M

elody avait un mauvais pressentiment. Un très mauvais pressentiment. Certes, les mots que Lexie et elle s'échangeaient de manière générale n'étaient jamais très éloquents, car il fallait à tout prix qu'elles évitent que qui que ce soit tombe dessus et ne leur cause du tort, mais la bleue et bronze arrivait toujours à y lire en filigrane les sentiments que sa petite amie éprouvait pour elle. Pas cette fois. La note laissée dans son sac ce matin-là lui apparaissait terriblement froide, au point que Melody ne sut s'empêcher d'éprouver une sourde angoisse toute la journée durant. Est-ce qu'il s'était passé quelque chose ? Est-ce que Lexie lui en voulait pour une raison ou pour une autre ? Est-ce que c'était lié aux groupe de psychopathes que la vert et argent avait rejoint et dont elles s'abstenaient toujours de parler toutes les deux ? Elle n'en savait rien, mais quoi qu'il en soit, aucune de ces trois possibilités n'était vraiment engageante (et pourtant, elle en avait négligé une quatrième, qui se révélait pire encore que toutes les autres).

La jeune femme, toute la journée, avait été à la fois angoissée et impatiente à l'idée de rejoindre Lexie. Généralement, l'impatience était le seul sentiment de mise, et elle avait l'impression que le temps ne passerait jamais assez vite. Mais pas cette fois. Elle avait hâte de se retrouver seule avec Lexie, bien sûr, parce qu'elle savourait chaque moment d'intimité qu'elles parvenaient à glaner toutes les deux et parce qu'elle avait envie de comprendre ce qui se passait, elle qui n'arrivait pas à empêcher les questions et les inquiétudes de se bousculer dans son crâne, et en même temps, elle avait peur. Et si Lexie venait la voir pour lui dire qu'elle voulait tout arrêter ? Melody avait beau chercher, elle ne voyait pas ce qui justifierait un tel comportement, mais elle en avait peur tout de même... Elle était incapable de réfléchir rationnellement à ce qui était en train de se produire.

Ce fut le coeur battant et la gorge nouée qu'elle se rendit, comme convenu, au sommet de la tour d'astronomie, juste après le couvre-feu. Sur place, Lexie l'y attendait déjà. Elle lui adressa un fin sourire qui rassura rapidement Melody, et qu'elle lui rendit. Mais il ne s'attarda qu'une fraction de secondes sur ses lèvres, car Lexie entra immédiatement dans le vif du sujet, et là, le coeur de Melody, si rapide tout à l'heure, manqua un battement. Lysandre savait tout... Comment c'était possible. Le teint de Melody pâlit légèrement tandis que, incapable de faire un pas de plus, elle encaissait la nouvelle.

-Qu... quoi ? finit-elle par réussir à articuler. Comment c'est possible ?

Et surtout, qu'est-ce que cela allait signifier pour elles ? C'était une peur que Melody avait constamment, d'être découverte. Mais par sa propre soeur, c'était pire que tout...

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L

a question de Melody n'appelait pas forcément de réponse précise, elle révélait surtout son incrédulité, le fait qu'elle était sous le choc, qu'elle intégrait l'information mais été incapable de l'assimiler. Elle se doutait que sa petite amie ne devait pas en savoir plus qu'elle, à moins que Lysandre lui ait directement expliqué dans quelles circonstances elle avait appris la vérité. Ce qui n'était apparemment pas le cas. La vert et argent n'en savait pas plus que Melody, mais sa supposition semblait effectivement répondre au cas de figure le plus probable. Si à Poudlard, elles étaient un exemple de discrétion et rivalisaient d'astuces pour se voir en cachette sans éveiller les soupçons, elles avaient été bien moins prudentes quand elles avaient été chez elle, et pour cause, c'était facile d'oublier l'impossibilité de leur relation quand elles passaient leurs journées entières collées l'une à l'autre. Et puisqu'elle ne parlait plus à sa jumelle, Melody avait eu tendance à oublier sa présence, elle en payait le prix fort, à présent. Elle se sentait terriblement mal, maintenant, et le pire n'était pas encore venu.

