▬ Mina & Neville ▬
Il est temps de songer à l'anti-rides.

Je me suis levée tôt ce matin, malgré le fait que ce soit un weekend sans entraînement de quiditch, mais le fait est que je ne suis pas capable de faire la grasse matiné. Je préfère bouger et faire des choses utiles, comme par exemple : aller m'acheter le dernier équipement de quidditch en vogue, une montagne de bonbons mauvais pour mes fesses et...ma foi, pourquoi pas boire une bièraubeurre aux Trois Balais sur le retour. Du coup, une fois habillée, j'attrape mon autorisation de sortie à pré-au-lard et sort du château pour rejoindre les autres élèves qui se sont levés tôt. Mine de rien, la matinée passe très vite et il est presque midi lorsque je prend le chemin du retour vers Poudlard, les bras chargés de mes précieux achats. A vrai dire, je porte tellement de paquets que je ne vois presque pas devant moi et ce qui devait arriver...arrive évidemment. Je percute quelqu'un et tombe à la renverse, rapidement ensevelie vivante sous mes sacs et boîtes neuves.

« Aoutch ! » Je m'exclame en sentant la surface dure du sol pavé sous mes petites fesses.

Je me redresse lentement en faisant attention de ne pas plus abîmer mes achats. J'en profite ensuite pour vérifier que je n'ai rien de cassé, mais à première vue je suis entière. Qui donc m'a percutée de la sorte ? Je veux dire...moi je voyais rien, d'accord, mais le gars en face vous allez pas me dire qu'il pouvait pas me voir, sous ma montagne de trucs ? Je grimace et me lève en soupirant. J'espère que rien n'est en mauvais état dans les sacs...je ne me sens pas l'envie de tout vérifier maintenant, dans la rue. Je redresse plutôt mon regard vers celui qui m'a poussée. Il n'a pas l'air de l'avoir fait exprès. Je vais peut-être rester gentille, on ne sait jamais, les accidents ça arrive à tout le monde.

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© GHOST

Neville était en avance, mais pour une fois, c'était volontaire. Il devait rejoindre Luna en début d'après-midi, mais il avait décidé de se rendre à Pré-au-Lard plus tôt, au cas où.

À chacune des sorties organisées de Poudlard, Neville se rendait au village sorcier, c'était une habitude qu'il avait prise, pour voir Luna d'une part (qui était la seule parmi les voyageurs qu'il arrivait à supporter en ce moment, et qu'il voulait soutenir moralement, ce qui ne lui semblait pas être du luxe, dernièrement), et dans l'espoir de peut-être croiser Ginny, d'autre part.

Bon, il y croyait pas spécialement, à cette seconde option, pour être honnête. Si la rouquine avait dû se pointer dans le village sorcier, elle l'aurait déjà fait, et certainement pas en jour de pointe. Mais à force, Neville avait l'impression d'avoir épuisé toutes les options, et qui ne tentait rien à rien.

Il venait de passer par la poste, ça aussi, il y allait régulièrement, il envoyait régulièrement des courriers à Ginny en espérant qu'elle finirait par répondre l'un d'eux, que l'un d'eux trouverait destinataire. Aucun résultat probant pour l'instant. Sa dernière lettre envoyée avait été retournée à l'expéditeur, une fois encore. C'était désespérant.

D'un oeil distrait, le jeune homme relisait la dernière lettre, plutôt concise, qu'il venait tout juste de récupérer. Ça ne servait à rien de la relire, autant la jeter tout de suite et ne plus insister. Mais il ne pouvait pas faire ça. Et puis, comme ça, au moins, il avait le sentiment de faire quelque chose, même si ça ne menait à rien du tout, comme ne menaient à rien ses réponses aux mille offres d'emploi auxquelles il avait postulé. Et dire que Harry et Hermione avaient trouvé si facilement, eux. La vie n'avait pas à être aussi juste avec eux. Après tout, s'ils en étaient là, c'était à cause d'eux, si Ginny était introuvable, c'était leur faute...

Complètement distrait par ses pensées et sa lecture, il n'avait pas fait gaffe à la personne qu'il venait de bousculer. Et pas à moitié, en plus, puisque la personne en question avait atterri au sol.

Neville, confus, fut incapable d'agir à temps pour aider la jeune femme sous ses yeux à se relever. Et pour cause, il la connaissait. Elle ne saurait pas qui il était, mais lui, il savait parfaitement.

Comme tous les autres voyageurs, il avait eu la curiosité de découvrir ses grands-parents alors encore étudiants, mais aussitôt que Neville avait repéré Mina Murray, Neville avait fait tout son possible pour l'éviter. Il avait très bien réussi jusque-là. Mais le destin est facétieux.

"Dé... Désolé", bafouilla le jeune homme. "Je regardais pas où j'allais..." Et là, il mourait d'envie de tourner les talons, mais ça ne se faisait pas. Et quelque part, il avait peut-être envie de rester aussi. "Ça va ? Tu t'es pas fait mal, au moins ?"

▬ Mina & Neville ▬
Il est temps de songer à l'anti-rides.

Surprise, je découvre le visage du garçon qui m'a bousculée. Contrariée, je détaille son expression faciale et y reconnait avec soulagement le malaise naturel d'une personne qui se sent coupable d'avoir fait tomber quelqu'un d'autre. Du coup, je me détend immédiatement et sourit. Son premier réflexe est de s'excuser et de vérifier que je ne me suis pas fait mal. Je trouve que c'est un bon départ. Je secoue la tête joyeusement.

