On ne pouvait pas vraiment dire que Ignatius ménageait ses efforts, mais en même temps on ne lui laissait pas spécialement la possibilité de le faire. Si son poste, il l’avait obtenu en grande partie parce que sa mère était la nouvelle ministre de la magie, cela ne voulait pas vraiment dire qu’il pouvait se tourner les pouces. Bien au contraire d’ailleurs, parce qu’il devait quand même prouver qu’il était valable pour ce poste, qu’il avait sa place à ce poste. Et au vu de ses éventuels aspirations – non pare qu’il aimait assez l’idée de pouvoir faire comme maman un jour, lui et sa manie de toujours vouloirs suivre la voie de ses parents ou encore de les rendre fière (même si concernant son père ce n’était plus possible – il devait donc se donner du mal. Mais en même temps, le jeune homme ne pouvait pas nier que par moment, il se sentait un peu fatigué.  Bon, en soit, son travail n’était peut-être pas aussi fatiguant que d’autres postes au ministère de la magie (comme celui de ministre par exemple ?), mais cela ne voulait pas dire qu’il se sentait quand même sacrément vidé une fois qu’il terminait sa journée.

Pour autant, le jeune homme n’avait pas décidé de juste rentrer chez lui pour profiter du confort de son appartement. Non pas qu’il ne s’y plaisait pas, bien au contraire. Cet endroit était très bien, luxueux quand même. Bien plus confortable que le taudis où pouvait vivre sa sœur d’ailleurs, mais ça c’était encore un autre débat. Mais en même temps, malgré le fait qu’il soit très confortable… eh bien, il était vide. Pas vide de meuble, ça il y en avait plein, mais vide de présence. Alors, Ignatius décida de se rendre au Chaudron Baveur en quittant le ministère dans le but de juste boire un verre avant de rentrer. Non pas qu’il ait spécialement envie de passer du temps en compagnie d’une autre personne, mais le simple fait de boire un verre dans une salle où se trouverait d’autre personne, ça sera déjà ça. Il n’avait pas de but précis, juste se contenter de siroter un verre avant de rentrer chez lui et se reposer avant la nouvelle journée qui l’attendait le lendemain.

Parce que forcément, tout cela recommençait tous les jours. Bon, en même temps, Ignatius serait parfaitement ingrat s’il commençait à se plaindre de sa condition, ce n’était pas le cas. Il aimait ce qu’il faisait tout de même, il aimait ce que la vie lui avait apporté. Et il n’avait clairement pas l’intention de cracher dessus, surtout que sans cela… eh bien, il serait dans la même situation que Agrippine et ce n’était pas ce qu’il désirait, bien au contraire. Même s’il appréciait sa sœur – trop de l’avis de sa mère d’ailleurs – il ne lui enviait clairement pas sa vie. Après avoir commandé un verre de whisky au comptoir du Chaudron Baveur, le jeune homme s’installa naturellement sur l’une des places vides dans la salle.

Ignatius n’en avait pas après la présence de quelqu’un, alors qu’il se trouvait à la table du Chaudron Baveur, se contentant simplement de siroter un verre avant de rentrer chez lui. Autant dire que le jeune homme aurait très bien pu se contenter de boire un verre chez lui, ça serait revenu au même, mais non, il était ici. Il ne s’attendait donc pas vraiment à ce qu’une jeune femme – qu’il ne connaissait pas – vienne l’aborder, mais c’est ce qui arriva. Une jeune inconnue s’approcha de lui et lui proposa de lui payer son prochain verre. Le jeune homme fut un peu pris de cours, parce qu’il ne savait pas forcément comment réagir. Non pas qu’il n’ait jamais partagé un verre avec une femme, mais il ne s’y attendait pas. Il ne pouvait pas s’empêcher de la trouver un peu trop entreprenante, même s’il n’était pas au point de se faire des idées. La jeune femme était jeune justement, et puis, il n’avait pas l’habitude de se faire aborder de cette manière. Bref, il ne se faisait pas d’illusion, mais il était quand même un peu décontenancé.