La jeune femme ressentit comme un coup au coeur quand Lexie lui affirma que Lysandre l'avait menacée de tout révéler, qu'elle avait affirmé qu'elle était malade, qu'elle devait être soignée, qu'elle était bonne pour l'asile. Ces mots lui auraient fait du mal de la part de n'importe qui, mais venant de sa soeur, de celle qui avait été sa confidente et sa meilleure amie presque toute sa vie, c'était douloureux, vraiment. Melody avait envie de croire que ces propos ne ressemblaient pas à sa soeur jumelle, mais elle ne remettrait pas une seule seconde en cause la parole de sa petite amie. Elle savait très bien qu'elle ne s'amuserait certainement pas à dire une chose pareille, une chose aussi grave, qui plus est. C'était réel et c'était horriblement douloureux. Au final, Melody ne savait même pas ce qui était le plus difficile à encaisser pour elle : la peur que leur secret soit révélé ? Le fait que Lysandre sache tout ? Le fait qu'elle ait prononcé des mots si durs envers sa petite amie ? Le fait qu'elle la considère comme une erreur de la nature ? Ou les mots qu'elle prononça ensuite, quand elle affirma qu'il fallait qu'elles soient plus prudentes ? Melody savait très bien ce que ça voulait dire, malheureusement : plus de vacances ensemble, espacer leurs rendez-vous... elle n'en avait aucune envie, c'était déjà si difficile de se retrouver entre deux portes comme elles le faisaient pour le moment, elle n'avait pas envie d'en arriver là parce que d'autres ne comprenaient pas que leur amour n'était pas anormal. Et maintenant, Lysandre faisait apparemment partie de ces personnes. C'était vraiment douloureux.

-Je... Elle sentait les larmes lui monter aux yeux, elle avait mal au ventre comme à une veille de contrôle et des larmes menaçaient de s'échapper de ses yeux. Je vais parler à Lysandre, elle dira rien.

Melody avait envie de croire qu'elle pouvait avoir encore assez d'influence sur sa soeur pour ça. Encore qu'elle ne la connaissait peut-être pas si bien que ça finalement. Elle ne fit aucun commentaire quant au fait de se montrer plus prudentes. Elle n'avait pas envie de se résigner à comprendre ce que cela impliquait.

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M

elody ressentait déjà comme une distance entre elles et, d'avance, ça lui faisait du mal. Il n'y avait personne alentours, elles étaient dans l'un des coins les plus isolés de Poudlard, et pourtant... pourtant... Elles restaient là, à une distance raisonnable l'une de l'autre, sans s'embrasser, s'enlacer, se toucher... au moment où, pourtant, la jeune femme aurait grand besoin de sentir les bras de sa petite amie contre les siens. Est-ce que ça allait tout le temps être comme ça, maintenant ? Elles n'oseraient pas le moindre geste de tendresse sous peine d'être surprises, sous peine de voir leur secret dévoilé, mais quel sorte de secret cela deviendrait-il, dans ce cas ? La jeune femme n'en savait rien, elle sentait qu'une nouvelle page de leur histoire se tournait, et elle commençait à penser qu'elle n'allait pas l'apprécier un seul instant. Mais elles n'y pouvaient rien, elles devaient affronter la réalité, elles n'avaient tout simplement pas le choix. Elles allaient devoir faire face à la réalité, l'une comme l'autre, et qu'importe que cela doive leur faire du mal. Melody hocha doucement la tête, résignée, quand Lexie lui demanda si elle était sûre que sa soeur ne cafterait pas. La bleue et bronze comprenait son scepticisme, mais elle regrettait vraiment qu'elle n'ait pas formulé les choses autrement.

-Je vais tout faire pour. Et si elle ose dire quoi que ce soit, je ferai en sorte que personne ne la croit. Je vais détruire sa réputation au point que personne n'osera la croire sur parole.

