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orbert ne connaissait Cassiopeia Black que de réputation, pour faire partie de l'illustre famille Black (dont on avait forcément eu un membre dans les pattes à un moment ou à un autre de son inexistence, c'était pour ainsi dire inévitable) d'une part, et pour être une potionniste plutôt douée d'autre part. Les choses s'arrêtaient là. Il faut dire qu'ils n'avaient que peu de raisons de vouloir développer davantage. Il y avait là une grande affaire de préjugés, on peut le dire. Même si Norbert s'en exemptait autant que possible, il était comme n'importe qui et n'avait pu passer à côté de la réputation des Black, assez semblable à celle des Lestrange... Ce qui ne l'avait certes pas empêché de fréquenter Leta autrefois, mais vu le résultat, il aurait mieux fait de s'abstenir. Et Cassiopeia, de ce qu'il avait entendu d'elle était un peu l'exemple type de la femme de sang pur hautaine et froide dont on voudrait difficilement se faire une amie (en même temps, Norbert et le concept même d'amitié, c'était une affaire pour ainsi dire complexe).

Quand elle avait demandé à le voir par courrier, cela avait donc été une totale surprise pour lui. Il ne s'y était absolument pas attendu, mais n'avait, après tout, aucune raison de s'opposer à cette entrevue. Rien dans la lettre qu'elle lui avait écrite ne lui permettait de deviner à quoi s'attendre (et la vérité, à l'heure actuelle, lui échappait totalement), mais il y était allé de ses propres suppositions. Il était plus que probable, par exemple, qu'elle veuille le voir dans un cadre purement professionnel (même si elle l'invitait dans un lieu qui n'était pas leur lieu de travail, cela ne voulait rien dire - après tout, l'un comme l'autre n'avaient pas exactement de lieu de travail à proprement parler... enfin, lui surtout). En tant que potionniste, elle devait certainement être très informée sur les vertus et caractéristiques des différentes composantes animales qui pouvaient rentrer dans la composition de ses potions. Sans doute souhaitait-elle l'aval d'un spécialiste ? Il n'y avait qu'une seule façon de le savoir. Et donc, poussé par sa curiosité, Norbert s'était pointé au rendez-vous. Une fois sur place, il pu constater que Cassiopeia l'attendait déjà.

-C'est tout naturel, se contenta-t-il de répondre en lui serrant maladroitement la main quand elle le remercia d'être venu. Tout naturel, ça se discutait, en réalité. Alors qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

Autant aller droit au but.

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orbert avait fait de nombreuses suppositions quant aux motivations de la jeune femme à décider de le voir alors qu'il était plus qu'évident qu'ils n'avaient naturellement et d'instinct rien à voir l'un avec l'autre, et toujours, il avait supposé que cela gravitait autour de leurs métiers respectifs. Difficile de concevoir les choses autrement d'ailleurs, puisque généralement, quand des sorciers ou sorcières qu'il ne connaissait que de réputation décidaient de le voir, c'est parce qu'ils ne le connaissaient aussi que de réputation et voulaient profiter de cette réputation en question. Et sa réputation tenait tout de même en grande partie à son métier (même si le fait qu'il ait contribué à la lutte contre Gellert Grindelwald avait certainement complété le tableau). Alors il supposait, oui, que Cassiopeia Black s'intéressait à ses talents de magizoologiste pour compléter ses propres talents de potionniste. Force lui était de constater qu'il s'était trompé... Puisque d'entrée de jeu, elle lui parla plutôt du registre des loups-garous.

Le fameux registre des loups-garous. Ces derniers temps, sorti du cocon familial (dans lequel il prenait de plus en plus la peine de se plonger, surtout parce qu'il avait vraiment cru qu'il allait éternellement lui échapper), il avait le sentiment que ses interlocuteurs ne lui parlaient que de cela. Ce n'était pas sans raison, bien sûr. Après tout, c'était ce sur quoi il travaillait dernièrement, et il en aurait encore pour un moment, à n'en point douter, tant le sujet était épineux. Et justement, parce qu'il était épineux, il avait le sentiment de constamment devoir s'en justifier... et honnêtement, ça l'agaçait singulièrement. Enfin, avant de mettre la charrue avant les boeufs, il fallait déjà qu'il sache ce que son interlocutrice lui voulait, ce qui était loin d'être le cas pour l'instant. A l'heure actuelle, le propos de Cassiopeia, interrogatif, ne laissait pas place à beaucoup d'interprétation.

