L'on peut dire ce que l'on veut, la chance décide tout de même pour une grande part de ce que nous serons capable de devenir. Si Wilhelmina avait eu d'autres parents, vécu une autre enfance, il est très possible qu'elle ne serait pas devenue qui elle est.  Elle a eu de la chance, oui, car elle a grandi auprès de deux parents aimants, de la chance, encore, car ces derniers étaient des personnes riches, respectées et respectables. Sa mère, rentière,
avait bénéficié du riche patrimoine de sa famille et put transmettre à sa fille une éducation parfaite et l'habitude du luxe. Son père, gérant d'une banque moldue de grande ampleur, complétait le tableau. Wilhelmina, sans appartenir à ces familles de sang pur si fières de leur fortune, grandit tout de même dans l'opulence, et se forgea par ailleurs une éducation mixte, moldue et sorcière, qui l'aide beaucoup dans son rôle actuel.

Peu après ses onze ans, elle reçut sa lettre d'admission à l'école de sorcellerie Poudlard, école où sa mère avait elle aussi étudié. Elle intégra la même maison qu'elle, d'ailleurs, la maison Serdaigle. Tout se passa au mieux, à Poudlard, elle se fit de nombreux amis et brilla par ses résultats scolaires, qui lui ouvraient la porte à de prestigieuses études. Elle choisit de se lancer dans une carrière de juriste, et ce fut à cette période qu'elle fit la rencontre d'Elliott Tuft, qui devait devenir son époux. Entre eux, l'évidence fut telle qu'il ne leur fallut pas longtemps pour se mettre en ménage, encore moins pour que Wilhelmina tombe enceinte. Un an seulement après sa sortie de Poudlard, elle attendait son premier enfant, Ignatius.

L'arrivée d'Ignatius dans sa vie fut le plus beau cadeau que l'on fit jamais à Wilhelmina. Elle adorait son fils, son père l'adorait aussi. Il fut choyé et éduqué à leur manière, convaincus que ses parents étaient qu'il accomplirait de belles et grandes choses. Aujourd'hui encore, l'amour de Wilhelmina pour son fils n'a pas faibli.

On ne peut pas en dire autant de son affection pour Elliott. Si, pour Wilhelmina, il restera à tout jamais l'homme de sa vie, après la naissance d'Ignatius, elle se sentit rejetée, délaissée. Elle avait mis sa carrière entre parenthèse pour élever leur fils et se sentait alors plus mère que femme. Alors, un jour, et elle est loin d'en être fière, elle prit un amant.

Elle le regrette amèrement. Cette idylle avec cet autre homme fut certes passionnée mais surtout dévastatrice... et ne fut pas sans conséquence. Wilhelmina tomba à nouveau enceinte. Assaillie par le poids de son erreur, elle n'hésita pas une seule seconde à rompre avec son amant et à avouer toute la vérité à son époux. Il mit beaucoup de temps à lui pardonner. Agrippine naquit, et si aux yeux du monde, elle était leur fille à tous les deux, aux yeux de Wilhelmina et Elliott, elle n'était la fille de personne. Elliott la haissait pour tout ce qu'elle représentait. Plus d'une fois, il leva la main sur elle, Wilhelmina le savait mais faisait mine de ne rien voir. Ne serait-ce que regarder Agrippine dans les yeux était trop douloureux. Elle était l'incarnation même de toutes ses erreurs. Et avec le temps, leurs relations n'allaient certainement pas s'apaiser, puisque la gamine était devenue impossible. Quand Agrippine avait quitté le cocon familial pour mener sa propre vie de son côté, ce fut, pour Wilhelmina, un soulagement.

Elle pouvait se concentrer de nouveau sur l'essentiel : son couple, qu'elle s'efforçait de solidifier, la carrière de son fils, promis au plus beau des destins... et sa propre carrière, puisqu'elle reprit le travail. Malheureusement, tout ne se passa pas comme elle l'aurait désiré. Une maladie de coeur fulgurante emporta Elliott, la laissant seule avec son chagrin et ses regrets, pour toujours veuve éplorée.

Elle se concentra, après le décès de son époux, d'autant plus sur sa carrière. Elle gravit les échelons au sein du ministère de la Magie, se fit sa petite réputation. Son nom en même temps que celui de quelques autres s'imposa d'office après le décès prématuré de son prédécesseur. Ce fut finalement elle que l'on désigna au poste de ministre de la Magie. En ces temps troublés, elle sait que son mandat n'aura rien de simple, mais elle est déterminée à s'en montrer digne.