Oui, c'était ce qu'elle comptait faire. Cette pensée l'angoissait terriblement, mais c'est ce qu'elle comptait faire. Parce que, à l'heure actuelle, elle ne pouvait pas vraiment jurer que la jeune femme ne les dénoncerait pas. Celle qui avait été sa soeur, sa confidente, sa meilleure amie... était devenue d'abord une étrangère, puis une ennemie. Ce n'était franchement pas facile à encaisser, mais il n'empêche que c'était bel et bien le cas, et elle ne pouvait pas faire comme si de rien n'était, elle devait agir. Elle avait déjà ruiné un peu la réputation de Lysandre, eh bien elle continuerait. On prendrait ses affirmations pour des mensonges, sans aucun doute, un nouveau moyen d'enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie, de faire croire que Lysandre cherchait à se vanger par tous les moyens. Melody, d'une main hésitante (et qu'elle détestait voir hésitante, parce qu'elle ne devrait avoir aucune raison de l'être, pas un seul instant), caressa la joue de sa petite amie. Les mots lui manquaient pour la rassurer. Elle ne savait pas quoi dire pour la soulager de ses angoisses. Et le pire, c'est qu'elle se sentait totalement coupable pour ce qui leur arrivait.

-Ça va aller, je te le promets.

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F

inalement, Lexie posa ses lèvres sur celles de Melody, et ce fut un réel soulagement pour la bleue et bronze. C'était peut-être idiot, mais l'espace d'un instant, considérant la distance qu'il y avait entre elles et l'ampleur qu'était en train de prendre une situation qui ne concernait qu'elles jusque-là, et qu'elle trouvait si belle, elle avait vraiment cru que Lexie allait lui annoncer qu'elle préférait qu'elles se séparent. Elle l'aurait compris. Elle en aurait cruellement souffert, ça lui aurait véritablement fait un mal de chien, mais elle aurait compris malgré tout, parce qu'elle ne voulait pas faire de mal à Lexie. Melody, elle, pouvait bien perdre sa famille et sa réputation, elle n'apprécierait pas ça outre mesure mais elle était à même de le supporter, parce que les mêmes enjeux n'étaient pas rattachés à sa personne. Lexie avait bien plus à perdre qu'elle pour sa part, et la bleue et bronze savait qu'il y avait des choses auxquelles elle ne pouvait consentir, même par amour pour elle. Mais non, elle l'avait embrassée, c'était bien la preuve qu'elle voulait que ça continue, que leur histoire n'en était qu'à son commencement, qu'elle ne s'achèverait pas puisqu'elles en avaient décidé ainsi. Melody se sentit, d'un coup, sincèrement soulagée, et du même coup plus forte et plus décidée que jamais à affronter tous les tourments que la vie pourrait leur infliger. Elle pouvait bien tout supporter, de toute manière. Parce que Lexie en valait la peine. Et ce n'était pas la première épreuve qu'elles surmonteraient. Entre les allégeances de la vert et argent ainsi que son mariage futur qu'elles avaient décidé d'empêcher, elles n'étaient peut-être plus à ça près, au final.

-Bien sûr, qu'on est plus fortes que ça, confirma Melody d'un ton aussi fier que décidé. Elles l'étaient, oui, et elles le prouveraient au monde entier s'il le faut. Elles pouvaient surmonter ça, parce qu'elles pouvaient tout surmonter, après tout. Elle marqua une légère pause, regarda Lexie droit dans les yeux. Même si la situation dégénère, même si la situation devient de plus en plus difficile, tu me promets de rester avec moi ? demanda-t-elle alors.

Et ce n'était pas une promesse en l'air, qu'elle lui demandait. A ce stade, elles étaient toutes les deux bien assez lucides pour savoir qu'elles risquaient fort d'être rattrapées par les événements. Leur histoire allait être mise à l'épreuve, et à ce moment-là, Melody voulait être sûre que Lexie le supporterait, qu'elle serait toujours là. Parce que Melody, elle, le serait toujours de son côté, envers et contre tout, parce qu'elle aimait la jeune femme plus qu'elle-même. Jeune et impétueuse qu'elle était, on pouvait ne pas la prendre au mot, et pourtant, elle était sérieuse, diablement sérieuse. Et elle n'avait pas le moindre doute sur ce qu'elle ressentait.