« Pas une éraflure. J'en ai pas l'air comme ça, mais j'suis solide comme fille. Y a pas de mal. » Dis-je d'un ton rassurant quoique amusé.

Maintenant que je le regarde mieux, je trouve son visage familier pour une raison que j'ignore. Ce n'est pas quelqu'un que je connais,
j'ai une bonne mémoire en ce qui concerne les gens, mais il dégage quelque chose détrange, qui me met immédiatement à l'aise,
comme lors d'un sentiment de déjà-vu. Réalisant que je dois avoir l'air bien étrange à force de le fixer ainsi, je décide de lui offrir de quoi se remettre de sa culpabilité inutile.

« Un verre au Trois Balais, ça te tente ? »

En attendant sa réponse, je me baisse et commence à ramasser tous mes sacs remplis d'achats pour le quidditch. A bien y penser, je ressemble un peu à Elros quand il est question d'équipement. J'achète tout et n'importe quoi pourvu que ce soit nouveau. Nouveau, et si possible capable de rendre jaloux les autres joueurs à Poudlard. Non pas que me vanter soit mon genre, mais bon en tant que capitaine...j'aime bien rester un modèle plus les plus jeunes. Et puis c'est ma dernière année en tant que joueuse à l'école, alors je veux en profiter à fond. Je doute que ce soit si mal que ça.

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© GHOST

« Pas une éraflure. J'en ai pas l'air comme ça, mais j'suis solide comme fille. Y a pas de mal. »

Neville ne sut que répondre à la remarque de la jeune femme par un sourire. Mina était d'un naturel très sympathique et avenant, le genre de personne avec qui il devait être très facile de se lier d'amitié pour peu que l'on ait rien contre les caractères un petit peu expansifs, le genre de personne avec qui Neville avait envie de réussir à s'entendre.

Il savait que Mina était comme ça, il le savait parce qu'on le lui avait dit, mais c'était mieux encore de s'adresser à elle et de constater que c'était bel et bien le cas, qu'il ne s'y était pas trompé.

Il s'était donc contenté d'une esquisse de sourire, et pendant ce temps-là, Neville eut le sentiment qu'elle le dévisageait. Ce n'était sans doute qu'une impression, mais il n'arrivait pas à s'en départir. Peut-être parce qu'une partie de lui aurait eu envie qu'elle le reconnaisse, quand bien même ça ne faisait aucun sens.

« Un verre au Trois Balais, ça te tente ? »

Le jeune homme devait bien avouer être pris de court par cette proposition, il ne s'était pas attendu à ce qu'elle lui suggère de boire un verre avec lui alors qu'ils avaient seulement partagé deux mots.

Ce devait faire partie de son caractère spontané et frondeur, elle n'hésitait pas à dire ce qu'elle pensait et à faire ce qu'elle voulait. Un caractère qui contrastait clairement avec le sien, qui était beaucoup plus réservé, même s'il savait lever la voix quand il considérait que la situation l'exigeait.

Bien sûr, il ne pouvait clairement pas refuser, c'était une occasion en or pour lui de passer un peu plus de temps avec Mina.

"Euh... bah oui, pourquoi pas ?"

Il n'avait rien de mieux à faire, et il n'allait clairement pas passer à côté de cette occasion, même si ce n'était pas forcément une bonne chose de faire plus ample connaissance avec Mina, alors qu'il devrait sûrement se faire le plus discret possible par rapport à elle.

Mais un verre aux Trois Balais, c'était quand même bien tentant, en plus, il prendrait bien une bièraubeurre. Et là, il aurait un bon prétexte pour faire la conversation, même si ce n'était pas forcément une bonne chose.

"Au faut, moi c'est Auban."

▬ Mina & Neville ▬
Il est temps de songer à l'anti-rides.

Une fois mes affaires ramassées, je décide de me simplifier la vie. D'un coup de baguette, je les fait rétrécir et les regroupe toutes dans un seul sac. Tout en faisant cela, je réalise que j'ai été bien idiote de ne pas y songer avant. Ca m'aurait évité de percuter quelqu'un. Il faut croire que je suis du genre à trouver des solution après avoir rencontré un problème. L'anticipation ne fait pas partie de mes spécialités. Ceci fait, je souris à mon interlocuteur. Je n'étais pas certaine qu'il allait accepter, après tout nous venons à peine de nous croiser par pur hasard, mais c'est aussi un peu ça ma personnalité. J'aime tenter ma chance, donner un coup de pouce au destin. Mon impression de déjà-vu par rapport à ce garçon ne veut pas me quitter. J'ai le sentiment qu'il faut que je creuse ce curieux phénomène. Lorsqu'il se présente finalement, je suis un peu décontenancée. Auban ? C'est étrange, je ne trouve pas que ce prénom lui va très bien...du moins ce n'est pas celui que j'aurais choisi pour lui. Quelque part en moi, ce nom sonne faux. Je ne vais cependant pas en parler, car ce serait incroyablement étrange et malpoli !

« Enchantée Auban. Moi c'est Mina. » Dis-je en lui offrant mon sourire le plus sincère.

