une famille où il y avait eu des cas avérés de cracmols, le dernier en date était son neveu Marius. C’étaient des choses qui pouvaient arriver, mais il fallait les cacher autant que possible, et agir avec déni. Belvina n’avait eu aucun enfant de cet ordre, même si cela aurait été plus simple qu’Aristide le soit en un sens. Et elle ne souhaitait pas que son fils aîné ne connaisse pas la même chose.

« Tu ne devrais pas songer à ce genre de choses Despina. Ce ne sont pas des sujets à évoquer, même si… la marche à suivre dans ces situations est connue de tous. »

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« Tu ne devrais pas songer à ce genre de choses Despina. »

Despina le savait, elle le savait pertinemment. C'était un sujet dont personne ne voulait ni ne devait jamais parler. A chaque fois qu'elle ne faisait que mine de le mentionner, c'était toujours la même chose : on se braquait, on lui faisait remarquer que ne serait-ce qu'émettre ce genre d'hypothèse était proche de l'hérésie.

Elle voyait bien à quel point le regard d'Orpheus s'assombrissait quand elle osait en faire la suggestion, d'une façon ou d'une autre. Même une référence subtile... C'était terrible, parce que Despina sentait qu'il souffrait tout autant qu'elle de cette éventualité, mais il préférait l'occulter... Il serait très certainement celui auprès de qui discuter de tout cela serait un soulagement, il serait très certainement celui avec qui elle aurait le plus de facilités à se confier, mais toujours il se renfermait.

Et Belvina lui faisait comprendre, à présent, et sans doute à juste titre, qu'elle non plus ne lui prêterait pas une oreille plus attentive que cela. Pas qu'elle ne veuille pas écouter, ou qu'elle ne sache pas écouter. Mais ça ne se disait pas, voilà tout.

Et l'histoire devait s'arrêter là. Belvina savait l'entendre mais elle ne savait pas l'accepter en revanche.

« Ce ne sont pas des sujets à évoquer, même si… la marche à suivre dans ces situations est connue de tous. »

Elle hocha la tête. C'était bien ça le problème. Elle connaissait la marche à suivre, et elle savait qu'on ne ferait pas d'exception pour son fils. Mais elle, elle voulait qu'on en fasse une, d'exception.

Comment faisaient tous ses parents qui avaient dû rejeter leurs enfant parce qu'ils ne se conformaient pas aux exigences des sangs purs, comment survivaient-ils à cette profonde injustice ? Elle ne comprenait pas que ce soit seulement possible. A ses yeux, c'était tout bonnement inconcevable.

L'idée seule lui faisait mal au coeur, elle en tremblait de tous ses membres. Elle ne savait pas comment faire pour dissiper cette crainte. Elle n'avait personne auprès de qui la déverser. Encore et toujours, on attendait d'elle qu'elle la taise, qu'elle l'étouffe : sauf qu'elle n'y arrivait pas.

"J'ai juste... j'ai tellement peur...", fit doucement Despina en réprimant un sanglot.

Le calme avant la tempête

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Il n’était pas bon de penser directement au pire. Même si, c’était un réflexe de parent. Mais il fallait savoir se contrôler, se maîtriser. Affirmer le pire n’allait certainement pas aider la situation à se débloquer. Sans parler du fait que des oreilles indiscrètes pourraient être très malvenues en ce moment précis. Alors il valait mieux que Despina cesse d’avoir ce genre d’inquiétudes, et se dise que tout allait bien, et que les choses allaient rapidement s’améliorer.

C’était peut-être se mettre des œillères, mais ils ne pouvaient pas faire grand-chose d’autre. C’était quelque chose de sensible, et de complètement tabou dans leur milieu. Ils ne parlaient jamais de ceux qui avaient été reniés parce qu’ils avaient fait honte à leur sang de sorcier. Belvina espérait sincèrement qu’Amos ne rejoindrait pas la liste, mais il fallait garder espoir. Après tout, il y avait encore le temps, c’était ce qu’il fallait se dire. Il fallait rester optimiste.

Après tout, Amos était encore jeune, et certains sorciers voyaient la magie se déclarer assez tardivement. Cela ne voulait pas dire qu’ils seraient de piètres sorciers. Elle pouvait comprendre qu’Orpheus soit impatient, lui qui aimait que tout soit régler comme du papier à musique, mais il ne fallait pas qu’il mette trop de pression sur Amos, ou sur Despina, cela n’aiderait pas la situation. Mais bon, la sorcière connaissait son fils, et elle savait bien qu’il n’en ferait qu’à sa tête.

"J'ai juste... j'ai tellement peur..."

Belvina posa un regard compatissant sur Despina. Elle comprenait totalement la situation dans laquelle elle se trouvait. Elle comprenait que ce ne soit pas facile, et elle comprenait qu’elle ait peur. C’étaient là des réactions totalement normales, et n’importe quelle mère serait dans le même état. Elle parlait là des mères respectables, donc issues de nobles familles sang-purs et qui aimaient leurs enfants, bien entendu.

Quoiqu’il en soit, même si la peur de Despina était compréhensible, il fallait tout de même qu’elle réussisse à se ressaisir. Elle ne devait pas montrer ses faiblesses. Belvina était là pour la soutenir, donc elle ne la jugerait pas, mais tous n’auraient pas les mêmes pensées, alors, elle devait réellement réussir à se blinder même si c’était loin d’être aussi simple.

« Je m’en doute, et je le comprends. Mais tu ne dois pas laisser tes peurs te dominer, d’autant que, rien n’est encore fait, et il n’y a pas mesure de s’inquiéter pour l’heure. »

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