-Un nombre très restreint de personne, et si je devais le nommer, le processus confidentiel perdrait déjà de sa confidentialité, je crois, répondit-il un peu nerveux, sur le vif. Vous ne pourrez pas y avoir accès, si c'est ce que vous suggérez, ajouta-t-il, qui finalement, avait déjà interprété l'affaire à sa guise.

Sans réaliser qu'il se fourvoyait, en réalité, grandement.

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a jeune femme ne tarda pas à contredire ses propos, affirmant par la même qu'elle n'avait aucune intention d'accéder au registre des loups-garous, qui à l'heure actuelle en était plus au stade de l'idée que de la réalisation tant l'ouvrage se révélait complexe. Norbert fronça légèrement les sourcils. Si son intention n'était pas de s'emparer de ce registre ou du moins déterminer certains noms afin de pouvoir en tirer avantage, de quoi était-il question, là, en réalité ? Apparemment, en pensant qu'elle allait lui parler au regard de son métier de potioniste, il avait eu tort, il n'avait pas su considérer les choses sous le bon angle. Mais alors, lequel ? Son intérêt pour son travail en cours n'était clairement pas anodin... alors le magizoologiste ne pouvait qu'estimer qu'il lui manquait une information primordiale. Il laissa parler la jeune femme tout en attendant d'en comprendre plus sur ce que pouvaient être ses réelles motivations.

Sa remarque suivante ne l'aida pas davantage en réalité. Elle voulait seulement s'assurer qu'il donnerait la même réponse à n'importe qui d'autre, vraiment ? Bien sûr, il n'était pas question, et c'était bien évidemment son intention que de conserver le même et unique discours quoi qu'il puisse advenir. Mais en quoi cela devait-il l'intéresser et la rassurer ? Elle avait un intérêt personnel dans cette histoire, ça, c'était en train de devenir la plus pure des évidences. Mais quel intérêt exactement, c'était ce qu'il cherchait à comprendre. Et ce que Cassiopeia ajouta alors devait l'aider à y voir plus clair, normalement.

Une question s'immiscait dans son esprit. Y avait-il un lycan qu'elle chercherait à protéger par tous les moyens en agissant de la sorte ? Ou bien était-ce elle-même qu'elle cherchait à protéger ? Et dans ce cas, l'affaire était encore plus périlleuse qu'il n'y paraissait de prime abord.

-Je ne veux contraindre personne, répondit-il très honnêtement, tout en sachant que c'était typiquement le genre de discours qui déplairait à Geoffrey autant qu'à ses supérieurs. Je veux que tous les loups-garous dont le nom figurera sur ce registre le signe en leur âme et conscience, avec l'assurance que leur secret sera protégé quoi qu'il advienne.

Il l'observa avec attention... Il était loin de pouvoir déterminer en un coup d'oeil si telle ou telle personne pouvait être un loup-garou ou non.. mais il se posait la question de plus en plus.

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es questions de son interlocutrice étaient directes. Si elle lui avait semblé davantage… sur la réserve, disons, au début de leur conversation, cela lui était manifestement passé. Peut-être parce qu’elle avait deviné que son interlocuteur ne serait pas longtemps dupe des motifs réels de cette discussion. Viendrait un moment où Cassiopeia Black n’aurait d’autre choix que de s’exprimer clairement sur sa façon d’appréhender la situation, sur le rôle qu’elle jouait là-dedans sans l’affirmer, et c’était ce à quoi Norbert voulait l’inviter. Il se doutait de ce qu’étaient les enjeux de cette discussion.

S’il parvenait à convaincre son interlocutrice du bien-fondé de ses intentions, peut-être parviendrait-il aussi à ajouter son nom sur une liste qui pour le moment demeurait quasi-vierge. Au nom même de la déontologie que certains les reprochaient, Geoffrey Waldman et lui, de ne pas avoir. C’était un comble tout de même. Elle voulait comprendre quels seraient les intérêts des loups-garous et il espérait avoir les mots pour la rassurer. Il n’était clairement pas le plus brillant orateur que cette terre ait jamais porté, aussi ne pouvait-il bien sûr pas être certain de son talent à convaincre son interlocutrice, mais il fallait bien essayer.