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C

e pouvait avoir l'air de rien, mais la jeune femme avait vraiment besoin d'entendre sa petite amie lui assurer qu'elles arriveraient à surmonter tous les obstacles ensemble. Car quand bien même la jeune femme se sentait capable de tout pour Lexie, elle savait qu'elle ne pouvait pas exiger de la jeune femme qu'elle fasse preuve d'une même dévotion, même si elle en mourait d'envie.Elle lui assura que tant qu'elle voudrait d'elle, elle serait là. Eh bien, dans ce cas-là, elle s'engager pour toute la vie, parce que Melody ne s'imaginait pas se lasser un seul instant de sa petite amie. Elle faisait battre son coeur si fort, elle la rendait si heureuse ! Impossible pour elle d'imaginer un jour ne plus vouloir d'elle. Elle l'aimait, elle l'aimait profondément et très sincèrement et rien n'effacerait jamais ces sentiments. Et s'il était un moment où il était très important qu'elles se le disent et qu'elles se le prouvent, elle pensait que c'était maintenant, vraiment. Parce que leur histoire commençait sa première véritable mise à l'épreuve. C'était donc le moment de prouver qu'elles étaient plus fortes que cela, qu'elles affronteraient tout cela la tête haute, et qu'elles en sortiraient grandies, et plus fortes. Elles n'avaient pas le choix de toute façon. C'était ça ou renoncer l'une à l'autre. Et ça, c'était insupportable ne serait-ce qu'à imaginer.

-Tu sais, je voudrais toujours de toi, je ne me lasserai jamais de toi, alors tu es partie pour me garder toute ta vie, et même encore au-delà si c'est possible.

Et si elle prononçait ces mots avec le sourire, ce n'était pas une plaisanterie. C'était, bien au contraire, une promesse sincère et véritable. Quoi qu'il advienne et quoi qu'il puisse leur arriver, même lorsque les choix de Lexie iraient à l'encontre de toutes ses valeurs morales, elle serait là, elle ne la laisserait pas, et elle l'aimerait aussi fort qu'il était possible d'aimer. Elle ne renoncerait jamais à quelque chose d'aussi fort et d'aussi beau. Autant, sinon, s'arracher d'emblée le coeur, à ses yeux, ça revenait du pareil au même. Melody déposa de nouveau ses lèvres sur celles de Lexie. A présent qu'elles s'étaient autorisées à s'embrasser de nouveau, elle parvenait difficilement à détacher ses lèvres des siennes. Elle ne sépara les lèvres des siennes que de quelques centimètres pour lui adresser quelques mots qu'elle avait peut-être déjà trop entendus, mais que Melody éprouvait plus que jamais le besoin de prononcer.

-Je t'aime.

Elle l'aimait, oui, elle l'adorait, même, et c'était pour cette raison qu'elle parviendrait à surmonter cette nouvelle épreuve, pour elle et avec elle, sans la moindre crainte ni le moindre remord.

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lle l'aimait. Plus que tout. C'étaient les mots les plus beaux et les plus forts qu'elle entendrait jamais, et ce n'était pas sans raison, bien sûr. Elle l'aimait plus que tout, et qu'elle en soit si sûre, comme Melody l'était en retour, lui donnait le sentiment d'être capable de soulever des montagnes. Elles n'allaient pas vivre que des moments faciles, les obstacles qu'elles allaient devoir surmonter étaient bien trop nombreux pour qu'elles puissent ne serait-ce qu'envisager le contraire, et la prudence dont elles allaient devoir faire preuve bientôt pour dissimuler leur histoire à tous allait faire office de véritable mise à l'épreuve, mais la bleue et bronze restait confiance. Elles pouvaient le faire, elles devaient le faire. Et elles y arriveraient, parce que leurs sentiments étaient suffisamment forts pour cela, et parce qu'elles croyaient l'une en l'autre. Elles pouvaient y parvenir, et Lexie lui en donna une preuve supplémentaire quand elle reprit la parole. Elle l'aimerait à jamais, au-delà de sa vie même... Rien qu'à l'entendre, Melody se sentait frissonner. Et pour cause, elle était romantique et fleur bleue de nature, mais jamais, pour autant, elle n'aurait imaginé qu'on lui ferait si belle déclaration. Oui, elle était émue, en vérité. C'était aussi simple que ça. Elle poursuivit son discours comme l'on prononce ces voeux lors d'un mariage. Et Melody entendit ces mots comme tels, comme si elles procédaient bel et bien, en cet instant, à un échange solennel, qui consacrerait leur amour pour toujours. Et pourquoi pas, après tout ? Elles ne pourraient jamais se dire "oui" officiellement, alors, partant de ce principe, elles pouvaient faire un peu ce qu'elles voulaient, non ? Oui. Puisqu'elles le décidaient.