En sa compagnie, je marche sur le chemin pavé de pierres anthracites, revenant ainsi sur mes pas jusqu'à pré-au-lard. Ca ne m'ennuie pas de m'y attarder finalement, surtout si c'est avec quelqu'un de sympathique. Je n'avais rien d'urgent à faire au château de toute façon. Mes devoirs sont terminés et je n'ai pas d'entrainement de Quidditch avant demain. J'avais bien prévu de déballer mon nouvel équipement et en détendre les matières pour qu'il soit confortable lorsque je le porterai, mais ce n'est pas vraiment pressé. Le vent rougit mes joues et ébouriffes mes cheveux dans l'avenue principale du village sorcier et je cache rapidement le bas de mon visage dans mon épaisse écharpe en laine jaune Poufsouffle. D'un mouvement simple empreint d'habitude, je pousse alors la lourde porte des Trois Balais.

« Pfiouh, enfin à l'abri ! » Je déclare joyeusement en faisant les premiers pas dans la taverne.

Du bout des doigts, je retiens la porte pour permettre à Auban d'entrer à ma suite. Je déroule ensuite mon écharpe et l'accroche au grand porte manteau en compagnie de ma veste. Dans la large pièce éclairée et animée, il règne la chaleur apaisante que diffuse la cheminée. Je respire en souriant les effluves de bières au beurre et de chocolats chauds. J'adore cet endroit.

« Alors...tu veux t'asseoir où ? » Je demande poliment.

Il y a plusieurs places disponibles puisque ce n'est pas une heure de pointe, alors autant lui laisser le choix de la table.

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© GHOST

« Enchantée Auban. Moi c'est Mina. »

Neville répondit à cette remarque et au sourire de la jeune femme par un autre sourire. Il savait comment elle s'appelait... justement, c'était ça le truc... Peut-être qu'il aurait dû répondre que lui aussi était enchanté, mais il n'arrivait pas à dire quoi que ce soit.

Cette situation était bouleversante, il faisait déjà de son mieux pour garder un certain contrôle de lui-même et d'avoir l'air un tant soit peu naturel. Il ne savait pas du tout s'il parvenait à faire illusion. Mina n'avait pas l'air de le trouver trop bizarre, on va dire que c'était déjà ça.

Ils se dirigèrent donc jusqu'aux Trois-Balais. Il hésita à plusieurs reprises à rebrousser chemin, ou à inventer une excuse pour laisser Mina en plan, mais il n'en fit rien, il avait une occasion qu'il n'avait jamais eue jusque-là... et qui ne se présenterait plus jamais... Il savait qu'il fallait qu'il la saisisse, même si ce n'était pas simple.

« Pfiouh, enfin à l'abri ! »

Oui, Neville devait lui-même admettre que ça ne lui faisait pas de mal de conjurer le froid et d'être enfin à l'intérieur.

« Alors...tu veux t'asseoir où ? »

Neville hésita à laisser le choix à Mina, mais en même temps, peut-être qu'il pouvait bien prendre quelques initiatives de temps à autre, il savait bien que c'était parfois un souci chez lui... Dans cette situation, ses défauts avaient tendance à s'accentuer. Et la conversation n'allait pas aller bien loin s'il ne prenait pas sur lui. Heureusement, Mina semblait être du genre bavarde, ça allait les aider.

Neville désigna une table qui avait le mérite d'être à proximité de la fenêtre.

"Là ?"

Il se dirigea vers la table en question et ils purent s'installer. Peu de temps après, une serveuse vint prendre leur commande. Il commanda une bièraubeurre, se dit qu'il s'arrangerait pour payer le verre de Mina... en faisant de son mieux pour que ça n'ait pas l'air trop équivoque non plus (là, ce serait vraiment embarrassant).

Bon, et maintenant, ils étaient là, il fallait trouver un sujet de conversation. Quoi ? Il n'en savait rien, n'importe quoi...

"T'es la capitaine de l'équipe de Poufsouffle, non ?" demanda-t-il alors tout en connaissant pertinemment la réponse.

On va dire que c'était mieux que rien.

▬ Mina & Neville ▬
Il est temps de songer à l'anti-rides.

Patiente, je laisse Auban choisir notre place comme je le lui ai demandé de le faire. Je suis satisfaite quand il jette son dévolu sur la table que je regardais moi-même, près de la fenêtre. Un emplacement parfait pour discuter et faire connaissance ! Je le suis et m'installe confortablement. Quand la serveuse vient prendre notre commande, je suis tentée de faire comme Auban et prendre une basique bièraubeurre, mais je ne peux pas résister à ma boisson hivernale préférée ! Je demande donc un grand chocolat chaud avec de la crème fouettée et des guimauves sur le dessus. Et je n'ai même pas honte de prendre une boisson aussi sucrée. C'est pas comme si j'avais un poids à surveiller, mes fesses ne risquent pas de prendre une once de gras vu tout le sport que je fais avec les entraînements ! Il y a du bon à être une personne naturellement sportive. Je souris légèrement une fois que la serveuse s'est éloignée. Un silence qui ne me gène pas du tout s'installe jusqu'à ce qu'Auban entame la conversation. J'ai préféré le laisser choisir le sujet de discussion, pour le mettre à l'aise. Une chance pour moi, puisqu'il choisit le quidditch, ma passion ! Je ne risque pas de me contenir sur ce sujet.