-Eh bien, en plus de l’assurance de notre entière discrétion, ils pourront bénéficier d’un suivi particulier, être informés de l’évolution des recherches en cours concernant la guérison de leur lycanthropie. Ils auront accès à des structures adaptées pour gérer les nuits de pleine Lune…

Voilà, c’étaient le genre de choses qu’on omettait facilement quand on ne voulait pas écouter ce qu’il en était. Bien sûr, il ne fallait pas se le cacher, le but de la manœuvre était aussi de protéger le reste de la population de créatures dangereuses en les gardant sous contrôle dans les « périodes à risque », mais après tout, était-ce un mal que de vouloir protéger le plus grand nombre de personnes. On ne pouvait prétendre que les loups-garous ne représentaient pas un danger pour les autres.

Suffisamment d’accidents tragiques avaient été répertoriés pour en attester… mais prendre le problème dans les deux sens lui paraissait être une solution qui n’avait rien d’indigne pour personne… Ce qui ne l’empêchait pas d’exposer la situation d’un seul point de vue… parce qu’il se doutait, en réalité, que c’était bel et bien celui-là qui intéressait son interlocutrice, même s’il n’aurait clairement pas pu en émettre ne serait-ce que la suspicion au début de leur conversation.

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a jeune femme ne tarda pas à manifester son scepticisme, et Norbert ne pouvait pas vraiment le lui reprocher. Au regard de ce qu'il pensait avoir compris de son interlocutrice, il était normal qu'elle s'interroge et remette en question son initiative. Il acceptait d'ailleurs bien plus aisément les critiques qui pouvaient être formulées à l'encontre de ses décisions quand elles étaient formulées par les principaux concernés que quand il s'agissait d'individus extérieurs qui fourraient leur nez dans des affaires qui ne les concernaient pas (sans viser personne en particulier, bien évidemment).

Il est vrai que même si de vraies recherches étaient effectuées au sein du ministère, qui pour la plupart étaient du ressort du département des mystères, il n'en filtrait quasiment rien. C'était un peu le comble de cette situation. On remettait en doute l'éventuelle confidentialité du registre des loups-garous d'un côté alors que les affaires qui concernaient ce domaine étaient si bien tenues secrètes que personne n'en savait jamais rien. Et forcément, Norbert, tenu au secret professionnel, n'était pas en droit de tout en dire non plus, c'était bien le soucis.

Il pouvait lui donner raison, il est vrai que de nombreux loups-garous, qui pour certains vivaient cette situation depuis des années, si ce n'est des décennies, avaient su trouver des compromis qui leur permettait de gérer leur situation les nuits de pleine lune. Malheureusement, ce n'était pas le cas de tout le monde, et il n'était pas possible de faire d'une situation individuelle une généralité, ils le savaient aussi bien l'un que l'autre. La défiance des lycans à l'adresse du ministère était donc ce que l'on pourrait presque qualifier de réflexe naturel, mais cela n'empêcherait pas à Norbert d'insister. Il était absolument convaincu du bien-fondé de son initiative, et le reste n'avait que très peu de raisons de compter, en comparaison.

-Malheureusement, répondit le magizoologiste, qui tant qu'à faire décida de mettre les pieds dans le plat, même s'il ne pouvait évidemment savoir s'il pourrait s'agir d'une stratégie payante ou non. De toute façon, quand il s'agissait de communiquer avec autrui, Norbert avait toujours peine à savoir de quelle façon s'y prendre exactement. Tous n'ont pas la chance d'être des potionnistes expérimentés tels que vous.

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e peu de doutes que le magizoologiste pouvait encore avoir quant à la condition de son interlocutrice s'estompèrent bien vite quand elle lui répondit, d'un ton et d'une manière qui ne pouvait pas prêter à confusion : Cassiopeia Black était bel et bien un loup-garou... Et si elle ne s'était pas affichée comme telle en sa présence, Norbert n'était pas certain que qui que ce soit aurait pu la démasquer. Jamais il n'avait entendu ne serait-ce que l'ombre d'une rumeur à ce sujet, ce qui n'aurait pas manqué d'arriver si quoi que ce soit s'était su à ce sujet.