« Eh bien, si vous voulez. » Répondit-il alors. Parce qu’après tout, Ignatius n’avait pas spécialement de raison de refuser qu’on lui paie un verre, en tout bien tout honneur, ne se doutant pas une seule seconde des intentions de la jeune femme à son égard. « Je m’appelle Ignatius Tuft. » Précisa-t-il alors sans se douter que la jeune femme savait parfaitement qu’il était et que c’était pour cette raison qu’elle venait de lui parler justement. Parce que de son côté, il n’avait aucune idée de qui se trouvait devant lui. « Et vous êtes ? »

Demanda-t-il justement. Son visage aurait pu lui dire quelque chose cependant, parce que le fils de la ministre de la magie avait déjà eu l’occasion de le voir dans la Gazette des Sorciers, mais il ne s’en rappelait pas du tout. En même temps, s’il devait se rappeler de tous les visages qu’il voyait passer dans la Gazette, il ne s’en sortirait pas. Alors, il n’avait aucune idée de qui elle était, contrairement à elle. Pourtant depuis qu’il était le fils de la ministre – depuis que sa mère était devenue ministre donc – il avait l’habitude qu’on le reconnaisse qu’on vienne le voir pour ça. Ce qui ne le dérangeait pas spécialement, il n’était pas le dernier pour se servir de la réputation de sa mère.

« Vous avez l’habitude de payer des verres comme ça ? » Demanda-t-il dans un fin sourire, se posant tout de même la question sur la raison qui pouvait pousser la jeune femme à lui payer un verre. Ce n’était pas parce qu’il appréciait l’attention qu’il ne se posait pas de question. En fait, c’était peut-être justement parce qu’il l’appréciait qu’il s’en posait des questions, sinon il n’en aurait rien eu à faire et il se serait contenté de faire comprendre à la jeune femme qu’elle le dérangeait et qu’il n’avait pas envie de partager du temps avec elle.

Quand la jeune femme en face de Ignatius se présenta, ce dernier ne reconnu pas son nom. Non pas qu’il n’en ait jamais entendu parler, il lisait quand même la Gazette du Sorcier pour se tenir au courant et il avait sans doute clairement entendu parler de cette sorcière qui avait fait de la prison parce qu’elle cherchait à briser le secret magique (ce qui n’était pas rien quand même, ça avait des conséquences sur tout le monde). Mais pour l’heure, Ignatius ne s’en rappelait en aucun cas. Il se contenta donc de découvrir que la jeune femme s’appelait Carlotta Pinkstone. Celle ci précisa ensuite qu’elle n’avait pas pour habitude, normalement, d’offrir un verre au premier inconnu qu’elle croisait. Ignatius se demandait bien pourquoi c’était tombé sur lui donc, ne se doutant pas une seule seconde que la jeune femme l’avait reconnu et qu’elle avait l’intention de chercher à gagner un peu de son influence. Et donc, le jeune homme se questionnait surtout sur le fait qui avait poussé cette jeune femme à l’aborder de la sorte.

Non, parce que clairement, Ignatius n’avait pas l’habitude d’être abordé comme ça par une jeune femme séduisante (on pouvait le dire quand même, il avait quand même des yeux). Non pas qu’il ne parlait jamais avec des jeunes femmes séduisantes (Lindsay en premier... même si concernant son ami la situation était vraiment particulière et le jeune homme manquait cruellement d’objectivité, même si ça faisait longtemps qu’il s’était fait une raison), mais la plupart du temps c’était pour le travail et le jeune homme n’y prêtait pas spécialement attention. Le faisait-il là ? Plus ou moins. Mais ce n’était de toute façon pas des choses à laquelle il pensait, bien trop inexpérimenté dans tous les domaines qui sortait un peu de son travail au ministère. Quoi que, il était un bon fils. Mais un frère, ce n’était pas son truc apparemment, vu la dernière conversation avec Agrippine. Un bon sorcier, on s’en sortait mieux que lui. Il était doué dans son travail et sa relation avec sa mère était plutôt encore au beau fixe donc... on va dire que c’était suffisant. Et d’ailleurs, en parlant de sa mère.