« Oui tout à fait. Enfin, c'est ma dernière année dans l'équipe mais je suis contente de finir en beauté. Et puis c'est un plus pour ma future carrière. Je veux devenir joueuse professionnelle pour les Harpies. Est-ce-que tu savais que c'est la seule équipe qui est composée uniquement de femmes ? » Je dis avec un air passionné.

C'est tout moi ça, une fois lancée sur le quidditch, je ne sais pas m'arrêter. Je finis pas remarquer que je ne l'ai pas laissé en caser une depuis un petit moment et m’arrête en mordillant ma lèvre. J'ai tellement pas l'habitude qu'Elros m'écoute en parler pendant des heures sans pour autant comprendre que je commence à partir du principe que tout le monde va faire pareil. C'est vraiment une mauvaise manie que je dois perdre et vite !

« Désolé, quand je pars dans le quiddich j'ai du mal à contenir mon émotion. C'est juste que c'est mon rêve. » Je tente de me justifier.

Je laisse un nouveau silence s’installer, plus dérangeant cette fois, puis décide de renvoyer la balle à l'envoyeur pour voir ce que ça va donner.

« Et toi, tu as un rêve ? »

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« Oui tout à fait. Enfin, c'est ma dernière année dans l'équipe mais je suis contente de finir en beauté. Et puis c'est un plus pour ma future carrière. Je veux devenir joueuse professionnelle pour les Harpies. Est-ce-que tu savais que c'est la seule équipe qui est composée uniquement de femmes ? »

Neville hocha la tête avec un léger sourire. Oui, il le savait, mais il serait bien tenté de prétendre le contraire juste pour entendre Mina évoquer avec enthousiasme et emphase sa passion immodérée pour le Quidditch.

Ça se sentait vraiment, qu’elle adorait ce sport. Logique, puisqu’elle en avait fait un choix de carrière, mais sans avoir eu connaissance de cette information, le jeune homme l’aurait tout de même compris, quelque chose dans le ton de sa voix, dans son attitude, une lueur dans son regard… C’était juste évident, en fin de compte. Et il admirait ce genre de tempérament, frondeur et passionné. Mina savait ce qu’elle voulait dans la vie, et elle n’hésitait pas de le faire valoir. C’est ce qu’il cherchait à faire lui aussi, mais il n’avait pas toujours le sentiment d’avoir la force de caractère nécessaire, même si il pensait qu’il avait quand même beaucoup progressé, évolué, depuis.

« Désolé, quand je pars dans le quidditch j'ai du mal à contenir mon émotion. C'est juste que c'est mon rêve. »

Oui, ça se voyait. Mais elle n’avait pas besoin de s’excuser pour ça, au contraire, il préférait qu’elle laisse exprimer ses émotions. Il n’aurait que peu de temps pour la connaître (et il ne devrait pas essayer de le faire, mais ne lui demandez pas de se raisonner à ce sujet), alors il préférait qu’elle se montre comme elle était, sans cacher qui elle était et ce qu’elle pensait. Il voulait imprimer cette image dans son esprit et ne jamais l’en ôter.

« Et toi, tu as un rêve ? »

Ça, c’était pas une question commune. Est-ce qu’il avait un rêve ? Bien sûr, tout le monde avait un rêve, au fond. Personne n’y coupait, la vie était ainsi faite, certains avaient des rêves de grand amour, de métier passionnant, de voyage, de richesse, lui… Eh bien, c’était compliqué, et il ne devrait sûrement pas en parler. Mais…

"Comme tout le monde, j’imagine", répondit-il avec un sourire. Même si certains rêves méritaient plus de s’y attarder que d’autres. Certains rêves étaient réalisables et d’autres non. Mina pourrait faire partie des Harpies de Holyhead. Lui… son espoir, c’était que ce voyage temporel réalise son rêve, mais rien n’était si sûr. "Mon rêve, ce serait… de retrouver ma famille."

Une information beaucoup trop personnelle, mais tant pis. C’était ça, son rêve, oui, retrouver son père et sa mère, en pleine disposition de leurs moyens, un rêve qu’il réalisait un peu en ayant Mina sous les yeux. Même si elle ne pouvait pas comprendre à quel point cette rencontre comptait pour lui.

▬ Mina & Neville ▬
Il est temps de songer à l'anti-rides.

Ma question était en effet un peu idiote, puisque tout le monde a un rêve, petit ou grand. Mais je pense qu'Auban a parfaitement compris ce que je voulais dire par là. L'idée était de connaître le rêve en question. Après, libre à lui de ne pas répondre s'il estime que c'est trop privé. On ne se connaît que depuis peu et je ne suis probablement pas la mieux placée pour juger les espoirs d'un inconnu. Trop détendue, je n'ai eu aucun mal à parler de ce que j'attends de l'avenir, mais je ne dois pas prendre mon cas pour une généralité. M'attendant à un refus nappé de courtoisie embarrassée, je suis agréablement surprise quand mon interlocuteur se confie finalement. Son souhait pourrait avoir plusieurs sens et je ne suis pas certaine de bien l'interpréter. A-t-il égaré sa famille ? Ou bien celle-ci n'est-elle tout simplement plus en vie ? Dans les deux cas, je ressens une solitude en Auban que je n'avais pas su saisir tout de suite en le rencontrant. Il a pourtant l'air de la porter comme un fardeau depuis longtemps.