-Attends, dit-elle alors, les yeux pétillants comme à chaque fois qu'une idée lui venait à l'esprit.

D'un geste, elle retira le collier qu'elle avait autour du cou. Fait main, bien sûr, comme la plupart des tenues et bijoux qu'elle avait l'habitude de porter. Un cordon en nylon très fin orné de quelques perles rose pâles. D'un coup de dent, elle coupa le fil, le tordit pour obtenir des formes, et, finalement, obtint deux substituts de bague, ornées d'une perle chacune.

-Et voilà, dit-elle en souriant. Pour des bagues réalisées à l'arrache, elle ne les trouvait pas si mal réussies, mais dans tous les cas, le geste importait plus que l'esthétique, en l'occurrence. Elle aimait ce que ces bijoux pourraient bien représenter : leur appartenance l'une à l'autre, et comme un rappel, quand elles seraient loin l'une de l'autre, qu'elles étaient ensemble quoi qu'il arrive. Et comme ça, elle aurait pris les devants avant qu'Orion Black puisse lui avoir offert la moindre alliance. Alors, qu'est-ce que tu en dis ? demanda-t-elle alors, proprement satisfaite.

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M

elody savait bien que deux alliances improvisées à l'arrache avec un vieux collier fait main devaient faire pâle figure face à de vraies alliances faites en métal précieux comme on s'en proposaient sûrement dans les mariages de familles de sang pur comme celui que l'on promettait à Lexie. Mais elle avait envie de croire que ces bagues de bric et de broc avaient plus de valeur que n'importe quel bijou, parce qu'ils représentaient un véritable symbole, un indétrônable symbole : celui de leurs sentiments respectifs et immuables, que rien au monde ne saurait jamais altérer, absolument rien. Elle était heureuse de voir tant d'enthousiasme dans le regard de son interlocuteur, car ça lui faisait indéniablement prendre conscience du fait que ses sentiments étaient réciproques et qu'elles envisageaient les choses de la même manière. Ce moment pouvait donner l'impression de n'être que trois fois rien, mais il était en fait d'une importance crucial, parce que d'une certaine manière, à leur façon puisqu'on leur refusait toutes les autres, elles s'étaient engagées à s'aimer toute leur vie comme le ferait un mari et sa femme... Et quoi qu'il arrive dans le futur, quand bien même elles devraient peut-être en arriver à cette extrémité où Lexie épouserait Orion (mais il était hors de question que ça arrive tout de même), elle sauraient que la seule cérémonie qui comptait vraiment, c'était celle qu'elles s'inventaient en cet instant précis, et qui comptaient plus que n'importe quoi d'autre.

C'était parfait, oui, et Melody ne pouvait qu'être d'accord alors que Lexie à son tour lui passait la bague au doigt. La jeune femme espérait quand même que les bijoux allaient tenir le coup, car ce n'était pas de la grande qualité. En tout cas, elle trouvait quand même qu'ils leur allaient sacrément bien, à l'une comme à l'autre... Et rien que le fait de pouvoir baisser les yeux sur cette bague pour se rappeler ce qui les liait l'apaisait déjà. Elle savait qu'elles allaient vivre des moments difficiles, mais elles en sortiraient. Parce qu'elles étaient ensemble, et c'était tout ce qui importait... Oui, elle lui appartenait, et réciproquement. Oui, Melody prenait très bien cette remarque. Elle aimait appartenir à Lexie, parce qu'elle savait que l'inverse était tout aussi vrai.