Un lycan au sein d'une famille aussi influente que les Black ? Evidemment que ce ne serait jamais passé inaperçu, c'était même l'évidence. Mais cette femme avait bien dû se garder de partager ce secret avec qui que ce soit, y compris ses plus proches parents... Au regard de ce qui était arrivé à son frère quand il avait été admis qu'il était un cracmol, cela n'avait d'ailleurs rien d'une surprise, loin de là... La surprise résidait davantage dans l'aveux qu'elle lui faisait à mi-mot, tentative désespérée, sans doute, de réchapper à son sort...

Pourtant, ça n'avait rien d'un sort atroce. Bien au contraire... mais évidemment, il était assez naturel qu'elle émette ses réticences... Et Norbert admettait bien plus ce genre de réaction de la part des principaux concernés que venait de tel ou tel détracteur surgi de nulle part qui refusait obstinément d'observer la situation dans son entièreté et se fondait seulement sur une hypothèse forcément infondée, puisque personne, ô grand jamais, ne mettrait la main sur le registre des loups-garous. Dans le cas inverse, jamais Norbert n'aurait accepté d'y contribuer.

-Au contraire, je pense que votre contribution à ce registre pourrait nous être au-delà de bénéfique. Vous l'avez dit vous-même, vous avez la chance d'avoir la situation bien en mains, et la volonté de l'améliorer encore... D'autres n'ont pas cette chance, et vous le savez sans doute.

Il pouvait lui jurer sur sa vie et celle de tous ceux qu'il aimait qu'elle ne risquait rien à apposer sa signature sur le registre des loups-garous... malheureusement, il craignait fort que ses arguments n'aient pas plus d'effet qu'un coup d'épée dans l'eau. C'était malheureusement très possible. Mais il comptait bien en trouver d'autres si ceux-ci ne suffisaient pas.

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a réponse de Cassiopeia n'était pas celle à laquelle le magizoologiste s'était attendu, mais à dire vrai, il aurait pu (et il aurait dû, même) s'y attendre... Loin de lui l'intention de faire des généralités sur tous les membres de la famille de Cassiopeia, mais les Black étaient rarement reconnus pour leur générosité ou leur don de soi... Et Cassiopeia était une solitaire (et il comprenait parfaitement pourquoi, à présent), aussi aurait-il dû anticiper cette réponse qui n'oubliait pas d'être pour le moins égoiste. Eh bien, soit... il ne l'aurait donc pas par les sentiments.

Si sa conscience de ce que d'autres pouvaient vivre, tout comme elle, ne suffisait pas, il ne savait trop quels autres arguments lui opposer. D'autant plus que celui qui lui martelait le crâne en cet instant se résumait à "Vous n'avez pas le choix, laissez-moi faire mon travail, s'il vous plaît"... mais l'air de rien, il avait l'intuition que ça ne servirait absolument à rien... Elle ne voulait pas de son nom sur le registre, et il ne pouvait pas y faire figurer son nom sans sa signature en vis-à-vis... En bref, cette conversation qu'il n'avait qui plus est pas initiée, avait tous les airs d'un échec. Bien sûr, ils étaient encore tous deux à leurs places respectives, mais il avait le sentiment que ce n'était pas là, dans la seconde, et à court d'argument qu'il obtiendrait quoi que ce soit de son interlocutrice.

-J'apprécierais que vous reconsidériez la question, répondit-il, ce qui était une manière aussi polie que celle qu'elle avait employé précédemment de lui faire comprendre qu'il ne s'arrêterait pas là. Il avait conscience de ce qu'il était juste de faire et de ce qui était, en revanche, insensé. Et il se devait d'agir en conséquence. Tenez, ce sont... Tout en prononçant ces mots, il griffonait rapidement son adresse sur une serviette laissée là. ... mes coordonnées. Vous y réfléchirez ?

Sans doute pas, mais lui, de son côté, comptait bien trouver une manière, n'importe laquelle, de convaincre son interlocuteur. Il fallait seulement qu'il trouve le bon angle d'approche... ce qui n'était pas forcément gagné, loin de là... Mais c'était un projet dans lequel il avait choisir de s'investir, alors il ne comptait pas faire les choses à moitié, loin de là.

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