« Je vois. » Un mince sourire compatissant étire mes lèvres quand je poursuis. « C'est un joli rêve. Je te souhaite qu'il se réalise d'une façon ou d'une autre. »

Et j'en pense chaque mot. Bon, si sa famille est morte, je ne vois pas vraiment comment il pourrait la retrouver sinon en la rejoignant, ce qui est une idée bien trop sombre et affreuse pour que je la tolère dans mon esprit. Je ne connais pas encore bien Auban, mais quelque chose d'étrange et de doux à enveloppé mon cœur en croisant son regard. Comme si mon âme l'avait reconnu mais pas ma mémoire. En tout cas, je me sens proche de lui.

« Je ne pense pas être d'une grande aide, mais si un jour tu as besoin de moi, je serais ravie de t'aider à réaliser ton rêve. »

Je suis bien loin d'imaginer que son rêve, je suis même la seule à pouvoir le réaliser. En créant sa future mère. Si je l'avais su, aurais-je abordé le sujet de la même manière ? Probablement pas. Lentement, je porte ma boisson chaude à mes lèvres et en boit une grande gorgée réconfortante. En regardant mieux mon interlocuteur, quelque chose me choque un peu et me fait sourire.

« C'est amusant. Je ne saurais dire quoi avec exactitude, mais tu ressembles un peu à un ami à moi. C'est subtil, mais amusant. »

Un ami, un ami... Plutôt un petit-ami. Carrément un petit-ami en fait. Mais je me vois mal dire à un inconnu qu'il me fait penser à l'homme que j'aime. Pour le coup ce serait bien trop étrange et gênant.

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« Je vois. »

Je vois. Ces simples mots étaient à Neville amplement suffisants, et il n’en demandait pas davantage. Il n’avait pas évoqué sa famille dans le but d’être plaint ou que l’on s’apitoie sur son sort. De manière générale, c’était un sujet qu’il n’abordait pas, à cette époque ou dans l’autre, il ne préférait pas.

Cela lui allait très bien, donc, qu’elle ait la délicatesse de ne pas poser plus de questions. De toute les manières, elle n’aurait pas pu y répondre, donc c’était forcément mieux comme ça. Elle devinait certainement ce qu’il y avait à deviner, et c’était suffisant en soi, voilà tout.

D’autant qu’il se serait senti mal d’apprendre à son interlocutrice le destin tragique qui attendait son futur enfant, ce même si elle devait passer par des voies détournées.

« C'est un joli rêve. Je te souhaite qu'il se réalise d'une façon ou d'une autre. »

Si elle savait… En cet instant précis, il approchait son rêve plus qu’il ne l’avait jamais fait, et le pire, c’est qu’il ne pouvait rien lui en dire… Quelque part, tant mieux, bien sûr, mais il aurait tant de choses à lui exprimer… et au final, il devait passer par des voies détournées en se disant qu’un jour, avec de la chance, elle finirait par comprendre. Ou sans aucune chance.

« Je ne pense pas être d'une grande aide, mais si un jour tu as besoin de moi, je serais ravie de t'aider à réaliser ton rêve. »

Une fois de plus, Mina ne pouvait pas se douter d’à quel point ces mots trouvaient un immense écho dans son esprit. Elle l’aidait déjà à réaliser son rêve, si difficile soit-il… c’était presque injuste qu’elle ne s’en rende pas compte.

Dans tous les cas, cette discussion confirmait ce que Neville pensait déjà d’elle. Il voulut la remercier, articuler ne serait-ce que deux mots pour cela, mais il réalisa seulement là que les mots restaient bloqués dans sa gorge, incapable de sortir, de l’aider à s’exprimer, l’émotion l’avait gagné, plus qu’il ne se l’était figuré.

Finalement, ce fut une aubaine qu’elle reprenne la parole, ou il aurait eu l’air bien stupide. Il put refermer la bouche aussi vite qu’il l’avait ouverte sans donner l’impression d’attendre de gober une mouche ou autre.

« C'est amusant. Je ne saurais dire quoi avec exactitude, mais tu ressembles un peu à un ami à moi. C'est subtil, mais amusant. »

Cette réflexion lui décocha un sourire, il avait envie de croire qu’il savait exactement à quel ami pensait Mina, et cette suggestion n’était pas pour lui déplaire.

« Ah oui ? Et c’est qui cet ami ? Il est comment ? »

▬ Mina & Neville ▬
Il est temps de songer à l'anti-rides.

Plus je regarde Auban et plus je doute de ce que je viens d'affirmer. Si ressemblance il y a, elle est vraiment lointaine et discrète. Pourtant je n'arrive pas à me débarrasser de cette sensation de familiarité lorsque je croise son regard. Je suis surprise que mon interlocuteur s'intéresse d'ailleurs autant à ce que je viens de dire. Evidemment, je pourrais lui décrire Elros, ça ne serait vraiment pas difficile étant donné que je connais chaque détail qui fait que mon petit-ami est celui qu'il est. Mais est-ce vraiment le genre de conversation que devraient avoir deux camarades qui viennent tout juste de se rencontrer ? C'est étrange cette sensation, comme si j'avais toujours plus ou moins connu Auban. Je me sens à l'aise avec lui, comme avec un vieil ami. Un mince sourire gêné étire mes lèvres. Par où commencer ?