« C’est ça, je suis le fils de la ministre de la magie. » Affirma-t-il, sans réellement de honte. Il en était fier et en fait, il avait un peu l’habitude qu’on associe son nom maintenant à la ministre. Bien plus qu’à son père, à l’époque, même si ce dernier avait eu un haut poste au ministère aussi. Sa mère avait pris vraiment du galion. Il avait l’habitude qu’on lui fasse cette remarque et ça ne le dérangeait pas vraiment. Parce qu’il était quand même assez fier d’être le fils de sa mère. « Et vous, vous faites quoi dans la vie ? » Demanda-t-il un peu maladroitement, parce qu’il n’était pas doué pour ça. Et enchaîner comme ça voulait un peu dire qu’il son travail était d’être le fils de sa mère, mais on va passer sur les détails.

Bon, clairement, Ignatius n’était pas le plus doué quand il était question de parler avec d’autres personnes. Mais pour sa défense, quand il ne s’agissait pas de ses vieux amis (et encore, même dans ces conditions ce n’était pas toujours évident…) ou juste pour une conversation professionnelle, Ignatius n’était définitivement pas doué. En grande partie parce qu’il n’avait pas l’habitude non plus. Ça ne lui arrivait pas tous les jours de se retrouver assis dans un pub et qu’une jeune femme (tout à fait charmante d’ailleurs, même lui pouvait l’affirmer) décide de lui offrir un verre et de commencer à discuter avec lui. Il n’avait pas l’habitude donc, il ne savait pas comment s’y prendre. Donc oui, il n’avait pas l’habitude et la seule chose qu’il avait trouvé à faire, c’était lui demander ce qu’elle faisait dans la vie. C’était un bon début pour une conversation non ?

Elle lui affirma qu’elle était professeur à Poudlard et en fait, c’était peut-être bête, mais Ignatius ne put s’empêcher d’être surpris. Il ne savait même pas pourquoi, mais il ne l’imaginait pas réellement professeur. Peut-être parce que professeur ça avait un côté un peu trop vieux sorciers. Et que Carlotta n’avait en aucun cas l’image d’une vieille sorcière. Mais quand elle précisa qu’elle faisait l’étude des moldus, bizarrement ça passait un peu plus. Ignatius ne dit rien à ce sujet, mais il trouvait ça intéressant. Évidemment, il n’avait rien contre les moldus comme certain de leur pair. Bien au contraire.

Elle lui demanda alors ce qu’il faisait lui-même dans la vie – la tutoyant au passage, ce qui le mit de nouveau un peu mal à l’aise en bon cas désespérait qu’il était –, en précisant qu’elle était sûre qu’il était plus que juste le fils de sa mère. Oui, effectivement. Même si la plupart des personnes se contentaient simplement de le considérer comme le fils de sa mère, comme lui-même en fait. Ça lui convenait bien d’ailleurs, ça lui ouvrait des portes. Et vu qu’en un sens, il n’y avait pas grand-chose d’autre dans la vie.

« Oui… oui, bien sûr. » Plein de chose à savoir sur lui, il n’en était pas si sûr que ça tout de même. Bon, quand on creusait un peu, on arrivait forcément au sujet de sa sœur. Mais vu que ça touchait quand même en partie celui de sa mère. Et puis, il avait son travail. Voilà. Bon, il y avait Lindsay mais ça encore c’était autre chose. « Je suis directeur du service de contrôle des portoloins. » Répondit-il alors, presque comme une phrase qu’il avait appris par cœur, puisqu’il ne manquait pas de la répéter souvent. « Ça me permet de voyager un peu. » Dit-il marquant une courte pause avant de reprendre. « Même si je passe plus de temps au ministère qu’autre chose. » Que tout autre chose, que même sa vie personnelle. Il n’avait pas de vie personnelle en même temps. « Ça doit être intéressant d’enseigner l’étude de moldu. » Dit-il alors, passant peut-être un peu du coq à l’âne, un peu maladroitement peut-être encore. Mais parce qu’à choisir, il préférait ne pas parler de lui.