-Et tu m'appartiens, répondit-elle en serrant ses mains dans les siennes. Tu ne peux plus y échapper, maintenant. Elle afficha un sourire. Quoi qu'il arrive, je suis à toi.

Et le "quoi qu'il arrive" avait son importance, parce qu'elle n'était pas idiote, elle savait bien que les épreuves allaient être nombreuses, qu'on n'aurait de cesse que de leur mettre des batons dans les roues. Mais elles s'en sortiraient. Parce que leurs sentiments avaient cette force-là. Inébranlable.

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Q

uoi qu'il arrive, elle était à elle. Melody adorait entendre une chose pareille, réellement. Au fond, elle le savait, oui. Mais c'était toujours agréable à entendre. Leur histoire était particulière, à nulle autre pareille, alors forcément, c'était agréable de se réconforter, de se dire qu'elles survivraient à tout, et s'en sortiraient face à l'adversité, très clairement. Melody aimait sentir que sa petite amie était aimée autant qu'elle aimait, tout simplement. Melody sourit, elle aussi, elle avait hâte de quitter enfin l'école de magie. Elle croyait réellement que leur rêve se réaliserait, qu'elles vivraient toutes les deux ensemble, à l'abri des regards, et passeraient tout leur temps l'une avec l'autre. Elles n'avaient pas les pieds sur terre, c'est certain... mais en même temps, la terre ferme semblait bien morose, alors qu'elle avait, pour sa part la tête dans les étoiles à chaque instant qu'elle passait en compagnie de celle qu'elle aimait. Elles y arriveraient, elles s'en sortiraient, et ce serait génial. De fait, Melody était dégoûtée d'avoir un an de moins que la femme qu'elle aimait. Elle allait devoir non seulement attendre deux ans avant de quitter l'école de magie, mais en plus, elle passerait un an à Poudlard pendant que Lexie ferait sa vie au-dehors. Franchement, elle aurait préféré ignorer cela, vraiment. Melody acquiesça quand sa petite amie affirma qu'elle voudrait que tout le monde sache ce qu'il y avait entre elles. Elle était d'accord, ce silence, ce secret la tuait, c'était fatigant, réellement.

-Moi aussi. Je voudrais que le monde entier soit au courant et nous foute royalement la paix, malgré tout.

Pourquoi n'auraient-elles pas le droit de vivre leur amour comme tout le monde, franchement ? C'était pas juste. Et c'était épuisant. Elle était du genre expansive, certainement pas le genre de personne qui avait envie de se cacher, mais il le fallait.. C'était stressant, agaçant... Parfois, Melody se disait qu'en parler, ne serait-ce qu'à une seule personne, représenterait pour elle un véritable soulagement. Mais c'était bien trop risqué, et en attendant, leur secret se découvrait à leur insu, alors qu'elles n'avaient rien demandé à personne. Elle rêvait d'un monde où leur amour serait accepté et reconnu, mais elle n'y croyait pas trop.

-Tu en as déjà parlé à quelqu'un, toi ? demanda-t-elle alors.

La question n'était pas là pour porter de jugement, elle était juste curieuse, et d'ailleurs, elle posait la question de manière globale. Elle supposait que si elle en avait parlé, son nom n'avait pas dû intervenir de quelque manière que ce soit dans la conversation. Elle se demandait juste si elle avait osé dire à quelqu'un qu'elle était amoureuse d'une autre fille. Et dans ce cas, elle se demandait quel accueil on avait pu réserver à cette révélation...

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D

eux ou trois personnes, vraiment ? Melody n'en revenait pas. Elle comprenait, bien sûr, que Lexie ait eu envie, besoin d'en parler, elle-même ressentait sans cesse le besoin de se confier sans avoir osé le faire. Elle ne voyait pas en qui elle pourrait avoir suffisamment confiance pour parler de quelque chose d'aussi sérieux, d'aussi intime. Des amis, elle en avait, mais elle ne s'imaginait pas discuter de ses sentiments avec Yseult, Brook, ou n'importe quel membre de la Guilde... peut-être Bonnie, mais elle ne l'avait pas fait. En fait, il n'y avait qu'une seule personne à qui elle se serait imaginé confier un tel secret sans la moindre réserve, et c'était Lysandre... sauf que, manifestement, ça aurait été une immense erreur de sa part au vu des mots qu'elle avait osé adresser à Lexie. Au final, Melody ne savait pas trop quoi penser de cette information. Elle n'en voulait pas à sa petite amie, elle était convaincue qu'elle n'avait dû s'adresser qu'à des personnes en qui elle avait entièrement confiance, ou qui ne les cafterait pas (elle était bien assez intelligente pour cela)... mais c'était étrange de découvrir tout à coup que d'autres personnes étaient au courant.