« Mon petit-ami, Elros. A vrai dire vous n'avez pas grand chose en commun physiquement. C'est juste une sensation... Vous avez tous les deux comme une lueur dans le fond des yeux. »

On pourrait vraiment se méprendre sur mes intentions vis-à-vis d'Auban étant donné mes paroles, mais je ne saurais être plus honnête que cela. Il ne m'attire pas le moins du monde, mais il a quelque chose de rassurant, de doux. Comme Elros. Cette aura qui donne l'impression que tout ira pour le mieux. Embarrassée, je glisse une mèche de mes cheveux derrière mon oreille. Je suis ridicule. Mes paroles ne font aucun sens.

« C'est difficile à expliquer. »

Si j'avais été plus attentive, j'aurais probablement remarqué que les cheveux d'Auban, à défaut de ressembler à ceux très blonds d'Elros, ont une grande ressemblance avec les miens. Ou que son nez ressemble à celui de mon père. Mais je suis trop distraite pour y accorder l'attention qu'il faudrait.

Je bois une nouvelle gorgée de mon chocolat chaud pour me donner une contenance et occuper le silence qui s'installe entre nous. Ce n'est pourtant pas un silence de plomb comme il peut y en avoir au milieu de certaines conversations. Ce silence est reposant, calme, il ne nous empêche pas de partager un bon moment juste en partageant un regard complice.

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« Mon petit-ami, Elros. »

Neville retint un sourire trop lumineux de décorer ses lèvres. C'était exactement ce qu'il avait espéré entendre. Ce n'était pas grand chose en soi, mais ça lui faisait tout de même du bien d'être ainsi identifié à celui qui deviendrait son grand-père. C'était quelque chose qui comptait, pour lui. A l'heure actuelle, il avait le plus grand besoin de repères familiers.

Il découvrait ainsi, par la même occasion, que Mina et Elros étaient déjà ensemble. Il savait que le couple s'était fiancé très jeune, mais il n'avait pas eu la certitude que ce soit déjà le cas. Cela ne le concernait que de loin, mais ça... lui faisait sincèrement du bien. Il ne l'expliquait pas directement, mais c'était le cas.

« A vrai dire vous n'avez pas grand chose en commun physiquement. C'est juste une sensation... Vous avez tous les deux comme une lueur dans le fond des yeux. »

Et ça lui convenait très bien. Il aimait se dire que cette ressemblance pouvait tenir d'un rien, un petit quelque chose d'infime, mais de bien réel. Neville se demandait si quelqu'un qui connaissait bien Mina lui trouverait aussi quelque chose d'elle en passant du temps avec lui. C'était une pensée qu'il appréciait en tout cas.

Mais il faisait l'effort de ne pas trop le montrer. Ce semblerait sûrement suspect qu'il ait l'air trop enthousiaste face à une telle information. Ni, pire encore, qu'il lui laisse imaginer qu'il ait pu avoir le sentiment qu'elle le draguait gentiment... car ses propos pouvaient porter à confusion, même si Neville, dans sa position, n'y voyait définitivement aucune malice, juste le fait que Mina était vraiment très attachée à Elros, et cette pensée lui plaisait beaucoup.

« C'est difficile à expliquer. »

"Je vois", répondit-il pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas besoin d'expliciter davantage les choses, et surtout, qu'il n'y portait pas de fausse interprétation. Il hésita un instant, il avait envie d'en apprendre plus sur ses grands-parents et sur leur histoire, et c'était l'occasion. Mais il ne voulait surtout pas avoir l'air trop... étrange. En fait, il avait peut-être une solution. "Je crois que j'ai rencontré ton petit ami. Il travaille au ministère, non ?"

Des Elros dans le monde magique, il ne devait y en avoir pas tant.

▬ Mina & Neville ▬
Il est temps de songer à l'anti-rides.

Surprise par sa question, j'observe Auban avec de grands yeux écarquillés. Je dois avoir l'air d'un poisson hors de l'eau comme ça, mais là j'en suis vraiment comme deux ronds de flan. C'est vrai que Elros n'est pas un prénom particulièrement répandu, mais quand même, c'est une sacré coincidence qu'il connaisse MON Elros ! Sortant finalement de mon choc, je souris et hoche la tête. Je ne pense pas qu'il y ai d'autres personnes au ministère qui s'appellent comme mon petit ami, ce doit donc être le même homme.

« Absolument. Au département du réseau de cheminette. » Je réponds, contente d'avoir quelqu'un avec qui parler de celui qui occupe mes pensées la plupart du temps.

A Poudlard ou ailleurs, peu sont les gens qui savent que je suis en couple avec Elros, et ceux qui le savent sont nombreux à voir notre relation d'un mauvais œil à cause de la différence d'âge. Je ne me laisse jamais affecter par ce que pensent les autres fort heureusement, mais ça réduit tout de même de beaucoup le nombre de gens à qui je peux sincèrement parler de ma vie de couple. Ce serait agréable pourtant d'avoir quelqu'un à qui me confier de temps en temps.

« Pardonne ma surprise. C'est juste une incroyable coincidence que tu aies rencontré Elros auparavant. Tu as eu des soucis de cheminette ? » Je demande, curieuse.