À choisir, ça convenait parfaitement à Ignatius de se concentrer sur la vie de Carlotta parce qu’on ne pouvait pas dire qu’il y avait beaucoup de chose à raconter sur sa propre vie. Bon, son travail ne manquait pas d’être intéressant (mais beaucoup moins passionnant pour la jeune femme sans doute que le sujet des moldus), mais il n’avait pas forcément envie de se pencher sur les diverses choses qu’il devait faire en temps que directeur du service de contrôle des portoloins, on faisait quand même plus exotique. Au ministère, il y avait énormément de poste prestigieux et si Ignatius appréciait le sien, il savait aussi que ce n’était pas le plus incroyable. Et puisqu’en dehors de son travail, il avait genre concrètement que sa mère d’intéressante (bon Agrippine aussi dans son genre, dévergondée qu’elle était, mais disons que ce n’était pas un sujet qu’il souhaitait aborder), ça lui convenait mieux de juste discuter de Carlotta. Déjà que parler avec des personnes comme ça, il n’avait pas l’habitude, alors si en plus il devait se concentrer sur lui.

Heureusement, visiblement, la jeune femme avait énormément de chose à dire sur son poste à Poudlard. Elle lui affirma qu’elle n’avait pas commencé depuis longtemps et donc qu’elle avait encore beaucoup à apprendre – ce qu’il pouvait comprendre, professeur à l’école de magie ce n’était pas un travail évident, Ignatius était persuadé qu’il serait bien incapable de le faire –, mais qu’elle aimait son travail donc. Et elle ne manqua pas d’embrayer plus en détail sur sa matière. Ignatius n’était évidemment pas étonné qu’elle lui affirme que l’étude des moldus n’avait pas bonne presse auprès de la plupart des sorciers, parce que même ceux qui n’avaient concrètement rien contre les moldus n’avaient pas forcément envie de les étudier. Et ne parlant pas de ces sorciers de sang pur qui étaient juste incapable d’être ouvert d’esprit. Et Carlotta semblait avoir une idée bien précise de la situation, affirmant que si l’étude des moldus étaient une matière central, les violences envers les moldus seraient moins nombreuses, puisque les sorciers comprendraient un peu plus ces derniers. Et ce n’était pas complètement dingue en soit, l’idée dans le fond n’était pas idiote. Sauf que c’était peut-être un peu trop utopiste.

« Et avant même toute ouverture d’esprit, il y aurait surtout une montée de violence à Poudlard. » Il n’avait aucune envie d’aller à l’encontre des paroles de la jeune femme, mais il trouvait ça quand même un peu trop facile. « À mon avis, la communauté magique n’accepterait pas du tout que l’étude des moldus puisse être une matière centrale. C’est déjà à peine s’ils acceptent qu’elle soit enseignée. »

Et bien sûr, quand il parlait de communauté magique, le jeune homme ne parlait pas de tous les sorciers. Il osait croire que la jeune femme comprendrait qu’il mentionnait surtout les sorciers de sang pur. Ceux que sa mère devait sans doute bien souvent gérer malheureusement, ceux qui rêveraient de prendre sa place même peut-être.

« Je crois qu’il faudrait bien plus que de l’ouverture d’esprit pour éviter cette intolérance. » Ils étaient des cas perdus ces sorciers de sang pur.

Ils semblaient d’accord sur le fait qu’il fallait bien plus que de l’ouverture d’esprit pour que les mentalités changent, pour que les sorciers acceptent l’étude des moldus, mais plus encore les moldus. Ignatius n’avait rien contre les moldus, comme la plupart des sorciers en même temps. Il n’y avait définitivement que les grandes familles de sorcier de sang pur qui avaient un souci, mais en même temps, ils devaient tout de même se montrer prudent. Le jeune homme n’était clairement pas capable d’imaginer que le secret magique puisse disparaître. Il n’était pas en place pour rien après tout, c’était une façon qu’ils avaient de se protéger du fait que les moldus ne pouvaient pas non plus réellement les accepter. Il ne se rendait pas encore compte que la jeune femme sous ses yeux cherchait justement à faire disparaître le secret magique. Pourtant il ne faudrait pas grand-chose pour qu’il le sache, pour qu’il s’en rende compte.