Lexie lui en apprit plus sur ces personnes, d'ailleurs. Parmi elles, une amie (Melody se sentit bêtement jalouse que Lexie ne donne pas son nom), à qui elle avait concédé la vérité pour s'épargner la honte d'être imaginée comme la partenaire d'un moldu. Melody, qui ne partageait pas vraiment les opinions de sa petite amie à ce sujet, ne pouvait pas complètement comprendre, mais soit, si cette amie l'avait bien pris et si Lexie avait confiance en elle... La seconde personne était une Black qui avait tout lâché pour se marier avec l'homme qu'elle aimait vraiment. La bleue et bonze se sentait touchée qu'elle lui ait demandé conseil. C'était bien la preuve qu'elle tenait vraiment à tout faire pour empêcher son mariage pour vivre avec elle. Et ça, ça la touchait sincèrement. Elle aurait pu faire un commentaire à ces deux sujets, mais elle oublia le moindre d'entre eux quand elle entendit parler de ce libraire qui avait carrément divorcé pour vivre avec l'homme qu'il aimait.

-C'est dingue ! Je veux le rencontrer, c'est mon nouveau héros ! affirma-t-elle, enthousiaste, manière aussi de faire comprendre à Lexie qu'elle ne lui en voulait pas et qu'elle lui faisait confiance, elle avait sans doute parlé aux bonnes personnes, et c'était tout ce qui comptait.

Et en même temps, c'était vrai, l'histoire de ce libraire la touchait complètement. Elle savait bien qu'elles n'étaient pas des anomalies, qu'il y avait d'autres femmes en ce bas monde à aimer d'autres femmes, et des hommes pour aimer d'autre hommes. Mais elle n'avait jamais pu confronter leur expérience aux leurs.

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elody hocha la tête avec un grand sourire quand sa petite amie suggéra qu'il faudrait qu'elle l'accompagne la prochaine fois qu'elle irait voir ce libraire qui menait exactement la vie dont elles rêvaient pour elle (enfin presque, parce que la vie dont elles rêvaient, c'était forcément une vie sans secret et sans jugements, et à ce sujet, elle se disait que ce ne serai jamais possible). Elle était sûre et certaine qu'elle aurait plein de choses à apprendre de cet homme. Et puis, ça lui ferait du bien de pouvoir discuter ouvertement de sa relation avec Melody à quelqu'un. Lexie avait pris ce risque, et ça avait payé, mais Melody, elle, n'avait pas réussi à en parler (mais ça allait changer avec Bonnie), et même si ce qu'elle partageait avec Lexie était fort et unique et se suffisait en soi, ce serait agréable d'en parler avec quelqu'un qui considérerait leur histoire comme normale et belle. Oui, au fond, elle était vraiment impatiente de rencontrer cet homme, et plus Lexie lui en apprenait à son sujet, plus cela confirmait sa première opinion de lui, quand bien même elle avait encore tout à apprendre à son sujet, puisqu'elle ne connaissait en fin de compte ni son nom ni ce à quoi il pouvait bien ressembler. Elle l'avait sans doute déjà croisé quand elle avait fait ses courses chez Fleury & Botts, sans se douter une seule seconde de son histoire et de combien celle-ci devait la toucher.

-Dans quelques années, on sera comme eux, affirma la jeune femme, très enthousiaste.