Cela ne se fait pas de fourrer son nez dans les affaires des autres, mais c'est une bien trop belle occasion d'en apprendre davantage sur Elros en dehors des moments où nous sommes ensemble. Comment est-il sur son lieu de travail ? Est-ce-qu'il parait avenant aux gens qu'il ne connait pas ? Est-ce-qu'il renvoie aux autres la même impression qu'à moi ou ais-je un avis biaisé par mes sentiments à son égard ? Il y a tant de choses que j'aimerais savoir, et pourtant je pense que je n'oserai pas poser toutes ces questions à Auban. J'aurais l'air d'une folle. Bon...je ne suis pas complètement saine d'esprit non plus, faut avouer. Je vais quand même essayer de me contenter de ce que mon nouveau camarade voudra bien me dire.

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« Absolument. Au département du réseau de cheminette. »

La réponse de Mina ne faisait d'office aucun doute pour Neville, mais il l'accueillit malgré tout avec le sourire. Ce pouvait avoir l'air de rien, mais entendre sa grand-mère parler de son futur mari, son grand-père, avec des étoiles plein les yeux, eh bien... ça lui mettait du baume au coeur, ça lui faisait du bien.

Le jeune homme ne demandait qu'à en entendre plus sur la relation entre Mina et Elros (sans entrer dans les détails non plus, il ne faut pas déconner), comme une manière de se raccrocher à un futur qui, peu importe la situation, peu importe les circonstances aurait forcément changé dans des proportions un peu trop grandes.

« Pardonne ma surprise. C'est juste une incroyable coincidence que tu aies rencontré Elros auparavant. Tu as eu des soucis de cheminette ? »

Neville était du même avis que Mina, c'était une incroyable coïncidence, mais pas pour les raisons invoquées par son interlocutrice. Car en effet, sa rencontre avec Elros, il ne l'avait pas provoqué, ça lui était tombé dessus, comme si c'était le destin... quelque part. Même s'il était un peu plus difficile de croire au destin quand leurs élucubrations temporelles remettaient tout ça en question.

Donc oui, c'était une vraie coïncidence, mais que Neville ne regrettait pas. Même s'il avait voulu éviter, dans un premier temps, de rencontrer ses grands-parents, convaincu que ce serait une très mauvaise idée, il se disait à présent que c'était une bonne chose, qu'il en avait eu besoin, et que c'était même une excellente réponse à toutes les interrogations qui étaient les siennes depuis les débuts de son voyage temporel.

Neville fit non de la tête pour commencer avant de répondre en mots.

"Non, je l'ai rencontré totalement par hasard dans les couloirs du ministère, je cherchais du travail, là-bas..."

Résultat des courses, une rencontre marquante, mais pas de travail. Encore que si, une offre d'emploi à laquelle il n'avait pas osé répondre.

"Il a été vraiment super sympa."

Mais Neville n'apprenait rien à Mina, évidemment, elle savait forcément que la jeune femme était bien placé pour connaître le caractère de son petit ami. Malgré tout, c'était un constat, et il avait voulu l'articuler à voix haute, comme si ça pouvait avoir de l'importance.

▬ Mina & Neville ▬
Il est temps de songer à l'anti-rides.

Je suis d'autant plus surprise en apprenant que finalement Auban est tombé sur Elros au moins autant par hasard que sur moi. Cela fait quand même beaucoup de coincidences d'un coup et même si je ne crois pas au destin, difficile de ne pas voir ici un signe qu'Auban est un ami. Je souris en l'écoutant dire que mon petit-ami a été " vraiment super sympa " avec lui. Ca confirme ce que je pensais déjà de Elros en dehors de nos entrevues. Il est donc ainsi même sur le milieu du travail et j'en suis très heureuse, surtout pour ses collègues et les gens qui ont - comme Auban - la chance de le rencontrer.

« Je n'en doute pas une seconde. C'est quelqu'un avec un réel bon fond. Il n'a aucune méchanceté dans le cœur et aucune malice dans l'esprit. » Je réponds, absolument pas embarrassée à l'idée de couvrir mon petit-ami de louanges.

Pourquoi devrais-je me retenir de dire ce que je pense ? Je ne suis pas tombée amoureuse d'Elros pour son argent mais pour son sourire, pour la lueur dans son regard, pour la bonté dans ses gestes et pour la douceur dans ses étreintes. C'est un peu comme un ours en peluche mais vivant et assez grand pour m'enfouir dans ses bras. Une teinte un peu rosée colore mes pommettes et je cache mon bonheur dans une gorgée de boisson chaude. Je ne veux pas trop étaler ma joie partout non plus, c'est un peu égoïste et méchant pour ceux qui n'ont pas ma chance en amour. D'ailleurs j'y pense, est-ce-qu'Auban a quelqu'un dans sa vie, lui aussi ? Je serais ravie d'apprendre que c'est le cas. Et si ça ne l'est pas, je suis sûre que ça viendra plus vite qu'il ne le pense. C'est un charmant garçon après tout. En tout cas, nous ne nous connaissons pas assez pour que je pose ouvertement la question. Ce serait déplacé.

« J'aimerais que tout le monde puisse connaître un bonheur similaire au mien. Il y aurait peut-être moins de guerres. » Je dis en souriant timidement.