Les propos de Carlotta allaient dans ce sens après tout, même si elle n’entrait pas complètement dans les détails. Elle se contentait d’affirmer qu’il n’était pas possible de satisfaire tout le monde, mais qu’il était possible de mettre en œuvre des démarches afin que la communauté change. Ignatius ne voyait pas encore où elle voulait en venir, ce qu’elle entendait par là.

« Tu entends quoi par mettre un grand coup de pieds dans la fourmilière ? » Demanda-t-il, plus intrigué qu’autre chose.

Ignatius ne pouvait pas nier le fait que cette conversation l’intriguait quand même beaucoup. Il n’avait aucun souci à discuter avec les autres, mais ça ne le passionnait pas toujours de la même façon. Là, il devait bien reconnaître qu’il y avait quand même quelque chose de différent. Il y avait définitivement quelque chose d’intéressant chez cette jeune femme, quelque chose qui l’intriguait même beaucoup. Sans qu’il ne parvienne réellement à mettre le doigt dessus.

Ça l’intriguait de savoir quelles solutions elle pourrait envisager dans le but de stopper cette monter de violence envers les moldus, cette montée que personne ne pouvait ignorer ces derniers temps. Sans en connaître la source, il était évident que cette vague de violence n’avait rien de bon. Et pas seulement pour les moldus, ça n’avait rien de bon pour les sorciers non plus. Ignatius ne se doutait pas pour autant que la situation puisse s’arranger seulement avec une simple discussion, mais ce n’était quand même pas désagréable de pouvoir parler d’éventuelle chose à faire pour que le monde sorcier se retrouve dans une situation plus paisible.

Ignatius ne pouvait pas s’empêcher de se montrer curieux, de questionner la jeune femme sous ses yeux. En même temps, Carlotta semblait si passionnée par ce qu’elle disait. Il ne fallait vraiment pas grand-chose pour comprendre qu’elle ne parlait pas à la légère, qu’elle prenait ce sujet particulièrement à cœur. Elle ne se contentait pas juste de dire qu’elle avait envie que les mondes magiques et moldus vivent en harmonie, elle affirmait qu’il fallait donner un coup dans la fourmilière. Quand bien même il était évident que tout le monde ne pourrait pas apprécier ces manœuvres. Elle voulait donc exposer radicalement le monde magique à celui des moldus, non dans le but de créer un chaos quand bien même Ignatius avait un peu de mal à imaginer comment ça ne pouvait pas être le chaos, mais dans le but d’ouvrir les consciences. Qu’il n’y ait donc plus besoin de se cacher. Que la vision des personnes change donc.

Ignatius ne pouvait pas s’empêcher d’être impressionné par la manière dont la jeune femme avait les yeux pétillants alors qu’elle parlait de tout cela, ça se voyait qu’elle était plus que motivée par tout ce qu’elle, qu’elle le prenait très à cœur. Et ça se voyait aussi qu’elle était prête à tout. Et elle le prouvait dans ses propos après tout, puisqu’elle affirmait quand même qu’elle parlait d’exposer la magie au monde des moldus. Ce n’était pas rien. Et justement, les propos de Ignatius ne put que lui rappeler quelque chose.

« Carlotta Pinkstone. » Répéta-t-il quand bien même il était évident que la jeune femme avait bien conscience de son nom. « Je me rappel, j’ai vu ton nom déjà. » Affirma-t-il, dans un fin sourire, parce qu’il ne prenait pas vraiment mal cette révélation. « T’as déjà fait des actions pour montrer la magie aux moldus. » Ce qui allait donc à l’encontre du secret magique. « Tu ne manques pas de motivation apparemment. »

Ignatius continuait de parler avec le sourire, parce qu’il n’avait aucune raison de ne pas apprécier ce qu’il comprenait. Bon, il était évident que trahir le secret magique n’avait rien de sain, et sans doute que Ignatius devrait bien plus le reprocher à la femme sous ses yeux, parce qu’il était membre du ministère de la magie et en prime le fils de la ministre de la magie. Mais non, le jeune homme n’avait aucune envie de faire des reproches à son interlocutrice. Même s’il ne pouvait pas non plus affirmer que c’était une bonne chose de faire tout ça, il n’avait aucune intention de lui reprocher quoi que ce soit.

