I

ls ne pouvaient pas y échapper. Et c'était si évident qu'il faudrait vraiment faire preuve d'une immense mauvaise foi pour prétendre ne pas le comprendre ou le remarquer : ils goûtaient au véritable bonheur. Ils avaient eu plus d'une raison d'être heureux par le passé, pourtant (et tout autant de raisons d'être malheureux, évidemment), mais là, ce n'était pas la même chose, là, tout ou presque semblait parfait, et si le bonheur de l'un ne suffisaient pas, ils ne pouvaient que se gargariser du bonheur de l'autre. Ils vivaient un moment clé de leur existence, tout simplement, et ce moment pourrait difficilement être plus beau. Bien sûr, ça n'avait pas échappé à Queenie, que Jacob était heureux : au-delà de son esprit, ça se lisait dans ses yeux, dans cet immense sourire qui savait faire battre son coeur à une vitesse ahurissante. C'était évident comme leur histoire, mais pour autant agréable à entendre, car rien ne pouvait davantage lui plaire que le bonheur de ceux qu'elle aimait... Et après avoir causé tant de malheur à son fiancé, elle était d'autant plus satisfaite de pouvoir à nouveau être la source de son bonheur.

Elle aussi, avait ce même sentiment : que c'était vraiment maintenant que leurs vies commençaient, tardivement, il est vrai... Mais mieux vaut tard que jamais, après tout. Sa vie, leur vie... Elle ne pouvait peut-être pas penser ainsi, parce qu'elle avait eu une première vie, à la naissance d'Adrian. Mais elle s'était sentie... incomplète. Aujourd'hui, oui, c'était parfait, parce qu'elle avait et Jacob, et Adrian. Elle regrettait que tant d'année ait séparé le moment de leur réunion, mais au moins, ils y étaient arrivés, ce qu'elle n'avait pas pensé possible pendant si longtemps...

-Ca m'en a tout l'air, confirma Queenie sans plus savoir s'empêcher de sourire. Pourrait-on faire mieux encore ? Non, bien sûr que non. Ou bien oui, mais Queenie ne comptait pas se montrait aussi exigeante. Elle estimait clairement en avoir assez, et elle savait qu'il ne fallait pas se montrer trop exigeant, dans la vie. Elle finit son verre en une ultime gorgée de bièraubeurre. J'ai tellement d'idées pour notre mariage, tu sais... Je crois que j'ai jamais complètement cessé d'y penser...

C'était sans doute le cas de beaucoup de femmes, de rêver à leur mariage (encore que d'autres n'en avaient absolument rien à faire, mais Queenie avait toujours été fleur bleue)... Et même durant toutes ces années où elle avait été seule, c'était resté dans un coin de sa toute. Et toujours, à la place du mari, il y avait Jacob. Elle avait hâte de mettre ce projet à exécution, même si elle savait très bien qu'elle devait freiner son imagination, du moins jusqu'à ce que les choses soient officialisées.

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E

vidence... C'était en effet le mot qui qualifiait le mieux leur relation. Leurs sentiments mutuels, l'amour profond qu'ils avaient l'un pour l'autre, tout ça, oui, tenait de l'évidence, et ils l'avaient compris dès la première seconde, dès qu'ils avaient échangé leur premier regard... Oui, c'était de l'ordre de la pure certitude. En un regard, Queenie avait su que Jacob était l'homme de sa vie. Et elle savait que lui aussi l'avait compris. Bien sûr, ça avait été trop tôt, les circonstances avaient été trop particulières pour qu'ils puissent voir les choses de cette manière, mais... ça avait été le cas... dès le début, effectivement. Et la suite n'avait pu que le leur prouver. La vie que Jacob et Queenie avaient menée ensemble avait été belle, douce, parfaite... Et le temps qu'ils avaient passé loin l'un de l'autre n'avait fait que consolider en eux la certitude qu'ils étaient des âmes soeurs. Des âmes soeurs que les circonstances avaient cruellement séparées. Des âmes soeurs qui s'étaient retrouvées, enfin.

Alors oui, Queenie n'aurait pu envisager de se marier qu'avec Jacob, tout comme elle n'avait jamais su se l'ôter de la tête quoi qu'il advienne.... Et elle savait, au fond, qu'il avait pensé la même chose de son côté. Oui, il avait été fiancé avant de la rencontrer, mais elle ne s'était jamais sentie en concurrence, en rivalité, avec cette femme, parce que eux, ce qu'ils vivaient, était irremplaçable. Et la suite avait fini par le prouver, à son plus grand bonheur. Le mariage, c'était la suite logique de leur histoire, il était seulement déplorable qu'ils aient dû attendre si longtemps pour que ce moment leur appartienne. Mais ils sauraient parfaitement, malgré tout, en profiter, et plus encore le savourer, c'était l'évidence. Elle, et seulement elle. Lui, et seulement lui... Voilà ce qu'il en était, tout simplement. Et pour cette raison, elles étaient clairement les personnes les plus chanceuses du monde. Avant de répondre quoi que ce soit (de ce que son sourire rayonnant et ses yeux pétillants ne disaient pas, et ils disaient bien évidemment beaucoup, énormément, même), elle déposa un baiser sur ses lèvres, de ceux dont elle n'avait jamais autant savouré la douceur.

-Je t'aime tellement... j'ai tellement de chance, dit-elle, qui ne pouvait que se sentir aux anges, vraiment. Elle ne pourrait jamais s'empêcher de le lui répéter, à présent. Et pour cause, elle avait manqué trop d'occasion de le lui dire, de le lui montrer, de le lui prouver, maintenant, elle ne voulait manquer aucune d'entre elles.

A présent qu'elle l'avait retrouvé, elle ne le lâcherait plus jamais. Elle l'aimait trop. Beaucoup trop, et l'avoir à nouveau auprès d'elle ne rendait que plus absurde le fait de l'avoir gardé à distance de sa vie si longtemps.

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