Il est vrai que si tous les jaloux, tous les frustrés, tous les cruels pouvaient trouver l'amour et goûter au plaisir simple d'être avec quelqu'un de spécial, il y aurait moins de place pour la haine dans ce monde, j'en suis persuadée.

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« Je n'en doute pas une seconde. C'est quelqu'un avec un réel bon fond. Il n'a aucune méchanceté dans le cœur et aucune malice dans l'esprit. »

Existait-il réellement de tels individus. Si Neville avait pu le croire un jour, les événements récents avaient eu tendance à lui faire réviser son opinion sur la question. Il était difficile de croire à la pureté de la mentalité humaine, ou en tout cas de certains humains, quand la vie n'avait jamais de cesse que de dévoiler de l'humain des aspects que l'on n'aurait jamais voulu connaître.

Mais Neville avait quand même envie de penser que le portrait que son interlocutrice faisait de son fiancé était un portrait fiable... peut-être un peu embelli par les sentiments qu'elle avait pour lui, mais sincère tout de même. Il avait rencontré Elros, après tout, et il lui avait semblé terriblement sympathique. Et dans ces moments où tout semblait sombre, c'était agréable de se raccrocher à l'idée qu'il y avait encore quelques vraies, bonnes personnes. Surtout quand ces vraies bonnes personnes étaient la rare famille qu'il vous restait à l'heure actuelle.

« J'aimerais que tout le monde puisse connaître un bonheur similaire au mien. Il y aurait peut-être moins de guerres. »

Neville sourit doucement. Il ne pouvait s'empêcher de trouver cette réflexion un peu naïve, cela dit, elle aimait l'optimisme que Mina semblait capable d'insuffler à toute situation. Neville, de son côté, était loin d'avoir ce pouvoir.

Est-ce que, si tout le monde était heureux, il y aurait moins de guerres ? Neville n'en était pas sûr, il était devenu trop optimiste de son côté, il se disait que les humains, sorciers ou moldus qu'importe, trouveraient toujours un prétexte pour saborder leur propre bonheur, ils ne le supporteraient tout simplement pas.

"Je crois que les gens trouveraient quand même une raison de faire la guerre, c'est dans leur nature", répondit-il dans un haussement d'épaules.

Il n'avait pas envie de jouer les rabat-joie de service, mais en même temps, c'était sa manière de penser, c'était sa façon de voir les choses, et déjà qu'il ne pouvait pas complètement se montrer honnête envers Mina, il essayait d'avoir tout de même la conversation la plus proche possible avec elle. Façon comme une autre de se sentir proche d'elle.

▬ Mina & Neville ▬
Il est temps de songer à l'anti-rides.

C'est une grande surprise pour moi d'entendre la réponse d'Auban. Certes ma phrase était un peu trop naïve, mais je le trouve étrangement très négatif dans sa façon de voir le monde et les gens plus particulièrement. Ce serait dans la nature des gens de trouver de faux arguments pour se faire la guerre ? Bon...j'admet que c'est le cas pour certains, mais pas tous, si ? Je trouve ça dommage de penser déjà de façon aussi défaitiste alors qu'il est si jeune. On devrait plutôt profiter de notre âge pour penser à un avenir meilleur, non ? Comment serait-il possible d'avancer dans le bon sens, si nous sommes déjà vaincu au plus profond de notre être ? Non, je ne peux pas accepter une telle vision des choses. Je veux croire qu'il reste des gens bien qui peuvent améliorer la vie de manière générale. La médecine, la justice, les mentalités...tout ceci peut encore évoluer dans le bon sens et rendre l'avenir plus radieux. Il suffit d'y croire dur comme faire et de se battre pour. Je ne suis pas prête à baisser les bras.

« Je comprends que tu puisses le penser. Mais je veux encore croire qu'il y a du mieux qui m'attend. Ce serait trop horrible de penser que mon avenir est déjà tout tracé et sans la moindre amélioration possible. La guerre n'est pas éternelle. Je veux que mes enfants aient une vie paisible. Et leurs enfants à leur tour. » Je déclare avec un petit sourire.

Évidemment, si j'avais su ce qu'il allait advenir de ma fille, et que son fils était ce garçon négatif en face de moi, les choses auraient été très différentes. Je n'aurais pas tenu le même discours. Mais il y a des choses qu'il ne vaut mieux ne pas savoir parfois. Je termine ma boisson calmement puis observe mon sac rempli de présents. Il va falloir que j'aille m'en occuper, faire des paquets et trouver une cachette appropriée en attendant le jour pour les offrir. Peut-être tout simplement sous mon lit ? Non, trop évident. Je vais y réfléchir encore un peu.

« Enfin bref... c'était une conversation charmante, et je suis ravie d'avoir fait ta connaissance, Auban. Malheureusement j'ai encore du travail qui m'attend. Ces cadeaux ne vont pas s'emballer sans mon aide. »

Après ces mots, je me lève et paye pour nos consommations, ravie de pouvoir l'inviter pour le remercier d'avoir ramassé le cadeau que j'avais fait tomber. Après tout, à la base, c'était pour ça que je l'avais fait venir ici, même si j'espérais aussi me réchauffer un peu les oreilles et le bout du nez qui devenaient gelés. Je souris et déclare en partant :

« N'hésite pas à venir me parler de temps en temps, d'accord ? J'en serais ravie. »

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