Carlotta ne cacha pas le fait qu’elle avait bel et bien de la motivation, visiblement, puisqu’elle ne manqua pas de répondre avec légèreté à sa remarque, un sourire aux lèvres. Un sourire que Ignatius était capable de considérer qu’il lui allait bien, très bien même. Même s’ils ne se connaissaient pas vraiment et qu’il ne pensait pas la connaître plus que ça au final, pour le moment. Parce qu’il allait vite se rendre compte que ce genre de sourire, il allait y tenir plus qu’il ne l’imaginait encore. La jeune femme souligna alors le fait qu’il n’avait pas encore décidé de prendre ses jambes à son cou, alors qu’il savait à présent qui elle était. Qui elle était… une criminelle sans aucun doute, puisqu’elle était suivi par la justice et qu’elle avait fait connaissance avec Azkaban.

Il le savait oui, parce que l’affaire avait fait grand bruit quand même. Des sorciers qui prenaient – volontairement – la décision de briser le secret magique, ça n’arrivait quand même pas tous les jours. Ça arrivait, parfois, par accident que les sorciers montrent la magie aux moldus, mais en prendre la décision directement et l’assumer ensuite, ce n’était pas rien. Ce qui faisait de la jeune femme une criminelle en soit donc, même si ce n’était pas non plus aussi grave qu’un crime odieux, comme un meurtre.

« Je n’ai pas spécialement de raison de prendre la fuite. » Répondit-il, en continuant donc cette discussion parce qu’il n’avait aucune envie de l’arrêter pour l’heure. Bon, en réalité, Ignatius avait bien des raisons de s’en aller. Il pourrait penser à sa mère, ça lui en donnerait une donc. Parce qu’il y avait peu de chance que la ministre de la magie en personne apprécie que son fils discute tranquillement avec une jeune femme qui avait fait de la prison et ne cachait pas le fait qu’elle avait vraiment envie de briser le secret magique. Mais bon… ce que Wilhelmina Tuft ne savait pas, ça ne pouvait pas lui faire du mal non ? « Je vais pas affirmer que je suis complètement… d’accord avec tes méthodes. Mais je ne pense pas risquer grand-chose là tout de suite. »

Il n’allait pas mentir, même s’il pouvait comprendre en partie les motivations de Carlotta et qu’il voyait bien que ce combat lui tenait à cœur, il ne pouvait pas concevoir qu’exposer le monde magique aux moldus soit une bonne chose (cela dit, rien ne l’empêchait d’être convaincu à un moment donné). Mais ça ne voulait pas dire qu’il avait quelque chose contre Carlotta en elle-même, surtout qu’il devait bien reconnaître qu’elle était motivée, qu’elle savait se donner du mal pour arriver à ses fins. En tout cas, Ignatius n’était clairement pas fermé à un dialogue, même si certain dirait qu’il devrait éviter de discuter avec le genre de femme comme Carlotta.

Ignatius afficha un léger sourire quand Carlotta précisa qu’elle avait effectivement l’intention de l’épargner. Bon, le jeune homme n’en doutait pas vraiment. Cela dit, le jeune homme ne se doutait pas par contre qu’elle avait décidé de l’aborder dans un premier temps parce qu’il était le fils de sa mère, il était sans doute trop naïf pour s’en rendre compte. Cette femme n’avait clairement pas une bonne réputation, mais ça ne voulait pas dire qu’il risquait grand-chose. Elle ne devait pas avoir l’intention de faire une action extrême ici et maintenant, elle se contentait simplement de lui parler de la manière dont elle voyait les choses et il se doutait bien qu’elle pouvait chercher à le convaincre aussi.