Et elle s'y voyait déjà. Elles étaient encore jeunes, elles avaient tout le temps de penser à ça, elles ne devraient pas faire de plans sur la comète, mais Melody ne savait pas faire autrement. Pour elle, il était évident qu'elle ferait sa vie entière avec la femme qu'elle aimait, d'un amour qui ne s'éteindrait jamais. Alors oui, elle aimait savoir que leurs projets d'avenir étaient cohérents et totalement réalistes, parce que d'autres l'avaient fait avant elle. Après tout, Lexie n'était pas encore mariée. Elles pouvaient suivre leur parcours sans même aller jusqu'au divorce, et elles deviendraient deux colocataires que l'on finirait par considérer comme des vieilles filles au fil du temps. Elles s'en ficheraient, puisqu'elles seraient ensemble. Alors leur histoire n'en serait que d'autant plus belle.

-J'aimerais déjà y être..., ajouta-t-elle alors, rêveuse.

Et elle le pensait effectivement. Parce qu'ici, à Poudlard elles se voyaient constamment entre deux portes, elles vivaient dans la peur totale de se faire suprendre, elles n'avaient jamais de moments rien qu'à elles sur la durée, un espace d'intimité où elles pouvaient se consacrer l'une à l'autre sans être rapellées trop vite à la réalité. Oui, elle avait hâte d'y être. Elle était plus que jamais positive par rapport à l'avenir.

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C'

était agréable et surtout rassurant d'entendre que des histoires similaires à la leur pouvaient se dérouler sans encombre (encore qu'elle remettrait son affirmation en question si elle savait vraiment ce que traversait le libraire avec qui Lexie avait sympathisé - mais, fort heureusement, elle était bien loin de se rendre compte de ce qu'était la réalité). Cela donnait à Melody la force et la volonté nécessaires pour continuer, pour se battre pour leur histoire, parce qu'elle en valait la peine. Peut-être qu'elles ne vivraient jamais leur histoire au grand jour, peut-être qu'elles passeraient leur vie tout entière à se cacher, mais c'était une contrepartie que la jeune femme était tout à fait prête à accepter si cela lui permettait autrement de profiter pleinement et entièrement de Lexie. Elles s'en sortiraient, oui, d'une façon ou d'une autre : puisqu'elles le voulaient toutes les deux, et puisque rien ne les arrêtait jamais, il ne pouvait de toute manière en être autrement. C'était comme cela, elles allaient se dépasser, et parce qu'elles le voulaient, elles parviendraient à vivre selon leurs désirs, à l'insu des bonnes moeurs. Bonnes étant un adjectif employé de façon bien trop hasardeuse à ses yeux au passage. Etre libres et tranquilles, c'étaient des rêves assez simples en fin de compte. Et même si la vie en règle générale aimait à leur mettre des bâtons dans les roues, elle appréciait de croire qu'elles dépasseraient ça. Ce n'était pas le premier obstacle qu'on mettait en travers de leur chemin, après tout (puisque la vie est une sacrée garce... et elle n'avait pas fini de leur en faire baver, d'ailleurs), et ce ne serait sans doute pas le dernier, et alors ?

-Ouais..., confirma Melody quand Lexie observa qu'il se faisait tard. Elle ne savait que trop ce que sa petite amie entendait par là, et franchement, elle se le serait bien épargnée. Qu'elles le veuillent ou non, ici et maintenant, elles étaient obligées de faire acte de prudence, surtout à l'heure où leur secret était en danger. Il était donc temps pour elle de se quitter pour mieux se retrouver plus tard. Très franchement, la bleue et bronze n'avait pas la moindre envie d'y aller ou de laisser filer Lexie, mais même si le sérieux n'était pas forcément son fort, elle savait quand même pertinemment à quels moments ce dernier s'avérait essentiel. La bleue et bronze déposa ses lèvres sur celles de Lexie afin d'en profiter une dernière fois avant de la laisser partir. Allez, file, froussarde, ajouta-t-elle dans un fin sourire.

Bien sûr que non, elle n'était pas une froussarde, et même si Melody aurait mille arguments pour la retenir, elle savait bien qu'il valait mieux qu'elles ne tentent pas le diable et qu'elles fassent preuve de ce minimum de prudence (qui ne suffirait de toute façon pas).

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