Bon il n’avait pas spécialement envie que ça soit le cas, cela dit il avait conscience qu’une femme comme Carlotta qui faisait quand même des actions assez puissantes devait avoir envie de convaincre les autres. Et quand elle reprit la parole, il ne pouvait qu’en avoir la conviction. Elle revint sur le fait qu’il avait précisé qu’il n’était pas d’accord avec ses méthodes, mais peut-être qu’il pouvait l’être avec son message. Ignatius prit la peine de réfléchir quand même un peu avant de reprendre la parole, parce qu’il se doutait qu’il devait quand même peser un peu ses mots.

« Je ne dirais pas vraiment ça. » Reprit-il donc, en pesant donc ses mots. « Je ne pense pas que ça soit complètement idéal qu’on se cache, mais si on le fait c’est pour une bonne raison. » Après tout, s’ils avaient mis en place le secret magique ce n’était pas pour rien. Enfin, ce n’était pas eux qui l’avaient mis en place, ça datait de nombreuses générations. Cela dit, ça n’avait pas été fait pour rien, ils avaient eu besoin de se protéger. Ignatius n’était pas sûr que ça soit une bonne chose de le briser, même si ce n’était pas parfait non plus. « J’ai bien conscience qu’on pourrait très bien gagner à ne plus avoir besoin de se cacher et que le secret magique n’est pas forcément parfait… mais s’il a été mis en place c’est pour une bonne raison. On ne peut pas vraiment savoir comment les choses vont se passer avec les moldus si le secret disparait. »

Il n’était pas complètement défini dans son opinion, et en fait il n’avait pas spécialement de raison de ne pas en parler. Après tout, ils pouvaient très bien en débattre non ? Du moins, le jeune homme ne voyait pas de raison pour laquelle il devrait se retenir de discuter avec cette jeune femme, même si elle n’était pas forcément de très bonne fréquentation. Il appréciait cette discussion… il l’appréciait même beaucoup trop en réalité. Comme il n’allait pas manquer d’apprécier énormément sa présence, et d’avoir envie de sa présence de plus en plus.

Ignatius ne retint pas un léger sourire quand Carlotta lui affirma qu’elle entendait constamment cette remarque. Ça ne l’étonnait pas spécialement en effet, parce que le jeune homme trouvait ça quand même un peu évident. Les moldus ignoraient tout du monde magique et quand ils allaient apprendre la vérité – si jamais ils devaient apprendre la vérité, mais puisqu’ils parlaient de l’envie de la jeune femme de briser le secret magique et de faire en sorte que les moldus soit au courant du monde magique –, ils ne pouvaient évidemment pas savoir comment ils allaient réagir. C’était logique et sans doute que Ignatius n’était pas le seul à faire ce genre de réflexion. Enfin, non, clairement ce n’était pas le cas, sinon Carlotta ne lui dire pas ça. En tout cas, qu’elle ait déjà entendu plusieurs fois cette réflexion ne changeait pas le fait qu’il avait bien envie de savoir ce qu’elle avait à dire à ce sujet.

Il ne pouvait pas entièrement être d’accord avec elle, mais Ignatius devait quand même reconnaître que la jeune femme savait défendre sa cause. Et il avait bien envie de savoir ce qu’elle pensait de ce sujet précisément, de comment elle pouvait contre argumenter. Carlotta affirma que c’était regrettable de ne rien faire du tout, plutôt que de ne rien faire du tout, même si on échoue. Et elle précisa que l’inconnu avait tendance à faire peur. Sur ce détail, Ignatius ne pouvait clairement pas donner tort à la jeune femme, il était bien placé pour affirmer que l’inconnu était particulièrement effrayant. Et pour ce qui était d’être exaltant… le jeune homme était un peu plus sur la réserve. Ce n’était pas qu’il n’était pas d’accord, mais c’était plus délicat.

« Je dois bien reconnaître que je me sens plus dans la première catégorie. » Ça ne le mettait pas forcément en valeur que d’affirmer une telle chose, mais en même temps c’était la vérité. Ignatius n’était clairement pas le genre de personne à apprécier l’inconnu, il n’aimait pas quand les choses changeaient ce qui ne manquait pas de lui poser quelques soucis. Les changements n’étaient pas son fort. Et concernant le secret magique, il n’était vraiment pas certain que ça soit une bonne chose. Mais parlaient-ils encore de ça ? Le jeune homme n’en savait vraiment rien, il se contentait simplement de se laisser porter par cette conversation qu’il devait bien reconnaître apprécier énormément. « Cela dit, je dois bien avouer que tu me sembles plutôt convaincante. »

Dans l’idée que l’inconnu pouvait avoir quelque chose d’exaltant. En tout cas, la jeune femme semblait vraiment y croire, comme elle croyait apparemment vraiment à ce qu’elle disait concernant le secret magique. C’était rare de rencontrer quelqu’un à ce point sûr de ses convictions. Même quand c’était quelque chose qui allait à l’opposait de tout ce que les autres croyaient.

Ignatius afficha un sourire, quelque peu gêné on ne va pas se mentir, en entendant Carlotta le remercier pour ce qu’il venait de dire. Il disait simplement la vérité, le jeune homme avait le sentiment que cette jeune femme était particulièrement convaincante quand elle le voulait. La preuve, le jeune homme avait écouté attentivement ce qu’elle avait à dire concernant les moldus, le secret magique et même s’il ne pouvait évidemment pas adhérer à tout cela, il la trouvait quand même convaincante. Elle avait une façon de parler qui… donnait envie de l’écouter parler tout simplement et pas juste l’écouter sans entendre et sans se préoccuper de ce qu’elle disait, non, en revoyant sa façon de penser ensuite.

Évidemment, tout c’était une impression sur le moment, il ne connaissait rien de cette fille et ils ne discutaient que depuis quelques minutes. Mais c’était évident en tout cas qu’elle avait un don pour les discours. Et quand elle reprit la parole en lui affirmant qu’il ne devrait pas se mettre des barrières, qu’elle était certaine qu’il ferait des choses exceptionnels si jamais il arrêtait d’avoir peur d’échouer ou de décevoir… Ignatius avait vraiment envie de la croire. Oh, ils ne se connaissaient pas, il pouvait simplement se mettre en tête que la jeune femme le brossait dans le sens du poil pour une quelconque raison – sa mère, ce genre de chose par exemple –, mais ce n’était pas ce qui lui venait à l’esprit. Le jeune homme avait presque envie de la croire complètement, parce que ça faisait quand même sacrément écho à sa vie. Combien de fois ne s’était-il pas imposé des barrières au point d’être… déçu ensuite parce que quelque chose (ou quelqu’un) lui passait sous le nez ? Combien de fois n’osait-il pas forcément faire ou dire ce qu’il avait sur le cœur, par peur de décevoir. Il avait une carrière dont il pouvait être fier, mais il manquait toujours de confiance en lui. Et par moment, il se disait même qu’il ne méritait peut-être pas la place qu’il avait. Parce qu’il n’était pas certain d’avoir réussi tout cela de lui-même, par son simple talent.

« J’aimerais en être aussi certain que toi. » Qu’une parfaite inconnue en somme qui donnait le sentiment de beaucoup trop lire en lui. C’était… agréable, en réalité. Un peu flippant, en un sens, mais clairement pas désagréable. Au contraire, Ignatius se rendait compte qu’il appréciait beaucoup cette discussion, au point de ne pas avoir vu le temps passer. Mais un regard distrait sur sa montre le lui fit remarquer. « Il se fait tard, il est temps que je rentre chez moi, j’ai une grosse journée qui m’attend demain. » Il avait presque le besoin de se justifier, sans forcément de raison, mais il n’avait pas spécialement envie qu’elle s’imagine qu’il prenait simplement la poudre d’escampette. Ce n’était pas le cas. « N’hésite pas si tu veux… » Si elle voulait quoi ? Il était en train de faire quoi là au juste ? « Qu’on discute de nouveau. » Finit-il par dire, quand même sacrément mal à l’aise.